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Nous remarquons que les 2 mots : "bémidbar Sinaï" (dans le désert du Sinaï - בְּמִדְבַּר סִינַי - Bamidbar 1,1) ont une valeur numérique de 378, équivalente à celle du mot : "béShalom" (dans la paix - בשלום), afin de nous enseigner que pour mériter la Torah, l'homme doit être en paix avec son prochain, dans l'amour et la solidarité.
[Imré Noam]

"Toute la Torah, depuis ses règles générales jusqu'à ses règles particulières, et dans ses moindres petits détails, se prononce par la bouche. Même lorsqu'un petit enfant questionne son Maître sur un sujet de Torah, tout provient à l'origine de la bouche d'Hachem qui transmit la Torah à Moché sur le Mont Sinaï, comme l'ont enseigné nos Maîtres.
Non seulement cela, mais il faut savoir que lorsque l'homme se consacre à l'étude de la Torah dans ce monde-ci, chaque mot qu'il prononce sort pour ainsi dire de la Bouche du Créateur au même instant."
[rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm - chaar 4, pérek 6]

Le bitoul Torah & la destruction du Temple

+ Le bitoul Torah & la destruction du Temple :

-> Le Ram'hal (Déré'h Ets 'Haïm) écrit que toutes les souffrances juives ont pour cause à leur racine : un relâchement dans l'étude de la Torah.
Lorsque le peuple juif est engagé comme il le faut dans l'étude de la Torah, alors les tragédies sont tenues en suspens et peuvent être complètement annulées.
Bien que le prophète Yirmiyahou mentionne le manque d'étude de la Torah comme la cause de la destruction du 1er Temple, tandis que la destruction du 2e Temple provenait de la haine gratuite (comme l'enseigne la guémara Yoma 9b), le Ram'hal comprend qu'en réalité notre exil actuel est principalement causé par le bitoul Torah.
Dans les mots du Ram'hal : "il en ressort que toute la colère d'Hachem s'est enflammée sur Son peuple juif uniquement à cause du manque d'étude de Torah" (nimtsa kol akaas chékaas Hachem al amo Israël, ou bichvil aTorah).

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-> La guémara (Yérouchalmi 'Haguiga 1,7) enseigne : "Nous constatons que Hachem a renoncé pour Israël (à lui tenir rigueur) au sujet de l’idolâtrie, de l’inceste et du meurtre (les fautes qui ont conduit à la destruction du Temple) mais pour leur rejet de la Torah, il n’a pas renoncé".

-> Nos Sages enseignent : "Viens et vois combien est considérable la force de la faute de la Torah (la négligence de l’étude). En effet, Jérusalem n’a été détruite, ainsi que le Temple, uniquement par la faute de la Torah" [voir Tana déBé Eliyahou rabba 18,29]

-> "Jérusalem a été détruite seulement à cause du mépris vis-à-vis de l’étude de la Torah" (midrach Ei'ha 20).
[en étudiant moins que ce qu'on pourrait, on exprime qu'il y a mieux, plus intéressant que la Torah]

-> Le rav Shach enseigne que la nation juive est considérée comme une même entité. Si une partie du peuple juif étudia la Torah sérieusement, l'apprenant dans la pureté et sans péché, alors cela est comme une musique pure et enchanteresse pour Hachem. Et même si ce n'est pas toute la nation qui étudie la Torah, néanmoins, l'entité du peuple d'Israël produit des mélodies "magiques" qui captivent Hachem.
Cette étude est si douce et agréable pour Hachem, qu'Il va ignorer les fautes du reste des juifs. Il fera tout ce qui est nécessaire pour préserver cette magnifique musique, même si cela signifie fermer le yeux sur les autres fautes commises par le restant de la communauté juive.
C'est comme cela que le 1er Temple n'a pas été détruit malgré le fait que les 3 péchés capitaux étaient réalisés.

Par contre, si ceux qui sont sérieusement engagés dans l'apprentissage de la Torah devaient s'arrêter, alors le bouclier serait perdu.
A ce moment-là, Hachem n’ignorerait plus les fautes du reste de la communauté, et la nation entière en subirait les terribles conséquences.

Ainsi, pendant les siècles menant à la destruction du Temple de nombreux juifs ont choisi de quitter le chemin de la Torah, et s'engageaient dans des fautes (avérot) comme les péchés capitaux. Hachem a ignoré cela grâce aux douces mélodies de la Torah, permettant au Temple de tenir et aux juifs de rester en terre d'Israël.
Cependant, finalement la situation a changé. Ceux qui étudiaient la Torah se sont relâchés dans leur étude. [d'une certaine façon, la mélodie jouée n'était alors plus si agréable, ... ]
Lorsque l'étude comme il le faut de la Torah a diminué, Hachem n'était plus incité à ignorer les péchés commis par le restant du peuple. Sans la protection de la Torah, alors plus rien n'arrêtait la destruction du Temple, et le peuple juif a reçu sa punition pour avoir violé les 3 péchés capitaux.

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Sur ce sujet, on peut rapporter une autre raison de la destruction du Temple liée à la Torah :
-> "[le Prophète s’interroge]… Pourquoi le pays (Jérusalem) a-t-il été perdu et dévasté comme un désert, de sorte que personne n’y passe? (Yirmiyahou 9,11) ...
Rabbi Yéhouda a dit au nom de Rav : Parce qu’ils n’ont pas récité de bénédiction sur la Torah avant [de l’étudier]" [voir guémara Baba Metsia 85b]

-> A ce propos, le Ran explique au nom de Rabbénou Yona que la Torah n’était pas importante à leurs yeux au point de mériter une bénédiction ; ils n’étudiaient pas dans une intention pure et en conséquence de cela ils négligeaient la bénédiction qui précède l’étude.
-> Le Ba’h [Tour Ora'h ‘Haïm Siman 47] explique quant à lui qu’ils étudiaient pour leurs intérêts matériels et personnels, et non pas pour s’attacher à la dimension spirituelle et divine de la Torah d’où la conséquence logique du retrait de la Chékhina.

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-> La guémara (Yoma 69b) nous dit qu'à l'époque du 1er Temple, nos Sages ont aboli le yétser ara de la tentation pour l'idolâtrie (avoda zara). Ils ont réussi à l'éliminer, et un lion a alors été vu sortant du Temple.

