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"Les enfants d’Israël observeront le Shabbath (véchamérou bné Israël), pour faire du Shabbath (laassot ét aShabbath) une alliance éternelle pour leurs générations" (Ki Tissa 31,16)

-> Le rabbi de Klausenbourg explique que dans le passé l'épreuve du peuple juif consistait à : pouvoir observer le Shabbath (chmirat Shabbath), mais de nos jours l'épreuve principale réside dans le fait de : faire du Shabbath un jour positivement spécial (laassot ét aShabbath).
En effet, nous devons en faire un jour unique : plein de joie, d'unité, de sainteté, ...

L'essentiel du Shabbath est le : "brit olam" (l'alliance éternelle) avec Hachem, ce lien unique et incassable de proximité avec notre Papa, le Créateur et Maître du monde.

"Hachem dit à Moché : Prends pour toi des aromates (ka'h lé'ha samim) : du baume (nataf), de l'ongle aromatique (ch'hélét samim) et du galbanum ('helbéna) ... Tu en feras une composition d'encens" (Ki Tissa 30,24-25)

A la fin de la prière du matin, nous récitons les kétorét, un passage décrivant la confection de l'encens du Temple, et qui commence par ces versets de la paracha Ki Tissa (20,34-36).

Ce passage est précédé par une proclamation de foi en l'Unité de Hachem, le : én ké'loénou (il n'y a rien comme notre D.), én kadonénou, ...
=> Pourquoi une telle introduction est-elle nécessaire?

-> La guémara (Yoma 26a) rapporte qu'aucun Cohen n'avait le droit d'apporter les kétorét (encens) plus d'une fois dans sa vie. En effet, ce service Divin possède le pouvoir spécial d'engendrer des richesses à tous ceux qui ont le mérite de l'accomplir.
=> C'est pourquoi on ne pouvait le faire qu'une seule fois durant sa vie, afin de permettre au maximum de Cohanim de pouvoir partager cette opportunité unique.

-> En se basant sur cette guémara, le Noda biYéhouda (Ora'h 'Haïm 1,10) affirme que puisqu'une personne qui récite les passages traitants des sacrifices est considérée comme si elle les avait réellement offerts (guémara Méguila 31b), alors de la même façon lorsque nous disons le service des encens (kétorét) cela est une opportunité unique d'amener sur nous de la richesse.

D'ailleurs c'est tellement une réalité, que nos Sages avaient peur qu'une personne récitant les kétorét en vienne à s'attribuer personnellement sa bonne fortune (c'est grâce à mon travail, à mon intelligence, ... - ko'hi véotsém yadi).
=> Pour éviter cela, ils ont imposé qu'avant ce passage, nous devons déclarer à nous-même et au monde entier l'Unicité de Hachem. Il devient alors évident à nos yeux que La Source de la richesse que va nous faire mériter la lecture des kétorét est uniquement : Hachem!.

-> Rabbi Aharon de Lublin (dans son Or'hot 'Haïm) écrit : "l'offrande de la kétoret enrichit tous ceux qui l'étudient, et il se peut que de l'évoquer enrichisse également".

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-> Rabbi Chimon bar Yo'haï dit : "Si les gens connaissaient la valeur de la paracha traitant des encens, ils en prendraient chaque mot et en feraient une couronne d’or.
Quiconque s’y intéresse devra méditer à l’acte d’apporter des herbes odoriférantes. S’il le fait chaque jour, il recevra une part dans ce monde-ci et dans le monde à venir, la mort se détournera de lui et du monde entier, il sera sauvé de tous les mauvais jugements de ce monde-ci, des mauvais esprits, du Guéhinom et du jugement d’une autre royauté.
Lorsque les encens montaient en une colonne de fumée, le Cohen voyait les lettres du nom de Hachem fleurir dans l’air et se joindre à cette colonne. Puis quelques chars saints l’entouraient de tous côtés et elle montait dans la joie."
[Zohar - Vayakel 218b]

-> Le Mabit (dans son Beit Elokim) explique que nous récitons le passage de la Torah relatif à la confection et à la composition de l'encens, car celui-ci détient le pouvoir particulier de faire cesser les épidémies et maladies.

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-> Si on omet la lecture des sacrifices qui précède la prière du matin, en commençant par Barou'h Chéamar, on perd beaucoup.
La lecture des sacrifices est composé du passage de la Torah relatif au sacrifice quotidien (Tamid), d'un texte décrivant la manière de composer et d'offrir l'encens (Pitoum haKétorét) et d'une michna présentant les sacrifices en général (ézéou mékoman).
Quiconque les récite en tire un grand bénéfice, et est purifié des souillures des péchés accidentels commis chaque jour.
A moins d'un cas d'urgence, on ne doit pas oublier de lire ce texte. L'omettre sans raison, c'est se priver d'un profit immense.
[Méam Loez - Lé'h Lé'ha 15,8]

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-> "Celui qui récite les Korbanot à la synagogue et dans la maison d’étude avec concentration est assuré par une alliance contractée avec le Ciel que tous les anges rappelant ses fautes (mauvaises actions) n’auront aucun droit de lui causer le moindre mal, mais seulement de lui prodiguer du bien.".
[rav Krouspédaï - Zohar (Vayéra 100b)]

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-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach a déclaré un jour que la lecture des Korbanot avant la prière de Min’ha possède la propriété miraculeuse d’épargner à celui qui s’y adonne d’avoir recours aux médecins.
On comprendra aisément d’après cela l’inanité de l’argument de ceux qui se dérobent à cette Mitsva en prétendant qu’ils n’en ont pas le temps. Car il en faut moins pour la lire que pour attendre son tour à une consultation médicale.

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-> L'Autel d'encens est présenté après le Michkan et tous ses objets pour nous enseigner que parmi toutes les offrandes, nulle n'était aussi précieuse que l'encens. [Sifté Cohen]
[...]

Le mot "kétorét" (encens - קְטֹרֶת‎) forme les initiales des mots :
- kédoucha = sainteté ;
- tahara = pureté ;
- ra'hamin = miséricorde ;
- tikva = espoir.

=> Telle est précisément la fonction de l'encens : ajouter de la sainteté aux juifs et les purifier de leurs fautes. Alors Hachem éprouvait pour eux de la miséricorde, ce qui leur donnait espoir.
[Méam Loez - Tétsavé 30,6]

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-> L'encens (kétorét) était plus important que les autres sacrifices, parce que tous les sacrifices étaient offerts en expiation d'une faute.
Quant à lui, l'encens n'était pas apporté à cause d'une transgression mais pour exprimer la joie.
Il est écrit : "L'huile et l'encens réjouissent le cœur" (Michlé 27,9).
Ce verset nous enseigne que l'huile de la Ménora et l'encens (kétorét) avaient principalement pour but de réjouir le cœur, de procurer de la joie.

L'encens apportait un autre bénéfice non négligeable : c'était un remède pour purifier les hommes de la faute.
Quiconque respirait le parfum de l'encens brûlé sur l'autel était porté au repentir. Son cœur était purifié de toutes les mauvaises pensées et de l'impureté du penchant au mal.

En cela, l'encens ressemblait à la plaque frontale du Cohen Gadol portant le nom Divin. Quiconque la regardait éprouvait une grande crainte sacrée et se repentait totalement. Le même effet se produisait pour quiconque respirait l'encens lors de sa combustion. Cela brisait le pouvoir de l'Autre Côté et l'empêchait d'accuser Israël.

C'est la raison pour laquelle l'endroit où on le brûlait était appelé un Autel (mizbéa'h).
[le mot "mizbéa'h" provient du mot hébreu "zéva'h", qui signifie abattre, pourtant] on n'y égorgeait pas de sacrifice.
L'encens avait la faculté de briser et d'abattre le pouvoir de l'Autre Côté.
Ce mizbéa'h d'encens était donc un lieu où l'Autre Côté était abattu. [Ramban]

L'encens est si important qu'il faut veiller à lire ce chapitre chaque jour, matin et soir, sans considérer cette lecture comme difficile.
Certes, elle prend un moment, mais procure une grande joie à Hachem.

L'encens est supérieur à la prière.
Comme on le sait, les prières remplacent les sacrifices, mais l'encens était plus important que toutes les offrandes. Donc l'encens était supérieur à toutes les prières.
De plus, c'était un grand remède pour purifier l'homme de la faute. [Tour - Ora'h 'Haïm - citant le Rama et Roch]

[Le Zohar (Vayakél p.218) dit que : Les Kétorét brisent le yéster ara de tous les côtés ... Il n'y a rien de plus aimé devant Hachem que les Kétorét.]

Rabbi Chimon bar Yo'haï dit dans le Zohar (Vayakél p.218) : si les gens savaient quelle importance revêt la lecture du passage Pitoum haKétorét devant Hachem, ils prendraient chaque mot de ce passage et le poseraient sur leur tête comme une couronne d'or.
Quiconque dit le Pitoum haKétorét quotidiennement, matin et soir, lentement, sans en omettre le moindre mot, et en comprenant ce qu'il récite, est protégé de tout accident, des mauvaises pensées et d'une mort violente.
Il peut être sûr de ne connaître aucun mal de toute la journée. Il sera également protégé de la punition du purgatoire et aura une part au monde futur.

En période d'épidémie, il n'y a pas de meilleur remède que la Kétorét, ce présent que l'ange de la mort a donné à Moché lorsqu'il est monté recevoir la Torah.
L'ange de la mort devint son ami et lui révéla le mystère de l'encens et la façon de l'utiliser pour faire cesser une épidémie. [guémara Shabbath 89a]
Réciter simplement le passage concernant l'encens est également susceptible d'enrayer une épidémie.
[...]

On ajoutait à l'encens une herbe appelé "maalé achane".
Cette herbe avait la propriété de faire monter la fumée comme une colonne sans qu'elle ne se disperse ni à droite ni à gauche.
Personne ne connaissait cette herbe à part les membres de la famille d'Avtinos.
Eux seuls étaient capables de fabriquer l'encens selon la tradition transmise par leurs ancêtres et qu'ils ne révélaient à personne. [guémara Yoma 38a]
[...]

On relit ce passage de Pitoum haKétorét, à la fin de la prière du matin bien qu'on l'ait récité plus tôt.
En effet, pour qu'une prière soit acceptée, elle doit être dite avec une grande concentration sans autres pensées car nous ne voulons pas que les forces extérieures aient le pouvoir de s'y attacher.
Si l'on a des pensées étrangères, ces forces peuvent s'attacher à elles, et au lieu d'être bénéfique, la prière risque d'être nuisible car elle ajoute des forces à l'Autre Côté.
Le fait de réciter le Pitoum haKétorét à la fin de la prière constitue un antidote à cela et permet d'annuler toutes les forces susceptibles d'accuser la prière d'un homme.
Il est donc important de le dire de nouveau bien que cela suppose de passer un peu plus de temps à la synagogue.
Cela peut rectifier l'office tout entier.

De nombreuses personnes ont coutume de dire le Pitoum haKétorét à l'issue du Shabbath, après la Havdala.
Cela est également efficace pour briser les klipot néfastes et faire connaître à l'homme le succès dans toutes ses entreprises de la semaine à venir.
[...]

Il faut lire les Pitoum haKétorét dans un Siddour. Cette lecture revient à faire brûler de l'encens dans le Temple.
Si on le récite de tête, on risque d'omettre l'un des ingrédients ce qui reviendrait à faire brûler de l'encens incomplet, faute passible de mort.
Pour la même raison, il est bon de compter les onze parfums sur ses doigts en les lisant afin de n'en omettre aucun.
[Méam Loez - Ki Tissa 30,34&36]

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-> Hachem considère qu'un homme étudiant les sections relatives aux sacrifices se trouve, pour ainsi dire, au Temple et apporte le sacrifice.
Lorsqu'une personne prononce les sections décrivant les sacrifices, son haleine est considérée comme le feu que le Cohen gadol plaçait sur l'autel pour brûler l'offrande.
Ce souffle monte en Haut et rejoint le Feu surnaturel semblable à celui qui descendit du ciel pour s'assembler au feu que le Cohen Gadol plaçait sur l'autel.

[Méam Loez - Vayikra 1,1]

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-> Celui qui dit la Kétorét à la fin de la prière éloigne la mort de sa maison.
[Zohar - Pin'has 224a]

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-> Le Zohar (vol.I,100) enseigne :
Rabbi Pin'has dit : Une fois pendant que je voyageais, j'ai rencontré Eliyhaou haNavi, et je lui ai demandé : "Dis-moi quelque chose qui aide les gens".
Eliyahou haNavi m'a répondu : "Dans le Ciel, il y a des anges qui ont pour mission de rapporter les fautes de la nation juive devant le Trône de Hachem. Lorsque les juifs récitent les Korbanot (dont les Kétorét) ... avec kavana, ces anges doivent alors dire de bonnes choses sur les juifs."

