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"D. avait béni Avraham en toutes choses" ('Hayé Sarah 24,1)

Que signifie : "bakol" (en toutes choses)?

1°/ Rachi nous fait remarquer que le mot bakol (בַּכֹּל) a une valeur numérique de 52, qui est la même que celle du mot : "ben" (בן), faisant allusion au fait qu'Avraham a eu un enfant.

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-> Le 'Hatam Sofer dit que normalement quand un homme a fini sa mission sur terre, il doit retourner vers Hachem, et cela est son véritable bonheur. Mais, si un Juste (tsadik) a des enfants qu'il doit éduquer et dont il doit s'occuper, pour cela, même s'il a fini sa mission, Hachem peut lui accorder encore des années supplémentaires de vie, pour s'occuper de ses enfants.
D'après cela, la Torah dit que "Avraham était âgé". Cela peut nous questionner. En effet, comment se fait-il qu'un homme aussi Juste qu'Avraham n'avait-il pas encore fini sa mission, lui qui ne perdait aucun instant et qui faisait ce qu'il devait faire sans arrêt? Pourquoi Hachem lui accorda-t-Il tant d'années? N'était-il pas plus préférable pour lui de rejoindre Son Créateur?
C'est à cette question que la Torah répond en disant qu'Hachem le bénit ''dans tout'' (bakol), c'est à dire ''avec un fils''. Comme il devait s'occuper de son fils et lui enseigner les voies d'Hachem, pour ce faire Hachem a trouvé bon de lui ajouter des années, et c'est ainsi que malgré sa mission déjà terminée, il vécut encore plusieurs années et connut la vieillesse.

-> Le rav Moché Feinstein explique que certes Hachem bénit Avraham ''dans tout'' (bakol) et lui accorda toutes les bénédictions. Mais puisque son plus grand désir était d'avoir une descendance dévouée à Hachem, même si Avraham avait toutes les bénédictions, seul le fait d'avoir une descendance pourrait vraiment le satisfaire. Comme Avraham le dit lui-même à Hachem, avant la naissance de son fils : "Hachem, que peux-tu m'accorder (comme bénédiction) si je suis sans enfant"
Pour Avraham, la seule réelle bénédiction était d'avoir une descendance. Ainsi, en même temps que le verset dit qu'"Hachem bénit Avraham dans tout", et qu'il lui accorda tout, la Torah fait allusion, au fait qu'Il lui donna un fils. Car c'était cela pour lui la seule réelle bénédiction sans laquelle toutes les autres bénédictions ne vaudraient rien.
C'est parce qu'Il le bénit d'un fils qu'à présent on peut dire qu'Il le bénit ''dans tout'' (bakol).

-> Le Béer Yossef rapporte l'enseignement des Sages selon lequel Eliézer voulait marier sa fille à Its'hak. Alors, Avraham lui dit : "Mon fils est béni et toi (en tant que descendant de Canaan) tu es maudit (par Noa'h). Or, le ''maudit'' ne peut pas s'unir avec le ''béni''.
Cependant, on peut s'interroger sur cela. En effet, si certes Avraham a été béni par Hachem, on ne trouve pas que Its'hak a lui aussi était béni.
La Torah ne dit clairement qu'Hachem a béni Yits'hak qu'après la mort d'Avraham. Ainsi, comment Avraham a-t-il pu dire : ''Mon fils est béni'', raison pour laquelle il ne peut pas épouser la fille d'Eliezer?

La réponse est qu'après l'épreuve de la ligature d'Its'hak, Hachem bénit Avraham et lui dit : "Bénir Je te bénirai". Et Rachi d'expliquer cette redondance en disant qu'une bénédiction revient au père et l'autre au fils.
Ainsi, on trouve ici qu'Hachem a aussi béni le fils, c'est-à-dire Its'hak, en allusion par la redondance de l'expression : "Bénir Je te bénirai". Et de ce fait, s'il est béni, Its'hak ne peut plus épouser la fille d'Eliezer.
=> Ainsi, la Torah dit qu'Hachem bénit Avraham ''dans tout'', à savoir ''par son fils'', c'est-à-dire qu'Il a aussi béni son fils. Dès lors, il devait envoyer Eliezer chercher une femme pour Its'hak et ne pouvait plus lui donner sa fille.

-> Le Arizal dit que quand les anges annoncèrent la naissance d'Its'hak, ils dirent : "Il y aura un fils à Sarah ta femme". Ils attribuèrent le fils à Sarah et non à Avraham. Cela signifie qu'Its'hak aura une âme d'une dimension féminine, à l'image de sa mère. Et avec une telle âme, il ne pourra pas avoir d'enfants.
De plus, nos Sages disent que quand Avraham s'apprêta à sacrifier Its'hak, l'âme de ce dernier quitta son corps. Et alors, Hachem lui restitua une autre âme, cette fois-ci d'une dimension masculine, qui pourra désormais enfanter. Dès lors, Its'hak, doté d'une âme d'une dimension masculine, peut être attribué à Avraham, son père.
Il est devenu ''fils pour Avraham'', et plus seulement ''pour Sarah''. Et puisqu'à présent il pourra enfanter, il est donc arrivé le moment qu'il se marie.
=> Le verset dit donc : "Hachem bénit Avraham dans tout" = c'est-à-dire avec un fils. A présent, ce fils est attribué à Avraham (et pas à Sarah), avec une âme masculine, qui peut enfanter. Dès lors, il s'apprêta à le marier.

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2°/ La guémara (Baba Batra 16b) nous enseigne :
- selon certains, Avraham a eu une fille qui s'appelait : bakol.
[D. a gratifié Avraham d'une fille qui brillait positivement en tout (bakol).]

- selon Rabbi Méïr : il n'a pas eu une fille, mais un garçon.

Pourquoi est-ce une telle bénédiction de ne pas avoir une fille?
Le Rambam écrit dans une lettre que le fait d'avoir une fille entraîne des cheveux blancs à son père, car il s'inquiète de trouver le bon chiddou'h pour elle.

Le Ktav Sofer dit que ces 2 avis sont vrais (élou véélou divré Elokim 'haïm).
Lorsque Its'hak est né, les gens affirmaient que son vrai père était Avimélé'h, puisque Avraham était trop âgé pour en être le père.
Hachem a alors béni Avraham d'une fille. En ayant une fille, bien après l'épisode avec Avimélé'h, il était apparent que Avraham pouvait avoir des enfants, et les gens ont alors cessé de dire que Avimélé'h était le père de Its'hak.

=> Avraham a nommé sa fille : bakol, qui a la même guématria que : ben (un garçon), car c'est grâce à sa fille que son fils a été authentifié comme étant le sien.
La fille d'Avraham est alors morte, faisant qu'il n'avait plus aucun soucis à son sujet.

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-> "Avraham avait une fille du nom de Bakol" (guémara Baba Batra 16).
D'où nos Sages ont-ils conclu qu'Avraham avait aussi une fille, alors que cela n'est pas mentionnée dans la Torah?

Dans la guémara (Yébamot 6,6), il y a une discussion sur l'accomplissement de la mitsva d'avoir des enfants.
Selon la maison de Chamaï, il faut au moins 2 fils pour avoir accompli la mitsva, tandis que pour la maison d'Hillel, il faut un fils et une fille, comme il est écrit : "mâle et femelle Il les créa", et dans cette discussion la loi juive a été fixée selon la maison d'Hillel.
Par conséquent, étant donné que d'après la tradition de nos Sages, Avraham a accompl toutes les mitsvot de al Torah avant même qu'elle n'ait été donnée, on doit supposer qu'il a aussi accompli la 1ere des 613 mitsvot.