La guémara (Makot 24b) nous apprend qu'après la destruction du 2e Temple, Rabbi Akiva se promenait parmi les ruines du Temple avec quelques Sages, et ils ont vu un renard gambader parmi les décombres (il sortait du Saint des Saints.).

Le Arou'h laNer (Makot 24b) explique la symbolique des 2 animaux qui ont été vus sur le mont du Temple au moment de leur destruction respective.
Le 1er Temple a été détruit principalement à cause du péché flagrant de l'idolâtrie, qui est une tentation puissante et dévorante. Elle était donc représentée par le puissant lion.
Le renard n'est pas particulièrement grand ou puissant, mais il est intelligent et sournois. Cela symbolise la cause principale de la destruction du 2e Temple.
Un yétser ara intelligent et sournois a détruit le 2e Temple : il s'agit de l'inclinaison à être inflexible envers les autres, à se chamailler entre les membres de la communauté et aves ses amis, sans raison importante. La "sinat 'hinam" (haine gratuite, sans fondement) est le stratagème astucieux du yétser ara, symbolisé par le renard, qui a causé la destruction du 2e Temple.

Le 'Hatam Sofer (dans ses Drachot - daf 61) propose une explication différente.
[ la guémara (Béra'hot 61b) rapporte que lorsque les Romains interdirent l’étude de la Torah, Rabbi Akiva continua d’enseigner en public. Un juif qui était sorti du chemin, et qui se nommait Papous Ben Yéhouda, lui demanda : "Akiva, n’as-tu pas peur des Romains?"
Le Rav lui répondit : "Voilà à quoi cela ressemble : un jour, un renard vit des poissons qui fuyaient dans tous les sens. Que faites-vous? demanda-t-il. Nous évitons les filets des pécheurs! Pourquoi ne venez-vous pas sur la terre à côté de moi, au moins vous ne serez plus embêtés par les pièges des pécheurs?
Les poissons lui répondirent : imbécile que tu es! Si nous sommes en danger dans notre environnement naturel, alors à plus forte raison si nous allons dans un endroit où la mort nous est promise. Pareil pour nous : tant que nous étudions, nous sommes en vie comme il est écrit: ‘Car elle est ta vie...’ mais si nous arrêtons de l’étudier, nous sommes déjà morts". ]

Ainsi, Rabbi Akiva disait à ses détracteurs que si sa vie était en danger pendant qu'il étudiait la Torah, alors qu'il nageait dans l'océan de Torah (yam chel Torah) où il est censé s'épanouir, alors à combien plus forte raison sa vie serait-elle en danger s'il abandonnait les propriétés vivifiantes de l'étude de la Torah.

Dans la parabole de Rabbi Akiva, le renard représente la tentation du bitoul Torah, le fait de ne pas s'engageait dans l'étude de la Torah alors qu'on pourrait le faire.
["L’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b – én mayim ella Torah]
Le renard exhorte le poisson de quitter l'eau, ce qui est analogue aux romains essayant de persuader Rabbi Akiva et ses étudiants de cesser leur étude de la Torah.

Le 'Hatam Sofer ajoute que le renard, que Rabbi Akiva et les Sages qui l'accompagnaient, ont vu se promener dans les ruines du 2e Temple était une vision symbolique, dépeignant que la grande tragédie de la destruction du 2e Temple trouve son origine dans le bitoul Torah.
Indépendamment des autres facteurs en jeu, la racine ultime du problème était le ralentissement de l'étude de la Torah.

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+ Avoir conscience de l'importance du fait d'étudier la Torah :

-> "A l'époque qui précédera l'arrivée du machia'h, l'effronterie grandira ...
Les Sages de la Torah seront dédaignés et l'on méprisera ceux qui craignent le péché. La vérité sera bannie. Les jeunes outrageront les vieillards et les adultes se lèveront devant les plus jeunes. Le fils méprisera son père, la fille se dressera contre sa mère, la belle-fille se dressera contre sa belle-mère, le père de famille sera haï dans son foyer. La face de la génération sera celle d'un chien. Le fils n'éprouvera aucune honte devant son père.
Sur qui peut-on s'appuyer désormais, sinon sur notre Père Céleste?" (guémara Sota 49b)

-> La michna nous décrit ce que sera le monde à la période précédent la venue du machia'h, énumérant malédiction après malédiction.
La dernière chose de la liste est que le peuple juif jettera son regard au Ciel, reconnaissant qu'il n'y a personne sur qui compter si ce n'est Hachem.

=> En quoi ce dernier élément de la liste est-il une malédiction? Au contraire, cela montre que nous continuerons à avoir foi en Hachem, même lorsque le monde qui nous entoure s'effondre et que nos valeurs sont bafouées. Etant fidèles à notre émouna, certains de ne dépendre que de Lui pour la guéoula : pourquoi est-ce une mauvaise chose? Pourquoi est-elle inclus dans cette michna?

-> Le rav Mordé'haï Gifter et le rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim) expliquent qu'il s'agit en fait de la tragédie ultime, parce qu'en réalité nous avons sans équivoque quelque chose d'autre sur lequel nous appuyer : nous avons l'étude de la Torah.
Apprendre la Torah pourrait nous sauver, nous protéger et nous garder de tous les maux du monde.
La plus grande tragédie qui devrait se produire dans les jours qui précéderont la venue du machia'h sera que le peuple juif croisera les bras dans un désespoir total, criant : "Que pouvons-nous faire? Tout est entre les mains d'Hachem".
Ceci est la pire ligne de conduite : jeter nos yeux vers le Ciel, croyant qu'il n'y a pas d'autre option qui s'offre à nous. C'est une honte pour la Torah!

Au contraire, Hachem désire que nous comprenions qu'étudier la Torah a le pouvoir de modifier le cours des événements mondiaux. Toutes les situations auxquelles les juifs sont confrontées peuvent être grandement améliorées et résolues si nous nous engageons dans l'étude de la Torah.
Abandonner et placer notre sort uniquement entre les mains d'Hachem est la plus grande catastrophe de toutes (de la liste de la guémara ci-dessus), car cela est une insulte pour la Torah.
La Torah est la source de vie (mékor 'haïm), et en ce sens l'élément de fin de la liste de la guémara ci-dessus est en réalité la pire des tragédies qui se produira avant la venue du machia'h.

