Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Le cantique de la mer

+ La Chirat haYam (le cantique de la mer - paracha Béchala'h) :

-> [Chaque jour dans la prière du matin,] il faudra chanter la Chirat haYam joyeusement, tout en imaginant que l'ont traverse la mer rouge à pieds secs et que nos poursuivants égyptiens se noient, alors que nous nous sortons indemnes de cette traversée, car cela procure une grande satisfaction à Hachem.
De plus, il s'agit d'une grande ségoula pour l'expiation de nos fautes.
[le 'Hida - Tsiporèn chamir]

[la routine quotidienne ne doit pas nous empêcher de vivre chaque chirat haYam comme étant notre 1ere et unique traversée de la mer Rouge, et ce afin de refaire pleinement le plein de reconnaissance, de émouna et de conscience de la grandeur de Hachem! ]

-> Selon le 'Hidouché haRim, en rappelant quotidiennement cet événement nous renforçons constamment la flamme de émouna (foi) qui a été implantée dans le subconscient juif à partir de la traversée de la mer Rouge.

-> Si une personne récite ce cantique avec émotion et avec joie, elle méritera de le chanter dans le monde futur.
Elle méritera de le réciter lorsqu'elle accueillera le machia'h.
[Zohar - Térouma - rapporté par le Méam Loez (Béchala'h 14,30-31)]

-> Le Méam Loez ajoute également :
Bien entendu, il ne s'agit pas de débiter les mots machinalement mais de croire en la promesse de D. et de reconnaître qu'Il peut accomplir les plus grands miracles.
Nos Sages enseignent que par le mérite de leur foi, les juifs assistèrent à une révélation de la Présence Divine qui leur permit de composer ce cantique.

C'est également la raison pour laquelle la Amida doit être récitée immédiatement après la bénédiction de la rédemption (barou'h ata Hachem gaal Israël), sans la moindre interruption.
Ce faisant, nous imitons les juifs qui chantèrent une louange à D. immédiatement après leur délivrance.

Avant de réciter ce cantique, dans la prière du matin, il faut purifier son cœur : se repentir de toutes ses fautes et s'imposer de servir Hachem totalement sans transgresser le moindre de Ses commandements.

<--->

-> Pendant notre lecture de la chirat hayam, il est bon de s'imaginer cheminant sain et sauf sur la terre sèche, au milieu des flots, tandis que les égyptiens, nos oppresseurs, sont emportés par les eaux.
Ces pensées et cette joie lors de cette lecture chantée expient nos fautes, comme l'écrit le Zohar (rapporté par le 'Hida dans Tsiporen Chamir 2,24 ; par le michna Broura 51,17 ; le Kaf ha'Haïm 12,24 ; et le Ben Ich 'Haï Vayigach 13).
Il convient de prendre au sérieux cette ségoula, car on obtient ainsi le pardon de nos fautes sans souffrances ni tourments (Yossef Omets - 281).

-> Le Kav haYachar (chap.50) ramène au nom du Zohar que celui qui lit les Pessouké déZimra et la Chirat haYam (az yachir Moché) avec ferveur méritera de voir le machia'h portant sa couronne et sa vengeance sur les non-juifs qui ont opprimé les juifs. Il aura alors le niveau de dire cette Chira à ce moment avec lui.

<--->

-> Le Zohar (Béchala'h 54a) affirme : "Tout celui qui récite quotidiennement ce Cantique [de la mer] et s’y concentre, méritera de le réciter dans l’avenir [lors de la Résurrection des Morts]"

<--->

-> Le cantique contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé'hayé]

<--------------->

-> "On dira la chirat hayam avec joie, en s'imaginant que le jour même, nous avons traversé la mer rouge.
Celui qui récite cette louange avec joie est pardonné de ses péchés"

[Michna Béroura - Ora'h 'Haïm 51,17 - citant le Zohar]

<--------------->

-> Nous trouvons dans le Séfer 'Harédim (chap.73), livre datant du 16e siècle :

"Après avoir écrit sur les remèdes spirituels qui sont plutôt "chers" (car plutôt difficiles à réaliser, comme le fait de devoir jeûner ou de subir des afflictions physiques), nous allons maintenant étudier et rechercher les remèdes qui ne sont pas chers (ils sont faciles à faire).
[...]
On doit réciter la Chirat haYam, tous les jours, avec un bonne concentration (kavana), à haute voix (sans en venir à perturber notre entourage) et avec beaucoup de joie.
[...]
Le midrach rapporte que les juifs ont obtenu le pardon de toutes leurs fautes, au moment où ils l'ont chanté en traversant la mer Rouge.
Selon Rabbi Chimon bar Yo'haï, il y a une allusion dans la Torah au fait que nous devons dire ce chant tous les jours (Béchala'h 15,1 : la double utilisation : "vayomérou lémor"), et ce de la même manière qu'il a pu être récité la 1ere fois, dans une joie totale ...

Tout celui qui récite "Az yachir" et qui remercie Son Maître [Hachem] pour toute la bonté qu'Il a fait à nos ancêtres et à nous, à haute voix et avec une grande joie, comme s'il venait juste de sortir d'Egypte, alors toutes ses fautes lui sont pardonnées.
Il est semblable à un enfant qui vient juste de naître, sans aucune faute
"

-> A ce sujet, le rav Yé'hezkel Levinstein enseigne :
"Pour que toutes ses fautes lui soient effacées, il doit réfléchir attentivement au contenu de ce cantique, de manière à se faire une idée, à partir du texte qu'il récite, de la veille et de la providence de Hachem sur Sa création
[...]
Chacun des mots, nous donne une petite idée de Sa force et de Sa puissance, et du principe selon lequel tout se produit et évolue exclusivement selon Sa volonté.

Celui qui parvient à prononcer ainsi la Chirat haYam mérite assurément de voir toutes ses fautes pardonnées, car un tel homme est véritablement attaché à Hachem. "

<--->

-> Le Beit Aharon enseigne que tout ce qui s'est passé par le passé et tout ce qui se passera dans le futur est dans le Az Yachir (le cantique de la mer).
Une personne peut acquérir tous ses besoins spirituels et matériels, par le fait de proclamer "Az Yachir" de tout son cœur, avec un abnégation de soi, selon son niveau.

<--->

-> Celui pour qui il est difficile de trouver l'épouse que le Ciel lui destine, devra réciter la Chirat haYam avec ferveur.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - mariage]

<--------------------------------->

+ "C'est [en se rappelant et en ayant conscience] des miracles grands et évidents, qu'une personne va finalement prendre conscience des miracles cachés [de la vie quotidienne], qui sont le fondement de toute la Torah.
Car une personne n'a pas de part dans la Torah de Moché, sauf si elle croit qu'absolument tout ce qui se passe est un miracle.
Il n'y a pas de "naturalité" ou bien de "cours normal du monde", et ce au niveau de la communauté et de l'individu."

[Ramban - Bo 13,16]

-> Rabbi Moché Wolfson enseigne que les miracles incroyables, à l'image des 10 plaies et de l'ouverture de la mer Rouge, dont tout le peuple juif a été témoin, viennent nous enseigner que rien ne peut se passer sans l'accord de Hachem.

Pourtant, la croissance d'un pomme sur un arbre (phénomène qui a lieu depuis la Création du monde) n'est pas moins miraculeux que la tombée de la manne dans le désert (pendant 40 ans dans le désert).
L'occurrence d'un événement n'est pas ce qui défini un miracle!

=> Chaque jour, lorsque nous récitons la Chirat haYam, nous revivons les miracles incroyables d'Egypte, ce qui va réveiller en nous une prise de conscience de tous les miracles dont nous bénéficions dans notre vie personnelle.

Il est plus grand de louer Hachem pour un miracle qui est caché (ex: par sa fréquence, "normalité"), que de le faire pour un miracle qui ne l'est pas.

[dans la amida, à modim, nous remercions Hachem pour "les miracles qui nous arrivent chaque jour".
C'est une réalité, nous bénéficions tous de très ombreux miracles au quotidien!]

<--------------------------------->

-> Il est rapporté dans le midrach (Chir haChirim rabba 5) que les Bné Israël chantèrent le Cantique de la Mer, mais également le Cantique des Cantiques (chir hachirim), comme il est écrit : "ét achira azot" (את השירה הזאת), le terme "את" (ét) est toujours employé pour ajouter une enseignement. Ici, il vient nous indiquer qu'ils ont également chanté le Chir haChirim.
Le Rokéa'h ajoute dans son commentaire que le mot "haChirim" (השירים) contient les mêmes lettres que les termes "chir aYam" (Cantique de la Mer - שיר הים).

-> Le cantique de la Mer Rouge contient 18 verset et le Nom d'Hachem (הוי"ה) est mentionné dans la Torah à 18 reprises depuis la Création du monde, jusqu'à ce que le peuple d'Israël entonne le cantique de la mer Rouge.
Aucun être humain n'avait entrepris de chanter un cantique pour Hachem jusqu'alors.
D. créa Adam mais celui-ci ne chanta pas ; Il sauva Avraham de la fournaise et des rois mais ce dernier ne chanta pas ; Il sauva Its'hak de la Adéka mais lui non plus ne chanta pas ; Il préserva Yaakov de l'ange d'Essav ainsi que de Chékhem mais celui-ci n'entonna pas de cantique.
Mais lorsque le peuple d'Israël arriva devant la mer Rouge qui se fendit en 12 parcelles, il se mit immédiatement à entonner un chant en l'honneur de la gloire d'Hachem.

Il y eut au total 10 cantiques dans toutes l'histoire du peuple juif, comme nous en trouvons une allusion dans le mot : "[az] yachir" (il chantera - ישיר), qui peut également être lu י שיר (10 cantiques - youd chir).
Voici la liste des 10 cantiques : le cantique de la mer Rouge, celui du puits, Haazinou, le chant de Yéhochoua, celui de Débora, de 'Hanna, de David, de 'Hizkiyahou et le cantique de la fin des temps.
[midrach Tan'houma - Béchala'h 10]

<--------------------------------->

-> On peut remarquer différents types de miracles :

1°/ ceux qui sont révélés et exceptionnels :
Il s'agit de tout ce qui est rare, inhabituel, qui sort du lot et devient alors incroyable à nos yeux.

2°/ ceux qui nous sont révélés et ordinaires :
Le premier homme : Adam, s'est inquiété la 1ere fois que le soleil a disparu, laissant place à la nuit (va-t-il revenir?).
Par la suite, c'est devenu une normalité (car cyclique).

A chaque instant, nous bénéficions de miracles incroyables, que la routine dévalorise pleinement (c'est un dû, une normalité!).

3°/ ceux qui sont cachés (exceptionnels et ordinaires) :
Ce sont les plus nombreux, car nous n'avons pas conscience de tout le bien dont Hachem nous inonde à chaque instant.

