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"Quand tu feras le dénombrement (כִּי תִשָּׂא אֶת-רֹאש Ki Tissa Et Roch) [littéralement : "Quand tu lèveras la tête»] des Bné Israël ... pour racheter leur âme" (Ki Tissa 30,12-15)

=> Pourquoi ‘compter’ (les Bné Israël) se dit-il littéralement ‘lever la tête’?

1°/ Le mot תִשָּׂא (Tissa) a ici le sens de ‘recevoir’… Quand tu voudras ‘recevoir’ le total de leur compte, pour savoir combien ils sont, ne les dénombre pas ‘par tête’, mais chacun donnera un demi-Shékel.

2°/ Lorsqu’on compte des individus et qu’on les organise en un groupe uni, ils s’élèvent et deviennent plus importants. Le particulier qui n’est pas dénombré manque de valeur et n’a pas d’influence sur la vie communautaire.
En revanche, le particulier compté et organisé devient un membre à part entière de la communauté à un impact sur le groupe. C’est la raison pour laquelle la Thora désigne le dénombrement par l’expression : "élever la tête".
[Avné Azel]

3°/ "Moché a dit à Hachem : ‘Souverain du Monde, comment élever le front d’Israël?’
‘Quand tu feras le dénombrement’ (Quand tu lèveras la tête) [l’argent de la tsédaka], lui répondit le Seigneur"
[Baba Bathra 10b – voir Baal Hatourim].

4°/ Le verset vient nous enseigner qu’Hachem demanda à Moché d’élever la "tête" des Bné Israël, c’est-à-dire d’élever leur niveau spirituel. Il fallait réorienter leurs priorités: les préoccupations matérielles ne devaient plus être le centre de leurs attentions.
[Mayan Hachavoua]

5°/ Il y a dans ce verset l’allusion que le tsadik doit parfois quitter ce Monde avant son terme ("Quand tu lèveras la tête" signifie : "Quand Tu feras mourir [le tsadik]", comme il est dit à propos du maître-panetier : "Trois jours encore et Pharaon te fera trancher la têteָ יִשָּׂא פַרְעֹה אֶת- ראשְׁך (Issa Paro Et Rochékha) et attacher à un gibet… -Béréchit 40,19), afin de racheter de la faute sa génération (Pour racheter leur âme).  [Ohr ha’haïm haKadoch]
Aussi, le Alchikh enseigne-t-il : "Quand tu voudras nommer un dirigeant pour les Bné Israël, nomme celui qui est prêt à se donner entièrement et à sacrifier sa vie pour le peuple juif".

6°/ Chaque juif doit constamment se rappeler ses défauts, savoir qu’il n’a pas atteint la perfection et n’a encore rien accompli. Cette pensée le conduira à s’élever de plus en plus. "Quand tu feras le dénombrement כִּי תִשָּׂא אֶת-ראֹש [littéralement : "Quand tu lèveras la tête"] des Bné Israël" = si tu veux élever les Enfants d’Israël dans la voie du judaïsme, apprends-leur à «dénombrer (Lifkoudéhem לִפְקֻדֵיהֶם )» leurs défauts et ce qui leur manque (Nifkad נִפקָד).
[Ohr Pné Moché]

7°/ Compter les Béné Israël c’est leur donner une importance, comme l’enseigne la guémara (Bétsa 3b) : "Une chose qui se compte ne s’annule pas".
Puisque le Peuple Juif constitue un seul corps dont la tête est Moché (ceci est vrai dans chaque génération), le compte des Béné Israël confère alors une élévation à leur "tête" (Moché).
Aussi, le midrach (Tan’houma Ki Tissa 3) enseigne-t-il : "Moché enseigna la Torah à tous les membres d’Israël et les éduqua aux mitsvot. Il leur donna l’ordre des sections hebdomadaires de la Torah qu’ils liront chaque Shabbath, chaque premiers jours du mois et à chacune des fêtes. Eux mentionneront Moché à l’occasion de chaque paracha.
Au sujet de la paracha de Shékalim (début de Ki Tissa), Moché dit : ‘Maître du monde, quand je décèderai, on ne me mentionnera plus’. Hachem lui répondit: ‘Par ta vie! De même que tu es bien là aujourd’hui, que tu leur donnes la Paracha de Chékalim et que tu relèves (Zokef) leurs têtes, il en sera ainsi chaque année quand les Enfants d’Israël liront devant Moi la paracha de Shékalim, comme si tu te tenais toi-même à ce moment et que tu relevais leurs têtes’. D’où le savons-nous? Du fait qu’il est écrit: ‘Ki Tissa Et Roch Béné Israël’ [Quand tu procèderas au dénombrement des Enfants d’Israël]. Il n’est pas dit ‘Tissa’ [Dénombre], mais ‘Ki Tissa’ [sous-entendu au futur]."

"Car c'est un peuple à la nuque raide (am kessé oréf ou), tu leur pardonneras" (Ki Tissa 34,9)

=> Comment comprendre ce verset ? En quoi le fait d'avoir la nuque raide, d'être entêtés et de n'écouter personne, devrait justifier qu'Hachem leur pardonne leurs fautes ? Cela paraît incompréhensible!

-> En fait, ce défaut que Moché a pointé, celui de l'entêtement et de la raideur, constitue justement la plus belle qualité du peuple juif. Ce peuple qu'Hachem aime tant, Il acceptera volontiers de lui pardonner toutes les fautes.
En effet, Hachem souhaite avoir un peuple qui acceptera Sa Royauté, Le serve, et accomplisse toutes Ses mitsvots. Or, le monde dans lequel l'homme vit est hostile à tout cela. Le monde comporte tellement d'épreuves.
D'une part, il y a toutes les tentations qui détournent le coeur du Chemin de Hachem. D'autre part, il y a toutes les difficultés qui compliquent énormément le Service Divin telles que la jalousie des nations, les problèmes de subsistance, le jugement des autres qui peuvent dédaigner celui qui se conforme à la pratique de la Torah. Sans compter le fait que devoir accomplir 613 mitsvot demande un courage exemplaire.
Mais qui pourrait se conformer à une telle mission? Qui pourrait surmonter toutes ces épreuves, ces tentations, ces difficultés?

