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"Noa'h était un homme Juste intègre dans ses générations" (Noa'h 6,9)

Rachi rapporte 2 explications. La première fait l'éloge de Noa'h qui a su rester Juste (tsadik) parmi des hommes
impies (réchaïm). Encore plus aurait-il été grand parmi des hommes Justes. La seconde explication dit au contraire que toute sa grandeur n'est que relative à sa génération qui étaie impie. Mais, s'il avait vécu dans la génération d'Avraham, il n'aurait eu aucune valeur.
=> Comment comprendre que le même verset appelle des commentaires aussi opposés? Et surtout, puisqu'il est possible de voir les choses positivement, pourquoi chercher à interpréter négativement?

-> Le rav Its'hak Blazer explique qu'en réalité les 2 explications se complètent et n'en forment qu'une seule. En effet, Hachem ne considère pas la valeur des bonnes actions en fonction de leur quantité, mais en fonction des efforts et de la difficulté pour les réaliser.
Ainsi, un homme qui accomplit peu de mitsvot mais en surmontant de grandes difficultés, pourra surpasser un autre qui en accomplit énormément, mais sans difficultés. Certes, dans l'absolu, Noa'h n'était pas si grand que cela et effectivement, il faisait bien moins de bonnes actions qu'Avraham. Il était insignifiant devant lui.
Comme il était freiné par une génération de fauteurs, aussi il est clair que s'il avait vécu parmi des hommes Justes, qui l'auraient encouragé, il aurait été encore plus grand et aurait accompli bien plus de bonnes actions. Mais à présent, où il ne vivait pas dans la génération d'Avraham, mais avec des impies, dans ces conditions, sa grandeur fut extraordinaire, et même par comparaison à Avraham. En effet, le fait que Noa'h fut entouré d'impies, il lui fut donc extrêmement difficile de ne pas se laisser influencer, au point que même le niveau limité qu'il a atteint avait une valeur extraordinaire. Car il a dû lutter et résister à sa génération pour rester Juste.
Et cela a une valeur inimaginable, même par comparaison avec Avraham. Mais s'il avait vécu avec Avraham qui l'aurait encouragé et aurait eu une grande influence sur lui, alors cela aurait rendu son travail bien plus facile et alors sa grandeur aurait était insignifiante.

Le niveau spirituel de notre génération est certes insignifiant par rapport aux premières générations. Malgré tout, nous ne devons pas nous en attrister, car le petit niveau que nous atteignons est obtenu par des efforts, du fait de l'environnement profane, empli de tentations et d'obscurité. Aussi, nos petites mitsvot et nos faibles mérites sont considérés par Hachem comme grandioses.
Comme le disait le Arizal, une toute petite Mitsva que nous accomplissons dans de telles générations d'obscurité, valent largement de très grandes mitsvot réalisées par les Justes des anciennes générations, quand la lumière spirituelle était bien plus claire et que le Service d'Hachem était plus simple.

-> b'h, voir à ce sujet : L'incroyable grandeur de chaque juif à notre génération : https://todahm.com/2022/02/08/la-grandeur-de-chaque-juif-a-notre-generation

"Leur face était retournée et la nudité de leur père, ils n'ont pas vu" (Noa'h 9,23)

=> Apparemment, il semble y avoir là une certaine redondance. Quand la Torah dit que Chem et Yafet s'approchèrent de leur père en tournant leur face, cela implique donc déjà qu'ils ne virent pas sa nudité!

-> Le rabbi de Loubavitch explique qu'en fait, la Torah ne vient pas seulement dire qu'ils n'ont pas vu la nudité de Noa'h, physiquement parlant. Car cela est effectivement suggéré par le fait qu'ils tournèrent leur visage. Mais la Torah vient ajouter par là que même dans leur coeur et en leur for intérieur, ils n'ont pas vu sa nudité.
Cela signifie qu'ils n'ont eu aucun jugement négatif ni aucune pensée de mépris ou de manque de respect vis-à-vis de leur père qui s'était dénudé. A l'intérieur de leur coeur non plus ils n'ont pas vu sa nudité. Et c'est pourquoi, ils étaient à même de corriger la situation et couvrir leur père, rétablissant de cette façon son honneur.

Parfois, il peut arriver que se présente à nous une situation où un juif commet une certaine faute. Et là, il peut nous arriver d'en ressentir une certaine colère ou encore un certain mépris en son encontre. En tout cas, on ne peut souvent s'empêcher de concevoir un quelconque jugement négatif. Et, rempli de cette émotion, on tente de rétablir la situation en réprimandant la personne en question ou encore en réagissant pour l'empêcher de continuer. On a alors le sentiment d'avoir fait son devoir.
La Torah nous apprend ici que lorsque l'on doit corriger quelqu'un, il ne faut pas "voir" sa faute. On doit avoir des sentiments d'amour et de peine pour ce juif qui est dans la faute et ressentir le besoin de l'écarter de ce mauvais comportement qui lui est néfaste, en vue de lui faire du bien.
L'essentiel de la démarche doit être de l'aider à réparer, et non pas de le juger d'une quelconque façon que ce soit. C'est uniquement de cette façon que notre acte sera réellement valable et efficace.
Nos Sages nous apprennent que si on a un certain jugement négatif face à un juif qui commet une faute, cela indique que dans le fond, on a soi-même quelque part cette même faille. Hachem nous présente donc cette scène pour que l'on identifie cette faiblesse qui est en nous et que l'on tente de la corriger, plus que pour corriger son prochain.
Mais si on ne voit pas l'homme qui transgresse avec un regard négatif, mais que l'on ne voit que son bien et son intérêt, mû uniquement par le désir de l'aider à rectifier et s'améliorer, alors cela indique qu'effectivement, Hachem nous présente cette situation pour aider ce juif à réparer et à corriger.

