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Toute personne à qui Hachem révèle Sa sagesse et qui ne l'écrit pas vole à Celui qui la lui a révélée, car ces 'hidouchim ne lui ont été révélés que pour qu'il puisse les écrire.
[Séfer 'Hassidim - 530 ]

-> Cette idée comporte 2 éléments importants.
Premièrement, Hachem nous révèle les 'hidouchim. C'est comme le roua'h hakodech.
Lorsque nous avons un 'hidouch, c'est un cadeau d'Hachem.
Deuxièmement, l'écriture est importante. Hachem veut que nous écrivions nos 'hidouchim pour que d'autres puissent en bénéficier. Si elles ne sont pas écrites, ces pensées risquent d'être perdues à jamais.
[rav Mordé'haï Sultan]

Hachem dit : "J'ai créé le yétser ara et j'ai créé la Torah comme son antidote".
[guémara Kidouchin 30b]

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - ch.5) explique qu'Hachem nous dit que le seul remède contre le yétser ara est l'étude de la Torah "et que quiconque pense autrement et tente de prendre un autre remède réalisera son erreur lorsqu'il mourra plein de fautes".

-> Le Rambam (fin halakhot des relations interdites) écrit que la faute la plus difficile à éviter est celle des relations interdites et qu'à travers les générations, il y a toujours eu des problèmes dans ce domaine. Il met en garde contre la force qu'il faut avoir pour lutter contre ce désir et donne des exemples de pièges potentiels qu'il faut éviter, tels que le yi'houd, la frivolité, l'alcool, la musique et la littérature provocantes.
Puis il conclut : "Mais plus important encore que tout cela, nos Sages nous ont enseigné qu'une personne doit tourner son esprit vers les paroles de la Torah et accroître ses connaissances grâce à sa sagesse, car les pensées immorales ne se développent que dans un esprit vide de sagesse [de Torah]""

-> Le Gaon de Vilna (Michlé 2,11) note que seules "l'agrément et la douceur de la connaissance de la Torah" ont la capacité d'éloigner les pensées inappropriées.

[ il est à noter que pour que la ségoula de la Torah fonctionne, à nos yeux elle doit être agréable, passionnante et satisfaisante.
voir à ce sujet : la force de la Torah est fonction de l'importance qu'elle a à nos yeux : https://todahm.com/2023/08/20/9-av-que-la-torah-soit-importante-a-nos-yeux ]

Torah & déré’h érets

+++ Torah & déré'h érets :

+ "Sans déré'h érets, il n'y a pas de Torah, et sans Torah il n'y a pas de déré'h érets" (im én déré'h erets én Torah, im én Torah én déré'h érets - Pirké Avot 3,17).

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - pt.2, ch.26) explique qu'il n'y a pas de contradiction entre le fait que la Torah ou le déré'h érets doivent venir en premier, cette michna de Pirké Avot signifie plutôt que les deux sont essentiels et que l'on ne peut réussir si l'un ou l'autre manque.

-> La tribu de Yissa'har était réputée pour son dévouement unique à l'étude de la Torah, et dans Vayé'hi (49,14), elle est comparée par Yaakov Avinou à un âne portant son lourd fardeau.
Le Sforno explique la comparaison comme suit : Un âne porte deux sacoches, une de chaque côté. De même, une personne ne peut être considérée comme un talmid 'hakham que si elle porte deux fardeaux, celui de l'étude de la Torah et celui du déré'h érets (qu'on traduit par : "savoir vivre [ = avoir de bonnes midot]").

-> La Torah commence par de la guémilout 'hassadim et se termine par des guémilout 'hassadim.
Son début est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : "Et Hachem fit pour Adam et sa femme des vêtements de peau et les habilla". Et sa fin est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : Hachem l'enterra à Gaï". [guémara Sotah 14a]
Dans l'avant-propos de Téchouvat 'Hout haMéchoulach (par.31), il est expliqué :
"L'introduction à la Torah est guémilout 'hassadim, car sans de bonnes midot, on ne peut même pas commencer à approcher la Torah, tout comme on ne peut pas construire un bâtiment sans avoir d'abord posé les fondations...
Cependant, 'la fin de la Torah est guémilout 'hassadim' parce que le but et l'objectif de l'apprentissage de la Torah est d'être complètement rempli par les midot exemplaire d'Hachem".

-> "Sans Torah, il n'y a pas de déré'h érets" (im én Torah én déré'h érets).
Rabbénou Yona explique que même si l'on doit avoir de bonnes midot de base pour que la Torah réside en soi, il est impossible d'atteindre la perfection en matière de midot sans Torah, car "la majorité des bonnes midot se trouvent dans la Torah".

-> "Prépare-toi à apprendre la Torah" (Pirké Avot 2,12)
Rabbénou Yona explique : "Prépare-toi avec de bonnes midos afin d'être capable d'apprendre la Torah". La raison en est que "l'on doit d'abord corriger ses midot, et alors la Torah peut résider en nous, car la Torah ne peut jamais résider dans une personne qui n'a pas de bonnes midot".

Le rav Pin'has Green explique que n'importe qui peut apprendre la Torah, mais pour que la Torah "réside" en lui, pour qu'elle devienne une partie de lui, qu'elle le change et l'améliore, et qu'elle lui insuffle la sainteté de la Torah, il faut qu'il soit une personne avec de bonnes middot.

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-> Le Rambam (Hilkhot Déot 1,6) décrit la perfection des midot comme "le chemin d'Hachem" que nous devons suivre. Hachem exige de nous la grandeur morale, la perfection des midot, le don et l'aide aux autres, afin que nous soyons dignes de voir Sa Présence résider parmi nous.
Par exemple, lorsqu'une personne glisse sur une peau de banane et tombe à plat, le rav Avigdor Miller note que la réaction du juif devrait être de fondre en larmes parce qu'un tsélem Elokim (une personne créée à l'image d'Hachem) a été blessé et embarrassé.

-> La guémara (Béra'hot 28b) raconte que ses disciples demandèrent à Rabbi Eliezer ce qu'ils pouvaient faire pour mériter le Olam HaBa. L'une des idées qu'il leur proposa fut de s'abstenir de "higuayon".
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que ce mot signifie "intellect". Rabbi Eliezer enseignait à ses disciples d'éviter le concept des "manières de base" régies par la logique humaine, et de réaliser plutôt que toutes les michpatim de la Torah qui régissent les manières, la décence et la courtoisie sont pleines de sainteté et d'une profondeur infinie, car leur source est la conduite d'Hachem que nous sommes censés imiter. (voir aussi le Alchikh haKadoch - Michpatim 21,1)

-> Il n'y a pas de limite à la grandeur d'Hachem, et c'est pourquoi les mitsvot qui raffinent et polissent offrent des niveaux extrêmes de grandeur, au-delà de tout ce dont l'esprit humain pourrait rêver.
C'est pourquoi "sans Torah, il n'y a pas de déré'h érets", car même dans un million d'années, l'esprit humain qui est limité ne pourrait pas comprendre ce qu'implique le véritable déré'h érets.
Mais celui qui étudie la grandeur de la bonté d'Hachem visible dans la Torah, qui observe scrupuleusement toutes les mitsvot et qui suit les conseils donnés par nos Sages, sera en effet capable d'atteindre la grandeur dans les midot à mesure qu'il devient de plus en plus une personne pieuse.