Cela requiert une force, une détermination et un entêtement à toute épreuve! Il faut parfois déployer une énergie et un courage pour aller contre vents et marées, contre tout son environnement. Ne se laisser impressionner par aucune difficulté, ne s'émouvoir d'aucune humiliation, ne s'arrêter devant aucune appréhension.
Hachem a choisi le peuple juif pour cette mission, car Il sait que seul ce peuple a cette force. Il est prêt à avancer peu importe les doutes et les difficultés. Même quand le bon sens, la logique et les règles de la nature imposent qu'il faudrait raisonnablement renoncer, le voilà encore en train d'espérer, et de continuer dans sa voie. L'entêtement qui est le propre du peuple juif , garantit la réussite de ce défi si ambitieux et si difficile que d'être le peuple d'Hachem. Et suivre cette voie, peu importe les circonstances. C'est pour cela qu'Hachem l'a choisi.
Certes, cette qualité mène aussi à ses plus gros problèmes : le voilà en train de faire un veau d'or, ou se "révolter" contre son Créateur. Mais malgré tout, cette force-là, quand elle est bien utilisée, c'est celle qui lui donne la force de réussir dans tous ses projets, et qui assure qu'il pourra rester fidèle à Hachem, même contre toute logique.

"Si les Tables de la Loi n'auraient pas été brisées, la Torah ne serait jamais oubliée."

[guémara Erouvin 54a ]

-> Ki Tissa 32,19 : "il les brisa au pied de la montagne"

-> A ce sujet nos Sages nous indiquent : "Ménagez le vieillard qui a oublié la Torah, car les [secondes] Tables et les débris des premières sont tous déposés dans l'Arche sainte" (guémara Béra'hot 8b).

[de même que les 1ere Lou'hot sont en morceaux, de même il a été décrété que notre étude de la Tora tombera en morceaux, s'oubliant.]

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-> "Je mettrai Ma Torah en eux et Je l'écrirai sur leur cœur" (Yirmiyahou 31,32)
A l'époque du machia'h, les juifs se souviendront de tout ce qu'ils étudient sans oublier un seul mot.
[Méam Loez - Yitro 20,1]

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+Pourquoi Moché trouva-t-il bon de briser les Tables de la loi quand il vit le veau d’or?

-> Le Zohar rapporte qu’avec chacun des 10 Commandements, étaient également inscrites sur les Tables de la Loi (lou'hot) les punitions liées à la transgression de ces commandements.
C'est pourquoi, Moché craignait que le peuple, qui venait de commettre l’idolâtrie, ne voit les punitions prévues pour la transgression de cet interdit de : "Tu n’auras pas d’autres dieux que Moi". Or, cela risquerait d’effrayer grandement le peuple et, conscients des si grandes punitions qui leur étaient réservées, les juifs risquaient de se décourager et de désespérer du repentir.
Pour éviter cela, Moché préféra briser les Tables de la Loi.

Cela nous apprend à ne pas trop insister sur les punitions des fautes devant ceux qui les ont déjà transgressées, car cela risque de les décourager radicalement.
[Tiféret Yonathan]

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+ "Il les brisa au pied de la montagne" (Ki Tissa 32,19)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - fin de Yéhochoua) de commenter :
"Moché regarda les Tables de la Loi et vit que leur lettres s'étaient envolées. Il les jeta donc de ses mains ...
A ce moment même, il fut décrété sur le peuple juif qu'il devrait étudier la Torah dans la souffrance, la servitude, l'exil, le trouble, la pauvreté et le dénuement. Et par cette souffrance qu'ils éprouveront, Hachem leur offrira au temps du machia'h une récompense décuplée."

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-> Lorsque Moché est descendu du mont Sinaï avec les 1eres Lou'hot, il s'était déjà rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond dans le campement juif, mais il est resté silencieux. Il n'a rien dit sur le Veau d'or tant qu'il n'a pas été sûr à 100% de ce qui s'était passé.
La guémara (Yérouchalmi Taanit 4-5) nous enseigne : "D'ici nous apprenons qu'une personne ne doit pas tirer de conclusions hâtives".

Le Pné Moché ajoute que l'on ne doit pas prendre quelque pour véridique tant que nous ne l'avons pas vu de nos propres yeux et qu'il n'y a pas de place aux doutes.
Comment de disputes, de mauvais sentiments à l'égard d'autrui pourraient être évités si l'on prenait le temps de vérifier avec certitude la véracité des informations auparavant, si on laissait l'autre donner sa version des faits.

[=> d'abord rester silencieux et s'assurer de la réalité des choses -> seulement ensuite réagir d'une manière constructive et non par pure vengeance. Et non l'inverse comme la nature humaine nous pousse à le faire!]

-> Le rabbi Gamliel Rabinovitch fait remarquer que bien que tout semblait tenir pour principal responsable Aharon de l'élaboration du Veau d'or, néanmoins Moché ne s'est à aucun moment mis en colère contre lui. En effet, il s'est dit à lui-même : "C'est étrange! Il doit y avoir une raison! Ce n'est pas le genre de Aharon de faire une telle chose!"

[Chaque juif est un enfant de Hachem, nous sommes tous liés les uns aux autres, et si l'on croit véritablement à cela, nous devons alors encore davantage faire preuve de jugement positif. En effet : Comment un fils de D. peut faire une telle chose! Cela ne lui ressemble pas! Il doit y avoir une bonne raison à cela! Il a peut être de gros soucis dans sa vie! (plutôt que de l'accuser à tord comment puis-je lui être utile! C'est mon frère juif après tout!!)]

