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"Car la portion de Hachem [dans ce monde-ci], c'est Son peuple" (Haazinou 32,9)

-> Rav 'Haïm de Volozhin s'interrogea un jour à propos d'un enseignement du Tana déBé Eliyahou, selon lequel l'un des Attributs de Hachem est qu' "Il est satisfait de Sa portion".
Comment peut-on limiter Son domaine à une "portion" alors que tout l'univers est à Lui?

Son maître, le Gaon de Vilna, a répondu à sa question en citant le verset ci-dessus, et il expliqua :
"Hachem est heureux d'avoir choisi Israël pour être Son peuple, et non une autre nation du monde.
Il est heureux de Sa portion, même aux moments où elle décline spirituellement.
Il n'en fait pas moins, alors résider Sa présence divine en son sein. Il reste "avec" elle et ne l'abandonnera jamais, car Il est satisfait de Son choix."

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+ "Car la part d'Hachem, c'est Son peuple ; Yaakov est le lot de son héritage"

-> Le Ritba commente :
Israël n'est pas soumis à l'influence des étoiles du Ciel, car il est le "lot" d'Hachem, mais Israël est au-dessus des mazalot.
["Le mazal n’exerce pas de contrôle sur Israël" (én mazal léIsraël – guémara Shabbath 156a)]
C'est seulement lorsque les fils d'Israël ne se conforment pas à la volonté de Hachem que leur vie est à la merci de leur mazal ; dans ce cas, leurs fautes les séparent d'Hachem et ils perdent leur privilège d'être au-dessus du mazal, comme dit Hachem dans le verset du cantique d'Haazinou : "Je leur déroberai Ma face, Je verrai ce que sera leur avenir, car ... ce sont des enfants sans loyauté" (Haazinou 32,30).

A cause de leur déloyauté, Hachem leur retire alors Sa Providence et ils seront soumis au mazal comme les autres nations, que D. en préserve.

"Comprenez les années des générations" (Haazinou 32,7)

Que signifie ce verset ?
En fait, chaque génération et chaque période reçoit du Ciel une nouvelle compréhension dans la Torah, qui correspond et qui est adaptée à la nature de la génération.

Les tsadikim et les Sages de chaque période comprennent et diffusent la Torah selon ce qui leur est demandé de comprendre et d’enseigner aux personnes qui vivent dans leur génération.

[ainsi, chaque génération a les meilleurs rabbanim, qui lui transmettent les paroles les plus pertinentes]

[le 'Hidouché haRim]

"D. protège ceux qui Lui font confiance comme un homme protège la prunelle de ses yeux"

[midrach Tan'houma - Haazinou 32,1
- "Il le protège, Il veille sur lui, le garde comme la prunelle de Ses yeux"]

"La Torah que j’ai donnée à Israël, elle est la vie donnée au monde, tout comme la pluie est la vie donnée au monde quand le ciel distille de la rosée et de la pluie."

[Rachi - Haazinou 32,2
- "Que mon enseignement ruisselle comme la pluie" - Le Cantique de Moché]

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-> "Ce n'est pas en vain que vous peinez pour l'apprendre [la Torah] : une grande récompense lui est attachée "car elle est votre vie"."
[Rachi - Haazinou 32,47]

-> Rabbi Méïr dit : "Quiconque étudie la Torah de façon désintéressée ... est appelé ami, bien-aimé, adorateur du Créateur, un homme qui aime les hommes, qui réjouit D. et ses semblables ; la Torah le revêt d'humilité et de crainte." (Pirké Avot 6,1)

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"La Torah que j’ai donnée à Israël, elle est la vie donnée au monde, tout comme la pluie est la vie donnée au monde quand le ciel distille de la rosée et de la pluie."

-> Rachi commente : La Torah que j’ai donnée à Israël, elle est la vie donnée au monde, tout comme la pluie est la vie donnée au monde quand le ciel distille de la rosée et de la pluie.