Le Zohar rapporte également que Hachem a fait un pact (brit) que si les juifs rentrent dans les lieux d'études, synagogues, et y lisent les Kétorét avec kavana, alors la plaie va cesser.

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-> Il est écrit dans le Zohar (Vayakél p.218) [que le Méam Loez rapporte en partie ci-dessus] :
Rabbi Chimon bar Yo’haï a dit : si les hommes savaient combien la récitation de la kétoret a d’importance aux yeux d'Hachem, ils la réciteraient avec attention, en séparant distinctement tous les mots comme les ornements d’une couronne en or. Et quiconque veut y prêter toute son attention doit réfléchir à ce que c’est que l’offrande de la kétoret ; s’il y met toute sa concentration chaque jour, il aura une part dans ce monde-ci et dans le monde à venir, la mort le fuira et fuira le monde, et il sera sauvé de tous les mauvais décrets qu’il y a en ce monde-ci, des mauvaises choses, du Guéhénom, et des décrets des puissances étrangères."

-> A un autre endroit (Zohar ‘Hadach, 67), Rabbi Chimon bar Yo’haï témoigne qu’il y a un décret devant Hachem qui stipule que quiconque examine et lit chaque jour le passage sur la kétoret sera préservé de tout acte de sorcellerie, et de tout accident, des mauvaises pensées, des mauvais décrets et de la mort, ne subira aucun dommage pendant toute cette journée-là, et que les forces de l’impureté ne pourront rien contre lui.

Il est toutefois important de mentionner la remarque qui se trouve à la fin des propos du Zohar : "Il y faut beaucoup de concentration".

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-> Le Méam Loez (Pin'has 28,8) écrit :
Nous trouvons [une relation entre l'offrande des sacrifices et leur récitation] dans le passage de l'alliance entre les morceaux (Béréchit 15).
Avraham demanda à D. : "Si Mes enfants fautent, quel mérite les attachera en ce monde?"
D. répondit : "Le mérite des sacrifices"
"Tant que le Temple existe, certes. Mais que feront-ils lorsqu'il n'y aura plus de Temple?
"S'ils étudient les chapitres relatifs aux sacrifices, Je considérerai qu'ils ont réellement offert les sacrifices et Je pardonnerai toutes leurs fautes".

Ceci démontre clairement l'importance de la lecture des passages de la Torah concernant le sacrifice quotidien (tamid), le pitoum hakétorét et le chapitre "ézéhou mékoman" de la guémara, ainsi que les passages des Maamadot que nous récitons chaque jour.
Ils sont une source de vie et constituent un remède efficace pour nos fautes à condition de les réciter posément, en comprenant, chaque mot.

Il faut prendre cela à cœur, en particulier ceux qui sont souvent négligents et omettent ces parties de l'office, en partie ou en totalité, afin de gagner du temps pour vaquer plus tôt à leurs occupations quotidiennes.
En commençant la prière par le "Baroukh Chéamar", ils renoncent à un remède prodigieux qui ne coûte rien et qui permet d'obtenir le pardon.
Il est insensé de croire qu'en prenant son temps pour réciter ses prières, l'homme subira une perte financière.
Serait-il possible que D. diminue les revenus d'un homme parce que ce dernier prie, et qu'Il récompense par la réussite matérielle l'omission d'une partie de l'office?

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-> Depuis la destruction du Temple de Jérusalem, les Sages ont institué la lecture du passage de la Torah concernant l'offrande journalière : "vaydaber Hachem el Moché lémor : tsav et béné Israël ..." jusqu'à "iché réa'h ni'hoa'h l'Hachem", car la prière du matin est en parallèle au korban tamid du matin.

Le Rama de Pano enseigne que même après la destruction du Temple, chaque jour Pin'has, qui est lui-même Eliyahou haNavi, effectue l'offrande de ce Korban sur le lieu du Temple, car même s'il est détruit, la kédoucha de cet endroit ne l'a pas quitté.

-> Le rav Aharon de Karlin recommande de ne pas sauter le passage des korbanot et la kétorét, car cette lecture purifie l'homme de pensées étrangères et lui ouvre les portes de la prière.

-> Rabbi Moché Makhir (auteur du Séder Hayom - au 15e siècle) écrit qu'il est bon de lire la Kétoret dans un parchemin et avec ferveur 2 fois par jour, le matin et à min'ha. Ceci offre une véritable protection et la bénédiction, et il affirme : "J'en suis garant" (Kaf ha'Haïm 132,23 - au nom du 'Hida).

Rabbi Moché Makhir (que le 'Hida qualifie de "saint Rav") écrit : "celui qui se soucie de sa vie a intérêt à s’efforcer au maximum de le faire, d’écrire tout cela sur un parchemin casher, dans une écriture carrée, et de le lire une fois le matin et le soir, avec toute l’intention qui convient, et je suis garant que cela entraînera pour celui qui le fait avec attention la bénédiction et la réussite dans tout ce qu’il entreprendra.
Il s’enrichira, il n’en arrivera jamais à la pauvreté, comme on l’a constaté chez les Cohanim : tout Cohen qui méritait d’offrir la kétoret une fois n’avait plus besoin de l’offrir une 2e fois. Il en va de même pour celui qui lit ce passage avec précision et attention tous les jours comme il convient, le matin et le soir ; il méritera d’avoir une subsistance abondante sans aucun doute."

-> L'auteur du Téchouvot Vé'anhagot indique une segoula dont il a entendu parler par les anciens de Jérusalem : "qu’on écrive sur un parchemin le passage sur la kétoret avec toute la baraïta, qu’on le dise 2 fois par jour, qu’on lise le passage qui se trouve dans la Torah avec la cantillation, et qu’on dise toute la baraïta calmement, sans se presser." Avec l’aide de D., on méritera d’être délivré et de voir ses vœux exaucés.
D'ailleurs, il y est rapporté l'exemple d'un couple qui n'avait pas eu d'enfants, et dont le jeune homme a mérité d'avoir une grande famille grâce à cette ségoula.

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-> Une réparation du lachon ara : la récitation du passage sur les Kétorét.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - lachon ara]

-> La guémara (Zéva'him 88b) eneigne :
D'où sait-on que l'encens (kétoret) exerce une expiation?
Car il est écrit : "Il posa les kétoret et il fit expiation sur le peuple" (Kora'h 17,11).
Il a été enseigné dans le beit hamidrach de Rabbi Ichmaël : quelle faute est-elle expiée par les kétoret?
Que vienne une chose secrète pour expier un comportement secret.

-> La confection de l'encens était tenue secrète et seuls quelques initiés la connaissaient.
La guémara (Yoma 38a) nous rapporte :
la famille d'Avtinas détenait le secret de la confection des kétoret que l'on faisait au Temple. Ils refusèrent catégoriquement d'enseigner leur savoir-faire de qualité. En effet, lorsqu'ils préparaient l'encens, la fumée qui s'élevait dans le ciel était aussi droite qu'une colonne de marbre.
A chaque fois qu'une femme entrait dans cette famille de renom, elle devait accepter de ne plus jamais se parfumer afin que les gens du peuple ne pensent pas que cette odeur agréable provienne de l'encens du Temple.

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-> La guémara (Shabbath 89a) enseigne :
lorsque Moché monta dans les hauteurs, tous les anges l'affectionnèrent et lui offrirent des cadeaux. Même l'ange de la mort lui offrit un cadeau, comme il est écrit : "Il posa les kétoret et il fit expiation sur le peuple" qui est suivi immédiatement dans la Tora par le verset : "Il s'interposa entre les morts et les vivants et l'épidémie s'arrêta". Si l'ange de la mort ne lui avait pas révélé ce secret, comment l'aurait-il su?"

-> Rabbi Tsadok haCohen explique cet enseignement :
l'ange de la mort transmit à Moché un secret capital. En effet, l'ange de la mort fait périr les êtres humains principalement à cause de la faute de la médisance. L'ange lui confia que les kétoret représentaient le remède métaphysique contre les épidémies qui provenaient de la médisance.

-> Le roi David s'exprime ainsi à propos de notre sujet : "Quel est l'homme qui souhaite la vie, qui aime la longévité des jours pour goûter le bonheur? Préserve ta langue du mal et tes lèvres des discours perfides ; éloigne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la" (Téhilim 34,13).

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-> Le Zohar (Vayéra 100b) rapporte qu'Eliyahou haNavi transmit à Rabbi Pin'has une annonce faite parmi les légions célestes et entendue par les anges de destructions : "Lorsqu'une épidémie frappe le monde, et que les Bné Israël entrent dans les synagogues et les maisons d'études, qu'ils prononcent le passage des kétoret avec une intention sincère et le décret de mort sera annulé".

-> Le Tsror ha'Haïm (Ki Tissa) ajoute qu'il est néanmoins impératif de saisir un point essentiel : la lecture des kétoret n'est efficace que si l'homme préserve sa bouche des paroles de médisance et s'abstient d'en écouter.
Si l'homme n'est pas attentif et ne se repentit pas, la lecture des kétoret n'aura aucun effet.
Cela ressemble à un homme qui désire se purifier et s'immerge dans un mikvé en tenant un animal impur dans sa main (guémara Taanit 16a).
Les kétoret n'apporteront pas l'expiation nécessaire à l'arrêt de l'épidémie si nous ne rectifions pas nos comportements.

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-> Le Zohar explique que l'un des ingrédients qui constituent l'encens (kétoret) est le 'helbéna. Son odeur est désagréable et il représente le mauvais penchant.
Le terme : 'helbéna (חלבנה) a la même valeur numérique que le nom de Haman (המן) soit 95, qui est le symbole absolu du mal.
Hachem dit à Moché : prends le 'helbena et mélange-le avec les 10 autres ingrédients des kétoret afin de camoufler sa mauvaise odeur. L'odeur ainsi dissimulée annule les forces de l'nage de la mort et endigue l'épidémie.

Il est rapporté également dans le Zohar (Béréchit 170a) une histoire au sujet du Rav A'ha qui se rendit dans une petite bourgade en Israël où une épidémie décimait les habitants. Ayant pris connaissance de sa présence en ville, les dirigeants lui rendirent visite en lui expliquant la situation.
Rav A'ha leur dit : choisissez parmi vous 40 tsadikim. Divisez-les en 4 groupes de 10 et positionnez-les aux 4 points cardinaux du village. Ils firent selon ses paroles et l'épidémie s'arrêta aussitôt.

"Prends pour toi des aromates : du nataf, du ché'hélét et du 'helbéna ... ils seront tous égaux en poids" (Ki Tissa 30,34)

-> Nos Sages déduisent que 11 ingrédients entraient dans la fabrication de l'encens, qui était offert 2 fois par jour (le matin et l'après-midi) sur l'Autel, à l’intérieur du Michkan.
Le parfum de l'encens symbolise le devoir et le désir d'Israël de servir D. de la façon qu'Il agrée.

-> Alors que toutes les senteurs des encens dégageaient une bonne odeur, la 'helbéna était la seule qui avait une mauvaise odeur.
Rachi (citant la guémara Kéritot 6b) commente : la Torah l’a inclus dans la composition de l’encens afin de nous apprendre à ne pas tenir pour indigne de nous, dans nos réunions de jeûnes et de prières, la présence de pécheurs d’Israël, lesquels doivent au contraire être comptés comme étant des nôtres.

Mais pourquoi cela?

-> Une des explications est que lorsque les réchaïm s’associent aux prières des autres personnes, alors la prière de ces derniers s'en trouve renforcée.
En effet, même si ces personnes ne sont pas assez méritantes, cependant comparées aux réchaïm, leurs défauts deviennent insignifiants, et en comparaison elles sont considérées comme très méritantes.
=> C'est ainsi que lorsque les réchaïm s’associent aux prières, cela renforce le mérite des autres et leurs prières ont plus d’impact.

[Beit Shmouël Aharon]

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-> "Rabbi 'Hana dit au nom de Rabbi Chimon ‘Hassida : Tout jeûne auxquels ne participent pas des pécheurs d’Israël n’est pas un (véritable) jeûne, car le 'helbéna a une mauvaise odeur et pourtant elle est comptée parmis les (onze) composants de l’encens."
[guémara Kéritout 6b]

L’ensemble des personnes présent à une prière s’appelle le : tsibour, dont les initiales renvoient à : tsadikim, bénonim et réchaïm.
=> Prier n’est pas une réunion d’élites, mais c'est une union de tout le peuple ensemble vers un but unique.

[à l'image de la joie d'un père qui voit tous ses enfants qui se retrouvent ensemble malgré leurs différences, Hachem prend tellement plaisir à nous voir unis, qu'Il en déverse largement Ses meilleurs bénédictions sur nous!]

