Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Ils n'obéirent pas à Moché et quelques uns en laissèrent jusqu'au matin. Elle grouilla de vers et se gâta et Moché s'irrita contre eux" (Béchala'h 16,20)

-> Rachi : il s'agit de Datan et Aviram.

-> Ils n'ont pas cru que Hachem allait leur fournir de la nourriture le jour suivant.
Tout ce qu'ils ont pu mettre de côté ne leur a servi à rien, puisque tout s'abimant et fut rongé par les vers.

=> Comment comprendre alors que Moché se soit irrité contre Datan et Aviram?
En effet, ils ont certes transgressé un interdit, mais à priori du positif en est ressorti : maintenant tout le monde sait ce qu'il en résulte de garder de la manne pour le jour suivant.
Si grâce à eux les juifs se sont renforcés à ne jamais laisser de la manne pour le lendemain, alors pourquoi Moché a-t-il été si bouleversé au point de s'énerver?

Le Messekh ‘Hokhma explique que Moché était en colère car Datan et Aviram ont enlevé tout défi.
Le but de la Torah est qu'il y ait des tests.
Hachem tire du plaisir lorsque les gens sont éprouvés, et qu'ils réussissent à surmonter ces épreuves.
Si le service Divin était si simple, il n'y aurait pas véritablement de challenge.

[D. nous fournit des tests sur mesure, qui permettent d'exprimer nos potentialités dans la réalité, et lorsque nous réussissons alors nous devenons comme une nouvelle réalité plus élevée, meilleure, plus proche d'Hachem. ]

Mais lorsque Datan et Aviram ont montré au peuple juif que lorsqu'on garde de la manne toute la nuit, elle pourrit, alors plus personne n'était tenté à le faire (on n'y gagne rien!).
L'épreuve a alors été perdu, et c'est pour cela que Moché s'est mis en colère contre eux.
[maintenant on ne gardait plus la manne la nuit : pas parce Hachem l'a ordonné, mais surtout parce qu'en agissant ainsi elle va devenir répugnante et attirer des vers, et il faudra tout nettoyer!]

<--->

-> Sarah a donné miraculeusement naissance à Its'hak alors qu'elle avait 90 ans.
"Sarah dit : D. m'a fait rire ; quiconque [l']entend rira à mon sujet" (Vayéra 21,6)

-> Rachi commente : De nombreuses femmes stériles sont devenues enceintes en même temps qu’elle, beaucoup de malades ont été guéris ce jour-là, de nombreuses prières ont été exaucées comme les siennes, il y a eu une grande joie dans le monde.

=> Rabbi Israël de Rouzhin demande : "Pourquoi Sarah était-elle joyeuse pour toutes ces femmes?
En effet, il s'agissait d'adoratrices d'idoles, et leurs enfants allaient probablement également devenir des adorateurs d'idoles. Pourquoi Sarah était-elle si heureuse d'augmenter le nombre d'idolâtres?

Le rabbi de Rouzhin répond que Sarah craignait qu'en conséquence de cet énorme miracle, tout le monde en vienne à reconnaître Hachem avec facilité, et que la émouna ne soit plus quelque chose de dur à acquérir.
Les gens proclameraient : "Avraham et Sarah, le couple qui a enseigné la émouna au monde entier dans leur vieil âge!"
Ce fait de donner naissance à 90 ans aurait été une preuve que Hachem existe, et qu'Il agit avec bonté envers ceux qui lui sont loyaux.

Sarah avait peur que cela annule l'épreuve de la émouna, qui est la raison de l'existence de ce monde.
Ainsi, elle s'est réjouit lorsqu'elle a entendu que de nombreuses femmes stériles ont également donné naissance à des enfants.
En effet, suite à cela on ne dirait plus qu'un grand miracle a eu lieu uniquement chez Sarah, puisqu'il a également eu lieu chez de très nombreuses autres femmes.
Grâce à cela le défi pour obtenir de la émouna va pouvoir continuer à exister. [d'où la joie de Sarah]

<-——————>

-> Le Pné Ména'hem rapporte au sujet de au sujet de Datan et Aviram :
Ces derniers éparpillèrent la manne la nuit de Shabbat afin de confondre Moché après qu'il eut annoncé que la Manne ne tomberait pas pendant Shabbat.
Finalement, des oiseaux arrivèrent et mangèrent la manne ainsi dispersée.

