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"Il [Yaakov] eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignit le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)

-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem Mendel de Kossov) de commenter :

Nous sommes tous engagés dans une lutte permanente contre le yétser ara, notre inclinaison au mal.
Parfois, le yétser ara utilise l'humilité comme instrument pour nous détourner de D., essayant de nous persuader qu'à cause de notre nature physique grossière, nous sommes incapables d'atteindre la sainteté.
Alors, nous pouvons signaler fièrement au yétser ara que nous possédons une âme qui est une étincelle Divine. Elle nous permet d'atteindre les plus hauts sommets de la sainteté.

Mais de nouveau, le yétser ara nous gonfle parfois d'orgueil, nous faisant croire que nous sommes un saint parfait. Nous répondons alors en étant conscient de notre nature terrestre inférieure.

=> C'est ce processus sans fin d'alternance entre orgueil et humilité qui est symbolisé par l'échelle.
- Lorsque le yétser ara nous dit que comme l'échelle ("dressée sur la terre") : nous nous tenons sur le sol, nous lui répondons que : "son sommet atteignait le ciel".
- Lorsque le yétser ara veut que nous croyions que nous avons atteint les cieux, alors nous controns en disant : "au contraire, comme l'échelle de Yaakov, je me tiens sur le sol!"

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (Vayétsé 28,16)

-> Que signifie : "Il y a Hachem en ce lieu?"
Cela résulte de : "je ne savais pas", par lequel Yaakov annule sa personnalité, en se rabaissant, car la Présence Divine ne repose que sur celui dont l'esprit est humble.
[Tiférét Chlomo]

[si tu veux que Hachem réside en toi, alors laisse lui de la place, en ne t'enorgueillant pas d'être tout ou bien d'être un moins que rien. Il faut simplement être conscient et fier de ses capacités/qualités, tout en ayant conscience qu'à chaque instant elles nous sont confiées comme cadeau par D., et ce pour que nous en fassions le meilleur usage.]

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-> b'h, citations de nos Sages sur l'humilité : https://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-citations-de-nos-sages
-> b'h, citations de nos Sages sur l'orgueil https://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et il dit (vayikats Yaakov michénato vayomer - וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר) : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Les lettres finales de ces mots forment : "tsibour" (public, communauté - צבור), c'et-à-dire que dans il y a une communauté (au moins 10 personnes, un minyan) alors "il y a Hachem en ce lieu", car "Hachem se tient dans l'assemblée Divine" (Téhilim 82,1), et leur prière est [forcément] acceptée.
Mais "moi" = s'il y a une seule personne, "je ne savais pas" = l'homme ne peut pas être sûr que sa prière soit acceptée [car cela dépend du fait d'avoir des mérites suffisants, et d'une perfection dans la récitation de la prière du début à la fin].
[Afiké Torah ; Baal haTourim]

-> Le Mégalé Amoukot ajoute que צבור a la même guématria que : רחמים (ra'hamim - la miséricorde).
En effet, lorsque nous prions avec un minyan cela éveille la miséricorde d'Hachem, et cela permet à nos prières d'être exaucées.

-> b'h, au sujet du fait de prier avec la communauté : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil" 

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 69,7) interprètent ainsi :
Rabbi Yo'hanan a dit qu'il ne faut pas lire : "michnato" (de son sommeil - מִשְּׁנָתוֹ), mais "mi-michnato" (de son étude).

Yaakov qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D., et même lorsqu'il s'arrêtait d'étudier pour assumer ses besoins matériels, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah.
Quand il mangeait, c'était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service Divin.
Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec davantage de vigueur.
=> Toutes ces actions faisaient pour lui partie intégrante de son étude. C'est pourquoi lorsqu'il se réveilla de son sommeil, c'était comme s'il se réveillait de son étude.
[issu d'un cours du rabbi David Pinto]

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-> Yaakov a rêvé d'une échelle se tenant au sol et atteignant le ciel (Vayétsé 28,12).
Lorsqu'on vit une vie de divinité, on produit de la Torah même lorsque l'on dort.
[rabbi Barou'h de Médziboz]

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Yaakov a eu un rêve prophétique avec une révélation extraordinaire, où Hachem va lui promettre la protection, des bénédictions, des enfants, ...
Cependant si Yaakov avait su la sainteté de cet endroit (lieu futur du Temple), il n'y aurait pas dormi.
Le Sfat Emet dit que cela nous enseigne que la crainte d'Hachem (yirat chamayim) est plus importante que tout.
En effet, Yaakov était prêt à renoncer à une sublime révélation Divine et aux bénédictions (pour lui et sa descendance : tous les juifs de l'histoire). En effet, aucun gain ne peut justifier le fait de faire quelque chose d'interdit par Hachem.

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-> Rabbi Nissm Yaguen (Nétivé Or) commente également en ce sens :
Yaakov s'approchait des 80 ans ... il s'allonge et s'endort, et voilà que Hachem se dévoile à lui en disant : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je te la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre ; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, Je suis avec toi ; Je veillerai sur chacun de tes pas et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne veux point t'abandonner avant d'avoir accompli ce que Je t'ai promis" (Vayétsé 28,13-15).
Des nouvelles tellement merveilleuses et joyeuses! Exactement ce qu'il espérait, après avoir investi toutes ses forces dans le service Divin, lors de son départ pour l'inconnu.

On aurait pu attendre de Yaakov qu'il respire à plein poumon, qu'il se réjouisse et qu'il ait un merveilleux moral.
Mais non, plutôt : Assurément, Hachem est présent en ce lieu et moi je l'ignorais" (v.16), et saisi de crainte, il ajouta : "Que ce lieu est redoutable" (v.17).

Si on nous avait annoncés de telles nouvelles, on aurait été dans un état de joie indescriptible. Mais Yaakov ne prête pas attention aux promesses à son profit, il n'est pas joyeux pour tout le bien promis, la seule chose qui l'intéresse : gare à moi, je me suis endormi dans la maison d'Hachem ...

La crainte des Cieux ressemble à cela : avoir peur d'Hachem à chaque instant, peut-être je ne me conduis pas convenablement, peut-être pas comme il fallait, ressentir une grande honte du fait du doute d'une faute minuscule. Ceci est la vraie crainte d'Hachem (yir'at Hachem), et cette crainte est en mesure de renforcer l'homme dans toutes les situations.

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (v.28,16)

Rachi (v.11) rapporte que pendant 14 années à la maison d'étude d'Ever, il n'a pas dormi la nuit, puisqu'il étudiait non stop.
Le rabbi Yéhochoua de Belz explique que pendant ce premier sommeil en 14 ans, Yaakov a découvert les hauts niveaux de vision prophétique que l'on peut atteindre durant notre sommeil.
[selon la guémara (Béra'hot 57b) : "un rêve à 1/60e de la prophétie"]
Néanmoins, il a dit (v.17) : "én zé ki im bét Elohim" (אֵין זֶה כִּי אִם בֵּית אֱלֹהִים) = ce n'est pas ce que Hachem veut.
En effet, Hachem désire notre travail, nos efforts, et non pas que nous soyons des endormis de la vie. [anesthésiés par notre yétser ara!]
[à notre niveau c'est une mitsva de dormir pour avoir les forces de faire la volonté de D., néanmoins l'idée est qu'Hachem aurait pu nous mettre dans notre tête toute la Torah, mais ce qu'Il veut c'est que nous peinons pour l'acquérir.]

-> "Des messagers divins [des anges] montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)
Selon le midrach : les anges dansaient (montaient et descendaient dans une danse) sur Yaakov, car ils étaient si heureux de lui.
Le 'Hidouché haRim commente : "si un juif savait les hauteurs que son service Divin (avodat Hachem) atteint, il ne raterait aucune occasion de faire une bonne action."

