Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Ce sera, la jeune fille à qui je dirai : "Fais pencher, je te prie, ta cruche, et je boirai." qui dira : "Bois, et aussi tes chameaux j'abreuverai!"   c'est elle que Tu auras attribué à Ton serviteur, à Yits'hak, et par elle je saurai que Tu as accordé une grâce à mon maître."  ('Hayé Sarah  24,14)

Rivka a donné de l'eau d'abord à Eliézer, puis à ses chameaux.
Eliézer donna d'abord à manger à ses chameaux ("donna de la paille et du fourrage à ses chameaux" - v.32-33) et seulement ensuite, on "lui donna à manger."

=> Il a bu avant ses animaux, mais ceux-ci ont mangé avant lui.

Le Séfer ha'Hassidim en déduit : les bêtes ont priorité pour s'alimenter, mais l'homme a le droit de boire en premier.

Le Eliyahou Rabba n'est pas d'accord et affirme que : tout comme il nous est interdit de nous alimenter avant d'avoir nourri nos bêtes, nous ne pouvons boire avant elles.

La différence se fait sur l'identité du fournisseur.
Eliézer a nourri ses propres animaux d'abord, mais Rivka avait le choix de s'occuper en premier d'un homme ou d'un animal, et elle s'occupa ainsi d'abord de donner à boire à Eliezer, puis à ses animaux.

On raconte sur le Nétsiv de Volozine une anecdote qui en dit long sur l'importance des soins à apporter  aux bêtes.
Un Roch Hachana, il était revenu de la synagogue dans l'après-midi, comme cela arrive fréquemment.
Il se préparait à réciter le Kiddouch pour les membres de sa famille affamés et fatigués, quand il fut soudain distrait par des cris rauques venus du poulailler situé dans la cour arrière de la maison.
On s'aperçut alors que tous avaient été si pressés d'aller prier qu'ils avaient oublié de nourrir les volailles.

Le Netsiv interrompit aussitôt tous les préparatifs jusqu'à ce que les poulets aient pu être alimentés.
Malheureusement, la clé du poulailler restait introuvable, et l'on dut faire appel à un non-juif pour en briser la serrure.
L'attente dura longtemps, et le maître de maison et sa famille durent prendre patience.

Finalement, tard dans l'après-midi, le serrurier arriva et brisa la fermeture.
Les poulets furent nourris, et c'est seulement ensuite que le Netsiv récita le Kiddouch pour sa maisonnée.
Il n'avait permis à personne de manger avant qu'on ait fini d'alimenter les volailles.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

"Et qu'il me donne la caverne qui est à lui, qui est au bout de son champ. Pour son prix plein qu'il me le donne, au milieu de vous, comme possession funéraire."  ('Hayé Sarah 23,9)

Les commentateurs attribuent de nombreuses raisons à l'insistance d'Avraham de payer le prix plein pour la caverne.
Le Steïpler fonde son explication sur un midrach (Béréchit Rabba 38,3) selon lequel : "Si ton prochain te sert un repas de lentilles, sers-lui en retour un repas de viande. Pourquoi? Parce qu'il a été bon pour toi en premier."

Celui qui bénéficie d'une faveur est tenu de rendre le même service dans un plus large mesure.
C'est pourquoi, quand un homme d'une grande stature recueille un bienfait d'une personne malhonnête, il lui en sera toujours redevable.
Les exigences de celle-ci ne cesseront jamais, et le bénéficiaire de sa faveur ne fera que perdre prestige et influence.
Il aurait bien mieux valu ne jamais accepter ce service du tout.

Avraham était parfaitement conscient de ces conséquences, et c'est pourquoi il a insisté pour payer le prix plein.
Il ne voulait pas rester l'obligé de Efrone.

On raconte que Rav Yits'hak Zeèv Soloveitchik de Brisk était descendu un jour dans un hôtel d'une autre ville à l'occasion du mariage de son fils.
Avant de partir, il demanda la note.
L'hôtelier commença par refuser tout paiement de la part d'une aussi éminente personnalité, mais le Rav insista avec obstination.
Finalement, il paya intégralement le prix de sa chambre et s'en alla.

Il déclara plus tard : "On ne peut éviter de payer. Mais c'est avec de l'argent que cela coûte le moins cher!"