-> Rabbeinou Bé'hayé commente :
"L’encens vient nous enseigner que nous ne devons pas négliger les réchaïm et les fauteurs en les excluant de nos jeûnes et de nos prières.
Nos Maîtres ont d’ailleurs dit que toute assemblée exempte de fauteurs n’est pas une assemblée. En effet, le Nom de D. est exalté et sanctifié lorsque les réchaïm se repentent et viennent s’ajouter au nombre des tsadikim.
Si cela ne se produit pas, les tsadikim en sont incriminés au nom de la responsabilité qui incombe à chaque juif vis-à-vis de son prochain."

-> Lorsque Hachem voit que les réchaïm font téchouva grâce à l'influence des personnes justes, alors Il nous traite avec davantage de miséricorde.
[Sifté 'hakhamim]

-> Le Nom Divin est grandement sanctifié lorsque les réchaïm font téchouva et désire s'élever vers le niveau des personnes justes.
[Prishah]

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Il est intéressant de constater que les réchaïm, les fauteurs sont :
-> à la fois exclus du compte du minyan, puisqu'il y a déjà 10 juifs justes (la 'helbéna venant comme la 11e épice).
Cela représente la nécessité de maintenir une séparation, une zone de sécurité, pour qu'ils ne nous influencent pas négativement.

-> mais également ils sont indispensables, car sans eux nous n'arrivons pas aux 11 épices nécessaires pour confectionner l'encens du Service Divin.
Cela signifie qu'à nos yeux ils ne sont jamais rejetés : ce sont nos frères dans le besoin spirituel, et nous aspirons de tout notre cœur à ce que la mauvaise odeur du 'helbéna se transforme en une épice de bonne odeur.

=> Il y a cette dualité à maintenir pour les impacter positivement, sans risquer de s'affaiblir soi-même à leur contact.

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-> Le Kli Yakar apporte l'explication suivante.
Une personne n'a pas le droit de s'affliger elle-même inutilement. C'est pourquoi, une personne juste ne devrait pas selon la loi se permettre de jeûner en réponse à une tragédie, car sa droiture l'empêche d'être tenu responsable pour tout malheur.
Ainsi, la seule justification pour les justes est d'incorporer des personnes moins justes qu'elles, afin de pouvoir jeûner pour elles (le peuple d'Israël étant lié), ce qui rend leur alors autorisé le fait de s'affliger.

[d'une certaine façon, quelque soit notre niveau spirituel, nous jeûnons en espérant que tout juif situé à un niveau inférieur au nôtre pourra évoluer vers davantage de spiritualité.
Un jour de jeûne est certes une remise en question personnelle, mais également l'expression de notre désir intense que tout autre juif, même le plus grand racha, puisse se débarrasser de sa partie mauvaise pour mettre au grand jour toute sa beauté interne latente.]

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-> En se basant sur la guémara (Shabbath 89a), le Mabit (dans son Beit Elohim) enseigne qu'après que Moché ait reçu la Torah au Ciel, tous les anges lui ont offert des cadeaux. Même l'ange de la mort lui a donné quelque chose : la 'helbéna, indispensable à la réalisation des encens.
Celle-ci est la seule des 11 épices entrant dans la composition de l'encens à dégager une mauvaise odeur, mais en se joignant aux autres la senteur se transforme en une aussi douce et agréable que les autres.

Dans une communauté dont les membres sont bons et droits en leurs cœurs, et qu'ils accomplissent un retour sincère et complet vers Hachem (minyan d'épices de bonne odeur), alors l'ange de la mort ne peut exercer sur eux aucune emprise (aucune accusation, mauvais décret).
Bien au contraire, ce sont eux qui le dominent et le soumettent au point que lui-même répond : "Amen", exactement comme la 'helbéna, individuellement malodorante, mais qui non seulement ne sent pas mauvais avec les 10 autres épices, mais va contribuer à la diffusion d'une bonne odeur globale.

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+ Si on a le choix entre soit prier dans un minyan composé que de personnes vertueuses, ou bien prier dans un minyan qui comprend des réchaïm, lequel doit-on choisir?

-> Le rav Aharon Leib Steinman n'est pas certain, mais il écrit qu'il est quand même préférable de prier dans un minyan de personnes uniquement vertueuses, à l'image des encens qui sentaient encore mieux sans la 'helbéna.

-> Le Séfer 'Hassidim enseigne que nous devons faire attention à ne pas prier à côté d'un racha, car cela va entraîner d'avoir de mauvaises pensées durant notre prière et la présence Divine s'éloignera de nous.

"Personne ne convoitera ta terre quand tu monteras pour paraître devant Hachem, ton D., 3 fois par an" (Ki Tissa 34,24)

Ceci est l'un des plus grands miracles cachés promis explicitement par la Torah.
b'h, regardons cela plus en détail.

-> La guémara (Pessa'him 8b) affirme que cela s'applique également aux animaux sauvages qui ne convoiteront pas nos possessions pendant notre absence au Temple : "Ta vache va brouter dans le pâturage et aucun animal sauvage ne l'attaquera. Tes poulets seront libres dans leur poulailler et aucune fouine/belette ne leur fera de mal."

-> A ce sujet, le midrach rabba (Chir haChirim 7,1) rapporte les histoires suivantes :

1°/ Une fois un juif est parti à Jérusalem pour Yom Tov, et par inattention il avait oublié de fermer sa maison à clé.
A son retour, il a trouvé un serpent enroulé autour de la poignée de sa porte, décourageant toute personne à essayer d'y entrer.

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2°/ Une fois un juif est parti pour les Yom Tov, et il avait oublié par mégarde sa récolte de blé empilée dans le champ.
C'est ainsi que tout le fruit de son difficile travail, toute sa fortune à venir pouvait être prise par chacun des passants à proximité.
A son retour de Jérusalem, il a été accueilli par une patrouille de lions qui avaient surveillé sa récolte en son absence.

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3°/ Une fois, un juif qui était parti pour les Yom Tov, avait oublié de rassembler ses poulets dans le poulailler, les laissant libres et sans aucune protection.
A son retour de Jérusalem, il a retrouvé des carcasses de chats sauvages à proximité, sans aucune explication si ce n'est que Hachem surveille ceux que Le servent.

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4°/ Il y avait 2 frères juifs vivants à Ashkelon, qui avaient des voisins non-juifs qui attendaient l'occasion de se remplir les poches en prenant la richesse de leurs voisins juifs.
Ils ont ainsi comploté entre eux : "Lorsque les juifs iront à Jérusalem pour prier, nous viderons leurs maisons de tous les objets de valeur".

A leur retour du pèlerinage pour la fête, les 2 frères ont rendu visite à leurs voisins non-juifs afin de leur donner des cadeaux qu'ils avaient ramener pour eux de Jérusalem.
Leurs voisins semblaient alors confus : "D'où viennent ces cadeaux? Vous êtes partis quelque part?"
Les juifs de répondre : "Bien sûr! Nous nous rendons toujours à Jérusalem pour la fête".

Les non-juifs leur ont demandés : "A quelle date êtes-vous partis? Quand êtes-vous revenus? "
Suite à leur réponse, ils étaient perplexes, et ils ont dit : "Mais alors pourquoi durant toute cette période nous vous avons vu entrer et sortir de chez vous comme à l'accoutumée?"

La vérité devient claire : Hachem avait envoyé des anges qui ressemblaient et qui agissaient comme ces 2 frères juifs, faisant paraître qu'ils étaient toujours présents chez eux, protégeant leurs biens de leurs voisins jaloux.

Les non-juifs se sont alors exclamés : "Béni est le D. des juifs. Vous ne L'abandonnez pas et Il ne vous abandonne pas. Vous avez mis votre confiance en Lui, et Il a envoyé Ses anges pour vous protéger."

=> Avec la perte du Temple, nous avons perdu de tels miracles aussi évidents aux yeux de tous : juifs et non-juifs.

"[Hachem dit à Moché : ] Je vois que ce peuple est un peuple rétif. Cesse donc de Me solliciter, laisse Ma colère s'attiser contre eux pour que Je les anéantisse" (Ki Tissa 32,9-10)

-> Selon Rachi : "Laisse Ma colère" : par ces mots, D. ouvrit une porte à Moché et l'informa que leur sort dépendait désormais de lui : s'il priait en faveur des juifs, ils ne seraient pas anéantis."

-> Selon la guémara (Béra'hot 32a) : "Moché saisit Hachem comme un homme qui empoigne l'habit de son prochain, et Lui dit : "Maître du monde, je ne Te laisserai pas jusqu'à ce que Tu les aies pardonnés" [...]
Il fut prêt à sacrifier sa vie pour eux [...] Moché déversa ses prières devant Hachem jusqu'à ce que se déclare en lui la fièvre des os [...] jusqu'à Le rendre malade".

=> Moché pria avec tant d'insistance, avec toutes ses forces, capacités.

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-> Hachem a dit à Moché qu'Il anéantirait le peuple juif, dans un objectif de pousser Moché à prier pour eux, car Hachem désire les prières de Moché rabbénou.
[Bé'hor Chor]

-> Hachem signifiait à Moché que s'il cessait de prier pour le peuple d'Israël, alors Sa colère allait éclater, et Il les détruirait.
Puisque Hachem ne voulait pas que cela arrive, Il indiqua à Moché de continuer à prier jusqu'à ce que le peuple soit complètement pardonné.
[Rabbénou Saadia Gaon]

-> Hachem a vu la grande humilité de Moché : il n'a pas dit un mot, il est juste resté là en silence, totalement bouleversé au sujet de "ses enfants" (les juifs).
Moché n'a pas prié pour le peuple d'Israël jusqu'à ce que Hachem ne lui donne la permission de le faire.
[Tsor haMor]

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Il y a une différence entre Noa'h et Moché.
-> Lorsqu'on a dit à Noa'h que sa génération sera détruite, mais que lui serait sauvé dans une Arche, il a alors arrêté de prier pour elle.

-> Hachem a dit à Moché que le peuple juif sera détruit, et que lui Moché deviendra une grande nation.
Qu'a-t-il alors fait?
Il est écrit : "Moché pria devant Hachem" (v.32,11) que les juifs soient pardonnés et pas anéantis.
[Zohar 1,60]

-> "Moché pria (vayé'hal - וַיְחַל) devant Hachem" (v.32,11)
Le Méam Loez commente :
Moché pria tellement en faveur des juifs qu'il en tomba malade.
Pour décrire la prière de Moché, la Torah emploie le mot "vayé'hal", qui est proche du mot : 'holé, signifiant : malade.
[...]
Le mot "vayé'hal" est lié au mot : 'halal, signifiant cadavre.
Nous le voyons dans le verset : "Lorsqu'un corps ('halal) est trouvé dans ton pays" (Dévarim 21,1).
Ceci veut dire que Moché devint semblable à un cadavre : il pria avec tant de ferveur qu'il fut proche de la mort.

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-> "Moché supplia Hachem son D." (v.32,11)

Pourquoi ce verset parle d'Hachem comme "son D.", c'est-à-dire le D. de Moché, et non de tout Israël?

En fait, le midrash explique que pour plaider en faveur d'Israël au sujet de la faute du veau d'or, Moché dit à Hachem : "Tu as dis dans les 10 Commandements : ''Je suis Hachem ton D.'', au singulier. Tu n'as donc parlé qu'à moi et pas à eux. En faisant le veau d'or, ils n'ont donc pas transgressé cette Parole".

Ainsi, ce plaidoyer est basé sur le fait qu'il est dit : "Ton D." = c'est à cela que fait allusion notre verset : "Moché supplia Hachem son D.", c'est-à-dire en arguant qu'Hachem l'a considéré comme seulement ''son D.ieu'', en disant : "Je suis Hachem Ton D.", sous entendu : pas le leur. Ils n'ont donc pas vraiment fauté.
[Agra déKala]

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-> "Et sinon, efface-moi du Livre que tu as écrit" (Ki Tissa 32,32)

-> Rachi commente : "afin qu’on ne dise pas à mon propos que je n’ai pas su implorer la miséricorde Divine à leur égard".

=> Ce commentaire de Rachi demande a priori à être expliqué : qu’importe-t-il à Moché Rabbénou, le plus humble de tous les hommes, que l’on puisse dire à son propos qu’il ne savait pas implorer la miséricorde pour les Bné Israël? De plus, son humilité exemplaire aurait dû l’inciter à penser qu’il en était réellement indigne.