L’importance de sanctifier le début d’une chose

+ "Tout va d'après le commencement" = l'importance de sanctifier le début d'une chose :

"Noa'h, homme de la terre, commença par planter une vigne" (Noa'h 9,20)

-> Le Sforno commente :
"Il commença par une action inconvenable, et c'est pour cela qu'il en découla des actes répréhensibles. Car une petite déviation au début en entraîne une grande à la fin, comme cela se produit dans les sciences lorsqu'elles partent d'une erreur au commencement."

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+ "Et Caïn travaillait la terre. Ce fut au terme des jours, Caïn apporta du produit de la terre en offrande à Hachem. Et Evel, lui aussi, apporta les premiers-nés de son menu bétail et de leurs graisses. Hachem se montra favorable à Evel et à son offrande, mais à Caïn et à son offrande, Il ne fut pas favorable.
Caïn en fut très affligé et son visage fut abattu. Hachem lui dit : "Pourquoi es-tu affligé et pourquoi ton visage est-il abattu? Si tu t'améliores, tu pourras te relever, sinon, le péché est tapi à ta porte ; il aspire à t'atteindre, mais toi, sache le dominer!"" (Béréchit 4,2-7)

-> Le Divré Chmouël enseigne :
Nos tsadikim expliquent allusivement le verset : "Sanctifie-Moi tout premier-né" (Bo 13,2), en disant que l'essentiel du travail de l'homme consiste à sanctifier les "prémices" [c'est en cela que réside d'ailleurs, tout le thème du premier-né qui constitue les prémices de toutes les naissances].
Et cela inclut également les prémices de la journée, car selon la manière dont celle-ci débute, elle se poursuivra. C'est pour cette raison que nos Sages ont institué de réciter la louange "Modé Ani", dès le moment où l'on se réveille, avant même de poser le pied par terre, afin que la première occupation de l'homme au début de la journée, soit la sainteté.
[autre exemple : en ce sens, certains sages actuels disent qu'une ségoula pour avoir une bonne journée est de ne pas regarder son téléphone avant notre prière du matin à Hachem (même si naturellement nous avons très envie de le faire). (grâce à cela nous ancrons pour le restant de la journée que l'essentiel de notre vie est de servir Hachem (et pas les pulsions de notre égo (c'est bon Hachem, moi je gère tout seul ma vie!), la curiosité de voir les derniers messages, dernières nouvelles, ... ]
C'est pour cela qu'il est écrit : "Le péché est tapi à ta porte", car ce que le yétser ara recherche est "la porte", à savoir faire trébucher l'homme au seuil de sa journée, de même qu’au début de toute chose sainte, car grâce à cela, il a son emprise sur tout le reste de la journée.
C'est donc précisément à ce niveau que : "toi, sache le dominer!", car si tu t'efforces de bien commencer, tu seras en mesure de dominer ton yétser ara.

C'est en cela que se distinguent Caïn et Evel :
- Evel apporta en offrande les prémices, ce qui suggère qu'il consacrait le début de sa journée et partant, la suite de sa journée, au service d'Hachem. Dès lors, sa prière était intègre, pure et la meilleure qui soit, et c'est pourquoi : "Hachem se montra favorable à Evel et à son offrande", et accepta son sacrifice.
- En revanche, Caïn travaillait la terre : sa première préoccupation de la journée était le travail de la terre, et seulement au terme des jours, à savoir à la fin de ses journées, il allait prier. Cependant, comme sa journée commençait par le produit de la terre, sa prière également était mêlée du "produit de la terre", et c'est pour cela qu'Hachem ne fut pas favorable à son offrande.

Le Divré Chmouël conclut :
"Il en est ainsi dans toutes les générations : il existe 2 perspectives de l'existence, celle de Caïn et celle de Evel. Si l'homme consacre les "prémices" de sa journée, c'est-à-dire le début du jour, aux choses matérielles, il en sera de même pour tout le reste de sa journée. Et même lorsqu'il ira ensuite prier, sa prière sera empreinte du "produit de la terre", et troublée par des pensées matérielles, comme l'expérience le prouve.
Mais, lorsqu'il réserve le meilleur et le début de sa journée au service d'Hachem, par l'étude de la Torah et par la prière
(chacun suivant ses possibilités), même lorsqu'il ira ensuite vaquer à ses affaires avec intégrité, il ne s'y plongera pas corps et âme, et elles seront aussi considérées comme de la Torah."

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+ "Chem et Yéfét prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point, leur visage étant retourné" (Noa'h 9,23)

-> Rachi commente : "Chem a accomplit la mitswa avec plus d’empressement que Yéfét. C’est pourquoi ses descendants mériteront un jour de porter [comme "couverture"] le talith avec ses tsitsit. Quant à ceux de Yéfét, ils mériteront de recevoir une sépulture digne."