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

"127 provinces ..." (Méguilat Esther 1;1)
"La vie de Sarah fut de 127 ans; telle fut la durée de sa vie." ('Hayé Sarah 23,1)

"Rabbi Akiva était en train de livrer un exposé, quand il remarqua que ses élèves s'assoupissaient.
Afin de les stimuler, il s'exclama : "Pourquoi Esther devait-elle régner sur 127 provinces?
Pour la raison suivante = que vienne Esther, descendante de Sarah, qui vécut 127 ans, et qu'elle règne sur 127 provinces!"
(Béréchit Rabba 58;3)

Pourquoi Rabbi Akiva a-t-il choisi de tirer ses auditeurs du sommeil par ces paroles?

Selon le 'Hidouché Harim = par ces termes, il a voulu leur faire comprendre l'importance du temps.

Rabbi Akiva leur dit : Voyez et constatez qu'en correspondance avec chaque année de vie de Sarah, Esther a régné sur une province.
Or, selon ce calcul, en rapport avec chaque semaine d'existence de notre matriarche, Esther a régné sur une ville ; et relativement à chaque heure, elle a exercé son autorité royale sur un village, dont la valeur est immense [des centaines de millions]!

De là, considérez ce que vous perdez en vous assoupissant un court instant!! ...

Source (b"h) : dvar Torah du Rav Yissa’har Dov Rubin (dans son livre : "Talélei Orot")

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-> Si vous voyez quelqu'un qui jette des sacs remplis d'argent dans la mer, on le considère comme un insensé total.
La personne qui gaspille une partie de son temps et s'engage dans des discussions inutiles est un fou bien pire.
[Yichma'h Moché]

-> Il est stupide d'échanger un monde de vérité pour un monde de mensonges.
Pourquoi considère-t-on avec aussi peu de gravité la perte de notre temps?
Si quelqu'un nous proposait de mourir un jour plus tôt que celui où nous devrions normalement mourir, et ce en échange de quelques millions, il est certain que nous n'accepterions pas l'argent, malgré l'énorme somme d'argent en jeu.
Ainsi, si un jour de vie a tellement de valeur à nos yeux, comment pouvons-nous le perdre à ne rien faire? ...
Avec le temps nous pouvons connaître [davantage] Hachem, tendre [davantage] vers la perfection et corriger nos actions.
Avec le temps nous pouvons atteindre [et embellir] notre monde éternel ..."
[rabbi Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 2,10 & 1,4]

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-> "La téchouva est une grande chose, car elle prolonge le nombre d’années de vie de l’homme."
[guémara Yoma 86b]

Le Tzla'h explique que les jours où une personne n'a pas servi Hachem sont comme des jours "morts", et ne sont pas comptabilisés comme sa vie.
Lorsque quelqu'un fait téchouva, ses jours "morts" sont alors ressuscités.
Comme nos Sages l'affirment : "ses fautes (avérot) deviennent des mitsvot".
=> Ainsi, c'est comme s'il vivait plus longtemps, et c'est de cette façon que la téchouva "prolonge le nombre d’années de vie de l'homme".

Il est écrit (Téhilim 90,14) :
- "chabé'nou baboker 'hassdé'ha" (rassasie-nous dès le matin de ta bonté) = dans Sa grande bonté Hachem nous accorde la possibilité de faire téchouva [qui a été créée avant le monde] ;
- "ounéranéna vénichmé'ha" (nous chanterons et serons joyeux) ;
- "bé'hol yaménou" (tous nos jours) = en effet la téchouva nous permet de récupérer tous nos jours (de la mort à la vie).

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-> "Les réchaïm sont appelés morts même de leur vivant" (guémara Béra'hot 18b)
Ils ne sont pas appelés vivants car ils n'utilisent pas de façon productive leur temps, dans la Torah et les mitsvot.
A l'inverse, il est écrit : "[avec la Torah] on t'ajoutera des années de vie" (véyossifou lé'ha chémot 'haïm - Michlé 9,11).
Dans une ville, au moment de la mort d'une personne, on avait l'habitude de calculer le temps qu'elle avait pu consacrer à la Torah, aux mitsvot, à la prières [ce qui est son véritable temps de vie], et on l'inscrivait sur sa tombe.
Ainsi, pour certains la durée de leur vie pouvait être de 1 ou 2 années.
[pour un récit plus détaillé : http://todahm.com/2014/12/21/2511-2 ]

[dans les bénédictions du matin nous disons : "qui ne m'a pas fait goy". Pourquoi ne dit-on pas "qui m'a fait juif"?
Certes en acquis passif nous sommes des "non non-juifs, mais le fait de vivre, d'être juif [dans le sens actif] dépend de notre comportement à chaque instant, et le cumul de tous ces moments va nous donner notre durée de vie juive.]