Rachi enseigne également que Moché demande que la Torah soit absorbée par Israël comme la pluie qui permet de vivre et comme la rosée qui est toujours accueillie avec satisfaction car contrairement à la pluie, elle ne dérange jamais personen.
Les rafales de vent donnent de la force et de la vigueur à la végétation, de même que les efforts pour assimiler la Torah font grandir ceux qui l'étudient.

-> Moché veut que ses paroles de Torah pénètrent la nation et la rendent féconde, comme la pluie et la rosée, qui sont toujours productives.
[Ibn Ezra]

-> Pour les érudits capables d'assimiler de grandes connaissances, la sagesse de la Torah est comme une pluie forte et pénétrante et comme de puissantes rafales de vent ; pour ceux qui ne peuvent saisir qu'une petite partie de son infinité, la Torah est comme la rosée ou les gouttelettes d'eau qui même en petite quantité, sont toujours bienfaisantes.
[Sforno]

-> Il y a une différence entre la pluie et la rosée.
La pluie a pour origine les vapeurs qui montent de la terre, qui ensuite se condensent en nuages.
La rosée a pour origine le ciel.
Nos Sages nous disent que pour acquérir la Torah nous devons faire des efforts, et également que nous devons mériter de l'aide Divine.
A l'image de la pluie, la Torah doit provenir de la Torah [nous devons y investir tous nos efforts, capacités].
A l'image de la rosée, qui provient du ciel, au final c'est l'aide Divine qui nous permet de véritablement acquérir la Torah.
[le verset cite d'abord la pluie (nous devons chercher à l'acquérir de notre mieux), et ensuite la rosée (nous obtiendrons la Torah alors comme un cadeau du Ciel)]
[Ktav Sofer]

En ce sens, le Sfat Emet enseigne qu'au début nous devons nous forcer à acquérir la Torah quelques soient les efforts que cela nous demande (à l'image de la pluie qui peut tomber très fort et être dérangeante, désagréable sur le moment), et ce n'est que par la suite que nous pouvons réaliser à quel point la Torah est douce et agréable (à l'image de la rosée).

-> Pourquoi la Torah est-elle comparée à la pluie et à la rosée?
La pluie vient d'en-haut et est un élément actif dans le processus de croissance de la production de la terre.
La rosée va entraîner que la terre va libérer ses propres minéraux, ce qui va aider la production à se développer.
La Torah Ecrite ressemble à la pluie, qui vient directement d'en-Haut ; la Torah Orale ressemble à la rosée.
La Torah repose en chacun des juifs. Nous avons besoin de faire sortir la Torah qui est en nous afin de nous aider à accomplir la volonté de Hachem.
[Avné Nézer]

[l'homme = arbre des champs, a besoin de la pluie et de la rosée, de la Torah Ecrite et Orale, afin de s'épanouir et de produire de beaux fruits!]

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+ "Car ce n’est pas une chose vide pour vous (מכם)" (Haazinou 32,47)

Le terme "מכם" (mikèm) ayant pour valeur numérique 100, c’est comme si l’on disait : « Si vous la (la Thora) trouvez vide, c’est parce que vous l’étudiez 100 fois (comme la valeur de מכם) » et non pas 101 fois.
Si vous trouvez la Torah vide, cela vient de vous (מכם), de votre faute!
[Péninim Yékarim]

=> Selon le Nétsiv, si la Torah est vide, c'est à cause de vous, c'est-à-dire par notre faute les versets ne nous sont pas compréhensibles, car nous ne nous donnons pas assez de mal.
Rabbénou Bé'hayé dit que c'est un manque (le fait que la Torah soit vide à nos yeux) qui a son origine dans notre intelligence, nous ne sommes pas arrivés au niveau nécessaire pour la comprendre.