En effet, selon le Zohar (sur le Téhilim 136,4), seul Hachem est au courant de l'intégralité des plans qu'élaborent nos ennemis à notre égard.
Hachem nous en sauve (faisant des miracles), sans que nous en soyons conscient.

De plus, il n'est pas rare de se plaindre de certaines choses que nous percevons comme étant mauvaises, alors qu'en réalité ce sont de grandes bontés miraculeuses de D.

=> La Chirat haYam est une occasion quotidienne de vivre de grands miracles, où Hachem se dévoile directement avec force et puissance (puisque n'étant plus caché par ce qu'on appelle les "lois de la nature").
Cela va allumer une lumière dans notre vie, grâce à laquelle on va voir plus clairement que nous bénéficions au quotidien de très nombreux miracles de D., qui sont tout aussi grands, mais plus cachés.

<--------------------------------------------------------------------->

+ Les femmes & la Chirat haYam :

-> "C'est par le mérite des femmes vertueuses de cette génération que les enfants d'Israël ont été délivrés" [guémara Sota 11b]

-> La Mékhilta enseigne que le cantique des femmes, et non celui des hommes, fut accompagné du son des tambourins : confiantes et certaines que Hachem accomplirait des miracles, elles avaient préparée des tambourins pour chanter l'éloge de D.

-> Le Chla haKadoch voit une allusion à cette supériorité dans l'emploi par Myriam de la forme masculine pour s'adresser aux femmes (v.15,21).
Les femmes ont toujours davantage cru à la délivrance et aux prodiges qui l'accompagneraient, que les hommes.
Elles les ont nourri matériellement, sentimentalement et spirituellement afin qu'ils puissent survivre à l'oppression égyptienne.

-> C'est par son propre mérite que Myriam dirigeait les femmes, et non parce qu'elle était la sœur de Moché et de Aharaon.
La Torah l'appelle "prophétesse" ("Myriam hanévia" - v.15,20), parce qu'elle a prophétisé en Egypte avant la naissance de Moché, quand Aharon était encore enfant, et prédit à ses parents la naissance d'un fils qui serait le sauveur d'Israël (guémara Sota 13a).

-> "D. a mis plus de Bita’hon (confiance en D.) dans la femme que dans l’homme" [guémara Béra’hot 17a]

Le Maharal explique que la femme de par sa nature est plus proche de D., et de ce fait, elle n’a nul besoin de tellement peiner dans la Torah dans le but de briser sa nature et son yétser ara.
Le rav Pinkous (Néfech ‘Haya) développe qu’ainsi la avoda de la femme réside essentiellement dans le fait d’utiliser les événements de sa vie, comme autant d’occasions de se tourner vers Hachem, de se lier encore plus à D.

<-------------------->

-> "Myriam la prophétesse (hanévia), sœur d'Aharon, prit le tambourin dans sa main" (Béchala'h 15,20)

On peut s'interroger : Pourquoi n'est-il pas également écrit qu'elle était la sœur de Moché? Et que vient nous apprendre le fait de savoir qu'elle a pris le tambourin de sa main?

Nos Sages rapportent que Amram, le père de Myriam, a divorcé de sa femme (Yo'hévét) dans un but d'éviter d'avoir des enfants qui seraient pris ensuite et tués par les égyptiens. Puisque Amram était le dirigeant de la génération, alors tous les autres juifs ont suivi son exemple, divorçant avec leur femme.
C'est à ce moment là que Myriam, âgée de 6 ans, a reçu une prophétie affirmant que sa mère allait donner naissance au sauveteur d'Israël, et elle a réussi à convaincre ses parents de se remettre ensemble.
[vous êtes pires que Pharaon, qui lui tue seulement les garçons, et dont le plan n'est pas certain de réussir, alors que vous, vous tuez les garçons et les filles à 100%, et en plus sans permettre la naissance du libérateur de la prophétie]

La guémara (Sotah 12) décrit ce remariage qui s'est déroulé entre Amram et Yo'hévét, où tout le monde dansait, dont Aharon (âgé de 3 ans) et Myriam, cette dernière jouait du tambourin, comme symbole d'espoir.
Lorsque Moché est né de cette union, Amram a embrassé sa fille, lui disant : "Ma chère Myriam, ta prophétie s'est réalisée".

Lorsque Moché libère la Nation juive d'Egypte, en traversant la mer Rouge, Myriam a pu observer les égyptiens : "morts sur le rivage", et c'est alors qu'il lui a été clair que sa prophétie de "petite fille" (à 6 ans), s'est entièrement réalisée. A ce moment, elle a pris le même tambourin, qu'elle portait en permanence avec elle, comme symbole de sa émouna et de son impatience de la guéoula, et elle s'est alors empressée d'en rejouer comme au moment du remariage de ses parents.

[le verset met bien ce parallèle en avant : "Myriam la prophétesse (c'est sa prophétie qui a permis à ses parents de se remarier, entraînant la naissance de Moché, et donc la libération du peuple juif), sœur d'Aharon (au remariage de ses parents, Moché n'était pas encore né), prit le tambourin dans sa main (le même qu'à ce remariage)"]

<--->

-> La période d'asservissement le plus pénible débuta avec la naissance de Myriam. C'est pour cela qu'elle fut nommée Myriam, le mot : "mar" signifiant : amer.
De plus, on la surnommait : "bich gada" = malchance.

Lorsqu'on l'appelait ainsi, elle répondait : "Appelez-moi plutôt "Mazal Tov" (bonne fortune). Plus l'asservissement est pénible, plus la rédemption est proche".
Elle expliqua à ces personnes que leur situation ressemBlait à celle d'une femme en couches : plus le moment de la délivrance approche, plus les douleurs sont fortes. Mais les gens ne croyaient pas à son explication et la considéraient, en partie responsable de leurs malheurs.
Pour sa part, elle acceptait leur attitude avec amour.

C'est pourquoi la Torah souligne Myriam (ne disant pas plus globalement que toutes les femmes, dont Myriam) prit en main un tambourin pour chanter.
La femme que l'on avait insultée et appelée "Malchance" et "Amertume" put dès lors encourager toutes les autres à chanter.
Elle dit : "Vous voyez, à présent, que ce que j'avais dit était vrai. La rédemption est née du plus profond de l'amertume."
[Méam Loez - Béchala'h 15,20-21]

<--->

-> "Myriam la prophétesse, sœur d'Aharon, prit le tambourin dans sa main" (15,20)

=> Pourquoi a-t-elle pris un tambourin et pas un autre instrument de musique?
Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que c'est peut-être car un tambourin se joue en tapant dessus.
Cela fait allusion que si par moment la vie est difficile, qu'on reçoit des coups, en réalité c'est une belle musique qui en ressort car au final toute difficulté sera pour notre bien.

<-------------------->

-> "Myriam leur dit : “Chantez à Hachem” " (Béchala'h 15, 21) :

La Torah rapporte littéralement que “Myriam dit à eux (להם – Lahém)”.
A priori, on se serait plutôt attendu qu’elle s’adresse aux femmes, et non aux hommes. Le verset aurait donc dû dire : “à elles” (et non "à eux").

Myriam prit des tambourins pour accompagner son chant et celui de toutes les femmes.
Les commentateurs expliquent qu’en fait elle voulait, par le bruit de ces instruments, couvrir la voix des femmes, pour ne pas que les hommes les entendent. Et ce car nos Sages disent que la voix d’une femme qui chante est considérée comme une "nudité", et les hommes doivent s’abstenir de l’écouter, pour ne pas risquer d’avoir de mauvaises pensées.
Ainsi, elle parla aux hommes et leur dit de chanter à Hachem, pour que leurs voix également puissent couvrir les voix des femmes, en plus du bruit des tambours.
[le Zéved Tov]

-> Le 'Hida (Na'hal Kédoumim) rapporte la guémara (Nidda 13a), qui statue que certaines activités qui sont normalement interdites car pouvant entraîner des pensées interdites, deviennent permises lorsqu'il y a la présence Divine.
Puisque nos Sages enseignent qu'à la mer Rouge, il y avait une énorme révélation de la présence Divine, alors les femmes étaient autorisées à chanter en face des hommes, sans avoir peur que cela entraîne des pensées interdites.

<--->

-> D'après le sens littéral, certains commentateurs expliquent qu'elle prit des tambourins afin que les percussions cachent les voix des femmes.

D'après le sod, il faut répondre que le mot "tambourin" (תף) a la même guématria que "L-ilit" (לילי"ת), qui est le mauvais penchant.
Le verset nous enseigne ainsi que Myriam réussit à soumettre les 480 campements de L-ilit qui dresse sans cesse des obstacles pour faire fauter l'homme. Il n'y avait donc plus à craindre que les voix des femmes, considérées comme une nudité, ne viennent faire fauter les hommes puisque le mauvais penchant fut soumis entre les mains de Myriam la prophétesse.
De ce fait, les forces du mal n'ayant plus la capacité d'opérer, les femmes purent chanter à la gloire d'Hachem.
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou]

<-------------------->

+ Le chant des femmes :

-> Myriam leur répondit : "Chantez Hachem, Il est souverain et majestueux ; Le cheval et son cavalier Il a lances dans la mer" (Béchala'h 15, 21)

On peut se poser 2 questions :
- A quelle question répondit Myriam?
- Pourquoi Myriam a-t-elle choisi spécialement ce verset parmi toute la Chira ?

Le Rav 'Hachine dans son livre "Yalkout Mahamarim" répond ainsi :
"Les femmes ont souffert terriblement de l'exil, et grâce a elles nous sommes sortis d'Egypte, mais cependant, le but de la sortie d'Egypte était d'arriver au Sinaï pour recevoir la Torah.
Lorsque Myriam proposa aux filles d'Israël de proclamer des louanges à Hachem pour tous les miracles qu'il avait fait, les femmes s'étonnèrent car elles avaient été exemptes de l'étude de la Torah, Torah qui était le but de la sortie d'Egypte.
Elles ne voyaient donc pas le besoin de chanter.

A cela, Myriam leur répondit : "Le cheval et son cavalier, il a lance dans la mer."
Pourquoi les chevaux furent-ils aussi noyés dans la mer ? Qu'elle était leur faute ?

En fait, étant donné que les chevaux aidèrent les Egyptiens a poursuivre les juifs, ils avaient leur part de responsabilité et furent punis pour cela.
Par raisonnement inverse, nous apprenons que celui qui aide son prochain a étudier la Torah en est infiniment récompensé, en particulier les femmes qui aident leur mari.

-> Il faut voir l'image cavalier avec son cheval de la bonne façon, car il n'y a pas de concurrence au sein d'un couple, chacun ayant un rôle complémentaire à jouer.

Grâce à un cheval, un homme peut parcourir une distance beaucoup plus importante, et ce sans avoir à faire beaucoup d'efforts.