La Torah (Dévarim 4,6-8) prédit qu'un grand jour viendra où toutes les nations du monde s'uniront pour proclamer que les juifs sont "les plus grands de toutes les nations". Elles nous donneront ce titre parce que nous avons "des 'houkim et des michpatim justes".
Le Sforno explique qu'elles réaliseront et admettront qu' "il n'existe nulle part une nation dont les lois démontrent l'existence de D. et de Ses voies, et dont les lois justes ne sont pas élaborées pour le bénéfice de leurs propres juges, avocats ou fonctionnaires, mais plutôt pour des raisons de justice et de justesse".
[ nos mitsvot sont intrinsèquement justes et correctes car elles découlent des caractéristiques pures du Bien suprême, Hachem lui-même. Ainsi, sans Torah on ne peut pas vraiment savoir en quoi consiste le déré'h érets (ex: sont différentes selon les époques, la culture de peuple, ... ).]

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+ La pureté du cœur et de l'âme :

-> "Un am ha'arets ne peut pas être un 'hassid" (lo am ha'arets 'hassid - Pirké Avot 2,5).
Rabbénou Yona explique que dans ce contexte, am ha'arets fait référence à quelqu'un qui s'entend bien avec les autres, qui agit avec une décence élémentaire et qui évite de se comporter de manière négligente et de blesser autrui. Cependant, parce qu'il ne connaît pas la Torah, il ne sera jamais en mesure d'atteindre le niveau élevé d'un 'hassid, quelqu'un qui excelle dans le déré'h érets, qui va au-delà des paramètres de ce qui est attendu par la stricte lettre de la loi.
L'étude de la Torah procure : "la pureté du cœur et le raffinement de l'âme" (taharat halev vézakout hanéfech).

-> La sainteté de la Torah affecte l'âme d'une personne. Elle l'élève et l'affine, la rendant plus pieuse.
Le 'Hazon Ich (Recueil de lettres 1) enseigne :
"[l'effort dans la Torah] transforme le physique/matériel en spirituel et le corps en âme. Il pénètre tous les membres d'une personne, les purifie et les affine afin qu'ils puissent mener une vie de Torah".

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit un jour que si quelqu'un refuse de vous aider, retournez le voir après qu'il ait appris la Torah pendant quelques heures et il sautera certainement sur l'occasion pour vous aider.
En effet, l'étude de la Torah affine, purifie et élève la personne et alors, dans son état moral élevé, son désir naturel d'être généreux se matérialisera.

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+ Sans les midot, pas de Torah :

-> "Sans déré'h éréts, il n'y a pas de Torah"
Selon Rabbénou Yona cela signifie que la Torah ne peut pas résider dans une personne qui n'a pas de bonnes midot.

-> L'Alter de Kelm enseigne :
"la Torah a besoin d'un réceptacle. Elle ne réside pas dans une personne qui n'est pas raffinée.
[Une personne non raffinée] n'est pas apte à être un réceptacle pour la Torah. Si elle n'a pas un bon cœur, si elle n'est pas nossé béol im 'havéro (partageant les difficultés de son prochain) et si elle n'apprend pas à apprécier les autres, elle est égoïste et perd ainsi la valeur de la Torah et est incapable d'être un récipient pour l'accepter".

-> Sans de bonnes midot, une personne peut acquérir beaucoup de connaissances, mais l'acquisition de la Torah, c'est-à-dire que la Torah qu'elle étudie devienne une partie d'elle-même et la change, nécessite d'abord d'avoir des midot tovot.
C'est pourquoi la guémara (Avoda Zara 5b) souligne que l'on ne peut contrôler son yétser ara que si l'on apprend la Torah et que l'on s'implique dans l'accomplissement du 'hessed.

-> Les bonnes midot transforment une personne en un récipient capable d'accepter et d'absorber la Torah.
Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 4,6) cite les mots du Zohar : "Hachem et Sa Torah ne font qu'un". Il explique que les mots de la Torah sont la sagesse d'Hachem et que chaque fois qu'un juif prononce des mots de Torah, "il se connecte à la volonté et aux mots d'Hachem".
Il ajoute qu'en apprenant la Torah, la personne atteint le plus grand attachement possible (dvékout) avec Hachem.

-> Pour que cette connexion fonctionne, il doit avoir de bonnes midot.
Le 'Hafets 'Haïm explique que le plaisir ultime dans le monde à Venir, qui est de s'attacher à Hachem et de jouir de l'éclat de la présence divine, n'est possible que pour quelqu'un qui imite la caractéristique d'Hachem de donner aux autres au cours de sa vie!
[cela peut être un sens de la guémara (Avoda Zara 17b) : "Quelqu'un qui s'engage uniquement dans l'étude [de la Torah] mais ne pratique pas le 'hessed, c'est comme s'il n'avait pas de D." = puisqu'il lui manque les midot tovot et le 'hessed pratiqués par Hachem, il est incapable d'atteindre l'ultime attachement avec Hachem dans le monde à venir. ]

-> Il existe une infinité de niveaux d'attachement avec Hachem (qui est infini), et le plus on affine nos midot et le plus on imite les bons traits d'Hachem, le plus on se rend capable de forger un lien profond avec Hachem à travers la Torah qu'on étudie.
Telle est la signification profonde de : "le déré'h erets précède (kadma) la Torah" = la Torah résidera dans une personne qui se conduit avec déré'h erets, et selon les mots de Rabbénou Yona, purifiera davantage son cœur, affinera son âme et la propulsera au niveau élevé d'un 'hassid.

Nous comprenons, d'après cela, qu'atteindre la perfection dans le déré'h érets est essentiel pour un juif. Cependant, il ne s'agit pas d'un but ultime en soi. Il s'agit plutôt d'un moyen permettant d'atteindre le véritable objectif qui consiste à se connecter/attacher à Hachem en apprenant la Torah et en observant les mitsvot.

Si quelqu'un se concentre uniquement sur son déré'h érets sans développer ses performances en matière de Torah et de mitsvot, c'est comme si quelqu'un avait fait tous les préparatifs d'un repas mais ne l'avait pas mangé.
Comme le prévient le rav Shlomo Wolbe (Alé Chour vol.2) : "le but ultime de l'étude du moussar est de nous fortifier pour apprendre la Torah dans toute son ampleur et sa profondeur et pour accomplir les mitsvot ...
Le but final de tout notre travail est la Torah elle-même. L'apprentissage du moussar est une partie inséparable de la Torah, car on ne peut atteindre la Torah sans lui, mais il ne faut pas, à D. ne plaise, faire de l'étude du moussar l'objectif principal".