-> Le Beit Aharon (Likoutim 144b) explique qu’au contraire, c’est précisément du fait de cette humilité que Moché déclara "sinon, efface-moi", voulant signifier : "Si Tu n’acceptes pas ma prière, je crains que l’on dise qu’Hachem ne l’a pas entendue parce qu’Il n’écoute pas la prière des fauteurs et des pécheurs. Or, c’est faux, tu entends la prière de chacun quel qu’il soit".
C’est la raison pour laquelle Moché demanda avec autant d’insistance qu’Hachem entende sa supplique et Lui dit : "Sinon, efface-moi".

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"Et maintenant, si tu pardonnes leur faute [c'est bien], et sinon efface-moi maintenant de Ton live que tu as écrit" (Ki Tissa 32,32)

-> De quel "livre" Moché souhaite-t-il être effacé?
Nos Sages (guémara Roch Hachana 16b) enseignent qu'à Roch Hachana 3 livres sont ouverts : celui des tsadikim, celui des réchaïm, et celui des personnes moyennes (bénonim).

- Moché a dit à Hachem (cf.verset ci-dessus 32,32) : "Si tu ne pardonnes pas au peuple juif, alors efface-moi du livre des tsadikim, car je ne veux pas y être inscrit tout seul".

- Hachem lui a alors répondu : "Celui qui a péché envers Moi, Je l'effacerai de Mon livre" (v.32,32) = c'est-à-dire : "J'effacerai le peuple juif du livre des réchaïm où ils devraient être inscrits en raison de leur faute, et Je les placerai avec toi, Moché, dans le livre des tsadikim".
[Kol Yaakov]

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-> Moché a mentionné 3 mots-clefs dans ce verset ("Et maintenant, si Tu veux bien pardonner leur faute! Sinon efface-moi de Ton livre que Tu as écrit" - v.32,32) en allusion aux 3 livres ouverts dans le Ciel lors du jugement annuel à Roch Hachana.
En effet :
- "mé'héni" (efface-moi) = fait allusion au livre des réchaïm dont le nom est effacé, du fait qu'ils seront jugés immédiatement pour la "mort".
- "sifré'ha" (Ton livre) = fait allusion au livre des tsadikim qui y sont inscrits pour toujours et sans modification au cours du temps.
- "achèr katavta" (que Tu as écrit) = fait allusion au livre des bénonim (qui sont pratiquement 50% méritant et 50% fautif), dont les mérites ou les fautes sont écrits durant les 10 jours de sursis (entre Roch Hachana et Yom Kippour).
[Torah Témima - Chémot 32,32 - d'après la guémara Roch Hachana 16b]

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=> Un question se pose : En quoi le tsadik Moché Rabbénou est-il concerné par le livre des réchaïm et des béninim?

-> Le Ben Ich 'Haï (guémara Roch Hachana 16b) enseigne :
Moché qui a mené une vie exemplaire n'est évidemment concerné que par le livre des tsadikim. Pourquoi demande-t-il alors à être effacé du livre des réchaïm et du livre des bénonim (gens moyens) qui ne le concernent pas?

En réalité, dans le livre de chaque homme sont inscrits ses mérites : tel jour, il a étudié la Torah avec tel rav ou tel jour il a accompli tel commandement Divin (mitsva) que lui a enseigné tel rav.
Or, toute la génération du désert avait comme maître Moché. Ainsi, pour chacun d'eux, qu'il soit tsadik (majoritaire en mérites), racha (minoritaire en mérites) ou bénoni (50% de mérites), Hachem inscrivait qu'il avait étudié la Torah de Moché son maître et qu'il avait accompli telle mitsva selon ce que Moché lui avait ordonné.

=> Ainsi, le nom de Moché était inscrit à son mérite sur les 3 livres.
C'est pourquoi, Moché est concerné par les 3 livres et il demande à en être effacé si Hachem n'accède pas à sa demande en faveur des Bné Israël.

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=> Pourquoi Moché est-il prêt à renoncer à sa part dans le monde à venir?

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome 5,p.441) explique :
Après la faute du veau d'or, Moché intercède auprès d'Hachem en faveur des enfants d'Israël : si Tu pardonnes leur faute, c'est bien, sinon efface-moi de Ton livre.
Comment comprendre que Moché soit prêt à renoncer à son monde futur?

En réalité, Moché a un amour intense pour le peuple d'Israël qu'il dirige et un attachement à lui si profond, qu'il ressent qu'il ne pourra pas jouir de sa récompense dans le monde à venir si ce peuple qu'il a tant aimé devait être anéanti à cause de l'idolâtrie du veau d'or.
Moché ne refuse pas son monde futur, mais son désir de supporter le joug des malheurs de son peuple l'empêcherait de tirer profit du rayonnement de la Présence Divine.

L'attitude de Moché, ici, prouve l'intensité de son amour pour le peuple d'Israël ; c'est pourquoi nos Sages disent : "Moché est l'âme de l'Assemblée d'Israël", et Rachi dit : "Moché pèse autant (dans la balance) que toute l'Assemblée d'Israël" (Rachi - Chémot 18,11).
Ainsi, Moché a manifesté une telle union avec le peuple d'Israël que cette union ne se défera jamais et se maintiendra pour l'éternité.

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-> -> b'h, autres commentaires sur ce verset (Ki Tissa 32,32) : https://todahm.com/2011/02/12/paracha-tetsave

Le demi-Shékel = la pièce de l’égalité = tout juif restera toujours aimé et important aux yeux d’Hachem

+ Le demi-Shékel = la pièce de l'égalité = tout juif restera toujours aimé et important aux yeux d'Hachem :

-> Les dons pour les adanim (socles) et les korbanot annuels devaient être exactement d'un demi-shekel (ma'hatsit hashékel), ni plus ni moins.
Le verset souligne : "Le riche ne doit pas augmenter et le pauvre ne doit pas diminuer" (Ki Tissa 30,15).

Il y a toutes sortes de juifs, à tous les niveaux. Chacun accomplit les mitsvot en fonction de l'état d'avancement de son cheminement spirituel. Ceux qui sont riches en Torah, en amour et en crainte d'Hachem peuvent réaliser les mitsvot à un niveau tout à fait différent de ceux qui sont pauvres en connaissance de la Torah et en accomplissement spirituel.

Mais lorsqu'il s'agit des shékalim, tous les juifs sont les mêmes. Pourquoi?
En effet, le shékel, qui est une pièce de monnaie circulaire, correspond au youd du nom d'Hachem (יהוה).
Chacune des lettres du nom d'Hachem correspond à un niveau d'âme différent. Le dernier hé du nom d'Hachem correspond au niveau le plus bas de l'âme, le néfech, qui est enraciné dans le plus bas des mondes spirituels, Assiya, et se manifeste dans l'accomplissement pratique des mitsvot.

Le vav du nom d'Hachem correspond au roua'h, il est enraciné dans la Yétsira et se manifeste par l'émotion qui accompagne l'accomplissement des mitsvot.
Le premier hé correspond à la néchama, le niveau intellectuel de l'âme, qui est enraciné dans la Beria et où toute méditation sur la grandeur d'Hachem et la connaissance de la Torah a lieu.
Le youd du nom d'Hachem correspond au niveau le plus élevé de l'âme, 'haya, et est enraciné dans l'Atsilout, où l'âme s'attache à Hachem dans un lien spirituel (le plus élevé qui soit).

Dans ces 4 niveaux d'âme, il y a un grand écart entre un juif et son voisin.
Plus le niveau d'accomplissement de la mitsva est élevé, plus le néfech est rayonnante. Plus l'amour et la crainte d'Hachem sont débordants, plus le roua'h est dynamique.
Plus on est absorbé par la connaissance d'Hachem, plus la néchama est élevée. Plus l'attachement à Hachem est pur, plus le 'haya est active et évoluée.

Mais il existe encore un 5e niveau d'âme : la yé'hida, qui signifie l'unité.
La yé'hida est la racine de l'âme, là où elle est taillée dans l'unité pure et simple d'Hachem lui-même.
Elle ne correspond pas à une lettre du nom d'Hachem, mais au koutso shel youd, le point culminant du youd du nom d'Hachem.

Il peut y avoir des juifs plus élevés et de juifs plus abaissés, et même des juifs très fauteurs, lorsqu'ils sont perçus sur les 4 niveaux inférieurs de l'âme.
Nous y sommes évalués en tant que serviteurs d'Hachem, et il y a de meilleurs serviteurs, plus loyaux et plus dévoués, et il y a des serviteurs moins bons.

Mais au niveau d'âme appelé : yé'hida, nous ne sommes pas évalués. Nous ne sommes que des enfants d'Hachem, et un enfant n'est pas "plus enfant" ou "moins enfant", mais simplement "enfant".
Il n'y a rien qu'un enfant puisse faire pour se détacher d'un parent au point de ne plus être un enfant. Au niveau du yé'hida, tous les juifs sommes égaux.

=> La pièce de monnaie du demi-shekel, qui correspond au youd, contient également en elle-même le koutso shel youd. Ainsi, lorsqu'il s'agit de shékalim, "les riches n'augmentent pas et les pauvres ne diminuent pas". Au niveau du yé'hida, nous sommes tous des enfants d'Hachem au même titre.

[de même que chaque juif donnait une pièce de même valeur, de même chaque juif (le plus tsadik, comme le plus racha) est autant apprécié aux yeux d'Hachem (au niveau d'âme yé'hida). ]

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-> Si une personne faute, elle souille son âme. Les actes répréhensibles endommagent le niveau d'âme néfech, les émotions immorales polluent le roua'h et les pensées hérétiques contaminent la néchama.
Bien qu'il soit rare d'endommager le niveau d'âme 'hayah, des réchaïm profondément racha peuvent y parvenir.

Si un juif faute de manière constante et flagrante, il endommage son âme au point de la brûler et de la détruire en faisant fondre ses impuretés.

Cependant, le niveau d'âme yé'hida, la pointe du youd, ne peut jamais être endommagée.
Par conséquent, lorsque la purification est terminée, même l'âme juive la plus pécheresse sera reconstruite à partir de cette essence centrale et complètement réhabilitée. Il rejoindra alors le reste du peuple juif dans une égalité totale et complète de stature, de pureté et de proximité avec Hachem.

En revanche, l'âme d'un non-juif (étant d'une qualité moindre) n'a aucune racine dans le niveau d'âme le plus élevé : celui de la yé'hida.
Par conséquent, un non-juif peut détruire son âme entièrement s'il commet des fautes suffisamment graves. Il cessera alors d'exister en tant qu'individu. Les étincelles de bonté qui subsistent après le processus de purification sont redistribuées à d'autres âmes. Il s'agit d'un processus très douloureux réservé aux fauteurs les plus vicieux, comme Haman et Hitler.

[ ainsi un juif, garde toujours en lui un noyau de pureté, une partie très élevée d'Hachem (que les non-juifs n'ont pas en eux), qui même s'il a agit comme Haman, il pourra à partir de ce noyau effectuer son tikoun (réparation) pour redevenir sublime.
Ainsi, le désespoir n'existe pas : même si on a fait les pires fautes possibles, on a en nous cette graine d'âme (yé'hida) pour tout reconstruire, en plus de notre téchouva sincère qui peut tout réparer. ]

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-> Rabbi Chimon bar Yo'haï a dit à ses élèves que tous les juifs de l'époque de Pourim ont mérité d'être tous anéantis car ils se sont prosternés devant l'idole(à l'épqoue de Névou'hadnétsar).
Il ajouta : "Ils ne l'ont fait que superficiellement (extérieurement, mais pas dans leur intériorité), et c'est pourquoi Hachem ne les a traités que superficiellement, comme il est dit : 'Il ne les a pas affligés de Son cœur" (Eikha 3,33). [guémara Méguila 12a]

=> Rabi Chimon bar Yo'haï a expliqué à ses élèves : "Ils ne l'ont fait que de l'extérieur". Si les juifs fautent, c'est uniquement à partir des couches extérieures de leur âme.
Au fond (dans son niveau d'âme yé'hida), un juif ne faute jamais.

[ainsi, l'essence même de l'âme d'un juif, qui correspond au Kodech Kodachim (au Saint des Saints), ne peut jamais être souillée par une faute.
Un juif est toujours beau et aimé de papa Hachem (sa yé'hida étant toujours inchangée, pure comme à l'origine), et il pourra toujours se relever quelques soient les dégâts que ses fautes ont pu faire aux autres niveaux de son âme. ]

"Tu me verras par derrière ; mais ma face ne peut être vue" (Ki Tissa 33,23)

Selon le 'Hatam Sofer, ce verset fait allusion au fait que pour percevoir la providence d’Hachem dans le monde, on peut s’en rendre compte en voyant "l’arrière", en réfléchissant à ce qui s’est passé et en voyant comment tous les événements ont concouru pour atteindre notre bien.