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+ Profitons des étincelles des 1ere Tables de la Loi :

-> Alors que nous supposons spontanément que les premières Lou'hot ont perdu toute leur importance lorsque Moché les a brisés (suite au Veau d'or), en réalité, les Lou'hot n'ont jamais disparu.
Au contraire, les lettres gravées sur les Lou'hot et les Lou'hot elles-mêmes se sont simplement séparées. Comme le rapportent nos Sages, les lettres des Tables se sont envolées dans l'atmosphère (por'hot baavir), presque préservées comme un trésor pour le peuple juif jusqu'à ce qu'il soit prêt à bénéficier de leur luminescence, tandis que le corps physique des Lou'hot (sous la forme de morceaux fragmentés) a été placé dans l'Aron avec les 2e Tables de la Loi.
De plus, il est connu que tout don divin, une fois accordé, n'est jamais repris. Nous pouvons donc en déduire que si la forme physique des Lou'hot a changé, leur impact demeure si nous exploitons seulement leur potentiel.

Bien que les Lou'hot n'existent plus en tant qu'unité cohérente et intacte, les fragments des Lou'hot sur terre et leur contrepartie, les lettres des Tables de la Loi dans les cieux, restent à notre disposition, si seulement nous profitons de l'occasion. Si nous le méritons, nous pouvons bénéficier grandement de l'aura spirituelle des Lou'hot, à la fois les fragments sur terre et leur présence spirituelle au Ciel, les lettres elles-mêmes.
En réalité, l'une des fonctions de l'exil est de permettre au peuple juif d'obtenir l'aura des Lou'hot (en évoquant la sainteté latente dans les lettres ou dans les fragments).
Quel que soit l'endroit où le peuple juif a été dispersé, il peut profiter de l'occasion pour évoquer une partie de la sainteté des premières Lou'hot qui ont également été dispersées à travers l'univers.
[on peut imaginer les lettres quittant les 1eres Lou'hot, se dispersant et faisant qu'on trouve ses étincelles partout dans le monde. Tout juif pouvant en profiter. ]

Le Arizal suggère que les paroles d'Aharon à la foule qui cherchait à ériger le Veau d'or : 'hag l'Hachem ma'har, une fête pour Hachem demain (Ki Tissa 32,5), peuvent être littéralement vraies.
Alors que le 17e jour de Tamouz, le jour où le Veau d'or a été érigé, était alors un moment tragique aux proportions épiques, demain, dans le monde futur, une fois que nous aurons suscité et été influencés par le plein impact des restes des Lou'hot, ce jour deviendra un Yom Tov.
[Sfat Emet - d'après Balak 5648 , 5660 ]

"Les Tables étaient l'ouvrage de D. et marquées de l'écriture de D. gravée sur les Tables."    (Ki Tissa 32,16)

Quel intérêt y avait-il à écrire les Tables, alors que les enfants d'Israël avaient entendu les 10 Paroles au mont Sinaï?

Le Sfat Emet de répondre que lorsque les 10 Commandements ont été gravés sur les Tables de pierre, ils se sont gravés dans le coeur des enfants d'Israël et y resteront inscrits éternellement.

Cette écriture-là est aussi "l'ouvrage de D." ...

"Les enfants d'Israël garderont le Shabbath, en observant le Shabbath dans toutes les générations comme une alliance immuable."  (Ki Tissa 31,16)

-> "Rabbi Chimon ben Lakich a dit : "D. accorde une âme supplémentaire à l'homme le soir du Shabbath et à la fin du Shabbath, il l'a lui reprend.
Le Shabbath terminé, nous nous lamentons de l'âme qui nous a quittés." "
[guémara Bétsa 16a]

-> Le Rabbi de Kotsk de commenter :
"Lorsque le Shabbath arrive, le juif s'éveille au repentir et réfléchit à ce qu'il a fait pendant la semaine.
Alors, il s'écrie : "Oh! L'âme nous a quittés!" "
-> "D. a béni [le Shabbath] par la lumière du visage de l'homme, l'a sanctifié par la lumière interne de l'homme, cette lumière du Shabbath n'est pas comparable à celle des jours de la semaine."[midrach Béréchit Rabba 11 - sur : "D. bénit le 7e jour et le sanctifia" (Béréchit 2,3) ]

-> "L’homme relève la tête au moyen du Shabbat, car c’est le Shabat qui l’élève.''
[le 'Hidouché haRim -> en faisant remarquer que les lettres qui composent le mot Roch (ראש  - la tête) sont suivies dans l’alphabet des lettres qui composent le mot Shabbat (שבת)]

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-> Le respect du Shabbath a une très grande force. En effet, la sainteté et l’élévation qu’un juif peut obtenir par le respect même d’un seul Shabbath reste et perdure pour l’éternité.

Quand "les enfants d’Israël garderont le Shabbath", l’effet et la sainteté de ce Shabbath demeureront "dans toutes leurs générations" = pour l’éternité.
['Hidouché Harim]

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-> "Les bnei Israël observeront le Chabbat" (31,16)

Le Kédouchat Lévi enseigne qu’un juif qui observe le Shabbat comme il se doit recevra la vitalité et la force nécessaires pour servir D. durant tous les jours de la semaine. Puis lors du Chabbat suivant, il lui sera beaucoup plus aisé d’atteindre le niveau de ce saint jour et de le respecter, et ainsi de suite.
Alors, dans le cas où l’on mérite d’accomplir : "les bnei Israël observeront le Shabbat", il nous sera plus facile de "faire le Shabbat pour leurs générations" : les jours de Shabbat à venir.

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-> "Les bnei Israël observeront le Chabat, pour faire le Shabbat" (31,16)

=> Comment peut-on "faire le Chabat"?

Le Nézer Yossef (Rabbi Yossef Lalzar) donne la réponse suivante :
Comme on le sait, nous ajoutons du temps profane au sacré la veille du Shabbat et à la sortie du Shabbat, si bien qu’au moins une demi-heure de profane s’ajoute à chaque Shabbat des Shabbat de l’année.
Dans l’année il y a une cinquantaine de Shabbat, si bien que l’homme ajoute en moyenne environ 28 heures
pendant l’année.
C’est par conséquent ce que dit le verset "faire le Chabat", pour toute la série des Shabbat qu’il y a dans l’année, il ajoute un Shabbat qui est devenu de profane – sacré, à cause de ce que l’on ajoute.

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-> "Vous observerez le Chabat (ét haShabbat), car il est saint pour vous, celui qui le profane sera certainement mis à mort" (Tétsavé 31,14).

