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"Yaakov demeura (vayéchev Yaakov) dans le pays des pérégrinations de son père, dans le pays de Canaan" (Vayéchev 37,1)

-> Il y a 112 versets dans la paracha Vayéchev.

-> Le Rokéa'h commente que cela correspond aux 112 mots du Téhilim 92, qui commence par :"Mizmor chir léyom haShabbath".

Quel est le lien entre les 2?

Le rav Mattitiahou Salomon explique que le lien entre la paracha et ce Téhilim se trouve dans les erreurs incompréhensibles contenues dans la paracha.
Par exemple, comment Yaakov peut-il témoigner du favoritisme à l'un de ses enfants (37,4)? Pourquoi a-t-il envoyé Yossef retrouver ses frères alors qu'il savait qu'ils le haïssaient (37,13)? Et comment le tsadik Yéhouda a-t-il pu avoir une rencontre avec une prostituée (38,16)?

La réponse est que c'est le déploiement du plan divin.

Ces éléments surprenants vont être le commencement de la Brit ben haBétarim, où Hachem apparut à Avraham et lui dévoila que sa descendance serait esclave quelques années plus tard en Egypte, mais qu'elle en sortirait avec plein de richesses et habiterait ensuite en terre d'Israël.

Dans ce Téhilim, on y trouve entre autre : "Car tu me combles de joie, ô Hachem, par tes hauts faits; je veux célébrer les œuvres de tes mains. Qu’elles sont grandes tes œuvres, ô Hachem, infiniment profondes tes pensées! L’homme dépourvu de sens ne peut savoir, le sot ne peut s’en rendre compte."

=> Ce qui se passe dans notre vie peut nous sembler surprenant, mais il fait savoir que cela fait partie du plan divin, et qu'il ne nous sert à rien de se plaindre sur le moment, car dans le monde de vérité nous dirons forcément : "Qu’elles sont grandes tes œuvres, ô Hachem, infiniment profondes tes pensées!

Tous ses fils et toutes ses filles essayèrent de le consoler, mais il refusa d'être consolé et dit : "Car je descendrai dans la tombe en pleurant mon fils." Et son père (Its'hak) pleura sur lui. (Vayéchev 37,35)

-> Rachi commente : "Yaakov ne pouvait pas être consolé de la perte de Yosef, car on ne peut pas être consolé d'une personne vivante que l'on croit morte".

En effet, il existe un décret céleste selon lequel une personne décédée sera oubliée du cœur. Cependant, ce décret ne s'applique pas à une personne que l'on croit morte mais qui est en fait vivante.
Malgré son incapacité à être consolé, Yaakov n'a pas conclu que Yossef était réellement vivant. En effet, il n'existe pas de durée fixe pour l'oubli d'un défunt dans le cœur.
Tout le monde ne vit pas son deuil de la même manière. Certains ne se consolent pas facilement et restent dans le deuil pendant une longue période. Yaakov pensait qu'il faisait partie de ceux qui ne se consolent pas facilement et, par conséquent, son chagrin interminable ne lui prouvait pas que Yossef était toujours en vie.

Le fait de ne pas être facilement consolé découle du trait de caractère négatif qu'est l'obstination. Seules les personnes obstinées refusent d'accepter un décret d'Hachem avec amour et ne sont pas facilement consolées de la mort d'un parent.
Nos Sages qualifient Yaakov de "le meilleur" (de bé'hir) des Patriarches, et il n'avait certainement pas ce trait de caractère négatif.
Si Yossef était effectivement mort, Yaakov aurait accepté le décret d'Hachem avec joie, à l'instar des grands hommes de notre nation. Cependant, dans son humilité, Yaakov ne s'est pas considéré comme une personne juste (tsadik), et il a cru que c'était son obstination qui ne lui permettait pas d'être réconforté (alors qu'en fait, c'était parce que Yossef était encore en vie).

Une autre raison plausible pour laquelle Yaakov n'a pas conclu que Yossef était vivant (en vertu de son incapacité à être consolé) est qu'il était conscient, grâce au roua'h hakodech (inspiration Divine), qu'il ne connaîtrait pas le Guéhinam si tous ses enfants restaient en vie de son vivant.
Les 12 fils de Yaakov correspondaient aux 12 mois de l'année, et il avait la garantie que si aucun d'entre eux ne le précédait, il serait épargné des 12 mois du Guéhinam, qui est la peine maximale pour une personne racha (guémara Shabbath 33b). [en ce sens, on prend le deuil pendant une année, car même un racha au bout d'un an, est libéré de sa purification de ses fautes au Guéhinam. ]
Par conséquent, la mort perçue de Yossef était doublement dévastatrice pour Yaakov : il avait perdu à la fois son fils et cette garantie. Yaakov attribua donc son incapacité à trouver du réconfort à cette perte et non à la mort réelle.
C'est pourquoi il pensait qu'il ne pouvait pas être réconforté. Ce n'était certainement pas le cas, car Yossef était bel et bien vivant, et Yaakov ne sera finalement pas du tout puni dans le Guéhinam.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
Si Yaakov n'a pu être consolé de la mort de son fils Yossef, c'est parce que ce dernier était encore en vie. Cependant, Yaakov n'a pas tiré la conclusion que Yossef était toujours en vie, car il pensait que son trait de caractère négatif d'obstination ne lui permettait pas d'être consolé.
Ou encore, Yaakov pensait qu'il ne pouvait pas être consolé parce qu'il craignait que la mort de Yossef n'annonce son futur châtiment dans le Guéhinam.