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-> Le Gaon de Vilna (Even Shéléma (1,11) écrit que la Torah est comme la pluie : elle fait germer ce qui se trouve dans le sol.
Si une personne a de bonnes midot, la Torah les renforcera et les affinera encore plus. Cependant, si elle est pourrie à l'intérieur et ne travaille pas sur son comportement, l'apprentissage de la Torah renforcera en fait ses traits négatifs et les aggravera.

-> La guémara (Yoma 72b) écrit que Rava a supplié ses élèves de ne pas attirer sur eux 2 Guéhinam.
Qu'est-ce que ces 2 Guéhinam? N'y a-t-il pas qu'un seul guéhinam?

Rachi explique ce que Rava veut dire, et c'est assez effrayant. Si une personne n'acquiert pas la yirat chamayim (crainte du Ciel) en même temps que son étude de la Torah, alors elle a attiré sur elle le Guéhinam dans les 2 mondes : Olam HaZé et Olam HaBa.

Nous comprenons ce qu'est le Guéhinam dans le Olam HaBa (monde à Venir) : si une personne a mal agi au cours de sa vie, elle sera punie pour cela. Mais qu'est-ce que le Guéhinam dans le Olam HaZé (ce monde-ci)?
Supposons qu'une personne travaille toute sa vie à l'étude de la Torah et qu'elle renonce à beaucoup de plaisir dans le Olam HaZé afin d'atteindre le Olam HaBa. Mais si elle n'a pas développé sa yirat chamayim, tout ce travail n'aura servi à rien. Ce sont les 2 Guéhinam. C'est une pensée effrayante.
[rav Modé'haï Sultan]

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-> Quatre choses nécessitent un renforcement et un effort constant pour s'améliorer, et ce sont : la Torah, les bonnes actions (maassim tovim), la prière et le déré'h érets.
[guémara Béra'hot 32b]
Rachi ajoute : ce type de 'hizouk (renforcement/encouragement) est nécessaire constamment (tamid), et de toutes ses forces (békol ko'ho).

[on voit que la Torah et le déré'h érets sont les deux énoncés en même temps. ]

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+ Kabbalat haTorah :

-> Le don de la Torah au mon Sinaï est introduit par : "Et Israël campa (vayi'han) là, en face de la montagne" (Yitro 19,2).
Le verbe "vayi'han" (campa) est au singulier, même s'il se réfère à l'ensemble du peuple juif. Rachi commente : "Comme une seule personne avec un seul cœur", par opposition à tous les autres campements, qui où ils étaient en proie aux disputes et aux plaintes.

Lorsque le peuple juif atteignit un niveau tel qu'il ne se battait plus, ne se plaignait plus et ne se disputait plus, et qu'il ressentit au contraire une formidable unité et un grand amour les uns pour les autres, il fut alors prêt à accepter la Torah. Il avait atteint la perfection en matière de midot et dans leur relation avec leur prochain, et seul un tel peuple peut recevoir la Torah.
[cette unité leur a permis de recevoir la Torah. Nous recevons constamment la Torah comme au mont Sinaï, et ainsi plus nous avons une attitude favorisant l'unité, plus nous pouvons mériter d'obtenir et de garde la Torah en nous.]

-> Le dernier chapitre des Pirké Avot traite de l'étude de la Torah, et il est connu par les commentaires comme le "Pérek Kinyan haTorah" (le chapitre de l'acquisition de la Torah).
Le Yaavetz explique que les 5 premiers chapitres des Pirké Avot sont consacrés aux traits de caractère. Une fois que l'on a acquis ces traits de caractère et que l'on s'est transformé en un récipient adéquat, on est prêt à acquérir la Torah.
[le rav Ayeh Rottman fait remarquer que la moitié des 48 moyens d'acquérir la Torah (Pirké Avot 6,5), impliquent d'avoir de bonnes midot. (qui sont donc un récipient pour que la Torah étudiée réside en nous) ]

-> La michna (Pirké Avot 2,7) enseigne : "Celui qui acquiert pour lui-même un bon nom acquiert pour lui-même la Torah et le Olam haBa".
Le Méïri explique qu'un "bon nom" signifie qu'il perfectionne son midot. Il "acquiert pour lui-même" signifie que ces midot tovot sont pour son propre bénéfice, car ils l'amènent à acquérir la Torah. En retour, il méritera la récompense éternelle du Olam HaBa (monde à Venir).

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+ Nous ne perdons pas à faire du 'hessed :

-> La guémara (Roch Hachana 18a) rapporte que les 2 grands Amoraïm, Abbayé et Rava, étaient tous deux des descendants d'Eli haCohen, dont la famille avait été maudite pour mourir jeune.
Rava vécut jusqu'à 40 ans et Abbayé jusqu'à 60 ans.
La guémara explique que Rava n'a appris que la Torah, tandis qu'Abbayé a appris la Torah.
Torah, tandis qu'Abayei apprenait la Torah et faisait également du 'hessed.

Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - pt.3, ch.8 ) explique que Rava a certainement fait 'hessed aussi. Cependant, Rava et Abbayé avaient un désaccord fondamental sur l'obligation de s'impliquer dans le 'hessed.
Rava soutenait que tant qu'il étudiait la Torah, il n'était pas obligé de s'impliquer dans le 'hessed. Il lui suffisait de faire un 'hessed si la situation se présentait à lui et que personne d'autre ne pouvait s'en charger.
Abbayé, quant à lui, soutenait qu'étant donné qu'il était une figure éminente et prestigieuse de la communauté, sa présence et son implication dans le 'hessed apporteraient un succès à la cause d'une manière qui ne pourrait pas être atteinte sans lui.

Le 'Hafets 'Haïm écrit que puisque Abbayé a vécu beaucoup plus que Rava, nous voyons que le Ciel était d'accord avec sa position.
Le 'Hafets 'Haïm ajoute que les 20 années supplémentaires qui lui ont été accordées visaient à le dédommager pour le temps qu'il avait pris sur son apprentissage pour faire 'hessed.