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-> Le rav 'Haïm de Volozhin était le disciple principal du Gaon de Vilna. Il ne s'engageait pas dans de la narration d'histoires, et ses livres ne contiennent généralement pas d'anecdote ou de récit. Cependant, à une rare occasion il va rapporter l'incident suivant concernant le Taz. (dans son Roua'h 'Haïm - Pirké Avot 1,1)
Une femme est venue au Taz, pleurant à propos de son fils qui était très malade, et elle avait peur qu'il ne décède, elle implorait donc le Taz de l'aider à sauver la vie de son fils.
La femme a répondu qu'elle ne voulait pas que le Taz intercède personnellement, mais plutôt elle implorait que la Torah qu'il étudiait vienne intervenir pour son fils, puisque : "Hachem et la Torah ne font qu'un" (koudcha bri'h hou véOraïta 'had hou).

Le Taz a ensuite dédié la Torah qu'il apprendrait à ses élèves ce jour-là en tant que mérite pour le garçon malade. La fièvre de l'enfant est immédiatement retombée et il s'est complètement rétabli.
Le rav 'Haïm de Volozhin écrit que cela est valable également à notre époque, et que tout celui qui étudie sérieusement la Torah, son étude a la capacité de ramener les morts à la vie. La Torah peut protéger et sauver le peuple juif.
[libre arbitre oblige, on ne s'en rend pas compte actuellement, mais dans le monde à Venir on nous montrera l'impact incroyable de notre Torah. A quel point on a sauvé des vies (cela est valable aussi spirituellement parlant, en donnant de la vie morale et spirituelle à autrui, et aussi moralement en redonnant de la joie et davantage d'envie de vivre, ainsi que matériellement, ... ).]

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-> Le rav Moché Feinstein était en train d'étudier dans un beit midrach de sa yéchiva lorsque quelqu'un est entré en courant. Il a informé le rav Moché Feinstein qu'un adolescent d'environ 14 ou 15 ans venait d'être renversé par une voiture et avait été transporté à l'hôpital dans un état critique.
Il a demandé au rav Feinstein s'il pouvait interrompre l'étude dans la yéchiva et demander à tout le monde de réciter des Téhilim au nom du garçon blesssé.
Le rav Feinstein a refusé, disant à l'homme que l'étude de la yéchiva continuerait sans interruption.
Lorsque l'homme a insisté sur la question, le rav Feinstein l'a informé qu'il était sûr que l'adolescent blessé n'était pas de notre peuple et qu'ils ne pouvaient pas arrêter d'apprendre la Torah pour prier.
L'homme a été choqué par les paroles du rav Feinstein : "J'ai vu que l'enfant blessé avait une kippa!"
Le rav Feinstein dit à cet homme de lui faire confiance.

Finalement, les détails entourant l'événement sont devenus connus. Un enfant juif marchait sur le trottoir quand soudain un adolescent non-juif est passé par là, lui a arraché la kippa de la tête et a couru dans la rue sans regarder s'il y avait des voitures qui arrivaient. Il a été renversé par une voiture et a été grièvement blessé.

L'homme qui avait initialement demandé la lecture de Téhilim exprima son incrédulité : "Comment le roch Yéchiva aurait-il pu le savoir?"
Le rav Feinstein lui a répondu : "au moment où le garçon a été heurté par la voiture, j'étais en train d'étudier intensément [la Torah]. Mon étude était d'une telle intensité qu'elle offrait une protection à tout juif dans le voisinage. Il serait impossible qu'un enfant juif soit blessé à une telle proximité de l'endroit où j'apprenais avec tant d'efforts".

-> Le 'Hazon Ich est réputé pour avoir dit que tant que le rav Borou'h Ber et le rav Shimon Shkop étaient vivants, Hitler ne pouvait pas perpétrer les atrocités de la Shoa en Lituanie. En effet, la Torah que ces 2 guédolim étudiaient, protégeait la communauté juive lituanienne, et c'est ainsi que la destruction des communautés juives de Lituanie a été retardée jusqu'à ce que ces 2 gédolim soient décédés et que leur étude de la Torah ait cessé.

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-> "Voici les choses dont l'homme jouit des fruits dans ce monde et dont le capital demeure entier dans le monde futur : le respect des parents, la bienfaisance, ramener l'entente entre l'homme et son prochain" (guémara Yérouchalmi Péa 1,1).

=> Normalement, la véritable récompense d'une mitsva ne peut être reçue que dans le monde à Venir (le monde matériel étant limité), pourquoi est-ce différent pour ces mitsvot?

Le Rambam (Pirouch haMichnayot) explique que certes Hachem n'accorde pas la récompense des mitsvot dans ce monde, mais il y a une exception pour des mitsvot spécifiques.
Quand Hachem voit quelqu'un faire du bien aux autres, accomplir des actes de bonté envers autrui, alors Il répond en faisant également du bien à cette personne dans ce monde. Celui qui est magnanime envers les autres recevra la générosité d'Hachem dans ce monde-ci.

Le rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim) interroge sur la présence de la dernière mitsva dans la liste de la michna (l'étude de la Torah). En effet, c'est une mitsva entre l'homme et Hachem. Pourquoi alors serait-elle inclues dans la liste des mitsvot pour lesquelles on recevra un certain degré de rémunération dans ce monde?
A priori, l'étude de la Torah ne profite qu'à la personne qui l'étudie, en quoi est-elle inclue dans une liste de mitsvot avec autrui?

Le rav El'hanan Wasserman explique que lorsqu'une personne étudie la Torah, elle fait effectivement profiter autrui, car elle protège ainsi le peuple juif, elle soutient le monde entier.
Il ajoute : "L'étude de la Torah d'une personne est le plus grand acte de bonté que l'on puisse accomplir, car il profite à l'ensemble du peuple juif".
[libre arbitre oblige on ne s'en rend pas compte, mais telle est la réalité. Tous les juifs étant liés les uns aux autres, lorsqu'un juif étudie la Torah il injecte du positif qui bénéficie à tous les juifs. ]

On peut citer par exemple :
-> "Plus l’étude de la Torah est répandue, plus on s’évite des temps difficiles, et plus on annule les accusations portées contre Israël."
[le ‘Hafets ‘Haïm – dans son livre : "chem Olam I" – chapitre 22]
-> "Une personne qui étudie assidûment [la Torah] réalise un acte de bonté pour tous les juifs, en leur donnant un mérite protecteur"
['Hazon Ich - Kovets Igros 'Hazon Ich 1,63]

-> Notre engagement dans l'étude de la Torah est un poison pour les forces du mal (sitra a'hra).
Et pour le peuple juif, l'étude de la Torah est un élixir de vie (sam ha'haïm).
[Ram'hal - Dére'h ets 'Haïm]

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-> "A l'époque où le Tempe fut détruit, les Sages de cette génération décrétèrent ... que l'on doit laisser une place [sur le mur], d'une coudée carrée, en face de l'entrée sans peinture" (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm - siman תקס).