-> Le rav Yéhochoua Alt commente :
Chem a donc reçu cela [la mitsva des tsitsit] parce que c’est l’une des 1ères mitsvot avec laquelle un père éduque son enfant. De plus, c’est aussi l’une des 1ères mitsvot faites le matin.
Cela contraste avec Yéfét, qui a attendu, recevant ainsi la mitsva de l’enterrement, la dernière mitsva.
Nous voyons à partir de là combien il est important de mettre l’accent sur le début d’une chose, que ce soit le début de la journée, le Séder, la téfila ou tout autre commencement.
De même, la 1ère bénédiction de la Amida exige la kavana.

"Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération" (Noa'h 6,9)

-> Le Ben Ich 'Haï a expliqué ce verset d’après le verset : "comme l’eau reflète le visage, ainsi le cœur de l’homme répond à l’homme" (Michlei 27,19).
De la même façon que l’homme se conduit envers le prochain, le prochain se conduit envers lui.
L’exemple de ce phénomène est l’eau. L’image de l’homme se reflète dans l’eau sans altération, avec une exactitude parfaite, ainsi exactement la conduite de l’homme se reflète dans le rapport de la société et de l’entourage envers lui.

C’est ce que dit le verset ici : "Voici les engendrements de Noa'h", la Torah nous dit en allusion que si l'homme est agréable (mot se disant en hébreu : noa’h) envers les autres, agréable (noa’h) dans ses attitudes et ses bonnes actions, dans son langage et sa conduite, les engendrements de ses actions seront également agréables (noa’h), l’entourage et la société seront également agréables envers lui.

Le Ben Ich 'Haï écrit que le mot noa'h (נח), est fait des mêmes lettres que 'hen (charme - חן), pour nous dire en allusion que de cette façon on plaira à tous ceux qui vous voient.

"Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h était un homme juste" (Noa'h 6,9)

-> Rachi : les engendrements des tsadikim sont leurs bonnes actions.

-> Le Beit Yaakov enseigne :
Tout homme a l’habitude de dire qu’il ne se donne du mal que pour ses enfants, afin qu’ils grandissent et qu’ils soient de bons juifs et des bnei Torah.
Quand ces enfants deviennent adultes, de nouveau ils ne font pas attention à eux-mêmes et disent aux aussi qu’ils ne se donnent du mal que pour leurs enfants. Si bien qu’on aimerait bien voir un fils digne de ce nom ...

C’est pourquoi le verset dit : "Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h" = Noa’h ne s’est pas négligé pour travailler uniquement pour ses enfants, mais il s’est considéré lui aussi comme un fils et s’est donné du mal pour s’élever lui aussi.
C’est lui-même qui était ce fils digne de ce nom, qui a compris qu’il avait le devoir de servir Hachem.
C’est la signification de l’explication : "les engendrements des tsadikim sont les bonnes actions", les tsadikim voient leurs bonnes actions comme s’ils étaient eux-mêmes des fils.

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-> Rabbi El'azar Azkari (auteur du Sefer 'Haredim, du chant Yédid Néfech, et élève du Arizal) avait l’habitude de dire :
Bien qu’un juif doive s’empresser d’engendrer des fils pour servir Hachem, il doit surtout s’empresser d’être lui-même une plante agréable aux yeux de Hachem, agréable par ses bonnes actions, car alors le Maître du jardin trouvera bon d’en faire sortir d’autres plantes qui lui ressemblent.

C’est pourquoi quand la Torah énumère les engendrements de Noa’h, elle raconte d’abord que c’était un homme juste qui marchait avec Hachem, et que c’est ainsi qu’il a donné des engendrements.

Surmonter son mauvais penchant = trouver grâce aux yeux d’Hachem

+ Celui qui surmonte son mauvais penchant mérite de trouver grâce aux yeux d’Hachem (paracha Noa'h) :

-> Un des moyen de mériter de trouver grâce aux yeux d’Hachem est : la guémara (Souca 49b) enseigne que "celui qui possède la grâce, cela prouve qu’il a la crainte du Ciel".

Le Sfat Emet (année 5656) écrit à ce sujet : "Lorsque l’âme se purifie et se nettoie, l’image Divine repose sur elle. Et une fois qu’elle est à l’image Divine, elle mérite d’office de trouver grâce aux yeux d’Hachem.
Grâce à quoi son âme se purifie-t-elle et se nettoie-t-elle?
Grâce au fait qu’il surmonte son mauvais penchant pour tout ce qui concerne la jalousie, les désirs matériels et la recherche des honneurs (les trois vices) qui font sortir l’homme du monde".