=> Nous devons avoir conscience qu'il en est de même pour chaque juif : les anges se réjouissent à chaque fois que nous faisons des bonnes actions, et c'est nous qui n'en n'avons pas conscience.
Si nous en avions conscience de cela, nous prendrions alors davantage la mesure de ce qui nous apparaît comme une simple action et qui est en réalité quelque chose aux conséquences énormes et infinies (une mitsva impacte positivement les mondes supérieurs & inférieurs, et nous octroie une récompense infinie en quantité et en durée), et cela nous pousserait à courir après chaque opportunité d'en réaliser une.
[on comprend que Yaakov qui avait conscience de cela, a pu se dire : ce n'est pas ce que Hachem veut = je ne peux pas rester à rien faire, il faut courir de mitsva en mitsva!]

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-> Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne :
Lorsque Hachem amène une néchama (âme) dans ce monde, Il l'envoie par le biais d'une longue échelle qui va du Ciel à la terre.
Après que l'âme atteint la terre, Hachem reprend l'échelle et dit : "Maintenant grimpe de nouveau par toi-même"
[à l'image d'un parent qui dit plein d'amour à son fils apprenant à marcher : "Maintenant viens vers moi!"]

L'homme s'interroge alors sur comment peut-il grimper vers le ciel sans échelle?
Certaines âmes abandonnent. Certaines âmes sautent vers le ciel, puis retombent au sol, et alors elles abandonnent.
D'autres, sautent encore et encore, jusqu'à ce que Hachem a de la miséricorde et les amènent jusqu'au ciel.
En effet, lorsqu'une personne essaie, alors Hachem l'aide.

-> Le rabbi Mendel de Kotzk dit également :
Quand on se tient sur une échelle, on prend soin de vérifier, avant de continuer à monter, que l'on ne risque pas de tomber.
Eh bien c'est ainsi que l'on doit se conduire dans le service de D. : on doit gravir progressivement échelon après échelon.

[cela implique de connaître sa place sur l'échelle de la vie et nos capacités d'évolution. Dans tous les cas, on doit être content de ce que l'on a (que l'on soit haut ou bas sur l'échelle, car on est là où D. nous a placé pour réaliser notre vie), et agir du mieux que nous pouvons, sur la durée, pas à pas, vers papa Hachem!
Au final, on nous jugera personnellement : combien d'échelons as-tu pu monter sur le nombre total que tu aurais potentiellement pu faire?]

[le yétser ara parfois va nous pousser à faire un énorme bon spirituel, mais qui va ensuite nous conduire à être peu efficace. Il nous donne un grand gain immédiat, pour que sur la durée on obtienne moins que ce qu'on aurait pu avoir en agissant avec constance.
Par exemple, il va nous pousser à se coucher tard pour étudier, mais ensuite on va être fatigué et faire une prière bâclée, moins bien étudier, ...

Le Baal Chem Tov enseigne : "Quand le mauvais penchant échoue à pousser un homme au péché, il le convainc de se livrer à des jeûnes et à des mortifications. Il veut ainsi l'affaiblir et réduire ses forces au point de l'empêcher de servir D. comme il convient". ]

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-> "Certainement, Hachem est présent dans cette endroit et je ne le savais pas" (Vayétsé 28,16)

Rachi explique que ce que voulait dire Yaakov c'était que s'il avait su que cet endroit était saint et bénéficiait de la Présence Divine, alors il ne se serait jamais permis d'y dormir du fait de sa sainteté. Dans cette vision prophétique qui se révéla cette nuit-là à Yaakov, Hachem lui montra tout le devenir du peuple Juif au long de son histoire. De plus, Hachem lui fit de merveilleuses promesses. Et malgré toute cette vision si élevée qu'il vécut, Yaakov s'inquiéta et se demanda si le fait d'y avoir dormi n'était pas une faute et un manque de respect vis à vis de la sainteté de cet endroit.

-> Le Baal Chem Tov fait remarquer que cette attitude de Yaakov nous apprend comment réagir lorsque l'on accède à des perceptions spirituelles ou des ressentis dans le service d'Hachem que nous ignorions jusque là. L'homme pourrait, face à une telle élévation d'âme en ressentir une satisfaction et une fierté, se sentant plus élevé que le commun des mortels qui n'ont pas eu le mérite d'un tel dévoilement. Mais ce n'est pas ainsi que Yaakov a réagi. Au moment où il vécut cette élévation d'âme, il se mit aussitôt à réfléchir sur lui-même, à se remettre en question et se demander s'il était vraiment apte à une telle grandeur, s'il n'a pas commis d'erreur qui serait en contradiction avec ce dévoilement Divin. Et immédiatement, il se reprocha d'avoir dormi dans ce lieu sacré.

C'est ainsi qu'un Juif doit réagir quand il ressent une proximité particulière avec Hachem, quand il sent une élévation d'âme et un élan de spiritualité le portant vers de plus hautes perceptions que d'ordinaire. Il ne doit surtout pas s'en enorgueillir, se sentant plus digne et plus méritant que les gens "simples".
Au contraire, toute proximité supplémentaire avec Hachem doit faire accéder à plus d'humilité et une plus grande remise en question, s'interrogeant sur son mérite et se demandant si son comportement est suffisamment correct et raffiné pour mériter cette élévation. Et dans le cas échéant, on doit s'efforcer de s'améliorer et de corriger encore plus ses erreurs et ses défauts pour pouvoir être digne de cette plus grande proximité avec Hachem.

Telle est la grandeur du peuple juif par rapport aux autres nations. Quand ils s'élèvent et sentent la Bienveillance d'Hachem, ils savent se faire plus petits et se travailler pour être à la hauteur de ce rapprochement d'Hachem. Plus on grandit, plus on se rapproche d'Hachem, plus on s'élève vers des niveaux spirituels, et plus on doit se repentir, se remettre en question, et se sentir plus petit devant cette Bonté Divine Qui se dévoile à soi.

"Hachem lui dit : "Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple."
Et Hachem le marqua d'un signe, pour que personne, le rencontrant, ne le frappât." (Béréchit 4,15)

-> Quelle était la nature de cette marque?
Le midrach explique que D. scella le signe du Shabbath sur son visage.
=> Comment comprendre cela?

Le Avodat Israël (rabbi Israël Hopstein de Koznitz) de répondre :
D. avait condamné Caïn à être : "errant et fugitif par le monde" (v.4,12). Mais puisque Caïn avait le libre arbitre, il aurait pu échapper à la malédiction en choisissant une demeure fixe de façon à ne pas errer.
Nous devons conclure que la malédiction d'inquiétude et d'instabilité était de nature spirituelle. Caïn était victime de paranoïa, un trouble de persécution, qui provoqua en lui une compulsion de bouger sans cesse, fuyant devant un poursuivant imaginaire.
Son esprit dérangé ne le laissait tout simplement pas se stabiliser dans un seul endroit.

Bien sûr, si Caïn avait dirigé ses pensées vers D., et s'était attaché à Lui, toutes ses peurs imaginaires et ses phobies se seraient évanouies.
Fondamentalement, le cœur de sa malédiction était que son esprit était perturbé, incapable de se concentrer sur le Créateur.
Il était fugitif sans repos (mentalement), c'était un homme dominé par une peur irrationnelle.

Le midrach nous raconte qu'au moins le Shabbath, il était capable de s'attacher au Créateur.
Pendant, le Shabbath, son trouble mental le laissait tranquille, et pour ce seul jour saint, il était capable de voir le monde dans une perspective authentique.
=> C'est cela le signe du Shabbath qui a été placé sur le visage de Caïn.

[Lorsque Rivka apprit qu'Essav prévoyait de tuer son frère Yaakov, elle lui dit de fuir à 'Haran, chez son frère Lavan. Elle dit, ] "Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là bas : pourquoi m'exposer à vous perdre tous 2 à la fois?" (Toldot 27,44-45)

=> Il est étonnant que Rivka prononce la même phrase à 2 reprises : "jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus".
Qu'essayait-elle de dire à Yaakov?