Il y a un principe connu selon lequel le mot "ét" (את) signifie un ajout de quelque chose.
=> Qu’est-ce que le verset vient ajouter en disant "vous observerez le Shabbat"?

Rabbi Yaakov ‘Haïm Sofer (Yisma’h Israël) écrit qu’on peut expliquer le verset selon ce qui est dit dans la Torah : "Quand J’en aurai fixé l’heure, Je rendrai Mes arrêts avec équité".
Nos Sages ont expliqué que quand l’homme est mis en jugement, on lui dit : "Pourquoi n’as-tu pas étudié la Torah?"
Il répond : "Parce que j’étais occupé à faire du commerce ou à travailler pour gagner ma vie et celle de ma famille."
Alors, on lui dit : "Pourquoi le Shabbat et les jours de fête n’as-tu pas étudié la Torah?"

Et quand il n’a pas de réponse, on lui attribue aussi la gravité de la négligence dans l’étude de la Torah pour les jours de la semaine, car les Shabbat et les jours de fête ont prouvé que la raison de sa négligence de la Torah n’était pas la subsistance, puisque le Shabbat où il n’est pas obligé de travailler pour gagner sa vie, il n’a pas étudié la Torah.

C’est donc la signification du verset :
- "Vous observerez le Shabbat" = on doit observer le Shabbat tout en étudiant la Torah,
- "ét" = ce qui vient inclure l’étude de la Torah, pour qu’on ne soit pas puni des jours de semaine où l’on n’a pas étudié la Torah,
- sinon elle met en garde : "celui qui le profane sera certainement mis à mort", mot youmat, deux morts, c’est-à-dire qu’on le punit aussi pour la négligence de l’étude pendant les jours de semaine.

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-> b'h, voir également le n°5 de : https://todahm.com/2019/10/02/questions-reponses-paracha-ki-tissa

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-> "Les enfants d’Israël garderont le Shabbath, en observant le Shabbath"

Il y a une apparente répétition : si nous gardons le Shabbath, c'est que certainement nous l'observons comme il le faut.

Selon le rabbi Its'hak El'hanan Spector, nous apprenons d'ici que nous ne sommes pas considérés comme gardant le Shabbath tant que nous ne nous assurons pas que nos enfants et nos descendants l'observent également.

Si nous souhaitons être considérés parmi les : "véchamérou bnei Israël ét aShabbath" = ces juifs qui observent le Shabbath, alors nous devons : "laassot ét aShabbath lédorotam" = s'assurer que le Shabbath est bien réalisé par nos générations futures, comme : "brit olam" = une alliance immuable pour tous.

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+ "Et le septième jour, Il a cessé tout travail et Il s’est reposé" (Ki Tissa 31,17)

-> La guemara (Beitsa 16a) explique que chaque Shabbath, Hachem accorde une âme supplémentaire à chaque juif, et on la lui enlève à la sortie du Shabbath, comme il est dit : "Il a cessé tout travail et Il s’est reposé", c’est-à-dire qu’une fois qu’il a cessé tout travail et que le Shabbath est achevé, alors malheureusement il perd son âme (supplémentaire).
Le terme : "il s'est reposé" (וינפש - vayinafach) est compris dans le sens de : "malheur, il a perdu son âme (נפש וי).

Pourquoi est-ce que la Torah fait allusion à l’âme supplémentaire accordée, en nous disant qu’elle s’en va après Shabbath ?
En réalité, la Torah vient nous dire ici que dès l’entrée de Shabbath, l’homme doit se réjouir et profiter au maximum de son âme supplémentaire qu’on lui accorde, uniquement en se rappelant que cette grande sainteté ne durera pas un long moment et s’en ira à la sortie du Shabbath.
=> De ce fait, il devra l’exploiter le plus possible.
[le Baal Chem Tov]

[d'une certaine façon on doit tellement apprécier ce supplément de sainteté, de proximité avec Hachem, qu'aucune préoccupation, sujet de ce monde, ne peut venir rivaliser.
A l'image de 2 amoureux qui ne se voient qu'un seul jour par semaine, nous savourons ce moment d'intimité avec D., et puisque notre temps est compté à seulement 25h, alors plus rien d'autre n'a d'importance, ne peut venir troubler ce moment de bonheur infini!]

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-> Nos Sages (guémara méguila 13a) nous rapportent que la reine Esther a donné à chacune de ses 7 plus proches servantes, le nom d'un des 7 jours de la semaine.
Chaque servante devait venir le jour de la semaine correspondant à son nom, afin de permettre à Esther de se rappeler de la venue du Shabbath.[afin que son stratagème reste secret/discret, elle les a appelé de façon allusive, et non pas directement : yom richon, yom chéni, ...
Ainsi :
-> le 1er jour = c'était : 'houlata ( = début des jours 'hol)
-> le 2e jour = rékiyata (de rakiya = allusion à la création du firmament en ce jour)
-> le 3e jour = guénounita ( = les plantes)
-> le 4e jour = néoritou ( = la lumière)
-> le 5e jour = rou'hachita ( = les animaux)
-> le 6e jour = 'hourfita
-> le 7e jour : la servante qui était pour elle le signe que Shabbath allait arriver, avait pour nom : "ragou'ita" (de ragou'a = paisible, car il faut être paisible à Shabbath).=> Esther, malgré ses obligations de reine n'a jamais profané le Shabbath.

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-> "Parle aux bnei Israël et dis-leur: observez Mes Shabbat" (31,13)

Le Méo haOmer donne la raison suivante au fait que "Shabbat" soit au pluriel dans l’expression "Mes Shabbat" (Shabbétotaï - שַׁבְּתֹתַי) :
Il y a de nombreuses régions dans le monde, si bien qu’en un endroit il fait encore jour, alors qu’ailleurs c’est déjà la nuit. Par conséquent quand les uns célèbrent le Shabbat, les autres sont encore dans le monde du travail. Et selon la vérité, chacun est mis en garde selon l’endroit où il se trouve.
C’est pourquoi le verset dit: "observez mes Shabbat" au pluriel, parce que cela comprend plusieurs Shabbat différents, selon l’endroit où se trouvent les gens.