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-> "Car ce n'est pas une chose vide de vous" (Haazinou 32,47)

=> Ce verset parle de la Torah et dit à son propos qu'elle n'est pas vide "de vous". Nos Sages s'interrogent sur le sens de ces 2 mots. Que signifie qu'elle n'est pas vide "de vous"?
Et nos Maîtres de répondre : "La Torah n'est pas vide. Et si vous la trouvez vide, sachez que c'est "de vous"!"
Que signifie cet enseignement?

-> Le rav Shlomo Wolbe explique que parfois, un homme étudie un texte de Torah et se confronte à une difficulté qui lui laisse l'impression que l'enseignement qu'il étudie ne peut pas être juste ou qu'il est exagéré, ou encore qu'il est trop surprenant ... Il se confronte à un passage qu'il trouve quelque peu "vide" et creux. Il ne correspond pas à sa réalité, à son mode de raisonnement. Ce Texte ne lui parle pas, ne fait pas écho en lui.

C'est là que la Torah apporte son éclairage en affirmant : "Si tu le trouves vide, c'est "de toi"". C'est-à-dire que quand un homme trouve un "vide" dans la Torah, cela vient révéler qu'en fait ce "vide" en lui. Et c'est ce vide qui se projette dans son étude.
Chaque homme a de nombreuses facettes dans sa personnalité. Il a des forces intellectuelles : d'abstraction, de synthèse, de logique, d'approfondissement, de concentration ... Ainsi que des forces au niveau du caractère : patience, volonté, maîtrise de soi, organisation, générosité ...
Au moment où un homme se met à étudier, il se confronte avec la Torah qui est "Torah de vérité". Et là, toutes les facettes de sa personnalité sont en réadaptation par rapport à la Vérité Divine. Et c'est là que peuvent apparaître les difficultés. Tous les manques et les failles qu'un homme a en lui sont les véritables causes des difficultés et du sentiment que ce passage est "vide", problématique ou incongru.
La Torah est tel un laser qui passe au scanner toute notre personnalité. Nos problématiques et conflits intérieurs vont se refléter et se projeter dans cette étude. On s'y verra en fait soi-même comme dans un miroir. Ainsi, à chaque embûche ou blocage que l'on rencontre dans son étude, on doit savoir qu'il y a là l'indication qu'on a en soi une certaine faille à corriger. Et quand on l'aura corrigé, ce passage nous deviendra alors clair, logique et éclatant de vérité.
La Thora incarne la perfection, elle exige de nous, pour la comprendre au mieux, de se remettre soi-même en question pour corriger par elle, nos propres imperfections. Soyons Sages et humbles et acceptons de voir les failles en nous-mêmes et pas dans la Torah, D. Préserve, car elle est Divine et parfaite.
C'est ainsi qu'elle nous fera avancer et atteindre le perfectionnement de soi.

Tsadik et racha sont récompensés dans le monde qu’ils jugent comme principal

+ Tsadik et racha sont récompensés dans le monde qu'ils jugent comme principal :

"Le Rocher, Son oeuvre est parfaite, car toute Ses voies sont justice ; D. de fidélité et sans iniquité, Il est juste et droit" (Haazinou 32,4)

-> Rachi commente : "Hachem récompense les justes dans le monde à Venir. Bien qu'Il retarde leur récompense, Il finira par accomplir Sa parole ; [inversement], Hachem récompense les réchaïm pour toutes les bonnes actions qu'ils accomplissent dans ce monde".

-> Le Maharal (Gour Aryé) explique :
Il est normal qu'Hachem récompense les justes dans le monde à Venir et les fauteurs dans ce monde-ci, car Hachem récompense une personne dans le monde qu'elle considère comme principal.

Les actes d'une personne révèlent ce qu'elle considère comme étant le monde principal.
Ceux qui s'engagent dans des activités spirituelles et négligent leurs besoins matériels considèrent manifestement le monde à Venir comme principal/primordial. Ils n'utilisent ce monde que pour accumuler des mérites en vue du prochain monde.
En revanche, ceux qui ne sont jamais satisfaits de leur situation matérielle dans ce monde et qui ne reculent devant rien pour l'améliorer considèrent manifestement ce monde comme leur monde principal.
Les tsadikim comme les fauteurs méritent d'être récompensés dans le monde qu'ils considère comme principal.