L'homme et la femme sont nécessaires afin de se sublimer sur la bonne route de ce monde, qui est rempli des tromperies du yétser ara.

On peut citer les paroles du 'Hafets 'Haïm sur sa femme Freida :
"C’est au crédit de ma femme si j’ai pu étudier la Torah durant toute ma vie et que j’ai pu être l’auteur de livres.
Elle était toujours contente de son sort et n’a jamais été attirée par les tentations de ce monde.
Grâce à elle, j’ai toujours pu étudier la Torah entouré de tranquillité."

On peut également citer les paroles de Rabbi Akiva, qui a son retour après 24 années d'étude de la Torah, il dit à ses 24 000 élèves : "C’est à elle que nous devons ma Torah, et la vôtre!"

-> Nos Sages disent que la récompense pour les femmes est plus grande que celle des hommes, car par le fait de permettre à leur mari/enfants d'étudier la Torah, elles sont récompensées sur la base d'une étude parfaite et totale de leur part.
Quand à lui, l'homme doit éviter de papoter, de se laisser aller en n'étant pas entièrement investi, ... car sinon il n'aura que peu de récompenses dessus (à l'inverse de sa femme).

"Voici mon D., je veux lui rendre hommage, le D. de mon père, et je veux le glorifier (l'exalter)" (Béchala'h 15,2)

-> Rachi d'expliquer : "Voici mon D." :
"C'est dans sa gloire qu'Il leur est apparu et ils L'ont montré du doigt.
La servante a vu dans la Mer ce que les prophètes (eux-mêmes) n'avaient pas vu"

Ainsi, la révélation divine a été si éclatante, qu'ils ont montré D. "Lui même du doigt", et que même la servante a vu de ses propres yeux la Majesté divine, comme il est écrit :
"La servante a vu dans la mer ce que n'a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes" (midrach Mékhilta Chémot 15,2).

A priori, la servante qui a bénéficié, ce jour-là, d'une vision supérieure à celle des prophètes aurait dû atteindre un haut niveau et se transformer.
=> Pourquoi, après cette vision forte de la présence divine, est-elle restée une simple servante avec toute sa légèreté?

Elle est demeurée à son niveau antérieur car cette révélation n'est qu'un cadeau de D., elle n'a fait aucun préparatif, ni aucun effort personnel pour se rapprocher de Hachem.
Ainsi, sans investissement personnel et sans efforts sur le plan spirituel, on ne peut pas s'élever, même si on voit de façon éclatante D., car après, il n'en restera rien.

[ce qui vient facilement, part facilement!]

Nos Sages affirment: "Si quelqu'un te dit : 'Je n'ai pas fait d'efforts et j'ai réussi', ne le crois pas, mais s'il te dit : 'J'ai fait des efforts et j'ai réussi', crois-le" (guémara Méguila 6b).

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 47) enseigne que cela n'est valable que dans le domaine spirituel où les résultats sont liés aux efforts, et non pas dans le domaine matériel où les résultats sont indépendants des efforts.

En spiritualité, sans un travail assidu et des efforts, ce qu'on obtient n'est pas "à nous", et repars vite.

Dans la vie, il faut s'investir au maximum pour que nos belles potentialités se transforment en de belles réalités.
Réussir sa vie selon la Torah et ne pas faire d'efforts pour cela : c'est impossible!

<-------------------->

+ Au moment de la traversée de la Mer Rouge, il est écrit : "Israël vit la main puissante que D. avait déployée sur l'Egypte, et le peuple craignit Hachem, et ils eurent foi (ils firent confiance) en D. et en Moché son serviteur" (Béchala'h 14,31)

Par la suite, au sujet du veau d'or, Rachi commente (Ki Tissa 32,4) :
"Voici tes dieux : et il n'a pas été dit : 'Voici nos dieux'.
De là nous apprenons que le érev rav, qui étaient montés (avec nous) d'Egypte, qui s'étaient unis contre Aharon ; ce sont eux qui ont fait le (veau d'or) et ensuite ils ont entraîné Israël à les suivre."

=> Si le érev rav n'avait pas entraîné le peuple juif à faire le veau d'or, nous n'aurions pas fauté.

Le Ramban (Béchala'h 14,31) précise que l'élite d'Israël avait déjà acquis la crainte et la foi de D., mais le érev rav n'a été animé de cette crainte et de cette confiance en D. qu’après la traversée de la mer.
De plus, comme la servante, le érev rav a vu la révélation éclatant de la présence divine et a assisté au don de la Torah en entendant les 2 premiers commandements prononcés par D. lui-même.
=> Comment expliquer la chute de leur niveau, en si peu de jours, jusqu'à devenir idolâtres et entraîner le public à fauter?

Leur nature profonde n'a pas été modifié, car ils n'ont pas fait d'efforts personnels pour accéder à ce niveau qui leur a été donné "sur un plateau" par D., et à la 1ere épreuve, lorsque Moché a tardé à descendre, ils ont perdu cette confiance et ont fait le veau d'or.

=> Malgré leur prise de conscience élevée de la grandeur d'Hachem, ils sont demeurés comme ils l'étaient auparavant (érev rav), car leur élévation ne fut pas le fruit d'un labeur.

<------------------------>

+ "Et les eaux leur furent une muraille, à leur droite et à leur gauche" (Béchala'h 14,29)

-> Le midrah Mékhilta fait remarquer que le mot : 'homa (muraille - חמה) est écrit sans la lettre vav, et peut se lire : 'héma (colère - חמה) : les eaux de la mer Rouge étaient en colère contre les Bnei Israël qui transportaient l'idole de Mikha lors de leur traversée.

-> "Rav Yéhouda fils de Ilaï a dit : 'L'idolâtrie (l'idole de Mikha) a traversée la mer avec le peuple d'Israël, et (pourtant) la mer s'est ouverte devant eux'. "
[midrach Yalkout Chimoni - Choftim 74]

Mikha a vu de ses propres yeux, comme tout le peuple d'Israël, la révélation de la gloire divine lors de la traversée de la mer, il assiste à ce miracle exceptionnel et pourtant il continue à faire confiance à cette idole qu'il transporte avec lui.

Plus que cela, pendant la révélation divine au mont Sinaï, le jour du don de la Torah, l'idole est encore avec Mikha, lequel pourtant entend de ses propres oreilles les 2 commandements de la "bouche de Hachem" Lui-même, et notamment le second commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieux devant Moi, tu ne feras point d'idole" (Yitro 3,4).

=> Comment comprendre qu'à ces 2 moments de révélation divine intense (traversée de la mer Rouge et au don de la Torah), Mikha n'abandonne pas son idolâtrie et ne rejette pas l'idole qui l'accompagne?

Cela n'a pas modifié la nature profonde de Mikha, car cette proximité de la présence divine qu'il a vécu n'a pas été le fruit d'efforts et d'un travail spirituel personnel.
Ces révélations ne l'ont pas transformé, il est demeuré idolâtre comme il l'a toujours été, avec son idole qui l'accompagnera partout.

<------------>

+ Pour aller plus loin :

Rabbi Nathan (guémara Sanhédrin 103b) enseigne que les fumées des sacrifices (korbanot) qui montaient de l'autel établi à Chilo se mélangeaient avec celles des sacrifices idolâtres offerts à l'idole de Mikha.

Rachi (guémara Sanhédrin 103b) donne 2 explications à l'idole qui accompagnait Mikha :
-> 1°/ c'était la plaque sur laquelle Moché avait écrit le Nom divin ineffable, avant de la jeter dans le Nil afin de faire remonter le cercueil de Yaakov pour le ramener en Israël. Mais Mikha était venu la prendre discrètement, alors que son utilisation était interdite.

-> 2°/ ou bien c'était une statuette (idole) que Mikha avait confectionné en Egypte.

<---------------------------------->

+ "Il ne s'est pas levé en Israël un prophète tel que Moché" (Vézot haBéra'ha 34,10)

Le midrach rabba dit : "mais il s'en était levé chez les nations, et qui est-il? Bil'am".

Ainsi, Bil'am a profité d'un don de prophétie égal à celui de Moché, mais il est cependant resté avec ses 3 vices : un œil malveillant avec lequel il portait un regard envieux et haineux sur le monde, un orgueil démesuré et une grande cupidité (Pirké Avot 5,19).

De plus, il a dépassé toutes les barrières de l'immoralité jusqu'à cohabiter régulièrement avec son ânesse.

=> Comment comprendre alors le décalage entre le niveau élevé de Bil'am et la bassesse de son comportements?

C'est que son niveau de prophétie et sa connaissance approfondie de Hachem lui ont été donné par le Ciel, il n'a fourni aucun investissement ni aucun effort personnel pour y accéder, contrairement aux prophètes d'Israël, c'est pourquoi il est resté le même, sans avoir le pouvoir de se transformer positivement.

Paracha Béchala'h : le terme "az"

Cette paracha relate le miracle de la traversée de la mer Rouge, suivi du chant que les juifs ont entonné à cette occasion, et qui commence par les mots : "Alors (אז) chantera Moché avec les enfants d’Israël".

Dans le midrach, nos Sages expliquent le verset : "Ton Trône s’est affermi depuis alors (מאז – MéAz)", en disant qu’avant la traversée de la mer, la Royauté d’Hachem n’était pas installée, et qu'elle s’est “assise” par l’ouverture de la mer.

Le Midrach illustre cela en disant qu’avant ce miracle, Hachem était comparé à un roi debout, et qu'Il s’est assis sur Son Trône par la traversée de la mer.
C’est cela le sens du verset : "Ton Trône s’est affermi depuis Az (alors)", allusion au "Az Yachir (alors chantera…)".

Que signifie le fait que Hachem peut "s’asseoir" grâce à ce miracle, contrairement à avant?
Pourquoi ce changement est précisément en allusion par le mot "Az (אז)"?

Avant l’ouverture de la mer, on pouvait encore penser que le monde existait et qu'il avait une autonomie propre, D. étant au-dessus, comme ayant pris ses distances.
Ainsi, Hachem paraissait être “debout”, comme si le monde pouvait s’opposer à Lui.

En revanche, au cours de la traversée de la mer, il est apparu clairement que rien n’a d’existence propre, que Hachem n’a besoin de lutter contre personne, car à tout moment rien ne peut être fait, ni ne peut exister sans son accord.
C'est alors, qu'Il a pu "s’asseoir".

Toute cette notion est en allusion dans le terme : "אז (Alors)", qui ouvre le chant de la mer (la chirat hayam).
Ce mot est composé de la lettre Alef (א) au dessus de la lettre Zaïn (ז).
Le Zaïn, de valeur numérique 7, évoque l’ensemble du monde créé en 7 jours, qui n’a aucune indépendance, car le Alef (de valeur 1), qui fait allusion à Hachem (qui est Un), le dirige et le mène là où Il le souhaite.