=> Le Sfat Emet poursuit en développant à quel point l’homme qui surmonte son yétser ara est apprécié aux yeux d’Hachem :
Il est écrit dans la paracha Noa'h (8,21) : "Hachem sentit l'agréable odeur et Il dit en Lui-même : ‘Désormais, Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme, car les conceptions du cœur de l’homme sont mauvaises dès son enfance'."
Le Baal haTourim rapporte que l’expression : "il sentit l'agréable odeur" (vayara'h ét réa'h - וַיָּרַח אֶת רֵיחַ) n'apparaît qu'à 2 reprises dans la Torah :
- dans ce verset ;
- et au sujet de Its’hak lorsqu’il bénit Yaakov : "Il respira l'agréable odeur de ses habits" (Toldot 27,27)
Le Kédouchat Lévi rapporte l’enseignement de mon père (le père du Sfat Emet) qui demande à propos de notre verset ("Hachem respira l'agréable odeur"), d’où provenait celle-ci.
Et de répondre : elle provenait de l’homme de chair et de sang, parce que, dans celui-ci, réside le mauvais penchant qui l’incite sans cesse à se détourner du service Divin et néanmoins, il le surmonte pour servir Hachem.
C’est à ce propos qu’il est écrit : "Hachem respira l'agréable odeur et Il dit en Lui-même : ‘Désormais, Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme, car les conceptions du cœur de l’homme sont mauvaises dès son enfance’", ce qui signifie : "Puisque l’homme répand une agréable odeur grâce à ce yétser ara qui est en lui depuis son enfance et qu’il combat pour le surmonter, c’est pour cette raison que Je ne maudirai plus la terre".

Le Kédouchat Lévi continue en rapportant les paroles du Maguid de Mézéritch : non seulement le travail spirituel des Bné Israël répand une odeur agréable devant Hachem, mais Hachem se confectionne (si l’on peut dire) un habit grâce à ce travail spirituel.
C’est le sens du verset : "Israël, c’est par toi que Je me couvre de gloire" (Yéchayahou 49,3).
"Se couvrir de gloire" a ici le sens de "se revêtir", comme il est dit : "Ils se couvrirent de feuilles de figuier" (Béréchit 3,7).

Le Maguid de Mézéritch ajoute : plus encore, Hachem ne s'habille que du travail des Bné Israël et non de celui des anges.
La raison en est que c’est ce service spirituel des Bné Israël qui Lui procure un immense plaisir, car c’est en eux que réside le yétser ara qui les pousse à se détourner du service d’Hachem et ils le surmontent. Ce qui n’est pas le cas des anges, comme cela est rapporté dans la guémara (Shabbat 89a) à propos de Moché Rabbénou qui répondit aux anges : "Vous n’avez aucun yétser ara en vous".
Dès lors, le service des anges ne représente pas une si grande innovation aux yeux d’Hachem.

Et c’est pourquoi le Baal haTourim (cité plus haut) rapporte les 2 seules occurrences de cette expression (il sentit l'agréable odeur) : dans notre verset "Hachem respira l'agréable odeur" et dans le verset : "Il (Its’hak) respira l'agréable odeur de ses habits", car l'agréable odeur dégagée par le travail de l’homme sur lui-même constitue (si l’on peut dire) les habits dont Hachem se revêt.

Noa’h – Trouver grâce aux yeux d’Hachem en étant agréable aux hommes

+ Noa'h - Trouver grâce aux yeux d’Hachem en étant agréable aux hommes :

-> Le Séfer ‘Harédim (66, 75) écrit :
"Si un homme veut trouver grâce aux yeux d’Hachem, il doit veiller à ne pas se mettre en colère, car il est dit : "Et Noa’h trouva grâce aux yeux d’Hachem" (Béréchit 6,8) sans en expliquer la raison.
C’est que l’explication est contenue dans le nom même de ce juste (tsadik). Car il était ‘Noa’h’ (agréable en hébreu) dans ses paroles, dans ses actes et dans sa conduite (comme cela est enseigné dans le Zohar).
C’est pour cela qu’il trouva grâce ('hén - חן en hébreu, qui est composé des mêmes lettres que le nom de Noa’h - נח) aux yeux d’Hachem".

-> Un enseignement similaire est rapporté dans la guémara (Pessa’him 113b) : "Trois sortes de personnes sont aimées d’Hachem : celui qui ne se met pas en colère, celui qui ne s’enivre pas, celui qui ne tient pas rigueur".

Le Yichma’h Israël (paracha Noa'h) rapporte au nom du Séfer haYachar de Rabbénou Tam que si, certes, le libre arbitre est donné à l’homme de choisir entre le bien et le mal, cependant, si celui-ci mérite de trouver grâce aux yeux d’Hachem, alors Hachem l’élève au-dessus du libre arbitre.
Et il sera obligé, de par sa nature et de par son essence, de n’accomplir que le bien. Et cela afin qu’il donne naissance plus tard à une descendance juste et vertueuse.

Le Yichma’h Israël explique que l’enseignement du Séfer ‘Harédim et celui du Séfer haYachar se rejoignent.
En effet, celui qui se préserve de la colère et est agréable (Noa’h) avec les autres dans ses paroles, dans ses actes et dans sa conduite, mérite de bâtir une descendance vertueuse et mérite par-là de trouver grâce aux yeux d’Hachem.
Cela nous permet de comprendre le verset : "Et Noa’h trouva grâce" (ונח מצא חן). Sa conduite était douce et sereine envers les créatures et il ne tenait pas rigueur aux gens, ainsi mérita-t-il d’engendrer une descendance vertueuse (notre Patriarche Avraham et tous les justes (tsadikim) du monde), de trouver grâce aux yeux d’Hachem et de mériter tous les bienfaits et les bénédictions du Ciel.