A priori cela demande quelque éclaircissement car la guémara (Yoma 76a) rapporte que la manne qui tombait atteignait une hauteur de 60 coudées (environ 30 mètres).
Or, il est certain que Datan et Aviram ne possédaient pas autant de manne à éparpiller autour du camp et il est évident qu'ils n'en dispersèrent qu'un petit peu.
Dès lors, comment pouvaient-ils espérer que le peuple prête foi à leurs paroles lorsqu'ils prétendaient que cette manne était tombée pendant la nuit de Shabbat?

Cela vient nous enseigner qu'il suffit de n'importe quel prétexte, aussi léger fût-il, pour refroidir entièrement la force de la émouna.

[ => on peut éventuellement dire que Moché s'irrita car ils refroidirent un peu la émouna du peuple juif (la manne étant ce pain de la émouna pendant 40 ans dans le désert!).
Des juifs pourraient se dire qu'effectivement un peu de manne est tombée à Shabbath, en contradiction avec ce qu'on leur avec affirmait ...]

<-——————>

-> Le rav Eliyahou Lopian enseigne :
Quelle était l'idée de Datan et Aviram, quel était leur calcul? Pourquoi ont-ils mis de côté de la manne pour le lendemain?
Ils ont pensé : "Qui sait ce qu'il y aura demain? Que mangerons-nous si par malheur la manne ne tombait pas? Un "tiens" vaut mieux que deux "tu l'auras". Mangeons la moitié de la manne d'aujourd'hui et gardons l'autre moitié pour demain. C'est plus sûr!"

En vérité, il est difficile de s'imaginer la situation dans laquelle se trouvaient les Bné Israël. Parce que nous, lorsque nous nous levons le matin, nous ouvrons le réfrigérateur et y trouvons des vivres. Si d'aventure, il s'avérait être vide, il nous reste l'option d'aller nous ravitailler chez l'épicier le plus proche. S'il n'y a pas le produit que nous recherchons, nous pouvons nous rendre dans l'un des grands supermarchés présents dans chaque ville.

Datan et Aviram craignaient de se lever le matin sans rien trouver à manger dans tout le campement. Ce n'est pas une situation facile ...
C'est pourquoi, pour plus de sécurité, ils ont gardé la moitié de leur portion journalière pour le lendemain.

Mais cela démontre qu'ils n'avaient pas de bita'hon en Hachem. Ils n'avaient pas confiance en Lui qu'Il leur donnerait à manger le lendemain comme Il leur avait donné à manger le jour même.

Après cet incident, le verset (v.21) dit : "Ils recueillirent cette substance tous les matins, chacun selon sa consommation".
Nos Sages commentent que chacun recevait exactement la même quantité que la veille. Or, Datan et Aviram n'avait mangé qu'un demi omer, au lieu de la portion normale d'une omer.
De ce fait, à partir de ce jour, ils reçurent un demi omer chacun, chaque jour.
C'est ce que dit le verset "Selon sa consommation", selon ce qu'il a mangé. Hier, vous avez consommé un demi omer, par manque de bita'hon, c'est donc la quantité que vous recevrez dorénavant, chaque jour, et ce pendant les 40 ans dans le désert.

"Et ses mains furent confiance (vayéhi yadav émouna), jusqu’à ce que vînt le soleil" (Béchala'h 17,12)

-> Le Divré Shmouël enseigne :
Quelqu'un qui a une véritable émouna, sa émouna devient littéralement comme ses mains.
De même qu'une personne peut faire des choses avec ses mains, de même nous pouvons accomplir des choses grâce à notre émouna ...
C'est le sens de ce verset qui compare la émouna à des mains (yadav émouna).
Car on peut se servir de notre émouna, de la même façon qu'un médecin ou un artisan va utiliser ses mains ...