Le Panim Yafot (rabbi Pin'has Horowitz) répond :
La traduction littérale de la déclaration de Rivka est : "jusqu'à ce que la colère de ton frère se calme de ta part" (ad shouv af a'hikha mimé'ha => mimé'ha = de toi!).

Rivka dit à Yaakov : "Fuis 'Haran et restes-y jusqu'à ce qu'Essav s'apaise de sa fureur contre toi, et abandonne son plan de te tuer".
Mais comment allait-il savoir que la fureur d'Essav s'était calmée et qu'il serait en sécurité pour rentrer à la maison?

La réponse est : "de ta part" (mimé'ha) = de toi, en examinant tes propres sentiments.
Lorsque le jour viendra où tu ne ressentiras plus de colère envers lui, alors tu pourras être certain qu'il ne portera plus de rancœur à ton égard.
En effet, les émotions humaines suscitent un réponse mutuelle : la bienveillance engendre la bienveillance, la haine engendre la haine.

[tu veux qu'autrui t'aime, alors commence par l'aimer, par avoir un regard positif sur lui dans ton cœur!

A l'image de l'eau qui reflète ton visage, le cœur d'autrui reflète les émotions qui sont dissimulées dans ton cœur à son égard.
Si tu as l'impression qu'autrui ne t'apprécie pas, alors développe beaucoup d'amour dans ton cœur, et il en viendra à t'apprécier d'avantage!]

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-> "Comme le reflet du visage dans l'eau, tel le cœur de l'homme pour l'homme" (Michlé 27,19)

-> "Notre maître [le rav 'Haïm de Volozhin] a enseigné qu'il existe un remède certain pour celui qui aurait des ennemis : il s'efforcera de penser qu'ils sont des tsadikim parfaits et il les jugera favorablement.
Ils se transformeront alors sur le champ en amis".
[rav Its'hak de Volozhin - dans son Pé Kadoch]

A partir de cela le rav Its'hak de Volozhin dit que l'on peut également apprendre l'inverse : si quelqu'un désire vérifier si untel le hait, il faudra qu'il examine s'il n'entretient pas lui-même un ressentiment à son égard dans son cœur.
C'est ce que Rivka dit à Yaakov : comment sauras-tu que la colère de ton frère s'est estompée?
Lorsque disparaîtra "la colère ... de toi", c'est-à-dire lorsque tu feras disparaître la colère que tu éprouves à son égard.
Rav Its'hak ajoute que ce n'est pas seulement un signe mais également une raison : si un homme extirpe de son cœur tout ce qu'il reproche à son prochain, alors ce dernier cessera lui aussi de le haïr.

[en ce sens les 'hassidiques mettent en pratique ce concept : en inondant d'amour autrui, il va forcément en venir à avoir des liens d'affection, des sentiments positifs réciproques.]

"Si Hachem élargit tes frontières ... tu rajouteras encore trois villes (de refuge)" (Choftim 19,8-9)

=> Quelle est la nécessité de ces 3 villes de refuge supplémentaires?

-> Au cours du long et pénible exil de notre peuple, de nombreux juifs se sont rendu coupables de meurtre involontaire.
Cependant, ils n'ont pas eu la possibilité d'expier leur crime dans des villes de refuge.
Après la venue du machia'h, des générations d'âmes juives chercheront à expier ces fautes, ce qui nécessitera l'établissement de villes de refuge supplémentaire.
Certaines autorités pensent qu'à l'époque du machia'h, le nombre de villes de refuge se montrera à 9, selon d'autres à 12 ou à 15 (Sifri 185 ; Tossefta Maccot 3).

Les premiers mots du verset : "parce que tu observeras avec soin tout le commandement" font référence à l'époque du machia'h, où le Temple sera reconstruit et où le peuple juif ne transgressera plus la Torah.
Ces villes de refuge auront alors pour fonction d'abriter les fauteurs de nombreux siècles qui ont commis des meurtres involontaires jamais expiés.

[le Méam Loez]

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+ "Prépare-toi une route et divise en 3 parties le territoires que Hachem, ton D., te destine.
[Les villes dans chacune de ces parties] seront des lieux où pourra se réfugier tout meurtrier" (Choftim 19,3)

-> Les routes menant aux villes de refuge devaient être praticables. Il fallait planter des poteaux indicateurs à toutes les intersections pour garantir que rien n'empêcherait ou ne retarderait la fuite du meurtrier involontaire.

Il fallait diviser la terre d'Israël en 3 parties afin que les 3 villes soient à égale distance.
De plus, la ville la plus au nord et celle la plus au sud devaient avoir la même distance jusqu'à la frontière nord et sud.
[le Méam Loez]

[on voit à quel point la Torah respecte l'honneur même d'un meurtrier (involontaire), combien nous devons suivre cet exemple, et nous conduire avec amour/respect envers tout juif.

Par ailleurs, il est à noter que lorsque les juifs devaient se rendre à Jérusalem pour les chaloch régalim, il n'y avait aucun panneau pour leur indiquer le chemin.
En effet, cela les obligé à demander leur chemin, et donc à partager leur énergie, leur joie d'aller au Temple servir Hachem, augmentant ainsi largement l'amour et la connaissance de D.

A l'inverse, le meurtrier involontaire avait partout des panneaux pour le dispenser de la honte de devoir [même indirectement] dire qu'il est un meurtrier, afin de pouvoir se guider jusqu'à la ville de refuge. ]

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"Si Hachem élargit tes frontières ... tu rajouteras encore trois villes (de refuge)"

Nos sages disent que ce verset parle des temps messianiques, quand les frontières de la terre sainte seront élargies et comprendront 10 peuples et pas seulement les 7 peuples de Canaan. En effet, les 3 peuples de Kéni, Kenizi et Kadmoni, qui appartenaient à Amon, Moav et Edom, se rajouteront aux frontières de la terre sainte.
=> Cependant, dans les temps messianiques, les prophètes ont annoncé qu'il n'y aura plus de guerres ni de de meurtres. Dès lors, pourquoi ajouter des villes de refuge alors que s'il n'y a plus de meurtres, il ne devrait donc plus y avoir besoin de ces villes, qui servaient à réfugier les tueurs involontaires?

-> Le Maskil léDavid propose d'expliquer que dans les temps futurs, les villes de refuge serviront pour les personnes qui se sont récemment converties au judaïsme. En effet, l'essentiel des promesses formulées par les prophètes quant à la période messianique, concerne les Juifs qui sont nés Juifs. Mais les personnes nouvellement convertis ne bénéficieront pas de toutes ces promesses. Dès lors, il se pourrait qu'une telle personne en tue une autre, et pour eux, la Torah instaure un système de villes de refuge qui les
concerneront.
Mais pour les juifs qui l'ont toujours été depuis la naissance, ces villes n'auront effectivement pas d'intérêt.

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-> Le Ari Zal rapporte que nos Sages distinguent 2 moments à la venue du machia'h.
En effet, le machia'h peut venir "en son temps", dans un délai pré-fixé. Mais il peut aussi venir avant ce temps déterminé, sa venue peut être accélérée.
De plus, toutes les âmes qui ont pour racine l'âme de Hével (qui a été tué par Kaïn) doivent passer par la mort, pour réaliser la réparation totale de Hével.
Or, si la Délivrance (guéoula) intervient plus tôt que le délai pré-fixé, alors elle arrivera avant que ne soit achevée la réparation complète de Hével. Dès lors, on aura encore besoin des villes de refuge, car il pourra encore y avoir des meurtres involontaires, pour que tous ceux qui proviennent de Hével connaissent la mort.
Ainsi, il en ressort que la promesse des prophètes qu'il n'y aura plus de meurtres s'appliquera complètement dans le cas où le machia'h viendrait au temps pré-fixé.
De son côté la Thora, qui parle de villes de refuge dans les temps futurs, se réfère au cas où le machia'h viendrait avant ce temps, soit avant que la réparation totale de Hével ne soit obtenue.