"Entre Moi et les Bné Israël, c'est un signe pour toujours" (Ki Tissa 31,17).
Le Sabbath, avec son renouveau hebdomadaire et sa revitalisation de l'âme de chaque juif, est la preuve suprême de la haute estime avec laquelle Hachem tient les juifs, le signe éternel de la relation unique entre le Créateur et Son peuple.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5651 ]

+ "Et D. dit à Moché : "Taille pour toi (psal lé’ha - פְּסָל-לְךָ) deux tables de pierre. " (Chémot – Ki Tissa 34,1)

+ "Ne fais pas pour toi une image taillée (lé’ha pessel - לְךָ פֶסֶל) " (Chémot – Yitro 20,3)

Le Imré Emet attire l’attention sur le fait que le même mot (se lisant pessel ou psal) se référant à quelque chose de taillé, est utilisé dans 2 contextes diamétralement opposés, l’un relié à l’idolâtrie et l’autre à la formation des tables des 10 Commandements.

Le Rabbi d’expliquer que ce même terme peut faire référence à ces 2 notions contraires parce que l’essentiel de la signification dépend de l’emplacement du mot lé’ha (pour toi).

-> Si lé’ha est placé en 1er, ou en d’autres termes, si on donne la priorité au moi, en faisant de ses besoins le but de sa vie, on a adopté une conduite idolâtre.
En effet, l’idolâtrie n’est rien d’autre que la manipulation d’une divinité pour satisfaire ses propres désirs.

-> Si le mot lé’ha (pour toi) est placé à la suite, c’est-à-dire si on n’accorde que peu d’importance à la satisfaction de ses propres désirs, on est alors engagé dans l’accomplissement de la volonté de D. et on fait ainsi pénétrer la spiritualité des 10 Commandements dans ce monde terrestre.

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-> Le rabbi Mordé'haï de Kozmir fait ce même commentaire, en terminant que si le "pour toi" (lé'ha) est avant, c'est-à-dire que tu abordes la vie avec le "MOI d'abord", alors c'est de l'impureté (si lé'ha passe avant => lié à l'idolâtrie du culte de soi-même).
Par contre, si ton "MOI je" (lé'ha) vint après, que tu prends soin d'autrui d'abord, alors c'est de la sainteté.

[il faut faire attention à ne pas passer sa vie à vouer un culte à son égo (le MOI). D'ailleurs, on peut en arriver à se créer le "Hachem" qui vient nous arrange, qui cautionne notre culte du nous-même.
Puisque nous avons une telle tendance naturelle, alors nous devons faire passer l'autre avant nous, pour rééquilibrer les choses, et en venir à l'aimer autant que nous-même.]

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-> "Sculpte pour toi deux Tables de pierre, comme les premières" (Ki Tissa 34,1)

=> Nos sages enseignent que les premières Tables, puisqu'elles ont été données de façon spectaculaire, lors de la Révélation du Sinaï, ont pris le mauvais oeil et elles ont fini par être brisées. En revanche, les deuxièmes Tables ont été données de façon discrète, c'est ce qui les a protégées. Mais comment comprendre cet enseignement?

-> Le rabbi Ménahem Mendel de Kotsk explique que lorsqu'un homme s'élève spirituellement du fait de causes extérieures, cette élévation n'est pas durable, car non profonde. Par exemple, le fait de s'approcher de la Torah, uniquement suite à un événement que l'on aurait vécu, qui nous aurait impressionné. Que ce soit un événement qui aurait éveillé un désir et un élan d'amour pour la Torah, qu'un événement qui aurait éveillé au contraire de la peur.
Quand une raison extérieure entraîne le rapprochement, cela ne suffit pas pour que ce retour à la Torah soit protégé. Ce qui garantit que l'élévation soit définitive, c'est quand elle découle d'une réflexion intérieure, à savoir une compréhension profonde des choses, une maturation sur le sens de la vie et sur une prise de conscience de l'authenticité de la Torah d'Hachem. Même si un événement extérieur déclenche cette introspection, il devra amorcer un travail intérieur, plus approfondi.
Lorsqu'un homme a compris qu'Hachem notre D.ieu est Vérité, que sa réussite véritable c'est de Servir Hachem, alors cette compréhension fixera en lui son élévation spirituel, qui deviendra alors définitive. Certes, on ne doit pas attendre de comprendre et de vivre de l'intérieur les choses pour servir Hachem.
Le juif doit accomplir les mitsvot même s'il ne comprend pas pourquoi. Mais en parallèle, il doit aussi avoir une démarche personnelle de s'efforcer de vivre la Torah de l'intérieur, de comprendre que la Torah parle à sa vie et lui assure la véritable réussite. La compréhension des choses ne peut pas être la condition de la pratique.
Mais une fois que l'homme accepte de se plier à la Volonté Divine, qu'il le comprenne ou non, il doit ensuite chercher à intérioriser le message de la Torah, pour le comprendre et le vivre le plus profondément qu'il puisse.
Les premières Tables ont été données dans le faste et le spectaculaire. Elles n'ont pas duré.
Les secondes Tables ont été donné dans la discrétion et la profondeur, elles ont donc pu s'inscrire dans la durée.

"Fais-moi connaître Tes voies" (Ki Tissa 33,13)

D’après la guémara Béra’hot (7a), Moché demanda à D. :
"Maître du monde, pourquoi tel juste est-il comblé de bonheur et tel autre frappé par le malheur, tel méchant comblé de bonheur et tel autre frappé par le malheur ? "

Le ‘Hafets ‘Haïm de commenter :
Beaucoup s’interrogent : pourquoi un tel est-il pauvre et tel autre est-il riche ?
Souvent, le 1er se conduit exactement comme le second et parfois, il est encore plus méritant que lui.

Venu au monde pour un temps limité, l’homme veut avoir une réponse à toutes ses réponses, et notamment : pourquoi un tel est pauvre alors que tel autre est riche.