Dans ce verset, les mots qui suivent : "jusqu’à ce que vînt le soleil" = signifient que jusqu'à l'arrivée du machia'h chaque juif a la puissance de réaliser des miracles simplement grâce à sa émouna.

<-------->

-> "Ses mains furent confiance" (yadav émouna)
N'est-ce pas que la émouna se situe dans la tête? Pourquoi le verset mentionne-t-il les mains?

Le Yissa Béra'ha de Modzitz explique que cela signifie que nous devons avoir de la émouna, et malgré cela faire la hichtadlout avec nos mains.

La traversée de la mer Rouge

+ La traversée de la mer Rouge (par le Sfat Emet) :

-> Nous récitons "s'il nous avait fendu la mer ... et ne nous l'avait pas faite traverser à sec, cela nous aurait suffi (dayénou)".
On peut l'expliquer simplement par le fait qu'il y aurait dû avoir de la boue.
Mais on peut dire que puisqu'il est écrit : "Les Bné Israël vinrent dans la mer à sec", l'essentiel du prodige consista dans le fait qu'ils marchèrent vraiment dans la mer et que pour eux elle fut sèche.
Car si on explique qu'Hachem déplaça la mer, ce n'est pas un si grand prodige que cela, car il est certain qu'Hachem peut transformer la mer en terre ferme.
Mais par amour pour Israël, Il fit en sorte que la mer demeura "mer" et que néanmoins, les Bné Israël y marchèrent à sec ...
C'est ce que l'on récite dans la Haggada : "Il nous l'a faite traverser à l'intérieur à sec" (éévirou béto'ho ba'harava).
[Sfat Emet - 2e soir de Pessa'h 5631]

<--->

-> Hachem bouleversa entièrement les lois de la nature ; les eaux elles-mêmes demeurèrent à leur place et malgré tout, elles furent comme de la terre ferme pour les Bné Israël.
Cela signifie qu'elles se transformèrent d'eaux humides et liquides en "eaux sèches".
Ce changement d'état constitua un prodige inédit qui n'eut pas de précédent depuis la création du monde.
L'aspect de l'eau demeura en toute chose celui de l'eau normale mais sans son caractère humide.
Celui qui la touchait restait sec, celui qui y pénétrait entièrement ne s'y noyait pas, celui qui plongeait dans les abîmes de ces eaux pouvait continuer à respirer un air pur et on s'y déplaçait tout à fait normalement malgré le tumulte des vagues environnantes.
Ce fut de cette manière que les Bné Israël traversèrent la mer elle-même, comme sur la terre ferme.

Si Hachem avait fendu la mer en 2 et avait transformé cet endroit en terre ferme (comme le sens littéral des versets), cela n'aurait pas été considéré comme un si grand prodige car il est clair qu'Hachem est en mesure de transformer la mer en terre ferme puisque c'est Lui qui a jadis amené l'eau à cet endroit.
Il peut donc l'enlever à Sa guise.

Selon le Sfat Emet, le véritable prodige consista à changer la nature propre de l'eau (grâce à cela il s'avéra clairement qu'Hachem peut modifier à sa guise la nature des éléments existants de manière non-conventionnelle).
Les Bné Israël allèrent ainsi dans la mer comme sur la terre ferme en marchant dans de "l'eau sèche".

=> En ce qui nous concerne, cela constitue une source d'encouragement dans tous les domaines. En effet Hachem est tellement au-dessus de tout, qu'Il a le pouvoir de tout changer. Rien n'est trop dur, trop petit, trop grand, ... pour Lui.
[d'après le rav Elimélé'h Biderman]

"Les Bné Israël se dirent les uns aux autres : "Qu'est-ceci? (manne ou)" car ils ne savaient ce que c'était" (Béchala'h 16,15)

-> Certains voient dans ce verset une allusion à ceux qui, par manque de considération envers leur prochain, sont frappés du mauvais trait de caractère qui consiste à les critiquer et à médire d'eux.