=> Une personne qui peut accomplir un acte de 'hessed ne perdra jamais son étude de Torah à cause de cela. Même si elle semble avoir perdu du temps, elle peut être assurée qu'Hachem la récompensera et lui rendra tout le temps qu'elle a passé, de sorte qu'elle pourra remplir le quota d'étude de sa vie.
[un autre exemple peut être celui de la promesse que celui qui honore ses parents aura une longue vie. Une raison est que tout le temps consacré à eux, nous sera rendu finalement (ex: soit en durée de vie, soit en soucis en moins, en profitant davantage d'une bonne qualité de vie).]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Baba Métsia 85b) explique que Rabbi 'Hiya et Rabbi 'Hanina avaient un argument similaire. Rabbi 'Hiya enseignait que le 'hessed combiné à l'étude de la Torah garantit que la Torah ne sera jamais oubliée par le peuple juif. La guémara indique clairement que Rabbi 'Hiya avait un pouvoir de prière extraordinaire, qu'Eliyahou haNavi a assimilé à celui des Patriarches (Avot). Ceci peut être compris sur la base du midrash selon lequel la prière d'un baal 'hessed sera certainement exaucée. [Rabbi 'Hiya excellait dans le 'hessed ainsi que dans la Torah, et ainsi sa prière avait donc un pouvoir unique. ]

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+ Améliorer sa Torah :

-> Non seulement une personne impliquée dans le 'hessed ne perdra pas en quantité d'apprentissage de la Torah, mais le 'hessed qu'elle a fait améliorera la qualité de son étude.
Le rav Moché Yéhochoua Landau s'est un jour plaint au 'Hazon Ich que ses efforts en matière de 'hessed empiétaient sur son temps d'étude.
Le 'Hazon Ich lui a répondu : "La Torah n'est pas une étude intellectuelle comme les autres. La Torah est une néchama (âme). Et lorsque l'on fait du 'hessed avec les autres, sa propre néchama (âme) est élevée et cela l'aide à comprendre plus de Torah et de manière plus approfondie."
À une autre occasion, le 'Hazon Ich a fait remarquer que pour dire une "svara" correcte (une logique pour expliquer un concept compliqué de la Torah), il faut un "esprit clair et pur" et que ce n'est qu'en faisant du 'hessed que l'on peut atteindre un tel état d'esprit.

=> Faire 'hessed fait de nous un réceptacle capable d'accepter la Torah. En faisant 'hessed, on imite Hachem et on est donc en mesure d'acquérir un plus grand attachement et une plus grande connexion avec Hachem grâce à l'étude de la Torah.

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+ Sanctifier le nom d'Hachem :

-> Chaque jour, nous disons dans le Shéma Israël : "Tu aimeras Hashem, ton D." (vé'ahavta ét Hachem Eloké'ha).
Nos Sages (Yoma 86a) apprennent que cela inclut que : "le nom d'Hachem doit être aimé à travers vous."
Cela implique que celui qui étudie la Torah, doit agir honnêtement dans les affaires et parler gentiment à tout le monde.

La guémara explique que le résultat sera que les gens diront à son sujet : "Heureux celui qui apprend la Torah, heureux son père qui lui a enseigné la Torah, heureux son rabbi qui lui a enseigné la Torah. Malheur à ceux qui n'apprennent pas la Torah. Cette personne a étudié la Torah, comme ses voies sont agréables, comme ses actions sont raffinées."
Hachem dit à propos d'une telle personne : "Tu es Mon serviteur, Israël, et Je suis glorifié par toi".

Mais si quelqu'un étudie la Torah mais est malhonnête en affaires ou parle de manière désagréable aux gens, ils diront : "Malheur à celui qui a appris la Torah, malheur à son père qui lui a enseigné la Torah, et malheur à son rabbi qui lui a enseigné la Torah. Voyez comme ses voies sont corrompues et comme elles sont désagréables."

[toute personne qui est liée à la Torah (même un petit peu!) devient un représentant de cette dernière, et doit donc agir avec une grandeur de caractère pour qu'elle puisse avoir une belle impression à leurs yeux, pour faire du kidouch Hachem.
Ainsi, la Torah implique avoir du déré'h érets! ]

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+ Un mérite et une responsabilité :

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - ch.11) écrit :
"C'est un honneur pour la Torah que quelqu'un qui étudie davantage progresse également dans la droiture et dans le raffinement de ses midot ...
Si quelqu'un qui étudie beaucoup manque de [bonnes midot], il fait honte à l'étude elle-même, ce qui, à D. ne plaise, est une profanation du Nom d'Hachem, qui nous a donné Sa sainte Torah et nous a ordonné de l'étudier de manière approfondie pour atteindre la perfection [de ces midot] grâce à elle".

-> Le rav Avraham Yaakov Pam (Atara laMélé'h) enseigne :
"Un juif de la Torah qui ne se comporte pas de manière agréable rend un faux témoignage sur la Torah, selon lequel ses voies ne sont pas agréables".

-> Le rav 'Haïm Vital, élève principal du Arizal, va jusqu'à comparer cela à un bel anneau d'or dans le nez d'un porc. La beauté éclatante de la Torah perd tout son attrait et sa valeur si elle se trouve dans un récipient inapproprié.

-> La guémara (Shabbath 104a) écrit qu'un talmid 'hakham dont les vêtements sont tachés mérite la peine de mort, car il incite les gens à mépriser la Torah.
Le Méïri écrit que la guémara ne fait pas seulement référence à la saleté sur ses vêtements, mais que si son caractère est entaché d'une mauvaise mida, il provoque la même profanation de la Torah qu'il représente.
Cela est vrai pour chaque juif, mais encore plus pour un talmid 'hakham. De la même manière qu'une tâche est plus visible et plus offensante sur un vêtement de qualité supérieure, de même, même un trait négatif mineur chez quelqu'un qui est considéré comme un talmid 'hakham est amplifié et crée un plus grand 'hiloul Hachem.

=> Il incombe à chaque juif d'exceller dans ses midot et son étude de la Torah, de devenir un grand être humain, une image ambulante représentant Hachem, à propos de laquelle les nations diront : "Heureux les juifs qui apprennent la Torah", et à propos de laquelle Hachem proclamera fièrement : "Je suis glorifié à travers vous !".

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-> Le 'Hazon Ich (Recueil de lettres 13) écrit :
"Quelqu'un qui a atteint la connaissance de la Torah marche parmi les gens et apparaît à l'œil humain comme une personne, mais la vérité est qu'il est un ange vivant parmi les humains, menant une vie céleste, et qu'il est au-delà de toute louange."

[ainsi un juif peut se laisser aller dans sa façon de vivre, de penser, en étant influencé par la société non-juive environnante. Le yétser ara tente de nous faire oublier la grandeur de tout juif, la grandeur de la Torah, d'une prière, ...
En tant que fils adoré du Roi des rois (Hachem), et ayant une âme beaucoup plus élevé que les autres humains, les juifs doivent se comporter avec un standard élevé, faisant preuve de déré'h érets (on est alors au-delà des anges! Au Ciel, on est une fierté et joie pour notre papa Hachem face aux myriades d'anges célestes). ]

9 Av – Que la Torah soit importante à nos yeux !

+ 9 Av - Que la Torah soit importante à nos yeux !