Les allégations de Yossef

+++ Les allégations de Yossef :

"Voici les descendants de Yaakov : Yossef avait 17 ans ; il était avec ses frères qui gardaient les troupeaux, et il était jeune avec les fils de Bilha et de Zilpa, femmes de son père ; et Yossef apporta à leur père une mauvaise nouvelle à leur sujet" (Vayéchev 37,2)

-> Rachi commente que Yossef a rapporté tout ce qu'il a vu de négatif chez ses frères, les fils de Léa.
Il a rapporté que ses frères mangeaient des membres d'un animal vivant (du éver min ha'haï), qu'ils rabaissaient les fils des servantes en les appelant esclaves, et qu'ils étaient suspects dans l'interdiction des relations interdites (arayot).

-> Le Maharal nous enseigne :
Yossef a été puni pour ces 3 accusations.
Pour avoir prétendu qu'ils avaient mangé du éver min ha'haï, ses frères l'ont vendu comme esclave et ont ensuite abattu une chèvre (Vayéchev 37,31). Cependant, ils n'ont pas mangé de ses membres alors qu'elle était encore en vie.
[il ne s'agit pas d'une punition au sens classique du terme. Cependant, le but d'une punition est de démontrer que le fauteur a commis une erreur. Le fait que les frères n'aient pas mangé du éver min ha'haï montre à Yossef que ses accusations étaient sans fondement. ]

Pour avoir dit qu'ils traitaient leurs frères d'esclaves, Yossef lui-même a été vendu comme esclave. (Téhilim 105,17)
Pour les avoir accusés d'avoir eu un comportement licencieux, il a été séduit par la femme de son maître, comme le dit la Torah : " La femme de son maître leva les yeux" (Vayéchev 39,7).

=> Pourquoi Yossef a-t-il été puni pour avoir dénoncé leur comportement répréhensible?
Après tout, l'interdiction de calomnier quelqu'un ne s'applique que lorsque cela n'est pas fait dans un but constructif. Il est permis (et c'est même une mitsva) de signaler un comportement immoral à une figure d'autorité comme Yaakov afin qu'il puisse les réprimander et les aider à changer leurs habitudes.
[bien qu'un témoignage en bonne et due forme dans un tribunal juif nécessite 2 témoins, le témoignage d'un seul témoin est suffisant pour la réprimande si cette personne bénéficie de la confiance implicite de la figure d'autorité.]

La réponse se trouve une étape avant le rapport. Yossef n'a pas été témoin de la transgression de ces actes interdits par ses frères, et en effet, les saints géniteurs de la nation juive étaient innocents de ses allégations. En fait, Yossef a seulement été témoin d'un comportement qui a fait naître le soupçon qu'ils ne s'étaient pas suffisamment éloignés de ces graves interdictions.
Yossef a été appelé "Yossef haTsadik", Yossef le juste, en raison de son niveau élevé. Il s'est éloigné du moindre comportement interdit. Parce qu'il était si scrupuleux, il trouvait déconcertant que ses frères soient moins vigilants dans leur prise de distance.
Néanmoins, parce qu'il n'avait pas été témoin d'actes interdits, il était interdit à Yossef de faire part de ses soupçons à son père.

=> Si Yossef n'a pas vu ses frères commettre de véritables actes interdits, qu'a-t-il rapporté à Yaakov?
Yossef signale que ses frères autorisent leurs esclaves à cuisiner pour eux, ce que Yossef considère comme interdit car on ne peut pas faire confiance aux esclaves pour éviter de cuisiner éver min ha'haï (guémara Guittin 67b).
Yossef rapporte également que ses frères, les fils de Léa, refusent de s'associer avec leurs frères de Bilha et de Zilpa. Yossef, dans sa grande droiture, considérait que cela revenait à les traiter d'esclaves.
Enfin, Yossef rapporta que ses frères ne détournaient pas suffisamment leur regard en présence de femmes, ce qui les entachait à ses yeux d'une trace de l'interdiction des relations interdites, car cela crée une ouverture pour le mauvais penchant.

Bien que la Torah ne précise pas les allégations de Yossef, nos Sages les déduisent des mots "dibatam ra'a" (rapports de mauvaise conduite) dans ce verset. Le mot "ra'a" désigne ces 3 allégations, car la Torah associe ce terme à 3 attributs négatifs : "yétser hara" (mauvais penchant), "ayin hara" (mauvais œil) et "lev hara" (mauvais cœur).
Le "yétser hara" pousse une personne vers des relations interdites, car il la séduit pour qu'elle suive ses désirs physiques au détriment de son intellect.
Le "ayin hara" est la source de l'envie, qui pousse une personne à se valoriser aux dépens d'une autre.
Le "lev hara" est la racine de tout comportement insensible, qui pousse une personne à agir avec cruauté envers les créatures d'Hachem, comme lorsqu'elle consomme les membres d'un animal qui ont été séparés lorsque l'animal était encore en vie.

Ces comportements conduisent une personne hors de ce monde, comme le déclare Rabbi Yéhochoua : "Le Ayin hara, le yétser hara et la haine insensée conduisent une personne hors de ce monde" (Pirké Avot 2,11). [la haine insensée est un des aspects du lev hara]
Cependant, comme les frères étaient innocents de ces allégations, Yossef a été puni pour les avoir accusés, comme nous le disent nos Sages : "Celui qui soupçonne l'innocent subira un préjudice physique."