Une autre raison pour laquelle les tsadikim ne sont pas récompensés dans ce monde est qu'un travailleur n'est payé que lorsque son travail est terminé, comme l'enseignent nos Sages (Baba Métsia 65a) : "les salaires ne sont payés qu'à la fin".
Les tsadikim (justes) passent leur vie dans une quête sans fin pour servir Hachem, et leur travail ne s'achève qu'à leur mort. Ainsi, un tsadik n'est récompensé que par le "fruit" de son travail dans ce monde, mais la récompense principale l'attend dans le monde à Venir, une fois son travail achevé.

En revanche, une personne fauteuse passe sa vie à rechercher sans cesse des plaisirs matériels. Lorsqu'elle accomplit une mitsva, elle marque une pause dans ses activités généralement vides de sens.
Pour un fauteur, chaque mitsva est une entité distincte et séparée et ne fait pas partie de la mission de toute une vie. Ainsi, sa récompense est due à la réalisation de chaque mitsva individuelle pendant qu'il est encore dans ce monde.

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=> Un juste est récompensé dans le monde à Venir parce que c'est son monde qu'il considère comme essentiel/principal.
Un fauteur est également récompensé dans son monde principal, ce monde-ci.
De plus, une personne juste (tsadik) est constamment engagée dans des mitsvot, et elle n'achève son travail spirituel qu'à son entrée dans le monde à Venir (où elle recevra son salaire).
Cependant, une mitsva est un acte distinct pour un pécheur et son paiement est dû immédiatement après chaque mitsva.

"Souviens-toi des jours antiques" (Haazinou 32,7)

-> "Tant que D. vous inflige des souffrances, rappelez-vous les bienfaits et les consolations qu'Il vous apportera dans le futur."
[Midrach Raba et Yalkout Chimoni]

-> Le 'Hafets 'Haïm disait :
Chacun a des soucis. Il vaut mieux avoir des soucis d'ordre spirituel afin d'être dispensé des soucis matériels, conformément à cet enseignement de Avot de Rabbi Nathan (début du chapitre 20) :
"Celui qui applique les paroles de la Torah sur son cœur, on le préserve des affres de la guerre et de la famine et de tous les soucis d'un être de chair et de sang ; et celui qui n'applique pas les paroles de la Torah sur son cœur, on lui impose les affres de la guerre et les soucis d'un être de chair et de sang".

-> Le Tana déBé Elyahou compte parmi les Attributs de D. qu'Il est content de Son lot.
Comment peut-on expliquer ce qualificatif au Maître de l'univers, à qui appartient la terre et ce qu'elle renferme?

Rabbi 'Haïm de Volozine qui posa cette question au Gaon de Vilna, obtenu comme réponse :
"D. est toujours content de Son lot, c'est-à-dire des enfants d'Israël, Il continue à résider parmi eux et Il ne les abandonne pas!"

-> Un jour, le 'Hafets 'Haïm demanda à quelqu'un : "Comment allez-vous?", l'autre répondit : "Un léger mieux ne ferait pas de mal!"
Le 'Hafets 'Haïm lui rétorqua : "D'où sais-tu que cela ne ferait pas de mal?
D. sait mieux ce qui est bien pour toi. Il est clément et miséricordieux. Il veut et Il peut donner plus. A l'évidence, si cela ne va pas mieux, c'est très bien ainsi".