- "Les Bné Israël se dirent les uns aux autres : "Qu'est-ceci?" = c'est-à-dire : "qui est cette personne, que vaut-elle?" ;
- "car ils ne savaient ce que c'était" = cette mauvaise habitude provient du fait que nous ne réfléchissons pas à notre propre situation, à ce que nous sommes nous-mêmes.
[rav Elimélé'h Biderman]

[à l'image de la manne qui prenait le goût qu'on voulait qu'elle ait, autrui prend la saveur qu'on veut bien lui donner.
Si nous sommes un consommateur de points positifs d'autrui, alors il nous sera tellement agréable. A l'inverse il nous sera repoussant.
Combien il est facile de dévaloriser notre prochain, pour mieux flatter son égo, pour mieux justifier à nos yeux le fait de ne pas travailler à être meilleur.]

"Plus un individu était empreint de crainte Divine, plus la manne qu'il recevait avait un bon goût et était belle d'aspect"
[Pessita rabba Béchala'h]

<--->

-> Pour les tsadikim la manne descendait dans leur maison et même dans leur bouche.
Quant aux racha, ils devaient se fatiguer pour aller la ramasser [au loin].
[Mékhilta Béchala'h 16]

"Alors Moché et les enfants d’Israël chantèrent l’hymne suivant" (Béchala'h 15,1)

-> Le rav ‘Haïm Kanievski demande : pourquoi avant la Amida, dans la prière d’arvit, nous disons "Voyez, enfants, Sa vaillance, louez et glorifiez Son Nom" (raou banim ét guévourato, chibé'hou véodou lichmo), alors que dans celle de cha’harit, nous affirmons : "Pour cela, les bien-aimés loueront" (al zot chibé'hou aouvim)?
Comment, en l’espace d’une nuit, nous sommes passés du statut d’enfant à celui de bien-aimé?

Il explique qu’il existe une différence de fond entre un fils et un bien-aimé. Le statut de fils est irrévocable. Même un enfant qui ferait les plus grandes bêtises envers son père resterait son enfant.
Ceci est corroboré par la guémara (Kidouchin 36a) : "Rabbi Meïr affirme : qu’il en soit ainsi ou autrement, vous êtes appelés enfants [de D.]"
Par contre, seul un fils honorant son père mérite le titre de bien-aimé.

Dans les Pirké de Rabbi Eliezer, il est rapporté que, lorsque nos ancêtres se retrouvèrent dans la situation périlleuse où la mer leur faisait face et les égyptiens étaient à leurs trousses, ils eurent très peur, abandonnèrent toutes les abominations égyptiennes auxquelles ils étaient attachés et firent complète téchouva.

Le Rambam écrit (Hilkhot Téchouva 7,6) : "Le repentir rapproche les personnes éloignées. Celui qui, la veille, était détestable, abominable, éloigné et répugnant aux yeux de D., ce jour-là, est bien-aimé, agréé, proche et ami de Lui."
=> Ainsi, avant la séparation de la mer, les enfants d’Israël avaient le statut d’enfants, alors que le lendemain matin, après qu’ils se furent repentis, ils devinrent Ses bien-aimés.
D’où la différence entre la prière du soir où nous évoquons le statut de "fils" (banim) et celle du matin où nous mentionnons celui de "bien-aimés" (aouvim).

"Je vais faire pleuvoir pour vous du pain du Ciel, le peuple ira en ramasser chaque jour sa provision pour que Je l’éprouve : marchera-t-il dans Mes lois ou non" (Béchala'h 16,4)

-> Le Malbim trouve dans ce passage 7 principes que Hachem a enseignés au peuple :

1°/ La clef de la subsistance est uniquement aux mains de D., ainsi qu’il est dit : "Je vais faire pleuvoir".

2°/ Le pain vient du ciel, pas de la terre. L’essentiel de la nourriture parfaite est la nourriture spirituelle, qui est celle de l’âme. C’est l’essentiel de l’homme, au point qu’il ne vit pas par la nourriture matérielle mais uniquement par ce qui sort de la bouche de Hachem.

3°/ L’homme ne doit pas se fatiguer à amasser une fortune en se mettant en danger par la traversée des mers, des déserts et des îles lointaines, car Celui qui donne la vie donne la subsistance.
Il est vrai qu’on doit faire un petit quelque chose, ainsi qu’il est dit : "le peuple ira en ramasser", mais la subsistance lui est assurée tout près et il la trouvera tout de suite en sortant de chez lui.