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-> En résumé :
Yossef a calomnié ses frères, les accusant de s'être engagés dans des comportements interdits. Il n'a pas prétendu qu'ils avaient commis des transgressions réelles, mais plutôt qu'ils ne s'étaient pas suffisamment éloignés d'elles.
Yossef était très strict sur ces questions et ne pouvait tolérer la moindre trace de ces interdictions chez ses frères.

"Et comment puis-je commettre un si grand méfait, et pécher envers D.?" (Vayéchev 39,9)

=> Yossef abandonne la femme de Potiphar, qui l'incite à fauter et s'enfuit.

Nos Sages (guémara Sota 13) de commenter :
"C'est grâce à ce mérite qu'il est dit à Yossef : "Il s'enfuit et s'élança dehors" ; grâce à ce mérite, Israël vit que la mer rouge se scindait en 2, lors de leur sortie d'Egypte.
Comme il est dit : "la mer vit et s'enfuit". Que vit la mer?
Elle vit les ossements de Yossef qui passaient avec le peuple d'Israël.

La mer refusait de se scinder, elle demandait d'accomplir la volonté de son Créateur selon la nature de sa création et, non pas de changer son essence.
Mais lorsque la mer vit les ossements de Yossef, elle dit : "Comment, lui, Yossef, a su résister à l'épreuve hors nature, moi aussi, je domine ma propre nature "en fuyant" (en me scindant) devant les enfants d'Israël."

Et durant toutes ces années pendant lesquelles Israël vivait dans le désert, le cercueil de Yossef et l'arche sainte (le texte en hébreu utilise le même mot "arone" pour désigner : cercueil et arche) marchaient côte à côte, et ceux qui passaient devant eux, s'interrogeaient : "Quelle est la qualité de ces 2 "aronot"?

On répondait : l'un est celui d'un mort et l'autre, celui de la présence divine.
Et depuis quand un mort accompagne-t-il la présence divine?
On répondit : "Celui-là a accompli tout ce qui est écrit dans celui-là". "

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+ Le saviez-vous?

-> Selon 'Hida (se basant sur le Séfer haYachar), lorsque sa femme a accusé Yossef d'avoir tenté de la séduire, Potiphar est devenu fou de rage et a décidé de le tuer.

Hachem a alors réalisé un miracle : un enfant dans son lit de bébé a commencé à parler, et a révélé qu'en réalité c'était la femme de Potiphar qui a essayé de séduire Yossef.

Potiphar et son foyer ont été témoins de ce grand miracle, et ont pris conscience de la réalité.
Ils ont alors laissé Yossef en vie, mais afin de préserver leur honneur, ils l'ont condamné à de l'emprisonnement.

-> L'épouse de Potiphar s'appelait : Zoulékha.
[Séfer haYachar - Vayéchev]

La quantité de hichtadlout à faire

+ La quantité de hichtadlout à faire :

"Si seulement tu pouvais me garder en mémoire ... je t'en prie, de bienveillance envers moi et me mentionner à Pharaon, et tu me feras sortir de ce bâtiment" (Vayéchev 40,14)

-> Le midrach (Béréchit rabba 89,3) déclare : c'est ainsi qu'il est dit : "Loué soit l'homme qui a fait d'Hachem sa confiance" (Téhilim 40,5). Il s'agit de Yossef.
"Et il ne s'est pas tourné vers l'orgueilleux" Parce qu'il a demandé au maître échanson de se souvenir de lui à deux reprises, deux ans ont été ajoutés à sa peine".

-> Le rav de Shinova (séfer Divré Yé'hezkel) note que ce midrach semble se contredire. Il donne d'abord à Yosef l'exemple d'un homme qui a placé sa confiance en Hachem et a accompli le verset des Téhilim, puis il dit qu'il a été puni de deux années de prison supplémentaires pour avoir placé sa confiance dans le ministre de la boisson.

Le rav de Shinova explique que Yossef était à un niveau si élevé qu'il aurait dû faire confiance à Hachem pour l'aider sans faire de hichtadlout par lui-même.
Cependant, parce qu'il était extrêmement humble, il ne pensait pas être à ce niveau. Il pensa qu'il devait faire des efforts et demanda donc au maître échanson de parler en son nom à Pharaon.

Le midrach dit que Yossef avait un grand bita'hon. Il avait une confiance totale en Hachem et n'avait pas besoin de faire de hichtadlout pour mériter Son aide. Il n'aurait pas dû penser qu'il devait demander au maître échanson de se souvenir de lui.
C'est pour cette raison qu'il a été considéré comme inapproprié pour un homme de son niveau exalté de faire cela, et il a été puni pour cela de deux années supplémentaires d'emprisonnement.

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-> Le rabbi de Tchortkov demande : comment pouvait-on dire que Yossef était un homme qui ne faisait confiance qu'à Hachem, s'il s'en remettait aussi au maître échanson?

Le rabbi répondit qu'il avait entendu dire par un certain gadol qu'il y a 2 types de personnes qui font confiance à Hachem. Certaines personnes ont du bita'hon, mais il n'est pas authentique à 100 %. C'est le cas, par exemple, d'un homme qui n'a aucun moyen de subvenir à ses besoins ou de payer le mariage de son enfant. Cette personne compte sur Hachem pour l'aider parce qu'elle n'a pas d'autre choix. Il n'a personne d'autre vers qui se tourner, alors il se tourne vers Hachem et dit qu'il a le bita'hon qu'Hachem l'aidera.
Cependant, a poursuivi le rabbi, si quelqu'un a un autre endroit où placer sa confiance, mais qu'il s'en remet quand même uniquement à Hachem, c'est un bita'hon qui est authentique à 100 %.