Ainsi, le terme אז (Az) fait allusion au Alef qui chevauche le Zaïn. Hachem dirigeen permanence le monde et le mène là où Il veut.

Ce monde n’a en lui-même aucune autonomie, et c’est ce qui s’est révélé lors de l’ouverture de la mer.
Les juifs ont alors compris que le monde (le 7, le Zaïn) n’est qu’un char, dirigé par Hachem (le Un, le Alef).
C'est alors, que la Royauté Divine a pu s’installer, le Roi s’est "assis".

On a perçu cette profonde vérité que rien ne peut s’opposer à la volonté Divine.
Hachem n’a donc pas besoin de se tenir “debout”, prêt à lutter, car il n’y a pas de lutte : tout est annulé devant Lui.
Dès lors, Il s’est “assis”.

<---------->

"Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)

1°/ Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
[d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous nous rappelons si souvent de la sortie d'Egypte : toute situation (même très difficile) est forcément pour notre bien, et à l'image de nos ancêtres qui ont été libérés à la seconde où leur esclavage devait prendre fin, nous serons libérés de nos soucis actuels à la seconde même où Hachem l'a fixé.]

Pourquoi est-ce que l'idée de la résurrection des morts apparaît ici en allusion dans la Torah?
Le rabbi de Belz explique qu'au moment où tout le peuple allait chanter la Chirat haYam, il y avait au fond d'eux un mélange de 2 sentiments : d'un côté, une énorme joie de pouvoir remercier Hachem pour la sortie grandiose d'Egypte, et d'un autre côté, il y avait une profonde tristesse d'avoir perdu de nombreux proches durant la plaie des ténèbres (où 80% du peuple y est mort!).
Il y avait un goût amer de ne pas pouvoir partager ce sublime moment avec ces êtres disparus.

Le rabbi de Belz enseigne que lorsque Moché a suggéré aux juifs de chanter des louanges à Hachem, ils lui ont répondu : "Comment peux-tu penser que nous sommes capables de chanter? Les 4/5e du peuple juif sont manquants!"
Moché leur a alors répondu que ce chant qu'il souhaitait qu'ils entonnent, fait allusion à la résurrection future, moment où tous les juifs seront réunis de nouveau avec leurs proches décédés.
Cette prise de conscience a consolé le peuple, les égayant, au point qu'il ont pu chanter la Chirat haYam d'un cœur joyeux.

[ne vous attristez pas des morts, car nous allons tous se retrouver pour l'éternité après la résurrection des morts, et alors nous chanterons ensemble à Hachem!]

<--->

-> Rabbi Yé'hiel de Kozmir explique qu'à ce moment là (juste après la traversée de la mer Rouge), les Bné Israël méritèrent un tel dévoilement de la Présence Divine qu'ils tendirent leur doigt en s'écriant : "Voici mon D." (zé Eli).
La plus simple des servantes vit sur la mer ce que le prophète Yé'hézkiel Ben Bouzi lui-même ne vit pas.
Il en résulta que leur émouna disparut complètement car la foi concerne les choses que l'on ne peut voir.
En revanche, pour quelque chose qui se trouve devant les yeux, il n’est pas question de croyance mais de l’utilisation du sens de la vision.
C'est pourquoi, il fallut à ce moment-là éveiller leur foi par celle de la résurrection des morts.
Celle-ci ne leur ayant pas encore été dévoilée, ils pouvaient ainsi accomplir cette mitsva de émouna à travers elle.

<--->

-> Le cantique [de la mer] contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé’hayé]

<----------------->

2°/ Pourquoi l'utilisation du singulier ("chantera" (yachir), au lieu de : "Moché et les enfants d'Israël chanteront (yachirou)")?

Le verset précédant se termine par : "ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur". Si les juifs ont cru en Hachem, c'est évident qu'ils crurent également en Son serviteur Moché! Comment expliquer cela?

Le Kédouchat Lévi explique qu'à la mer Rouge, les juifs ont atteint des niveaux très élevés de prophétie, au point que le midrach (Mékhilta - Chémot 15,2) commente qu'une simple "servante a vu dans la mer ce que n’a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes".
Ainsi à ce moment, les juifs ont pris conscience de la grandeur d'Hachem (comme cela a pu déjà être le cas lors des autres plaies), mais surtout ils ont eu une nouvelle révélation : ils ont découvert la grandeur phénoménale que peut atteindre tout juif, même le plus simple en apparence.
=> Ils ont cru en Hachem, et également en leur capacité à tendre vers Moché Son serviteur.

De même, l'utilisation du singulier : "chantera", s'explique par le fait que Moché et la nation juive se sont unis en une seule unité. Les juifs se sont identifiés à Moché, car ils croyaient en eux même!
[A leur yeux, Moché n'était plus une sorte de divinité humaine aux pouvoirs surhumain. Non, car en réalité, chaque juif peut arriver à agir d'une façon très élevée, quasi-divine. Moché est un être humain juif qui a utilisé ses potentialités internes au maximum! Ce vers quoi nous devons tous tendre.]

De plus, les juifs ont alors réalisé que Hachem aime chacun de Ses enfants comme si c'était Son enfant unique, et ainsi : "Je suis aussi important aux yeux de Hachem que Moché rabbénou!"
Cette conscience de combien nous sommes chacun précieux aux yeux de D., d'à quel point Il est toujours présent à nos côtés pour nous soutenir, pour répondre à nos prières, est la base d'une émouna saine et d'une appréciation du cadeau de la vie que nous accorde Hachem.
[D. a mis en nous une partie Divine : l'âme, faisant que nous Lui sommes liés et que nous avons des capacités pour s'élever Divinement haut.]

<------------------------------------->

"Et tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

Hachem créa le monde par le biais de 10 paroles créatrices, qui sont constamment présentes dans le monde, et ce sont elles qui le font exister à chaque instant.

Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, ce qui fait qu'on a facilement tendance à oublier que c’est Hachem qui permet au monde d'exister.
D'ailleurs, on peut même en venir à imaginer (plus ou moins consciemment) que le monde se tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Thora : "Tout le peuple vit les voix", c'est-à-dire qu'ils virent clairement ces paroles Divines, et ils purent ainsi prendre conscience de façon tangible et claire, que seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un seul instant.

[Néféch Ha'haïm]

<------------------------------------->

-> Le Zohar (Béchala'h 54a) affirme : "Tout celui qui récite quotidiennement ce Cantique [de la mer Rouge] et s’y concentre, méritera de le réciter dans l’avenir [lors de la Résurrection des Morts]"

-> Le cantique contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé'hayé]

-> La guémara (Sanhédrin 91b) enseigne : "De quel Texte de la Torah peut-on déduire la Résurrection des Morts? Il est écrit : "Az Yachir Moché" (alors Moché et les Enfants d’Israël chanteront l’hymne suivant à Hachem - Béchala'h 15,1). Il n’est pas dit : ‘ont chanté’ mais ‘chanteront’. D’ici, nous avons une indication de la Résurrection des Morts dans la Torah".
[l’emploi du futur suggère que Moché et sa génération se relèveront et chanteront de nouveau le Cantique de la Mer – on peut noter que le mot "Az" (אָז - Alors) indique le temps du dévoilement du règne de D. (א – Un) sur la Nature (ז – Sept) - Kli Yakar (Chémini)].

=> Quel est le sens de la récitation du Cantique de la Mer dans les temps futurs?

Il est à rappeler tout d’abord que la Délivrance d’Egypte fait allusion à toutes les Délivrances d’Israël. Pour cela, on peut rapporter :
- Le Arizal (Likouté Torah - Ki Tetsé) enseigne : "L’Exil égyptien inclut en lui les 4 autres Exils : Babel, Perse, Grèce, Rome."
- Le Bné Yissa'har (Nissan - maamar 4) explique que c’est la raison pour laquelle 4 expressions de la Délivrance ont été mentionnées : "Je vous ferai sortir, Je vous délivrerai, Je vous affranchirai, Je vous adopterai" (Vaéra
6,6-7) [en référence aux 4 Exils].

Plus particulièrement, la Délivrance des temps messianiques sera à l’image de la Délivrance d’Egypte, tout en étant plus grandiose. En effet, il est écrit : "Comme au jour où tu sortis du pays d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges [lors de la Délivrance finale]" (Mi'ha 7,15).
De plus, le midrach (Chémot rabba 23,15) commente : "‘C’est mon D. et je L’embellirais’ = Hachem a dit à Israël : dans ce Monde, vous avez dit devant Moi une seule fois : ‘C’est mon D.’. Mais, dans le futur, vous le direz deux fois, ainsi qu’il est dit : ‘On dira en ce jour : Voici notre D. en qui nous avons mis notre confiance pour être secourus. Voici Hachem en qui nous espérions’ (Yéchayahou 25,9)."

-> Rabbénou Bé’hayé (Kad Hakéma‘h - Ner ‘Hanoucca) écrit :
"Nous avons une Tradition : la future Délivrance ressemblera à celle d’Egypte. De même qu’il y eut la Déchirure de la Mer des Joncs lors de la Délivrance d’Egypte, de même il est dit au sujet de la future Délivrance : ‘Et Hachem imprimera l’anathème au Golfe égyptien ; de Sa main, de Son souffle impétueux, Il frappera le grand fleuve’ (Yéchayahou 11,15). Il est écrit aussi: ‘Et ce sera une chaussée pour le reste de Son Peuple, échappé à l’Assyrie, comme il y en eut une pour Israël le jour où il sortit du pays d’Egypte’ (verset 16).
Cela atteste le fait que lors de la future Délivrance, Hachem tracera au sein de la mer un chemin comme cela fut le cas lors de la Sortie d’Egypte."

=> Ainsi, comprenons-nous maintenant les paroles du Zohar : "Celui qui récite chaque jour la Chira avec concentration, méritera de la réciter dans l’avenir", c’est-à-dire qu’il méritera de vivre la Délivrance finale au cours de laquelle, seront revécus les évènements de la Sortie d’Egypte, y compris la récitation du "Cantique de la Mer" par Moché Rabbénou et l’ensemble du peuple juif.

"Moché dit : Mangez-le aujourd'hui, car c'est aujourd'hui Shabbat en l'honneur de Hachem ; aujourd'hui vous n'en trouverez pas aux champs." (Béchala'h 16, 25)

De ce verset, où il est mentionné 3 fois : "aujourd'hui" (ayom), nos Sages en déduisent l'obligation de consommer 3 repas le Shabbath : un le soir, et deux durant la journée du samedi.

Celui qui veille à prendre ces repas sera préservé de 3 grandes épreuves :

-> 1°/ Le soir, il faut se rappeler le mérite d'Its'hak, ce qui nous préservera des douleurs d'enfantement du Machia'h.
Par ailleurs, le fait de prendre ce 1er repas dans la joie, la paix et l'amour des enfants de sa maison, a pour conséquence que le 1er et le 2e jour de la semaine seront bénis.