4°/ Quiconque a de quoi manger aujourd’hui et dit : "Que mangerons-nous demain?" n’a pas beaucoup de émouna (guémara Sotah 48b).
Il est dit à ce propos "en ramasser chaque jour sa provision, pour que Je l’éprouve : marchera-t-il dans Mes voies ou non", car alors Hachem lui donnera sa subsistance chaque jour, de la même façon qu’Il a préparé la subsistance des lévi'im et de quiconque s’écarte des préoccupations de ce monde pour étudier la Torah, auquel cas il obtiendra sa subsistance facilement par la Providence de Hachem.

5°/ Dans la sainteté il faut une préparation, ainsi qu’il est écrit "ils prépareront."

6°/ Toute la subsistance est fixée, sauf les dépenses pour le Shabbat, qu’on obtiendra en fonction de sa préparation et de son désir de se réjouir de Hachem.

7°/ Par le respect du Chabbat, on gagnera sa vie tous les jours de la semaine, ainsi qu’il est dit "ce qu’ils auront ramassé chaque jour."

<----------------->

-> "Tout ce qui s'est passé à l'époque de la manne [la subsistance], se passe encore aujourd'hui, seulement la Providence d'Hachem était révélée à leurs yeux alors qu'aujourd'hui elle est cachée, quand bien même elle est similaire."
[rav Yérou'ham de Mir]

<----------------->

-> "Je vais faire pleuvoir pour vous du pain du Ciel" (Béchala'h 16,4)

-> Concernant le verset qui traite de l'autorisation de cuisiner pendant Yom Tov (un jour de fête), il est dit : "Cela uniquement sera fait pour vous", et nos Sages d'expliquer : "Pour vous et pas pour l'étranger".
[De là on déduit qu'on ne peut pas cuisiner pour un non-juif à Yom Tov]
Si on applique la même explication des termes "pour vous" à notre verset, cela signifiera qu'Hachem va faire pleuvoir du pain du Ciel "pour vous" et pas pour l'étranger.
Il s'agit de l'étranger qui est en nous, à savoir toutes les forces négatives et mauvaises de notre personne.
Le verset vient ici dire que la manne ne nourrissait et ne renforçait que le bon côté de l'homme, mais n'apportait aucune énergie et aucune force aux parties étrangères, c'est à dire au mal qui est en l'homme.
['Hidouché haRim]

"Remplis d’effroi, les Israélites jetèrent des cris" (Béchala'h 14,10)

=> Pourquoi les Bné Israël crièrent-ils?

Le Maor vaChémech explique qu’en réalité, ils crièrent d’avoir eu peur des égyptiens.
Ils éprouvèrent du chagrin d’avoir craint des êtres de chair et de sang. Car, un homme animé d’une authentique crainte de D. a honte d’avoir peur d’une créature matérielle, conscient que seul Hachem doit lui inspirer de la crainte.

Hachem ne conduisit pas les Bné Israël de manière naturelle.
D’après les lois de la nature, l’eau tombe du ciel et le pain (la farine) pousse dans la terre. Or, dans le désert, ce fut le contraire : Hachem leur fit tomber le pain du ciel et leur fit monter l’eau de la terre.

[Alé Béer - Béchala'h 13,17]

<-------------------------->

+ "Ce fut, lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple, [que] D. ne les conduisit pas par le chemin des Philistins, parce qu’il est proche (ki karov ou), car D. dit : "De peur que le peuple ne se ravise lorsqu’ils verront une guerre et qu’ils ne retournent en Égypte"." (Béchala'h 13,17)

-> Le Daat Zékénim explique que "ki karov ou" (parce qu’il est proche) signifie : "Le peuple [juif] est proche [karov] d’Hachem, comme il est dit : "Israël, le peuple qui est proche de Lui" et c’est pourquoi, Il ne les a pas dirigés selon les voies naturelles du monde."