Cela explique le midrach : lorsque Yossef croupissait en prison, il n'avait aucun moyen naturel d'être sauvé. Il n'avait d'autre choix que de s'en remettre à Hachem. Comme l'explique le rabbin de Tchortkov, ce n'est pas la forme la plus élevée de bita'hon.
Yossef décida de demander au ministre (maître échanson) de parler en son nom à Pharaon afin de créer un autre endroit où il pourrait placer sa confiance.
Maintenant qu'il avait quelqu'un d'autre sur qui il pouvait compter, mais qu'il n'avait toujours confiance qu'en Hachem, il a atteint un niveau de bita'hon authentique.
C'est pourquoi il est décrit comme un homme qui avait un véritable bita'hon en Hachem.

"Voici l'histoire de la descendance de Yaakov : Yaakov, âgé de 17 ans, était berger avec ses frères [auprès] du menu bétail (aya roé ét é'hav batson)" (Vayéchev 37,2)

-> Le mot "berger" (roé - רֹעֶה) implique "d'unir, de joindre ou de relier", comme dans les mots "fraternité" et "amitié" (réout).

Un berger est appelé "roé" parce qu'il rassemble le troupeau en un seul endroit, de peur qu'il ne se disperse.
C'est ainsi que Yossef a réuni ses frères, c'est-à-dire tout Israël et les étincelles de la Présence divine.
Il les a tous élevés et réparés grâce aux saintes unifications mystiques qu'il a réalisées. Il le fit avec le "troupeau" (tson), ce qui implique des Unifications.
[Dégel Ma'hané Efraïm - Vayéchev ]

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-> Le concept d'unifications mystiques (yi'houdim) est l'un des enseignements centraux du Baal Shem Tov et opère à plusieurs niveaux.
Le niveau de base est la reconnaissance de la présence du Créateur dans tous les aspects de la création, qu'ils soient physiques, émotionnels, conceptuels et même spirituels.
C'est ainsi que le Baal Shem Tov (Tsivat haRivach p.3b) déclare :
"Quoi que vous voyiez, souvenez-vous d'Hachem. Si vous ressentez de l'amour, souvenez-vous de l'amour de Dieu. Si vous éprouvez de la crainte, rappelez-vous la crainte d'Hachem.
Même lorsque vous allez aux toilettes, pensez à vous-même : je retire le mauvais du bon, de sorte que le bon reste au service d'Hachem. C'est le sens de l'unification".

À un niveau plus profond, cela signifie la recombinaison mystique des lettres de la création, en particulier dans la prière et l'étude de la Torah, qui peut produire une révélation de l'unité divine dans le monde.
Dans le verset ci-dessus, le Baal Shem Tov dit que Yossef, qui représente le tsadik, est capable de voir la divinité dans chaque juif et, par ce biais, d'élever tout Israël vers le Père céleste.
Par ailleurs, Yossef pourrait voir les lettres hébraïques qui constituent toute la réalité et les combiner selon des schémas qui révèleraient la présence divine dans la création.

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-> Les 3 lettres du mot "tson" (צֹּאן - troupeau) peuvent être divisées en tsadik et alef , dont la valeur numérique est 91, et noun.
Le nombre 91 est également la valeur numérique de 2 des noms sacrés de D. réunis : le Tétragramme (יהוה de valeur : 26), et le nom Adonaï (אדני de valeur : 65). L'union de ces noms représente l'intégration complète du spirituel et du physique, depuis les premières émanations d'Hachem jusqu'à mal'hout (Royauté), le monde dans lequel nous vivons.

La lettre noun représente généralement le monde de la Bina, qui correspond à la révélation du monde à Venir, et est la séfira par laquelle la bénédiction divine s'écoule dans le monde.

Tout cela est évoqué dans le mot "tson" (צֹּאן), l'union des deux noms d'Hachem, qui conduit à un flux ultérieur de bénédiction dans le monde.

Ainsi, rav Yaakov Yosef de Polnoye écrit, au nom du Baal Shem Tov : "Un être humain dans ce monde est composé de matière et de forme (c'est-à-dire le matériel et le spirituel), et à travers lui, le monde inférieur et le monde supérieur sont réunis, et une union est créée entre les deux noms יהוה et אדני, qui ont la valeur numérique de 91, à partir du monde tson.
Tandis que l'effluve qui se déverse de là est l'expansion du noun.

Il est également possible que le Baal Shem Tov utilise le terme "tson" pour représenter cette idée, parce qu'un troupeau est un groupe d'animaux qui sont réunis et qui véhiculent l'idée d'union.
De plus, le mot tson (צֹּאן) vient du mot hébreu "tsé", qui signifie "sortir", et représente l'idée de ce qui émane d'une source.

Un renouvellement constant

+ Un renouvellement constant :

"Il était un jeune homme [demeurant] avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa ... Yossef rapportait des paroles médisantes sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

-> Le Beit Aharon de Karlin tire du fait que Yossef est appelé "un jeune homme" (nahar) une leçon importante en matière d'avodat Hachem. Il explique que Yossef a toujours été "jeune homme" dans le sens où, même s'il a vieilli, il est resté frais et jeune dans sa façon de servir Hachem.
Il se renouvelait constamment pour servir Hachem avec vigueur et enthousiasme.