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3°/ Lorsque les lettres du mot : "bakol" (בַּכֹּל) sont écrites de la façon dont elles se prononcent :
-> bét = בית => valeur de : 412
-> caf = כף => valeur de : 100
-> laméd = למד => valeur de : 74
= on obtient un total numérique de 586, qui a la même valeur que le mot : Shofar (שופר).

Yits'hak a été amené comme sacrifice sur l'autel, jusqu'à ce qu'un ange vienne pour l'épargner. Un bélier venant d'apparaître va alors être sacrifié à sa place par Avraham.

De ce bélier, la corne va être utilisée :
-> lors du don de la Torah au mont Sinaï (Pirké déRabbi Eliézer 31) ;
-> afin d'annoncer la venue du Machia'h (Yéchayahou 27,13).

Pour les juifs, la Torah et le Machia'h sont "toutes choses" (bakol).
=> Avraham a été béni par un fils qui sera impliqué dans la fourniture de ce "tout" au peuple juif.

Source (b"h) : traduction et compilation personnelle issue de dvar Torah du rabbi Bogomilsky (Védibarta Bam)

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4°/ L'essentiel de la bénédiction que peut recevoir un homme Juste, c’est lorsque tout le monde est béni. En effet, il ne recherche pas son bien-être individuel, mais bien la réussite collective.
C'est ce que dit le verset, en allusion : "Hachem bénit Avraham en tout (בכל)", que l’on peut aussi traduire par " par tous".
Ainsi, Avraham a été béni par le fait que tous l’ont été. C’est seulement quand tout le monde est béni que Avraham peut considérer l’être également.
[Kédouchat Levi]

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5°/ "Hachem avait béni Avraham en toutes choses" = le midrach dit que Yichmaël s'est repenti du vivant d'Avraham.

Nous savons que "tout vient du Ciel, sauf la crainte du Ciel" (guémara Béra'hot 33b), et si Yichmaël était mauvais, pourquoi Hachem a-t-Il provoqué son repentir, alors qu "Il ne l'a pas fait pour tous les peuples"?

Le 'Hida (Pné David) répond que Yichmaël a certainement pensé de lui-même à la téchouva, mais s'il n'y avait pas eu le mérite d'Avraham, il n'aurait pas été accepté, car ses intentions de repentir n'étaient pas suffisantes.
En effet, sa méchanceté avait créé beaucoup d'accusateurs qui se levaient contre lui.
=> C'est l'amour d'Avraham qui a fait taire ces accusateurs, alors son désir de repentir a commencé à monter vers le Ciel et à être accepté.
[Grâce au mérite d'Avraham, D. vint au secours d'Ichmaël]

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6°/ "Hachem avait béni Avraham en toutes choses" = "c'est-à-dire qu'il lui avait livré son mauvais penchant."
[midrach Béréchit rabba Lé'h lé'ha chap.11]

Nous devons aspirer à imiter les actions de nos ancêtres, dont leur détermination nous invite à surmonter les faiblesses de notre nature et à la dominer.

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-> "Hachem bénit Avraham en toutes choses (bakol)" (‘Hayé Sarah 24,1)

Le midrach dit que c'est une référence au fait que Avraham a accompli la mitsva de la Soucca.
Quel en est le lien?

Le Gaon de Vilna dit que la réponse tient dans le mot : bakol (בַּכֹּל), dont ses lettres aux 3 versets décrivant la mitsva de la Soucca :
- le bét en liaison avec : "béSouccot téch’vou chiv’at yamim" (Vous demeurerez dans des Souccot durant 7 jours – Emor 23,42) ;
- le kaf : "kol aézra’h béIsraël yéchévou baSouccot" (toute personne originaire d’Israël demeurera dans la Soucca - Emor 23,42) ;
- le lamèd : "léma’an yéd’ou doroté’hèm, ki baSouccot ochavti ét béné Israël" (afin que vos générations sachent que j’ai donné des Souccot pour demeure aux bné Israël – Emor 23,43).

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-> Dans le birkat hamazone, nous disons : "De même que tu as béni nos Patriarches : Avraham, Its'hak et Yaakov, bakol, mikol, kol, alors bénis nous tous ensembles d'une bénédiction complète, et nous disons : amen. (kmo chénitbaré'hou avoténou ...).

Nous pouvons remarquer que chaque Patriarche est référé par une des 3 variations du mot : "kol".
Nous demandons ici : "une bénédiction complète".
Quelle est la nature de tout cela?

Le rav Guttman répond qu'une "bénédiction complète/totale", c'est la capacité de trouver du bonheur dans sa vie.
On a ainsi :
-> le "bakol" = "Hachem bénit Avraham en toutes choses (bakol)" (‘Hayé Sarah 24,1).
Avraham était très riche matériellement, intellectuellement et dans tous les domaines de la vie, et il a choisi d'utiliser pour les autres tous ses cadeaux dont Hachem l'avait gratifié.
Ainsi, notre Patriarche Avraham, nous apprend que la 1ere clé du bonheur est d'arrêter de ne penser qu'à soit même, et de commencer à donner aux autres : de faire du 'hessed, de répandre de la émouna, de la joie, ...

-> le "mikol" = [Its'hak dit: ] "J'ai mangé de tout (mikol)" (Toldot 27,33)
Its'hak s'est nourri de chacune des situations de sa vie (bonne ou mauvaise) pour grandir et devenir un tsadik, plutôt que d'en être frustré, triste et de s'apitoyer sur son sort.
Ainsi, notre Patriarche Its'hak, nous apprend que la 2e clé du bonheur est de toujours chercher à grandir, à devenir meilleur.
[tout ce qui m'arrive dans ma vie est fait sur mesure par papa Hachem pour mon épanouissement personnel]

-> le "kol" = [Yaakov dit: ] "D. m'a été bienveillant et j'ai tout (kol)" (Vayichla'h 33,11).
Quoique la vie ait pu lui accorder, Yaakov était toujours content et reconnaissant à Hachem de lui donner exactement ce dont il a besoin.
Ainsi, notre Patriarche Yaakov, nous apprend que la 3e clé du bonheur est d'être toujours heureux et reconnaissant, parce que totalement satisfait de ce qui nous avons, car provenant uniquement de Hachem.
[plutôt que de passer sa vie à se dire : "si j'avais ... quand j'aurai .. alors je serais heureux", c'est savoir être joyeux avec ce que l'on a, car on a confiance dans ce que fait notre papa au Ciel]

=> Nous apprenons de nos Patriarches : de savoir donner, de grandir et d'être reconnaissant, et alors nous pourrons avoir une "bénédiction complète", le bonheur dans notre vie.

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-> "Et Hachem béni Avraham dans tout" ('Hayé Sarah 24,1)

Le rav Yéhouda Tsadka nous explique qu'Avraham n'eut pas d'enfant jusqu'à un âge très avancé. De plus, il bénéficia de l'apparition des anges qui lui annoncèrent le miracle auquel il allait bénéficier : avoir enfanté à l'âge de 100 ans. La majorité des gens ont des enfants facilement, sans fatigue particulière, à fortiori sans l'intervention de créatures célestes!
=> Pourquoi Avraham qui était le bien-aimé d'Hachem bénéficia-t-il précisément d'un miracle?

-> Le rav Yéhouda Tsadka répond qu'Avraham notre patriarche devait engendrer le peuple élu. Hachem le rendit stérile dans sa jeunesse afin qu'il rompe complètement le lien avec son père Téra'h l'idolâtre et que l'influence de ce dernier ne puisse avoir aucune emprise sur sa descendance.
Une fois le lien entièrement rompu, comme un arbre que l'on déracine, Avraham engendra miraculeusement un fils et c'est le sens du verset : "Et Hachem bénit Avraham dans tout" ('Hayé Sarah 24,1).
Car le mot בכל (bakol) = "dans tout", à la même guématria que le mot בן (ben) = "fils" soit 52. Cet enfant (בן) provint intégralement (בכל) d'Avraham sans aucune attache à Tera'h.

