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La 1ere plaie : le sang

+ La 1e plaie : le sang

Préalable aux plaies :

-> Chaque plaie a duré un mois, mais certains commentateurs pensent que la durée de la mise en garde était de 7 jours et ensuite la plaie durant 3 semaines, ou bien pour d'autres c'était l'inverse : 3 semaines de mise en garde et une semaine de plaie. [midrach Chémot rabba 9,12]
Toute les opinions s'accordent à dire que la période totale couverte par les plaies a été de 12 mois, prenant fin le 14 Nissan.
[l'esclavage a pris fin 1 an avant la sortie d'Egypte]
[Selon les Avot de Rabbi Nathan, les plaies d'Egypte se poursuivirent durant 12 mois, car les plaies ressemblaient au jugement des réchaïm dans le guéhinam, qui dure 12 mois.]

-> Le Séfer Péninim Yékarim (Ekev 7,15) cite l'enseignement de nos Sages selon lequel à chaque fois qu'une plaie s'abattait sur les égyptiens, il y en avait un petit peu chez les juifs pendant un moment, pour qu'ils sachent ce que souffraient les égyptiens.

-> Le 'Hida (Pné David) enseigne également en ce sens :
Toutes les plaies ont également affecté les juifs pendant un court laps de temps, afin qu'ils puissent connaître la puissance des plaies qui étaient infligées aux égyptiens.
Cela se voit dans le verset : "mais tous les Bné Israël jouissaient de la lumière dans leurs demeures" (Bo 10,23) = cela implique que les juifs ont ressenti la joie d'avoir de la lumière après avoir été exposés à l'obscurité pendant un petit moment.
Ce phénomène de d'abord ressentir la plaie a également eu lieu pour les autres plaies.

-> Selon le Saba de Kelm, en Egypte chaque plaie durait une semaine, et entre 2 plaies, il y avait une pause de 3 semaines.
Que faisaient les juifs pendant ces 3 semaines?

Ils étudiaient la plaie qui venait de passer, afin de se rendre compte à quel point Hachem était précis avec chaque égyptien en fonction de ce qu'il avait pu faire durant l'esclavage des juifs.
Il était alors clair dans la tête de chaque juif, que pour Hachem chaque acte (même le plus petit/anodin) positif ou négatif donne droit à une conséquence.
Rien n'est caché, ni oublié de D.

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-> Chacune des plaies avait toute seule la puissance de complétement détruire l'Egypte, si on lui avait laissé durer plus longtemps que le nombre fixé de jours.
La raison pour laquelle Hachem a amené 10 plaies était afin de démontrer Sa maîtrise totale sur toute la nature.
[Steïpler - 'Hayé Olam 15]

-> Le Maharal (Guévourot Hachem 57) explique qu'avec chaque plaie, Hachem a démontré un aspect différent de Son pouvoir, montrant comment chaque tissu de l'existence du monde repose uniquement entre Ses mains. [rien ne peut exister ou se produire sans un décret de Sa part. ]
Chaque plaie témoigne qu'Hachem manipule les fondements de la création du monde, révélant à tous que c'est Lui, et Lui seul, qui apporte les plaies parce que Lui seul, en tant que Créateur du monde, a le pouvoir de le faire.

Le Maharal écrit que les plaies ne démontrent pas seulement la souveraineté d'Hachem sur l'Égypte, mais aussi sa domination sur le monde entier, car chacune des 10 plaies correspond aux 10 Paroles qui ont été utilisées pour créer le monde, établissant ainsi son contrôle total sur la création.

C'est pourquoi nous lions la sortie d'Egypte avec le Shabbath en déclarant zé'her l'Yetsiat Mitsrayim et zikaron lémaassé Béréchit dans le Kidouch, par exemple.
En effet, bien qu'aucun être humain n'ait été présent au moment de la Création pour témoigner qu'Hachem a créé le monde (ex: comme la notion du temps!), la nation juive était présente en Égypte.
On a été témoin des miracles, on ont vu les "signes et les prodiges" (Vaéra 7,3) qu'Hachem a fait subir à l'Égypte. Par conséquent, on peuvent témoigner de la Création du monde, car seul Celui qui a créé la nature peut totalement la manipuler. [voir Ramban - Dévarim 5,15]

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-> Pourquoi les appelons-nous : "les 10 Plaies (makot)" et non "les 10 Prodiges"?
Le rav Mattitiahou Salomon donne la réponse suivante.
C'est parce que le prodige n'est pas le principal, ni le but recherché par Hachem, mais seulement le moyen pour Le craindre, d'où l'utilisation du mot : "maka" (un coup/plaie).

Le Ramban écrit : "Si un homme fait une mitsva, il gagnera son salaire et s'il faute il recevra la punition d'Hachem. Tout le but des actions d'Hachem en Egypte était d'apprendre au monde entier qu'Il se conduit dans Son monde avec la conduite de la Justice".

Malheureusement, beaucoup de gens pensent que Hachem met tout le monde au Gan Eden, et qu'Il est tellement bon qu'Il pardonnera tout, peu importe les bêtises que la personne en question a fait.
Ceci est une grande erreur, Hachem est certes d'une bonté infinie, mais ce qu'Il attend de nous est qu'on Le craigne dans Son monde.
Il est prêt à tout pardonner si l'homme en question fait téchouva (n'importe quelle faute sans exception!), mais il faut qu'il sache qu'Hachem a aussi l'Attribut de Justice, et que pour toute chose qu'un homme fait, il devra rendre des comptes à 120 ans.

[à Pessa'h, en développant largement les  détails concernant les plaies, nous en venons à prendre conscience que rien n'a été fait par hasard, mais selon le principe de : mesure pour mesure (mida kénégéd mida). Les égyptiens ont été punis pour chacune des fautes qu'ils ont pu faire subir aux juifs (même en cachette!).
[par exemple, à la mer Rouge, on voit que chaque égyptien a reçu une punition personnelle, en fonction de ce qu'il avait pu imposer aux juifs. ]
En développant concrètement cette notion en nous, nous en venons à craindre Hachem, et se dire que : certes Il est d'une miséricorde infinie, mais nous devrons également rendre des comptes sur toutes nos actions (sa Justice est parfaite).

=> Cela doit éveiller en nous un sentiment de crainte, qui vient s'ajouter au sentiment d'amour (vu tous les miracles que D. a réalisé pour nous!). Or, la crainte et l'amour sont les 2 jambes indispensables au bon déplacement spirituel de tout juif!]

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+ Les 10 plaies = Hachem laisse plusieurs occasions de faire téchouva, même aux égyptiens :

-> Il existe une autre facette à la fonction des 10 plaies. Une seule grande plaie n'aurait pas été aussi efficace pour convaincre les Egyptiens de l'existence de D. que plusieurs petites. Si l'Égypte avait été effacée dès l'instant de son premier refus, cela lui aurait supprimé toute possibilité de téchouva.
Bien que les égyptiens fussent punis de leur conduite cruelle, ils bénéficièrent de l'opportunité de s'arrêter un instant pour réfléchir à leurs erreurs et se repentir. À la suite de chacune des plaies, ayant assisté à l'intervention miraculeuse de D. au sein de leur existence, ils auraient pu revenir sur leur opposition vis-à-vis du peuple juif et accepter sur eux le joug de la royauté d'Hachem. Ainsi, ils auraient été pardonnés.
Malheureusement, ils n'en firent rien, tout comme les autres nations du monde n'en feront rien jusqu'aux Temps Futurs. Toutefois, durant les plaies, D. laissa aux Égyptiens la porte ouverte vers la téchouva.
[Chem miChmouël - Vaéra 5678]

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-> Lorsque Moché et Aharon sont venus pour la 1ere fois rendre visite à Pharaon afin de lui demander de libérer le peuple juif, il a répondu en augmentant la difficulté de leur esclavage.
Pharaon dit : "Qu'il y ait donc surcharge de travail pour eux et qu'ils y soient astreints; et qu'on n'ait pas égard à des propos mensongers" (Chémot 5,9).
Ce verset contient 10 mots (dans la Torah), indiquant que Pharaon a augmenter la charge de travail des Bné Israël d'une proportion 10 fois plus importante qu'auparavant.
En conséquence de cela, Hachem a puni Pharaon avec 10 plaies.
Ainsi : un travail * 10 a entraîné que Pharaon et sa nation se sont amenés sur eux les 10 plaies.
[Na'hal Kédoumim (Chémot 5,9) ; Shévet Sofer]

