Le lachon ara est la racine et l'essence de la plupart des fautes entre un homme et son prochain.
['Hafets 'Haïm - séfer Chemirat Halachon - Chaar HaZé'hira - chap.1 ]
Catégorie : 1- Langage – lachon ara
Dans la guémara (Shabbath 33a), Raba bar Chéla déclare au nom de Rav 'Hisda : Celui qui dit des mots grossiers tombera au fond de la guéhinam ...
Rav Na'hman bar Its'hak ajoute : Celui qui écoute en silence ces grossièretés sera, lui aussi, précipité dans la guéhinam, ... même s'il n'a pas tenu des propos inconvenants.
[commentaire des Métsoudot - sur Michlé 22,14 ]
Quarante anges sont chargés de frapper les âmes pécheresses. Ils bannissent pendant quarante jours tous ceux qui ont souillé les paroles de la Torah en tenant auparavant des propos futiles ; durant cette période, leurs prières ne sont pas exaucées.
Au sujet des fauteurs qui méritent d'être mis au ban, dix hérauts célestes proclament : "Faites attention à Untel qui a été mis au ban".
Le fauteur reste sous le coup de cette sanction et privé de la protection divine jusqu'à ce qu'il se repente devant son Maître.
Après son repentir, les quarante anges qui l'avaient mis au ban se rassemblent et mettent fin à son exclusion ; dès lors, sa prière est de nouveau exaucée.
[Zohar - Pékoudé 249b]
Il n’est pas de faute plus grave que la médisance
+ Il n'est pas de faute plus grave que la médisance :
-> L'auteur de graves fautes, telles que l'idolâtrie, les unions interdites, le meurtre, en pâtit ici-bas, mais l'essentiel du châtiment l'attend dans le monde à venir.
Ainsi, il est dit à propos de l'idolâtrie : "Puisqu'il a méprisé la parole de L'Eternel, et violé Sa loi, retranché, il sera retranché" (Bamidbar 15,31), le Talmud de Jérusalem explique : "Retranché", ici-bas ; "il sera retranché", dans le monde à venir.
Cependant, la médisance est encore plus grave.
En effet, à propos du péché du veau d'or, il est dit (Chémot 32,31) : "Hélas! Ce peuple est coupable d'une grande faute, ils se sont fait un dieu d'or".
A la femme de Potiphar qui voulait l'inciter à commettre un adultère, Yossef répond (Béréchit 39,9) : "Comment puis-je commettre un si grand méfait, et offenser D.?".
Enfin, après avoir tué son frère Havel, Cain déclare (Béréchit 4,13) : "Mon crime est trop grand à supporter".
Ainsi, pour ces trois péchés capitaux, la Torah emploie le mot grand au singulier, alors qu'à propos de la médisance, on le trouve au pluriel dans le verset (Téhilim 12,4) : "Que Hachem supprime toutes les langues mielleuses, les lèvres aux grandes paroles".
[rav Nissim Gaon - Méguilat Sétarim]
L'homme doit se garder de la médisance ; dès qu'il s'y livre, les deux anges qui l'accompagnent s'éloignent de lui et sont en deuil jusqu'à ce qu'il se repente.
[Totsaot 'Haïm]
Il est normal ... qu'il vous semble plus facile de bouger le membre le plus lourd de votre corps plutôt que votre langue, car celle-ci dirige rapidement vers la faute et ses transgressions sont plus nombreuses que tous les autres [membres] ...
La langue se trouve à la porte de la conscience. Et quand la porte est bien gardée, le trésor qui s'y trouve est bien protégé.
[Rabbénou Bé'hayé - 'Hovot Halevavot - Chaar HaPérichout - chap.5 ]
Parler, c’est comme agir
+ Parler, c'est comme agir :
"Et voici la chose (vézé hadavar) que tu leur feras afin de les sanctifier (acher taassé lahém lékadech), afin qu'ils Me servent comme Cohanim" (Tétsavé 29,1)
-> Le Beit Aharon affirme que les mots "voici la chose" (zé adavar) font référence à la parole (le mot "davar" peut signifier soit "mot", soit "chose").
En conséquence, le verset nous enseigne que les paroles d'une personne doivent mener à de bonnes actions et qu'elle doit s'assurer que ses paroles sont saintes et ne sont pas utilisées pour le lachon ara, la moquerie ou l'absurdité.
Lorsque les paroles sont utilisées à bon escient, elles sont considérées comme des actions qui peuvent avoir de grands effets dans ce monde et dans les royaumes Supérieurs.
Récompense pour avoir préserver sa langue de lachon ara …
+ Idée de la récompense lorsque qu'on s'abstient de dire du lachon ara :
"Pour chaque instant où l’homme garde le silence [au lieu de dire du lachon hara], il acquiert le mérite d’une extraordinaire lumière cachée [dans le monde futur] que les anges eux-mêmes ne peuvent imaginer."
[Gaon de Vilna - Iguéret haGra]
Le pouvoir intrinsèque de nos mots
+ Le pouvoir intrinsèque de nos mots :
-> Il est important de réaliser pleinement le pouvoir des mots eux-mêmes.
La guémara (Kétoubot 62b) rapporte l'histoire de Yéhouda, fils de Rav 'Hiya, gendre de Rav Yanai, qui passait toute la semaine à étudier la Torah et revenait le vendredi pour être à la maison pour le Shabbath avec sa femme. Chaque semaine, il était précédé par une colonne de feu qui arrivait en son honneur.
