+++ Paracha Noa'h - Le saviez-vous (3e partie) : La Tour de Bavél :
-> Au cours des 340 années suivant le Déluge, les femmes donnaient souvent naissance à 6 enfants en même temps [afin de permettre le repeuplement du monde]. (Pirké déRabbi Eliézer 24).
-> "Hachem fit pour l'homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit" (Béréchit 3,21)
Rachi commente : elles étaient comme l'ongle, lisses et fixées sur la peau. Selon un autre avis, il s’agissait d’une matière provenant de la peau, comme du poil de lièvre, douce et chaud.
Le Méam Loez (Noa'h 10,9) enseigne :
A la mort d'Adam, cette tunique fut transmise à Hénoch, puis à Mathusalem. A la mort de ce dernier, Noa'h en hérita et l'emporta avec lui dans l'Arche. Sans que personne ne le sache, 'Ham vola cette unique qu'il donna à Kouch, son fils aîné.
A sa naissance, Nimrod reçut ce vêtement des mains de Kouch.
Cette tunique lui conféra une grande puissance et beaucoup de courage, lui permettant de remporter ainsi de nombreuses batailles.
Lorsque Nimrod revêtait cette tunique, à son apparition, les animaux terrorisés prenaient la fuite.
Les hommes, voyant cela, supposèrent que sa force était prodigieuse et le couronnèrent roi.
[...]
Son second était Téra'h, le père d'Avraham.
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+ Origine du projet d'une tour immense :
-> Cette génération [de Bavél] agissait sur une base erronée. Sachant que le Déluge s'était produit en l'an 1656 de la Création. Ils tentèrent d'élaborer un moyen d'échapper au Déluge futur et bâtir une structure très haute ne pouvant être submergée par un Déluge.En effet, si jamais D. en suscitait un à nouveau, cette tour leur servirait de refuge.
[...]
Cette génération parlait une "même langue" pour se révolter contre Hachem.
Ses philosophes arguaient que D. se désintéressait du monde, et ils prétendaient que la direction du monde était soumise aux planètes et aux étoiles, que D. ne se préoccupait ni des êtres de chair et de sang, ni ne les reconnaissait.
[...]
Les penseurs de cette époque affirmaient que si D. avait accordé même à une fourmi le libre arbitre, il l'avait sans aucun doute donné à l'univers tout entier afin qu'il se dirige lui-même ...
Ils inventèrent toutes sortes d'arguments pour prouver que D. est incapable de modifier quoique ce soit en ce monde ... et ces raisonnements les menèrent à refuser la grandeur de Hachem.
Ils décidèrent alors de bâtir une tour si haute qu'elle atteindrait les planètes.
Ils désiraient placer dans les cieux une idole, tenant une épée dans les mains, prête à livrer un combat.
Cette statue symbolisait leur défit envers Hachem, et le rejet de son autorité.
Ils supposaient que D. ne dirige pas le monde d'en-bas, ils clamaient avec impudence :"Bien que nous nous rebellons contre Hachem, il ne peut nous faire aucun mal. Nous sommes sous la protection des étoiles et des planètes."
[Méam Loez - Noa'h 11,1]
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-> La génération de Bavél pensait ainsi neutraliser le Divin par leur magie et leur sorcellerie.
Selon Rabbénou Bé'hayé (Noa'h 11,4), ils pensaient que la tour leur permettrait d'atteindre les sphères supérieures, et l'immortalité des êtres célestes.
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+ La tour de Bavèl :
-> Nimrod va concentrer toute la population de la terre en un seul et même endroit : la plaine de Chin'ar.
Cette migration massive va prendre 2 années entières. [selon le Séfer haYachar]
[Nimrod a soulevé (himrid) le monde contre Hachem, causant une grande profanation du Nom Divin.]
-> La tour de Bavél va être construite et détruite en l'an 1996 de la Création du monde.
Noa'h était âgé alors de 940 ans, et Avraham avait 48 ans.
-> Le Méam Loez (Noa'h 11,3-4) enseigne :
La tour de Bavél se composait de 2 séries d'escaliers, l'un à l'est permettant de monter les briques, et l'autre à l'ouest pour descendre en chercher de nouvelles.
Si un homme tombait, ses compagnons ne se souciaient pas de sa mort, mais par contre si une brique venait à tomber, ils s'en attristaient.
Un jour, un grand nombre de briques tombèrent. Les bâtisseurs cessèrent tout travail et s'en affligèrent réellement.
Chaque fois qu'Avraham passait à proximité du chantier, les bâtisseurs l'appelait et lui demandaient de participer à leur projet. Avraham se moquait de leur travail et les raillait, mais ils ignoraient ses paroles.
Pour avoir une idée de la hauteur de cette tour, il suffit de faire le compte.
Lorsque D. la détruisit : un tiers s'enfonça dans le sol, un tiers brûla et un tiers demeura intact.