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-> La façon de parvenir [à la crainte du Ciel (yirat Chamayim) ] consiste à créer des images vivantes des événements de la sortie d'Egypte. Il ne suffit pas de simplement penser au concept de Délivrance ; il faut plutôt visualiser la situation du peuple juif pendant tout son séjour en Égypte." (d'où l'importance de la vivre dans ses détails)
[rav Yé'hezkel Levenstein - Ohr Yé'hezkel]

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-> En quoi le récit des détails des 10 plaies est-il pertinent dans nos vies, dans notre quotidien?
L’objectif principal des 10 Plaies était d’enseigner la émouna aux égyptiens et au reste du monde. Elles furent également là pour punir les égyptiens, de la façon la plus précise qui soit, du traitement abominable qu’ils firent subir au peuple juif.
Nous savons qu’Hachem récompense le bien de manière bien plus marquée qu’Il ne punit le mal. Donc s’Il fit en sorte que chaque détail de la plaie vienne sanctionner les mauvaises actions des tortionnaires, on imagine combien de bontés sont réservées à Son peuple qui accomplit Sa volonté.
[rav Yehonathan Gefen]

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-> "Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte" (Béaaloté'ha 11,5)

-> Rachi rapporte le Sifri : "Se peut-il que les égyptiens leur aient donné du poisson gratuitement? Il est pourtant écrit : "Et la paille ne vous sera pas donnée" (Chémot 5,18). S’ils ne leur donnaient pas gratuitement la paille, leur auraient-ils donné du poisson pour rien?"

-> Rabbi Zlig Bengis (cité dans Peninim miChoul'han Gavoa sur ce verset) explique cela ainsi :
Après avoir souffert de la plaie des poux, Pharaon a libéré totalement les juifs de leur esclavage, 6 mois avant la sortie d'Egypte. Pharaon a alors conçu un plan pour encourager les juifs à rester en Egypte, en distribuant les meilleurs produits à ses anciens esclaves.
Hachem a orchestré ces événements pour permettre aux juifs de prouver leur loyauté à Hachem en résistant aux tentations de rester en Egypte et de vivre une vie de luxe, plutôt que de suivre Moché dans un désert aride (où il n'y a rien (à boire, manger), si ce n'est des scorpions).
C'est au sujet de cette période de 6 mois que les juifs font allusion lorsqu'ils se plaignent de la manne et se lamentèrent : "nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte".

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+ Les 10 plaies d'Egypte inscrites sur les égyptiens :

-> En Egypte, lors que les plaies se produisaient, les égyptiens avaient un rappel remarquable des plaies sur leur corps, les noms des plaies étaient écrits entièrement sur leur corps.

Il y a différents avis sur lesquelles plaies y étaient inscrites :
Selon Rabbénou Efraïm (Bo) et Tossefot Hachalem (Bo) : les plaies des poux, des bêtes sauvages, la grêle, l'obscurité et la mort des premiers-nés ;
Selon le Rokéa'h (Chémot) : celles des grenouilles, des poux, des bêtes sauvages, de la grêle et la mort des premiers-nés ;
Selon le midrach (Dévarim rabba 7,9) : celles du sang, des grenouilles et des poux ;
Selon un autre avis du Tossefot Hachalem (Bo) : celles du sang et des grenouilles ;
Selon le Shocher Tov (78,105) : l'ensemble des dix plaies étaient écrites sur leur corps.

Il existe même une opinion (le Vayaged Yaakov), selon laquelle seules les premières lettres des plaies (Détsa'h Adach Béa'hav) ont été écrites sur le front des égyptiens au début des dix plaies, et à la fin de chaque plaie, cette lettre a été effacée de leur front.

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+ La 1e plaie = le sang :

 

-> Pourquoi l’eau a-t-elle été frappée la première, et par le sang?

Parce que Pharaon et les égyptiens idolâtraient le Nil, D. dit : "Je vais frapper leur D. en premier et ensuite son peuple" (Chémot Rabba 9,8).

D'ailleurs, les eaux du Nil avaient une odeur de charogne, ce qui humilia grandement les égyptiens et Pharaon qui virent leur dieu ainsi frappé (Midrach Hagadol 7,17).

-> Le midrach haGadol (Vaéra 7,21) explique que le "sang" ne ressemblait pas seulement à du sang, c'était du vrai sang, et qu'il sentait aussi le sang. Par conséquent, malgré la puanteur rance des poissons morts du Nil, l'odeur du sang était encore plus forte.

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-> "Il y aura du sang dans tout le pays d’Egypte, et dans les bois et dans les pierres" (chémot 7,19).
Comment comprendre : "dans les arbres et dans les pierres"?

Le sang perçait depuis l’intérieur des arbres et des pierres et coulait au dehors.
Lorsqu’une femme pétrissait la pâte et l’enfournait, le sang sortait du bois et éteignait le feu. Il mouraient ainsi de faim.

Le sang coulait même de leurs idoles en bois et en pierre. Même les fruits des arbres contenaient du sang et lorsque, assoiffés, ils essayaient de presser des fruits, du sang en coulait (Midrach Hagadol Vaéra 7,21).

Même leur salive fut transformée en sang (Midrach Tanhouma Vaéra 11).
D'autres sources ajoutent que c'était tous les liquides du corps qui se sont transformés en sang : les larmes, la salive, la transpiration.

-> Le fléau du sang était si grave qu'il était presque impossible de manger, car chaque goutte de liquide, même dans la nourriture, se transformait en sang. Par conséquent, de nombreux égyptiens sont morts de soif ou de faim pendant cette épidémie (midrach haGadol - Vaéra 7,19).

-> Pour humilier les égyptiens et symboliser clairement l'impuissance de leurs dieux, même les idoles et les divinités allaient produire du sang (midrach Yalkout Chimoni - Chémot 7:182)

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-> Ceux qui se risquaient à boire du sang voyaient leur estomac gonfler et éclater. (Zohar haKadoch 22)
Les animaux mourraient, déshydratés. (Abravanel - Vaéra)

-> S’ils buvaient avec un juif du même verre, l’eau se transformait en sang dans leurs bouches.
Lorsqu'ils s’asseyaient sur leur lits ou sur un rocher, ils abîmaient leurs habits (coûteux) qui s’imprégnaient de sang (midrach chémot Rabba 9,11).

-> Les eaux amères et salées sont restées disponibles, et les égyptiens se forçaient à en boire parce qu'ils n'avaient pas le choix.
Ils préféraient acheter de l'eau potable aux juifs, plutôt que de consommer de l'eau amère.
[Rabbénou Bé'hayé ; Malbim]

Les juifs se sont considérablement enrichis en vendant de l'eau aux égyptiens.

Le Messekh 'Hokhma cite le midrach enseignant qu'un des objectifs de cette plaie était d'enrichir les juifs, par la vente d'eau potable.
De son côté Pharaon, puisqu'il avait déjà "payé" aux juifs par toutes les bontés qu'il avait pu octroyer à Moché en l'élevant dans son palais, il a été totalement exempté de cette plaie.

Dans le verset, il est écrit : "Pharaon s’en retourna, alla vers sa maison et ne se préoccupa pas de cela aussi" (Chémot 7,23). On observe que Pharaon, n’étant pas personnellement concerné, il ne partagea pas la souffrance de son peuple ("ne se préoccupa pas de cela").

[En épargnant à Pharaon cette 1ere plaie, Hachem l'élevait aux yeux de tous pour mieux le faire tomber de haut, et également Il lui laissait du temps pour faire téchouva.
Nos Sages enseignent que Pharaon n'a pas été touché par la 1ere plaie en gratitude et en "paiement" pour avoir élevé, nourri, hébergé, ... Moché dans son palais pendant 10 années (de 2 à 12 ans).]

-> Le Michnat Rav Eliézer (19) affirme que Pharaon n'a pas été affecté par la plaie du sang.
[de même que Pharaon a élevé Moché dans sa maison, lui donnant ainsi la vie, de même en retour Pharaon a été récompensé par de l'eau, qui est un élément vital/essentiel à la vie. ]

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-> "Pharaon s'en retourna et rentra dans sa demeure, sans se préoccuper non plus de ce prodige" (Vaéra 7,23)

-> Selon le Séchel Tov, Pharaon était content de boire du vin, et ce n'est que la population égyptienne en générale qui souffrait du manque d'eau buvable.

-> "Il y aura du sang sur tout le pays d'Egypte et dans les [récipients de] bois et [de] pierre" (Vaéra 7,19)

Rabbénou Ephraïm tire de ce verset que l'eau qui était contenue dans des récipients en métal n'a pas été changée en sang. C'est pourquoi pour cette plaie, Pharaon n'a pas demandé à Moché d'y mettre un terme, car il buvait uniquement de l'eau entreposée dans du métal, le laissant non affecté par cette plaie.