Il est également rapporté au nom du Ben Ich 'Haï que ce ne sont pas seulement nos Patriarches qui firent face à la stérilité, mais également nos Matriarches, car elles devaient elles aussi rompre les liens avec leurs aïeux afin d'établir une nouvelle généalogie sainte et pure. C'est le sens du verset : "et moi je t'avais planté comme une ligne de choix, d'une espèce toute loyale" (Yirmiyahou 2,21).

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"D. avait béni Avraham en toutes choses" ('Hayé Sarah 24,1)

Que signifie : "bakol" (en toutes choses)?

-> Hachem a donné à 3 personnes le goût du monde à venir déjà dans ce monde.
Il s'agit de : Avraham, Its'hak et Yaakov, puisque Hachem les a béni par : bakol, mikol, kol.
Rachi (guémara baba batra 17a) explique : "kol" = ils ne manquaient de rien.
[leur vie était parfaite dans ce monde, et cela ne venait nullement réduire leur récompense dans le monde à venir]

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - guémara Baba Batra 17a), s'interroge : comment comprendre cette béraïta sachant que nos Patriarches ont rencontré de nombreuses souffrances dans ce monde?

Et de répondre : il est certain qu'on fait référence ici à l'aspect spirituel de leur vie.
Les Patriarches étaient tellement ancrés dans leur approfondissement de la Torah, qu'ils ne ressentaient plus la souffrance des difficultés de ce monde.
Leur vie entière était focalisée à faire leur service divin en l'honneur de Hachem.

Le Ben Ich 'Haï y écrit :
Leur joie et leur plaisir d’accomplir toutes les mitsvot et de surpasser toutes les épreuves étaient tellement grands qu’ils ne ressentait aucune pression ni difficulté. Ils vivaient juste pleinement cette vie proche d’Hachem, de Sa Torah et de Ses mitsvot. Car c’est précisément ceci qui nous attends dans le monde à Venir (olam aba) et non pas les plaisirs matériels.
Ceci est en allusion dans notre verset (v.24,1), car il est dit : "et Hachem avait béni Avraham en tout", "tout" se dit "kol" (כֹּל), et si on écrit Kol "plein" c’est-à-dire avec les lettres écrites pleinement : le kouf (כף) et le lamed (למד), alors la valeur numérique est de : 174, soit la même que celle de "dans le monde futur" (baolom aba - בעולם הבא).

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-> Selon le Gaon de Vilna (guémara Baba Batra 16b), Avraham était béni : bakol (בַּכֹּל), qui peut se décomposer en : ב fois כל, soit : 2 fois 50 = 100.
Avraham a été béni par l'ensemble des 100 bénédictions qui existent dans ce monde.

-> Nos Sages disent que le fait de donner de la tsédaka change l'Attribut divin de rigueur en celui de miséricorde.
Avraham est l'exemple de celui qui a pu remplir le monde de 'hessed.
Ainsi certainement, il a pu changer la rigueur divine en miséricorde, ce qui lui a permis d'être béni "en toutes choses" (bakol).
[le Kissé David]

-> Le Gaon de Vilna dit que la qualité de se satisfaire de ce que l'on a (histapkout) est supérieure au niveau d'avoir de la confiance en Hachem (bita'hon).
Mais, il y a une qualité qui les surpasse toutes, c'est la mida de "kol".
Au niveau matériel, il s'agit du fait d'être heureux de son sort (saméa'h bé'helko), c'est-à-dire être persuadé que l'on a absolument tout ce qu'il nous faut (D. me comble), et que l'on ne désire pas plus (sinon Hachem nous l'aurait déjà octroyé).

Avraham est appelé : "tamim" (parfait - v.17,1), car la véritable perfection ne peut être atteindre que lorsque l'on maîtrise la midda de "kol".
[Rav Aharon Kotler - Michnat Rabbi Aharon]

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-> "Hachem avait béni Avraham en toute chose(bakol)" ('Hayé Sarah 24,1)

-> Rabbi Zoucha d'Anipoli (cité dans le séfer Mayanot Nétsa'h) affirme que ce verset dit qu'Hachem a béni Avraham avec la bonne mida connue sous le nom de "kol" (tout).
Cette mida est évoquée dans la bénédiction que nous disons le matin : "chéassa li kol tsorki" (qui m'a donné tout ce dont j'ai besoin).
Cela peut être expliqué comme signifiant que tout ce qu'Hachem fait pour une personne est pour son bien ultime. Si Hachem donne quelque chose à quelqu'un, c'est qu'il en a besoin. Avraham a reçu cette bénédiction. Il a reçu la émouna lui permettant de croire qu'Hachem lui donnait toujours exactement ce dont il avait besoin.

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-> "D. avait béni Avraham en toutes choses" (‘Hayé Sarah 24,1)

Le Imré Moché commente : il l'a béni du trait de caractère de savoir se satisfaire avec ce que l'on a, ce qui entraîne le sentiment d'être béni "en toutes choses".¨

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+ "D. avait béni Avraham en toutes choses" (‘Hayé Sarah 24,1)

-> "en toutes choses" se dit dans le texte : "bakol" (בַּכֹּל).
Le Divré Shmouël dit que c'est l'acronyme de : "brit karati léénaï" (בְּרִית כָּרַתִּי לְעֵינָי - Iyov 31,1), qui signifie : "J'ai fait un pacte avec mes yeux [de les garder de voir des choses interdites]".

Le Divré Shmouël écrit : "La 1ere porte pour la sainteté (kédoucha) est de garder ses yeux. La porte suivante pour la kédoucha est de garder ses paroles.
"D. avait béni Avraham en toutes choses (bakol)" = Hachem a béni Avraham dans ces sujets qui sont la fondation du service Divin."

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+ "Avraham était vieux, avancé dans la vie ; et Hachem avait béni Avraham en toutes choses" ('Hayé Sarah 24,1)

-> Le Haémek Davar dit que ce verset donne 2 raisons pour lesquelles Avraham n'est pas allé lui-même chercher directement une femme pour son fils Its'hak.

1°/ Avraham était âgé, et il ne savait pas combien de temps il allait encore vivre. Il craignait ainsi de mourir pendant ce long voyage [nécessaire avant de trouver la femme d'Its'hak].

2°/ "Hachem avait béni Avraham en toutes choses"
D'après le Haémek Davar, "bakol" signifie que de très très nombreuses personnes venaient à Avraham pour bénéficier de son aide, de son renforcement et de ses conseils dans tous les domaines.
Par exemple, la guémara (guémara Baba Batra 16b) rapporte que Avraham avait un diamant autour de son cou, et tout celui qui le regardait guérissait immédiatement.
Certains affirment que cela signifie que Avraham priait pour eux.
Ainsi, Avraham savait qu'il ne pouvait pas partir à la recherche d'un chidou'h, car tant de personnes avaient vraiment besoin de lui, et à la place il a envoyé Eliézer.

Le Haémek Davar conclut que : Ce verset révèle la tsidkout d'Avraham. Il a donné priorité à la possibilité de répondre aux besoins de toute personne qui venait le voir, et il a laissé à son serviteur la mission de trouver le chidou'h [au combien important puisqu'étant la 2e Matriarche du peuple juif!].