-> Le premier Temple a été détruit à cause des 3 péchés capitaux : l'idolâtrie, le meurtre et l'adultère. [guémara Yoma 9b]
-> Ils ne récitaient pas la bénédiction de la Torah avant de l'étudier. [guémara Nédarim 81a] = le Temple a été détruit car bien qu'ils étudiaient la Torah, il ne récitaient par les bénédictions sur la Torah.
Le Ran explique que la racine de ce comportement était qu'ils n'appréciaient pas la grandeur de la Torah, et ainsi ils ne pensaient pas qu'il était nécessaire de dire une bénédiction.
Selon le Ba’h (Choul’han Aroukh - OH 47:2), ils étudiaient bien la Torah, mais pour eux cette étude était comme tout autre savoir, et en ce sens à leurs yeux il n’était pas vraiment utile qu’on y récite une bénédiction dessus.
[est-ce que nous sommes vraiment mieux qu’eux?
Par exemple : est-ce que nous recitons dans les bénédictions du matin celles sur la Torah avec une joie et fierté d’avoir le mérite de pouvoir l’étudier? ]

=> Comment concilier ces 2 raisons (les 3 fautes cardinales et le manque de valorisation de la Torah)?

-> "Hachema créé le yétser ara, il a créé son antidote : l’étude de la Torah". [guémara Kidouchin 30b]

-> Si l'étude de la Torah protège une personne du péché, comment la génération de la destruction du Temple, qui a étudié la Torah, a-t-elle pu violer les 3 péchés capitaux? Comment ont-ils pu tomber si bas alors qu'ils étudiaient la Torah?

La guémara répond : "Parce qu'ils n'ont pas fait les bénédictions sur la Torah" = ils n'ont pas apprécié leur étude.
Hachem leur a fait ce merveilleux cadeau (la Torah) et ils n'ont pas ressenti le besoin de Le remercier. Et sans une juste appréciation de la Torah, ils ne pouvaient pas en profiter.
La Torah ne pouvait pas les protéger de leur yétser ara parce qu'ils n'appréciaient pas la Torah à sa juste valeur.
Le Temple a ainsi été détruit parce qu'il n'accorder pas assez d'importance, de valeur, au fait de pouvoir étudier la Torah. [on ne l'étudie pas comme on le ferait avec la philosophie, l'histoire, la médecine, ... car étudier la Torah c'est se lier avec Hachem! ]

C'est le message de la destruction du Temple = la Torah est l'outil le plus puissant dont dispose le peuple juif pour se connecter à Hachem.
Cependant, elle ne nous relie à Lui que si nous apprécions pleinement la grandeur de la Torah.
Nous devons nous efforcer de l'apprécier à sa juste valeur, afin qu'elle nous protège et nous relie à Hachem.

[Prendre le deuil de Jérusalem, c'est également prendre le deuil du fait que nous n'avons pas assez en estime la grandeur de la Torah, que nous ne lui accordons pas de temps et d'importance à nos yeux. (ex: qu'en nous avons du temps libre est-ce que nous préférons un bon film ou bien de la Torah? )]

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-> Le rav Elya Ben Wachtfogel enseigne :
Lorsque le peuple juif a une véritable appréciation de la Torah et que certaines personnes fautent à cause de leurs tentations, les valeurs fondamentales de la Torah sont toujours intactes. Dans ce cas, il suffit de punir les fauteurs et il n'est pas nécessaire de faire un 'hourban (destruction).
Cependant, si la source du péché est leur sens corrompu des valeurs, si la faute vient d'un manque d'importance de la Torah à nos yeux, alors il faut un 'hourban.
Cela n'aidera en rien de punir les fauteurs individuels. Si, en tant que peuple, ils sont tombés si bas qu'ils n'accorde pas de valeur à la Torah, c'est déjà un 'hourban.
La maison s'écroule déjà. C'est comme une maison pleine de termites. Elle ne peut pas être réparée ; elle doit être démolie et reconstruite à partir de zéro.
[...]
Chaque personne vit avec un ensemble de valeurs. Celui qui perd l'importance de la Torah à ses yeux, alors il la remplacera par une valeur différente.
[...]

Le midrach (Eikha rabba 16,5) enseigne : les juifs ont fauté doublement, comme il est dit : "Fauté, Jérusalem a fauté (‘hété ‘hétéa), aussi est-elle devenue impure" (Eikha 1,8). Et ils ont été punis doublement : "elle a reçu de la main du Seigneur double peine pour toutes ses fautes" (Yéchayahou 40,2). Et ils seront réconfortés doublement, comme il est dit : "Consolez, consolez, Mon peuple" (na'hamou, na'hamou, ami - Yéchayahou 40,1).

1°/ Double faute :
Lorsqu'il est dit que les juifs ont doublement fauté, cela ne signifie pas qu'ils ont beaucoup fauté. Cela signifie qu'ils ont fauté, non pas à cause de leurs mauvaises tentations et non pas parce qu'ils avaient un yétser ara si grand.
L'importance de la Torah à leurs yeux était si faible qu'ils étaient capables de l'échanger contre des choses totalement futiles, au final vide. La "double faute" comprenait la faute proprement dite, ainsi que l'insulte à Hachem qui leur avait donné des ordres. [il y a insulte parce que Hachem nous donne ce qu'Il a de plus précieux = Sa Torah (nous permettant de Le connaître et de se lier avec Lui), et nous on préfère s'occuper par des choses éphémères de ce monde matériel. Quel honte pour Hachem! ]

2°/ La double peine :
Lorsqu'il est dit qu'ils ont été doublement punis, cela signifie qu'en plus de la punition principale, il y a eu une punition secondaire.
Le verset dit : "Le converti parmi vous s'élèvera de plus en plus au-dessus de vous, et vous descendrez de plus en plus bas" (Ki Tavo 28,43).
Si le peuple juif n'observe pas les mitsvot, alors, en plus de la punition, il y aura aussi l'embarras de voir les non-juifs nous dominer.
La guémara (Guittin 56b) dit que quiconque fait souffrir les juifs s'élève au sommet. Même une nation modeste qui afflige les juifs s'élèvera au sommet.
Les juifs souffrent donc doublement : non seulement les non-juifs leur causent des souffrances physiques, mais les non-juifs s'élèvent également dans le processus. La douleur émotionnelle causée par ce spectacle a déchiré les non-juifs.
C'était mesure pour mesure. Ils ont doublement fauté parce qu'ils ont exalté ce qui était dégradé et dégradé ce qui était exalté. [dégradant la valeur de la Torah au profit des choses de ce monde]
C'est exactement ce qu'ils ont reçu en retour : ils ont été abaissés et les ceux qui sont bas ont été exaltés.

3°/ La double consolation :
Le midrach conclut en disant que le peuple juif sera doublement réconforté. Qu'est-ce que cette double consolation?
Bien sûr, la bonté que nous recevrons à l'époque du machia'h ne connaîtra aucune limite. Comme nous l'enseignent nos Sages (guémara Shabbath 32b), nos lèvres s'useront à force de dire "daï" (nous en avons assez!).
Mais il y aura un deuxième aspect. Outre la bonté, il y aura aussi une inversion des rôles. Nous serons au sommet et les non-juifs seront en dessous de nous. Et nous ne serons pas seulement au-dessus des non-juifs de la classe inférieure. Le prophète a prophétisé (Yéchayahou 49,23) : "Les rois seront vos nourriciers et les femmes nobles vos infirmières" = lorsque machia'h viendra, les rois les plus puissants des nations païennes seront au service des plus jeunes juifs. Et ceux qui ont causé le plus de souffrances aux juifs seront les plus honorés d'être autorisés à servir les enfants juifs.
C'est la double consolation qui viendra dans le futur.