[A cette époque "ancienne", le métal était une matière nouvelle rare et très chère (surtout pour y entreposer un bien peu précieux comme de l'eau!), faisant que seul Pharaon était vraiment concerné, puisqu'étant un signe extérieur de richesse pour lui.]

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-> Jusqu'aux frontières de l'Egypte, l'eau était parfaitement pure et claire. Mais dès que l'eau traversait la frontière, elle se transformait en sang.
De même, dès que l'eau quittait l'Egypte pour se jeter dans la mer méditerranée, elle redevenait pure.

Durant la plaie, les égyptiens apprirent que l'on pouvait obtenir de l'eau fraîche à la source du Nil et y envoyèrent des expéditions pour rapporter de l'eau potable. Mais dès que les tonneaux d'eau passaient les frontières égyptiennes, cette eau-là aussi se transformait en sang.
Ainsi les égyptiens ne purent-ils pas boire la moindre goutte d'eau du Nil.
[Méam Loez - Vaéra 7,16-18]

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Nos Sages disent que les Juifs se sont enrichis grâce à la plaie du sang, car pour que les égyptiens puissent boire de l'eau, ils devaient payer cette eau aux juifs.
=> Pourquoi les juifs avaient-ils besoin d'une telle richesse, alors qu'au moment de la sortie d'Egypte, ils emporteront avec eux de grandes richesses ?

La guémara (Baba Batra 116a) enseigne que la pauvreté dans la maison d'un homme est pire que 50 coups.
De plus, dans la Haggada, Rabbi Akiva dit que chacune des 10 plaies étaient composées de 5 plaies, ce qui qu'en tout l'Egypte fut donc frappée de 50 plaies.
Ainsi, avant d'envoyer les plaies, Hachem souhaita enrichir les juifs, dès la 1ere plaie, car s'ils étaient pauvres, cela reviendraient comme s'ils étaient frappés de 50 plaies.
=> Alors, on n'aurait pas vu la différence entre les égyptiens qui allaient recevoir 50 plaies, et les juifs qui, du fait de la pauvreté, seraient eux-aussi considérés comme étant frappés de 50 coups.
[le Zéra Chimchon]

-> Le Séfer Peniné Kedem explique pourquoi c’est justement la Plaie du Sang qui a enrichi Israël, et non une autre Plaie. Nos Sages (guémara Baba Batra 116a) enseignent : "La pauvreté dans la maison d’un homme est plus difficile à supporter que 50 Plaies" [la Guemara apprend cela du verset : "Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la Main de D. m’a frappé" (Iyov 19,21) : Si les 10 Plaies d’Egypte sont appelées le "Doigt de D." ( אֶצְבַּע אֱלֹהִים – Etsba Elokim) (voir Vaéra 8,15), la "Main de D." fait allusion à 5 fois plus de Plaies – voir Rachi]. Ainsi, fallait-il, dès la première Plaie, enrichir les Bné Israël, car sinon la vengeance divine n’aurait pas été appréciée à sa juste valeur du fait que leur situation misérable aurait continué à être plus douloureuse que 50 Plaies subies par les égyptiens.

=> Pourquoi les Egyptiens n’ont-ils pas obligé les Bné Israël à vendre de l’eau pour une somme modique?
En réalité, ni les juifs n’abusèrent des Egyptiens, ni ces derniers ne s’étaient fait escroquer par les juifs. Hachem a puni Pharaon et les Egyptiens "mesure pour mesure". Ainsi, chaque égyptien recevait sa punition personnelle, tous ne se ressemblaient pas et certains avaient été beaucoup plus cruels que d’autres. Lorsque l’égyptien venait voir le juif et lui demandait de lui vendre de l’eau, celle-ci ne demeurait pour lui de l’eau que lorsqu’il avait payé le prix correspondant à son châtiment. Tant qu’il ne lui donnait pas la somme adéquate, l’eau se transformait en sang. Ainsi, même si les juifs avaient voulu vendre leur eau à un prix dérisoire, ils n’en avaient pas le pouvoir et celle-ci se transformait en sang jusqu’à ce que le prix juste et proportionnel aux actions de chaque Egyptien soit atteint.
Cela répond à présent à notre interrogation. Les égyptiens n’avaient donc pas la possibilité de forcer les juifs à leur vendre de l’eau à un prix dérisoire. Les juifs non plus ne pouvaient faire des réductions à leurs bourreaux. Par ailleurs, les Bné Israël n’abusèrent pas des égyptiens. [Lev Chalom]

-> Le rav Ibn Ezra demande pourquoi ce prodige surnaturel (décrit dans le midrach), qui réalisa une séparation remarquable entre les Egyptiens et les Bné Israël, n’est pas mentionné dans la Thora. Il en conclut que celui-ci n’est pas exact et que les Béné Israël comme les égyptiens ont subi la Plaie du Sang (tout comme les Plaies suivantes : les grenouilles et les poux). Ainsi, le verset : "Tous les égyptiens creusèrent dans le voisinage du fleuve, pour trouver de l’eau à boire; car ils ne pouvaient boire de l’eau du fleuve" (Vaéra 7,24) s’applique-t-il non seulement aux Egyptiens mais également aux Béné Israël.

-> Nous pouvons cependant concilier le point de vue du Ibn Ezra avec le midrach avec l’explication suivante du Divré Yoël : Hachem a frappé le Nil car celui-ci était considéré comme un dieu d’Egypte, aussi l’a-t-Il frappé avant les Egyptiens. Ceux parmi les juifs qui se comportaient comme des Egyptiens, idolâtres et adorateurs du Nil, ont donc subi également la Plaie du Sang afin de leur faire prendre conscience du véritable Maître de la Nature.
C’est à cette frange du Peuple juif à laquelle fait référence le rav Ibn Ezra, lorsqu’il affirme que les Béné Israël ont aussi subi la Plaie du Sang. Quant à ceux qui sont restés fidèle à un D. unique, il n’y avait pas de raison de leur faire subir une telle Plaie. Bien au contraire, ils ont mérité de bénéficier d’un prodige extraordinaire (précisément décrit dans le midrach) qui les distingua des égyptiens et leur permit de s’enrichir.

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-> "Il y eut du sang (vayéhi adam) dans toute la terre d’Egypte" (v.7,21)

De ce verset vient l’usage du mot damim pour désigner l’argent.
En effet, les Sages ont dit que par la plaie du sang, les juifs se sont enrichis, parce que les égyptiens n’avaient pas de quoi boire, et ils étaient obligés d’acheter de l’eau aux juifs au prix fort.
Contre l’argent (damim) que les égyptiens donnaient aux juifs, ils pouvaient se débarrasser du sang (damim) qui remplissait l’Egypte.

Rabbi Itzélé de Volozhine avait l’habitude de dire sur ce verset qu’il n’est pas étonnant que les mages égyptiens aient réussi par leur propre force à transformer des fleuves d’eau en sang. C’est l’art des non-juifs depuis toujours!

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-> Il est à noter que lorsqu'un égyptien venait voir un juif et lui demandait de lui vendre de l’eau, tant qu’il ne donnait pas la somme adéquate, l’eau se transformait en sang.

C'est ainsi que chaque égyptien recevait une punition personnalisée (le prix d’achat étant unique) en fonction de l’importance de la cruauté qu’il avait eu envers les esclaves juifs.

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+ "Toute l'eau qui était dans le fleuve se changea en sang" (Vaéra 7,20)

-> Le Sforno écrit que l'eau s'est littéralement transformée en sang, et en conséquence les poissons sont morts puisque ne pouvant survivre dans du sang.

Le Ibn Ezra précise que le sang étant plus chaud, c'est cette différence de température qui tué les créatures aquatiques du fleuve.

-> Le Daat Zékénim est d'avis que le fleuve a pris l'apparence du sang, mais il est resté en réalité avec le goût de l'eau. Pour éviter les égyptiens de le boire, Hachem a également entraîné que les poissons meurt, et c'est ce qui a rendu l'eau imbuvable.
[v.21 : "le poisson qui était dans le fleuve périt ... et l'Egypte ne put boire l'eau du fleuve"]

Le rav Aharon Leib Steinman dit que selon cette explication, pour toutes les autres sources d'eaux non reliées au Nil et ne contenant pas de poissons, l'eau s'est réellement transformée en sang, empêchant de la boire.

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+ "Les magiciens d'Egypte en firent de même avec leurs sortilège" (Vaéra 7,22)

=> D'où provenait l'eau qu'ils ont utilisé pour la transformer en sang?

-> Le Targoum Yonatan ben Ouziel écrit que les magiciens ont pris de l'eau de Gochèn, où les juifs vivaient, car elle n'était pas affectée par la plaie.