[combien nous devrions suivre cet exemple et aspirer à trouver grâce aux yeux d’Hachem en étant agréable aux hommes ... ]

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-> Le Midrach (Béréchit rabba 30,5) enseigne : "Noa'h (agréable) pour le Ciel, Noa'h (agréable) pour les créatures".

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer qu'en cela, Noa'h était l'antithèse des gens de sa génération. Ces derniers avaient en effet perverti entièrement leurs relations avec autrui (outre le fait qu'ils avaient perverti leurs voies vis à vis d'Hachem).
C'est à ce sujet qu'il est écrit : "D. vit que toute chair avait perverti sa voie sur la Terre" (Noa'h 6,12).
Le 'Hatam Sofer écrit : "Lorsque le verset dit qu'ils avaient perverti leur voie, le mot "voie" se réfère à D., pour dire qu'ils n'allaient pas dans les voies d'Hachem qui est miséricordieux et fait grâce à Ses créatures, ce que l'homme doit chercher à imiter dans ses rapports avec autrui. S'ils s'étaient comportés de la sorte, Hachem Lui-même aurait usé de miséricorde et de compassion à leur égard, même s'ils étaient des fauteurs envers Lui.
Mais à présent qu'ils agirent à l'opposé de cette conduite, leur sentence fut définitivement scellée."

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-> Le midrach (Tan'houma 5) enseigne que Noa'h est qualifié par la Torah d' "homme tsadik" (Noa'h 9,6) pour avoir nourri les créatures d'Hachem.
Seuls 2 hommes reçurent dans la Torah ce nom de tsadik et pour la même raison : Noa'h et Yossef. Il est en effet écrit au sujet de Yossef : "Pour avoir été vendu contre de l'argent, le tsadik" (Amos 2,6).
Combien est immense la récompense de ceux qui prodiguent la bonté. Ils sont considérés comme les bâtisseurs du monde, comme il est dit : "Le monde sera bâti par la bonté" (Téhilim 89,3).
Par ce biais, ils méritent eux-mêmes de bâtir leur propre monde en donnant naissance à des enfants vertueux, comme l'écrit le Sforno à propos du verset : "Noa'h engendra trois fils" (Noa'h 6,10).
[ainsi d'après le Sforno, la bienfaisance est un remède pour avoir des enfants vertueux! ]

-> Le 'Hatam Sofer rapporte à ce propos le verset : "Toute la journée, il prodigue, il prête, et sa descendance est bénie" (Téhilim 37,26), et explique que c'est grâce au fait de prodiguer et de prêter qu'un homme verra s'accomplir la fin du verset : "sa descendance est bénie" et qu'il méritera d'avoir des enfants bons et vertueux.
Il ajoute : "De plus, il méritera également la bénédiction, l'abondance et une longue vie, en étant bon avec autrui, à l'instar de Noa'h qui mérita de reconstruire le monde grâce à la bonté qu'il prodigua à tous les animaux."

"La colombe revint vers lui sur le soir, saisissant dans son bec une feuille d’olivier fraiche" (Noa'h 8,11)

-> Le midrach (Tan’houma Tetsavé 5) commente :
"Telle la colombe qui a apporté la lumière dans le monde, vous aussi qui êtes comparés à la colombe, apportez de l’huile d’olive et allumez une lumière!"

=> A priori, ce midrach demande une explication : en quoi la colombe a-t-elle apporté la lumière au monde en rapportant une feuille d’olivier?

Le Maharal Diskin explique (à la fin de paracha Pékoudé) que les feuilles d’olivier sont particulièrement résistantes, comme la
guémara (Ména’hot 53b) le rapporte : "Les feuilles d’olivier ne tombent ni en été ni en hiver". [il y a des feuilles sur l'arbre toute l'année]
De fait, elles ne se désagrégèrent pas au cours du déluge mais flottèrent à la surface des eaux.
Lorsque la colombe revint avec une feuille d’olivier, elle suggéra ainsi à Noa’h : "Regarde, le Créateur savait depuis la création du monde que viendrait un jour où un homme juste, appelé Noa’h, m’enverrait de l’arche afin de voler à la surface des eaux "pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol" (Noa'h 8,8), et je ne m’aurais alors rien eu pour me nourrir. Il a donc créé les feuilles de l’olivier qui sont très résistantes afin qu’elles ne soient pas détruites dans les eaux du déluge, et grâce à elles, j’ai de quoi me sustenter!"

C’est pourquoi le midrach enseigne que la colombe a apporté la lumière au monde : en effet, elle éclaira le monde avec cette croyance dans le fait que le Créateur a préparé depuis le commencement du monde ce dont chaque être vivant aurait besoin.

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+ "La colombe revint vers lui sur le soir, saisissant dans son bec une feuille d’olivier fraiche" (Noa'h 8,11)

-> Rachi donne 2 explications du mot : "saisissant".
Il écrit : "Au sens littéral, c’est un langage signifiant "arracher", et d’après le midrach, c’est un langage signifiant "subsistance". La colombe dit à Hachem que ma subsistance soit amère comme la feuille d’olivier mais de la main d'Hachem et non pas douce comme le miel, mais de la main de l’homme".

=> Le Divré Israël pose une question : pourquoi Rachi n’explique t-il pas que le sens littéral du mot "saisissant" ("taraf" - טָרָף) est un langage de subsistance, comme on le voit dans le verset : "téréf natan liré'av" (Il donne leur subsistance à ceux qui le craignent - טֶרֶף נָתַן לִירֵאָיו - Téhilim 111,5).