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-> "Lui, notre Rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice-même, D. fidèle, sans iniquité, Il est Juste et Droit" (Haazinou 32,4)

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
A vrai dire, nous devons garder ce verset à l’esprit à chaque instant et en toute circonstance, pour nous faire accepter la conduite d'Hachem avec amour et intégrité. Nous devons rester parfaitement convaincus qu'il existe un Maître qui dirige le monde et que ce Maître est un "D. fidèle, sans iniquité" ...
Le rav Tsvi Hirsh de Rimanov, avant de quitter ce monde, a déclaré à ce sujet : "L'essentiel de la Torah, c'est de savoir que Hachem est sans iniquité, Juste et Droit".

Dès lors, même lorsqu'un homme traversera des temps difficiles, il ne se laissera pas décourager, car il demeurera convaincu que "tout ce qu'Hachem fait est pour le bien", puisque toutes Ses voies sont la justice-même, et qu'Il ne cause jamais de mal à quelqu'un.
Aux yeux de l’homme, les vicissitudes de l'existence apparaissent comme mauvaises, mais en vérité, elles lui sont bénéfiques. Il arrive quelquefois que l’homme mérite de se rendre compte par lui-même que son malheur n’était en fait qu’une préparation à sa délivrance.
Et parfois, cette déconvenue constitue le moyen de le purifier et d'augmenter sa récompense future dans le monde à venir, comme le rapporte le Sifri sur le verset : "Souviens-toi des jours d'antan" (Haazinou 32,7) : "Hachem leur dit : à chaque fois que Je vous envoie des épreuves dans ce monde-ci, souvenez-vous combien de bienfaits et de consolations Je m'apprête à vous donner dans le monde futur".

Et plus l'homme a foi dans le fait qu'Il [Hachem] est Juste et Droit, et que même lorsque Ses voies sont la justice-même (qu'Il se conduit avec rigueur), Hachem le dirige, plus cette mesure de rigueur se transformera en bienfaits, et il méritera même alors de voir de ses yeux comment se manifeste la providence particulière à son égard afin de le délivrer.

Le rabbi de Kozhiglov (dans son Erets Tsvi) commente dans ce sens le premier verset de Haazinou (v.32,1) : "Ecoutez les cieux et Je parlerai" (haazinou achamayim vaadabéra - הַאֲזִינוּ הַשָּׁמַיִם וַאֲדַבֵּרָה) = Si l'homme écoute "les cieux", c'est-à-dire s'il tend l'oreille pour tenter de comprendre que tout ce qui lui arrive ne provient que du Ciel, selon une providence très précise, alors s'accomplira également la suite du verset [ואדברה] qui, outre son sens de "parler", a également celui de "diriger" (comme dans la guémara Sanhédrin 8a : "un דבר (dirigeant) par génération"], à savoir que Hachem le dirigera selon une providence dévoilée de manière bénéfique, durant toute son existence.
Et il verra se réaliser à son égard les paroles de la prière de Roch Hachana (rituel Ashkénaze) : "Ils ne seront jamais déçus tous ceux qui s'abritent en Toi" (ולא יכלמו לנצח כל החוסים בך).

-> "Hachem nous protège selon le niveau de notre confiance en Lui. Si nous ne nous reposons que sur Lui, nous mériterons constamment de voir de nos propres yeux comment Il prend sous sa protection tous ceux qui viennent s'abriter près de Lui!"
[le Griz - rabbi Its'hak Zev Soloveitchik]

"Lorsque les enfants d'Israël échangent leur foi contre des sottises et des coutumes non-juives qui leur paraissent plus importantes que les commandements éternels de la Torah, ils sont attaqués et pourchassés par des peuples qui perdent leur aspect humain et les haïssent de façon irrationnelle."

[le Avnei Azel (1897-1943) - Rabbi Alexander Zoucha Friedman (auteur aussi du Maayana chel Torah) - commentaire sur Haazinou (32,20) ]

"Que mon enseignement s'infiltre/tombe comme la pluie ; que coule ma parole comme la rosée" (Haazinou 32,2)

-> Rachi explique que la Torah est ici comparée à de la pluie, car la Torah apporte la vie au monde à l'image de la pluie qui est indispensable à la survie du monde.