=> La racine de la destruction du Temple est le manque de valorisation de la Torah à nos yeux.
Lorsque le peuple juif voit la Torah comme étant insignifiante à ses yeux (ex: l'étudiant parce que nos parents/entourage le fait, l'étudiant comme on étudie une autre matière comme la philosophie, la médecine, ... ), alors il devient lui-même insignifiant, plus bas que le plus bas des non-juifs.
Mais lorsque Machia'h viendra, le chashivus haTorah reviendra.
Avec le véritable système de valeurs restauré, une fois de plus, les exaltés seront exaltés ; le peuple juif sera exalté, et les non-juifs les plus éminents seront à notre service.
Tout cela est lié à l'importance qu'a la Torah nos yeux, et c'est sur cela que nous devons travailler.
Chaque individu doit travailler à améliorer sa valorisation de la Torah (ex: lorsque nos Sages disent qu'elle leur était plus chère que tous l'or du monde, ils le pensaient réellement car ils avaient travaillé la valeur de la Torah à leurs yeux!).
Nous devrions donc mériter alors la construction du Temple rapidement de nos jours et nous serons doublement consolés.

+ Le mot hébreu pour la "vie" est : 'haïm (חיים), qui est un pluriel.
C'est parce que nous vivons dans 2 mondes, puisque chaque action que nous faisons dans ce monde affecte l'autre monde.

Lorsque l'on quitte ce monde, seules la Torah et les bonnes actions (maasim tovim) nous accompagnent (Pirké Avot 6,9). C'est ce à quoi fait allusion le mot "mét" (מת), qui est un acronyme de maasim tovim et de Torah.
Le mot mét (la mort) nous rappelle donc que nous devons vivre dans un but supérieur.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> b'h, issu du dvar Torah : https://todahm.com/2022/09/28/37251

Inviter Hachem à notre étude de Torah

+ Inviter Hachem à notre étude de Torah :

-> Celui qui s'engage uniquement dans l'étude de la Torah (et non dans le 'hessed) est comme quelqu'un qui n'a pas de D. [kol aossek baTorah bilvad, domé kémi chéén lo Elokaï - guémara Avoda Zara 17b]
Cela peut être compris comme faisant référence à quelqu'un qui s'engage dans la Torah seul (bilvad), sans attachement (dvékout) et sans conscience d'Hachem. C'est comme quelqu'un qui n'a pas de D.

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 4:6,7) écrit qu'avant d'apprendre, il faut avoir l'intention de s'attacher à Hachem.

Même au milieu de l'apprentissage, on peut s'arrêter un peu pour penser à la crainte d'Hachem et ce n'est pas considéré comme une perte de temps (bitoul Torah), car cela permet à la Torah de rester près de soi.

La guemara ('Haguiga 9b nous dit qu'il n'y a pas de comparaison entre quelqu'un qui apprend un sujet de Torah 100 fois et quelqu'un qui l'apprend : méa véé'had (101 fois).
Une autre signification est qu'il n'y a pas de comparaison entre celui qui apprend un sujet 100 fois et celui qui l'apprend 100 fois avec le é'had (Hachem).

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-> On a vu que nous devons développer notre conscience que Hachem est à nos côtés pendant notre étude. Cela est une réalité comme l'enseigne le rav Yaakov Adès :
Depuis la destruction du Temple, les juifs ont été exilés, la Providence erre (il s'agit d'une parabole), et il ne reste plus que la Torah.
Lorsque les juifs s'y adonnent , ils deviennent un sanctuaire en miniature où elle peut se réfugier et se reposer.
Cette idée illustre l'affirmation de nos Sages (guémara Béra'hot 8a) : "Depuis la destruction du Temple, il ne reste plus à Hachem dans ce monde que les 4 coudées du domaine de la loi".

Nos Sages ont également dit : "D'où sait-on que même si une seule personne étudie la Torah, la Providence Divine réside avec elle? C'est parce qu'il est dit : 'En tout lieu où Je mentionnerai Mon Nom, Je viendrai vers toi et Je te bénirai'.
[en étudiant la Torah on permet que Hachem réside davantage en nous, et qu'Il nous bénisse!]
De plus, il est écrit dans le midrach (Michlé) : 'Car celui qui Me trouve a trouvé la vie : Hachem dit : Je Me trouve en tout lieu avec tout celui qui est plongé dans les paroles de la Torah, c'est pourquoi il est dit : 'Car celui qui Me trouve a trouvé la vie'."

Une nouvelle Torah (suite à la venue du machia’h)

+ Une nouvelle Torah (suite à la venue du machia'h) :

Au sujet du dévoilement de la Torah dans les temps futurs (révélation qui viendra parachever le don de la Torah), il est écrit : "Ecoutez-Moi, vous qui êtes Mon Peuple, prêtez-Moi l’oreille, vous qui formez Ma Nation! Car l’enseignement (Torah) sortira de Moi, et J’établirai Ma Justice pour éclairer les Nations" (Yéchayahou 51,4).
=> Quel est le sens de cet "enseignement" (תוֹרָה - Torah) des temps messianiques?

On peut citer :
-> Selon le midrach (Vayikra rabba 13,3) : "Une nouvelle Torah (תורה חדשה - Torah ‘Hadacha) sortira de Moi, [c’est-à-dire] une compréhension nouvelle de la Torah sortira de Moi"

-> Selon le midrach (Yalkout Chimoni 429) : "Dans les Temps futurs, D. siégera et expliquera la Torah nouvelle qui sera donnée à travers le machia’h".
[Il enseignera au peuple juif les secrets de la Torah et éclairera les yeux des Peuples pour les amener à suivre les chemins de D. - voir Métsoudat David sur le verset de Yéchayahou).

Concernant cette nouvelle révélation dans la Torah, il y a 2 approches :
1°/ il y aura la révélation du sens profond des Commandements (mitsvot) et des secrets de la Torah qui nous sont totalement inaccessibles à l’heure actuelle ;
2°/ il y aura un changement des Lois de la Torah (la halakha).
Ceci est notamment illustré dans le passage du midrach (Vayikra rabba 13,3) évoquant le festin des temps messianiques lors duquel seront consommés le Léviathan et le Chor HaBar (respectivement, un poisson et un buffle aux dimensions et à la force fabuleuses). Il y est en effet mentionné que le Chor HaBar sera égorgé par la nageoire du Léviathan, et bien qu’une telle mise à mort ne constitue pas aujourd’hui un abattage valable rituellement, l’animal sera néanmoins cachère, car dit le midrach : "Une nouvelle Torah sortira de Moi".