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-> Le rav Eliahou haCohen explique que pendant toute la durée de l'exil, il y a évidemment eu des personnes qui ont tué involontairement.
Ces personnes devaient donc se rendre dans des villes de refuge pour expier leurs fautes. Mais pendant l'exil, il n'y a pas eu de villes de refuge.
Ainsi, dans les temps messianiques, on aura encore besoin d'installer des villes de refuge pour que s'y rendent toutes ces personnes qui ont tué involontairement pendant l'exil pour qu'ils y expient leurs crimes involontaires.
Puisque tous les tueurs involontaires de toute la durée de l'exil constituent un grand nombre de personnes, c'est pourquoi, la Torah demande alors d'ajouter encore 3 villes de refuge supplémentaires.

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+ Mois d'Elloul & ville de refuge :

-> Il est rapporté dans la littérature ‘Hassidique que le mois d’Elloul est, en termes de temps, ce que les villes de refuge étaient en termes d’espace. C’est assurément un mois de refuge et de Téchouva, un temps protégé, dans lequel un homme peut se détourner des fautes du passé, et se consacrer à un avenir nouveau et sanctifié.
Ainsi, faisons-nous remarquer que les premières lettres des mots "[S’il n’y a pas eu guet-apens et que D. Seul] ait conduit sa main [ina léyado vésamti lékha - אִנָּה לְידָוֹ וְשַׂמְתִּי לְךָ], il (le meurtrier par inadvertance) [se réfugiera dans un des endroits que] Je te désignerai [une ville de refuge]" (Michpatim 21,13), forment le mot אלול (Elloul).
[...]
Une ville de refuge ne se trouvait qu’en terre d’Israël. [selon le midrach (Yalkout Chimoni 788) : "les villes de refuge ne sont implantées qu’en terre d’Israël". ]
Car un homme ne peut trouver véritablement l’expiation tout en restant attaché à l’environnement qui l’a conduit au péché. C’est pourquoi, il lui faut fuir en "terre d’Israël", c’est-à-dire vers la sainteté, pour y trouver refuge. La téchouva d’Elloul non seulement constituera la préparation nécessaire pour les bénédictions de Roch Hachana, mais aussi, nous donnera le mérite de la Délivrance, comme l’affirme nos Sages : "La Torah a déjà promis que les juifs se repentiront finalement, à la fin de leur Exil, et ils seront immédiatement libérés" (voir le Rambam – Lois de la Téchouva 7,5).
[d'après le Kollel de Sarcelles]

"Puis 7 autres vaches sortirent du fleuve après elles, celles-là chétives et maigres et s'arrêtèrent près des premiers au bord du fleuve ; et les vaches chétives et maigres dévorèrent les 7 vaches belles et grasses. Alors Pharaon s'éveilla" (Mikets 41,3-4)

-> Le Sfat Emet commente ainsi :
A un niveau spirituel, les vaches maigres symbolisent le yétser ara.

Notre verset liste 3 activités dans lesquelles les vaches maigres étaient engagées :
1°/ "7 vaches sortirent du fleuve après elles (les vaches belles et grasses)"
2°/ elles se tenaient près d'elles ("s'arrêtent près des premières") ;
3°/ elles les dévorèrent ("et dévorèrent").

= Ce sont les 3 stratégies que le yétser ara emploie pour ses projets néfastes.

A la première étape, comme les 7 vaches, "il vient par derrière" ("sortirent ...après elle") = il surprend ses victimes, cherchant leurs faiblesses alors qu'il rôde autour d'elles.
A l'étape suivante, "il reste près d'elles" = il lie amitié, leur tient compagnie et gagne leur confiance.
Finalement, à la 3e étape, "il dévore" = les engloutissant entièrement, prenant possession d'elles.

Nos Sages résument succinctement cette progression : "D'abord le yétser ara est simplement un invité, mais à la fin, il devient le maître de la maison" (guémara Soucca 52b).

["les vaches chétives et maigres dévorèrent les 7 vaches belles et grasses" = le yétser ara nous vend du vide, la réalité de ce qu'il nous propose est très maigre, à l'opposé du fait de suivre la volonté de D., qui est Miséricordieux, nous accordant généreusement des récompenses très belles et grasses.

"Pharaon s'éveilla" = la vie passe très très vite, et à notre réveil dans le monde futur, il sera trop tard!
Le but du yétser ara est de nous dévorer éternellement, nous qui sommes potentiellement si gras en mitsvot, de nous retirer un maximum d'occasions d'obtenir de grasses et belles conséquences, et ce même pour de simples actions. ]

[Après avoir défait les 4 rois puissants qui avaient capturé Loth, Avraham] "rapporta toutes les possessions, ramena aussi Loth son parent, avec ses biens, et les femmes et le peuple" (Lé'h Lé'ha 14,16)

-> Rabbi Yéhouda Leib Eiger (petit-fils de rabbi Akiva Eiger), dans son Torat Emet, enseigne :
Pourquoi Avraham risqua-t-il sa vie à attaquer les puissants rois pour sauver Loth?
En effet, après tout, Loth s'était séparé d'Avraham et avait abandonné les idéaux qu'il prônait, choisissant à la place de vivre dans la cité pécheresse de Sodome.

Le Zohar nous dit qu'Avraham, dans une vision prophétique, avait vu qu'un des descendants de Loth serait le roi David. Ainsi, en sauvant Loth, Avraham voulait préserver un descendant à naître dans un lointain futur.

La formulation du verset cité fait allusion à cette pensée : "Avraham rapporta toutes les possessions, ramena aussi Loth son parent".
=> C'est étrange : un être humain n'a-t-il pas la préséance par rapport à un bien matériel? (d'abord Loth et ensuite les possessions)

Le verset avait en tête la raison réelle pour laquelle Avraham poursuivait les rois : le "sauvetage des possessions" = le futur roi David.
En ce sens, dans un effort d'une telle envergure historique, le sauvetage d'une personne telle que Loth n'arrive qu'en second plan.

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-> "Qui d’autre as-tu ici (פֹה)?" (Vayéra 19,12)

Cette phrase est prononcée par les anges lorsqu’ils sont venus sauver Loth et sa famille de la ville de Sodome.

Rabbénou Efraïm fait remarque que la guématria de פֹה est de 85, et est une allusion à Boaz (בועז) qui a la même valeur numérique.
=> Cela signifie que c’est par le mérite de Boaz, par son mariage futur avec une descendante de Loth : Ruth, que Loth et ses filles ont été sauvés.

De plus, on peut noter qu’il y a 85 versets au total dans le livre de Ruth.

[Ruth va vivre assez longtemps pour voir son arrière petit-fils : David, monter sur le trône.
En effet, selon le midrach, à la mort du roi David, lorsque Chlomo a été appelé à régner, Ruth avait sa place à côté de lui. ]

"Its'hak se remit à creuser les puits que l'on avait creusés du temps d'Avraham son père et que les Philistins avaient comblés après la mort d'Avraham. Il leur imposa les mêmes noms que leur avait imposés son père." (Toldot 26,18)

-> Le Chem miChmouël commente :
Il est écrit : "Telles des eaux profondes, les idées abondent dans le cœur humain : l'homme avisé sait y puiser" (Michlé 20,5).

Avant qu'un puits ne soit creusé, l'eau du puits est présente, mais elle est cachée et enfouie profondément dans les entrailles de la terre.
L'homme avisé est celui creuse le puits, enlève la terre et met l'eau à découvert.

Sur un plan spirituel, cela signifie que dans la profondeur cachée du cœur et de l'esprit de l'homme, il y a la connaissance de Hachem. Mais cette conscience est recouverte par des couches de matérialité et de désirs.
Pour ramener l'étincelle de sainteté à la surface, il est nécessaire d'enlever cette couche de matérialité.