Ainsi, lorsque l'on construit une maison, nous avons l'obligation de laisser un espace d’une ama carrée inachevé en souvenir de la destruction du Temple.
Le Pri Mégadim s'empresse de souligner que cette halakha ne s'applique qu'au domicile d'une personne. Lorsqu'une synagogue ou un beit hamidrach est construit, il n'est pas nécessaire de faire un "zé'her lé'Hourban" (un souvenir pour la destruction [du Temple]).

Le rav Shlomo Zalman Auerbach explique la raison de l'exemption d'une synagogue : "dans un endroit où il y a de l'étude de la Torah, il n'y a pas de destruction" (bémakom chéyech Torah én 'hourban).

=> Tant que le peuple juif étudiait la Torah dans la pureté le Temple n'a pas été détruit. Il en est de même dans nos institutions de Torah, où c'est comme si le Temple se tenait toujours "debout" dans un bâtiment où l'étude de la Torah a lieu.

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-> Pendant la période des 9 jours de deuil précédant le 9 Av, lorsque l'on participe à un siyoum on peut se réjouir, en mangeant par exemple de la viande.
Quelle est la raison derrière cette possibilité de sortir momentanément du deuil?

Le rav Lazer Gordon (le rav et roch Yéchiva de Telz) explique que lorsque quelqu'un termine un traité du Talmud, lorsque son engagement dans l'étude de la Torah l'amène à terminer une partie de la Torah (un traité), il n'y a plus de 'hourban (destruction [du Temple]).
Là où l'étude sérieuse et dévouée de la Torah a lieu, il n'y a pas de destruction.

Le siyoum ne crée pas une occasion joyeuse d’échapper à l'aveilout (endeuillé). Mais plutôt, il va rendre comme s'il n'y avait plus rien à pleurer, puisqu'il n'y a plus de 'hourban.
Comme le dit le rav Zalman Auerbach : "dans un endroit où il y a de l'étude de la Torah, il n'y a pas de destruction".

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-> Le rabbi de Klausenbourg nous enseigne la chose suivante :
"Malheureusement, les gens négligent énormément l'étude de la Torah, ce qui est considéré comme une grave faute. Ils ne réalisent même plus la gravité de leur comportement, au point qu'ils se sont persuadés qu'il est tout à fait autorisé de ne pas étudier la Torah.
L'homme n'arrive pas à prendre conscience que chaque fois qu'il discute de choses futiles, au lieu d'investir ce temps dans l'étude de la Torah, il annule plusieurs mitsvot positives de la Torah. Le Gaon de Vilna (Chenot Éliahou Péa 1,1) nous révèle, qu'à travers chaque mot de Torah qu'on étudie, on accomplit la mitsva d'étudier la Torah ...

Malheur à nous, que va-t-on répondre le jour du jugement?
Car malheureusement, il n'existe aucun homme sur terre qui ne soit pas concerné par cette faute-là. Et même les individus qui sont très pris par leurs occupations professionnelles, s'ils faisaient un bilan sérieux de leur emploi du temps, c'est évident qu'ils se rendraient compte qu'ils perdent beaucoup de temps dans des activités futiles et dérisoires.
Et cette faute a également des répercussions sur la qualité de la prière, comme il est dit : 'Celui qui détourne son oreille pour ne pas écouter des paroles de Torah, même sa prière sera une abomination.' (Michlé 28,9)"

Partager la Torah & venue du machia’h

+ Partager la Torah & venue du machia'h :

-> Chaque livre [de Torah] qui est publié permet d'activer la venue de la Délivrance finale.
L'arrivée du machia'h est accélérée par les livres [de Torah] qui sont écrits.
[rav Shlomo Kluger - introduction au Séfer Touv Taam véDaat]

-> Le rav Kluger cite Ben Azaï (guémara Yébamot 63b) qui est d'avis que celui dont l'âme a une énorme aspiration pour la Torah est exempt de la mitsva de procréer, il n'est pas obligé d'avoir des enfants.
=> Comment comprendre cette affirmation? Sur quelle base notre amour pour une mitsva nous exempte des autres misvot? Si j'adore étudier la Torah, est-ce que cela me dispensera de la mitsva de la Soucca?
Il est évident que non!

-> Le rav Shlomo Kluger explique qu'avoir des enfants et apprendre la Torah remplissent une fonction identique.
Le fait de rapprocher la venue du machia'h toujours davantage est le but ultime de l'étude de la Torah et d'avoir des enfants.
En étant l'auteur de livres, et d'ainsi répandre la Torah d'Hachem au public, rapproche la venue du machia'h.
La guémara (Yébamot 62b) enseigne : "én ben David ba ad chéyi'hlou kol hanéchamot chébagouf" (le fils de David, machia'h, ne peut pas venir tant que toutes les âmes qui attendent dans le monde connu comme "gouf" ne naissent [ne viennent dans ce monde]).
D'une façon similaire, le machia'h ne peut pas venir tant que toute la Torah qui doit être étudiée, soit apprise et diffusée.

Il est écrit : "Mais au-delà de cela, mon fils, prends garde : composer des livres en quantité, est une entreprise sans fin ; méditer au-dessus de ses capacités, c'est se fatiguer le corps" (Kohélet 12,12)
Dans le sens simple de ce verset, le roi Shlomo déplore le phénomène qui sera majoritaire à la fin des temps, qu'il y aura un véritable déluge de livres, et nous serons inondés de livres [de Torah] à étudier.