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=> On peut se demander quelle est la différence profonde entre "la nouvelle Torah" que révélera le machia'h et les "nouveaux enseignements" ('hidouchim - חדושים) que les Sages révèlent dans chaque génération avant l’ère messianique (dans la mesure où il s’agit dans les deux cas de révélation de ce qui est déjà présent de façon voilée dans la Torah donnée au mont Sinaï)?

La différence entre ces 2 catégories d’enseignements réside dans leur degré de dissimulation au sein de la Torah avant leur révélation. Celui de la "nouvelle Torah" qu'enseignera le machia’h est sans aucune commune mesure avec celui des 'hidouchim de "l’élève initié" (talmid vatik - תלמיד ותיק) [au point que nos Sages enseignent : "La Torah que l’on étudie aujourd’hui est du vent [hével - הבל] comparée à la Torah du machia’h" - midrach Kohélet rabba 11].
En effet, ces derniers peuvent être élucidés et révélés par l’élève érudit, alors que la "nouvelle Torah" ne peut pas se révéler dans l’intellect humain.
Mais, dans la mesure où il faudra bien que ces sujets soient captés par l’esprit humain, car la Torah "n’est pas dans les Cieux" et a vocation à être intégrée intellectuellement, alors après que le machia’h en ait reçu la révélation de façon prophétique, il comprendra ces "‘hidouchim" dans sa grande sagesse et les enseignera de façon intelligible à tout le peuple, dont tous les membres seront alors "de grands sages qui appréhenderont l’esprit de leur Créateur". [Rambam - fin des Hilkhot Méla'him].

Comme l’enseigne le Rambam (Hilkhot téchouva 9,2), le machia’h sera en effet, d’une part, un grand prophète (comparable à Moché) pour pouvoir recevoir la révélation de la nouvelle Torah, chose impossible par l’entremise de l’intellect, et d’autre part, un grand sage (plus grand que Salomon), ce qui lui permettra de comprendre ce qu’il aura reçu prophétiquement, puis de l’enseigner à tout le Peuple. [Likouté Si’hot]

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-> Chaque génération amène au grand jour de nouveaux commentaires/explications de Torah, mais il y a également une notion de : diminution de la Torah suite à la destruction du Temple : https://todahm.com/2022/09/20/diminution-de-la-torah-suite-a-la-destruction-du-temple
[au-delà de ce qu'on a vu précédemment, avec la venue du machia'h et la reconstruction du Temple, la Torah pourra pleinement briller, et c'est pour cela que l'on s'endeuille et aspire ardemment à la guéoula. ]

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-> Hachem et la Torah ne font qu'un (Zohar 3:73a).
Lors de la Délivrance à Venir (guéoula), Hachem accomplira d'innombrables miracles et merveilles, et notre capacité à comprendre D. augmentera. Par conséquent, notre compréhension de la Torah augmentera également.
C'est la signification du verset : "De nouvelles instructions [Torah] sortiront de Moi" (Torah 'hadacha méiti tétsé - Yéchayahou 51,4).
[ le midrach (Vayikra rabba 13,3) interprète cela comme signifiant qu'une nouvelle profondeur de compréhension de la Torah nous sera révélée dans le futur. ]

Il en sera donc de même à l'avenir que lors de la sortie d'Egypte. Au début, Hachem nous délivrera en réalisant des merveilles et des miracles ; par la suite, après avoir été témoins de ces merveilles et de ces miracles, nous serons en mesure de comprendre les niveaux nouvellement révélés de la Torah.

Tel est donc le sens du verset "Je serai ce que je serai" (Chémot 3,14).
[ dans le contexte actuel, ces mots signifient : "Dans l'avenir, la profondeur de la relation du peuple juif avec Moi en tant que son D., résultant de la profondeur de sa compréhension de la Torah, augmentera proportionnellement à sa compréhension de Moi basée sur les miracles que Je ferai, tout comme à la sortie d'Egypte, la profondeur de sa relation avec Moi, résultant de la profondeur de sa compréhension de la Torah, a été déterminée par sa compréhension de Moi basée sur les miracles que J'ai accomplis à l'époque." ]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pessa'h ]

L’attachement à D. est la clé qui ouvre tous les verrous.
Chaque juif, même le plus simple, a la capacité de s’attacher aux mots de la Torah et de la prière, atteignant ainsi les plus hauts degrés d’unité avec D.
[Baal Chem Tov]

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-> D. commanda à Noa'h d’ "entrer dans la tévah" (qui signifie littéralement "arche", mais également "mot").
Il faut pénétrer dans les lettres de la Torah et de la prière et s’y attacher. Cela protège la personne et l’ensemble de sa famille élargie, leur permettant de recevoir de D. tout ce dont ils ont besoin.
[Baal Chem Tov]

[de même que rentrer dans l'arche a permis de survivre au Déluge, de même en rentrant de tout notre cœur dans la Torah et la prière on se sauve (ainsi que ses proches) de toutes tempêtes de la vie, recevant à la place le meilleur.]

La Torah

+ La Torah (selon le Sfat Emet) :

-> En théorie, la Torah n'est pas le domaine exclusif du peuple juif.
En effet, on nous dit (Yalkout - Zot Habéra'ha) qu'avant de donner la Torah à Israël, Hachem a offert à toutes les autres nations la possibilité de l'accepter et qu'elles l'ont toutes refusée.
Il est très probable que si la Torah avait été donnée à l'une des autres nations, elle aurait été présentée sous une forme plus simple et plus basse que la forme actuelle. La Torah est suffisamment polyvalente pour avoir une signification pour tous les peuples.

À l'inverse, le midrash (Sifri - Zot Habéra'ha) raconte que les anges ne voulaient pas renoncer au contrôle de la Torah et tentèrent d'empêcher Moché de la transmettre aux juifs.
Nous pouvons supposer que s'ils avaient réussi à conserver la Torah pour eux-mêmes, elle aurait été sous une forme plus élevée, plus rare. Cependant, comme elle n'a été donnée ni au monde non-juif ni aux anges, mais au peuple juif, la meilleure situation possible s'est produite.
Non seulement les juifs ont reçu la Torah sous la forme la plus appropriée à leurs besoins, mais ils ont également reçu toutes les autres configurations possibles de la Torah, depuis les aspects spirituels les plus élevés concernant les anges jusqu'aux niveaux les plus simples destinés au monde non juif.

Il est significatif que la Torah fasse allusion au fait qu'Hachem a pris la forme de la Torah sous la forme la plus appropriée à leurs besoins.