Le Targoum Yonatan (Vaéra 7,22) explique que le sang à Gochen ne s'est jamais transformé en sang.
En fait, explique le Targoum Yonatan, lorsque les nécromanciens "changeaient le sang en eau", ils ne pouvaient le faire qu'avec de l'eau qu'ils avaient transformée en sang par illusion. Ils n'ont pas été en mesure de changer le sang qu'Hachem avait transformé en eau. Si tel est le cas, où ont-ils puisé l'eau nécessaire à la réalisation de leur tour?
De Gochen, où l'eau est restée de l'eau.

-> Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch se base sur le midrach (Chémot tabba 9:10), qui dit que l'eau pouvait être achetée aux juifs et que, par conséquent, en achetant ce bien précieux, les magiciens avaient de l'eau à "transformer" en sang.

-> Rabbénou Bé'hayé répond qu'ils creusaient des trous dans le sol pour trouver des sources d'eaux souterraines, puisque la plaie affectait uniquement l'eau exposée.

Il dit également que lorsque les magiciens ont entendu que la plaie allait commencé, ils ont voyagé jusqu'à des endroits où l'eau n'avait pas encore été transformée, en affirmant qu'elle allait se transformer en sang. Quelques instants plus tard, cela se produisit, mais pas grâce à eux, mais des effets de la plaie.

-> Le Panéa'h Raza explique que l'eau s'est transformé en sang l'espace d'un instant pour tuer les poissons, devenant nauséabonde et imbuvable à cause des poissons morts, et immédiatement ensuite elle a été changée de sang en eau.

-> Le rav Israël Reisman (commentaire v.7,24 - mimémé) affirme que seule l'eau potable a été transformée en sang, permettant aux magiciens d'utiliser l'eau non potable pour la transformer en sang.

-> Les sorciers ne parvenaient à transformer en sang que le contenu de petites bouteilles d'eau.
Le fait qu'ils y parvinrent convainquit Pharaon que Moché et Aharon n'avaient rien accompli de plus qu'un habile tour de magie.
Selon certains, la seule eau utilisable était l'eau salée de la mer méditerranée.
[Méam Loez - Vaéra 7,21 & 22]

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-> C'est uniquement l'eau buvable qui était transformée en sang, et non pas les eaux salées ou amères.
[rav Saadya Gaon - cité par le Malbim 7,22]

Les eaux souterraines et les eaux qui étaient collectées dans des ustensiles, des puits, des citernes, avant que la plaie ne commence, ne se sont pas transformées en sang.
[selon rav Yéhouda - midrach Chémot rabba 9,11 ; Ets Yoessef, ibid.]

Le rav Levin dit qu'il se peut que la 1ere plaie soit venue avec des possibilités de ne pas trop en être impacté afin de servir d'un premier avertissement pour que les égyptiens libèrent les juifs. Cependant les plaies se sont ensuite intensifiées en raison du refus de Pharaon de laisser le peuple juif partir.

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-> Le Ohr ha'Haïm (Vaéra 7,21) explique que les poissons morts et l'odeur nauséabonde émanant de l'eau étaient un signe pour tous qu'il s'agissait d'un véritable fléau et non d'une illusion.
En effet, bien que les égyptiens soient passés maîtres dans l'art des ténèbres, leur magie n'affectait pas la réalité. Ils étaient capables de changer l'apparence des choses, mais pas leur essence. Par conséquent, lorsque le poisson mourut, il était clair pour tous que l'eau s'était véritablement transformée en sang, un signe certain que seule la main d'Hachem pouvait être responsable de cet acte.
Et bien que les sorciers aient réussi à reproduire quelque peu le fléau, le plus qu'ils aient pu faire avec leur sorcellerie a été de changer l'image de l'eau, mais pas sa composition chimique.

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-> En réalité, le fait que l'eau se soit transformée en sang n'a pas dérangé beaucoup les égyptiens, puisqu'il était habituel parmi les anciennes nations de boire du sang.
D'une certaine façon c'est comme si Moché avait transformé notre eau en coca cola!

Par contre ce qui a fait la dureté de cette plaie a été la mort des poissons suite à la transformation de l'eau en sang.
Il est écrit : "Les poissons du fleuve moururent, le fleuve devint infect, et les égyptiens ne purent boire de ses eaux" (Vaéra 7,21) = c'est les poissons morts qui ont fait que les égyptiens ne pouvaient plus boire de l'eau. [car en absolu boire du sang ne leur été pas répugnant]
C'est pour cela que cette plaie aurait dû plutôt être appelée : "makat bi'ouch" (la plaie des eaux nauséabondes).
La raison qui a fait que cette plaie a été dénommée : "makat dam" (la plaie du sang), est parce que les odeurs nauséabondes ne sont pas visibles à l'œil humain. C'est pourquoi elle s'appelle "dam" (sang), car de façon visible l'eau s'est transformée en sang.
[Daat Zékénim]

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-> On peut s'interroger : à l'époque du Déluge, bien que toute vie sur terre fut anéantie, les poissons ne furent pas décimés. Ici pourtant, les poissons moururent.
La raison est qu'avant le Déluge, les mœurs sur terre étaient dépravées. Les animaux et les oiseaux s'accouplaient eux aussi contre nature, souvent avec d'autres espèces. Telle était la raison pour laquelle même les animaux et les oiseaux furent anéantis par le Déluge. Seuls les poissons qui ne s'étaient pas accouplés à d'autres espèces, furent épargnés.

Cependant en Egypte, les poissons avaient participé au crime : lorsque les nourrissons juifs étaient noyés dans le Nil, les poissons les avalaient. C'est la raison pour laquelle les poissons également méritaient la mort.
De plus, les poissons moururent pour prouver que l'eau s'était réellement transformée en sang et qu'il ne s'agissait pas d'une simple illusion semblable à celle que les magiciens égyptiens furent capables de produire ...
[Méam Loez - Vaéra 7,21]

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+ Mesure pour mesure :

-> Les égyptiens ont été punis par le sang, car ils ont versé le sang des enfants juifs lorsqu'ils les ont jetés dans le Nil.
[midrah haGadol]

-> Ils n'ont pas permis aux femmes juifs de s'immerger rituellement dans l'eau de leur impureté par le sang.
[midrach Tan'houma ; Chémot rabba 9:9]

-> La 1ere source de sécurité des égyptiens était le Nil, et ils forçaient les juifs à aller y tirer de l'eau pour eux.
C'est pour cela qu'ils ont été frappés par le Nil.
[Rabbénou Bé'hayé]

-> Une partie de la plaie a été la mort des poissons du Nil, et cela parce que les égyptiens souhaitaient annuler la bénédictions de Yaakov : "qu'ils se multiplient abondamment comme des poissons, au sein de la terre" (Vayé'hi 48,16).
[Kli Yakar]

-> Les poissons morts dans le fleuve pendant la plaie du sang, représentent les enfants juifs morts qui étaient noyés dans le Nil.
[Abarbanel 7,14]

-> Le sang qui s'écoulait des arbres et des pierres pendant cette plaie correspondait au sang versait par les enfants juifs, qui été placés à la place des briques dans les constructions égyptiennes.
[Oznaïm laTorah]

-> Pharaon avait assassiné tous les jours 300 nourrissons juifs afin de se tremper dans leur sang.
[Sifté Cohen]

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-> Hachem attaque dès le début le dieu égyptien : le Nil. (le Malbim)

[c'est leur confiance dans leur divinité qui leur a laissé croire qu'ils pouvaient tourmenter les juifs, et ce sans craindre aucune conséquence.
Chaque fois qu'ils voyaient le Nil, cela renforçait en eux leur toute puissance, oubliant Hachem, et faisant encore davantage souffrir les juifs.]

-> [l'Egypte était la capitale de la magie noire, et ayant les sorciers/magiciens les plus puissants (même un enfant égyptien était très compétent en sorcellerie), elle se pensait au-dessus de tout (on est comme des dieux pouvant tout faire par nos fabuleux pouvoirs!)]
En ce sens, le Zohar (rapporté dans le Méam Loez (Vaéra 7,20)), nous enseigne :
L’approvisionnement en eau d'une nation peut avoir un effet profond sur son peuple.
C'est ainsi qu'en raison de la composition chimique de l'eau, ainsi que des créatures qui y vivent, une certaine sorte d'eau peut être thérapeutique ou une autre développer l'intelligence.
Les eaux du Nil étaient particulièrement efficaces pour donner à ceux qui en buvaient des pouvoirs mystiques et occultes.
Mais après sa transformation en sang et la mort de toute vie aquatique, le fleuve cessa de posséder ces propriétés.