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-> A Yaakov est associé le mot : kol, car il a dit : "yech li kol" (j'ai tout - Vayichla'h 33,11), et son bonheur venait du fait qu'il ressentait qu'il ne manquait de rien, car il cherchait simplement à accomplir sa tâche et il ne cherche pas à posséder.
[rabbi Chimchon Raphael Hirsch - 'Hayé Sarah 24,1]

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+ "D. avait béni Avraham en toutes choses" (‘Hayé Sarah 24,1)

-> Un jour, Rabbi Aharon de Karlin reçut Rabbi Moché de Kobrin à sa table, pour prendre un repas. Au milieu du repas, Rabbi Aharon relata à son invité que sa fille était très malade et qu'elle a besoin de la Miséricorde Divine.
Rabbi Moché lui dit : "Commentant le verset : ''Hachem bénit Avraham avec tout'', la guémara explique que Avraham avait une pierre précieuse à son cou et celui qui la regardait guérissait. Mais en quoi consistait cette pierre précieuse? En fait, cela fait allusion à la Mitsva si chère aux yeux d'Avraham de recevoir les invités dans sa tente. Cette si grande vertu, c'est elle cette pierre précieuse, qui ornait le cou d'Avraham. Et on voit ici que c'est un mérite tellement grand et tellement précieux, qu'il a la force de guérir les malades. A présent, Rabbi Aharon, le père de la fille malade nous reçoit si généreusement à sa table. Il a, suspendu à son cou, la merveilleuse pierre précieuse de cette Mitsva. Que la fille regarde donc son père et qu'elle guérisse" ...
Et c'est ce qui se passa.

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2021/11/07/33567

"[Lavan] dit [à Eliézer] : Viens, béni d'Hachem! " ('Hayé Sarah 24,31)

-> Selon le midrach, le serviteur d'Abraham, Eliezer, était un descendant de Canaan, dont il a été dit : "Maudit soit Canaan, il sera le serviteur des serviteurs de ses frères" (Noa'h 9,25).

-> Le midrach (Béréchit rabba 60,7) indique : "Parce qu'il a servi fidèlement ce tsadik (Avraham), Eliézer a quitté la catégorie des maudits et est entré dans celle des bénis".

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-> Le Baal Shem Tov a dit que même un non-juif qui mange quelque chose qui contient une étincelle sainte, et qui sert ensuite un juif avec la vitalité qu'il tire de cette nourriture, il élève l'étincelle dans une certaine mesure, mais pas autant que si un juif la mangeait.
[Méor Enayim - Matot ]

"Or Avraham était vieux, avancé dans les jours." ('Hayé Sarah 24,1)

Le midrach (Béréchit Rabba 59,6) de dire :
Rabbi A'ha enseigne : "On trouve des hommes qui sont vieux sans être avancé dans les jours, et on trouve des hommes qui sont avancé dans les jours sans être vieux.
Quant à Avraham, il était à la fois vieux et avancé dans les jours."

L'histoire vraie suivante illustre bien ce midrach.
Un homme se rendit dans un village de montagne reculé, dont tous les habitants se distinguaient par leur crainte de D. exceptionnelle.

Au cours de sa visite dans le cimetière local, il constata que l'âge des défunts figurait sur l'épitaphe.
Or, fait étrange, tous emblaient être décédés à un jeune âge.

Untel vécut 10 ans et quelque mois, untel vécut 20 ans et quelques semaines, untel vécut 30 ans et quelques jours.
Quant au plus vieux, il n'avait pas dépassé la quarantaine ...

"Est-ce une terre qui dévore ses habitants?
J'y ai pourtant aperçu de mes propres yeux des personnes âgées." - s'etonna le visiteur en son for intérieur.

Décidé à élucider ce mystère, notre homme se rendit auprès du directeur de la 'hévra kadicha et lui demanda des explications.
Celui-ci répliqua : "Selon la coutume ancestrale locale, nous n'inscrivons sur l'épitaphe que l'âge spirituel atteint par le défunt ici-bas, à savoir le temps consacré à l'étude de la Torah et à la pratique des mitsvot.

Dans cet objectif, chaque villageois, aussitôt qu'il en est capable, comptabilise toutes les heures qu'il consacre à la Torah, au service divin, et à la charité.

Puis, à son départ de ce monde, nous additionnons les heures en jours, les jours en mois, les mois en années, puis nous inscrivons ce total net, son âge spirituel, sur l'épitaphe.

Quant à l'âge physique "brut", nous n'en faisons pas mention car il n'est d'aucun intérêt pour le défunt dans le monde de la vérité.
Seuls y importent les moments consacrés à la Torah et aux mitsvot."

En entendant ces mots, le voyageur s'exclama avec admiration : "Béni soit D. qui a choisi le Peuple Elu."

 

Source (b"h) : le "Pniné haTorah" du rav David Haddad

Avraham & matérialité

+ Avraham & matérialité :

-> "Its’hak était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation (lassoua’h) à l’approche du soir (lifnot arev)" ('Hayé Sarah 24,63)

-> Rachi explique que "lassoua’h" (לָשׂוחַּ) signifie prier, comme dans : "Verser sa prière" (yispo'h chi'ho - Téhilim 102,1).
Le Kitvé RaMam dit au nom du Yessod haAvoda que le verset dit que la prière d'Its'hak était "lifnot arev", ce qui signifie enlever la douceur ("arévout") de ce monde de son cœur. Avraham a prié pour supprimer tout lien avec les plaisirs de ce monde, pour ne pas être influencé par la matérialité du monde.

"Ce fut, lorsque les chameaux eurent fini de boire, que l'homme prit une boucle en or, du poids d'un béka, et deux bracelets sur ses mains, du poids de dix pièces d'or."  ('Hayé Sarah 24,22)

Rachi commente que les 2 bracelets constituaient une allusion aux 2 Tables de la Loi, et le poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements gravés sur elles.
Quel message Eliézer a-t-il voulu transmettre à Rivka?

Le Admour de Belz (Ravvi Yissa'har Dov Rokéa'h) explique en se référant au Tour (Ora'h 'Haïm 417) que les 3 fêtes (les 3 régalim) correspondent aux 3 Patriarches : Pessa'h à Avraham, Shavouot à Yits'hak et Souccot à Yaakov.

Eliézer voulait que Rivka connaisse la grandeur de son futur mari, et il l'a fait par une allusion au don des Tables de la Loi, qui a eu lieu à Shavouot, le jour de fête rattaché à celui qu'elle allait épouser.

Le Admour de Belz propose aussi une explication sur d'autres cadeaux offerts par Eliézer à la jeune fille.
Il est indiqué au verset 53 qu'il lui a donné : "des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements."
Pourquoi spécialement des vêtements?
Savait-il seulement s'ils lui iraient?

En réalité, ils lui ont été envoyés comme spécimens des habits modestes en usage chez Avraham.
Celui-ci voulait que Rivka sache bien à l'avance qu'elle devrait respecter des normes strictes de pudeur.

Rav Yéhochoua Leib Diskin en donne une autre explication : Avraham craignait que les vêtements portés chez sa future bru puissent contenir un mélange de laine et de lin, les rendant ainsi Cha'atnèz.
Voilà pourquoi il lui en a envoyé d'autres.
Mais, pour dissimuler son intention et ne pas embarrasser Rivka et sa famille, il les a emballés dans des objets d'or et d'argent.

Source (b'h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

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+ "Une boucle en or, du poids d'un béka, et deux bracelets sur ses mains, du poids de dix pièces d'or."

-> Selon Rachi :
- par la boucle en or = Eliezer voulait faire allusion à Rivka au don du demi Shékel, contribution annuelle versée par les juifs aux Sanctuaire, qui se réalisera dans le futur. (1 béka = 1 demi-shékel)
- par les 2 bracelets = c'est une référence aux 2 Tables de la Loi, et leur poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements.