Il répond qu'en réalité, il y a lieu de se demander en quoi la colombe a failli pour mériter de trouver une feuille d’olivier, amère de nature, à l’instar de nombreux d’entre nous qui se demandent en quoi ils ont fauté pour que leur subsistance leur parvienne avec autant de difficultés et d’épreuves.
C’est à cet effet que Rachi explique que le sens premier de ce terme dans ce verset est ‘arracher’, et d’après ce que nous enseignent nos Sages (guémara Brakhot 64a) : "Celui qui anticipe l’heure prévue, l’heure lui est défavorable".

En rapportant cette feuille d’olivier, la colombe fit preuve d’un manque de confiance en Hachem, qui était en mesure de lui apporter sa subsistance à l’heure voulue. C’est pourquoi c’est une feuille d’olivier amère (et non douce) qui se présenta à elle.
En revanche, celui qui place sa confiance en D. et s’arme de patience verra toutes ses entreprises réussir de la manière douce, qu’elles concernent sa subsistance ou tout autre besoin!

Noa’h

+ Noa'h :

-> Le Méam Loez (Noa'h 7,5-7) enseigne :
La foi de Noa'h n'est pas à remettre en question. Il pensa simplement que D. est bon et miséricordieux, et que jamais il ne détruirait jeunes et vieux. Il supposa qu'il s'agissait d'une menace devant inciter les hommes aux repentir.

Noa'h n'a pas non plus pensé que ses contemporains pouvaient s'obstiner à refuser de se repentir alors même que les eaux montaient.
Il avait la certitude qu'au dernier moment ils reviendraient à D. et que le décret serait annulé.
Malgré 120 ans qu'il consacra à tenter d'éveiller leur repentir, ils le rejetèrent se fermant ainsi les portes du pardon.
Hachem étant plein de miséricorde, Noa'h supposa que le Déluge ne surviendrait pas. Telles furent les intentions de Noa'h.
[...]

Malgré les pluies torrentielles qui s'abattirent durant les 7 jours (précédant le Déluge), il se rendit chez les uns et les autres afin de les convaincre de se repentir.
Il ne pouvait supporter l'idée de leur destruction, et ce n'est que lorsqu'il s'aperçut de leur obstination, qu'il se résolut à pénétrer dans l'Arche.
[...]

Certains affirment que Noa'h ne pria pas en faveur de ses contemporains non par négligence, mais parce qu'il ne trouva pas 10 tsadikim (justes) pour se joindre à lui.
La famille de Noa'h ne comptait que 8 âmes.
Sans 10 justes, un décret ne peut être annulé, tel que nous le voyons dans le cas de Sodome (Béréchit 18,32).

[selon le Tsor haMor, après le Déluge, Noa'h a apporté une offrande de faute pour ne pas avoir (quand même) prié en faveur de ses contemporains.]

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-> "Certes, Je ferai en cela comme pour les eaux de Noa’h : de même que J’ai juré que le déluge de Noa’h ne désolerait plus la terre" (Yéchayahou 54,9)

Selon le Zohar (Noa’h), le déluge porte le nom de Noa’h car celui-ci n’a pas demandé à D. d’épargner le monde, qui fut détruit lors de cet évènement.

Cette affirmation suscite notre interrogation : pourquoi Noa’h n’a-t-il pas invoqué la miséricorde divine en faveur de son peuple, si bien que le déluge porte son nom?

Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar) écrit :
Noa’h savait que sa prière ne serait pas exaucée, car, comme nos Sages l’ont dit, il restait moins de 10 justes dans le monde. Cependant, le déluge porte malgré tout son nom. C’est que s’il avait souffert de voir le monde courir à sa perte, il aurait imploré D. de toutes ses forces pour qu’Il ne le détruise pas. S’il ne l’a pas fait, c’est le signe qu’il n’en souffrait pas.

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-> Rachi (Noa'h 7,7) écrit : "Même Noa’h faisait partie des gens de peu de foi, croyant sans vraiment croire que le déluge allait se produire, et il n’est entré dans l’arche que lorsque les eaux l’y ont obligé".

=> Apparemment, comment est-il possible de dire de Noa’h, que la Torah appelle "un homme juste et irréprochable", qu’il ne croyait pas de tout son cœur?

Le Mahari de Vork explique que jusqu’à la dernière minute, Noa’h croyait et espérait que les hommes allaient se repentir et que le décret du déluge serait annulé.
Voici ce que signifient les paroles de Rachi : Noa’h faisait partie des gens de peu de foi, croyant : même parmi les gens de peu de foi il faisait dépendre sa foi et son espoir du fait qu’à chaque instant ils pouvaient se repentir, c’est pourquoi "sans vraiment croire que le déluge allait se produire" : parce que leur techouva pouvait annuler le décret.

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+ "Noa'h était un homme juste et droit dans sa génération" (Noa'h 6,9)

-> L'Admour rabbi Yé'hezkel de Kozmir commente que la force et la grandeur d'un homme juste et droit réside en ce que "certains l’interprètent comme un blâme", parce que si l'on voit un meneur qui n'a pas d'opposants, mais dont tout le monde chante la louange, c'est un signe évident que c'est un homme rempli de mensonge et de flatterie, qui trouve des moyens détournés d'être en paix avec tout le monde.
En revanche, un grand dirigeant qui est mené par la générosité et la vérité éveille contre lui des accusations et de la haine du côté des réchaïm de la génération qui ne sont pas disposés à supporter le chemin de vérité de leur dirigeant.