Ce concept est illustré dans le verset : "Ta jeunesse se renouvelle comme l'aigle" (Téhilim 103,5).
C'est également la raison pour laquelle le peuple juif est souvent comparé à la lune, qui se renouvelle chaque mois.

Ainsi, une personne doit se renouveler chaque jour. Il ne faut pas désespérer si l'on a l'impression d'avoir passé une mauvaise journée et d'avoir gaspillé un jour de sa vie, car on peut toujours repartir à zéro le lendemain et commencer à servir Hachem avec énergie et fraîcheur.

"Ils prirent, et ils le jetèrent dans le puits. Et le puits était vide, il n'y avait pas d'eau." (Vayéchev 37,24)

Le puits ne contenait pas d'eau, mais seulement des serpents et des scorpions., nous apprend la guémara (Shabbath 22a).

Le Gaon de Vilna de dire qu'au-delà de la signification 1ere de cette explication, la guémara nous propose ici un regard approfondi sur la nature humaine.

Le prophète Yéchaya (55,1) s'exclame : "Vous qui avez soif, venez, voici de l'eau!"
La guémara (Baba Kama 82a) explique que "l'eau", c'est la Torah.

Les serpents et les scorpions symbolisent le côté le plus sombre de la nature humaine, ses tendances les plus grossières.

==> La guémara nous enseigne donc que, tout comme un puits ne peut contenir que 2 choses : soit de l'eau, soit des serpents ou des scorpions, de même une personne sans "l'eau" de la Torah pour raffiner son caractère, est rempli/fourmille "de serpents et de scorpions".

Une personne ne doit pas penser qu'elle peut être vide de Torah, tout en ayant par ailleurs d'innombrables qualités. La règle est que : s'il n’y a pas d’eau, de Torah, alors il y a naturellement des serpents et des scorpions, des défauts et des vices.

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-> Pourquoi est-ce que Réouven a proposé à ses frères de jeter Yossef dans un puits qui était à priori rempli de serpents?

Selon nos Sages, la punition pour celui qui parle du lachon ara est d'être mordu par les serpents.

Réouven voulait que ses frères constatent que bien que Yossef était dans un puits avec des serpents, les serpents ne le touchaient pas.
Il espérait qu'ainsi ses frères réaliseraient que Yossef n'avait pas commis la faute de lachon ara lorsqu'il parlait d'eux à Yaakov.

-> Pourquoi est-ce que la Torah insiste sur le fait que le puits était vide d'eau?

Il existe un serpent appelé : "arod" dont la morsure est mortelle.
Cependant, si une victime d'une morsure de ce serpent parvient à atteindre une source d'eau avant que le serpent n'y arrive, elle est sauvée et le serpent meurt instantanément.

S'il y avait de l'eau dans le puits, les frères de Yossef auraient pu se dire qu'il a été sauvé du arod grâce à l'eau présente.
Cependant, Yossef étant dans un puits sans eau, ainsi le fait d'y avoir survécu était la plus grande preuve qu'il n'avait prononcé aucun lachon ara.

[le Birkat Avraham]

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Rabbi Zalman Sorotzkin (le Oznaïm laTorah) commente :
Ce verset vient nous apprendre que le puits dans lequel a été jeté Yossef avait une qualité et un défaut :
- la qualité = il n'y avait pas d'eau dedans ;
- et le défaut = il y avait dedans des serpents et des scorpions.
On remarquer tout le respect que témoigne la Torah à de l'inerte (un puits) = en effet, la qualité est exprimée ouvertement ("il n'y avait pas d'eau"), tandis que le défaut est caché, puisque déduit de la tournure du verset.

=> Le Oznaïm laTorah en conclut :
Si cela paraît évident quand il s'agit d'un puits, à plus forte raison d'un être humain : nous devons faire son éloge clairement, et si parfois il est nécessaire de révéler un défaut, efforçons-nous de le faire par allusion.

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Le Séfer 'Hassidim signale que les initiales de : én bo (il n'y a pas dedans - אֵין בּוֹ) sont : Aval Né'hachim Vékravim Yéch Bo (mais il y a dedans des serpents et des scorpions).
[rapporté dans le Torat Bné Yissa'har]

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+ "Et ils le saisirent, et le jetèrent dans le puits. Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau."

-> Selon une autre opinion, il y avait 2 puits. [C'est pourquoi les frères dirent : "Jetons-le dans un des [2] puits" (Vayéchev 37,20)].
Plus tard, le mur qui les séparait tomba, et ils ne formèrent plus qu'une et même fosse.
L'un de ces puits était pleins de pierres, et l'autre de serpents.
[...]
Le verset : "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau" ... = le mot "vide"] désigne les frères, car ils ne bénéficiaient pas de l'eau de la Torah. Ils ignoraient qu'un verset de la Torah énoncerait : "Celui qui aura enlevé un homme et l'aura vendu ... sera mis à mort" (Chémot 21,16).
S'ils avaient eu connaissance de cette loi, ils n'auraient jamais agi de la sorte.