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-> Le verset dit : "Les poissons qui se trouvaient dans le fleuve moururent et le fleuve devint impur" (Vaéra 7,21).
Le Zohar (2:30b) explique que la raison pour laquelle les poissons devaient périr de cette manière était d'empêcher les égyptiens de boire l'eau du Nil. Pourquoi cela était-il nécessaire?
Parce que chaque masse d'eau a un effet différent sur une personne. Par exemple, le Zohar dit que certaines masses d'eau rendent une personne sage alors que d'autres nuisent à son intelligence. Les eaux de l'Egypte, explique le Zohar, possédaient le secret de la compréhension profonde de la magie noire par les égyptiens, car elles leur donnaient spécifiquement de la clarté dans ce domaine.
Par conséquent, pour les empêcher d'accroître leur connaissance de la magie noire, Hachem a rendu l'eau et tout ce qu'elle contient totalement inconsommables.

Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik Chémot 11) pousse cette idée plus loin en expliquant que le message de la transformation de l'eau en sang n'était pas seulement destiné aux égyptiens, mais qu'il fournissait le message suivant pour le peuple juif. Alors que l'eau des égyptiens se transformait en sang, signifiant que leur source de sagesse, qu'ils célébraient et dont ils s'enorgueillissaient, était putride et sans valeur, pour le peuple juif, en revanche, l'eau restait de l'eau.
Cela symbolisait le fait que la Torah, la source de sagesse du peuple juif, restait constante et pure, démontrant ainsi que la Torah est une source de sagesse vivante et éternelle, dont il faut vraiment être fier et qu'il faut célébrer.

"Des agneaux d’un an intègres, 2 par jour, holocauste quotidien" (Pin'has 28,3)

-> Rachi explique que le sacrifice quotidien du matin était abattu au côté ouest et celui du soir au côté est.

-> On peut l’expliquer de la façon suivante.
- Le matin symbolise la réussite, lorsque le jour se lève. Mais celui qui voit la réussite lui sourire risque d’en venir à ressentir de l’orgueil.
Pour s’en prémunir, il faut se rappeler que la roue tourne et que le “soleil” de la réussite peut aussi se coucher et qu’il faut donc rester humble.
=> Pour se rappeler de cela, l’offrande du matin était abattue à l’ouest, point cardinal où le soleil se couche.

- D'autre part, le soir symbolise les échecs. Mais celui qui voit ses entreprises échouées risque de tomber dans le découragement et la tristesse.
Pour s’en prémunir, il doit se rappeler que la roue du malheur aussi tourne et que le soleil se remettra à briller pour lui et il doit donc garder espoir.
=> C’est ainsi que l’offrande du soir était abattue à l’est, point cardinal où le soleil se lève.

[le Vayaguèd Yaakov]

"Ce peuple résidera seul" (Balak 23,9)

-> Le Panim Yafot explique cette bénédiction de la façon suivante :
Nos Sages disent que lorsque Hachem juge le monde, Il commence par juger le peuple juif avant les autres nations. En effet, cela est un moyen de juger Israël avant que la Colère Divine ne s’éveille.
Car s’Il jugeait d’abord les autres nations, à la vue de leurs fautes, la Colère Divine risquerait de s’éveiller, et quand Il jugera ensuite Israël, Il le fera avec un "fond" de colère.

Pour éviter cela, Hachem juge en 1er le peuple juif, tant qu’il n’y a pas encore de colère.
C’est en ce sens que Bil'am dit : "Ce peuple résidera seul", c’est-à-dire que quand ils comparaîtront devant Hachem pour être jugés, ils seront encore seuls. Les autres nations ne se seront pas encore présentées, et ils seront alors les 1ers à se faire juger, ce qui est une bénédiction.

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-> "Ce peuple résidera seul, il ne se confondra point avec les nations" (Balak 23,9)

Lorsque les juifs n’essaient pas de se confondre avec les autres nations, ils vivent en paix.
Dans le cas contraire, ils perdent alors toute importance aux yeux des non-juifs.
[Haémek Davar – Rabbi Naftali Zvi Yehouda Berlin]

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-> Le mot : "lévadad" (seul - לְבָדָד) a une valeur numérique de 40, pour évoquer les 40 jours pendant lesquels la Torah a été donnée à Moché.
Quand les juifs étudient la Torah qui a été donnée en 40 jours, alors ils deviennent "seuls", dans le sens qu'aucune nation au monde ne peut leur faire de mal, et qu'ils ne se mêlent pas aux nations.
Lorsque les juifs ne prennent pas en considération la culture des autres peuples, ils ne subissent aucun dommage, ni de leurs armes ni de leur influence.
=> Nous apprenons de là qu'il faut toujours préparer un "lieu de Torah" partout où nous allons, c'est notre ancre de sauvetage en tous lieux et en tout temps.
[à l'image de Yaakov qui envoya en avant Yéhouda installer des maisons d'étude en Egypte]
[rabbi David Pinto]

"Balak fils de Tsipor a vu" (Balak 22,2)

=> Qu'est-ce qu'il a vu?

-> Le Zohar explique que Bil'am s’opposait à Moché par sa force de la parole, et Balak s’opposait à Aharon par sa force de l’action.

A présent que Aharon était décédé, Balak a senti qu’il pouvait attaquer Israël. Et en réalité, il pouvait nuire à Israël par sa propre force, car Aharon n’était plus là face à lui.
Cependant, Hachem a “saboté” son plan, et dans Sa Bonté, Il lui a mis dans le cœur de faire intervenir Bil'am pour cela.
Seulement, Bilam ne pouvait pas réussir, car la force de Moché se tenait toujours contre lui.
[Sfat Emet]

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-> "Un ange du Seigneur se mit sur son chemin pour lui faire obstacle" (Balak 22,22)

-> Cette créature était un ange de miséricorde car le verset emploie l'expression "mala'h Hachem" ; ce Nom Divin évoque toujours l'attribut de bonté.
Cependant, pour Bil'am, il se transforma en une force tourmentante, mesure pour mesure.
Comme Bil'am avait voulu usurper la force de parole des Bné Israël ("La voix est celle de Yaakov - Béréchit 27,22) pour les frapper d'une malédiction, l'ange de compassion prit le rôle d'un guerrier.
"Tu as empiété sur leur domaine, aussi j'empiéterai sur le tien, celui de l'épée, comme il est écrit : "Tu vivras par ton épée" (Toldot 27,40).

Le verset poursuit en disant que l'ange se tenait sur la route, l'épée dégainée ('hérev chéloufa).
Le mot chéloufa évoque cet aspect de "mesure pour mesure" dont nous venons de parler.
Il est composé des mots : "chélo" (à lui) et "pé" (la bouche).
L'ange dit : "Tu as pris l'arme qui caractérise Israël, celle de la bouche, ainsi j'ai pris l'épée qui te caractérise".
Bil'am trouva donc plus tard la mort par l'épée, comme il est écrit : "Ils tuèrent aussi Bil'am, fils de Béor, par l'épée" (Mattot 31,8).
[Méam Loez - Balak 22,22]

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-> "Hachem s'est mis en colère car il est allé" (Balak 22,22)

Le 'Hakham Tsvi commente :
Le sens simple de ce verset est que quand Hachem vit que Bil'am partait malgré tout pour maudire les juifs, cela L'énerva. Mais on peut y voir un second degrés.
Nos Sages disent que chaque jour, Hachem se met en colère un court instant. Ceci est nécessaire pour l'équilibre du monde. De plus, Bil'am connaissait le moment où Hachem se met en colère. C'est à ce moment précis qu'il souhaitait maudire Israël, pour causer des dégâts.
C'est pourquoi, pendant toute cette période, Hachem ne se mit pas en colère, pour ne pas que Bil'am maudisse les juifs à ce moment.
=> De ce fait, pourquoi notre verset dit-il qu'"Hachem s'est mis en colère"? Cela était risqué!

En fait, nos Sages disent que quelqu'un qui marche, doit s'arrêter pour prier (la Amida), car on ne peut pas bien se concentrer quand on marche. Or, Bil'am devait beaucoup se concentrer pour identifier précisément l'instant de la colère Divine. Il ne pouvait donc pas le faire en marchant. C'est pour cela qu'"Hachem s'est mis en colère" à ce moment là sans qu'il n'y aie aucun risque.
La raison est donnée par le verset lui-même : "Car il est allé", que l'on peut aussi traduire par : "Car il a marché". Et du fait qu'il marchait, il ne pouvait pas se concentrer. Hachem pouvait donc ''profiter'' de ce moment pour appliquer la colère de ce jour-là.