Cette dernière partie était si haute que les plus hauts palmiers de Yéricho semblaient avoir la taille de sauterelles.
Beaucoup plus tard, on affirmait qu'il était possible de marcher à l'ombre de ces ruines (1/3 de la tour) pendant 3 jours sans la quitter.
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-> Selon le Séfer haYachar, il fallait une année entière pour escalader la tour de sa base à son sommet.
-> Chaque brique, lorsqu'on la posait, se multipliait et devenait d'abord deux, puis quatre briques.
La construction avançait à une vitesse prodigieuse, et recevait une aide du Ciel.
[midrach Béréchit rabba 38,8]
-> 5 hommes se sont opposés à la tour de Bavél : Noa'h (qui va se consacrer à l'agriculture), Chém et Ever (qui s'isolent pour mieux servir D. en toute tranquillité), Achour le fils de Chèm (qui va s'éloigner d'eux au loin), et Avraham (qui va s'opposer directement à eux par la parole).
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-> La Torah raconte qu'ils ont dit : "Faisons des briques" (Noa'h 11,3).
=> Pourquoi se sont-ils fatigués à fabriquer des briques et n'ont-ils pas utilisé tout simplement des pierres?
La pierre a été créée durant les 6 jours de la création et l'homme n'a pas pris part à cette création.
La brique, quant à elle, est le fruit de l'homme, c'est une création à lui.
L'homme qui vit dans une maison en pierres sait que la maison appartient à Hachem. L'homme y séjourne comme un invité et il doit donc bien se comporter vis-à-vis de son hôte.
Les hommes de la génération de la dispersion (dor haplaga) étaient mauvais et voulaient fabriquer les briques pour construire leurs maisons. Ils pouvaient ainsi proclamer, haut et fort, qu'ils vivaient dans leurs propres demeures, bâties par leurs propres moyens, qu'ils ne devaient donc rien à personne et pouvaient agir comme bon leur semblait.
Dans le midrach (Béréchit rabba 3,9), il est dit : "Au début de la création, Hachem voulut s'associer au monde d'En bas".
Hachem dit en quelque sorte : "J'aspire à vivre avec vous, à être votre associé, à pouvoir aux besoins de vos enfants, à Me préoccuper de vos soucis, à vous envoyer le bien dans tous les domaines. Je veux que vous vous adressiez à Moi chaque matin, chaque après-midi, chaque soir pour Me demander tout ce dont vous pensez avoir besoin. De Mon côté, J'écouterai vos prières".
C'est la façon de vivre du juif, celle d'être en proximité avec Hachem.
[rav Yaakov Israël Pozen]
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+ La fin de la tour :
-> Hachem réunit 70 anges autour de Son Trône de gloire, et leur demanda d'examiner cette affaire [de la tour de Bavél].
On décida de semer la confusion parmi ces hommes en créant 70 langues.
D. lui-même prit en charge Avraham et ses descendants. Puis, les 70 anges descendirent et divisèrent les bâtisseurs de la tour en 70 nations.
Chacune parlait une langue différente constituée d'un alphabet propre. De plus, un ange particulier leur avait été affecté.
Le peuple juif, quand à lui, fut pris sous la protection de Hachem, comme il est écrit : "car ce peuple est la part de D." (Dévarim 32,8-9).
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Bien que les bâtisseurs [de Bavél] étaient pires sous bien des aspects [à la génération du Déluge], ils avaient une qualité qui contre-balançait beaucoup de péchés : l'amour du prochain et leur absence de haine.
Les 70 nations ne formaient qu'un, comme la Torah l'indique : "Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables" (Noa'h 11,1).
Seule l'unité régnait entre eux et la paix était si grande qu'elle les sauva d'une destruction totale.
[Méam Loez - Noa'h 11,6-9]
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-> Nimrod avait conscience du pouvoir protecteur de l'unité.
D'ailleurs, le Haamek Davar enseigne que quiconque se séparait de la communauté était jeté dans une fournaise et brûlé.
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-> Les hommes incapables de communiquer et de se comprendre mutuellement, sont obligés de recourir au langage des signes.
[cf. Haamek Davar - Noa'h 11,8]
-> Le Séfer haYachar rapporte que la frustration (liée à l'incompréhension) va laisser place à de la violence entre travailleurs, et de nombreuses personnes meurent jetés des hauteurs de la tour.
Le Pirké déRabbi Eliézer (24) dit que des épées sont dégainées, le sang coule et les hommes ne sont alors unis que par le malheur.
Selon le Gour Aryé, cette incapacité à se supporter va entraîner la dispersion de l'humanité, qui se divise alors par groupe ethnique aux 4 coins du monde.