-> Mais pourquoi toutes ces allusions?
Le 'Hidouché haRim donne la réponse suivante :
Le demi Shékel symbolise le service d’Hachem par les sacrifices qui étaient achetés par le don des demis Shékel. D'autre part, les Tables de la Loi rappellent la Torah.

Chimon haTsadik enseigne : "Le monde repose sur 3 piliers : [L’étude de] la Torah, le service [de D.] et les actes de bonté." [Pirké Avot 1,2]
Quand Eliezer constata chez Rivka qu’elle développait le pilier de la bonté de la façon la plus remarquable et exceptionnelle (cf. au puits où elle le servit à boire, ainsi que ses chameaux), il lui "offrit" les 2 autres piliers : celui du service (boucle d'or) et celui de la Thora (les bracelets).

On apprend d'ici que celui qui se donne au maximum pour développer une qualité, les autres qualités lui viendront naturellement, comme si elles lui seront offertes.

-> Le Maharal (Gour Arié - 'Hayé Sarah 24,22) explique qu’Éliézer faisait allusion aux 3 piliers du monde : la Torah, le service de D. et la bonté (Pirké Avot 1,2).
- Le Béka correspond à la bienveillance, parce que la mitsva de Ma’hatsit Hashekel implique le don.
- La boucle au nez fait penser à la bonne odeur des Korbanot (offrandes) grâce auxquels nous servons Hachem dans le Beth Hamikdach. [Le Maharal souligne que la Torah décrit les Korbanot par leur odeur agréable].
- Et les deux bracelets (les Lou'hot) font bien sûr référence à la Torah.

Le Maharal pousuit qu'Éliézer insinuait à Rivka que puisqu’elle excellait dans l’un des 3 piliers, le ’hessed, elle allait également mériter les 2 autres. Son lien avec le service divin allait se faire par son mariage avec Its’hak et celui avec la Torah allait se concrétiser avec Yaakov.
Le Maharal explique que la bonté est la base de toutes les autres qualités. Ainsi, en se distinguant dans ce pilier, Rivka les mérita tous.
Nous comprenons à présent pourquoi la bonté était d’une telle importance aux yeux d’Éliézer. Il réalisa que c’était la base de toute chose positive, et donc que la femme d’Its’hak devait en regorger.

Le Maharal (Gour Arié - Béréchit 12,2) développe une idée similaire sur la paracha Lé'h Lé'ha, quand Hachem promit que le nom d’Avraham serait relié à la première bénédiction de la Amida (Rachi v.12,2). Pourquoi précisément Avraham et non Its’hak ou Yaakov? C’est parce que le ’hessed englobe les qualités d’Its’hak et de Yaakov.

La guémara (Shabbat 31a) appuie cette idée quand elle raconte qu’un homme en voie de conversion demanda à Hillel de lui apprendre la Torah "sur un pied" [de lui enseigner un principe fondamental qui résumait toute la Tora].
Hillel lui répondit : "Ne fais pas à ton prochain ce qui t’es détestable. Ceci est la Torah, tout le reste n’en est que commentaires".
Les commentateurs comprennent que Hillel enseignait à ce non-juif la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même (Vayikra 19,18) qui recèle toutes les mitsvot interpersonnelles.
Mais comment comprendre qu’elle incarne tous les autres Commandements : même ceux concernant notre relation avec Hachem?
Le ’Hazon Ich explique que Hillel lui enseignait par là une leçon très profonde. Une personne égocentrique est enfermée dans sa propre façon de penser et de voir le monde. Elle ne peut pas se confronter aux opinions des autres ; elle n’essaie même pas. Un tel individu ne vit pas avec la Torah.
Celui qui ne peut établir de rapport avec son entourage ne peut pas vraiment se lier à Hachem. Hillel voulait faire comprendre au converti que ce n’est qu’en sortant de son monde égoïste que l’on peut accepter la Torah.

Ceci nous aide à comprendre pourquoi la bonté est un point de départ dans la Torah. Un homme bienveillant peut sortir de son petit monde et tenir compte des besoins ou de l’avis d’autrui. Ainsi, il est capable de faire abstraction de ses partis-pris et de se conformer à la conception de le Torah.

Le rav Yéhonathan Geffen dit que c’est ce qu’Éliézer recherchait chez la future femme d’Its’hak. Le ’hessed est essentiel dans toute relation, et plus particulièrement au sein du couple. En travaillant sur le don, on améliore immensément et durablement sa vie de couple, tandis que si l’on reste focalisé sur soi-même, on sera incapable de comprendre et de satisfaire les besoins de son conjoint. Cette étroitesse d’esprit est la cause de nombreux différends. Quand on fait l’effort de se rapprocher de l’autre, le lien du mariage ne peut que se renforcer.

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-> Le Béer Yossef explique l'allusion aux 2 Tables de la Loi.
Il y a 5 Commandements (entre l'homme et son Créateur) et 5 autres Commandements (entre l'homme et son prochain), qui forment un tout indissociable (les 10 Commandements).
Eliézer a déjà pu constater (au puits) la grande générosité et l'altruisme de Rivka. En lui donnant 2 bracelets, il lui fait comprendre en allusion que la perfection morale réside que dans l'union des 2 Tables de la Loi, dans lesquelles figurent à la fois des mitsvot à l'égard de D. et celles qui concernent nos relations avec autres.

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+ "Le serviteur (Eliezer) prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" ('Hayé Sarah 24,10)

Pourquoi Eliezer prit particulièrement des chameaux pour se rendre à Aram Naharayim trouver une femme pour Its'hak? Il aurait pu prendre des chevaux ou encore des ânes, qui sont des moyens de locomotion plus habituels.

Le midrach rapporte que la Providence Divine a voulu qu’il prenne des chameaux car cet animal a un signe pur (il rumine) et un signe impur (il n'a pas de sabots fendus).
=> Ainsi, cela devait indiquer que du mariage entre Its'hak et Rivka devait sortir 2 jumeaux : un pur (Yaakov) et un impur (Essav).

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"Elle dit : Bois et à tes chameau aussi je donnerai à boire" ('hayé Sarah 24,19)

-> Quand Eliezer remarqua combien Rivka était généreuse et s’est donné à fond pour leur faire du bien, il en déduisit qu’elle est apte à intégrer la maison d’Avraham.
Cependant, on peut s’interroger : certes Rivka a prouvé combien elle est attachée à la bonté, mais Eliezer n’a pas encore vérifié si elle croit en Hachem et si sa foi est comme il se doit.
=> Ainsi, comment Eliezer a-t-il pu se contenter de vérifier sa bonté, et non si elle est croyante, ce qui est aussi fondamental pour intégrer la famille d’Avraham, le père des croyants?

En réalité, chaque être humain croit naturellement en Hachem. Néanmoins, ce qui empêche cette foi de se manifester en lui, c’est l’orgueil.
Le fait de croire en sa force personnelle = cela empêche de réaliser que c’est Hachem Qui est à l’origine de tout et Qui détient réellement toutes les forces. Or, quand Eliezer a vu combien Rivka avait complètement annulé son ego pour leur servir de l’eau et abreuver tous les chameaux, elle toute seule, il en déduisit combien elle est effacée pour l’autre. Dès lors, plus rien ne pourra l’empêcher d’avoir une foi complète en Hachem.
[rav Yé'hezkel Levinstein - Ohr Yé'hezkel]

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-> Comme signe pour vérifier que la femme convenait bien à Its'hak, Eliézer s'est dit : "la jeune fille à qui je dirai: ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra: ‘Bois, puis je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-tu l'avoir destinée à ton serviteur Its'hak" (v.24,14).
Mais les choses ne se sont pas passées exactement ainsi. En effet, lorsqu'il a demandé de l'eau à Rivka, au début elle n'a fait aucune mention des chameaux.
[v.18 : "Elle répondit: "Bois, seigneur." Et vite elle fit glisser sa cruche jusqu'à sa main et elle lui donna à boire"].
Il est écrit dans le verset suivant (v.19) : "Après lui avoir donné à boire, elle dit : Bois et à tes chameau aussi je donnerai à boire".
=> Pourquoi Rivka n'a-t-elle pas parlé des chameaux, à l'image de l'attente de Eliézer?