S’il avait vécu avec le pauvre et le riche pendant plusieurs centaines d’années, il aurait vu qu’au siècle précédent, la situation était inversée.
Après les avoir soumis à l’épreuve de la richesse ou à celle de la pauvreté, le Ciel a interverti les rôles.

L’homme qui ne peut avoir une vue d’ensemble du monde durant sa brève existence est comme un hôte de passage.

=> Au lieu de nous interroger sur la conduite de D. dans le monde, nous devons être convaincus, que tout ce qu’Il fait est pour le bien.

[Le ‘Hafets ‘Haïm comparait l’homme à un bébé qui gesticule et crie dans son berceau, avec une moue de colère, comme s’il était tout puissant, alors qu’il est aussi faible qu’un prisonnier pieds et mains liés.]

" … et il tomba dans le peuple, ce jour-là, environ 3 000 hommes. " (Ki Tissa 32,28)

Que représente ce nombre ?

Parmi 600 000 personnes seulement 3 000 prirent activement part au culte idolâtre du veau d’or.
Comment dès lors 0,5% seulement a-t-il pu entraîner avec lui les 99,5% restants, qui ont acquiescé par une complicité silencieuse ?

Il est terrifiant de constater que l’immense majorité a pu se laisser entraîner vers l’abîme, sans manifester un quelconque signe d’opposition.

Le Maharil Diskin de répondre que le secret de cette énigme réside en fait dans une parole de nos Sages : "Quiconque suspecte quelqu’un sans preuve ou de façon illégitime, est frappé de plein fouet. "
Comment cela ?

En ce qui concerne le veau d'or, lorsque le Erev Rav (l’ensemble des non-juifs) proclama : "Voici ton D. ! ", un silence pesant et dramatique s’installa parmi les Bné Israël.

Pourquoi se taisaient-ils ?
Chacun des Bné Israël regardait ses voisins et se demandait : "Pourquoi ne protestent-ils pas ? Comment comprendre ce silence ?
C’est sûrement le signe que tous, à part moi, acquiescent. Et si c’est ainsi, qui suis-je pour m’opposer à tout le monde ? Comment prendre le risque d’une mise en quarantaine ? "

En revanche, si chacun avait jugé son prochain positivement (léKaf Zé’hout), avec un a priori favorable, il se serait probablement dit : "il est certain que si tel se tait, ce n’est pas qu’il soit d’accord avec les agissements de ces idolâtres, mais simplement parce qu’il se sent seul, exactement comme moi ! "

=> Des rassemblements se seraient alors organisés parmi le peuple pour contrer les desseins du Erev Rav.

Et si ce scénario n’a pas eu lieu, c’est parce que : ils "suspectaient des gens sans preuve ou de façon illégitime".

C’est ainsi qu’une infime minorité, qui eut l’audace d’agir à découvert, l’emporta sur une majorité qui ignorait sa force, et se sentait incapable de réagir.

[ ça fait froid dans le dos de voir les conséquences du fait de ne pas chercher à juger son prochain de façon bienveillante ... ]

Source (b"h) : le Séoudat aMélé’h du rav Moshé Pell

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"Hachem parla à Moché : Va, descends, car ton peuple que tu as fait monter du pays d'Egypte s'est corrompu" (Ki Tissa 32,7)

-> Rachi commente : c'est un reproche implicite [de Hachem] à Moché, une façon de lui dire : "Ceux qui ont provoqué la faute sont ton peuple, le érev rav égyptien que tu as accepté de ta propre initiative.

-> Avant de monter au Ciel pour recevoir les tables de la Loi, Moshé rassura son peuple : "Je reviendrai dans 40 jours, avant midi" (guémara Shabbath 89). Dans l’intervalle, il désigna Aaron et 'Hour (le fils de Myriam) comme responsables du peuple juif (Midrash Hagadol 32,1).
Le jour où Moché est parti ne devait pas compter dans les 40 jours car ce n’était pas une période complète de 24 heures (Moshé ayant passé la nuit précédente dans le camp). Mais les Bnei Israël ont compté ce jour dans leur calcul. Ils attendirent donc l’arrivée de Moshé avec un jour d’avance.

Le Satan a profité de cette erreur de calcul, pour montrer aux Bnei Israël, l’enveloppe physique dont Moshé s’était dépouillé (il n’était alors qu’être spirituel), afin de leur faire croire que Moshé était mort.
Les égyptiens qui avaient rejoint le peuple juif lors de sa sortie d’Egypte (= le erev rav), face à cette fausse prophétie (Moshé ayant assuré qu’il reviendrait), faiblirent plus rapidement, et ils allèrent voir les responsables du peuple afin de changer la situation, imposant la fabrication du Veau d'or.

-> b'h, Voir également la partie "Erev rav" du divré Torah suivant :https://todahm.com/2017/07/25/le-veau-dor

-> Le Gaon de Vilna révèle que dans chaque génération, les juifs hérétiques et réchaïm sont des descendants du érev rav, et à l'époque précédant la guéoula par le machia'h, ils vont proliférer et avoir davantage de pouvoir, ce qui va entraîner des dommages énormes pour les justes de cette génération.

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch ajoute que pendant les jours immédiatement précédents la révélation de la guéoula, les juifs seront très prospères et respectables. A ce moment, de nombreux convertis seront attirés par rejoindre la religion juive pour des considérations matérielles et non spirituelles.
C'est alors que Moché rabbénou rectifiera son acte qui a été critiqué par Hachem.
En effet, puisqu'à l'époque du machia'h, Moché rabbénou menera de nouveau le peuple, il va vigoureusement rejeter toute conversion non sincère, repoussant tous ceux souhaitant monter dans le "train en marche" des juifs uniquement par intérêt matériel.

Nos Sages nous enseignent : "Les convertis ne seront plus acceptés au moment du machia'h"
[guémara Yébamot 24b]
[C'est ainsi que Moché corrigera totalement son mauvais choix passé en Egypte, en faisant le "tri" parmi les dernières conversions au judaïsme de l'histoire.]