-> Hachem n’a pas fait passer le peuple juif par la terre des Philistins, bien que ce fût le chemin le plus court pour sortir d’Égypte. La raison avancée est "ki karov ou" et les commentateurs proposent diverses interprétations quant à cette expression.
Rachi explique que la proximité entre l’Égypte et la terre de Canaan (s’ils étaient passés par celle des Philistins) aurait présenté le risque que le peuple juif veuille retourner en Égypte, dès lors que leur périple présenterait des difficultés. C’est pourquoi Hachem les fit passer par un chemin plus tortueux, afin qu’il leur soit plus laborieux de faire demi-tour.

Le Daat Zékénim explique autrement les mots "ki karov ou". "ou" se réfère ici au peuple juif et le verset indique que du fait de la proximité (karov) des Bné Israël avec Hachem, Il ne les fit pas passer par le chemin le plus court.
Rav Sim’ha Zissel Brody (Sam Déré'h - Béchala'h 13,17) souligne que le peuple juif a un lien particulier avec Hachem, que prouve la Providence divine (hachga'ha pratit). Hachem observe et dirige tous les peuples, mais pas comme Il le fait avec nous. Les autres nations sont soumises aux lois de la nature, tandis que la Hachga'ha avec laquelle Il dirige Son peuple (tout au long de l’Histoire) dépasse les lois de la nature.
Le rav Brody compare la Hachga'ha des autres nations à celui qui tire à l’arc ; une fois la flèche lancée, elle suit une trajectoire rectiligne et ne peut plus changer de direction.
En revanche, la Hachga'ha vis-à-vis du peuple juif ressemble à celui qui manie un objet avec sa main ; il peut à tout moment changer de direction. Hachem est constamment lié au peuple juif et dirige les événements d’une façon qui ne cadre pas aux autres nations.

-> En ce sens à la sortie d'Egypte, Hachem avait une raison de faire passer les juifs par un chemin différent. Ainsi, ils se retrouvèrent devant la mer, dans le besoin urgent d’un grand miracle, tandis que les égyptiens se rapprochaient. Cette route bien plus périlleuse leur fit expérimenter l’un des prodiges les plus extraordinaires de l’Histoire. En effet, les autres miracles étaient nécessaires afin d’assujettir les Égyptiens, tandis que celui de l’ouverture de la mer se produisit simplement parce qu’Hachem voulut montrer Son lien étroit avec le peuple juif et qu’Il préféra ne pas les faire passer par la terre des Philistins (chemin le plus court).

=> Parfois, Hachem nous fait dévier et passer par un chemin plus long, plus rempli d’embuches et nous nous en demandons la raison. Ce n’est que plus tard que nous réalisons que c’est par amour, parce qu’Il est proche de nous, qu’Il nous fit prendre ce détour.

[Hachem a ses raisons. N'oublions pas également que dans ce monde éphémère, le chemin peut être un peu plus long, un peu plus dur, mais cela est afin d'avoir une vie éternelle qui sera infiniment meilleure, plus méritante et proche d'Hachem.
Mais surtout n'oublions pas que quoique nous puissions faire dans notre vie : "ki karov ou" = le peuple [juif] est proche [karov] d’Hachem = Hachem nous aimera toujours, et nous serons toujours important (son fils adoré) à Ses yeux!]

<-------------------------->

-> "Et D. ne les conduisit pas par le chemin des Philistins, parce qu'il était proche" (Béchala'h 13,17)

-> Le Chla haKadoch écrit :
"Vois et considère, combien un homme doit réfléchir afin de se faire des limites et des barrières pour ne pas en venir à fauter. Hachem Lui-même éloigna le peuple afin qu'il ne se rétracte pas (d'être sorti d'Egypte)."

Cela signifie que, puisque les Bné Israël étaient proches, par leur pensée, de l'Egypte et de son impureté, Hachem dut les faire dévier de leur itinéraire par le désert, afin de les éloigner de l'Egypte, de peur qu'en voyant les égyptiens, ils retournent à leurs mauvaises voies.
D'après cela, le Chla haKadoch explique allusivement le verset du prophète Yéchayhou (57,19) : "Paix, paix, sur l'éloigné et sur le proche, dit Hachem", de la manière qui suit : "Paix, paix, sur l'éloigné" = la paix attend celui qui, à l'aide des barrières et des limites qu'il se fixe, s'éloigne de tout soupçon de faute et de péché car en les respectant, il devient proche d'Hachem puisque celles-ci l'empêchent de trébucher.