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-> Le rabbi Yossef Deutsch rapporte qu'on peut distinguer 3 groupes parmi les constructeurs de la tour :
1°/ ceux qui voulaient y monter et s'y installer = ils vont être éparpillés sur la surface de la terre ;
2°/ ceux qui voulaient y monter pour rendre culte à une idole = ils se retrouvent incapables de communiquer les uns avec les autres ;
3°/ ceux qui voulaient livrer combat contre D. = ils ont été transformés en singes, [en éléphants] et en démons, signe de leur détérioration.
-> Le Maharal explique que leur intention de livrer la guerre à Hachem leur a fait perdre toute trace d'image Divine (tsélem Elokim) à laquelle l'homme a été créé.
Ne possédant plus cette image, ils se sont transformés en créatures sauvages.
-> Une personne qui va au zoo, et voit un singe ou un éléphant, devra réciter la bénédiction : "barou'h ata Ado ... Elo ... mélé'h aolam méchané habriot" (qui change les créatures). [Choul'han Aroukh 225,8]
En effet, la guémara (Sanhédrin 109a) rapporte qu'après l'arrêt de la construction de la tour de Bavél, Hachem punit ses constructeurs, et certains d'entre eux furent transformés en singes et d'autres en éléphants.
C'est pourquoi le singe ressemble à l'homme, et l'éléphant est plus intelligent que les autres animaux [et cela à l'inverse de la théorie de Darwin qui prétend que l'homme descend du singe, bien au contraire c'est le singe qui descend de l'homme].
On raconte sur le 'Hida, que lorsqu'il se rendit à Londres, il visita le zoo afin de réciter cette bénédiction.
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-> Nos Sages statuent que celui qui voit un éléphant ou un singe prononce la bénédiction « méchané habriot », parce que ces animaux ressemblent à l’homme dans certains domaines (guémara Béra'hot 58b ; Méiri).
-> Rabbi Yaakov Kamenetsky (Emet LéYaakov) explique cette bénédiction en s’appuyant sur les propos de la guémara selon lesquels les hommes de la génération de la dispersion furent punis en étant transformés en éléphants et en singes. Dès lors, le sens de méchané habriot s’éclaircit : cela signifie "qui change les créatures", puisque ces animaux étaient à l’origine des hommes.
C’est peut-être également pourquoi, d’après certains Richonim, un singe peut laver les mains à un homme, du fait qu’au départ, le singe était un homme que D. transforma ensuite en animal.
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-> Selon le Séfer haYachar, les mauvaises actions des hommes ont été tolérées aussi longtemps que la tour n'était pas utilisée pour attaquer.
Lorsque la tour a atteint une hauteur [impressionnante], ils ont lancé des flèches dans le ciel contre le firmament.
De façon miraculeuse, Hachem a fait couler du sang d'en haut, leur faisant croire qu'ils avaient tué les pouvoirs célestes, et que la liberté qu'ils cherchaient à obtenir était imminente.
-> Ils ont voulu se détacher de D., et en retour Hachem les détacha les uns des autres.
Ils se sont révoltés plein d'orgueil, et en retour Il les humilia et les abaissa.
Ils ont consolidé leur nuisible unité par des mots, et c'est par des mots qu'est née la discorde, et puis leur chute.
-> Selon nos Sages, parler l'hébreu (lachon haKodéch) leur donnait aussi une force spirituelle pour réussir dans leurs tâches.
Pour cette raison, D. a mélangé les langues afin de leur retirer cette force.
-> Le Tiférét Yonathan (Noa'h 11,9) dit que le mot : "Bavél" (בבל) peut être coupé en deux, et que ses lettres peuvent former : ב לב, qui veut dire : 2 cœurs, car la volonté et les paroles des constructeurs étaient coupées en deux.
La ville de Chinear est désormais connue sous le nom de Bavél, en souvenir du mélange (bilboul) des langues.
-> Nos Sages rapportent que la tour de Bavél a été construire dans la plaine de Chinear, qui de façon ironique est l'endroit où les victimes du Déluge avaient été entraînées.
Ainsi, la leçon à tirer se trouvait sous leurs yeux, mais ils l'ont ignoré.
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-> Concernant la tour de Bavél :
1°/ le tiers supérieur est consumé par les flammes ;
[selon le Maharal, cette partie correspond à l'objectif lié à l'idolâtrie de cette tour]
2°/ le tiers inférieur s'enlise dans le sol ;
[selon le Maharal, cette partie représente la guerre qu'ils voulaient livrer à D., et qui a été engloutie, à l'image de la tentative de Kora'h contre Moché (avalé également par la terre!)]
3°/ la partie du milieu sera détruite elle aussi, mais il en restera quelques vestiges pour rappeler aux hommes la folie de ceux qui croient pouvoir se rebeller contre D.
[selon le Maharal, cela permet d'illustrer la futilité du projet, tandis que le Tsor haMor dit que cette partie sert de souvenir de l'unité des hommes.]
[midrach Béréchit rabba 39,10 ; guémara Sanhédrin 109a]