Le Veau d’or & se lier par les mitsvot

+ Ki Tissa - le Veau d'or :

-> Juste avant de monter au mont Sinaï, Moché dit aux Bné Israël qu'il serait de retour dans 40 jours. Le peuple pensait que le jour de son ascension était compté dans les 40jours, mais Moché voulait dire 40 jours complets, sans compter ce jour-là.
Le jour où Moché devait revenir était le 17e jour de Tamouz. Le 16 Tamouz, le Satan embrouilla la nation avec une image sombre dans les cieux, laissant entendre que Moché était mort.
En réponse, les Bné Israël construisirent un Veau d'or, ce qui entraîna la faute du Veau d'or qui est si grave que chaque punition infligée aux Bné Israël depuis lors contient une certaine rétribution pour cette faute.
[ "Il n’est pas de punition qui frappe Israël qui ne contienne une part de punition pour le Veau d’or" - guémara Sanhèdrin 102a (Rachi - Ki Tissa 32,34).

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+ Ce qui a déclenché la chute :

=> Comment une nation qui a été témoin de grands miracles et qui a vécu l'événement grandiose du don de la Torah a-t-elle pu soudainement renier Hachem et adorer un Veau d'or?

-> Le Kouzari (1:97) répond que les juifs n'ont jamais renié Hachem.
Ils attendaient que Moché fasse descendre les Lou'hot (Table de la Loi) et fabrique un Aron (l'Arche), quelque chose de tangible pour représenter leur relation avec Hachem et faciliter leur adoration.
Comme Moché ne revenait pas, ils décidèrent de fabriquer leur propre support physique pour la avodat Hachem.

-> Dans le même ordre d'idées, le Beit haLévi (Ki Tissa) écrit que Moché a toujours servi d'intermédiaire entre Hachem et les Bné Israël. En son absence, le peuple a voulu faire une place à la Présence Divine (Chékhina) dans ce monde (une fonction remplie plus tard par le Michkan), afin de ne pas avoir besoin d'un intermédiaire.

Malgré ces bonnes intentions, le Kouzari et le Beit haLévi expliquent que les Bné Israël ont fauté en créant un instrument physique de avodat Hachem sans en avoir reçu l'ordre.
[de plus, comme le souligne le Kouzari, ils avaient reçu l'ordre de ne pas le faire, comme il est dit dans les 10 Commandements : "Tu ne te feras point d'idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le Ciel ..." (Yitro 20,4). ]
La croissance spirituelle exige une adhésion stricte aux commandements d'Hachem.

[ le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1:21-22) affirme qu'avant le don de la Torah, les Patriarches faisaient tout ce qui semblait nécessaire pour rectifier les mondes supérieurs.
Cependant, depuis que la Torah a été donnée, la seule façon de servir Hachem est par le biais de Ses lois (halakha), et non par l'intuition. ]

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+ L'expiation du Michkan :

-> Le midrach (Chémot rabba 48,6) affirme que les dons pour la construction du Michkan ont permis d'expier la faute du Veau d'or. Par exemple, pour créer le Veau, les Bné Israel ont donné des anneaux en or (Ki Tissa 32,3). En ce qui concerne le Michkan, ils ont également donné des anneaux en or (ibid. 35,22).

-> Le Beit haLévi comprend que non seulement les dons ont expié la faute, mais que le Michkan tout entier a également servi à cette fin. C'est pourquoi, lorsque la Torah décrit la création des différents éléments du Michkan dans la parasha Pékoudé, presque chaque verset se termine par "ka'acher tsiva Hachem ét Moché" (comme Hachem l'a ordonné à Moché).
Le Michkan a été construit uniquement parce qu'Hachem l'avait ordonné. En tant que tel, il expie la création du Veau, qui a été faite sans aucun ordre.

[ le Messé'h 'Hokhma (Vayakel 37,1) reprend cette idée. Avant la faute du Veau d'or, Hachem dit à Moché qu'Il avait donné à Bétsalel tout ce qui était nécessaire "pour faire chaque type de méla'ha" (Ki Tissa 31,5). Après la faute du Veau, Moché a transmis aux Bné Israel que Hachem avait fourni tout ce qui était nécessaire "pour faire tout type de mélé'het ma'hachavét (travail réfléchi)" (Vayakel 35,33).
Après le Veau d'or, il est important de souligner que tout travail doit être effectué avec la clarté mentale que tel est l'ordre d'Hachem. ]

-> Pourtant, la guémara (Yérouchalmi Shékalim 1:1) affirme que l'or de la kaporét, la couverture de l'Aron, expie le Veau d'or.
Pourquoi spécifier la kaporét si tous les donations au Michkan permettaient l'expiation de la faute?

Le Beit haLévi répond que la kaporét comprenait les 2 kérouvim, qui représentaient la relation entre Hachem et Bné Israel. Lorsque nous étions très proches de Lui, les kérouvim s'enlaçaient (guémara Yoma 54a).
Notre proximité avec Hachem dépend de la Torah, symbolisée par les Lou'hot (Tables de la Loi). Les Lou'hot étaient logés dans l'Aron, qui était recouvert par la kaporét.
C'est pourquoi les kérouvim étaient moulés face à la kaporét (Térouma 25,20) afin de rappeler le lien étroit entre Hachem et peuple juif et sa dépendance ultime à l'égard de la Torah. En raison de cet aspect unique de la kaporét, le Yérouchalmi souligne qu'elle expie le Veau d'or.

[ bien que la paracha Térouma dit que les kérouvim se faisaient face, ils étaient aussi légèrement orientés vers le bas, vers la kaporet. ]

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+ L'expiation de la para adouma (vache rousse) :

-> La mitsva de la para adouma sert également d'expiation pour la faute du Veau d'or.
Rachi ('Houkat 19,22) , citant Rabbi Moché haDarchan, explique comment chaque étape du processus de la para adouma est parallèle à une partie de cette terrible faute.
[ il est à noter que le Nétsiv (Haamek Shé'ella), seule la première para adouma, à l'époque de Moché, a expié la faute du Veau d'or. Les parot suivantes ont simplement purifié les Bné Israel.
Le Rambam (Hilchos Parah Adumah 1:9) est d'avis que même les parot ultérieures ont apporté l'expiation.]