Mais on ne peut pas voir le devant (ma face).
Avant que l’histoire ne se déroule, quand on se trouve par exemple au début d’une épreuve difficile, on ne peut pas encore bien percevoir la bonté divine et Sa main qui dirige tous les événements.
Mais à la fin de "l'épisode", en faisant marche "arrière", on pourra alors constater la grandeur d’Hachem et Sa bonté, comment Il a fait coïncider tous les événements qui se sont passés pour amener notre bien.

Alors que nous venons de sortir de la fête de Pourim, ce message prend tout son sens ...

Tout ce qui nous reste à faire est de croire sans aucun doute que simplement la raison nous en est cachée. C’est pour nous cette foi qui est bonne, car nous ne recevrons de récompense que pour la foi.
[à l'image du fait d'attendre la venue du machia'h à chaque instant, car même s'il ne vient pas notre atteinte fait infiniment plaisir à Hachem, et nous recevrons une récompense pour chaque moment de l'avoir attendu.
Ainsi, nous ne devons pas désespérer, mais plutôt être plein de confiance en Hachem, et savoir que l'on génère des mérites et de la joie à papa Hachem, et il y a rien de mieux pour que tout se passe de la meilleure des façons!]

C’est ce que signifie le verset : "vous verrez Mon arrière", une fois que le but de la chose se sera réalisé, on verra et on comprendra rétroactivement ce qui s’est passé. Mais le verset nous annonce explicitement : "Mon avant ne sera pas vu", on ne verra pas et on ne comprendra pas le but.

[nous avons tendance à donner des conseils à Hachem quand ce n'est pas exactement comme nous le voudrions (ex: "pourquoi lui il a et pas moi").
- "Tu me verras par derrière" = d'une certaine façon la Torah nous rappelle que tant que nous faisons passer Hachem en premier et nous en second, alors nous pouvons espérer voir Hachem (qui est devant nous) et ainsi le suivre sur le bon chemin de notre vie.
- "mais ma face ne peut être vue" = par contre si nous dirigeons notre vie en fonction de notre vision des choses, en fonction de ce que nous voulons, imaginons, ... alors notre égo est devant Hachem, et alors nous ne voyons pas Hachem (il est derrière nous).
On peut même se créer une idole sous les habits de Hachem, pour légitimer le culte que nous vouons à notre personne dans le périmètre de la halakha.
Mais un juif doit agir humblement en mettant Hachem devant Lui en permanence (comme l'affirme le roi David : chiviti Hachem lénégdi tamid), qui est la seule façon d'y voir quelque chose dans l'obscurité de ce monde, d'évoluer dans le émet.]

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-> Le Ora'h lé'Haïm donne l'explication suivante.
L’arrière : fait allusion aux impies (réchaïm), qui sont en arrière puisqu’ils "tournent le dos" à Hachem.
L’avant (la face) : au contraire représente les justes (tsadikim), qui marchent devant Lui.

Hachem dit à Moché : Tu verras Mon arrière, c’est-à-dire que tu pourras cerner et appréhender la patience, l’amour et la compassion que J’ai pour les réchaïm. Mais, le grand amour que J’ai pour les tsadikim, ainsi que la récompense extraordinaire que Je leur réserve pour leurs bonnes actions, cela tu ne pourras jamais l’appréhender.

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+ "Tu me verras par derrière".
Rachi commente : Il lui a montré le nœud de [Ses] tefilin.

Selon le Ora'h lé'Haïm (rabbi Avraham 'Haïm de Zlotchov), Hachem transmet un important message à Moché :
-> "par derrière" (a'horaï) = c'est une référence aux moments où les juifs se sont éloignés de Hachem, qu'au lieu de marcher en avant dans Ses chemins, ils marchent dans les leurs, derrière Sa Volonté.
[Hachem a demandé à Avraham "marche devant Moi et sois intègre" (Lé’h Lé’ha 17,1) => derrière Hachem = c'est lorsque l'on agit de façon opposée à ce que D. attend de nous]
-> Hachem montre à Moché le "nœud de [Ses] téfilin" = quelque soit la distance dont peut s'éloigner les juifs, Hachem continuera toujours à les aimer. A l'image de ce nœud des téfilin, le lien entre D. et les juifs est solide et total.
=> C'est pour cette symbolique fondamentale que Hachem a montré à Moché le nœud de Ses téfilin.

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-> "Tu verras (véraïta) mon arrière, et ma face ne sera pas vue"

Rachi : Il lui a montré le nœud des tefilin.

Le Avné haChoham fait remarquer que le mot véraïta (וְרָאִיתָ) est formé des initiales de : "Vékecher Téfilin Raa Eikh Ihyé" (Et il a vu comment était le nœud des téfilin).

"Une terre où coule le lait et le miel" (Ki Tissa 3,33)

Selon le 'Hatam Sofer (sur guémara 'Houlin 142b) bien que le sens simple de ce verset soit vrai (les fruits d'Israël sont bénis matériellement), il nous apprend quelque chose d'ordre spirituel.
En Israël, les fruits ont une intense concentration de sainteté.

Une Torah pure, sans aucune déformation, est dénommée : "du miel et du lait coulent sous ta langue" (Chir haChirim 4,11).
Ainsi, manger des fruits d'Israël, c'est faire rentrer en soi une sainteté, qui va nous permettre de davantage aimer Hachem et d'avoir davantage d'attachement à Lui.

Le 'Hatam Sofer fait remarquer que : "Où coule le lait et le miel" (זבת חלב ודבש - zavat 'halav oudvach), a les dernières lettres qui forment : שבת (Shabbath).
En effet, de même que la nourriture de Shabbath (notre Shabbath dans le temps) a une sainteté spéciale, il en est de même avec celle de la terre d'Israël (notre Sabbath dans l'espace).

D'ailleurs, c'est peut être pour cela que Moché a dit aux explorateurs : "Vous prendrez des fruits de la Terre" (Chéla'h Lé'ha 13,20).
Il avait conscience que le yétser ara allait tout faire pour que cette mission, très importante pour l'avenir du peuple juif, soit un échec.
Il avait également conscience que le fait de manger des fruits d'Israël allait donner davantage de forces pour surmonter les défis.

Malheureusement, au lieu de l'écouter en les mangeant, les explorateurs les ont ramené afin de pouvoir encore mieux dénigrer la terre.

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-> Une terre où coule le lait et le miel" : cette expression est aussi une allusion aux Secrets de la Torah, comme l’enseigne la guémara (‘Haguiga 13a) : "[A la question posée par les Sages à Rav Yossef : "Apprends-nous le récit du Char Céleste (la vision de Ezéchiel)?" celui-ci leur répondit: ]
"Le Miel et le Lait sous ta langue" (Chir haChirim 4,11), cela [signifie que] les choses qui sont plus douces que le Miel et le Lait (les Secrets de la Torah) doivent rester sous ta langue (cachées)".

[Le mot ‘Halav (lait - חלב) est l’acronyme de ‘Hokhma (Sagesse - חכמה), Lav (32 - ל"ב) [allusion aux 32 Sentiers de la Sagesse].
De même, le mot Dvach (miel - דבש) est l’acronyme de Daat (Savoir - דעת), Bina (Entendement - דעת) et Sékhel (Esprit - שכל).
Tout cela est une allusion au fait que "la Terre d’Israël (où coulent le Lait et le Miel) rend sage" (guémara Baba Batra 158b).
'Hatam Sofer]

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-> "[Une Terre] qui ruisselle de Lait et de Miel" = cette expression est mentionnée 16 fois dans la Torah et 5 fois dans les Prophètes – selon le Baal Hatourim sur Dévarim 6,3.
La première citation de cette formule apparaît dans l’épisode du "Buisson Ardent", lorsque D. annonça à Moché la Délivrance de Son Peuple : "Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens, et pour le faire monter depuis cette contrée-là vers une contrée belle et spacieuse, vers un Pays qui ruisselle de lait et miel".
[de même, lorsque les explorateurs revinrent de leur séjour, ils commencèrent leur récit par les termes suivants :
"Nous sommes entrés dans le Pays où tu (Moché) nous avais envoyés : oui, vraiment, il ruisselle de Lait et de Miel, et voici son fruit" (Chéla'h Lé'ha 13,27)]

-> Le midrach (Mékhilta de RachBi, 13,5) enseigne :
"Rabbi Elièzer a dit : Le lait, c’est le lait des fruits. Le miel, c’est le miel de dattes.
Rabbi Akiva a dit : Le lait, c’est vraiment du lait, aussi est-il dit : ‘En ce jour, les montagnes ruisselleront du jus de la vigne, les collines feront couler du lait’ (Yoël 4,18). Le miel, c’est le miel du bois (fabriqué par les abeilles), aussi est-il dit : ‘En arrivant dans le bois, le Peuple vit du miel ruisselant’ (Chmouël I 14,26)".

-> "Tu écouteras donc, Israël, et tu observeras avec soin, afin de prospérer et de multiplier sans mesure, ainsi que Hachem, D. de tes pères, te l'a promis, dans ce pays ruisselant de lait et de miel" (Vaét'hanan 6,3).
Rabbi Elièzer et Yonathan Ben Ouziel (Vaét'hanan 6,3) semblent être du même avis (la référence aux fruits d’Israël) puisque ce dernier "traduit" notre expression par : "Une Terre dont les fruits sont gras comme le lait et doux comme le miel".
De même, Rabbi Akiva et Onkelos sont du même avis (la référence à la Terre elle-même), puisque ce dernier traduit l’expression par : "Une Terre qui fabrique du lait et miel".

-> Le guémara (Ketouvot 112a) raconte : "Rami Ben Ezéchiel passait un jour à Bné Brak lorsqu’il remarqua des chèvres qui broutaient sous un figuier ruisselant de miel, tandis que de leur mamelles tombaient des gouttes que de leurs mamelles tombaient des gouttes de lait. Et le lait se mêlait au miel. ‘Une Terre qui ruisselle de
lait et miel’, se dit-il"
[le lait fait ici référence au lait de l’animal, tandis que le miel se réfère au miel des fruits].
C’est à la suite de cette vision que Rami Ben Ezéchiel comprit que l’expression: ‘Une Terre qui ruisselle de lait et miel' signfiie : "une Terre où se mélange le lait (de la mère) avec le miel (de la Terre)".
[Chvout Yaakov]

Le veau d’or

+ Le veau d'or :

-> Pendant presque une année entière, le peuple juif a joui de la protection que lui assurait Moché.
A présent, à l'issue des 40 jours que Moché a passé au Ciel auprès de Hachem, les juifs attendent son retour.
Ne le voyant toujours pas revenir, ils ont l'impression d'avoir perdu tout contact avec lui et de se retrouver seuls dans un désert sans fin.

Aharon (son frère) et 'Hour (son neveu) servent de guides intérimaires pendant son absence.
Moché a prévenu qu'il reviendra dans 40 jours au cours des 6 premières heures du 41e jour.
Or la question qui se pose est de savoir quand exactement ces 40 jours ont commencé.
Les enfants d'Israël ont commis une erreur en démarrant leur calcul le 7 Sivan (jour de sa montée du Sinaï), alors qu'il fallait commencer le 8 Sivan, qui est son 1er jour en entier au Ciel.

Le peuple attendait Moché dans la matinée du 16 tamouz, au lieu du 17 tamouz (la bonne date).

Ce malentendu aura des conséquences désastreuses.

-> L'heure limite dépassée et Moché n'arrivant pas, le peuple commence à s'inquiéter.
Le Satan profite de la situation et crée une impression de ténèbres et de confusion, puis fait apparaître une image sombre ressemblant à Moché dans un cercueil porté à travers les cieux.
Il attire l'attention du peuple sur cette illusion.
[Ben Yéhoyada sur la guémara Shabbath 89a]

Un sentiment de panique se développe alors ...

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-> La Torah dit : "Et le peuple vit que Moché tardait (vochéch - בֹשֵׁשׁ)" (Ki Tissa 32,1)
Le mot "vochéch" peut se lire : "ba chéch", ce qui signifie : "La 6e [heure] est arrivée".
Le peuple pensait que Moché était mort puisqu'il n'était pas revenu la 6e heure passée.
[Yeffé Toar]

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-> "Le peuple vit que Moché tardait à descendre de la montagne, le peuple se rassembla" (Ki Tissa 32,1)

=> Pourquoi Hachem n'a-t-il pas fait redescendre Moché plus tôt afin d'éviter au peuple d'Israël de commettre la redoutable faute du Veau d'or?

-> Le Ohr 'Haïm haKadoch répond :
Moché partit durant 40 jours, soit 4 périodes de 10 jours : 10 jours pour étudier le sens littéral de la Torah (le pchat), 10 jours pour étudier toutes ses allusions (le rémez), 10 jours pour étudier le drach, et encore 10 jours pour étudier les secrets de la Torah (le sod).
Si Hachem avait fait redescendre Moché plus tôt, il aurait manqué plusieurs heures d'études de la Torah cachée et Hachem ne voulait pas transmettre une Torah tronquée. Elle devait être intégralement transmise à Moché.