-> 2°/ Au repas de samedi midi, il faut se souvenir du mérite d'Avraham, ce qui nous préservera du jour du Grand Jugement.
Si l'on agit de même pour ce 2e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 3e et 4e jour de la semaine seront bénis.

-> 3°/ Au repas de Min'ha (de l'après-midi), il faut se souvenir du mérite de Yaakov, ce qui nous préservera de la guerre de Gog et de Magog. En effet, lorsque viendront les 70 nations et qu'ils nous feront la guerre, c'est par le mérite de Yaakov que nous serons sauvés.
Si l'on agit de même pour ce 3e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 5e et 6e jour de la semaine seront bénis.

L'essentiel des repas de Shabbath est : d'avoir le cœur joyeux, d'apprécier ce que l'on a, et ne pas être préoccupé par les affaires de la semaine, ni sombrer dans la tristesse, et ce, même si l'on a des soucis, car Shabbat est un jour saint, il est interdit de penser à ce monde-ci.

Celui qui néglige ces 3 repas de Shabbath, sa punition sera grande.

[divré Torah selon le Midrach Méam Loez]

<----------------------------------->

" Le 6e jour, lorsqu'ils prépareront ce qu'ils auront apporté [de manne], il se trouvera le double de la récolte de chaque jour" (Béchala'h 16,5)

Selon nos Sages, de ce verset, nous apprenons qu'il faut 2 pains à chaque repas de Shabbath et des jours de fêtes.

En hébreu, le pain se dit : " lé'hem " (לחם), mot ayant une guématria de : 78.
Pour les 2 pains, on obtient 78*2 = 156, qui a la même valeur que : Yossef (יוסף).
Ainsi, ces pains effacent la faute de la vente de Yossef par les enfants d'Israël.

"Moché étendit sa main au-dessus de la mer et Hachem déplaça la mer par un vent d'est puissant toute la nuit et Il changea la mer en terre humide et les eaux se fendirent." (Béchala'h 14,21)

Au début, la mer n'a pas voulu s'ouvrir, argumentant que c'était un acte au-delà des lois de la nature.
Pourquoi l'a-t-elle finalement fait?

1°/ La mer a agi à l'image de Na'hson ben Aminadav.
Par le fait de rentrer profondément dans l'eau agitée, et ce jusqu'à ce qu'elle atteigne son nez, Na'hson est allé contre la nature humaine et son instinct naturel de préservation.
De même, la mer est allée contre sa naturalité, et s'est fendue.

-> D'une manière plus générale, le 'Hatam Sofer dit que la mer Rouge s'est ouverte par le mérite de la émouna de tout le peuple juif.
En effet, il est écrit (Mékhilta Béchala'h 3) : "[Hachem dit : ] En raison de la foi (émouna) qu'ils ont eu en Moi, ils sont méritants d'avoir la mer qui s'ouvre pour eux, puisqu'il n'ont pas dit : "Comment peut-on aller dans le désert sans aucune provision pour la route?"
A la place, ils ont eu foi et ils ont suivi Moché sans poser aucun question."

<----------------->

2°/ Les Téhilim (114,3) disent : "la mer a vu, et elle a fui".
Le Yalkout Chimoni explique qu'elle a vu les ossements de Yossef, arrivant avec les juifs.
De même que Yossef est allée contre sa nature en refusant les insistances de la femme de Potiphar, de même la mer va aller contre sa naturalité et se fendre.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ainsi?

Le Sfat Emet dit que la réponse repose sur la proximité entre les mots : "néss" (miracle) et "nissayon" (épreuve), qui partagent la même racine.
[le mot "ness" peut aussi dire : un étendard]

Une épreuve a pour conséquence de nous sortir de notre paisible zone de confort, de ce qui, avec le temps, est devenu facile et naturel pour nous.
En surmontant l'épreuve, on va accomplir de grandes choses, qu'on ne se savait pas capable de faire, brandissant un étendard de nos potentialités enfouies devenues réalité.

Hachem va répondre à cela en modifiant la naturalité, en nous faisant alors un miracle.

Pendant les 10 plaies, les juifs ont été passifs, mais pendant la traversée de la mer rouge, ils ont été actifs (avançant dans la mer déchaînée), ce qui a entraîné l'ouverture miraculeuse de la mer par Hachem. [én mazal léisraël]

La guémara (Béra'hot 20a) demande : En quoi les générations précédentes, qui bénéficiaient fréquemment de miracles, sont-elles différentes de la nôtre?
Et de répondre : Les générations passées se sacrifiaient d'une façon que nous ne faisons plus.

=> Lorsque nous faisons preuve de messirout néfech, que nous sommes prêts à tout sacrifier pour agir selon la volonté de D., alors nous nous donnons les moyens d'être en situation où absolument tout devient possible (b"h).

<--->

-> Na'hchon ben Aminadav se jeta dans les flots et accepta de faire don de sa vie au point que les eaux lui arrivèrent au visage.
Le Réchit 'Hokhma écrit à ce sujet que : "nous apprenons de cela que celui qui désire qu'Hachem accomplisse pour lui un miracle au-delà de l'ordre naturel doit faire don de soi et de ses désirs ainsi que ses tendances personnelles. Hachem se conduira alors en retour Lui aussi au-delà de l'ordre naturel".

-> Le Bné Yissa'har enseigne à ce sujet : "Celui qui désire une délivrance au-delà des limites naturelles, comme par exemple avoir des enfants alors qu'il est stérile, devra accomplir une grande mitsva qui va à l'encontre de sa tendance naturelle. Grâce à cela, il brisera tous les murs qui le séparent de la délivrance nécessaire."

Lorsque les Bné Israël arrivèrent sur les rives de la mer, celle-ci vit le cercueil de Yossef et prit la fuite.
En effet, elle vit comment Yossef surmonta vaillamment l'épreuve (de la femme de Potiphar) avec une sainteté extrême, et comment il "déchira" ses instincts naturels au-delà de toute limite. Dès lors, la mer se déchira également au-delà du naturel.
En effet, les lois naturelles se soumettent devant celui qui dépasse sa propre nature.

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte les paroles d'un rav : lorsqu'un juif surmonte une épreuve difficile et qu'il se sanctifie en brisant ses tendances naturelles pour accomplir la Volonté Divine, au même instant les portes du Ciel s'ouvrent et il peut alors demander ce qu'il désire.

<--->

-> La mer des joncs ne voulait pas s'ouvrir devant les Hébreux, jusqu'à ce qu'elle vit le cercueil de Yossef.
Comment comprendre ce midrach affirmant que la mer Rouge ne s'est pas ouverte pour les juifs, mais lorsqu'elle vit le cercueil de Yossef? Quel rapport y a-t-il entre l'ouverture de la mer et le cercueil de Yossef?

-> On a pu voir que : Yossef se trouvait en Egypte, pays de la débauche. Il était jeune et n'avait que 17 ans, âge où la pulsion est très forte. En plus, il n'était pas marié. D'autre part, la femme de Potifar a usé de tous les moyens possible pour éveiller son désir.
Et malgré tout, il a surmonté l'épreuve et s'est enfui. Par cet acte, il à l'encontre de sa nature. Par son mérite, la mer alla aussi à l'encontre de sa nature et elle s'ouvrit.

-> Le Ktav Sofer rapporte la question de savoir pourquoi les juifs n'ont pas fait la guerre aux égyptiens qui étaient derrière eux et les poursuivaient.
Pourquoi restèrent-ils bloqués devant la mer?

Il est écrit dans la paracha Ki Tetsé : "Tu ne repousseras pas l'égyptien, car tu as été étranger dans son pays" = en effet, au moment où les juifs en avaient besoin, l'Egypte a ouvert ses portes pour eux et les a accueillis. Par mesure de reconnaissance, on ne les repoussera pas.
C'est pour cela que les juifs ne pouvaient pas faire la guerre aux égyptiens par mesure de reconnaissance, et ce même s'ils étaient en véritable danger : derrière eux les égyptiens (nombreux et armés) et devant eux la mer.
=> En effet, les juifs ont appris de Yossef que le devoir de reconnaissance s'applique même en cas de danger. Comment cela?

Quand la femme de Potifar lui arracha le vêtement, Yossef s'enfuit. Le Ramban demande pourquoi il n'est pas revenu lui reprendre la partie de son vêtement de force. Il répond que comme elle était la femme de son maître qui lui comblait ses besoins, par mesure de reconnaissance, il ne pouvait pas revenir lui arracher son vêtement.
Dans cette situation également, tant qu'elle avait le tissu, elle pouvait accuser Yossef (comme elle le fit juste après), ce qui mit Yossef en danger. Et malgré tout, Yossef prit ce risque puisque par reconnaissance, il lui laissa le vêtement.

=> Quand la mer vit le cercueil de Yossef qui démontra que le devoir de reconnaissance s'applique même quand on est en danger, elle s'ouvrit pour sauver les juifs qui ne combattirent pas les égyptiens par mesure de gratitude, même si eux-aussi étaient en danger.
Puisque ce comportement était justifié, la mer dût donc s'ouvrir pour les sauver.

<--->

-> Le Hadrach véha'Iyoun quant à lui rapporte le Midrach qui dit que la mer a été créée par Hachem le 3e jour de la Création, alors que l'homme a été créé le 6e jour.
La mer étant plus âgé que l'homme, elle ne voulait pas s'ouvrir et s'effacer devant l'homme qui est plus jeune.
Cependant, Yossef a démontré que cet argument n'est pas toujours valable. En effet, Yossef était plus jeune que ses frères et malgré tout c'était lui le roi et ses frères se sont tous prosternés devant lui.

=> Le cercueil de Yossef était la preuve que même le plus âgé peut parfois se soumettre au plus jeune. Cela neutralisa l'argument de la mer, qui s'ouvrit même si elle est plus âgée que l'homme.

<--->

-> Le Béér Yossef explique que la mer ne voulait pas s'ouvrir pensant que le moment n'était pas arrivé, puisque l'esclavage devait durer 400 ans, et cela ne faisait que 210 ans que les juifs étaient en Egypte.
Certes les égyptiens les laissèrent partir, mais les juifs leur avaient dit qu'ils partaient servir Hachem uniquement pour 3 jours.
Les égyptiens les laissèrent donc partir à cette condition. Ils ne renoncèrent donc pas au temps d'esclavage qui leur restait, et au bout des 3 jours, les juifs devaient donc retourner en Egypte pour être définitivement libérés au bout des 400 ans.
Ainsi, la mer ne pouvait donc pas s'ouvrir pour les sauver définitivement.