=> Pourquoi particulièrement la mitsva de la vache rousse pour effectuer cette expiation?

Le Beit haLévi explique : la mitsva de la para adouma est un 'hok, une loi que l'homme ne peut pas comprendre. Lorsque nous l'accomplissons uniquement parce qu'Hachem nous a ordonné de le faire, sans que nous en comprenions le but, nous expions la faute du Veau d'or, que D. n'a jamais ordonné d faire.

Le Messé'h 'Hokhma note qu'il existe une obligation biblique de lire la portion de la Torah traitant de la para adouma avant d'accomplir la mitsva.
Le rav Shlomo Fisher demande : pourquoi cette obligation existe, nous ne trouvons une telle exigence pour aucun autre précepte de la Torah. Avant de mettre les tefillin, par exemple, il n'y a pas d'impératif biblique de lire le passage de la Torah qui traite de cette mitsva.

Le rav Fisher répond qu'étant donné qu'une composante intégrale de la mitsva de la para adouma est de l'accomplir sans autre raison que le commandement d'Hachem, en lisant la paracha immédiatement avant sa réalisation, nous démontrons que l'unique motivation pour accomplir la mitsva est la volonté Divine. Cette motivation permet au processus de la para adouma d'expier la faute du Veau d'or.

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+ La lecture de la paracha Para :

-> En plus de la portion hebdomadaire de la Torah, les rabbins ont institué la lecture de 4 parachiyot supplémentaires au cours du mois d'Adar. La 3e est la paracha Para, qui est un extrait de la parachat 'Houkat sur la mitsva de la para adouma. Ce passage est toujours lu dans la seconde moitié du mois d'Adar.

Nous lisons cette paracha, explique la Michna Broura (685:1), parce que les Bné Israel ont brûlé la première para adouma peu avant le mois de Nissan, utilisant les cendres pour se purifier avant de sacrifier le korban Pessah.
Bien que nous n'ayons plus de para adouma, nous lisons cette section comme une prière à Hachem pour que nous soyons bientôt purifiés par cette mitsva.

Le Choul'han Aroukh (685:7) cite une opinion selon laquelle lorsque nous lisons la parachat Para, nous accomplissons une mitsva de la Torah. Mais laquelle?

Le Malbim répond qu'il s'agit de la mitsva de se souvenir de la faute du Veau d'or ('hét haEgel).
Le Malbim tire ce commandement du verset : "Souvenez-vous, n'oubliez pas que vous avez irrité Hachem dans le désert" (Ekev 9,7).
[ le Ramban (commentaire sur le Sefer HaMitsvot, dans sa liste de mitsvot que le Rambam a omises, mitzvah 7) et le Magen Avraham (Orach 'Haim 60) statuent tous deux que ce verset constitue une mitsva de la Torah, mais ils ne précisent pas ce dont nous sommes obligés de nous souvenir. Le Ramban se demande si cette mitsva reste en vigueur aujourd'hui ou si elle ne s'appliquait qu'à la génération de Moché.]

Le Malbim explique qu'au lieu de lire publiquement le récit du Veau pour remplir cette obligation, ce qui aurait déshonoré le peuple juif, les rabbins ont institué la lecture de la paracha Para, qui expie le Veau d'or.
[ les 2 premières montées de Ki Tissa, qui racontent le récit du Veau d'or, sont extraordinairement longues. Le rav 'Haim Kanievsky explique : les 2 premières montées sont donnés à un Cohen et à un Lévi. Comme leurs ancêtres n'ont pas été impliqués dans la faute, le Cohen et le Lévi ne sont pas gênés d'en prendre connaissance. Mais un Israël, dont les ancêtres ont fauté, aurait honte ; c'est pourquoi il ne commence à lire la Torah qu'une fois l'épisode terminé. ]

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-> Cependant, le rav Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Ekev 9,7) soutient que la mitsva de se souvenir dans Eikev ne se réfère pas à la faute du Veau d'or, mais plutôt à l'épisode de Mara (Béchala'h 15,22-26), lorsque les Bnei Yisrael se sont plaints à Moshe qu'ils n'avaient pas d'eau.

Le rav Kamenetsky propose donc une 2e approche pour expliquer pourquoi la lecture de la paracha Para répond à une mitsva de la Torah.
Son explication s'accorde avec notre interprétation de la faute du Veau d'or. Il suggère que la lecture de la parachat Para nous rappelle l'incident de Mara. Les Bné Israel y ont appris que seule la volonté d'Hachem rend les choses douces ; bien que Moché ait jeté du bois amer dans des eaux amères, celles-ci se sont adoucies, simplement parce qu'Hachem en a décidé ainsi.
De même, la para Adouma nous enseigne qu'il faut accomplir les mitsvot sur l'ordre d'Hachem, et non parce qu'elles ont un sens. Afin d'ancrer ce concept dans nos esprits, les lois de la para adouma ont été données à Mara. Cet épisode s'est produit juste avant que les Bné Israel ne reçoivent la Torah, nous préparant ainsi à cet événement capital.
Nous accomplissons la Torah et les mitsvot non pas parce que cela a un sens intellectuel pour nous, mais plutôt parce que c'est un décret d'Hachem.

-> Tout au long de notre vie, nous avons des éclairs d'inspiration et des idées sur la manière de nous rapprocher d'Hachem. La faute du Veau d'or nous apprend que les seuls moyens de se connecter réellement à Hachem sont ceux qui sont approuvés par la Torah. Sinon, nous faisons ce que nous voulons, nous avons une relation avec nous-mêmes, et non avec notre Créateur.

Seul Hachem peut nous indiquer la voie à suivre. La Guemara ('Houlin 88b) nous dit que c'est parce qu'Avraham a déclaré humblement : "Je ne suis que poussière et cendre" (Vayéra 18,27) que ses descendants ont été récompensés par la mitsva de para adouma, qui exige une grande humilité.
Lorsque nous faisons la para adouma, même sans comprendre pourquoi, nous suivons l'exemple d'Avraham, et nous nous connectons vraiment avec Hachem.