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-> "Le peuple vit que Moché tarda (בושש - bochech)" (Ki Tissa 32,1)

-> Nos Sages enseignent que Moché tarda de 6 heures (באו שש – Baou Chech – six heures étaient passées). Ne le voyant pas redescendre, ils pensèrent qu'il était mort et firent le veau d'or. Ainsi, ce sont ces 6 heures de "retard" qui mena à la faute du veau d'or.
Nos Sages enseignent que le respect des 3 fêtes de pèlerinage est une expiation pour cette faute. Aussi, le sujet des 3 fêtes suit immédiatement le passage de la faute du veau d'or, dans notre paracha.
La faute fut exprimée par l'exclamation des mots "Voici (אלה) tes dieux, Israël". Les fêtes qui en sont une réparation sont exprimées par les mots : "Voici ( אלה ) les convocations de Hachem".
Il est un principe dans la Halakha selon lequel un interdit s'annule dans un volume de 60 fois plus de permis. Pour annuler et expier la faute du veau d'or commise du fait des 6 heures de retard, il faut annuler ces 6 heures "d'interdit" dans 60 fois plus, à savoir dans 360 heures (60x6 = 360).
Il s'agit des 360 heures qui constituent les 3 fêtes de pèlerinage.
Selon la Thora, Pessa'h dure 7 jours, Shavouot dure 1 jour et Souccot dure 7 jours (en ne comptant pas Chemini Atseret qui est une fête à part entière). Soit un total de 15 jours de fête qui constituent 360 heures (15 (jours) x 24 (heures) = 360 (heures)).
C'est ainsi que les fêtes de pèlerinage comptent un total de 360 heures de Sainteté, en mesure d'annuler et d'apporter réparation au 6 heures de "retard", à l'origine de la faute du veau d'or.
[Chaar hé'hatser]

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+ Le érev rav :

-> En sortant d'Egypte, les juifs étaient accompagnés de 40 000 personnes nouvellement converties au judaïsme (le érev rav), dont des anciens sorciers égyptiens, comme Ianous et Iambrous, fils de Bilam.
[midrach hagadol - Chémot 32,1]

Le érev rav était constitué de personnes qui, voyant la futilité de la sorcellerie (face aux miracles de D. en Egypte), ont jugé plus prudent de se joindre au peuple juif.

D. n'a jamais dit à Moché de les accepter, le laissant libre de décider.
Moché les a accepté, mais, vu la façon dont ils se sont convertis (la présence de D. étant alors évidente), ils restent exclus de certains privilèges.
Par exemple, ils ne sont pas installés à l'intérieur des nuées, mais campent en périphérie du camp avec leurs troupeaux.

Malgré cette situation, le érev rav a toujours senti un certain attachement vis-à-vis de Moché qui les a accueillis et les a traité avec compassion.
Maintenant qu'il n'est plus là, la panique règne chez eux : Continuera-t-on à les admettre au sein du peuple juif ou va-t-on les renvoyer dans leur pays d'origine?

Ils profitent de l'occasion en se joignant aux contestataires du peuple, ce qui forme une immense foule qui se dirige vers Aharon et les anciens.

-> Selon le Alchikh, en discutant avec Aharon, ils en viennent à dire :
"Nous t'aimons beaucoup, Aharon, mais nous ne croyons pas que tu puisses sérieusement endosser le rôle de dirigeant, ni toi ni n'importe quel autre être humain, d'ailleurs.
Nous avons besoin d'une force surnaturelle pour nous conduire et nous protéger ...
Il faudrait fabriquer l'image d'un bélier rappelant les mérites d'Avraham, prêt à immoler son fils pour se soumettre à la volonté de D. ...
Un veau d'or pu, voilà qui conviendrait à merveille!"

Le bœuf est également un des 4 animaux du char divin (Tan'houma 26).

-> Leur discussion va encore dériver, et ils expriment clairement :
"Mettons cette entité à notre tête, faisons-en un dieu, servons-là et exaltons-la tous ensemble comme nous le faisions en Egypte."
[midrach Chémot rabba 42,1]

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-> Le Méam Loez (Ki Tissa 32,4) écrit :
Le érev rav étaient les initiateurs du Veau d'or, qui connaissaient de nombreux tours de sorcellerie, ainsi que les moments de la journée où la magie est particulièrement efficace.

Il existe 2 moments appelées "soirées" (aravim) : l'un commence à la 7e du jour et se termine au début de la 9e heure. On l'appelle la "grande soirée" (érev rav), parce qu'il fait encore grand jour.
La 2e soirée commence à la 9e heure de la journée et s'achève à minuit. C'est à ce moment-là que les forces de destruction agissent.

Ainsi, ces hommes sont appelés "érev rav" (grande soirée) parce que leurs sortilège avaient de l'effet au cours de la grande soirée, c'est-à-dire en début d'après-midi.
Lorsque les sorciers virent que la 7e heure était arrivée (Moché devant revenir à la 6e heure!), ils se rendirent compte que le moment était propice.
Les 2 sorciers (Ianous et Iambrous), fils de Bilam, donnèrent de l'or à Aharon sur lequel ils avaient jeté un sort (cf. 5°/ ci-dessous), et qui fit émerger des flammes un Veau doué de parole.

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Aharon leur demande d'attendre le retour de Moché un jour de plus avant d'en rediscuter, mais la foule refuse, souhaitant une solution immédiate.

Après que les Anciens tentèrent également de faire patienter davantage le peuple, 'Hour (fils de Myriam), le neveu de Moché, va s'exprimer durement, en leur disant par exemple :
"Moché est un Juste, un géant parmi les hommes, mais c'est un homme.
D. ne peut-Il pas accomplir des miracles sans Moché?
Hachem, Lui seul est notre guide! Mais vous, vous Le repoussez en proférant d'infâmes ineptie! Vous osez blasphémer! Honte à vous! Vous ne méritez pas tous les bienfaits que D. vous accorde ... Vous allez attirer sur vous le malheur!"

La foule réagit avec indignation.
Certains des manifestants étaient des conseillers et des officiers hauts gradés à la cour de Pharaon, sont vexés qu'un jeune leur parle de la sorte.
Une avalanche de pierres s'abat alors sur 'Hour le tuant, et également sur plusieurs Anciens, les blessant (certains opinions disent qu'eux aussi ont été tués).
[le Méam Loez écrit qu'ils tuèrent tous les 70 anciens, et ensuite 'Hour, comprenant qu'il ne les laisserait pas agir à leur guise.]

Aharon est alors face à la foule, la mort, en face de lui ...
Il cède à leurs exigences, cherchant à gagner du temps dans l'attente du retour de Moché, et à capitaliser sur le fait que la majorité de la foule ne cherche pas à fabriquer un dieu, mais seulement à se doter d'un intermédiaire chargé de les représenter auprès de D., ce qui facilitera une future téchouva.

Il va demander une quantité très importante d'or, le métal le plus précieux, ce qui demandera du temps, surtout que n'ayant pas souffert de l'esclavage, le érev rav n'a reçu aucune compensation matérielle à la sortie d'Egypte.

Aharon va également imposer que cet or provienne uniquement de bijoux.
Les égyptiens (érev rav) ayant gardés leur coutume de porter des boucles d'oreille en or, souvent frappées à l'effigie de dieux égyptiens, comme symbole de beauté, il leur sera plus difficile de s'en séparer.
Il pense également en profiter pour faire disparaître ces symboles idolâtres.

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+ Les femmes juives :

-> Les épouses horrifiées à l'idée de fabriquer une idole, n'ont aucune intention de céder leurs bijoux et protestent fortement.
Elles montreront leur foi et leur sincérité, en donnant avec joie et empressement leurs bijoux pour construire le michkan et embellir le lieu de résidence de la présence divine parmi le peuple juif.

-> En récompense, le jour de Roch 'Hodech, leur est dédié, et elles auront le privilège de ne pas y effectuer de travaux, coutume observée dans de nombreuses communauté jusqu'à ce jour.
[Pirké déRabbi Eliézer 45]

-> Le Méam Loez (Ki Tissa 32,3) écrit :
Hachem récompensa les femmes en leur donnant une fête à laquelle les hommes n'ont pas de part.
Il s'agit de Roch 'Hodéch, que seules les femmes observent.
De plus, une grande récompense leur est réservée au monde futur.

Hachem fit don de cette fête aux femmes car les 3 fêtes de pèlerinage font référence aux Patriarches.
Pessa'h correspond à Avraham, Shavouot à Its'hak et Souccot à Yaakov.
Les 12 fêtes annuelles de la nouvelle lune correspondent aux 12 tribus. Cependant, après la faute des hommes, les 12 fêtes de la nouvelle lune leur furent enlevées et données aux femmes.

Il est écrit : "J'ai trouvé un homme sur mille, et de tous ceux-ci, je n'ai trouvé une femme" (Kohélét 7,28).
Le mot "ceux-ci" (élé) fait allusion au Veau d'or, car le peuple dit : "Ceux-ci (élé) sont tes dieux, Israël".
Parmi ceux-ci, on ne trouva pas une seule femme.
Pas une femme ne fauta en disant : "Ceux-ci sont tes dieux, Israël" [rabbénou Bé'hayé - Vayakél]

Si les juifs ont commis cette faute, c'est qu'ils désiraient rester sous l'influence des signes du zodiaque comme les nations.
Ils firent la forme d'un veau car ils voulaient dépendre du signe du Taureau (chor), la constellation la plus importante.
Les 12 fêtes de la nouvelle lune correspondent aux 12 signes du zodiaque.
Le refus des femmes montrait qu'elles désiraient être dirigées par Hachem seul.
Les 12 fêtes de la nouvelle lune (Roch 'Hodech) furent donc retirées aux hommes et offertes aux femmes.

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-> S'il n'y avait pas eu la faute du Veau d'or, le jour de Roch 'Hodech aurait été un Yom Tov, comme tous les autres.
Cependant, c'est uniquement dans ce monde que Roch 'Hodech est diminué.
Au Ciel, Roch 'Hodech a la même sainteté que les autres Yamim Tovim
, et lorsque que l'on dit : "mékoudach ha'hodéch" dans ce monde, le mois reçoit toute sa sainteté au Ciel.
[Tour, Pirké déRabbi Eliézer]

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-> Comme autre récompense, après la faute des explorateurs, le décret de D. frappant les hommes et leur imposant de mourir dans le désert, ne les touchera pas, et elles ont eu le privilège d'enter en terre d'Israël.
[midrach hagadol - Chémot 32,3]

-> On peut ajouter que : "Nos ancêtres ont été sauvés d’Égypte par le mérite des femmes vertueuses d’alors, et il en sera de même pour la rédemption future." (Guémara Sota 2b)

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-> Selon le Zohar, certains hommes ont arraché de force les boucles à leur femme, et d'autres ont donné leurs bijoux personnels à la place.

Le zèle et l'enthousiasme permet à ces hommes d'accomplir cette tâche en un temps record, obligeant Aharon a arrêter la collecte.
Nos Sages enseignent qu'il y en avait pour environ 3,2 tonnes d'or!

Selon le Léka'h Tov (Chémot 32,3), presque toutes les tribus, à part la tribu et les princes des tribus, ont participé à la collecte.
Même celles qui n'y ont pas participé sont coupables de ne pas avoir essayer de dissuader ses amis, famille et voisin.

Le Maharal Diskin enseigne que personne n'a protesté parce chacun pensait qu'il était seul à rejeter le veau d'or et ne se sentait donc pas capable de faire front à tous les autres.
=> Leur erreur a été de ne pas juger autrui favorablement (pensant être le seul à s'opposer), car sinon ils se seraient unis contre les 3000 personnes qui faisaient le Veau (que les Lévi'im vont tuer ensuite), évitant ainsi cette catastrophe.

En récompense de leur comportement :
- la tribu de Lévi aura le service du michkan et plus tard du Temple ;
- les princes bénéficieront d'une certaine mesure d'inspiration divine.
[Pirké déRabbi Eliézer 45]

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Une fois tout l'or marqué et enveloppé, Aharon s'apprête à le faire fondre en le jetant au feu.