Malgré tout, quand la mer vit le cercueil de Yossef, elle s'ouvrit. Car le cercueil de Yossef prouvait qu'en réalité les égyptiens savaient bien que les juifs sont partis pour toujours, et pas que pour 3 jours. Et malgré tout, même s'ils savaient cela, ils les laissèrent quand même partir.

De la sorte, même les égyptiens acceptèrent la fin définitive de l'esclavage des juifs et c'est cela qui amena la mer à s'ouvrir. En effet, le midrach dit que le cercueil de Yossef était en métal, et il était extrêmement lourd et imposant.
Les égyptiens l'avaient enfoui dans le Nil pour que le fleuve soit béni. Et avant de partir, Moché alla faire remonter le cercueil de Yossef et les juifs l'emportèrent avec eux à leur sortie, à la vue des égyptiens et de Pharaon qui les accompagnèrent hors de l'Egypte.
Or, il est évident que si la sortie n'était que pour 3 jours, avec l'intention de revenir ensuite, ils n'auraient jamais pris ce cercueil, avec tout le dérangement que cela entraînait.
=> Les égyptiens ont donc bien compris que s'ils prenaient ce cercueil c'était pour sortir définitivement. Quand la mer vit le cercueil de Yossef, qui prouvait que les égyptiens les ont libérés en toute conscience, que les juifs partaient pour toujours, alors elle s'ouvrit.

<--->

-> La mer s'enfuit devant le cercueil de Yossef mesure pour mesure, car Yossef s'était enfui face à la femme de son maître. Sache que l'homme qui se sanctifie est plus grand que la mer, la terre et toutes les créatures qu'elle renferme, ainsi que les anges, car tous ceux-là ne sont pas soumis à l'épreuve pour servir Hachem.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

<----------------->

3°/ Un midrach Pliya (sur le même Téhilim 114,3) rapporte que ce qu'a vu la mer était : "la béraïta de Rabbi Ichmaël".

Quelle est-elle, sachant qu'il y a de très nombreuses béraïta en son nom?.

Le Pardès Yossef dit que cette béraïta se trouve dans la guémara Kétoubot (5b).
Rabbi Ichmaël y demande : "Pourquoi Hachem a-t-il fait la totalité de l'oreille dure, mais le lobe mou?"

La réponse donnée est que si une personne entend quelque chose de non convenable, elle a la possibilité de mettre le lobe dans l'oreille afin de ne plus rien entendre.

La mer a entendu les anges dirent : "Ceux-là (les juifs) sont des idolâtres, et ceux-là (les égyptiens) sont des idolâtres" (cf. midrach Chémot rabba 21,7 ; et Yalkout Chimoni Dévarim 928 - alalou ovdé avoda zara, alalou ovdé avoda zara).

Les anges se plaignaient que les égyptiens ne méritaient pas d'être noyés, car eux, tout comme les juifs, pratiquaient l'idolâtrie.
Ils insinuaient qu'il n'y avait pas de différence entre les 2.

Cependant, la mer a vu la béraïta de Rabbi Ichmaël, s'est souvenue de la leçon de l'oreille, et elle n'a alors pas écouté le lachon ara, ce qui a permis qu'elle s'ouvre pour les juifs.

<--->

-> La mer vit la Baraïta (l’enseignement) de Rabbi Ichmaël (Midrache Péliah 1,52).
Dans la guémara (Sanhédrin 73a), nous trouvons une Baraïta de Rabbi Ichmaël disant qu’il faut sauver un homme qui fuit devant son ennemi, quitte à tuer le poursuivant.
En raison de cette halakha, la mer devait tout faire pour sauver les Bné Israël pourchassés par les égyptiens même si les poursuivants devaient perdre la vie.
[Avné Azel]

<----------------->

4°/ Selon le Or ha'Haïm, la mer a refusé de s'ouvrir car la Torah n'avait pas encore été donnée.

Hachem lui a alors indiqué que l'empressement d'Israël à recevoir la Torah, l'élevait déjà à un niveau impliquant son ouverture, et ce à l'image de nos Sages tel que Rabbi Pin'has ben Yaïr (dont les eaux du fleuve se sont fendues pour le laisser passer - guémara 'Houlin 7a).

[les miracles futurs de ce type ne sont pas "étonnant", car alors la Torah a été donnée, et par son mérite tout devient envisageable!]

<--->

-> "Les eaux s'ouvrirent" (14, 21) :

La guémara ('Houlin 7a) raconte que Rabbi Pin'has Ben Yaïr a ordonné à un fleuve de s'ouvrir pour le laisser passer accomplir la Mitsva de libérer des captifs, et effectivement ce fleuve s'ouvrit.
On peut s'interroger. Ce rav a accompli par son seul mérite un miracle similaire à celui de l'ouverture de la mer (qui se produisit par le mérite de tout Israël). Et pourtant, son miracle passe quasiment sous silence, contrairement à l'ouverture de la mer, dont tout le monde a entendu parler. Pourquoi une telle différence ?

C'est que par le mérite et la force de la Torah, il est possible d'accomplir tous les miracles.
Ainsi, l'ouverture de la mer qui s'est réalisée avant le don de la Torah, constitue un miracle extraordinaire. En effet, les Hébreux ne bénéficiaient pas encore de la grande force de la Torah.
En revanche, Rabbi Pin'has Ben Yaïr, qui disposait quant à lui du mérite de la Thora, a pu réaliser un miracle analogue, sans autant de "difficulté". Pour lui, ce n'était déjà plus une chose aussi extraordinaire.
[Ohr Ha'Haïm]

<--->

-> La mer vit que Yossef avait gardé les 10 Commandements (midrach Tan'houma Nasso).

<----------------->

 "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la" (Béchala'h 14,16)

-> Le Rabbi Chanoch Henoch haCohen Levine (l'Alexander Rabbi) enseigne :
"Une des grandes leçons de l'ouverture de la mer Rouge est à quel point Hachem déteste l'orgueil (gaava).
Le midrach rapporte que la mer n'a pas voulu se conformer à la demande de Moché de s'ouvrir pour les juifs.
En effet, la mer a dit à Moché : "Je ne vais pas m'ouvrir/fendre pour vous car je suis plus importante que vous, puisqu'ayant été créée le 3e jour de la Création tandis que vous ne l'avez été uniquement le 6e jour."
Lorsque Hachem a entendu la mer exprimer son attitude hautaine, Il a immédiatement demandé à Moché de : "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la".
Frappe le prétentieux et brise-le!"

<----------------->

-> Le midrach (Yalkout Béchala'h) sur "l'eau était pour eux des murs" (véamayim lahem 'homa - Béchala'h 14,29) :
Au moment où les Bné Israël s'introduisirent dans la mer, l'ange Gavriel descendit avec eux, les entoura et les protégea comme un mur.
Il proclama aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté droit : "Soyez attentives à Israël, ils recevront prochainement la Torah de la Main droite d'Hachem".
Aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté gauche d'Israël, il proclama : "Veillez sur eux car prochainement, ils mettront les téfilines sur le bras gauche".
Aux eaux de la mer qui se tenaient face au peuple, il dit : "Faites attention à eux car ils accompliront à l'avenir la signature de D. sur la chair qui se trouve face à eux par la brit mila".
Aux eaux de la mer qui se tenaient derrière eux, il proclama : "Veillez sur eux, car prochainement le nœud de leurs téfilines et le coin de leurs tsitsit seront visibles dans leur dos".

-> Le Rambam (Guide des égarés) écrit : "on enlève le prépuce, dans la mitsva de la brit mila, dans le but d'affaiblir la force de l'envie distinctif telle la signature du Roi".

-> Le Ramban est en désaccord avec le Rambam et écrit : "la brit mila permet à l'homme d'avoir une alliance, et un signe distinctif telle la signature du Roi. (Tikouné Zohar 22)

A partir de ces 2 avis, les Sages ont fixé que : "Ces paroles-ci, et ces paroles-là sont les paroles du D. vivant". Ainsi, en réalité, la mitsva de la brit mila a deux buts essentiels :
- affaiblir la force corporelle qui provient du mauvais penchant, tel qu'il est écrit :"Écarte-toi du mal" (sour méra - Téhilim 34,15) ;
- ajouter de la sainteté au corps du juif, comme il est écrit dans la suite de ce Téhilim : "Fais le bien" (vaassé tov - Téhilim 34,15).

-> Le rav Pin'has Fridman enseigne :
Cependant, chez un nouveau-né de huit jours, le mauvais penchant n'exerce pas encore son emprise de façon concrète ; quant à l'acquisition de la sainteté, le nouveau-né n'a pas encore atteint l'âge de la raison, et ne comprend pas cela.
En effet, l'essentiel de la mitsva de la brit mila (circoncision) aura ses répercussions dans l'avenir. Quand le nouveau-né grandira et arrivera à l'âge de raison, alors il pourra affaiblir la force du mauvais penchant, et ajouter à son corps de la sainteté.
Ainsi lorsqu'un membre du peuple d'Israël accomplit le commandement de la brit mila, il se prépare et se projette vers l'avenir, pour faire le bien. De même, Hachem nous récompense, mesure pour mesure, et regarde uniquement l'avenir, lorsque c'est pour le bien, afin d'envoyer Sa délivrance.

D'après cela, nous pouvons comprendre l'eseignement : "Alors chantèrent Moché" (az yachir Moché - Béchala'h 15,1), le mot אז (az - alors) a une valeur numérique de 8.
Moché dit : "par le mérite de la brit mila qui nous a été donnée au 8e jour, la mer s'est fendue" (Mékhilta ; midrach Yalkout).

À leur sortie d'Égypte, la mer s'est fendue, et ce uniquement par le mérite futur qu'ils accepteraient la Torah au Mont Sinaï. S'il en est ainsi, quel mérite possédait Israël pour que Hachem regarde uniquement le bien dans l'avenir?
Le mérite de la brit mila. De la même façon que le peuple d'Israël s'inquiète d'accomplir cette mitsva pour affaiblir le futur mauvais penchant de l'enfant et lui donner les outils nécessaires pour accomplir le bien à l'avenir, ainsi mesure pour mesure, Hachem regarde leur avenir pour le bien et fend la Mer Rouge.

=> Comment l'homme peut-il mériter que l'Éternel regarde uniquement le bien qu'il réalisera à l'avenir? C'est uniquement par le mérite de la mitsva de la brit mila, celle-ci représentant une préparation et un regard tourné vers notre avenir pour réaliser le bien. C'est ainsi que Hachem agit, mesure pour mesure, et regarde vers l'avenir uniquement le bien, pour nous juger par Sa bonté.