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-> b'h, dans cette paracha également à ce sujet : http://todahm.com/2017/12/11/5822-2

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-> Nous ne comprendrons véritablement le bon côté des épreuves que dans le monde à venir. C’est pourquoi, dans ce monde, nous disons Baroukh Dayan Haémeth en entendant de tragiques nouvelles, mais dans le monde futur, nous réciterons Hatov Véhamétiv (la bénédiction réservée aux heureux événements) pour ces "tristes" occurrences. [cf. guémara Béra'hot 54a]
Quand la Torah affirme que les années de Sarah s’équivalaient en bien, cela signifie qu’elle fut en mesure d’unifier toute sa vie et de la voir somme un seul événement continu dans lequel toutes les années difficiles sont aussi "bonnes" que les années jonchées de joies apparentes.

Le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Le monarque trouve une façon d’utiliser les talents de chacun en faveur d’objectifs communs, de la cause commune de la nation, pour le bien du peuple. La reine Esther joua ce rôle de la meilleure façon, au niveau international, unifiant des gens provenant de provinces lointaines les unes des autres.

Le rôle d’Esther, en tant qu’unificatrice prit sa source dans la capacité de Sarah à "unifier ses années". Autant Sarah qu’Esther furent des personnalités unificatrices : Sarah unifia le temps et Esther unifia l’espace (ses provinces).
Ainsi, l’unification nous permet d’avoir un rôle de "dirigeant". On peut unifier les années de sa vie en réalisant qu’elles font toutes partie d’un même puzzle et que les temps durs sont des pièces aussi importantes que les "bons moments".
Et l’on peut également unifier les gens et les inciter à servir la même cause, nous ne sommes certes pas des rois ni des reines, mais chacun dans sa vie a des opportunités d’unir des gens, qu’il s’agisse de sa famille, de ses amis, de ses employés ou autres, pour servir une cause commune. En travaillant sur ces deux facettes de l’unité, on parviendra, avec l’aide d’Hachem, à émuler Sarah et Esther.

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-> b'h, voir également à ce sujet : http://todahm.com/2020/12/27/29765

Paracha Hayé Sarah

"Et les jours de Sarah furent 100 ans et 20 ans et 7 ans [soit 127 ans], c'était les années de la vie de Sarah." (Hayé Sarah 23,1) 

1°/ Rashi nous explique : la répétition du mot "ans" après chaque catégorie (centaine, dizaine, unité) vient te dire que chacune est interprétée en elle-même :

  • à l'âge de 100 ans, elle était comme à l'âge de 20 ans à l'égard du péché. De même qu'à 20 ans, une fille n'a pas de péché car elle n'est pas punissable, de même à 100 ans, elle n'avait pas de péché.
  • et à l'âge de 20 ans, elle était comme une fille de 7 ans pour la beauté.

La fin de ce verset vient nous apprendre que toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien.

2°/ Contrairement à ce que dit  Rashi, une femme n'est-elle pas plus belle qu'une enfant de 7 ans?

  • Chez une enfant de 7 ans, nous ne voyons généralement parmi tous ces actes  que le bon côté des choses, car nous mettons l'aspect négatif sur le compte du fait qu'elle n'est qu'une enfant, et nous lui trouvons donc des circonstances atténuantes.

Par contre chez une jeune fille de 20 ans, il est impossible de trouver des circonstances atténuantes sur tous ces actes, et il est certain que l'on va lui reprocher des choses.
Ainsi, Sarah, même à l'âge de 20 ans, ses actes étaient tous d'une telle perfection que l'on ne voyait chez elle que de la beauté, comme pour une fillette de 7 ans, chez qui nous ne voyons que des bonnes choses.           (Ma'yana Shel Torah)

  • Selon le Midrach Rabba, on peut répondre à cette question en comprenant ce qu'est la vraie beauté. Sarah avait la beauté à 20 ans d'une fillette de 7 ans, c'est-à-dire qu'elle ne se servait pas de ses "atouts" physiques pour attirer sur elle les regards. Elle est restée dans sa grande naïveté, innocence, sa grande discrétion et sa grande pudeur, pour éviter que les autres ne trébuchent par sa faute. Ainsi, si la Torah vient nous vanter sa beauté, c'est pour nous enseigner que la pureté de son intériorité était tellement grande qu'elle s'exprimait sur son visage. La beauté juive réside dans la pudeur, la discrétion, afin de permettre à la beauté de l'âme (l'intériorité) de se révéler le plus fortement.
  • Par ailleurs, ce Rashi ("comme à...") nous montre que Sarah avait les avantages de la vieillesse et de la jeunesse. Quand elle avait 20 ans, elle avait déjà les mêmes qualités qu'à 100 ans, et quand elle avait 100 ans elle avait encore les mêmes qualités qu'à 20 ans.