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-> b'h, pour prolonger cela, cf. divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2019/10/02/10535-2

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"Car je sais que celui que tu bénis est béni et celui que tu maudis sera maudit" (Balak 22,6)

=> Si Balak est conscient de la force de bénédiction de Bilam, tout autant que sa force de malédiction, alors au lieu de lui demander de maudire le peuple juif, pourquoi ne lui a-t-il pas plutôt demandé de bénir son peuple, le peuple de Moav?

C’est que les nations qui haïssent Israël ne cherchent pas leurs propres intérêts et avantages, mais elles ne cherchent qu’à faire du mal au peuple juif.
Encore plus que d’être intéressé à être béni, ce que cherche Balak c’est surtout de maudire le peuple juif.
=> Ainsi, même si parfois par cela, les nations se causent des dégâts à elles-mêmes, ce qui compte pour elles avant tout, c’est de faire souffrir les juifs.
[Beit Rama]

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-> "Car je sais que ce que tu avais bénis était béni et ce que tu maudiras sera maudit" (Balak 22,6)

=> Pourquoi Balak a dit à Bilam "ce que tu avais bénis était béni" au passé, alors que "ce que tu maudiras", il l’a dit au futur.

Le Kli Yakar explique de la façon suivante :
C’est que Bilam le racha savait ce que voulait Hachem et regardait le mazal de chacun.
Quand il regardait le mazal de quelqu’un et voyait qu’il était béni, il s’approchait de lui pour le bénir, et celui-ci constatait que les bénédictions de Bilam se réalisaient, il lui en était reconnaissant, s’attachait à lui, et ne se doutait pas que de toutes façons ces bénédictions figuraient dans son mazal et qu’il n’avait nul besoin des bénédictions de Bilam.
Mais Balak, qui connaissait la sorcellerie et l’escroquerie de Bilam, le lui a reproché ouvertement en disant : "car je sais que ce que tu avais béni était béni" (au passé), c’est-à-dire que tu n’as pas à te vanter de tes bénédictions parce que de toutes façons les gens que tu bénissais étaient déjà bénis dans leur mazal, et ce ne sont pas tes bénédictions qui ont agi, mais je sais que ce que tu maudiras sera maudit (au futur), c’est-à-dire que toute ta grande force est seulement dans la malédiction pour nuire aux gens, c’est pourquoi je veux que tu viennes maudire Israël.

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-> "Et maintenant, viens je te prie me maudire ce peuple" (Balak 22,6)

Le Chla haKadoch (Chné Lou'hot haBrit) écrit :
L’homme doit faire très attention à ne pas dire de paroles imprudentes. Car même s’il parle sans intention, il attire la chose sur lui.
Balak a dit : "Viens me maudire", sa bouche a provoqué qu’en fin de compte, il l’a maudit.

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"J’ai reçu la mission de bénir, Il a béni et je ne puis revenir en arrière" (Balak 23,20)

=> Pourquoi Bilam dit-il qu’à présent que le peuple juif a été béni, il devient impossible de revenir sur cette bénédiction? A priori, pourquoi ne pourrait-il pas désormais essayer de nouveau de maudire?

En réalité, lors d’une des prises de parole passée de Bilam, il a adressé tellement de bénédictions au peuple juif qu’il s’est même souhaité de connaître la même fin que celle qui arrivera à Israël.
["Puisse-je mourir comme meurent ces justes et puisse mon avenir ressembler au leur" (Balak 23,10)]

=> Ainsi, si à présent il maudit le peuple juif et lui prédit du mal, il s’avérera que par cela il se maudira en même temps à lui-même, car il a déjà dit qu’il lui arrivera la même fin qu’à Israël.
Dès lors, il ne peut donc plus revenir en arrière et les maudire, car indirectement, c’est lui-même qu’il maudira.

[Ktav Sofer]

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+ " Il [Bil'ham] déclara sa parabole et dit : ... Viens maudis pour moi Yaakov, et viens éveille la colère contre Israël" (Balak 23,7)

-> Et lorsque je les maudirai, n'est-ce pas moi-même, en fait, que je maudirai? Car Avraham a reçu la bénédiction : "Celui qui te maudira, Je maudirai" (Lé'h Lé'ha 12,3).
La Torah rapporte que Bil'am a employé les mots : "lékha ora li Yaakov" (va maudire Yaakov pour moi - Balak 23,7).
Le mot "li" (pour moi) montre que Bil'am disait : "Si je maudis Yaakov, c'est moi-même (li) que je maudis".
A ce sujet, on remarquera dans la Torah que le mot "li" accompagne chaque rappel de la malédiction.
La Torah souligne que quiconque invoque une malédiction sur le peuple juif se maudit lui-même.
[Méam Loez - Balak 23,7]

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+ "Ceux qui te bénissent sont bénis et ceux qui te maudissent sont maudits" (Balak 24,9)

-> Le Méam Loez commente :
On remarquera que lorsque Its'hak bénit Yaakov, il commença par dire : "Ceux qui te maudissent sont maudits" et termina par : "et ceux qui te bénissent sont bénis" (Toldot 27,29).
Dans notre verset, l'ordre est inversé.
La raison en est que Its'hak aimait son fils , il commença donc par une malédiction afin de pouvoir terminer ses paroles sur une bénédiction.
Bil'am, l'ennemi des Bné Israël, commença par une bénédiction afin de pouvoir finir par une malédiction. En effet, les derniers mots qui sortent de la bouche d'un homme sont l'expression de sa réelle volonté.
Ainsi, parce que le racha Bil'am termina par une malédiction, chaque fois que les Bné Israël commettent des transgressions, les 9 bénédictions qu'il a prononcées se transforment en malédictions.
Cependant, comme la première concernait les synagogues et les maisons d'étude, elle reste intouchable.

[d'ailleurs, D. préserva cette bénédiction par compassion, car Il savait que grâce à elle les Bné Israël pouvaient espérer recevoir les autres (la Torah permet de connaître les lois, et donc d'être guidé sur le bon chemin. Cela évite que les autres malédictions restent en vigueur puisqu'Israël ne faute plus), car D. ne ferme les portes du repentir devant personne.]

"Israël s’installa à Chitim, et le peuple commença à se pervertir avec les filles de Moav" (Balak 25,1)

Quand le peuple juif est appelé : "Israël", cela évoque les grands du peuple. Mais l’appellation : "peuple" évoque les gens simples (la populace).
D'autre part, le terme "Chitim", vient de la racine "Choté" qui évoque la folie.

Ainsi, quand "Israël", c’est-à-dire les grands du peuple, les Sages et les dirigeants, "s’installent à Chitim", et se comportent de façon insensée (avec folie) en diminuant leur investissement dans l’étude de la Torah, alors le "peuple" les gens simples, "commencent à se pervertir".

=> L’essentiel des fautes que commet le peuple, commence par une négligence au niveau des chefs et des Sages, car ce sont eux les exemples. Quand ils se relâchent, cela entraîne une chute spirituelle au niveau du restant du peuple.
Grande est leur responsabilité !

['Hatam Sofer]

[chacun à notre niveau, nous pouvons être considérés comme "modèle" religieux (comme un sage aux yeux d'autrui, car plus pratiquant). Ainsi, si nous baissons dans notre pratique, alors nous risquons d'entraîner que ces autres personnes baissent également dans leur pratique (en effet : si lui qui est si religieux se permet d'agir ainsi, alors à plus forte raison pour moi!).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1194) enseigne :
Nos Sages (guémara Sanhédrin 106a) interprète le verset : "Israël s’établit à Chitim. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav" (Balak 25, 1) : "Que signifie à Chitim? Rabbi Yéhochoua explique qu’ils s’occupèrent de vanités (chtout), suite à quoi ils fautèrent avec les filles de Moav".
Il en ressort qu’ils commencèrent à s’investir dans de vaines occupations, lesquelles les menèrent ensuite à la débauche, ce qui corrobore un autre enseignement de nos Maîtres : "L’homme ne faute que si un vent de folie (chtout) s’est introduit en lui" (guémara Sota 3a).

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-> "Israël s’établit à Chittim" (Balak 25,1)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch écrit :
"Il faut savoir, pourquoi on nous donne cette information ... Il semble qu’elle vienne témoigner de la raison de la débauche. Elle se produisit parce que le peuple sortit se promener à l’extérieur du camp d’Israël ... Là-bas, ils trébuchèrent, et c’est ce qui est écrit : "(Il) s’établit à Chittim", à savoir à l’endroit où ils allèrent se promener en dehors du camp.
Le terme ‘chittim’ évoque la ‘promenade’, comme dans le verset (11,8) : "Le peuple se dispersa (Chattou) pour la recueillir (la manne)" au sujet duquel Rachi explique que le terme employé ‘chayate’ est un langage de promenade.
Ce fut la raison qui poussa le peuple à la débauche".