Dans la Torah, le terme "vayiKa'houhou" (et ils le saisirent - וַיִּקָּחֻהוּ) est écrit sans la lettre "vav". [Comme la Torah ne comporte pas de voyelles, on peut également lire : "vayika'héhou" = et ils le prit]. Ceci sous-entend que seul un des frères jeta Yossef dans le puits, agissant au nom de tous les autres. Il s'agissait de Chimon.
[Plus tard, Yossef demandera que Chimon reste comme gage, alors que ses frères iront chercher Binyamin - cf. Mikets 42,24]
[Méam Loez - Vayéchev 37,24]

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"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s’affairait à créer la lumière du machia’h."
[midrach Béréchit rabba 85,1]

-> Après que les tribus aient jeté Yossef dans un puits, ils l'en ressortirent pour le vendre.
Suite à cela, Réouven, qui était alors absent lors de la vente, revint pour sortir Yossef du puits et le ramener à son père, mais, il ne l'y trouva plus. Alors, il s'écria : "L'enfant n'est plus là, et moi où irai-je?" (Vayéchev 37,30).
Rachi (v.37,29) commente sur : "Réouven revint à au puits et voyant que Yossef n'y était plus, il déchira ses vêtements" : Il n’avait pas assisté à la vente, car c’était à son tour, ce jour-là, d’aller servir son père. Autre explication : Il était occupé, couvert d’un sac, à jeûner pour avoir mis le désordre dans la couche de son père.

Le midrach explique : "Où irai-je à cause de ma faute avec Bil'a?" = Réouven relia la disparition de Yossef avec sa faute avec Bil'a.
[Suite à la mort de Ra'hél, Yaakov a mis sa couche dans la tente de Bil'a. Réouven dont la mère est Léa, a pris parti pour sa mère en disant : "Si la sœur de ma mère a été la rivale de ma mère, faut-il que la servante de la sœur de ma mère soit aussi la rivale de ma mère? C’est alors qu’il s’est levé et a déplacé sa couche [celle de Yaakov, dans la tente de sa mère]" (guémara Shabbath 55b)]

=> Mais quel est le rapport entre la disparition de Yossef du puits et sa faute avec Bil'a?

-> Le midrach explique que Réouven sauva Yossef parce que quand il entendit que Yossef rêva de 11 étoiles qui se
prosternèrent devant lui, il en déduisit que lui aussi fait partie des étoiles. Malgré sa faute, il n'a donc pas été écarté des tribus. En gratitude vis à vis de Yossef qui lui fit réaliser une telle chose, il décida de le sauver.
Mais, à présent qu'il revint près du puits et que Yossef avait disparu, il pensa qu'il était mort et donc que le rêve de Yossef n'était pas un vrai rêve prophétique. Or, si ce rêve n'est pas authentique, si c'est un rêve futile, alors toute la preuve qu'il fait encore partie des tribus, des 11 étoiles, n'est plus valable.
=> C'est pourquoi, la disparition de Yossef lui raviva son inquiétude de ne pas avoir été pardonné de sa faute, et d'être écarté des tribus.

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-> Le Sfat Emet explique que quand quelqu'un commet une faute, il doit s'attacher à un tsadik qui est irréprochable au niveau de cette faute, et cela contribuera à sa réparation.
En effet, quand quelqu'un s'attache et même s'efface devant un tsadik, il bénéficie par cela de la perfection et du travail de ce tsadik.

Or, la faute de Réouven concernait la sainteté de la vie conjugale, puisqu'il se mêla de l'intimité de son père.
Pour réparer sa faute, Réouven décida de s'attacher à Yossef, qui était déjà réputé pour se sanctifier à ce niveau-là. C'est d'ailleurs pour cela qu'il fut justement éprouvé, plus tard, avec la femme de Potifar, pour mettre à jour sa sainteté et son éloignement de cette faute.
=> Ainsi, en s'attachant à Yossef, Réouven espérait bénéficier de sa sainteté et ainsi, cela contribuera à réparer sa faute. Cependant, quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu, il comprit qu'il ne pourrait pas profiter de sa perfection et craignit donc ne plus pouvoir réellement se nettoyer de sa faute.

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-> Le Birkat Pérets explique que quand quelqu'un commet une faute, son repentir consiste à prendre justement le contre-pied de cette faute. Ainsi par exemple, celui qui a profané le Nom d'Hachem, pour se repentir, il devra multiplier les actes où il sanctifiera Son Nom.

Quand Réouven troubla l'intimité et s’immisça dans la vie conjugale de son père, cela provoqua une grande peine et une grande contrariété à Yaacov. Réouven qui en avait conscience, pensa que sa réparation devait être d'entraîner à contrario une grande joie et une satisfaction importante à celui-ci.
Et quand on jeta Yossef dans le puits, Réouven imagina la douleur que son père ressentira en pensant que son cher fils est mort. En parallèle, Réouven savait quelle joie ressentirait son père s'il lui restitue Yossef : il en sera immensément heureux.
=> Par cette joie qu'il lui permettra de ressentir, Réouven pensa réparer la peine qu'il lui provoqua par sa faute.
Mais quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu et qu'il ne pourrait donc plus le rapporter à son père, cela réactiva son inquiétude par rapport à sa faute, car il avait raté une excellente occasion de réparer son acte, en restituant Yossef à son père, avec toute la joie qui en aurait suivi.

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-> Le Panim Yafot fait remarquer que Réouven avait moins de 20 ans quand il commit sa faute. Or, nos Sages enseignent que le Tribunal Céleste ne punit pas quelqu'un qui a moins de 20 ans, ce qui rassura Réouven.
Malgré tout, celui-ci avait quand même un doute, car il se dit que peut-être que les hommes pieux et servant Hachem peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans. Et que ce sont les gens simples qui ne sont punis qu'à partir de 20 ans.