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (24,18) explique que Rivka a agit avec encore davantage de piété que Eliézer l'espérait.
En effet, elle s'est dit qu'en le disant dès le début, Eliézer boirait moins d'eau ou plus rapidement (en une gorgée) en sachant que Rivka avait encore beaucoup de travail à faire, en devant donner à boire à l'ensemble de ses chameaux.
Ainsi, Rivka a préféré d'abord ne rien dire à Eliézer, pour qu'il puisse boire autant d'eau qu'il en avait besoin, et à en prenant son temps.
Une fois qu'il avait fini de boire, alors seulement elle a déclaré : "tes chameau aussi je donnerai à boire".

"Elle se hâta, vida sa cruche vers l'abreuvoir, courut encore vers le puit pour puiser. Elle puisa pour tous ses chameaux."    ('Hayé Sarah  24,20)

Que signifient cette hâte et cette course pour abreuver les chameaux?
On peut noter que les versets ne contiennent aucune allusion au fait que les animaux aient été au bord de l'épuisement, ni qu'il y ait eu une urgence quelconque.

Le Chla haKadoch explique que la course de Rivka était en réalité une ruse destinée à la tirer d'un sérieux embarras.

Quand Eliézer a fini de boire, il lui a rendu la cruche avec un peu d'eau à l'intérieur, confrontant ainsi la jeune fille à un dilemme.
Que devait-elle faire?

Fallait-il donner le reste de l'eau à boire aux chameaux?
Sûrement pas! Cela aurait été injurieux envers Eliézer, comme suggérant que ses animaux et lui-même appartenaient à la même catégorie.

Renverser l'eau?
Cela aussi aurait constitué un affront, comme si elle avait voulu montrer que les restes laissés par Eliézer ne valaient pas plus que l'eau croupissante.

=> Que restait-il à faire pour ne pas l'offenser?

Elle décida de courir pour pourvoir aux besoins des chameaux, et, tandis qu'elle courait, elle trébucha volontairement et tomba.
La cruche lui glissa des mains, et son contenu se répandit sur le sol, comme par accident.
Puis elle alla remplir à nouveau le récipient pour les bêtes, évitant ainsi habilement de froisser l'honneur d'Eliézer.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

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-> Au début de l'épisode où Eliézer va chercher une femme pour Its'hak, il est appelé "serviteur" (éved - עֶבֶד), comme par exemple :
- "Le serviteur prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" (v.24,10) ;
- ou bien : "Le serviteur courut au-devant d'elle et dit" (v.24,17).

Juste après avoir rencontré Rivka, Eliézer est appelé : "ich" (אִישׁ), comme par exemple :
- "cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si Hachem avait béni son voyage ou non" (v.24,21) ;
- ou bien : "L'homme s'inclina et se prosterna devant Hachem " (v.24,26).

=> Qu'est-ce qui a entraîné un tel changement?

Le rav Elimélé'h Biderman rapporte l'explication suivante :
Ce changement a eu lieu au moment où Rivka a appelé Eliézer : "mon maître (adoni - אֲדֹנִי)" ("Bois mon maître" - v.24,18).
Eliézer était un serviteur/esclave, et il n'était pas habitué à entendre les gens l'appeler ainsi, avec tant d'honneur.
Rivka lui a parlé avec tant de respect, que cela a élevé son estime de lui-même. Et puisqu'il se sentait alors comme un homme (ich), et non plus un serviteur, alors la Torah l'a appelé ainsi.

[Eliézer était au serviteur d'Avraham, et il avait un niveau exceptionnel, et malgré cela il a été sensible aux marques de respect de Rivka. Il en découle à quel point toute personne a besoin de marques d'estime, comme une plante à besoin d'eau, de lumière pour pouvoir pleinement s'épanouir.
Un mot, un sourire, peuvent redonner la vie à une personne abattu. Combien de mérites nous aurons grâce à cela, pour un investissement qui ne nous coûte rien!]

-> A la fin de la paracha, Rachi (v.24,67) écrit que Rivka était semblable à Sarah. En effet : "Aussi longtemps que Sarah était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivka".

Ces grands miracles sont en allusion en uniquement 3 ou 4 mots dans la paracha.
Cependant, lorsque la Torah aborde les actions de bonté de Rivka, elle le fait avec une abondance de mots.
Par exemple, il y a plusieurs mots pour décrire comment Rivka a versé de l'eau à Eliézer et à ses chameaux.
Le Sidouro Shel Shabbath (Chorech I 4,11) écrit que cela nous montre que la plus grande louange d'une personne est ses bonnes actions.
Les gens aiment rapporter les miracles que les tsadikim réalisent, mais il y a quelque chose d'encore plus plus louable : les mitsvot et les actes de bonté qu'ils font.

Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir dit que cela est logique, car Hachem accomplit les miracles, tandis que le crédit des bonnes actions revient aux gens qui y ont investi les efforts pour les réaliser.

Eliézer a vu les miracles qui se sont produits à Rivka (comme l'eau qui est montée du puits), mais il n'a pas été convaincu de ses bonnes midot tant qu'il n'a pu les voir en application.
Selon le rabbi de Klausenbourg, cela nous apprend qu'une personne peut réaliser des miracles, et cependant toujours avoir de mauvaises midot.
[le rav Salanter disait qu'il est plus facile de lire tout le talmud, que de se changer un mauvais trait de caractère.
Le Yaarot Dvach enseigne que nous nous extasions devant le niveau énorme d'un tsadik, en pensant qu'il est pratiquement né comme cela. Cependant nous oublions de réaliser tous les efforts, tous les sacrifices, qu'il a fait pour en arriver là.]

-> On a demandé au Gaon de Tchebin ce qu'il faut regarder dans un chidou'h, et il a répondu : "3 choses : de bonnes midot, de bonnes midot, de bonnes midot".
[le Imré 'Haïm fait remarquer que Eliézer n'a pas été impressionné par les miracles de Rivka, mais par ses midot, car c'est le facteur de loin le plus important.]

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-> Rabbénou Bé'hayé apporte une autre réponse à cette question.
Il explique qu'au moment où Eliézer était activement impliqué à trouver un chidou'h pour Its'hak, il est appelé : "ich" car un ange est venu pour l'aider, ce qui a élevé Eliézer au statut de "ich".
Avant et après cette finalisation du chidou'h, Eliézer est appelé : éved".