Hachem a pris la Torah des anges pour la donner juifs, en utilisant une expression araméenne : "véata mérivévot kodech" (et elle est venue des myriades de sainteté - וְאָתָה מֵרִבְבֹת קֹדֶשׁ - Vézot haBéra'ha 33,2).
Étant donné que les anges ne comprennent pas l'araméen, cette déclaration n'est pas de nature à susciter leur jalousie. Même si les anges se situent à un niveau spirituel bien plus élevé que les humains, les mortels, et les juifs en particulier, ont la possibilité d'utiliser la Torah pour s'élever à un niveau supérieur à celui des anges.
[Sfat Emet - Shavouot 5636]

-> Nos Sages (guémara (Shabbath 88b) racontent que des épices aromatiques ont saturé le monde lorsque chacun des 10 Commandements a été donné.
Ces "épices" symbolisent, entre autres, ces fragments de Torah qui se sont accrochés aux autres nations du monde. Le fait qu'Hachem ait donné la Torah en 70 langues montre clairement que Hachem voulait que toutes les nations en aient une partie, et pas seulement les Juifs.
[Sfat Emet - Shavouot 5631]

-> Le rôle des juifs en tant qu'entonnoir de la Torah pour les autres nations est analogue au rôle de la terre d'Israël dans l'apport de moyens de subsistance au reste du monde.
La terre d'Israël est décrite comme une "terre que Hachem, votre D., scrute continuellement" afin de pourvoir à ses besoins. En son honneur, le monde entier est béni à son tour par la pluie et la subsistance.
[Sfat Emet - Shavouot 5646, 5653, 5655]

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-> Plus encore que de donner forme et direction au monde naturel, la Torah est également le fondement de l'existence continue de la nature.
Nous disons chaque matin dans Pessouké déZimra : "Béni soit Celui qui parle et qui agit". Cette phrase fait référence à la création du monde par le biais des "10 Paroles [créatrices]" (voir Pirké Avot 5,1).
La prière se poursuit par "Béni soit Celui qui décrète et maintient" = en décrétant la Torah à son peuple à travers les 10 Commandements, Hachem maintient l'univers tout entier.
[Sfat Emet - Shavouot 5633]

-> L'impact de la Torah s'est fait ressentir sur l'ensemble de la nature, mais la Torah est plus grande que la nature.
Les secrets que la nature n'est pas disposée à révéler peuvent être acquis en se plongeant dans la Torah. C'est pourquoi le monde a été créé avec la lettre beit (dans le mot Béréchit), qui est fermée sur trois côtés et ouverte d'un seul côté, pour indiquer que nous ne devons pas réfléchir trop profondément à ce qui est au-dessus de nous ou aux secrets intérieurs cachés du monde naturel.
La Torah a cependant été donnée en commençant par la lettre alef (ano'hi Hachem Eloké'ha), qui est ouverte des quatre côtés, car la Torah a précédé le monde. Ainsi, le peuple juif peut reconnaître qu'Hachem a créé le monde, directement à travers la Torah, sans avoir à s'appuyer sur les preuves du monde naturel.
[Sfat Emet - Shavouot 5663]

-> Le mot Torah peut être rapproché du mot : "orah"(אורה - une lumière).
La Torah est une lumière à travers laquelle nous pouvons percevoir la présence d'Hachem dans tous les aspects de la vie.
Les premiers mots des 10 Commandements suggèrent cette signification : "et D. dit toutes ces choses en disant, Je suis Hachem, Ton D." (Yitro 20,1-2) = grâce à la Torah, on peut percevoir Hachem (Je suis Hachem, ton D.) dans toutes les facettes du monde (toutes ces choses).
La véritable crainte d'Hachem ne vient que de l'utilisation de la lumière de la Torah pour apprécier la sainteté présente dans toute la vie et pour reconnaître que toute l'existence n'est soutenue que par Hachem.

Nous pouvons également établir un lien entre les mots Torah et "yirah" (יראה - la crainte), ce qui suggère que la véritable crainte d'Hachem découle d'une étude approfondie de la Torah.
Le Téhilim (111,10) fait allusion à cela : "Le commencement de la sagesse est la crainte d'Hachem."

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-> La Torah a un impact non seulement sur la nation juive dans son ensemble, mais aussi sur les individus. Ce n'est que par la Torah qu'un individu peut grandir et se rapprocher d'Hachem.
Alors que les anges partent d'un niveau plus élevé que les mortels, puisqu’ils sont dispensés de toute préoccupation matérielle, la Torah donne aux humains le pouvoir de s'élever au-dessus des anges.

La Torah n'aide pas seulement le juif à vivre dans ce monde, elle le prépare également à la vie dans le monde à Venir.
La bénédiction que nous récitons après une lecture publique de la Torah, "Qui a implanté en nous la vie éternelle", fait en réalité référence au monde à Venir, la vie perpétuelle que l'on acquiert par l'étude de la Torah.
[Sfat Emet - Shavouot 5636]

-> Même dans ce monde, cependant, un juif ne peut atteindre son plein potentiel que par la Torah, comme nous le disons chaque jour dans la prière Ouva léTsion : "Qu'Il ouvre notre cœur par Sa Torah" = la Torah ouvre le cœur du juif à la crainte du Ciel (yirat Chamayim).
Le guémara (Shabbath 31b) compare la crainte du Ciel à une maison, en ce sens qu'elle est le point central de la vie juive. La Torah est décrite comme la porte par laquelle un juif peut entrer dans cette "maison" et être capable de s'élever jusqu'au royaume élevé de yirat Chamayim.
[Sfat Emet - Shavouot 5636, 5639, 5640]

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-> La Torah que nous connaissons n'est que la surface extérieure d'un phénomène beaucoup plus profond.
Nos Sages (Pessikta Béra'ha) ont fait allusion à la profondeur de la Torah en la qualifiant de feu noir écrit sur une toile de fond de feu blanc. Alors qu'une grande partie de la Torah peut nous paraître mystérieuse, comme une boule opaque de feu noir, c'est toujours juste sous cette surface que se trouve la véritable signification de la Torah, avec toute la clarté du feu blanc.
[Sfat Emet - Shavouot 5638]

-> La Torah est comparée au feu, non seulement en raison du pouvoir destructeur du feu, mais aussi pour suggérer la permanence et la vigueur du peuple juif. Le feu de l'amour perpétuel d'Hachem pour nous brûle comme une flamme éternelle.
Comme l'écrit le roi Salomon : "Beaucoup d'eau ne peut éteindre l'amour" (Chir haChirim 8,1).
Tous les forces du monde ne peuvent éteindre l'amour qui brûle comme un feu entre Hachem et nous.
[même si un déluge d'eau s'abat, le feu d'amour d'Hachem pour les juifs (individuellement et collectivement) ne s'éteint pas. ]
[Sfat Emet - Shavouot 5660]

+ Hachem nous a donné Sa sainte Torah [et Ses mitsvot]. C'est l'arme que nous devons utiliser contre le yétser ara dans notre guerre contre lui.
Les munitions sont fournies par notre passion (ex: joie, fierté à étudier/faire les mitsvot) et notre attachement à D. (dvékout).

Celui qui accomplit les mitsvot sans enthousiasme et sans passion est comme le serviteur qui n'a pas utilisé de vraies balles. Sans passion ardente ni d'enthousiasme, nos armes restent inutiles dans notre lutte contre le yétser ara.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]