Quand Yossef fut jeté dans la fosse qui contenait, selon nos Sages des serpents et des scorpions, Réouven pensait que Yossef sera épargné. En effet, même si lui aussi avait fauté en rapportant des médisances sur ses frères à leur père, malgré tout il n'avait alors que 17 ans.
Ainsi, puisqu'il avait moins de 20 ans, Réouven pensait que Yossef allait être épargné par le Ciel.
En effet, ses grands mérites justifiaient qu'il bénéficie d'un miracle. De plus, Hachem ne lui tiendrait pas rigueur pour sa faute, car il avait moins de 20 ans.

Mais quand à son retour près du puits, Réouven ne trouva pas Yossef, il pensa que les serpents l'avaient dévoré. Il en conclut que Yossef avait été puni pour sa faute même s'il avait moins de 20 ans. C'est donc bien que les tsadikim peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans.
=> Cela réveilla son inquiétude par rapport à sa propre faute avec Bil'a, car même s'il avait lui aussi moins de 20 ans, il serait quand même considéré comme fautif par le Ciel.

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-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37,21)

Quand Réouven vit que ses frères allaient tuer Yossef, il s'interposa et proposa de le jeter dans un puits plutôt que de le tuer. Son intention était de revenir par la suite le sortir du puits et le ramener à son père. Sur ce verset, le midrach enseigne que si Réouven savait que la Torah allait écrire à son propos : "Il le sauva de leurs mains", il l'aurait accompagné à son père sur ses épaules.
=> Ce midrach paraît étonnant. Réouven cherchait-il à obtenir les éloges de la Torah? Est-ce pour cela qu'il se serait encore plus empressé de sauver son frère? Mais cela manque d'authenticité!

-> Le Divré Yé'hezkel explique qu'en fait, suite à ce qui s'est passé avec Bil'a, Yaakov avait un peu repoussé Réouven et ne se comportait plus avec lui aussi chaleureusement qu'avant. Or, à présent, si Réouven restitue Yossef, le fils bien-aimé de son père, il est clair que Yaakov se montrera extrêmement reconnaissant vis-à-vis de
lui et recommencera de nouveau à le rapprocher et lui témoigner de la bienveillance comme avant. C'est justement cela que Réouven craignait.
En effet, ce qu'il cherchait à présent à faire, c'est de sauver Yossef. Il s'agissait là d'accomplir cette très grande mitsva. Et il voulait la réaliser avec le plus d'authenticité et avec l'intention la plus pure et la plus désintéressée possible. Et il craignait qu'au fond de lui, dans son subconscient, il ne cherche aussi un peu à récupérer l'amour et la considération de son père. Mais alors, sa mitsva de sauver Yossef ne serait pas la plus pure, car se mélangerait dans cet acte son intérêt personnel.

C'est pourquoi, il se méfia de trop s'empresser, soupçonnant que le zèle supplémentaire proviendrait de cet intérêt. Mais s'il savait que la Torah témoignerait sur lui qu'il le sauva des mains de ses frères, puisque la Torah est une Torah de vérité, cela signifierait donc qu'en vérité, sa seule intention était bien de le sauver. Et dans ce cas, il aurait était assuré qu'après avoir scruté son coeur, Hachem avait bien perçu la pureté totale de son acte. Il ne cherchait en rien son intérêt. Et de ce fait, il n'aurait plus hésité à se dépêcher et aurait porté son frère sur ses épaules pour le ramener à son père.

=> Nous apprenons de là qu'un homme doit constamment s'efforcer d'être le plus honnête avec soi-même. Et même, il convient de se suspecter de peut-être chercher un intérêt personnel dans notre comportement, ce qui l'entacherait de l'intérieur. Même quand on accomplit une mitsva, ne soyons pas trop emballé et convaincu de la perfection de notre acte. Car peut-être qu'au fond, plus que la mitsva, c'est notre intérêt que l'on cherche.
Aussi, l'homme doit tendre le plus possible à la pureté de son intention, de se concentrer essentiellement sur la réalisation de la Volonté d'Hachem.

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+ Lien entre Réouven et les lumières de 'Hanoucca :

-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37, 21).
Cela est étonnant car celui-ci conseilla à ses frères de jeter Yossef dans un puits rempli tout de même de serpents et de scorpions. Même si l’on suppose que Réouven ignorait la présence des serpents et des scorpions, pourquoi la Torah attribue-t-elle malgré tout le sauvetage de Yossef à Réouven plutôt qu’à Yéhouda, car en définitive c’est le conseil de Yéhouda qui a maintenu Yossef en vie?

En réalité, le conseil de Réouven de jeter Yossef au puits, était porteur d’une certitude d’un point de vue spirituel, car aucun danger spirituel n’existait dans le puits. Même s’il y avait tout de même un danger d’un point de vue physique, ce danger restait incertain.
De plus, ce danger n’était que temporaire puisque Réouven avait envisagé cette solution seulement afin de calmer les esprits et de revenir plus tard au puits pour sauver définitivement son frère, et le ramener à son père. Par contre, Yéhouda a réellement exposé Yossef à un danger certain d’un point de vue spirituel, car il conseilla de le vendre à des Yichmaëlim qui voyageaient en Egypte, qui était le pays le plus imprégné de débauche.
C’est pour cette raison que la Torah attribue le sauvetage de Yossef à Réouven qui le sauva d’un danger spirituel certain et concret, et non à Yéhouda qui le sauva physiquement, mais qui l’exposa de façon certaine au pire des dangers.