-> Quelques autres intentions d'Aharon à ce sujet :

1°/ En réalité, Aharon pensait fabriquer un chérubin en or, semblable au chérubin gravé sur le Trône de Gloire et à celui qui sera, par la suite, placé au-dessus de l'Arche sainte dans le michkan (Tabernacle).
Il souhaitait que cette image en or, s'il se trouvait obligé de la fabriquer, traduise au moins le lien d'Israël avec D.
Malheureusement, les sorciers ont eu le dessus et en ont fait un veau.
[Malbim - Chémot 32,4]

2°/ Après avoir pris tout l'or apporté par le peuple, Aharon l'a entassé en une masse difforme puis, lentement, en a formé un veau qu'il a ensuite jeté au feu pour lui donner une forme permanente
Selon le Radlag, l'or a d'abord été fondu et a ensuite reçu une forme.
Essayant au maximum de gagner du temps, il espérait qu'ils finissent par regretter ce qu'ils faisaient, et changent alors d'avis.
[en ce sens, il y grava de nombreuses décorations.
De plus, il ne voulait pas que les gens puissent prétendre que sa simplicité était la cause de son inefficacité. C'est pour cela qu'il le fit le plus élaboré possible. [Abarbanel]]

3°/ Cette idole est sortie du feu par la faute d'un racha nommé : Mikha.
Ce dernier, avait eu la vie sauve grâce à l'intervention de Moché.
Celui-ci, aux pires jours de l'esclavage, voyant comment les égyptiens se servaient de nouveaux-nés hébreux à la place des briques manquantes et les recouvraient de ciment, avait plaidé pour eux auprès de Hachem et avait eu gain de cause.
L'un de ces enfants était ce Mikha.
[Le nom Mikha signifie : "celui qui était écrasé" (mémoua'h). On lui donna ce nom parce qu'on l'avait trouvé écrasé dans le mur.
Moché va prendre ce bébé pas encore mort (qui était utilisé comme du ciment dans le mur), le raviva et le soigna jusqu'à le rétablir.]

Mais les événements vont montrer à Moché qu'il n'a peut-être pas eu raison d'intervenir.
En effet, des années plus tard lorsque le peuple s'est préparé à quitter l'Egypte, Moché a accompli la promesse faite à Yossef d'emporter ses ossements afin de les enterrer en terre d'Israël.
Moché s'est donc apprêté à prendre le cercueil de Yossef resté immergé dans les profondeurs du Nil pendant toutes les année d'esclavage afin de le transporter.
Mais où se trouvait exactement le cercueil et comment allait-on le faire remonter à la surface?

Dans les bénédictions que Yaakov avait accordées à ses enfants, il avait comparé Yossef à un taureau (chor).
Moché, à ce moment, s'est servi de la métaphore.
Après avoir inscrit, sur une plaque d'or, le Nom de D. et les mots : "monte taureau" (alé chor), il a tendu cette plaque au-dessus du Nil et, miraculeusement, le cercueil est apparu.

Or Mikha, qui observait cette scène, a attendu l'occasion et dès qu'elle s'est présentée, a volé la plaque.
A présent, au moment où l'or des boucles d'oreille est jeté dans la fournaise, Mikha lance dans le feu la fameuse plaque portant l'inscription : 'alé chor', et effectivement, c'est un veau d'or qui apparaît au milieu des flammes.
[midrach hagadol - Chémot 32,4]

Le Yalkout Réouvéni enseigne que cette plaque portait le Nom Divin explicite (Chém haméforach), et c'est pour cette raison que le veau qui apparut dans le feu était doué de parole.
Le veau annonça : "Je suis l'Eternel (Hachem) votre D.", et le peuple crut à son pouvoir.

[Le Sifté Cohen dit que le Satan s'introduisit dans le veau. Lorsque l'idole émergea du feu, elle cria pour induire en erreur les juifs.
"Aharon vit [cela] et construisit un autel devant lui" (Ki Tissa 32,5) = selon le Zohar, Aharon vit l'influence du Satan (l'Autre Côté), et édifiant un autel saint (le peuple pensait offrir au veau, et Aharon à D.), il lui fît perdre ainsi une grande partie de ses pouvoirs.
Ainsi, en construisant l'autel dans la sainteté (mizbéa'h) avant que ne se prosterne le peuple et qu'il ne sacrifie le veau, Aharon sauva le monde d'une destruction certaine car les forces du mal étaient sur le point de dominer irrémédiablement.]

4°/ Selon une version légèrement différente, ce sont 4 plaques d'or que Moché a préparé pour faire émerger le cercueil de Yossef du Nil.
Sur chacune d'elles, il a gravé l'une des représentations ornant le Trône de Gloire : un lion, un homme, un aigle et un bœuf.
Moché a utilisé :
-> la 1ere plaque : le lion : pour retrousser les eaux du fleuve et les faire rugir comme un lion ;
-> la 2e : l'homme : pour rassembler les ossements épars et reformer le corps de Yossef ;
-> la 3e : l'aigle : pour soulever le cercueil au-dessus du fleuve.

Quant à la 4e plaque (le taureau), dont il n'avait pas besoin, Moché l'a mise dans le cercueil de Yossef.
C'est de là que Mikha l'a volée puis l'a utilisée pour fabriquer le eau d'or.
[midrach Chir haChirim 13a-13b]

5°/ La fabrication d'un veau, plutôt que n'importe quelle autre image, a surtout été le fait de 2 anciens sorciers égyptiens (Ianous et Iambrous), qui ont rejoint le peuple d'Israël avec le érev rav
Au moment le plus propice pour leurs tours de sorcellerie, ils se sont mis à l'oeuvre et ont prononcé des incantations (lui jetant un sort) puis, prenant l'or avec précaution, ils l'ont mis entre les mains d'Aharon qui, ne se doutant de rien, l'a lancé dans le feu, et un veau d'or est apparu.

Selon une autre version, ce sont 13 veaux d'or qui ont fait leur apparition : un pour chaque tribu et le 13e, en l'honneur d'Aharon, représentant l'ensemble du peuple.
[guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,2]
Les Tossafot font remarquer que symboliquement les mots : "yaasou éguel massé'ha" (il en fit un veau de métal - Chémot 32,4), ont 13 lettres.

Selon une autre version encore, la créature apparue à ce moment était en partie bœuf et en partie âne, l'âne symbolisant les racines non juives du érev rav.
[Yalkout Réouvéni Ki Tissa]

6°/ L'idée de faire un veau a trouvé son origine à l'époque d'un Pharaon appelé : "Apis".
Cet Apis, sorcier accompli, avait déclaré être une divinité.
Après avoir fabriqué un veau d'or, il avait pris l'habitude, tous les matins à 10 heures, de le faire émerger du fleuve puis de le faire voler dans les airs tandis que les égyptiens chantaient ses louanges.
(selon d'autres opinion, il ne faisait ce tour qu'une fois par an, lors d'une fête appelé : "Jour d'Apis")

Ces manifestations, faisant partie intégrante de la tradition égyptienne, ont profondément marqué le érev rav.
Ainsi, dès que l'occasion s'est présentée, ils ont décidé de reproduire le veau représentant cette légende.
[Yalkout Réouvéni Ki Tissa]

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=> Le résultat est qu'une statue en or d'un veau de 3 ans va apparaître dans les flammes.
Les sorciers ont eu le dessus sur les efforts d'Aharon, et sont parvenus à leurs fins.

-> Immédiatement, le Satan s'introduit dans le corps du veau en métal.
Il fait bouger ses pattes comme un bœuf en colère : le veau d'or semble doué de vie, faisant croire que le nouveau guide du peuple est né.
[midrach Vayikra rabba 7,1]

-> Le érev rav jubile alors :
"Voici tes dieux, Israël. Ce sont eux qui t'ont fait sortir d'Egypte.
Ce sont les dieux auxquels il faut dorénavant adresser vos prières si vous voulez qu'elles soient exaucées.
A l'avenir, ces dieux seront les partenaires d'Aharon pour diriger le peuple"
[Sforno - Chémot 32,4]

Ils transgressent ainsi le 1e et 2e commandements, et contredisent le : "Je suis Hachem votre D. qui vous a fait sortir d'Egypte".

-> Les Bné Israël ont eux des circonstances atténuantes, car la plupart d'entre eux savent parfaitement que c'est D. qui a réalisé tous les miracles de la sortie d'Egypte, et ils n'ont aucunement l'intention de nier Son unicité.
Ce qu'ils s'imaginent, c'est que de la même manière qu D. a accordé à Moché des pouvoirs le rendant apte à conduire le peuple dans le désert, Il a donné des pouvoirs au veau d'or.
Au fond de leur cœur, ils croient toujours en D., mais on profanait le 2e commandement (celui de ne pas servir d'autres dieux).
['Hizkouni - Chémot 32,4]

Le érev rav a totalement rejeté D. et s'est livré à l'idolâtrie (à l'image de ce qu'ils pratiquaient par le passé en Egypte), mais n'ont pas réussi à entraîner le peuple à les imiter jusqu'au bout.

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+ Pourquoi le choix d'un veau est-il si séduisant aux yeux du peuple.

1°/ Pendant la révélation du Sinaï, le peuple a perçu une vision fugitive du Trône de Gloire.
Or, les pieds du trône ressemblent vaguement aux pattes du bœuf.
L'image du bœuf va donc s'associer, dans leur esprit, à une représentation de la présence divine.
[Léka'h Tov - Chémot 32,4]

[Le Sifté Cohen enseigne que lorsque Hachem s'est révélé au mont Sinaï pour donner la Torah à Israël, ils aperçurent le Trône de Gloire et 4 'hayot (anges).
Ces anges avaient le visage : d'un homme, d'un bœuf, d'un lion et d'un aigle (Yé'hezkiel 1,10).
Le peuple voulait un veau, c'est-à-dire la forme ressemblant aux 'hayot (puisque la 1ere : un homme n'est plus (Moché étant probablement mort), alors ils souhaitaient passer à la 2e : un bœuf). La seule différence entre un bœuf et un veau est leur différence d'âge.

Le Sifté Cohen écrit également que l'idole prit la forme d'un jeune animal et non celle d'un bœuf pour mettre en évidence l'infériorité de ses instigateurs.
Ils voulaient pour dirigeant une créature, qui pour grandir devait se nourrir d'herbe.
Il est écrit : "Ils se révoltèrent contre la Gloire et firent la forme d'un bœuf mangeur d'herbe" (Téhilim 106,20).
Ils voulurent échanger la Gloire de D. contre un bœuf. Cependant, ils étaient si méprisables que la représentation qu'ils substituèrent n'était pas même celle d'un bœuf adulte mais celle d'une créature qui devait encore grandir.]

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2°/ Il n'en est pas de même pour le érev rav, qui n'a pas perçu la révélation aussi clairement (étant exclu à l'extérieur du campement).
Après la traversée de la mer rouge, le érev rav a vu, sur le sable, des empreintes semblant avoir été faites par un boeuf, ce qui les a conduit à penser que la présence divine ressemble à un boeuf.
En réalité, ce sont les anges escortant Israël qui ont laissé ces traces.
[le 'Hizkouni]

[le Sifté Cohen enseigne que lors de la traversée de la mer Rouge, tous les juifs aperçurent la Présence Divine. Par contre, le érev rav n'ont pas eu ce mérite, mais ils virent uniquement les pieds des anges, à la forme de pieds de veau, dont il est dit : "Leurs pieds ressemblent au bas d'un pieds de veau" (Yé'hezkiel 1,7). Ils pensaient que c'étaient là les pieds de Hachem.

Le Yalkout Réouvéni écrit qu'avant que les juifs n'aient fait le veau d'or, les 'hayot (anges) avaient 4 ailes. Après la faute, les 'hayot reçurent 2 ailes supplémentaires pour couvrir leurs pieds semblables à ceux des veaux, et ce afin qu'ils ne rappellent en rien la faute du veau d'or.]

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3°/ Puisque les déplacements couronnées de succès dans le désert ont été entrepris au cours du mois d'Iyar, placé sous le signe du Taureau, ils ont décidé d'en fabriquer un pour les guider en permanence.

4°/ Le nom du désert : "midbar chour" (désert du Taureau) a fait supposer au érev rav que le signe du taureau y régnait en permanence, et il leur a semblé de bon augure que leur 'guide' prenne cette forme.
[Rabbi Avraham ben haRambam - Chémot 32,4]

5°/ La plaque que Mikha avait jeté dans le feu portait les mots : "Monte, bœuf ; monte, bœuf!" (alé chor, alé chor!).
Ils dirent plus tard (au moment du veau d'or) : "Voici tes dieux, Israël, qui t'ont fait sortir d'Egypte" (Ki Tissa 32,4).
Le Kli Yakar explique : "C'est la forme d'un bœuf qui, en réalité, t'a fait sortir d'Egypte car sans cette plaque, le cercueil de Yossef n'aurait pu être tiré du Nil où les égyptiens l'avaient plongé. Et sans les ossements de Yossef, les juifs ne seraient pas sortis d'Egypte. Selon eux, la sortie d'Egypte se produisit grâce au pouvoir du bœuf."