Le creusement du puits représente l'influence d'Its'hak pour enlever la couche de matérialité et d'indifférence qui couvre notre cœur, mettant à jour la crainte et le respect pour Hachem qui sont présents dans le cœur de chaque juif.

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+ "Il (Its'hak) creusa des puits d’eau"

=> Pourquoi la Torah se rallonge-t-elle tant pour parler des puits que creusa Its'hak?

Une des leçons que la Torah veut transmettre par ce récit est que quand quelqu'un réalise une action, si cette action échoue, il ne doit pas s’empresser d'en conclure que cela prouve qu'Hachem ne veut pas qu’il fasse cette chose-là.
En effet, Its'hak creuse un premier puits. Cela lui cause des ennuies. Et là, il ne se dit pas que cela montre qu’Hachem n’approuve pas son entreprise. Et au contraire, il creuse un deuxième puits. Cela lui cause encore des ennuies. Mais au lieu de baisser les bras, il creuse un troisième puits, qui est une réussite.

=> Cela nous apprend que même si ce que l’on fait se confronte à des difficultés, on ne doit pas se décourager et renoncer. Mais on doit se renforcer et continuer. Peut-être qu’Hachem veut simplement tester combien il est prêt à se battre pour son projet!
[Rav Aharon Bakchat]

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+ "Its'hak se remit à creuser les puits"

=> Pour quelle raison Its'hak a-t-il fait le sacrifice de revenir pour creuser des puits qui l'avaient déjà été par son père Avraham? Pourquoi n'a-t-il pas fait une pause en attendant de trouver un puits non revendiqué par les Philistins?

-> Le Zohar nous en explique la signification de cette attitude :
Les Patriarches ont creusé des puits afin que tout un chacun puisse en boire. Ainsi, des gens viendraient chez eux et ils pourraient leur enseigner la Torah.
C'est d'ailleurs pour cette raison que les Philistins avaient comblé les puits et s'étaient battus pour eux : ils étaient les émissaires du mauvais penchant, qui lutte contre l'enseignement de la Torah et tente de l'annuler.
Mais Its'hak ne s'est pas laissé impressionner par les embûches du mauvais penchant.

Au contraire, "il se remit à creuser les puits ... Ils ont creusé un autre puits ... Il a creusé un autre puits" = Its'hak n'a pas interrompu sa mission, mais il a poursuivi son chemin malgré tous les obstacles, comme il est écrit : "Le juste tombe 7 fois, et se relève" (Michlé 24,16).

Puis une fois qu'il a creusé le 3e puits, il est écrit : "On ne le disputa pas, il le nomma Ré'hovot" = Cela nous enseigne que si quelqu'un surmonte les obstacles du mauvais penchant, ce dernier finira par l'abandonner et il pourra servir Hachem dans la tranquillité (Ré'hava).

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+ Il leur donna les mêmes noms que leur avait donnés son père"

-> Tous les puits qu'avait creusés Avraham et auxquels il avait donné un nom, bien que les Philistins les aient bouchés et que Its'hak les ait de nouveau creusés, il ne leur a pourtant pas donné un nouveau nom, mais a gardé les noms donnés par son père. Pourquoi cela?
A cause de sa modestie, et à cause de l'honneur dû à son père.

Quelle récompense cela lui a-t-il valu?
Que le nom de tous les Patriarches a été modifié : Avraham s'appelait d'abord Avram puis Avraham, Yaakov s'appelait d'abord Yaakov puis Israël.
Mais Its'hak avait été nommé Its'hak par Hachem avant même sa naissance, et son nom n'a jamais été modifié.
[midrach haGadol]

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+ "Tous les puits creusés par les serviteurs de son père, du temps de son père Avraham, les Philistins les comblèrent en les remplissant de terre" (Toldot 26,15)

-> Its'hak refit creuser ces puits et leur attribua les mêmes noms qu'Avraham leur avait donné (v.26,18). [pour honorer son père]
Ceci nous enseigne qu'il nous faut conserver les coutumes de nos parents, sans les modifier.
Même s'agissant d'une chose aussi triviale que la nomination de puits, Its'hak ne changea pas la coutume instaurée par son père.

Ces puits font également allusion aux nouveaux convertis par Avraham. Ils devinrent les réceptacles de la foi, au même titre que les puits sont des réserves d'eau.
Après la mort d'Avraham, les Philistins les incitèrent à retourner vers l'idolâtrie, ainsi "ils les emplirent de terre". Its'hak les "recreusa" en leur enseignant à nouveau les voies de Hachem.
[rabbénou Bé'hayé - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 26,15]

-> Selon le rav Elimélé'h Biderman, essayer d'adopter des actions vertueuses de ses parents fait partie de la mitsva de kiboud av vaém.
Rabbénou Béha'yé conclut son enseignement ci-dessus ainsi : "C'est peut être pour cette raison que le nom d'Its'hak n'a pas été changé, contrairement aux autres Patriarches".
[Avram a été modifié en Avraham ; Yaakov en Israël. Mais Its'hak a gardé le même nom, car il n'a pas voulu changer même les noms des puits choisis par son père.
Nos Patriarches symbolisent cette notion de fidélité à la tradition, tout en développant chacun ses capacités uniques (chacun est considéré un Patriarche a part entière, car il a fait son chemin personnel, tout en restant fidèle aux valeurs de son père, d'Hachem. [l'eau représente la Torah, ainsi en puisant l'eau dans un puit au nom inchangé, témoigne de l'importance de toujours s'abreuver chez nos Sages, nos anciens])]

-> Il est écrit dans la paracha : "il amena (à manger) à son père (vayavé léaviv - וַיָּבֵא לְאָבִיו) " (Toldot 27,31).
On constate que ces mots peuvent se lire de manière identique dans les 2 sens (palindrome).
C'est une allusion au fait que tout ce que l'on donne à ses parents nous revient ensuite.
Il y a aussi l'idée que si l'on honore son père et sa mère, alors de même nos enfants vont nous honorer en retour.

-> Le 'Hayé Adam (67) écrit :
"Honorer [ses parents] doit se faire avec ses pensées, ses actions et ses paroles.
Les honorer avec ses pensées signifie ... que son cœur doit considérer ses parents comme des gens importants ...
On ne doit pas considérer ses parents comme des personnes médiocres, même si on agit respectueusement envers eux et qu'on leur parle avec révérence.
Chacun a le devoir de considérer ses parents comme des personnes honorables et dignes, même si tous les autres les considèrent comme des personnes tout à fait ordinaires.
Voilà l'aspect le plus important de la mitsva d'honorer ses parents".

-> Essav est connu pour l'exemplarité de l'honneur et du respect qu'il témoignait à son père Its'hak.
Le Yaarot Dvach dit que cet honneur était en réalité loin d'être parfait, car il honorait son père Its'hak uniquement par ses actions et ses paroles, mais pas par ses pensées. Il ne respectait pas Its'hak dans son cœur.

Pour prouver cela, on peut considérer le fait qu'Essav voulait offrir à son père de la viande de chien.
En effet, le Targoum Yonathan (27,31) écrit : "Hachem a empêché Essav de trouver du gibier casher. Il a trouvé un chien, l'a tué, et en a fait avec un appétissant repas, et il l'a amené à son père.
Il a alors dit : "Père, lève-toi et mange du plat de ton fils"."

Ainsi, bien qu'Essav est loué pour le respect à son père (kiboud av), il est évident de cet épisode qu'il n'avait pas dans son cœur une forte admiration pour son père (ce n'est qu'un chien, alors je peux lui donner du chien à manger!).
Tout ce qu'il faisait n'était qu'extérieur, et ainsi nous avons le potentiel d'annuler son mérite.