-> Le Baal Chem Tov a transmis à ses descendants une tradition ancestrale selon laquelle tout dirigeant spirituel qui ne suscite aucune opposition, ne méritera pas de vivre longtemps dans ses fonctions.

En se basant sur cela, le Beit Israël explique le commentaire de Rachi au début de notre paracha Noa'h (à propos du verset "Noa’h était un homme juste dans sa génération") : "Certains l’expliquent dans un sens péjoratif et d’autres dans un sens élogieux".
A priori, on ne peut que s’étonner : pourquoi certains tenaient-ils tellement à l’expliquer péjorativement?
D’après ce qui précède, on peut comprendre qu’ils désiraient de cette manière lui allonger la vie. Et, en effet, au moment du déluge, Noa’h avait 600 ans.
Et pourtant, le lion le mordit (dans l’arche, parce qu’il avait tardé à lui apporter son repas) alors qu’il était déjà très âgé (car à son époque les hommes vivaient en moyenne 400 ans).
Il mérita une telle longévité grâce à l’opposition qu’il suscita auprès des gens de sa génération (qui le critiquaient et se moquaient sans cesse de lui).
[en ce sens on peut citer la guémara (Sanhédrin 108b) : "Noa’h était le juste qui réprimandait sa génération. Il leur disait des choses dures comme des pierres. Eux le méprisaient, ils lui disaient : Vieillard, pourquoi fais-tu cette arche?
Il répondait : Hachem va amener sur vous un déluge. Ils lui disaient : Un déluge de quoi? Si c’est un déluge de feu, nous avons une chose qui s’appelle alita, sur quoi le feu n’a aucune prise. Si c’est un déluge d’eau, s’Il l’amène de la terre, nous avons des boules brûlantes de métal dont nous recouvrirons la terre, et s’Il l’amène du ciel, nous avons quelque chose qui s’appelle akev.
Il leur dit : Il l’amènera d’entre les talons de vos jambes." ]

Il est donc très possible que ceux qui commentaient : "Noa’h était un homme juste dans sa génération" péjorativement avaient l’intention par cela de prolonger ses jours encore davantage.

En tout cas, cette explication doit nous servir de leçon. Lorsque nous subissons l’action de détracteurs, comprenons que cela n’est que pour notre bien et veillons à ne pas leur en garder rancune et à ne pas céder à la colère en répondant à la provocation illégitime qui nous est adressée.

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-> Le Admour rabbi Yé’hezkel de Kozmir dit à ce propos que la force et la grandeur d’un homme juste et droit réside en ce que "certains l’interprètent comme un blâme", parce que si l’on voit un meneur qui n’a pas d’opposants, mais dont tout le monde chante la louange, c’est un signe évident que c’est un homme rempli de mensonge et de flatterie, qui trouve des moyens détournés d’être en paix avec tout le monde.
En revanche, un grand dirigeant qui est mené par la générosité et la vérité éveille contre lui des accusations et de la haine du côté des réchaïm de la génération qui ne sont pas disposés à supporter le chemin de vérité de leur dirigeant.

-> Le Saba de Shapoli disait : Ceux qui interprétaient la conduite de Noa’h comme un blâme rendaient en cela un grand service à Israël, car ils voyaient par l’esprit saint que presque tous les justes (tsadikim) qui ont vécu dans le peuple d’Israël ont suscité une opposition.
Qui est plus grand que notre maître Moché, qu’on a soupçonné de choses qui étaient bien loin de lui!
Or voici que le premier juste évoqué dans la Torah était Noa’h, et si tout le monde l’avait admiré, tous les justes auraient appris de lui que s’il y avait contre eux une opposition quelconque, c’était un signe qu’ils n’étaient pas des justes.
C’est pourquoi certains ont interprété délibérément que le premier juste était à blâmer, pour enseigner que l’opposition n’est pas le signe évident d’un défaut, car malgré tout il est dit : "Et Noa’h trouva grâce aux yeux de Hachem".

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-> Si un sage en Torah (talmid hakham) est bien-aimé par les habitants de sa ville, ce n’est pas en raison de sa supériorité [en sagesse], mais plutôt parce qu’il ne leur fait pas de remontrance dans les sujets du Ciel.
[il est bien-aimé car il n’est pas strict avec eux au sujet de leur observance des mitsvot]
[Abbayé – guémara Kétoubot 105b]

-> Un rav dont la communauté ne souhaite pas le départ n’est pas un rav.
Et un rav qui a été renvoyé par sa communauté n’est pas un homme.
[Rav Chakh au nom du Maharil Diskin]

[Habituellement, les gens n’aiment pas recevoir de remontrances, et c’est pour cela qu’ils préfèrent avoir un rav de communauté qui les laisse "tranquilles" dans leurs agissements.