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-> 6°/ Le veau sortit du feu à cause d'une chose que les juifs avaient apprise des égyptiens.
Autrefois, un maître-sorcier du nom d'Apich était roi en Egypte. Grâce à ses pouvoirs occultes, il faisait sortir un veau du Nil une fois par an à 10 heures du matin. Ce veau s'envolait ensuite dans les airs.
Ce jour-là, les égyptiens célébraient une grande fête appelée "le jour d'Apich" ; ils chantaient et dansaient devant le veau.

En Egypte, les juifs avaient entendu parler de cette cérémonie.
Ils avaient retenu cette idée et y croyaient. Ils voulaient donc à présent produire la forme d'un veau.
[Yalkout Réouvéni]

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-> Selon certains commentateurs, dans une dernière tentative afin de gagner du temps, Aharon propose de construire un autel afin d'y offrir des sacrifices à ce maître et l'adorer (le construire très lentement et espérant que le peuple priera pour que la ché'hina y réside), puis argumentant qu'il n'est pas convenable de faire un sacrifice la nuit tombant, il va le repousser au lendemain matin (le 17 tamouz).

-> Le Satan va réveiller à l'aube les dirigeants du érev rav, qui plein de joie vont sauter sur leurs pieds et réveiller tous les dormeurs, à l'exception d'Aharon et de la tribu de Lévi.
Le Abarbanel (Chémot 32,5) rapporte leurs paroles :
"Vite! Dêpechons-nous d'apporter des sacrifices. N'attendons pas Aharon. Nous voulons honorer immédiatement notre guide, le dieu que nous avons façonné. Nous voulons lui témoigner tout de suite notre respect et notre zèle".

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que la faute principale est que le jour du don de la Torah, ils ont dormi trop longtemps, alors qu'ils se sont levés de très bonne heure pour faire le veau d'or.

-> Ce sont les 1ers nés qui sont choisis pour diriger les rites sacrificiels parce que c'est à eux qu'incombe le service sacerdotal.
Ainsi, les 1ers nés apportent des holocaustes et des sacrifices de paix sur le nouvel autel.
[midrach Bamidbar rabba 4,6]

En punition d'avoir rejetés la souveraineté de D., toutes les charges liées à la prêtrise et au service sacerdotal seront transferées à la tribu de Lévi qui n'a pas pris part aux événements.

-> Un grand nombre de ceux qui offrent des sacrifices le font en toute bonne foi, pensant rendre hommage à D. dont ils reconnaissent la toute puissance.
En revanche, le érev rav et ceux qui les ont rejoints rendent un culte idolâtre à l'image qu'ils ont façonnée.
[Sifté Cohen - Chémot 32,6]

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-> Ils se sont prosternés devant le veau d'or, ont célébré l'instauration de ce nouveau dieu et se sont assis pour festoyer en son honneur.
Ils mangent, boivent et vont jusqu'à servir de la manne au veau d'or.
[midrach Chémot rabba 41,1&7]

-> La fête va dégénérer en un banquet bruyant accompagné d'excès de la table et de boisson, suivi de chants et de danses.
On apporte des instruments de musique, et bientôt, les cornes, les tambourins, les tambours, les cymbales et les flûtes donnent un concert au veau d'or.
[Rabbénou Bé'hayé - Chémot 32,18]

-> La gaîté de la fête tourne à la débauche.
Il ne leur faut pas longtemps pour retrouver les pratiques immorales auxquelles ils s'adonnaient en Egypte.
[Malbim - Chémot 32,6]

-> Ils se sont à présent rendus capable des 3 péchés capitaux : le meurtre, l'idolâtrie et l'adultère.
Ils ont assassiné 'Hour, adoré l'idole et maintenant, ils se laissent aller à la débauche.
[Kli Yakar - Chémot 32,6]

-> En acceptant la Torah, les enfants d'Israël ont doté d'un rayonnement semblable à celui des anges mais ils l'ont perdu à présent. Leur visage s'est à jamais assombri.
[Yalkout Réouvéni - Ki Tissa]

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+ Aharon a agi en toute bonne foi en s'efforçant de tempérer le érev rav dans l'espoir d'empêcher toute faute significative avant le retour de Moché, mais néanmoins, il a commis 2 erreurs :

1°/ il aurait dû se méfier de 2 anciens sorciers (Ianous et Iambrous), et ne pas lancer directement au feu l'or qu'ils lui ont remis (car ils ont pu le transformer en veau) ;

2°/ en enveloppant si soigneusement l'or, il l'a rendu insensible au mauvais oeil, permettant ainsi aux incantations des sorciers de produire leur effet.
[Zohar ; Or ha'Haïm - Chémot 32,4]

Selon le midrach (Vayikra rabba 10,4), ces 2 erreurs infimes seront prises en compte lorsqu'Aharon perdra 2 de ses fils.

-> Le Zohar rapporte que la preuve évidente de l'innocence d'Aharon est qu'il survivra à cet épisode, alors que tous les pécheurs seront mis à mort.
De plus, même lorsque le veau d'or sera détruit, l'autel qu'il a construit restera intact.
Aharon a fait de son mieux et est entièrement innocent dans la façon dont il a agi.

-> D'ailleurs, selon le midrach (Chémot rabba 37,2), D. a vu les bonnes intentions d'Aharon et ses efforts en Son honneur, et le récompensa par la fonction de grand prêtre dans le michkan qui sera bientôt construit.
Hachem le récompensera aussi, lui et ses descendants, en lui accordant les 24 présents donnés aux prêtres par le peuple.

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+ Comment est-il possible que les enfants d'Israël aient commis une telle faute? Pourquoi Hachem les a-t-Il laissés aller si loin?

-> Une des réponses est que afin de montrer aux générations futures que, quelle que soit la gravité d'une faute, il existe toujours une possibilité de repentir, afin de les encourager à chercher sans se lasser le chemin de la téchouva.
Si le peuple d'Israël a obtenu le pardon pour la faute du veau d'or, alors aucune faute ne peut être au-delà du repentir.
[guémara Avoda Zara 4b - Rachi]

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-> Le Beit haLévi explique que l'intention des juifs était de construire un Michkan par lequel ils pourraient servir Hachem, Qui résiderait alors parmi eux, comme cela sera le cas après la faute du Veau d'or. En l'absence de Moché, qui les menait et les inspirait, ils s'imaginaient qu'un Michkan serait la solution parfaite.
Cependant, leur erreur a été de croire qu'ils pourraient édifier un tel lieu sans en recevoir l'ordre de D. Lui-même. Ils n'ont pas compris que le fait d'avoir uniquement de bonnes intentions ne transforme pas ce désir en une mitsva. En effet, sans un ordre spécifique de Hachem, la meilleure des intentions peut entraîner des conséquences tragiques.
C'est ainsi que bien qu'inspirés par de nobles aspirations, le Veau d'or s'est transformé en pire incident de l'histoire du peuple juif, pour lequel nous payons encore actuellement un important prix, comme nos Sages enseignent : il n'existe pas de châtiment dans ce monde qui ne contient pas une fraction de punition pour la faute du Veau d'or (guémara Sanhédrin 102a).

[le yétser ara nous pousse parfois à faire des actions qui nous paraissent comme des mitsvot de 1er choix, mais qui sont en réalité les pires choses à faire!
La faute du Veau d'or réside dans l'absence d'avoir comme priorité dans sa tête : qu'est-ce que Hachem attend de moi dans cette situation?
D'ailleurs, la définition du bien et du mal, n'est pas selon nos impressions subjectives du moment, mais plutôt selon ce que la Torah nous enseigne dans toute sa véracité et son éternité.]

[Rabbénou Bé'hayé dit que certes Hachem se souvient du veau d'or dans chaque génération, mais cependant dans le futur, Hachem oubliera totalement cette faute.
En effet, D. dit à Son prophète : "Ceux-là (élé) aussi seront oubliés" (Yéchayahou 49,15) = dans le futur, Hachem oubliera à jamais la faute du veau d'or où ils dirent : "Voici (élé) tes dieux, Israël" (v.32,4)]

"Quand tu feras le dénombrement (כִּי תִשָּׂא אֶת-רֹאש Ki Tissa Et Roch) [littéralement : "Quand tu lèveras la tête»] des Bné Israël ... pour racheter leur âme" (Ki Tissa 30,12-15)

=> Pourquoi ‘compter’ (les Bné Israël) se dit-il littéralement ‘lever la tête’?

1°/ Le mot תִשָּׂא (Tissa) a ici le sens de ‘recevoir’… Quand tu voudras ‘recevoir’ le total de leur compte, pour savoir combien ils sont, ne les dénombre pas ‘par tête’, mais chacun donnera un demi-Shékel.

2°/ Lorsqu’on compte des individus et qu’on les organise en un groupe uni, ils s’élèvent et deviennent plus importants. Le particulier qui n’est pas dénombré manque de valeur et n’a pas d’influence sur la vie communautaire.
En revanche, le particulier compté et organisé devient un membre à part entière de la communauté à un impact sur le groupe. C’est la raison pour laquelle la Thora désigne le dénombrement par l’expression : "élever la tête".
[Avné Azel]

3°/ "Moché a dit à Hachem : ‘Souverain du Monde, comment élever le front d’Israël?’
‘Quand tu feras le dénombrement’ (Quand tu lèveras la tête) [l’argent de la tsédaka], lui répondit le Seigneur"
[Baba Bathra 10b – voir Baal Hatourim].

4°/ Le verset vient nous enseigner qu’Hachem demanda à Moché d’élever la "tête" des Bné Israël, c’est-à-dire d’élever leur niveau spirituel. Il fallait réorienter leurs priorités: les préoccupations matérielles ne devaient plus être le centre de leurs attentions.
[Mayan Hachavoua]

5°/ Il y a dans ce verset l’allusion que le tsadik doit parfois quitter ce Monde avant son terme ("Quand tu lèveras la tête" signifie : "Quand Tu feras mourir [le tsadik]", comme il est dit à propos du maître-panetier : "Trois jours encore et Pharaon te fera trancher la têteָ יִשָּׂא פַרְעֹה אֶת- ראשְׁך (Issa Paro Et Rochékha) et attacher à un gibet… -Béréchit 40,19), afin de racheter de la faute sa génération (Pour racheter leur âme).  [Ohr ha’haïm haKadoch]
Aussi, le Alchikh enseigne-t-il : "Quand tu voudras nommer un dirigeant pour les Bné Israël, nomme celui qui est prêt à se donner entièrement et à sacrifier sa vie pour le peuple juif".

6°/ Chaque juif doit constamment se rappeler ses défauts, savoir qu’il n’a pas atteint la perfection et n’a encore rien accompli. Cette pensée le conduira à s’élever de plus en plus. "Quand tu feras le dénombrement כִּי תִשָּׂא אֶת-ראֹש [littéralement : "Quand tu lèveras la tête"] des Bné Israël" = si tu veux élever les Enfants d’Israël dans la voie du judaïsme, apprends-leur à «dénombrer (Lifkoudéhem לִפְקֻדֵיהֶם )» leurs défauts et ce qui leur manque (Nifkad נִפקָד).
[Ohr Pné Moché]

7°/ Compter les Béné Israël c’est leur donner une importance, comme l’enseigne la guémara (Bétsa 3b) : "Une chose qui se compte ne s’annule pas".
Puisque le Peuple Juif constitue un seul corps dont la tête est Moché (ceci est vrai dans chaque génération), le compte des Béné Israël confère alors une élévation à leur "tête" (Moché).
Aussi, le midrach (Tan’houma Ki Tissa 3) enseigne-t-il : "Moché enseigna la Torah à tous les membres d’Israël et les éduqua aux mitsvot. Il leur donna l’ordre des sections hebdomadaires de la Torah qu’ils liront chaque Shabbath, chaque premiers jours du mois et à chacune des fêtes. Eux mentionneront Moché à l’occasion de chaque paracha.
Au sujet de la paracha de Shékalim (début de Ki Tissa), Moché dit : ‘Maître du monde, quand je décèderai, on ne me mentionnera plus’. Hachem lui répondit: ‘Par ta vie! De même que tu es bien là aujourd’hui, que tu leur donnes la Paracha de Chékalim et que tu relèves (Zokef) leurs têtes, il en sera ainsi chaque année quand les Enfants d’Israël liront devant Moi la paracha de Shékalim, comme si tu te tenais toi-même à ce moment et que tu relevais leurs têtes’. D’où le savons-nous? Du fait qu’il est écrit: ‘Ki Tissa Et Roch Béné Israël’ [Quand tu procèderas au dénombrement des Enfants d’Israël]. Il n’est pas dit ‘Tissa’ [Dénombre], mais ‘Ki Tissa’ [sous-entendu au futur]."