[ "Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)
Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
-> on peut également ajouter le sens que l'on a vu juste précédemment. ]

<--->

-> Rabbénou Bé'hayé explique également que la mer Rouge ne se fendit pas d'un seul coup dans toute sa longueur, mais seulement au rythme de la progression des Bné Israël.
Le roi David évoque cette idée : "La mer vit et s'enfuit" (Téhilim 114,3). Plus le peuple juif avançait, plus la mer se fendait sous leurs pas. En effet, plutôt que de fendre la mer d'un seul coup, Hachem la faisait reculer petit à petit devant chaque pas des Bné Israël.

-> Le rav Beniahou enseigne :
L'ange Gavriel descendit avec eux et les entoura comme une muraille. Puisque la mer ne s'ouvrit pas dans toute sa longueur, les eaux entouraient le peuple d'Israël de toutes parts.
A chaque instant, régnait le danger de voir la mer se refermer sur eux. Ainsi, durant toute la traversée à l'intérieur de la mer, l'ange Gavriel demande sans cesse aux eaux de la mer de se montrer bienveillantes envers les Bné Israël afin de les rassurer.

<-------------------------->

+ Ce qui provoqua l'ouverture de la mer Rouge :

-> "Quand Israël sortit d'Égypte, la maison de Yaakov du milieu d’un peuple à la langue barbare. Yéhouda devint son sanctuaire, Israël, le domaine de son empire. La mer vit et s’enfuit" (Téhilim 114,1-3)

=> Qu'est-ce que "la mer vit et s’enfuit"?

On a pu voir entre autre que :
- selon le midrach, il s'agit du cercueil de Yossef que le peuple juif avait sorti d'Egypte en quittant le pays.
Par le mérite de Yossef qui décida de fuir devant la femme de Potiphar, la mer "s'enfuit" et se divisa pour laisser passer le peuple à pieds secs.
- selon Rachi, qui rapporte la guémara (Sota 37), affirmant que l'ouverture de la mer est accréditée à Yéhouda dont le descendant : Na'hchon ben Aminadav, fut le premier à entrer dans l'eau, prêt à sacrifier sa vie pour sanctifier le nom divin.
"Yéhouda devint son sanctuaire" = c’est Yéhouda qui sanctifia le Nom divin, quand Na'hchon entra dans la mer en disant : "J'y entrerai en premier".

=> On dirait donc que le même verset fait allusion à 2 raisons tout à fait différentes quant à l'ouverture de la mer. Pourquoi ces 2 actes furent-ils nécessaires pour provoquer l’ouverture de la mer?

-> Pour ce faire, il faut analyser les rôles uniques de Yossef et de Yéhouda.
Le roi David parle de 2 sortes de service (avodat) Hachem : "sour méra va'assé tov" (Eloigne-toi du mal et fais le bien - Téhilim 34,15).
Sur le plan individuel, s’éloigner du mal signifie éviter de mal agir et parvenir à surmonter ses défauts. A un niveau plus général, cela revient à combattre le mal dans le monde.
Quand on parle de "faire le bien", cela signifie accomplir des bonnes actions et développer ses qualités, tandis qu’a un niveau plus collectif, cela signifie accroître et améliorer la avodat Hachem dans le monde.

Le Chem Michmouël (Vayigach 5675) explique que Yossef concentrait sa avoda (service Divin) sur le côté "Sour méra".
Il se garda de commettre de l’adultère, refusant même de regarder les femmes égyptiennes qui venaient le voir et par la suite, il surmonta l’épreuve soumise par la femme de Potiphar.
Il fit son possible pour retirer le mal des autres également, en obligeant les égyptiens à se circoncire et en limitant ainsi leur yétser ara pour la débauche.
Quant à Yéhouda, il représente le côté "assé tov". Il était un homme d’action, assuma sa responsabilité dans l’acte qu’il commit avec Tamar, et il fut envoyé en Egypte pour préparer des maisons d’étude et paver la voie au peuple juif.

Dans le même ordre d’idées, nous savons qu’il y aura 2 machia'h qui délivreront le peuple juif, l’un descendant de Yossef et l’autre issu de la tribu de Yéhouda. On les appelle machia'h ben Yossef et machia’h ben David (David étant lui-même un descendant de Yéhouda).
Le Chem Michmouël (Vayigach 5677) écrit que le premier s’occupera de l’aspect «"sour méra" (éloigne-toi du mal) en détruisant les ennemis de la nation juive. C’est ainsi qu’il pavera la voie au machia’h ben David qui devra compléter le travail par le "assé tov" (accomplis le bien) : le rassemblement des exilés et la reconstruction du Temple.

Il fallait donc ces 2 façons de "briser sa nature" pour que le peuple ait suffisamment de mérites afin que la mer aussi agisse contre-nature : il fallait briser sa nature au niveau "sour méra" et briser sa nature au niveau "assé tov".
Yossef le fit (en utilisant l’aspect "sour méra") quand il surmonta son désir naturel et qui prit la fuite devant la femme de Potiphar. Et Yéhouda brisa sa nature par le "assé tov" quand il surmonta son désir naturel de rester en sécurité sur la terre ferme plutôt que d’entrer dans une mer déchainée, jusqu’à ce que l’eau atteigne son nez.

Une fois associés, ces 2 actes montrant des forces "surnaturelles" apportèrent assez de mérites pour que la mer agisse de manière surnaturelle et qu’elle s’ouvre.
[On peut ajouter que la mer eut elle-même une attitude qui rappelle le "sour méra" et le "assé tov" : elle permit au peuple juif de la traverser (assé tov) et empêcha les égyptiens d’en faire de même, ce qui anéantit le mal qu’ils représentaient (sour méra).

Puissions-nous tous mériter, chacun à son niveau, d’émuler Yossef et Yéhouda au niveau "sour méra" tant qu’au niveau "assé tov".
[d'après un divré Torah du rav Yéhonatan Gefen]

"Les enfants d'Israël montèrent armés ('hamouchim) du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

Que signifie le terme : 'hamouchim ?

Cela implique :
-> selon Rachi : que les 4/5e des juifs sont morts pendant la plaie des ténèbres, et que seulement 1/5e est sorti d'Egypte ;

-> selon le Targoum Yonathan ben Ouziel : que chaque famille a quitté l'Egypte avec 5 enfants ;

-> selon le Targoum Yérouchalmi : les juifs étaient armés, pas par des armes, mais par des bonnes actions (maasim tovim).

Rabbi Yossef de Salant (Béér Yossef) dit qu'il n'y a pas de contradiction entre ces différentes explications.

Durant la plaie de l'obscurité, Hachem a tué les juifs qui n'avaient vraiment aucune envie de sortir d'Egypte, cependant Il n'a pas touché aux enfants innocents (ceux ayant moins de 20 ans, puisque non punissables par le Tribunal Céleste - cf. Rachi - 'Hayé Sarah 23,1).
C'est ainsi, que 4/5e des adultes sont morts, laissant un nombre très important d'orphelins, qui ont été adoptés par les familles survivantes (les 1/5e restants).

Le Targoum Yonathan ne doit pas être pris littéralement, mais comme signifiant que chaque famille était proportionnellement constituée d'un enfant originel, plus 4 autres fraîchement orphelins qu'ils ont adopté.
Cela est en accord avec la guémara (Méguila 13a), statuant que toute personne qui a élevé un(e) orphelin(e) dans sa maison, la Torah considère comme si elle lui avait donné naissance.

Tout ceci, explique également l'avis du Targoum Yérouchalmi.
En effet, en prenant la responsabilité de plusieurs enfants orphelins, les juifs ont acquis de nombreuses bonnes actions.
De plus, le fait d'avoir agit ainsi sachant qu'il y avait devant eux un futur incertain et précaire dans le désert, a ajouté encore plus de valeur à ce qu'ils ont fait.

<------>

-> Dans la paracha Chémot, on a pu voir b'h ( https://todahm.com/2019/01/12/8063 ), que le nombre moyen d'enfant par famille juive était de : 54 enfants.
Chaque famille ayant accueillie les 4/5e des enfants du peuple juif (leurs parents étant morts), cela correspond à une adoption moyenne de 216 enfants par famille (4*54).

Alors que les juifs allaient partir dans l'inconnu risqué du désert, sans nourriture, ni boisson, ... ils ont fait preuve de leur énorme confiance en Hachem en étant prêts à y aller avec une moyenne de 270 enfants par famille juive (54 à eux + les 216 adoptés).

Cela donne une nouvelle appréciation des paroles de Yirmiyahou (2,2) : " Ainsi parle Hachem : Je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une région inculte."

<----------------------->

-> "Ce n'est pas l'épée qui leur faisait défaut, mais le cœur ... Il leur manquait encore la conviction de pouvoir s'en remettre entièrement à D. en toutes circonstances"

[Rav Shimshon Raphaël Hirsch]

=> Le mot 'hamouchim est traduit par "armés", et il est employé ici pour témoigner du niveau de émouna du peuple, au moment de la sortie d'Egypte.

<----------------------->

+ 'Les enfants d'Israël partirent bien armés du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

-> Quelles sortes d'armes portaient-ils?
Le 'Hozé de Lublin (Zikaron Zot 53) répond :
Une fois qu'un miracle est survenu, la "porte" de ce miracle a été ouverte, de sorte qu'il peut être provoqué à nouveau sans beaucoup d'efforts quand le besoin s'en fait sentir.
C'est ainsi que le miracle de la sortie d'Egypte était l'arme avec laquelle les juifs quittèrent l'Egypte. Ce miracle devait les sauver encore et encore de tous leurs futurs oppresseurs.

<----------------------->

-> "Les enfants d'Israël montèrent armés ('hamouchim) du pays d'Egypte".
Le terme : 'hamouchim (חֲמֻשִׁים) est écrit sans vav. [Puisqu'il n'y a pas de voyelles dans la Torah, on peut lire aussi : 'hamichim, qui veut dire : 50.]
C'est grâce à la Torah, qui allait être donnée 50 jours plus tard, que les juifs purent quitter l'Egypte.
Sans le mérite de la Torah, ils n'auraient jamais mérité ces grands miracles.
[rabbénou Bé'hayé]

"Effacer, j’effacerai (ma'ho, ém'hé) la trace d'Amalek de dessous les cieux" (Béchala'h 17,14)

-> La destruction d'Amalek n'entraînerait pas leur retour à Hachem. Par conséquent, ils seront également effacés et éradiqués du monde à Venir.
C'est pourquoi la Torah emploie un double verbe (ma'ho, ém'hé), indiquant qu'ils seront éradiqués à la fois de ce monde et du monde à Venir. (midrach Chémot rabba 27,6 ; Esther rabba 10,13)
Ce n'est pas le cas des autres nations. Lorsqu'elles sont détruites, D. est exalté et elles reçoivent donc une récompense en conséquence.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

"Les Bné Israël étaient armés lorsqu'ils sont sortis du pays d'Égypte" (Béchala'h 13,18)

-> Les juifs qui ont quitté l'Égypte se sont dirigés vers un désert sans provisions importantes, mais ils ont tout de même emporté des armes.
Étant donné que la seule nourriture dont ils disposaient était la petite quantité qu'ils portaient sur leurs épaules, ils comptaient manifestement sur les miracles d'Hachem pour assurer leur subsistance. Puisqu'ils savaient que toute leur existence serait surnaturelle, pourquoi ont-ils pris la peine d'emporter des armes? Ca toute guerre qu'ils mèneraient pourrait être gagnée par la main d'Hachem.