Le rav Shlomo Kluger explique différemment ce verset :
- "assot Séfarim arbé" (composer des livres en quantité) = c'est une directive : produisez de nombreux livres (séfarim). Pourquoi?
- "en kéts"(אֵין קֵץ - sans fin) = car la fin de l'exil n'est pas encore arrivée. [le kéts = la fin de l'exil]
Une fois que le quota de livres que Hachem a déterminé, comme devant être écrits, a été atteint alors le machia'h peut venir.

Le rav Shlomo Kluger écrit que la raison du retard du machia'h est parce que nous n'avons pas écrit un nombre suffisant de livres [de Torah].
Tant qu'il y aura des 'hidouché Torah qui doivent être étudiés [selon le quota fixé par Hachem], enseignés et publiés, le machia'h ne peut pas venir.

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[le rav Shlomo Kluger a vécu de 1785 à 1869, et on peut imaginer que chaque personne à son niveau qui utilise les moyens de diffusion actuels pour partager des mots de Torah, permet de rapprocher la venue du machia'h.]

Diminution de la Torah suite à la destruction du Temple

+ Diminution de la Torah suite à la destruction du Temple :

-> "Le monde tient sur 3 choses : la Torah, le Service Divin (Avoda), et les actes de bonté (guémilout 'hassadim)" (Pirké Avot 1,2).

-> Il y a une tradition rapportée par le Sfat Emet (sur Pirké Avot 1,2), de rabbi Elimélé'h de Lizhensk : dans les jours passés, le monde tenait sur l'étude de la Torah, mais à partir de l'époque du Arizal, il tient sur les actes de bonté.
D'une façon similaire, le rabbi Mena'hem Mendel de Kotsk dit que la véritable Délivrance ne viendra que par le mérite de la tsédaka, comme le prophète Yéchayahou l'écrit : "Sion sera sauvée par la justice, et ceux qui retournent vers elle par la tsédaka" (Yéchayahou 1,27).

=> Cela est difficile à comprendre car on sait que la Torah est "kénéged koulam" (équivalente à toutes [les mitsvot]), et donc qu'elles dépassent toutes les autres mitsvot. Alors, comment la tsédaka et le 'hessed peuvent devenir des piliers du monde plus élevés que la Torah, au point de devenir les piliers sur lesquels le monde va tenir et qu'ils vont permettre de faire mériter la Délivrance?

-> Le Gaon de Vilna (dans son commentaire Chir haChirim 6,4) enseigne que tandis que la Avoda (Service Divin) a cessé avec la destruction du Temple, la Torah a également été significativement réduite à cause de la destruction du Temple, et le 'hessed lui est resté dans sa forme originelle.
C'est pourquoi, le pilier du 'hessed qui n'a jamais été affaibli et compromis par l'exil (galout), continue de soutenir le monde comme il l'a toujours fait.

-> Cela peut être ce que le Séfer 'Hassidout veut nous signifier : ce n'est pas tant que les mérites de la tsédaka et du 'hessed sont plus grands que le mérite de la Torah. L'étude de la Torah restera toujours "kénéged koulam" et la mitsva suprême de l'observance juive. Cependant, les mitsvot de tsédaka et de 'hessed sont uniques en ce qu'elles restent de nos jours sous la même forme pure qu'ils ont toujours été.

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=> On comprend logiquement que le Service Divin (Avoda) a diminué avec la destruction du Temple. Mais en quoi cela est-il également valable pour la Torah?

-> "Car l'homme de la maison n'est pas chez lui, il est parti pour un voyage lointain. Il a emporté la bourse d'argent avec lui ; il rentrera à l'heure dite" (Michlé 7,19-20).
Le Gaon de Vilna (Biour haGra sur ce passage) interprète que le roi Shlomo s'adresse au talmid 'hakham : "car l'homme de la maison". Le Temple a été détruit, et Hachem ne réside plus dans Sa maison, le lieu d'où émane toute la Torah.
"Il a emporté la bourse d'argent avec lui" = cela fait référence à la Torah elle-même qui est regroupée et fermée. Elle est scellée et inaccessible.
Le Gaon de Vilna ajoute : même si quelqu'un devait fournir des efforts considérables, il serait incapable d'acquérir une connaissance adéquate de la Torah, comme le verset l'affirme : "son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah" (malka vécharéa bagoyim, én Torah - Eikha 2,9).

=> Que veut signifier le Gaon de Vilna en déclarant que nous n'avons plus de Torah après la destruction du Temple?
On a depuis les 6 ordres de michna, la guémara Bavli et Yérouchalmi, un nombre énormes de livres de Torah, des juifs qui sont engagés dans la Torah tout autour du monde, ...
Quel est le sens de : "[les juifs] vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah"?

-> Rabbénou Chimchon méKinon (1260-1330), un des Baalé Tossefot [Kinon = en français : Chinon, dans la vallée de la Loire], dans son Séfer haKéritout, décrit la période des Tanaïm.
Hillel et Chamaï ont été les premiers destinataires de la Torah Orale, et ceux qui ont appris d'eux ont été les piliers de la michna.
Jusqu'à l'époque de Hillel et Chamaï, il y avait 600 ordres de michna (Sidré Michna), et à l'époque de Hillel et Chamaï ce nombre a été drastiquement diminué à 6 ordres de michna.
Hillel a vécu 100 années avant la destruction du 2e Temple (décédant en 32 avant l'ère vulgaire).
A l'époque de Hillel et Chamaï, période menant à la destruction du Temple, la grande majorité de la michna a été perdu au début de l'exil.

-> Le Séfer Séder Tanaïm vaAmoraïm (imprimé au dos du Ma'hzor Vitri), enseigne de même que depuis les jours de Moché jusqu'à ceux de Hillel, il y avait 600 ordres de michna.
La michna complète (tous les 600 sédarim) a été donnée à Moché sur le mont Sinaï.

A partir d'Hillel, le monde a été laissé sans ressources dans le sens où l'immensité de la Torah a été sévèrement réduite et la gloire de la Torah affaiblie, puisque seulement 6 de ces ordres ont été transmis aux générations futures.

-> On trouve une référence à cela dans la guémara.
Le traité 'Haguiga (14b) décrit une dispute (makhlokét) entre Rav Papa et les Sages (Rabbanan).
Un était d'avis qu'il y avait 600 ordres de michna, tandis qu'un autre soutient qu'il y avait en fait 700.
Rachi s'empresse de souligner que ces chiffres étonnants (600 ou 700) étaient le nombre d'ordres à cette époque.
Nous n'avons cependant plus accès à la plupart de ces sédarim (ordres).