3°/ Le rav Yaakov Kaminetsky nous explique que la fin de ce verset : "c'était les années de la vie de Sarah" vient nous certifier que Sarah est arrivée au terme des années de vie qui lui avaient été imparties.

Rashi (verset suivant) nous indique que la mort de Sarah suivit la ligature d'Itshak parce qu'en apprenant la nouvelle de la ligature, que son fils avait été préparé pour être égorgé, son âme s'était envolée d'elle et elle était morte.

Ainsi, la Torah explique (par ce verset) que la ligature d'Itshak n'est pour rien dans la mort de Sarah car dans tous les cas elle était arrivé au terme de ses années de vie.

4°/ Le Ben Ich Haï fait remarquer que la répétition dans ce verset du mot "shana" (= "… ans") a pour but de souligner que les nuits des justes sont aussi portées à leur crédit, contrairement aux méchants, dont l'existence est considérée comme très courte compte tenu de leurs rares mérites (ainsi être physiquement vivant ne veut pas dire que l'on est réellement vivant selon la Torah …).

5°/ Par ailleurs, le Ben Ich Haï demande : pourquoi les 2 premières fois, le mot "shana"  est-il au singulier, et la dernière fois, au pluriel?

Afin de ne pas s'enorgueillir durant notre vie, la Torah nous conseille de se rappeler de nos débuts pitoyables dans l'existence : muet et immobile comme une pierre, qui baigne dans ses déjections en mettant en bouche n'importe quelle saleté.

Ainsi, le mot est au singulier en ce qui concerne : 100 ans (moment de la décrépitude progressive de son corps) et 20 ans (zénith de sa force et de sa beauté), afin nous montrer que Sarah se souvenait toujours avec humilité de ce qu'elle était à un an (shana). A l'inverse, le mot est au pluriel à 7 ans, car elle s'y voyait déjà comme une femme adulte et responsable, chargée par le poids "des années" (shanot).

-> Par ailleurs, le Zohar ('Hayé Sarah 122) enseigne que : "100 ans" est écrit au singulier (chana), de même pour "20 ans (chana), mais "7 ans" est au pluriel (chanim).
Pour les nombres importants, l'utilisation du singulier amoindrit, tandis que pour le 7, le plus petit, l'utilisation du pluriel montre qu'il est rehaussé.
=> Nous voyons ainsi que Hachem grandit ceux qui se font petits et amoindrit ceux qui se font grands.
Et cela en fonction du principe : Celui qui recherche la grandeur, tout au long de sa vie dans ce monde, sera considéré comme petit dans le monde de Vérité.

6°/ Rabbi Avraham Ména'hem (Min'ha Béloula) explique que ce verset doit être lu d'une autre manière. Le mot "shéné" (précédemment traduit par "les années") peut aussi se traduire par le chiffre : 2. Nous devons donc lire la fin du verset : "[c'était] les 2 vies de Sarah".

Rabbi Avraham Ména'hem considère que les 127 années de vie de Sarah se décomposent en 2 parties : ses 90 premières années (avant la naissance de Ytshak) et ses 37 dernières années. En effet, la Torah enseigne qu'un Homme n'est appelé "vivant" que lorsqu'il devient parent. Ce n'est qu'à ce moment que sa vie prend tout son sens. D'ailleurs, notre verset commence par le mot "vayiyou" dont la valeur numérique est 37, soit la "véritable existence" de Sarah.

Sarah a enfanté Itshak à l'âge de 90 ans et elle endura aussi les 10 épreuves de son mari Avraham (son double enlèvement, la famine,...). Dans ce cas, comment comprendre l'explication de Rashi : "toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien"?
Rabbi Zoucha d'Anipoli explique que Sarah ne cherchait jamais à analyser et à comprendre pourquoi elle subissait tant de difficultés. Elles étaient persuadée qu'existaient de profonds secrets derrière tous ses problèmes. Tout ce qui m'arrive n'est que pour mon bien (même si actuellement je n'en suis pas conscient(e) voir je pense - à tort - le contraire)!