En emportant des armes, les juifs faisaient une déclaration :
Ils savaient que toute victoire qu'ils remporteraient serait aussi miraculeuse que le reste de leur survie dans le désert. Ils déclaraient que même s'ils utilisaient des armes, leur victoire se ferait par la main directe d'Hachem, tout comme s'ils avaient gagné sans lever l'épée. Ce n'est que parce qu'il est erroné de s'appuyer sur des miracles ouverts qu'ils ont emporté des armes.
Bien qu'ils aient apporté des armes, ils n'ont pas pris de provisions, car la nourriture ne durerait pas longtemps, et ils ont donc été obligés de compter sur les miracles ouverts d'Hachem pour leur subsistance.
[rav Moché Feinstein - Kol Ram]

Les chants masculins et féminins

+++ Les chants masculins (chir) et féminins (chira) :

"Alors Moché et les Bné Israël chantèrent le chant suivant à Hachem" (az yachir Moché ... - Béchala'h 14,1)

-> Il faut expliquer pourquoi les chants chantés par le peuple juif dans la Torah sont désignés par la forme féminine [chira] alors que le chant qui sera chanté dans l'avenir est désigné par la forme masculine [chir]. (voir Téhilim 96,1 ; Chémot rabba 23:11)
C'est parce que le chant à venir [avec la venue du machia'h] ne sera pas motivé par autre chose que la joie, comme mon maître, le Maggid de Mézéritch, l'a enseigné à propos du verset : "Je me réjouirai" (choch achich - Yéchayahou 61,10).
[ le rabbi de Berditchev explique que la double formulation de l'expression "Je me réjouirai" (choch achich) dans ce verset signifie : "Je me réjouirai parce que j'ai mérité d'apporter de la joie à Hachem en Le servant". Il s'agit d'une joie pure, non entachée de motifs égoïstes/personnels. ]

En revanche, le chant entonné par le peuple juif lors de sa sortie d'Egypte (chirat hayam) a été déclenché par le miracle de l'ouverture de la mer Rouge.
La joie que l'ouverture de la mer Rouge a apportée au peuple juif était une joie de recevoir le salut. En ce sens, ils étaient des récepteurs, un trait féminin.
La joie future, cependant, ne sera pas provoquée par le fait que nous recevions quoi que ce soit, c'est pourquoi le chant que nous chanterons est désigné par la forme masculine.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h 13,4]

<--->

=> Les chants de louange que nous chantons à Hachem aujourd'hui sont nos réponses à la bonté que nous recevons de D. à notre égard. [d'où leur forme féminine - chirat]
En revanche, les chants de louange que nous chanterons dans l'avenir messianique seront des chants de pure joie, non provoqués par un acte spécifique de la bonté divine. [d'où leur forme masculine - chir ]

S’en remettre à nos Sages

"Qu'ils reviennent et campent devant Pi Ha'hirot" (Béchala'h 14,2)

=> Pourquoi Hachem demanda t-Il aux Hébreux de revenir en arrière? Les nuées de gloire leur montraient déjà le chemin, alors pourquoi avoir eu besoin de donner l'ordre de faire demi-tour? Il n'y aurait qu'à les laisser suivre les nuées sans rien n'avoir besoin de leur indiquer. Et quand les nuées feront demi-tour, les Hébreux les suivront.

-> Le Sfat Emet explique que jusqu'à présent, les Bné Israël avaient pu constater la Grandeur d'Hachem et Sa toute Puissance, capable de terrasser la puissance égyptienne, la plus puissante au monde de l'époque. Hachem a envoyé Moché Son Serviteur, pour réaliser ces miracles. Néanmoins, les Hébreux n'avaient pas encore totalement atteint le niveau de confiance véritable en Moché. Comme l'indique le Ramban, certains le soupçonnaient de vouloir régner et imposer sa dominance sur eux, et que ses intentions n'étaient pas les plus pures, D. Préserve.
Hachem fit sortir les Hébreux d'Égypte pour les prendre pour peuple et leur donner la Torah. Seulement, il ne suffisait pas aux yeux d'Hachem que le peuple ait uniquement confiance en Lui et connaisse Sa Grandeur. Il lui était aussi important de ne pas se contenter de la seule confiance en Hachem et en Sa Parole.

La confiance dans nos Sages, les Maîtres de la Torah et leurs paroles est tout aussi importante et fait partie intégrante de la confiance en la Torah d'Hachem. Pour renforcer la confiance des Hébreux en Moché, Hachem ôta les nuées de gloire de devant les Hébreux et somma Moché d'ordonner au peuple de faire demi-tour au devant des égyptiens, chose apparemment illogique!
Hachem voulait en fait inciter le peuple à suivre Moché uniquement selon sa parole, sans comprendre ses intentions, même s'ils n'avaient aucun signe venant d'Hachem, puisque les nuées ne les guidaient pas. Telle était la Volonté d'Hachem. Le but était de les amener à devoir suivre Moché avec une entière confiance, sans comprendre la raison de ses intentions, même si les Hébreux pouvaient avoir toutes sortes d'objections.
Car cet élément était décisif dans le projet d'Hachem pour Israël dans Son Intention de leur donner la Torah.

En fait, il ne peut y avoir de judaïsme, de Torah d'Hachem ni de peuple d'Israël sans la base de la confiance dans les Sages d'Israël. Cette confiance s'exprime en premier lieu dans leurs enseignements, même si parfois on ne les comprend pas, on les trouve surprenants, étonnants et où on y voit des objections. A défaut, la foi même en Hachem et Sa Torah serait compromise. Il faut faire très attention à ne pas tomber dans le piège tendu par ceux qui, avec orgueil et prétention, se permettent d'exprimer leurs avis et jugements à propos de nos Sages en émettant des réserves sur l'authenticité de leurs paroles.
Ils touchent là une base de la foi en la Torah d'Hachem et deviennent ainsi de véritables Hérétiques. Tous les enseignements de nos Sages dans le Talmud, les Midrachim, le Zohar ... ont été dits sous inspiration Divine.
=> La vérité de leurs paroles dépasse de loin l'étroitesse de notre vision qui, imprégnée de superficialité et de mensonges, ne perçoit pas d'emblée la profondeur et la vérité de leurs paroles. Ainsi, soyons humbles et acceptons de nous en remettre entièrement aux paroles des Maîtres de la Torah, qui expriment la Vérité de la Parole d'Hachem.

<------------>

-> "Hachem parla ainsi à Moché: “Dis aux Bné Israël de remonter (Sur leurs pas, en direction de l’Egypte - Rachi) et de camper en face de Pi Ha’hirot (anciennement Pitom), entre Migdol et la mer ; devant Baal-Tséfone" (Béchala'h 14,1-2)

-> Rachi commente (au nom de la Mékhilta): "[Baal Tséfone] C’était la seule divinité restée intacte parmi toutes celles des égyptiens [qui furent frappées durant la mort des premiers-nés (voir Bo 12,12)], afin qu’ils (les égyptiens) soient induits en erreur et disent que leur dieu est solide’.

-> Pharaon convoqua son armée et expliqua à ses soldats : "Pourquoi les juifs campent-ils à Pitom, qui est un endroit dangereux pour eux, au lieu de poursuivre leur voyage? Ce doit être parce qu’ils ne peuvent ni avancer, sachant que la mer bloque leur chemin, ni fuir par les côtés dans le désert, à cause des bêtes sauvages qui s’y trouvent. Je suis sûr que notre dieu, Baal Tséfone a rassemblé des bêtes sauvages à l’entrée du désert afin d’empêcher leur fuite". [Rokéa’h]

-> Bien qu’il finît par être détruit comme tous les autres dieux d’Egypte, une partie du Baal Tséfone fut cachée (comme son nom l’indique צפון [Tsafone - caché]) pour n’être supprimée qu’à la Délivrance finale qui est similaire à la première Délivrance (voir Michée 7,15) et qui marque l’aboutissement de la "Sortie d’Egypte".
[Sfat Emet - Pessa’h].

-> Baal Tséfone ne fut pas détruit avec les autres divinités d’Egypte, afin de rassembler les Béné Israël en ce lieu. Le site était surplombé d’une immense idole et c’était là que les égyptiens avaient enterré les trésors que Yossef avait amassés pour le compte du Pharaon pendant les années de famine. En arrivant à ce lieu, les juifs découvrirent les trésors et s’en emparèrent. [midrach]

<--->

-> "Et Hachem inspira la faveur du peuple aux yeux des Égyptiens ; ils empruntèrent, et ils dépouillèrent l’Egypte"
(Bo 12,36).

-> La Mékhilta nous apprend que les idoles des égyptiens ont fondu et qu’elles ont cessé d’exister.

-> Le Messe'h 'Hokhma explique qu’il est très probable que les Bné Israël ont pris également les métaux précieux qui avaient servi à forger les idoles. Ils n’auraient pas, sinon, été considérés comme ayant "dépouillé" l’Egypte.
Mais comment ont-ils pu le faire, alors qu’il est interdit à un juif de tirer profit d’un objet divinisé?
Il apparaît donc que les idoles égyptiennes ont fondu et qu’elles se sont transformées en métaux à l’état brut, démontrant ainsi leur totale inutilité. Les égyptiens les ont alors destituées, ce qui les a rendues permises aux Hébreux.
La Halakha stipule cependant qu’une disqualification de ce genre opérée par un non-juif n’est valable que s’il reste un idolâtre. S’il abjure ses convictions, il n’est plus en mesure de procéder à une telle élimination [voir Avoda Zara 64a : "Celui qui adore les idoles peut révoquer le statut d’une, mais celui qui ne les adore pas ne peut pas révoquer le statut d’une" ].
Cela étant, si toutes les idoles avaient été détruites, les "gyptiens se seraient rendu compte que leur adoration était absurde et y auraient naturellement renoncé. Par une telle exclusion, non conforme à la Halakha, les Bné Israël n’auraient pas eu le droit de tirer profit des métaux précieux qui les composaient.
Hachem a donc permis à une idole, Baal Tséfone, de demeurer provisoirement intacte, incitant ainsi les égyptiens à croire qu’elle avait échappé à la destruction et qu’elle était donc digne d’être vénérée.
Ils sont ainsi restés des idolâtres, et la disqualification des dieux dont le métal avait fondu était parfaitement valable, ce qui leur permit de "dépouiller l’Egypte".