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+ Les "shin" des téfilin de la tête :

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada 'Haguiga 14b) enseigne :
la couronne des juifs est la michna, et ses commentaires la guémara.
Les 2 lettes "shin" (ש) qui sont présents sur les téfilin de la têtes font allusion aux 600 sédarim de michna.
La lettre "shin" a une guématria de 300, et les 2 "shin" font un total de 600.
Un des "shin" a 4 branches (au lieu de 3) par respect pour l'opinion de la guémara affirmant qu'il y avait en fait 700 sédarim de la michna.

De nos jours, nous n'avons plus les 600 ordres de michna, qui équivalent à la guématria des 2 "shin", mais plutôt nous avons le nombre qui serait lu si nous placions les 2 "shin" l'un à côté de l'autre, et lu comme le mot : "שש" (chéch = soit 6 en hébreu).

Il y a une notion que 1/100 est annulé, est considéré comme inexistant.
En comparaison des 600 ordres de michna que nous possédions initialement, les 6 que nous avons actuellement, nous laissent relativement comme si nous n'avions plus de Torah. Ceci explique le verset : "[ils] vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah (én Torah)" (Eikha 2,9).

-> Le Chla haKadoch fait référence au Séfer haKéritout, lorsqu'il avance également l'idée que les 600 sédarim de michna ont été réduit à 6.
Cependant, le Chla diffère légèrement en écrivant que ce n'était pas à l'époque de Hillel et Chammaï que les 600 sédarim ont été réduit à 6, mais cela a plutôt été 310 ans plus tard, à l'époque de Rabbi Yéhouda haNassi.

-> Rabbi Avigdor Kara (Séfer haPliya), qui est décédé à Prague 1439, donne une explication sur la réponse souvent utilisée par la guémara : il y a des mots ou des phrases qui manquent, et ceci est comment la michna devrait être lue.
Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi, le compilateur de la michna) n'a pas omis accidentellement des mots de la michna. Il n'y a pas d'erreur dans le texte que nous avons.
La guémara nous dit :
- "il y a des mots ou des phrases qui manquent" ('hatouré mi'hasra) = dans notre michna actuelle, il manque des mots du texte orignal.
- "et ceci est comment la michna devrait être lue" (vé'hakhi katané) = cela signifie en réalité : "et ceci est ce que la version originale de la michna a effectivement dit".

Rabbi a délibérément consolidé la michna sous une forme abrégée. Il n'a fait aucune erreur dans la rédaction des 6 ordres de la michna. Il a été capable de réduire la michna de 100 fois le contenu orignal, sans perdre aucun des composants essentiels.
"ceci est comment la michna devrait être lue" = la guémara nous révèle qu'il y a un texte manquant.

-> Le rav Shlomo Algazi explique la différence entre :
- une michna = c'est ce qui a toujours été dans le corpus de la michna de tout temps, et qui le reste de nos jours ;
- une braïta = c'est un enseignement tanaïque qui était parmi la majorité des michnayot qui a été perdue lorsque Rabbi a rédigé uniquement 6 ordres (au lieu de 600).
Les braïtot commencent par les mots : "tanou Rabbanan" (nos Rabbi enseignent). Quand est-ce qu'ils ont enseigné la braïta?
Dans la version originale de la michna, qui contenait 600 sédarim.
[le Shvilé Pin'has fait remarquer que l'initiale de "tanou Rabbanan" est ת"ר, a une guématria de 600. C'est une allusion au fait qu'une braïta était une partie des 600 michna d'origine.]
- une tossefta = c'est une information complémentaire qui n'apparaissait pas même dans les 600 michna d'origine.

-> Le rav 'Haïm de Brisk dit qu'il y a une différence entre la Torah enseignée dans les 600 ordres et la Torah enseignée dans les générations suivantes.
Tout ce qui est enseigné dans la michna ou la guémara est soumis au principe : "élou vaélou divré Elokim 'haim" (celui-là et celui-là sont tous deux les mots du D. vivant). Même si en apparence il y a plusieurs points de vue (parfois très différents), en réalité chacun est considéré comme correct et comme une partie de la Torah que nous avons reçue au mont Sinaï.
Le rav de Brisk ajoute que cependant, lorsque 2 Roché Yéchiva débattent, par exemple sur le sens simple d'un Rambam, nous n'appliquons pas ce même principe. Alors que tout est définitivement considéré comme de la Torah, il ne peut y avoir qu'une seule interprétation correcte du Rambam.
Le principe de "élou vaélou" ne s'applique pas de la même façon au mots des Géonim, Richonim et A'haronim, comme il s'applique à la Michna et au Talmud.
[il en découle que la destruction du Temple, a conduit à une réduction par 100 de la michna (notre Torah Orale), et que nous avons beaucoup d'incertitudes quant à retrouver le texte originel.
(sans le "élou vaélou" + voir les paroles du Gaon de Vilna : actuellement la Torah est scellée et inaccessible par rapport à avant la perte du Temple.)]

-> [b'h, j'ai pu voir l'enseignement précédent, rapporté de la façon suivante ] :
Lorsque le ‘Hafets ‘Haim et Rabbi ‘Haim de Brisk séjournaient dans la même auberge, ils discutèrent de ces 594 sédarim perdus de michnayot (passant de 600 à 6). Le ‘Hafets ‘Haim souligna les efforts des Richonim et des A’haronim, rachei Yechiva, Rabbanim des nombreuses générations depuis l’époque d’Hillel et Chamaï. Leurs délibérations, leurs ‘hidouchim et leurs explications faisaient tous partie des 600 Sédarim originaux. Par exemple, les commentaires de Rachi, des Tossafot, du Rif, du Roch, du Rambam, du Maharcha, de Rabbi Akiva Eiger, Rav Baroukh Ber et ainsi de suite servirent tous à restaurer les sedarim manquants. Chaque sefer de ‘hidouchim remplit le contenu manquant qui faisait partie des michnayot perdues. Toutes les idées de la Torah développées et présentées au cours des siècles depuis que les Chicha sidrei Michna ont été ‘expurgées’ font partie des 600 sedarim originaux.
Le rav ‘Haim de Brisk ne fut pas d’accord et dit qu’il y avait une distinction fondamentale entre les 6 sedarim originaux et la Torah enseignée dans les générations suivantes. Tout ce qui est enseigné dans la michna ou la guémara est soumis au principe de "élou vé'élou divré Elokim 'haïm" (ואלו אלו דברי אלהים חיים - littéralement : ceux-ci et ceux-ci sont les paroles du D. vivant - guémara Erouvin 13b), où même face à de multiples points de vue, chacun est considéré comme correct et fait partie de la Torah que nous avons reçue sur le Sinaï.
Cependant, lorsque 2 Raché Yechiva débattent par exemple de ce que dit le Rambam, nous n’appliquons pas cela. Bien que ce soit incontestablement considéré comme la Torah, il ne peut y avoir qu’une seule interprétation correcte du Rambam.