Le rabbi Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach) écrit : "La puissance d'Amalek vient des mérites d'Essav, du fait qu'il honorait son père Its'hak. D'ailleurs : "Its'hak aimait Essav" (v.22,28).
Essav avait une langue trompeuse, mais en son cœur il n'honorait pas Its'hak.
Aucun de ses actes pour son père ne venait de son coeur, mais seulement de sa bouche."

Le Yaarot Dvach poursuit que c'est pourquoi nous pouvons annuler les mérites d'Essav en servant Hachem avec sincérité, avec notre cœur, avec amour, crainte et joie.
En agissant ainsi nous témoignons que le cœur est le principal, et non les actions/paroles, et nous réduisons d'énormément les mérites qui donnent de la force à Essav.
Mais si nous servons également Hachem uniquement par nos actions, sans y mettre notre cœur, cela implique que nous considérons que les actions et les paroles sont principales.
Tant que nous servons D. extérieurement (paroles, actes), alors le mérite de kiboud av d'Essav reste.

=> Lorsque Its'hak a gardé les noms des puits inchangés, c'est une allusion à cette notion que la source d'eau (la Torah, les larmes/postillons de prière), à la tradition (nos parents qui sont un rang plus proches du don de la Torah, de nos Sages), doit provenir des profondeurs (de notre cœur), et non de la surface (extériorité).

Le Yaarot Dvach dit que nous ne devons pas servir Hachem par routine, nos lèvres bougeant machinalement et notre cœur restant immobile.
La prière est dénommée : "le service du cœur" (avoda chébalev), car l'essentiel provient des sentiments du cœur (ex: la conscience et la joie d'être en rendez-vous privé en face à face avec papa Hachem, qui peut tout nous donner, qui peut tout changer positivement en un instant ...).

Le Yaarot Dvach écrit :
"Cependant en raison de nos nombreuses fautes, les gens sont habitués à marmonner leurs prières, téhilim, ... Les lèvres et la langue bougent sans s'arrêter par la force de l'habitude, et dans le cœur il y a des pensées étrangères ... [ex: physiquement on est à la synagogue, mais notre vrai nous-même à la tête qui voyage bien loin]
Honte à nous le jour du jugement! Lorsqu'on nous montrera toute notre vie et qu'on n'aura que 2 ou 3 prières vraiment prononcées avec kavana, d'un cœur humble, comme si l'on se tenait face au Roi des rois Hachem, sans y mélanger des pensées étrangères et des sujets non liés à la prière ...
Une telle conduite donne des forces à nos ennemies, car nous sommes en exil sous la domination du domaine d'Essav, qui provient de leur ancêtre [Essav] dont sa force était sa bouche. [ex: il excellait dans le kibud av par ses paroles]
Si nous servons Hachem avec notre cœur, il perdra de sa force. Mais si nous nous comportons comme lui, en servant Hachem que par notre bouche, alors le mérite d'Essav reste en place."

"La voix, c’est la voix de Yaakov et les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)
Selon le Yaarot Dvach, cela signifie que si nous avons la voix de Yaakov (kol Yaakov), c'est-à-dire que nous disons des paroles de Torah et que nous prions, c'est certes bien mais tant que nous ne mettons pas notre cœur, alors dans ce cas : "les mains sont les mains d'Essav" (véayadayim yédé Essav) = Essav aura toujours du pouvoir sur nous.
Cependant lorsque nous servons Hachem avec notre cœur, alors le mérite d'Essav est annulé, et Amalek n'a plus aucun pouvoir sur nous.

=> Nous devons retirer la pierre (c'est un des noms du yétser ara) qui empêche de pouvoir extraire du puits de nos profondeurs notre prière, à l'image de nos ancêtres, de nos Patriarches (ils ont institué les 3 prières journalières).

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-> "Its’hak se mit à creuser les puits qui avaient été creusés au temps de son père Avraham et que les Philistins avaient comblés après la mort d’Avraham" (Toldot 26,18)

-> Le Sfat Emet (année 5636) rapporte l’enseignement de la guémara (Béra'hot 16b) : "Ne sont appelés Avot (Patriarches), que les trois". Et il explique que chacun des 3 patriarches était le père d’une voie particulière dans le service d’Hachem qu’il avait lui-même tracée personnellement, sans se reposer sur le mérite de ses ancêtres.

Et c’est ce que veut dire le verset : "Its’hak se mit à creuser les puits" = car il se fatigua par lui-même à creuser et à trouver les puits d’eau vive, sources de la vie authentique.
On sait que les actes des pères sont un signe pour les enfants : cela vient donc nous enseigner la nécessité pour chacun de se donner du mal dans le service d’Hachem. Car c’est là tout l’homme, et c’est dans ce but qu’il a été envoyé dans ce monde, afin de surmonter son yétser ara en combattant ses passions matérielles.
Telle est la volonté Divine : que l’homme soit un combattant qui se fatigue pour Le servir.
La principale satisfaction qu'Hachem retire de lui n’est pas fonction du résultat, mais de la bataille qu’il livre en Son honneur.

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+ Its'hak se remit à creuser les puits qu'on avait creusés du temps d'Avraham ... Il délogea de là et creusa un autre puits qu'on ne lui disputa pas, il le nomma Réhovot, disant : "Pour le coup, Hachem nous élargis, et nous prospérons dans la contrée". (Toldot 26,18-22)

=> Pourquoi la Torah nous informe-t-elle qu'Its'hak creusa des puits? Cette indication ne présente à priori aucun intérêt.

En réalité, ces puits se réfèrent aux temps futurs.
- Le 1er puits fut nommé : Essék (défi - עֵשֶׂק), en référence au premier Temple. [Sa destruction représenta le plus grand défi imposé au peuple juif].
- Le 2 puits : "Sitna" (שִׂטְנָה), correspond au 2e Temple.
Hachem provoqua sa destruction à cause du péché de la haine gratuite, qui incite les hommes à servir la cause du Satan, qui incite les hommes à se quereller sans aucune raison.
- Le 3e puits (du nom de : Ré'hovot - רְחֹבוֹת -> ré'hava = tranquillité), autour duquel il n'y eut aucune dissension, se réfère au 3e Temple dont la construction interviendra lors de l'époque du machia'h, qui sera une période de paix et d'amour, très bientôt avec l'aide de D.
[Méam Loez - Toldot 26,18-22]

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+ "Il monta de là à Béer Chéva" (Toldot 26,23)

-> A Béer Chéva, Its'hak creusa encore 4 puits, correspondant aux 4 campements que les juifs dressèrent dans le désert.
[Avec les 3 puits déjà creusés et ces 4 autres, nous obtenons un total de 7. Ce qui explique le nom de Béer Chéva, signifiant : "le 7e puits".]
Selon une autre opinion, il creusa 5 puits en comparaison aux 5 livres de la Torah.
En effet, les épreuves traversées par nos Patriarches ont une valeur symbolique pour leurs descendants, se référant à certains événements futurs.
[Méam Loez - Toldot 26,23]

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-> Le 'Hafets 'Haïm écrit :
"Les puits d'eau que Its'hak a creusés nous enseignent qu'une personne ne doit jamais arrêter les efforts qu'il a commencés à déployer. Le désespoir et l'échec ne doivent pas le stopper.
Si Its'hak creusait un puits et n'y trouvait pas d'eau, il en creusait un autre.
Et si les gens se battaient pour le puits et clamaient qu'il leur appartenait, alors il en creusait un autre.
Its'hak continuait de creuser jusqu'à finalement trouver un puits, que personne ne contestait, et il l'a appelé : Ré'hovot.
Nous devons agir de même dans nos efforts spirituels ou matériels.
Si une personne étudie la Torah et ne réussit pas, elle ne doit pas s'arrêter d'étudier la Torah, car à la fin elle réussira. Même si au début nous avons du mal à comprendre, au final nous comprendrons bien."