=> Mais on peut se demander pourquoi avoir pris particulièrement la pluie en référence? Pourquoi ne pas avoir comparé la Torah à l'eau en général? L'eau apporte d'autres avantages par rapport à la pluie, comme le fait d'étancher la soif ...

-> Rabbi Sim'ha Bounam de Pchis'ha explique que la pluie a ceci de particulier qu'au moment où elle tombe, on ne voit pas immédiatement le bénéfice.
La pluie tombe en hiver et abreuve la terre, mais la récolte commence à pousser au printemps, plusieurs mois plus tard. La Torah ressemble justement à cette image. Parfois, un homme étudie la Torah, assiste à des cours et apprend de nombreux enseignements, mais il ne voit pas l'effet. Il peut avoir l'impression de ne pas avoir changé, progressé et évolué. Il peut même en venir à douter de l'intérêt de continuer à étudier puisque rien ne change dans sa vie. Il ne se sent pas plus heureux, ni meilleur.

Le verset vient ici le rassurer. La Torah est comparée à de la pluie. Son impact s'opère en discrétion. Chaque enseignement étudié laisse une trace, aussi fine soit-elle. Celui qui persévère et se renforce dans son étude malgré la sensation que cela ne lui apporte rien, absorbera des paroles de Torah qui feront leur travail dans son coeur sans même qu'il ne s'en rende compte. Goutte après goutte, la Torah s'imprégnera en lui jusqu'au jour où l'effet se montrera.
Alors, après un certain temps de "macération", cet homme remarquera les bienfaits de son étude et sentira que son "champ" intérieur aura donné de "bonnes récoltes". Ses traits de caractère se trouveront plus raffinés, ses sentiments d'amour et crainte d'Hachem, sa joie et enthousiasme dans la pratique, se développeront.
A l'image de la pluie, l'homme ne doit pas désespérer du fait qu'il ne sente pas l'influence de la Torah dans sa vie. Toute parole de Torah a forcément un impact. C'est l'accumulation des enseignements qui, impact après impact, finira pas se manifester par un changement visible du comportement.
Ainsi, deux critères sont à respecter : persévérance dans l'étude et patience pour le résultat.

-> Le Midrach Sim'ha écrit aussi :
"La Torah ressemble à la pluie.
Tout comme l'effet des précipitations n'est pas immédiatement visible, les récoltes dont elle favorise la maturation n'étant recueillies qu'à terme, de même l'effet de l'étude de la Torah n'est-il pas aussitôt perceptible."

-> Nous trouvons un verset explicite à ce sujet (Yéchayahou 55,10) :
"Comme la neige et la pluie, une fois descendues du ciel, n'y retourne pas avant d'avoir humecté la terre, de l'avoir fécondée et fait produire ... ainsi est Ma parole : une fois sortie de Ma bouche, elle ne revient pas à vide sans avoir accompli Ma volonté et mené à bonne fin la mission que Je lui ai confiée".

-> Le Gaon de Vilna fait remarquer que même si la pluie tombe uniformément sur le sol, le profit qu'elle procure dépend du lieu où elle se déverse.
Si l'on plante du blé, elle le fera pousser ; mais si l'on fait pousser une plante vénéneuse, c'est son poison qu'elle favorisera.
Il n'empêche que ses fonctions bénéfiques la font considérer comme fondamentalement bonne.

Il en est de même de la Torah, qui a le pouvoir de faire progresser ce que contient notre cœur.
Si nous l'étudions dans de bonnes dispositions, elle développera notre caractère positivement.
Mais celui qui l'approfondit en la décriant, en fait un usage perverti et en devient indigne.

C'est ce que nous apprend le verset : "... les justes y marcheront, mais les pécheurs y trébucheront" (Hochéa 14,10).