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-> Le Beit Yossef (Kalé haGuémara) est d'avis, comme le Chla haKadoch, qu'il y avait 600 sédarim de michna jusqu'à ce que Rabbi les a condensés.

-> Le Rama de Pano (Guilgoulé Néchamot) révèle que Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi) était la réincarnation (guilgoul) de Métouchéla'h.
Métouchéla'h a enseigné 600 sédarim, tandis que Rabbi a rédigé 6 sédarim de michna, avec chaque ordre (séder) englobant 100 des ordres initiaux.
[le Yalkout Chimoni (Béréchit - remez 42) cite un avis que Métouchéla'h a en réalité enseigné 900 sédarim de michna.]

-> Le Yalkout Réouvéni (Yitro) est d'accord avec le Séfer haKéritout, indiquant que les 600 sédarim ont existé uniquement jusqu'à Hillel, qui a réduit la michna en 6 sédarim.

-> Le 'Hida présente également l'idée que la michna a été réduite de 600 à 6 sédarim, en citant les 2 points de vue quand à savoir quand cela s'est passé : à l'époque de Hillel et de Chamaï (soit en -32 avant l'ère vulgaire) ou bien 310 ans plus tard, lorsque Rabbi a rédigé la michna.

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-> On a vu précédemment l'enseignement du Gaon de Vilna que suite à la perte du Temple : même si quelqu'un devait fournir des efforts considérables, il serait incapable d'acquérir une connaissance adéquate de la torah, comme le verset l'affirme : "son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah" (malka vécharéa bagoyim, én Torah - Eikha 2,9).
Ainsi, dans la prière nous disons : "chéyibané beit haMikdach bim'éra béyaménou véten 'helkénou béTorata'h" (que le Temple soit reconstruit rapidement de nos jours, et donnes-nous notre part dans Ta Torah) = nous lions le Temple et la Torah. En effet, puisque nous avons perdu la majorité de la Torah avec la destruction du Temple, lorsque nous demandons à Hachem de reconstruire le Temple nous Lui demandons simultanément de restaurer toute la Torah qui a été perdue.

Le Gaon de Vilna a écrit un commentaire de michnayot (Chénot Eliyahou), et son élève principal, le rav 'Haïm de Volozhin a écrit une introduction à cet ouvrage où il écrit que la barrière protectrice de la Torah et ses principaux concepts sont contenus dans la Torah Orale.
"son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah" (Eikha 2,9) = nous n'avons plus la Torah Orale. Le rav 'Haïm de Volozhin se lamente sur le fait que nous avions 600 ordres de michna, mais la plupart d'entre eux a été perdus et il nous en reste que 6.
Il ajoute que cependant, lorsque Rabbi a rédigé les 6 ordres de michna que nous avons actuellement, il a inclut en eux le contenu des ordres (sédarim) perdus.

Ainsi, le rav 'Haïm de Volozhin, élève du Gaon de Vilna, nous dit clairement que la tragédie de "son roi et ses princes vivent au milieu des nations, il n'y a pas de Torah", qui a eu lieu au moment de notre exil suite à la destruction du 1er Temple, est synonyme du fait que nos 600 ordres de michna ont été réduits à 6.
[d'une certaine façon de même que le Temple a été détruit, de même notre trésor qu'est la Torah Orale a fondu par 100 fois moins.]

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-> "Il [l'ange] me dit: "Que vois-tu?" Je répondis: "Je vois un rouleau qui vole ; sa longueur est de 20 coudées et sa largeur de 10 coudées" (Zé'haria 5,2)
Le rouleau dans la vision de Zé'haria était composé de 200 amot au carré, mais lorsqu'il était étalé il avait 400 amot au carré (20 amot de longueur et 20 amot en largeur). [guémara Erouvin 21b]

Qu'était-il écrit sur ce rouleau volant? Le traité Erouvin révèle que la Torah Orale était écrite sur ce document.
Le Gaon de Vilna fait alors le calcul suivant.
Le document original de la Torah Orale qui contenait 600 ordres de michna, avait une taille 400 amot au carré.
Actuellement, réduit à 6 ordres de michna, plus que 4 amot au carré sont nécessaires pour l'écrire.
Le Gaon de Vilna écrit que c'est ce que signifie l'enseignement de la guémara (Béra'hot 8a) : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, la seule chose que Hachem a dans ce monde est les 4 amot de la Halakha".
[Péninim miChoul'han haGra]

-> Ainsi les 4 amot de la halakha ne font pas référence à un espace occupé par une personne étudiant la Torah, mais plutôt cela fait référence au document d'à peine 4 amot, qui est tout ce qu'il nous reste du document original qui faisait une taille de 400 amot.
4 amot est tout ce qu'il est nécessaire pour contenir l'entièreté de ce qu'il reste de la Torah Orale.
Le Gaon de Vilna affirme clairement que la réduction de la michna en 100 fois moins de sa taille initiale a eu lieu au temps de la destruction du Temple.
Dans un cours le rav Daniel Glatstein dit qu'il est possible que ce processus de perte de la michna a été graduel, commençant au moment de la destruction du Temple et se terminant au moment de Rabbi, et cela permet de réconcilier les 2 points de vue abordés précédemment.
Ce processus a eu comme fait générateur la destruction du Temple, et au final nous nous retrouvons avec une perte de 594 ordres de michna. Ainsi, la Torah a subi un coup terrible au moment du 'hourban du Temple, résultant d'une perte si importante.
Ainsi, pour véritablement connaître et comprendre la Torah, nous avons besoin du Temple, et sans lui c'est comme si la Torah n'existe pas.
[voir les paroles du Gaon de Vilna : actuellement la Torah est scellée et inaccessible par rapport à avant la perte du Temple]

"Tout celui qui s'efforce dans l'étude de la Torah, les influences néfastes des astres se retirent de lui"
[Zohar 'Houkat III,216b]

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
cela signifie que grâce à Elle (l'étude de la Torah), le mauvais Mazal d'un homme disparaît et se transforme en bon Mazal et en bénédiction.
Tout cela étant le mérite de l'effort dans l'étude.