=> Ce commentaire nous enseigne combien il faut veiller à ne pas fréquenter des lieux qui sont contraires à la sainteté et en particulier à celle du regard.

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"Israël était installé à Chittim quand le peuple commença à fauter les jeunes filles moabites.
[Les jeunes filles] invitèrent le peuple à leurs sacrifices religieux ; le peuple mangea et adora les dieux [moabites]. Israël s'attacha à Baal Péor et D. s'emporta contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Le Méam Loez commente :
Avant de repartir chez lui, Bil'am dit aux anciens de Moav et Midiane :
"Sachez bien que même si vous parveniez à mobiliser toutes les armées du monde contre les Bné Israël, vous ne pourriez pas les vaincre. Etes-vous plus puissants que Pharaon qui prit 600 chars conduits par des guerriers d'élite et tous les corps de chariots accompagnés d'infanterie (Béchala'h 14,7)? Pourtant, il finit par sombrer dans la mer!
Si vous voulez sérieusement vaincre ce peuple et vous débarrasser de cette menace, faites ce que je vous conseille :
Tant que les Bné Israël accomplissent Sa volonté, Hachem combat pour eux ...
Par contre, si les Bné Israël ne Lui obéissent pas, Il les laisse à la merci de leurs ennemis.
D. exècre l'immoralité. Entraînez-les donc à commettre une faute de mœurs!

Exploitez le fait que ce peuple a vécu longtemps en Egypte, ce pays où le coton pousse en abondance.
Ils n'en ont pas vu pendant ces 40 dernières années. Tout au long de leur route, depuis la montagne de Chénir jusqu'à Beit Yéchimon, installez des tentes où des prostituées impudiques vendront du coton.
Les hommes juifs seront attirés par cette marchandises qu'ils n'ont pas vue depuis longtemps et les prostituées pourront les entraîner à la faute. Ainsi, peut-être sera-t-il possible de les vaincre".

Après avoir donné ce conseil, Bil'am rentra chez lui et Balak s'en fut de son côté.
Conformément aux instructions de Bil'am, Balak installa des étals le long de la route des Bné Israël.
A l'intérieur de chaque tente, une prostituée provocante attendait les clients. A l'entrée, des femmes plus âgées exhibaient sur leurs bras des articles en coton. Chaque fois qu'un homme israélites sortait de chez lui, rassasié et de bonne humeur, ces femmes l'appelaient pour vanter leur marchandise.
Bien que les Bné Israël aient perdu tout intérêt pour le coton, ils furent néanmoins attirés vers les tentes pour en acheter ou pour marchander. Lorsqu'ils s'approchaient, une jeune femme aguichante et couverte de bijoux apparaissait à l'entrée, les invitait à l'intérieur et engageait la conversation.
Elles disaient : "Ne sommes-nous pas issus du même ancêtre, Téra'h, le père d'Avraham? Pourquoi cette haine entre nous? Nous vous admirons et vous respectons beaucoup. Ce serait humiliant de vous vendre ces objets de coton. Prends-les donc gratuitement!"

Dès qu'un Bné Israël était attiré à l'intérieur de la tente par les ruses de la prostituée, elle lui offrait à boire et à manger.
S'il refusait et demandait à consommer sa propre nourriture, elle répondait avec obligeance : "Mais bien sûr! Prends donc le bouc ou le mouton que tu désires et égorge-le avec ton propre couteau selon les instructions de ton D.! Je ne voudrais certes pas que tu transgresses Ses commandements. Mange-le comme si tu étais chez toi ; après tout, nous ne sommes pas étrangers l'un à l'autre!"

Elle lui versait du vin. Alors qu'il commençait à boire car à cette époque il n'était pas interdit aux Bné Israël de boire le vin d'un non-juif, son instinct naturel s'éveillait et son désir pour elle grandissait.
Elle le repoussait : "Pourquoi es-tu si impatient? Je suis là quand tu voudras? Pourquoi ne pas commencer par préparer ta nourriture? Pourquoi ne pas prendre cet oiseau et l'égorger avec ton couteau? Et pourquoi ne pas me faire plaisir et l'égorger devant mon idole, Baal Péor? Je t'assure que cela ne te causera aucun mal".
Alors cet homme qui avait bu le vin de la femme cherchant à le détourner du bon chemin et avait été envahi par le poison du désir pour elle égorgeait l'oiseau devant Baal Péor. Après avoir mangé et bu en sa compagnie, il insistait pour avoir des relations avec elle mais elle refusait : "Je ne viendrai pas à toi avant que tu aies adoré cette idole!"
L'homme répondait : "Comment oserais-je faire une chose pareille? Je suis juif, cela nous est interdit!"
Elle disait alors : "Je ne te demande pas d'honorer l'idole ou de te prosterner devant elle! Au contraire, je te demande de l'humilier en faisant tes besoins devant elle".
Puis la femme païenne continuait à refuser ses avances en disant : "Tu ne t'approcheras pas de moi si tu ne nies pas les enseignements de ton maître Moché".
A ce moment-là, totalement dominé par la passion, l'homme faisait tout ce qu'elle demandait.

Comme tout cela était arrivé à cause du vin, Pin'has décréta, après cet épisode, qu'il serait désormais interdit à un juif de boire le vin d'un non-juif.
Cette loi fut proclamée avec l'approbation de notre maître Moché et des 70 anciens qui prononcèrent le Nom explicite de D. inscrit sur les Tables de la Loi.
La sévérité de l'interdiction de boire le vin d'un non-juif est donc renforcée : c'est non seulement un décret de nos Sages (midéRabbanane) mais aussi l'objet d'un anathème invoqué par les tribunaux terrestre et céleste avec le Nom explicite de D.
Aucun anathème de cette sévérité n'a été prononcé pour une autre interdiction.

Cet épisode se produisit à Chittim, l'endroit où les Bné Israël commirent la folie (chtout, même racine que chittim) de se pervertir avec les filles de Moav et de se soumettre au culte humiliant de Péor.
Cette idole portait le nom de Péor parce qu'il fallait découvrir (paar) ses parties intimes devant elle.
[...]

La colère de D. s'abattit sur les Bné Israël et les frappa d'une épidémie. Partout où se trouve l'immoralité, elle entraîne un bouleversement et une destruction qui anéantissent les innocents comme les coupables.

"C’est pourquoi, il est dit dans le livre des guerres d’Hachem" ('Houkat 21,14)

Les nations du monde font la guerre en utilisant des armes, mais les guerres que font les juifs, qui sont "des guerres d’Hachem", ils le font avec "le livre", allusion à l’étude de la Torah.
L’essentiel de la victoire du peuple d’Israël contre leurs ennemis s’obtient grâce à l’étude de la Torah qui se renforce dans notre peuple.

[Rabbi Méir Chapira de Lublin]

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-> Le Méam Loez écrit sur ce verset :
Dans le livre des Guerres d'Hachem, les sages de l'époque consignèrent les grandes batailles et les événements miraculeux.
On appelait ces sages des mochlim, des auteurs de paraboles, car ils écrivaient les faits sous forme de paraboles et de métaphores.
Ce livre s'intitulait le "Livre des Guerres d'Hachem" car toutes les guerres se déroulent suivant le plan de D.

Au début de l'exil, ce livre et de nombreux ouvrages écrits par ces hommes célèbres furent perdus, parmi eux ceux du prophète Nathan, ceux du prophète Ido, les chroniques des rois du royaume d'Israël et les poèmes et paraboles du roi Chlomo.

"Car vous traversez le Jourdain pour entrer au pays que Hachem, votre D., vous donne et pour le conquérir. Quand vous l'aurez conquis et que vous y demeurerez" (Réé 11,31)

-> Les mots : "vous traversez le Jourdain" semblent ici superflus car les juifs ne pouvaient entrer en terre sainte qu'en traversant ce fleuve.

En réalité, la Torah fait allusion au miracle qui allait se produire : le fleuve allait s'ouvrir en deux pour permettre au peuple juif de le traverser à pied sec.
Ce prodige allait être le premier parmi de nombreux autres miracles au cours de la conquête et de l'occupation du pays.
Ce miracle était le signe que le Ciel continuerait à aider les juifs.

Hachem a ordonné de prononcer les bénédictions et les malédictions dès l'entrée des juifs en terre sainte [d'Israël] afin qu'ils se rendent compte que leur existence ne suivrait pas un cours naturel.
En effet, loin d'être déterminés par le hasard, les juifs allaient choisir leur destinée en optant pour la voie de la bénédiction ou celle de la malédiction.