[c'est seulement en établissant des barrières que l'on peut espérer conserver l'essentiel et les exigences de la Torah à proprement dite, autrement, même l'essentiel est en péril. ]

Ce qui se passe en-Haut, nous impact

+ Ce qui se passe en-Haut, nous impact :

-> "Le cheval et cavalier qu'Il a lancé dans la mer" (souss véro'hévo rama bayam - Béchala'h 15,1)

=> Pourquoi le verset utilise-t-il un mot pour "lancé" (rama - רָמָה) qui dénote une élévation?

Il me semble que l'explication de tout ceci est la suivante :
Le midrach (Chémot rabba 21,7 ; Zohar 2:170b) raconte que l'ange d'Egypte a prétendu devant D. que les égyptiens et les juifs étaient des idolâtres, alors pourquoi les égyptiens seraient-ils noyés alors que le peuple juif est sauvé?
Ceci est problématique. Pourquoi Hachem a-t-il permis cette accusation contre le peuple juif?
Il l'a fait pour faciliter la chute des égyptiens, afin qu'ils osent poursuivre le peuple juif jusqu'à la mer, où "les eaux profondes les couvriraient "(Béchala'h 15,5).
Sans cette allégation céleste, les égyptiens n'auraient pas suivi effrontément le peuple juif jusqu'à la mer.
En effet, après avoir été témoins des miracles et des prodiges accomplis par Hachem, après avoir été punis par les 10 plaies, tout cela à cause du peuple juif, les égyptiens ont certainement compris que la mer s'était séparée uniquement pour le bien du peuple juif et que s'ils le suivaient, l'eau reviendrait et les submergerait, comme cela s'est effectivement produit.

Mais Hachem voulait que les égyptiens aient la liberté de vouloir et de choisir d'entrer dans la mer à la poursuite du peuple juif. À cette fin, D. a orchestré l'accusation céleste momentanée afin d'éveiller chez les égyptiens l'envie de poursuivre le peuple juif.
Même si les Égyptiens n'étaient pas conscients de l'accusation céleste contre les juifs, ils en étaient conscients sur le plan spirituel (guémara Sanhédrin 94a).
Telle est la nature humaine : sentir ce qui est dit à propos de quelqu'un d'en Haut. Ce qui se passe en Haut se fait sentir en bas, que ce soit au détriment ou au bénéfice de la personne.

D. avait prévu qu'à la suite de l'accusation céleste portée contre le peuple juif, les égyptiens croiraient que le moment était propice pour l'emporter, et qu'ils se jetteraient dans la mer à la suite du peuple juif. En agissant ainsi, l'armée égyptienne exercerait son libre arbitre et accomplirait sa propre volonté.
C'est ainsi qu'"Il fait grandir les nations et les détruit" (Iyov 12,23), et que "pas un seul d'entre eux n'est resté" (Béchala'h 14,28).
[ la guémara (Méguila 50a) explique que même les gens simples, qui ne peuvent recevoir de prophétie, sont capables d'avoir une idée de ce qui se passe au Ciel. Ici aussi, lorsque l'ange a accusé le peuple juif d'être idolâtre, les égyptiens l'ont senti et ont éprouvé le besoin de poursuivre le peuple juif dans la mer, pensant qu'ils avaient une chance de l'emporter.]

C'est ce à quoi fait allusion l'expression "rama bayam" (lancé dans la mer), en utilisant un verbe qui implique une élévation, indiquant qu'ils ont été élevés un peu pour pouvoir suivre effrontément le peuple juif dans la mer.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

<--->

=> En orchestrant une accusation contre les juifs dans le tribunal céleste (en Haut), Hachem a enhardi les égyptiens à poursuivre le peuple juif jusqu'à la mer.