A ‘Hanoucca, les ‘Hachmonaïm se sont battus avec don de soi (messirout néfech) pour défendre leur spiritualité (la Torah), menacée d’anéantissement par les Grecs, et non leur identité physique. Leur identité spirituelle avait beaucoup plus de signification pour eux que leur identité physique, tout comme Réouven.
C'est pourquoi sur le verset : "Les mandragores (doudaïm) répandent leur parfum, et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices" (Chir haChirim 7,14), le midrach (Yalkout Réouvéni Vayetsé) enseigne : "Les mandragores ont donné leur parfum = il s’agit de Réouven ; et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices = Il s’agit des bougies de ‘Hanoucca". [les mandragores citées ici désignent Réouven, car il en avait un jour cueilli pour sa mère Léa (voir Vayétsé 30,14-16)]
Ainsi, le midrach met en rapport Réouven (qui sauva Yossef du danger spirituel) avec les bougies de ‘Hanoucca, symbole de la victoire spirituelle de la Torah sur l’obscurantisme des Grecs.
On peut noter que les mandragores que donna Réouven à sa mère Léa furent cédées à Ra’hel en échange d’une nuit passée avec Yaakov (voir Béréchit 30, 14-18). L’union qui s’en suivit donna naissance à Yissa'har, "le pilier de Torah", symbolisé par la Ménora du Temple, objet du miracle de ‘Hanoucca.
[Kol Yéhouda]

"Comment puis-je faire ce grand mal, je fauterai vis-à-vis d’Hachem" (Vayéchev 39,9)

On peut se demander pourquoi Yossef a-t-il dit à la femme de Potiphar que : "Je fauterai". En effet, elle aussi allait fauter, et il aurait donc dû dire : "Nous fauterons".

En fait, Yossef voulait tellement s’éloigner de cette femme pour ne pas fauter avec elle qu’il s’efforça de ne pas s’inclure avec elle même par la parole.
Il ne souhaitait donc pas "s’isoler" avec elle même par des mots, en disant : "Nous fauterons".
C’est pourquoi, il se sépara d’elle radicalement et dit : "Je fauterai", moi seul, car je suis séparé de toi, même par la parole.
[Rabbi Bounam de Pchis'ha]

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-> Dans sa démarche de se protéger de la faute, Yosseph s'efforça de ne pas exprimer une parole qui l'unira avec cette femme même au niveau de la parole. S'il avait dit : "Nous fauterons", au pluriel, déjà par cette parole il se serait déjà "uni" avec elle. C'est pourquoi, il employa le singulier : "Je fauterai", moi et pas nous. Car il voulait se séparer et s'éloigner d'elle, même déjà au niveau de sa parole. En effet, la parole et les mots qu'on emploie ont une influence et un impact au niveau de son inconscient. Et, sans le savoir, cet impact pourra générer des comportements ou des attirances qu'on ne recherche pas, mais qui nous auront été provoqué par la suggestion d'une formule qu'on aurait employé.
Yossef craignait que s'il associait la femme de Potifar à lui à travers sa parole, cela suggérerait déjà un lien entre lui et elle et créerait une certaine proximité qui risquerait déjà de déboucher à la faute, D. préserve. Yossef souhaitait se prémunir de la faute de toutes ses forces. Aussi, il prit soin de créer une distanciation avec elle, même dans son langage.

=> Cela nous apprend combien la parole a de force. Une simple parole banale peut avoir de lourdes répercussions dans le psychique d'un individu, sans même qu'il ne s'en rende compte. Combien doit-on veiller à soigner son langage et se prémunir de toute suggestion susceptible d'agir sur l'inconscient et générer une déviance morale que l'on voudrait éviter.

"Et ils trempèrent la tunique dans du sang." (Vayéchev 37,31)

Rav El'hanan Wasserman écrit dans le Kovets Maamarim :
"Il est vraiment étonnant de voir combien le peuple juif a toujours souffert des accusations de meurtre rituel.
Il est pourtant de règle qu'un mensonge qui ne contient aucune part de vérité n'est pas crédible (Sota 35a ; Rachi ; Bamidbar 13,27).

Or, quoiqu'elles ne contiennent pas la moindre parcelle de vérité, ces diffamations ont persisté pendant des millénaires, à travers le monde entier, et ce jusqu'à ce jour même.
[n'est-il pas ridicule de penser que les juifs consommenent du sang humain?  - sachant par exemple qu'ils vérifient tout œuf avant utilisation, et que la moindre goutte de sang ne permet plus sa consommation!]

Voilà certainement de quoi s'étonner sur les accomplissements de la Providence divine.

Il ne fait aucun doute que ces fausses accusations constituent une punition, mesure pour mesure, pour un péché commis dans notre passé que nous devons payer génération après génération.

Bien que je n'en sois pas digne, je me permets de suggérer qu'elles sont là pour nous faire expier le péché d'avoir "trempé la tunique dans du sang", faute par laquelle les frères de Yossef ont fait passer aux yeux de leur père, du sang de bouc pour du sang humain. [et lui faire croire qu'une bête l'a dévoré]

Si je me trompe, veuille Hachem me pardonner."

Source (b"h) : "Talelei Oroth" du rav Rubin