[l'idée est de ne jamais désespérer, de sans cesse repartir de l'avant avec une vigueur renouvelée, et ce jusqu'à réussir.
Aux yeux d'Hachem ce qui compte c'est cet état d'esprit d'investir le meilleur de soi-même, et ce chacun à notre niveau, selon nos capacités.]

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+ Un des décrets des Grecs envers le peuple juif - La vie de famille juive :

La vie de famille juive est basée sur la sainteté et la pureté spirituelle.
Les Grecs tentèrent d’éradiquer cet élément de la vie juive et de saper ainsi la structure familiale du peuple juif.

-> Rachi sur la guémara (Shabbath 23a) : "Les Grecs décrétèrent que toutes les jeunes filles juives qui étaient fiancées devaient rendre visite au gouverneur étranger avant leur nuit de noces."

-> "Il le nomma Ré'hovot, disant : "Pour le coup, Hachem nous a élargis et nous prospérerons dans la contrée" (Toldot 26,22)
Le Baal haTourim commente : Le 3e puits creusé par Its‘hak est appelé Ré‘hovot.
Cela renvoie au futur : lorsque les Grecs décrétèrent que les épouses juives ne pouvaient pas s’immerger [dans un mikvé] afin d’empêcher les juifs d’avoir des enfants. [et d'ainsi diminuer la population juive pratiquante]
D. fit un miracle et chaque famille trouva un mikvé (source d'eau) dans sa propre maison.
[cela leur a permis de se multiplier, en lien avec le verset : "nous prospérerons dans la contrée"]

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-> Le Rokéa'h (Toldot 26,22) dit que la Torah rapporte que les Pélichtim se sont battus sur les quelques puits que Its'hak a creusé, car chacun correspondait à un exil futur de sa descendance.
En ce sens, le 3e puits qu'il a creusé, sur lequel il n'y a pas eu de dispute ("creusa un autre puits, qu'on ne lui disputa point ; il le nomma Re'hovot" - v.22), correspond au 3e exil : celui de Yavan, qui s'est terminé par la victoire des juifs sur les grecs, leur permettant ensuite d'étudier la Torah en paix.

"Essav, entendant les paroles de son père, poussa des cris bruyants et douloureux et il dit à son père : 'Moi aussi bénis-moi mon père!' " (Toldot 27,34)

-> Le midrach sur ce verset, déclare que le machia'h viendra uniquement lorsque les larmes d'Essav cesseront de couler.
[de même le Zohar (Chemot 12,2) dit : "Quand les larmes versées par Essav devant son père seront terminées, alors ils seront délivrés"]

Le rabbi Shmelke de Nikolsbourg (Imré Chmouël) s'interroge : "Mais qu'en est-il des larmes que les juifs versent jour et nuit dans leurs prières et leurs suppliques vers D.?
Pourquoi Hachem n'y fait pas attention? Pourquoi les larmes des juifs ne peuvent-elles pas neutraliser celles des enfants d'Essav?
Après tout, la Halakha a établi la règle qu'une substance est neutralisée si elle est mélangée avec une autre substance dans une proportion d'un soixantième.
Or, le volume des larmes des juifs est supérieur à 60 fois celui des larmes d'Essav."

Le Imré Chmouël répond :
Les substances qui sont différentes sont annulées dans une proportion d'un soixantième, les substances de même espèce ne sont pas annulées même dans une proportion d'un millième.

Essav a versé ses larmes en implorant pour des biens matériels.
Malheureusement, les juifs ont aussi pleuré pour des bien matériels et des possessions terrestres.
La raison pour laquelle les larmes des juifs ne peuvent pas neutraliser celles d'Essav est que les 2 types de larmes sont de même nature, et les substances de même nature ne peuvent pas s'annuler mutuellement.

=> Le message sous-tendu par le midrach est que les juifs doivent cesser de verser les "larmes d'Essav", des larmes qui sont versées pour des biens matériels.
Au lieu de cela, un juif doit déplorer l'exil de la Présence Divine et ses propres erreurs dans le domaine spirituel. Ce n'est qu'à cette condition que le machia'h viendra.

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-> "Essav poussa de grands cris amers"

-> Nos Sages (Yalkout Chimoni 115) expliquent que c'est Yaakov qui a été la cause des cris d'Essav.
C'est pourquoi, à l'époque d'Esther, Mordé'haï dut pousser de grands cris amers pour implorer Hachem de sauver le peuple d'Israël.
De plus, Essav versa alors 3 larmes qui sont la source de toutes les souffrances que ses descendants ont fait subir aux juifs.

=> Pourtant, Yaakov a agi sur l'ordre de sa mère Rivka qui par prophétie lui avait demandé de recevoir les bénédictions à la place d'Essav. Par ailleurs, Yaakov était obligé de se faire passer pour Essav, afin de recevoir les bénédictions pour lui et ses descendants, le peuple d'Israël, objectif de la création du monde.
De plus, seul Essav a souffert du stratagème de Yaakov : pourquoi les descendants de Yaakov seraient-ils punis depuis de si nombreuses générations?

Le rav Réouven Grozovsky répond à ses questions :
A l'image de son Créateur, l'homme doit avoir pitié de son prochain (guémara Shababth 133b) et lui prodiguer sans cesse du bien : heureux soit celui qui fait preuve de bonté, et malheur à l'homme qui punit son prochain, même s'il s'agit d'un goy.
De plus, nos Sages (guémara Shabbath 149b) affirment que celui qui causa de la douleur à autrui, même indirectement, ne sera pas introduit près de Hachem dans le monde futur.

=> C'est pourquoi, même si Yaakov obéit à l'ordre de sa mère Rivka, la prophétesse, il fut néanmoins la raison des cris d'Essav, et la souffrance d'une créature formée à l'image de Hachem est infinie.
Le rav Grozovsky conclut que, à contrario, celui qui prodigue du bien à son prochain sera récompensé par un salaire éternel.

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+++ Bénédictions d'Its'hak à ses enfants -> Quelques points de récit du côté d'Essav :

+ "Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, va aux champs, et prends du gibier pour moi. Fais-m'en un ragoût comme je l'aime, sers-le moi et que j'en mange, afin que mon cœur te bénisse avant ma mort" (Toldot 27,3-4)

-> A l'époque de la guémara ('Houlin 30b), les hommes savaient abattre rituellement un animal en tirant une flèche pour lui trancher la gorge. Cette flèche avait une longue lame, comme celle d'un couteau d'abattage.
Cette lame devait être aiguisée de façon à ne présenter ni ébréchure ni le moindre défaut.
On pointait alors avec une précision la flèche en direction de l'animal de sorte que sa lame lui tranchait la gorge aussi bien qu'un abatteur rituel. On tuait les oiseaux de la même manière.

Cela nécessitait une adresse extraordinaire. Si l'on bandait son arc trop fort ou pas assez, ou encore si on tirait sa flèche sous un mauvais angle, on risquait de rendre impur l'animal.
=> C'est pourquoi Its'hak avertit Essav de chasser avec précaution afin qu'il lui amène un animal pur (cashère).
[Méam Loez - Toldot 27,3-4]

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+ "Comme Its'hak avait achevé de bénir Yaakov, il arriva que Yaakov était sorti précisément de devant Its'hak son père, lorsque son frère Essav revint de la chasse" (Toldot 27,30)

-> La tente d'Its'hak comportait 2 entrées, c'est pourquoi Essav ne vit pas Yaakov sortir ...

Lorsqu'on pénètre dans une maison en venant de l'extérieur, on ne voit pas suffisamment. Essav n'aperçut pas Yaakov, mais ce dernier vit son frère, car quiconque se tient dans l'ombre peut voir quelqu'un se trouvant dans la lumière.
[...]