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-> "Que Mon Enseignement ruisselle comme la pluie" (Haazinou 32,2)

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"Mon enseignement s'abattra comme la pluie" (Haazinou 32,2)

-> Ce verset compare la Torah à la pluie. En effet, la pluie ne permet de produire de belles pousses que si la terre a été travaillée, labourée et bien ensemencée. Mais, si la terre n'a pas été travaillée, ou que l'on ne l'ait pas ensemencé, alors la pluie ne permettra pas de faire pousser quoi que ce soit de bien. Au contraire, la pluie rendra ce terrain boueux et impraticable.
De même, l'étude de la Torah n'apporte le raffinement et le perfectionnement qu'à un homme qui travaille sur lui, qui cherche à s'améliorer, qui se remet en question. Mais, pour une personne qui se laisse aller et qui ne cherche pas à s'améliorer, alors la Torah n'aura pas d'effets positifs. Au contraire, elle pourra même lui être dommageable. Ainsi que le disent nos Sages (guémara Shabbath 88b) : "S'il est méritant, la Torah sera pour lui un élixir de vie, et s'il n'est pas méritant, la Torah sera pour lui un poison".
[rav Mikaël Mouyal]

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-> "Mon enseignement s’abattra comme la pluie" (Haazinou 32,2)

La pluie symbolise la subsistance, puisque c'est elle qui fait pousser le blé ainsi que toutes sortes de fruits et d'aliments. Ainsi, sans la pluie, il y a la famine.
Certes, Hachem demande à l'homme d'étudier la Torah. Seulement, Il n'exige pas l'impossible. Si une personne manque de moyens et que sa subsistance lui est insuffisante, il pourra interrompre son étude pour s'occuper de ses affaires, en vue d'obtenir de quoi vivre.
C'est à ce propos que nos Sages disent : "S'il n'y a pas de farine, il n'y a pas de Torah"(Pirké Avot 3,17).

Cela est en allusion dans notre verset : "Mon enseignement s'abattra comme la pluie", c'est-à-dire qu'en fonction de la pluie et de la subsistance, ainsi tu devras t'occuper de Mon enseignement et de l'étude.
L'enseignement de la Torah est fonction de la subsistance. Si le besoin se fait ressentir, on pourra interrompre l'étude et travailler pour sa subsistance.
[Ohr ha'haïm]

"Monte vers cette montagne des Avarim, le mont Névo" (Haazinou 32,49)

Le Panim Yafot rappelle que le nom de cette montagne est : "har Névo" (le mont Névo), et en ajoutant : "har a'Avarim" (littéralement : "le mont/montagne des côtés"), la Torah en souligne la sainteté.

Les lettres hébraïques qui précèdent celles composant le mot : הר (har - "mont") sont : ק et ד, et celles qui les suivent sont : ש et ו

=> Les 4 lettres prises des 2 "côtés" du הר ("mont") forment ainsi le mot : קדוש (kadoch) : "saint".

+ "Car ce n'est pas une parole vide pour vous (mikèm - מִכֶּם)"  (Haazinou 32;47)

La guémara Yérouchalmi (Péa 1,1) commente : elle n'est pas vide, pour vous ; mais si elle est vide c'est : "à cause de vous" (מִכֶּם).

Le 'Hafets 'Haïm illustre cet enseignement ainsi :
Il y a des gens qui n'observent pas des mitsvot comme celles des tsitsit ou des téfiline, parce qu'elles leur paraissent dépourvues de sens.
Il ne faut pas croire que les téfiline sont devenues trop petites pour leurs têtes bouffies.
C'est au contraire leurs têtes qui se sont rétrécies, de sorte que les téfiline n'y tiennent plus.

Les mitsvot nous vont parfaitement!!
Et si quelqu'un vient leur chercher des défauts et les trouve "vides", c'est chez lui que quelque chose ne va pas, et non chez elles.

Source (b"h) : compilation personnelle issue du "tal'lé orot" du Rav Yissa'har Dov Rubin