Une semaine, il était tellement absorbé par son étude qu'il ne rentra pas à la maison.
Lorsque Rav Yanaï vit qu'il n'y avait pas de colonne de feu, il supposa que son gendre était mort. Il demanda donc à sa famille de renverser son lit, ce qui, à l'époque, était la coutume lorsque quelqu'un décédait.
La guémara nous dit que ce fut "comme une erreur venant du souverain" (Kohélet 10,5), et Yéhouda mourut dans le beit hamidrach.
=> Comment cette tragédie a-t-elle pu se produire? Nous savons que les tsadikim peuvent apporter des bénédictions ou des malédictions extraordinaires, mais ici, Rav Yanaï n'aurait certainement pas voulu qu'une telle chose se produise!
Le rav El'hanan Wasserman (Kovetz Chiourim - sur Kétoubot - chap-208) écrit que nous apprenons ici : "Les mots prononcés par la bouche d'une personne sainte affectent le monde, même s'ils sont prononcés sans aucune intention." Les mots eux-mêmes ont un pouvoir!
Le rav Wasserman poursuit en écrivant que celui qui prononce de mauvaises paroles, telles que des mensonges, des malédictions ou du lachon ara, contamine sa bouche et les mots qu'il prononce perdent leur pouvoir naturel.
-> La guémara (Shabbos 119b) discute de l'importance de l'étude de la Torah par les jeunes enfants, qui étant sous la bar mitsva, n'ont pas de faute, et nous dit que toute ville qui n'a pas d'enfants en train d'étudier sera détruite. Ces enfants ne doivent pas être interrompus dans leur étude, même pour aider à la reconstruction du Temple.
Reich Lakich, l'un des Amoraim, déclare : "le monde ne tient que par le souffle (l'étude de la Torah et la prière) des enfants".
Son collègue Abbayé lui demande : "Qu'en est-il de la vôtre et de la mienne? Notre Torah est certainement assez spéciale pour justifier la continuation du monde."
Reich Lakich répondit que les enfants n'ont pas de faute et que leur Torah et leur prière sont donc plus importantes que les siennes et celles d'Abbayé.
Examinons l'ampleur de cette affirmation. Les Amoraïm comptaient parmi les plus grands hommes qui aient jamais vécu ; leur vie entière était empreinte de sainteté et de pureté, consacrée uniquement à l'accomplissement de la volonté d'Hachem. Lorsqu'ils priaient et apprenaient, ils le faisaient avec un niveau de pureté et de dévouement que nous ne pourrons jamais comprendre. Ils maîtrisaient tous les domaines de la Torah et la guémara rapporte de nombreux cas où ils ont accompli des miracles dévoilés, ramenant même des morts à la vie.
Cependant, la Torah et la prière des petits enfants, qui ne comprennent même pas les mots qu'ils prononcent, sont plus grandes que toutes les leurs, parce que les enfants qui n'ont pas de faute ont une bouche sainte.
Nous voyons donc que les mots eux-mêmes, s'ils sont prononcés correctement et avec une bouche pure, sont plus puissants que la prière des plus grands adultes du peuple juif, prononcée avec la kavana la plus profonde.
=> Le rav Wasserman poursuit en comparant les paroles d'un homme à une hache. Avec son tranchant, une hache coupe même sans effort, mais si elle devient rouillée, elle ne coupera pas tant que la rouille n'aura pas été enlevée.
Nos paroles ont une capacité naturelle à produire des effets dans les Cieux, à moins qu'elles ne deviennent "rouillées" à cause de notre mauvaise langue.
[nous retrouvons cette idée dans la Torah. Yaakov dit à ses 12 enfants, les 12 tribus, qu'il a conquis la ville de Chekhem "avec mon épée et mon arc" (Vayé'hi 48,22), ce que le Targum Onkelos rend par "avec mes prières et mes supplications". L'épée d'un juif est sa prière. ]
[rav Avraham Tabor]
Garder ses paroles vaut mieux que le jeûne et les afflictions
+ Garder ses paroles vaut mieux que le jeûne et les afflictions :
-> Le Gaon de Vilna (dans sa Iguéret haGra) écrit :
Jusqu'à son dernier jour, l'homme doit "s'affliger". Cela ne signifie pas qu'il doit jeûner ou faire souffrir son corps, mais plutôt qu'il doit s'affliger lui-même en maîtrisant sa bouche et ses désirs. C'est ainsi que l'on gagne le monde à Venir.
Surveiller sa bouche est plus efficace que tous les jeûnes et toutes les afflictions physiques.
Chaque seconde où une personne ferme la bouche, elle est récompensée par une grande lumière cachée qu'aucun ange ou création ne peut imaginer. Le verset dit : "Qui est l'homme qui désire la vie ... protège ta langue du mal et tes lèvres des mauvaises paroles" (Téhilim 34,17-18).
De cette façon, on expie toutes les fautes et on est sauvé du Ché'ol Tachtit, comme il est dit : "Celui qui surveille sa bouche (pour ne pas manger excessivement) et sa langue (pour ne pas dire de mauvaises paroles) protège son âme de la souffrance" (Michlé 21,23)."