La valeur de celui qui étudie la Torah

+ La valeur de celui qui étudie la Torah :

-> Rachi (Chéla'h Lé'ha 13,3) explique : "Tous ceux qui sont (appelés) ''hommes'' dans la Torah sont des gens de valeur, car à ce moment, ils (les explorateurs) étaient méritants".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Certains lisent ces paroles de Rachi sous une forme allusive : "Tous ceux qui sont des hommes dans la Torah, sont des gens de valeur", signifiant ainsi que chaque juif qui s'adonne à l'étude de la Torah a une immense valeur, "car à ce moment, ils sont méritants" = au moment où un juif étudie la Torah, il est méritant et important aux yeux de D.

-> Une discussion oppose les décisionnaires pour savoir si les non-juifs ont le droit d'étudier la Torah. Nombreux sont ceux qui pensent qu'ils sont autorisés à étudier la Torah Ecrite (cf. le Chilté Haguiborim sur le Rif au début du traité Avoda Zara) et seule l'étude de la Torah Orale leur est défendue.
Certains en expliquent la version en disant que la Torah écrite a été relue sur le Mont Eval et sur le Mont Guérizim et traduite alors en 70 langues à l'intention des nations du monde. En revanche, la Torah Orale ne fut transmise qu'aux Bné Israël et leur est exclusivement réservée.
D'après cela, certains expliquent pourquoi chaque traité du Talmud est appelé ''Massékhet'' qui s'apparente au terme hébraïque "Massakh" (un écran). Car c'est lui qui sépare Israël des nations.
=> Cela vient ainsi nous enseigner que le moyen le plus sûr à notre disposition pour nous séparer de toutes les impuretés des nations est d'étudier la guémara, car grâce à elle nous créons un écran entre ce qui est saint et l'impureté.

-> La guémara (Avoda Zara 24b) rapporte que lorsque l'on chargea l'Arche Sainte sur une charrette tirée par 2 génisses (au temps du Prophète Chmouël), un miracle se produisit et elles se mirent à chanter un cantique.
=> Cela pour évoquer que même celui qui se trouve au niveau le plus bas, et qui à l'instar de ces génisses ne possède ni Torah ni bonnes actions, peut toutefois en acceptant le joug de l'étude (évoqué par l'Arche Sainte portée par ces 2 bêtes), parvenir à s'élever jusqu'au niveau de pouvoir chanter des louanges inédites en l'honneur d'Hachem.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne également :
La Torah fait également mériter aux Bné Israël que, du Ciel, on se comporte envers eux avec miséricorde et bienveillance.
C'est ainsi que le Or ha'Haïm haKadoch, à la fin de la paracha Chéla'h Lé'ha, explique que la Torah nous ordonne de suspendre dans les Tsitsit un fil de Tékhélet (d'azur) teint avec le sang d'un mollusque qui provient de la mer, ''afin de susciter la miséricorde Divine qui émane de la Torah comparée à la Mer''.

+ Rabbi 'Hanania segane HaCohanim a dit :
"Tout celui qui place sur son cœur des pensées de Torah, on lui enlèvera de son cœur les pensées de peur de l'épée (même en temps de guerre), les pensées de peur de la famine (même en temps de famine), les pensées futiles, les pensées de débauche, des pensées concernant une femme mariée, ou des pensées folles, la peur des hommes ...
Mais celui qui ne place pas sur son cœur des divré Torah, on lui mettra dans son cœur la peur de l'épée, la peur de la faim, des pensées qui ne servent à rien, des pensées de débauche, des pensées concernant une femme mariée, des pensées idiotes et la peur des hommes".
[ Avot déRabbi Nathan (chap.20, michna 1)]

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-> Rabbenou Bé’hayé ('Hovot haLévavot - prichout chap.2) au sujet des effets de l'étude :
"l'intention de la Torah est que l'esprit dirige tous les penchants et désirs de l'âme et tous les plaisirs du corps ; et que l'esprit soit plus fort qu'eux.
Il est très connu que le renforcement des désirs (taavot) contre l'esprit est la racine de toutes les fautes et la raison de toutes les dégénérescences. Je sais que le Peuple ne s'est rapproché de la matière qu'après s'être éloigné de l'étude de la Torah".

-> "Celui qui demande le désir (taava) se sépare (nifrad)" (Michlé 18,1).
Le Gaon de Vilna explique : le roi Shlomo vient enseigner que seul celui qui se sépare de la Torah réclame la taava, car la Torah casse les taavot. Quand l'homme s'éloigne de la Torah alors les taavote le poursuivent et il les poursuit également.

"La Torah d'Hachem est complète" (Torat Hachem témima - Téhilim 19,8)

-> Le 'Hafets 'Haïm souligne que malgré des millions de juifs qui ont fait des efforts pour étudier la Torah jour et nuit, depuis 3 000 ans, ils n'ont même pas commencé à comprendre la sagesse infinie qui est cachée dans les saints mots de la Torah.
Ainsi, la Torah est "témima", entière et complète, comme si on n'avait pas commencé à l'étudier [au regard de l'infinité qu'il reste à y découvrir].

+ Lorsqu’Israël est attaché à la Torah, la bénédiction Divine fait en sorte que son "dénombrement" devient illimité dans le sens qu’il n’est plus celui de "ce monde ci" (olam azé), un nombre qui décrit la quantité du corps, mais celui du "monde à venir" (olam aba), un nombre qui décrit la qualité de l’âme.
C’est le sens du verset : "Si Hachem vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous" (Vaét'hanan 7,7).
[Chla haKadoch]