-> Le Ohr ha’Haïm commente :
"La réprimande réveille souvent un sentiment d’hostilité. Néanmoins, cela ne doit pas décourager un rav/rabbin de protester contre de mauvaises actions.
Il est mauvais que le rav/rabbin reste silencieux et se dise : "Pourquoi ai-je besoin de cet embarras? Pourquoi devrais-je créer de l’animosité et des différends dans ma communauté?"
Il doit avoir confiance dans la bonne volonté des gens et il devrait se dire à lui-même : "Je vais les réprimander comme il le faut, et je suis persuadé qu’ils sont assez honnêtes pour accepter la vérité sans garder de rancune à mon égard"."

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-> "D. vit la terre, et voici qu'elle s'était corrompue" (Noa'h 6,12)

Bien que la corruption de la génération du Déluge se soit étendue à tous les habitants de la terre, comme le dit le verset : "la terre se remplit d'iniquité", il n'y avait absolument personne qui en prenne conscience, seul "D. vit la terre, et voici qu'elle s'était corrompue."

Le Saba de Kelm explique que seul Hachem a constaté cette situation épouvantable : le fait que l'ensemble des hommes était plongé dans des profondeurs de perversion, et qu'ils ne s'apercevaient de rien.

Quelques leçons de l’Arche de Noa’h

+ Quelques leçons de l'Arche de Noa'h :

-> Ce n’est pas pour rien que la construction de l’Arche de Noa’h (la Téva - תיבה), prit 120 ans.
Ses contemporains lui disaient : "Pourquoi perds-tu ton temps dans la construction de cette Arche? Viens profiter du bon temps avec nous!"
De nos jours, on entend le même discours : Pourquoi gaspiller son temps dans des sujets spirituels? Soyons épicuriens!
De même qu’un déluge frappa la génération de Noa’h, la même chose attend les fauteurs après 120 ans et ce contrairement à ceux optimisant leur temps ici-bas dans le domaine spirituel.
Le terme : "Téva" (תיבה) signifie à la fois : une "arche", et aussi : un "mot". De même qu’entrer dans la תיבה permit le sauvetage physique du déluge, "entrer" dans les mots de la Torah et de la Tefila préserve du déluge spirituel.

On peut donner la comparaison suivante : Si l’on se trouve dans une ambassade à l’étranger, du fait de son statut extraterritorial, c’est comme si l’on se trouvait dans son propre pays. De même, la maison d'étude (beit midrach) a cette dimension extra-territoriale malgré sa localisation spatiale dans ce monde physique.

Il est écrit : "Car la part d’Hachem est son peuple, Yaakov la corde de son héritage" (כי חלק ה' עמו יעקב חבל נחלתו - Haazinou 32,9).
Cela signifie que l’on doit s’attacher à Hachem et accomplir sa Volonté à l’instar de nos Patriarches.
[un juif doit faire attention à ne pas avoir la tête sous l'eau, dans le sens où il garde bien à l'esprit le but de ce monde, qu'il ne se laisse pas submerger par les influences négatives environnantes.
Notre héritage est cette "corde" ('hévél) qui nous devons constamment garder avec nous pour ne pas couler dans les bassesses de ce monde.]

La Téva (תיבה) physique fait allusion à une Téva spirituelle :
1°/ Les dimensions de la תיבה ( 300 sur 50 sur 30 Amot ) donnent en lettres le mot : "lachon" (la langue - לשן) (ל =30, ש = 300 et נ = 50 ).
=> Il convient donc d’utiliser sa capacité locutoire pour la Torah, la prières, des paroles d’encouragement, ...
De même peut-on comprendre : "Tu donneras du jour à l'arche" (tsohar taassé laTéva - צהר תעשה לתיבה - Noa'h 6,16) = on doit exprimer des mots porteurs de lumière. [ex: qui donne de la valeur, du sourire à autrui!]
Sur le verset : "La mort et la vie sont dépendantes de la langue" (מות וחיים ביד לשון - Michlé 18,21), on remarque que les initiales forment le mot : "maboul" (déluge - מבול). Un vie authentique est remplie de spiritualité.

2°/ Le mot תיבה est une abréviation de : "téfila yéchara békavanat halev" (une prière convenable avec l’intention du cœur - תפלה ישרה בכונת הלב).
[ainsi dans le déluge de ce monde, on doit s'abriter dans la Téva, les mots de prière sincère à notre papa Hachem]

3°/ Si l’on multiplie les lettres du Tétragramme (י ה ו ה ) avec celles du Nom divin (אדנ י), on a : youd*aléf + hé*dalét + vav*noun + hé*youd = 10 + 20 + 300 + 50.
On retrouve exactement les dimensions de la Téva : 300 amot de long, 50 de large et 30 de haut (soit 10+20).
Quant au mot Téva (תיבה), il est l’anagramme de : "bayit Hachem" (la "maison" d’Hachem - בית ה).

4°/ Dans la prière de Arvit, nous disons : nassia'h bé'houkékha ... toraté'ha (נשיח בחקיך... תורתך - nous parlerons de tes décrets, nous nous réjouirons des mots de ta Torah et avec tes mitsvot)
Cela peut aussi viser la Téva qui représente la spiritualité.
Ainsi, "nassia'h" (nous nous réjouirons - נשיח) est l’acronyme de ceux présents dans la Téva : Noa'h, Chem, 'Ham et Yafét (נח, שם, חם, יפת).

[d'après un divré Torah du rav Yéhochoua Alt]