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-> Et il dit : "Hachem, D. de mon maître Avraham! daigne me procurer aujourd’hui une rencontre" ('Hayé Sarah  24,20)

-> Le Ben Ich 'Haï ('Hayé Sarah) enseigne :
Il est connu que toute grande chose que l’on essaie de faire va réveiller le Satan qui va par tous les moyens essayer d’empêcher la réalisation d’un projet contre son existence.
Eliézer au moment de chercher une femme pour Its’hak, sait bien qu’en assurant la descendance d’Its’hak et donc la naissance prochaine de tout le peuple juif, il va déclencher une pluie d’embûches que le Satan va chercher à mettre sur son chemin.
Il va donc en appeler au mérite des 5 jours les plus purs depuis la créations, ce sont : le jour de la circoncision d’Avraham, celui de celle d’Its’hak et les 3 jours de la ‘Akéda.
C’est ce qui est en allusion dans notre verset : "akré na léfanav ayom" (הַקְרֵה-נָא לְפָנַי הַיּוֹם) se traduit littéralement "fasse que se produise pour moi aujourd’hui". Le mot hayom (aujourd’hui - הַיּוֹם) peut aussi se lire Hé-Yom qui veut dire 5 jours. Et par le mérite de ces 5 jours saints, le Satan ne pourra pas venir accuser et essayer d’empêcher le mariage d’Its’hak.

On peut encore comprendre ce "hayom" (הַיּוֹם) non pas par aujourd’hui mais par "Le jour", et ce jour c’est le plus haut, le plus saint et le plus pur de toute l’année, celui de Yom Kipour où se dévoile une lumière Divine tellement haute et puissante que le Satan en est rendu impuissant et ne peut plus rien faire contre le peuple juif ni accuser. Si cette lumière se dévoile maintenant, comme le demande Eliézer, le Satan ne pourra rien faire pour empêcher le mariage d’Its’hak.

"Ce sera, la jeune fille à qui je dirai : "Fais pencher, je te prie, ta cruche, et je boirai." qui dira : "Bois, et aussi tes chameaux j'abreuverai!"   c'est elle que Tu auras attribué à Ton serviteur, à Yits'hak, et par elle je saurai que Tu as accordé une grâce à mon maître."  ('Hayé Sarah  24,14)

Rivka a donné de l'eau d'abord à Eliézer, puis à ses chameaux.
Eliézer donna d'abord à manger à ses chameaux ("donna de la paille et du fourrage à ses chameaux" - v.32-33) et seulement ensuite, on "lui donna à manger."

=> Il a bu avant ses animaux, mais ceux-ci ont mangé avant lui.

Le Séfer ha'Hassidim en déduit : les bêtes ont priorité pour s'alimenter, mais l'homme a le droit de boire en premier.

Le Eliyahou Rabba n'est pas d'accord et affirme que : tout comme il nous est interdit de nous alimenter avant d'avoir nourri nos bêtes, nous ne pouvons boire avant elles.

La différence se fait sur l'identité du fournisseur.
Eliézer a nourri ses propres animaux d'abord, mais Rivka avait le choix de s'occuper en premier d'un homme ou d'un animal, et elle s'occupa ainsi d'abord de donner à boire à Eliezer, puis à ses animaux.

On raconte sur le Nétsiv de Volozine une anecdote qui en dit long sur l'importance des soins à apporter  aux bêtes.
Un Roch Hachana, il était revenu de la synagogue dans l'après-midi, comme cela arrive fréquemment.
Il se préparait à réciter le Kiddouch pour les membres de sa famille affamés et fatigués, quand il fut soudain distrait par des cris rauques venus du poulailler situé dans la cour arrière de la maison.
On s'aperçut alors que tous avaient été si pressés d'aller prier qu'ils avaient oublié de nourrir les volailles.

Le Netsiv interrompit aussitôt tous les préparatifs jusqu'à ce que les poulets aient pu être alimentés.
Malheureusement, la clé du poulailler restait introuvable, et l'on dut faire appel à un non-juif pour en briser la serrure.
L'attente dura longtemps, et le maître de maison et sa famille durent prendre patience.

Finalement, tard dans l'après-midi, le serrurier arriva et brisa la fermeture.
Les poulets furent nourris, et c'est seulement ensuite que le Netsiv récita le Kiddouch pour sa maisonnée.
Il n'avait permis à personne de manger avant qu'on ait fini d'alimenter les volailles.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

"Et qu'il me donne la caverne qui est à lui, qui est au bout de son champ. Pour son prix plein qu'il me le donne, au milieu de vous, comme possession funéraire."  ('Hayé Sarah 23,9)

Les commentateurs attribuent de nombreuses raisons à l'insistance d'Avraham de payer le prix plein pour la caverne.
Le Steïpler fonde son explication sur un midrach (Béréchit Rabba 38,3) selon lequel : "Si ton prochain te sert un repas de lentilles, sers-lui en retour un repas de viande. Pourquoi? Parce qu'il a été bon pour toi en premier."

Celui qui bénéficie d'une faveur est tenu de rendre le même service dans un plus large mesure.
C'est pourquoi, quand un homme d'une grande stature recueille un bienfait d'une personne malhonnête, il lui en sera toujours redevable.
Les exigences de celle-ci ne cesseront jamais, et le bénéficiaire de sa faveur ne fera que perdre prestige et influence.
Il aurait bien mieux valu ne jamais accepter ce service du tout.

Avraham était parfaitement conscient de ces conséquences, et c'est pourquoi il a insisté pour payer le prix plein.
Il ne voulait pas rester l'obligé de Efrone.

On raconte que Rav Yits'hak Zeèv Soloveitchik de Brisk était descendu un jour dans un hôtel d'une autre ville à l'occasion du mariage de son fils.
Avant de partir, il demanda la note.
L'hôtelier commença par refuser tout paiement de la part d'une aussi éminente personnalité, mais le Rav insista avec obstination.
Finalement, il paya intégralement le prix de sa chambre et s'en alla.

Il déclara plus tard : "On ne peut éviter de payer. Mais c'est avec de l'argent que cela coûte le moins cher!"

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

Un attribut spirituel en apporte un autre

+++ Un attribut spirituel en apporte un autre :

"Et ce fut, lorsque les chameaux eurent terminé de boire, que l'homme prit une boucle nasale en or, d'un poids d'un béka, et deux bracelets sur ses bras, dix shékels d'or était leur poids" ('Hayé Sarah 24,22)

-> Rachi commente que l'anneau nasal en or fait référence aux shékalim d'Israël (à raison d'un béka par tête), les 2 bracelets constituaient une allusion aux 2 Tables de la Loi, et le poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements gravés sur elles.

-> Le Maharal (Gour Aryé) commente :
Eliézer faisait allusion à la mitsva pour chaque juif de donner un demi-shekel pour la avoda dans le Temple. Pourquoi Eliézer a-t-il fait allusion à cette mitsva en particulier?
La réponse est que Rivka s'est engagée dans le 'hessed (bonté), l'amour bienveillant. Ceci, associé à la Torah et à l'avoda, le service d'Hachem, sont les piliers qui soutiennent le monde (Pirké Avot 1,2).
Eliezer a fait comprendre à Rivka que l'attribut du 'hessed entraînerait dans son sillage la Torah et la avoda.

En effet, ces 3 piliers sont interconnectés, et en tant que tel, celui qui incarne l'une de ces qualités finira par incarner les autres.
L'anneau, qui pesait un béka, faisait allusion aux demi-shekalim utilisés pour la avoda.
Les deux bracelets, un pour chaque main, font allusion aux deux Lou'hot qui étaient tenus dans les deux mains de Moché, comme le dit la Torah : "et les deux Lou'hot sur mes deux mains" (Ekev 9,15).
Lorsque Eliézer a offert ce bijou à Rivka, il lui a laissé entendre que l'attribut de 'hessed dont elle faisait preuve lui apporterait éventuellement les autres piliers : la Torah et la avoda.
[en l'absence du Temple, la avoda correspond à la prière. ]

Le concept selon lequel l'un des 3 piliers du monde entraîne les autres dans son sillage est démontré par nos Patriarches.
Avraham est un exemple de 'hessed, comme le montre le midrach qui dit qu'Avraham a planté un verger pour que ses invités en apprécient les fruits (selon une autre opinion, il a établi une auberge pour ses invités) [Sotah 10a].
Par ce mérite, il eut un fils et un petit-fils, Its'hak et Yaakov, qui illustrèrent respectivement l'avoda et la Torah.
Its'hak personnifie la avoda, puisque nous constatons qu'il s'est volontairement laissé élever en sacrifice à Hachem.
La avodah d'Its'hak a apporté la Torah dans son sillage, et il a mérité un fils, Yaakov, qui a passé 14 années ininterrompues à étudier la Torah dans les tentes de Chem et Ever.