[le Sforno - rapporté dans le Méam Loez]

"Qu'elles sont belles tes tentes, Ô Yaakov! Tes demeures, Ô Israël!
Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d'un fleuve ; D. les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord de l'eau" (Balak 24,5-6)

-> Le Min'hat El'azar (rabbi 'Haïm El'azar de Munkatch) d'enseigner :
Selon les guémara (Sanhedrin 105b), les tentes mentionnées dans ce verset représentent les synagogues et les lieux d'étude qui sont disséminés dans le monde. Cela étant, la métaphore les comparant à des fleuves semble inappropriée.
En effet, un bâtiment solide comme une synagogue ou une salle d'étude ne peut pas s'écouler comme un fleuve.

Nos Sages (Méguila 29a) nous enseignent qu'au temps du machia'h, toutes les synagogues et les lieux d'étude seront transportés en terre d'Israël.
Ayant cela à l'esprit, la métaphore prophétique est assez appropriée.
Effectivement, les synagogues et les maisons d'étude s'écouleront en cascade vers la terre d'Israël comme un fleuve, vers Jérusalem en un torrent puissant.
Là, les millions de fidèles et d'étudiants trouveront un vaste espace dans l'étendue sans fin de la cité.
Puisse cela s'accomplir, rapidement de nos jours. Amen!

"Au bout de 40 jours, Noa'h ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'Arche" (Noa'h 8,6)

-> Le Yichma'h Israël (l'Alexander rabbi) enseigne :
Nos fautes créent un mur qui nous sépare de notre Père Céleste.
Les tsadikim, les hommes saints de chaque génération, à travers leur propre pratique des mitsvot percent ce mur, ouvrant des trous aussi grands que des fenêtres.

Ainsi, sous un angle spirituel, le verset véhicule cette pensée : "Noa'h ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'Arche" = à travers ses prières, Noa'h, le tsadik, fit une ouverture dans le mur qui séparait l'homme à D.

"Le jour même tu donneras sa paie (à ton employé) ..., car il est pauvre ... et il n’implorera pas Hachem sur toi" (Ki Tétsé 24,15)

-> Le sens simple de ce verset est que l’on doit payer le salaire de son employé le jour même, pour ne pas que dans la détresse de sa pauvreté, il n’implore Hachem “sur toi”, c’est à dire contre toi.
Ce verset conclut : "Et ce sera pour toi une faute" = d’avoir entraîné sa détresse.

-> Le Imré Shéfer ajoute que l'on peut expliquer ce verset autrement.
Quand quelqu’un est pauvre et manque du nécessaire, cela le trouble et le perturbe, et il ne peut plus servir Hachem sereinement. Une des conséquences de cela est que ses prières régulières manqueront de ferveur et de clarté, car il sera perturbé par ses besoins qui lui manquent.

Ainsi, la Torah recommande de payer le salaire de son employé le jour même , car comme il est pauvre, s’il lui manque le nécessaire, "il n’implorera pas Hachem sur toi", c’est-à-dire qu’il ne pourra pas implorer Hachem et prier vers lui sereinement.
Puisque sa prière en sera perturbée, alors cela sera “sur toi”, à comprendre dans le sens de “à cause de toi”.

=> A cause du fait que tu ne l’auras pas payé, il sera préoccupé par ses besoins, et à cause de toi, il ne pourra pas prier comme il se doit.
"Et ce sera pour toi une faute" = c’est-à-dire que le fait d’avoir provoqué qu’il ne puisse pas prier convenablement, cela aussi te sera compté comme une faute. Et sur ce détail aussi, tu devras rendre des comptes.

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-> "Le jour même, tu lui remettras son salaire (béyomo titen sékharo - בְּיוֹמוֹ תִתֵּן שְכָׂרוֹ) avant que le soleil se couche; car il est pauvre, et il attend son salaire avec anxiété. Crains qu’il n’implore contre toi le Seigneur, et que tu ne sois trouvé coupable» (Ki Tétsé 24,15).

C’est un Commandement de la Torah que de payer le travailleur dans le jour même où il a effectué son travail. S’il l’a effectué le soir, on a jusqu’au lendemain dans la journée pour lui payer.
On apprend que celui qui retient le salaire de l’employé et comme s’il lui enlevait son âme, la vie ; car pourquoi est-il monté sur l’arbre et a risqué sa vie, n’est-ce pas pour gagner son pain? [guémara Baba Métsia 112a]

Ainsi fera-t-il attention d’accomplir cette mitsva : "Le jour même, tu lui remettras son salaire", car c’est une grande mitsva puisque le travailleur donne son âme pour ce salaire. [‘Hida]

Hachem veut que nous développions en nous les sentiments de pitié et de bonté, afin d’assurer à chaque être humain ce qu’il lui faut, à l’heure du besoin. C’est ainsi que nous mériterons nous-mêmes de bénéficier de ses bienfaits. [Séfer Ha’hinoukh]

Notre verset fait référence à la récompense des Temps messianiques relative au Service Divin accompli dans ce monde-ci : "Puisque chaque juif a la capacité d’amener la Délivrance" (comme l’enseigne le Rambam - Hilkhot Téchouva 3,4 – lorsqu’il écrit que n’importe quelle mitsva peut déclencher la délivrance pour le monde entier), il y a donc aussi aujourd’hui pour chaque juif la récompense qui appartient aux Temps messianiques, et il ne lui reste qu’à la dévoiler à travers l’ajout d’une bonne action" [Likouté Si’hot]
Notre verset indique ainsi à quel point il est vital d’attendre la Guéoula et de réclamer d'Hachem qu’Il hâte notre Délivrance.
En effet, se référant à notre verset, le ‘Hafets ‘Haïm déclare : "C’est plusieurs fois par jour que nous demandons la Délivrance. Toutefois, la seule requête ne suffit pas. Il faut exiger la Délivrance, à l’instar de l’ouvrier qui réclame son salaire. La Loi étant que s’il ne le réclame pas, rien n’oblige à le payer le jour même (guémara Baba Metsia 112a). C’est dans cet esprit que nous devons réclamer notre Délivrance."

Les initiales des trois mots ביומו תתן שכרו ("Le jour même, tu lui remettras son salaire") forment le mot שבת
Shabbath). Ceci indique symboliquement que si l’on s’occupe sérieusement de la Torah en semaine (le Service Divin : Torah et mitsvot), on profite de la נשמה יתרה (Néchama Yétéra – l’âme supplémentaire du Shabbath) – symbole de la récompense Divine. Et c’est le grand avantage du Shabbath, que de faire rayonner sa bénédiction sur les jours de la semaine.

-> On peut rapporter les 2 histoires suivantes :
1°/ On dit au nom du Arizal que, quand il avait un journalier qui travailler chez lui, il faisait l’impossible pour trouver les sommes nécessaires à le payer avant la prière de Min’ha. Il ne la récitait pas aussi longtemps qu’il n’avait pas payé, car comment aurait-il pu réciter la "Amida" (prier devant Hachem) alors qu’il n’avait pas encore accompli cette mitsva.

2°/ On raconte à propos du ’Hafets ’Haïm : un jour qu’il avait prévu de se rendre à Varsovie ville fort éloignée de Radin, sa ville de résidence, les conditions météorologiques s’annonçaient particulièrement difficiles: les routes étaient recouvertes d’une épaisse couche de neige. Soudain, on s’aperçut que son manteau de fourrure était déchiré et devait être réparé pour pouvoir être porté. On demanda à un enfant d’apporter le manteau à un couturier, en lui demandant de spécifier qu’il y avait urgence! Très vite, l’enfant revint avec le manteau recousu. Le ’Hafets ’Haïm l’enfila, se sépara de sa famille et prit la route. Alors que le cocher entrait dans l’enceinte de la gare, à sa grande stupéfaction, le ’Hafets ’Haïm lui demanda de faire demi-tour.
"Mais pourquoi donc, après un chemin si difficile? Le train pour Varsovie est déjà là!" s’étonna le cocher.
Le ’Hafets ’Haïm lui répondit : "J’ai oublié de payer le couturier pour son travail ; nous devons vite faire demi tour afin que je lui donne son salaire et ce, avant que le soleil ne se couche! Notre Thora nous oblige à payer notre dû le jour même".
Le cocher proposa alors d’être l’envoyé du ’Hafets ’Haïm et de remettre l’argent en question au couturier. Mais le ’Hafets ’Haïm refusa ; il voulait en personne accomplir la mitsva selon les termes du verset : "Le jour même, tu lui remettras son salaire".