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=> Les 3 attributs : la Torah, la avoda et le 'hessed sont interconnectés, et celui qui illustre l'un de ces attributs finira par mériter les autres.
Rivka était remarquable dans le 'hessed, et elle a finalement mérité les attributs de la avoda et de la Torah grâce à son mari Its'hak et à son fils Yaakov.

"127 provinces ..." (Méguilat Esther 1;1)
"La vie de Sarah fut de 127 ans; telle fut la durée de sa vie." ('Hayé Sarah 23,1)

"Rabbi Akiva était en train de livrer un exposé, quand il remarqua que ses élèves s'assoupissaient.
Afin de les stimuler, il s'exclama : "Pourquoi Esther devait-elle régner sur 127 provinces?
Pour la raison suivante = que vienne Esther, descendante de Sarah, qui vécut 127 ans, et qu'elle règne sur 127 provinces!"
(Béréchit Rabba 58;3)

Pourquoi Rabbi Akiva a-t-il choisi de tirer ses auditeurs du sommeil par ces paroles?

Selon le 'Hidouché Harim = par ces termes, il a voulu leur faire comprendre l'importance du temps.

Rabbi Akiva leur dit : Voyez et constatez qu'en correspondance avec chaque année de vie de Sarah, Esther a régné sur une province.
Or, selon ce calcul, en rapport avec chaque semaine d'existence de notre matriarche, Esther a régné sur une ville ; et relativement à chaque heure, elle a exercé son autorité royale sur un village, dont la valeur est immense [des centaines de millions]!

De là, considérez ce que vous perdez en vous assoupissant un court instant!! ...

Source (b"h) : dvar Torah du Rav Yissa’har Dov Rubin (dans son livre : "Talélei Orot")

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-> Si vous voyez quelqu'un qui jette des sacs remplis d'argent dans la mer, on le considère comme un insensé total.
La personne qui gaspille une partie de son temps et s'engage dans des discussions inutiles est un fou bien pire.
[Yichma'h Moché]

-> Il est stupide d'échanger un monde de vérité pour un monde de mensonges.
Pourquoi considère-t-on avec aussi peu de gravité la perte de notre temps?
Si quelqu'un nous proposait de mourir un jour plus tôt que celui où nous devrions normalement mourir, et ce en échange de quelques millions, il est certain que nous n'accepterions pas l'argent, malgré l'énorme somme d'argent en jeu.
Ainsi, si un jour de vie a tellement de valeur à nos yeux, comment pouvons-nous le perdre à ne rien faire? ...
Avec le temps nous pouvons connaître [davantage] Hachem, tendre [davantage] vers la perfection et corriger nos actions.
Avec le temps nous pouvons atteindre [et embellir] notre monde éternel ..."
[rabbi Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 2,10 & 1,4]

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-> "La téchouva est une grande chose, car elle prolonge le nombre d’années de vie de l’homme."
[guémara Yoma 86b]

Le Tzla'h explique que les jours où une personne n'a pas servi Hachem sont comme des jours "morts", et ne sont pas comptabilisés comme sa vie.
Lorsque quelqu'un fait téchouva, ses jours "morts" sont alors ressuscités.
Comme nos Sages l'affirment : "ses fautes (avérot) deviennent des mitsvot".
=> Ainsi, c'est comme s'il vivait plus longtemps, et c'est de cette façon que la téchouva "prolonge le nombre d’années de vie de l'homme".

Il est écrit (Téhilim 90,14) :
- "chabé'nou baboker 'hassdé'ha" (rassasie-nous dès le matin de ta bonté) = dans Sa grande bonté Hachem nous accorde la possibilité de faire téchouva [qui a été créée avant le monde] ;
- "ounéranéna vénichmé'ha" (nous chanterons et serons joyeux) ;
- "bé'hol yaménou" (tous nos jours) = en effet la téchouva nous permet de récupérer tous nos jours (de la mort à la vie).

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-> "Les réchaïm sont appelés morts même de leur vivant" (guémara Béra'hot 18b)
Ils ne sont pas appelés vivants car ils n'utilisent pas de façon productive leur temps, dans la Torah et les mitsvot.
A l'inverse, il est écrit : "[avec la Torah] on t'ajoutera des années de vie" (véyossifou lé'ha chémot 'haïm - Michlé 9,11).
Dans une ville, au moment de la mort d'une personne, on avait l'habitude de calculer le temps qu'elle avait pu consacrer à la Torah, aux mitsvot, à la prières [ce qui est son véritable temps de vie], et on l'inscrivait sur sa tombe.
Ainsi, pour certains la durée de leur vie pouvait être de 1 ou 2 années.
[pour un récit plus détaillé : https://todahm.com/2014/12/21/2511-2 ]

[dans les bénédictions du matin nous disons : "qui ne m'a pas fait goy". Pourquoi ne dit-on pas "qui m'a fait juif"?
Certes en acquis passif nous sommes des "non non-juifs, mais le fait de vivre, d'être juif [dans le sens actif] dépend de notre comportement à chaque instant, et le cumul de tous ces moments va nous donner notre durée de vie juive.]

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-> b'h, dans cette paracha également à ce sujet : https://todahm.com/2017/12/11/5822-2

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-> Nous ne comprendrons véritablement le bon côté des épreuves que dans le monde à venir. C’est pourquoi, dans ce monde, nous disons Baroukh Dayan Haémeth en entendant de tragiques nouvelles, mais dans le monde futur, nous réciterons Hatov Véhamétiv (la bénédiction réservée aux heureux événements) pour ces "tristes" occurrences. [cf. guémara Béra'hot 54a]
Quand la Torah affirme que les années de Sarah s’équivalaient en bien, cela signifie qu’elle fut en mesure d’unifier toute sa vie et de la voir somme un seul événement continu dans lequel toutes les années difficiles sont aussi "bonnes" que les années jonchées de joies apparentes.

Le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Le monarque trouve une façon d’utiliser les talents de chacun en faveur d’objectifs communs, de la cause commune de la nation, pour le bien du peuple. La reine Esther joua ce rôle de la meilleure façon, au niveau international, unifiant des gens provenant de provinces lointaines les unes des autres.

Le rôle d’Esther, en tant qu’unificatrice prit sa source dans la capacité de Sarah à "unifier ses années". Autant Sarah qu’Esther furent des personnalités unificatrices : Sarah unifia le temps et Esther unifia l’espace (ses provinces).
Ainsi, l’unification nous permet d’avoir un rôle de "dirigeant". On peut unifier les années de sa vie en réalisant qu’elles font toutes partie d’un même puzzle et que les temps durs sont des pièces aussi importantes que les "bons moments".
Et l’on peut également unifier les gens et les inciter à servir la même cause, nous ne sommes certes pas des rois ni des reines, mais chacun dans sa vie a des opportunités d’unir des gens, qu’il s’agisse de sa famille, de ses amis, de ses employés ou autres, pour servir une cause commune. En travaillant sur ces deux facettes de l’unité, on parviendra, avec l’aide d’Hachem, à émuler Sarah et Esther.

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-> b'h, voir également à ce sujet : https://todahm.com/2020/12/27/29765