Le retour d'Essav prit plus de temps que prévu, car sa chasse fut sabotée.
A chaque fois qu'il piégeait un oiseau ou un petit animal, un ange venait derrière et le relâchait. Ceci pour permettre à Yaakov de recevoir les bénédictions.

Essav, voyant qu'il ne pouvait attraper d'animaux cashers, prit un de ses chiens de chasse et l'égorgea. Tel fut la viande qu'il servit à son père.  (cf. Targoum Yonathan 27,5)
Cependant, Its'hak était suffisamment perspicace pour se méfier d'une semblable ruse.
[Méam Loez - Toldot 27,30]

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+ "Essav dit à son père : "Ne possèdes-tu qu'une seule bénédiction mon père? Mon père, bénis-moi aussi!"
Et Essav éclata en pleurs." (Toldot 27,38)

-> Trois larmes jaillirent des yeux d'Essav. Une coula sur sa joue droite, l'autre sur la joue gauche et la 3e resta entre ses yeux.
Si la 3e larme était tombée, les juifs n'auraient jamais échappé à l'esclavage d'Essav.

Israël ne sera pas libre tant que les larmes d'Essav n'auront pas séché ...
Ces larmes versées par Essav nous ont fait subir de nombreux malheurs.
[Selon le Zohar,] elles prouvaient combien il désirait cette bénédiction, et il en résulta l'asservissement d'Israël. Etat dans lequel nous resterons jusqu'à notre repentir complet quand nos larmes compenseront les siennes.
[Méam Loez - Toldot 27,38]

[cela met également en avant le fait que même si nous avons les meilleures justifications au monde, le fait de faire honte à son prochain (même s'il est racha comme Essav), aura des répercutions néfastes sur nous.
Combien devons-nous éviter à tout prix de causer le moindre sentiment de honte à notre prochain!]

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+ "Pour réponse, Its'hak son père lui dit : "Une grasse contrée sera ton domaine et les cieux t'enverront leur rosée. Mais tu ne vivras qu'à la pointe de ton glaive et tu seras tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s'en affranchira"."(Toldot 27,39-40)

-> Rachi commente :
- Une grasse contrée = Ce sont les provinces grecques de l’Italie.
- Lorsque tu auras plié (tarid) = c'est une expression de douleur ... c’est-à-dire que lorsqu’Israël transgressera la Torah et que tu auras des raisons de te plaindre des bénédictions qu’il a reçues, [alors] "tu briseras son joug de dessus ton cou" [tu leur causeras de la douleur].

[ => Si nous respectons les mitsvot alors "Tu (Essav) serviras ton frère (Yaakov = les juifs)", mais sinon Essav a alors la capacité de nous persécuter. C'est ainsi que tout ne dépend que de nous, de notre comportement!]

-> Its'hak bénit Essav : "Tu vivras à la pointe de ton glaive" = Yaakov détenait une épée qui avait appartenu à Adam.
Parmi les choses que Yaakov donna à Essav en échange de son droit d'aînesse, figurait cette épée. C'est pourquoi Its'hak lui annonça qu'il ne pourrait vivre que grâce à cette épée, puisqu'il avait tout perdu à cause d'elle.
[Méam Loez - Toldot 27,39-40]

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-> Le Arizal (Ets 'Haïm - chaar 32) explique que l'épisode des bénédictions se reproduit dans les mondes supérieurs chaque jour. Essav vient réclamer les bénédictions et perçoit des voix angéliques de délivrance qui lui disent "va à la chasse", c'est alors qu'il s'empresse de sortir dans la joie pour accomplir sa mission, alors arrive Yaakov à qui les bénédictions sont données, puis lorsqu'Essav revient de la chasse et qu'il apprend que Yaakov a reçu les bénédictions, un cri immense retentit.
Le lendemain la scène se reproduit car Essav oublie chaque jour ce qui s'est passé la veille (la source de l'oubli provenant des klipot [force du mal/impureté]).

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-> "Essav dit à son père : n'as-tu qu'une seule bénédiction, mon père" (Toldot 27,38)

-> L'Admour Shalom de Belz disait : la guématria du nom Its'hak a pour valeur numérique 208, qui est équivalent à 8 fois le Nom d'Hachem : יהוה soit 26 x 8 = 208.
Chaque Nom d'Hachem est une bénédiction en soi. Yaakov a pour valeur numérique 182, qui est équivalent à 7 fois le Nom d'Hachem : יהוה soit 26 x 7 = 182. Yaakov n'a donc reçu de son père Its'hak que sept bénédictions avec le Nom de D.
S'il en est ainsi, il reste donc chez Its'hak un Nom d'Hachem qui n'a pas été utilisé dans les bénédictions accordées à Yaakov, celui-ci étant le huitième Nom contenu dans le nom d'Its'hak.
C'est là le sens du verset: "N'as-tu qu'une seule bénédiction mon père?" = Essav dit en fait à son père : il te reste une bénédiction avec le Nom d'Hachem que tu n'as pas transmise à Yaakov.

-> Its'hak savait par prophétie que le peuple juif serait exilé dans l'avenir. Il s'est dit : "Mes enfants seront exilés dans des conditions difficiles, il est préférable qu'ils soient exilés chez leur frère Essav à qui je vais transmettre la bénédiction de la subsistance pour que durant l'exil ils puissent être accueillis sur une terre qui ne manque pas de subsistance."
Its'hak avait l'intention d'alléger la punition des enfants d'Israël durant leur exil.
[Chaaré Ora]

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+ "Essav prit Yaakov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait accordée." (Toldot 27,41)

-> Essav n'honora son père que jusqu'au moment de la bénédiction de Yaakov. Après cet événement, il devint totalement irrespectueux envers Its'hak.
[Yéfé Torah - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 27,41]

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+ "Que les jours de deuil de mon père approchent pour que je tue Yaacov mon frère" (27,41)

-> Une des explications pourquoi Essav voulait attendre la mort de son père pour tuer Yaakov est que d'après la Torah, quelqu'un qui perd un proche (D. Préserve) doit appliquer pendant 7 jours les règles de deuil, il doit rester assis par terre, sans se laver et sans sortir de chez lui ...
Ainsi, si Essav tuait Yaakov, après la mort de ce dernier, il devra appliquer ces lois de deuil. Puis, quand plus tard Its'hak mourra, il prendra de nouveau les règles de deuil. Mais Essav n'était pas intéressé à s'endeuiller à 2 reprises, du fait de toutes les restrictions liées au deuil.
Ainsi, il projeta d'attendre la mort d'Its'hak et là, il tuera Yaakov. Puisque ces 2 personnes seront mortes en même temps, Essav pourra se contenter de s'endeuiller qu'une seule fois, pour les 2.
Il cherchait donc à s'alléger de toutes les lois difficiles de deuil. Il ne voulait pas s'imposer toutes ces restrictions deux fois différentes.
[Chakh]

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Le Kli Yakar (Toldot 27,41) explique qu’Essav désirait que le deuil de son père arrive rapidement afin que le mérite de l’étude de la Torah, interdite durant les jours de deuil, cesse de protéger Yaakov qu’il pourrait alors aisément attaquer.

Dans l’ouvrage Dérekh Si’ha, est rapportée une question qu’on posa à rav ‘Haïm Kanievsky chelita : même durant les chiva, il est permis d’étudier certains sujets, ainsi comment dire qu’Essav comptait sur le fait que Yaakov ne jouirait plus du mérite de l’étude?
Rav ‘Haïm répondit qu’il est interdit d’étudier durant les jours de deuil, à l’exception des lois qui sont d’utilité présente. Cette étude est assimilable à celle des femmes qui ne vise qu’à savoir comment observer les mitsvot. Il ne s’agit pas d’une étude répondant à l’obligation d’étudier la Torah, aussi n’est-elle pas suffisante pour nous octroyer la protection.

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-> L’auteur du Sia’h Yaakov Yossef explique les intentions d’Essav. A priori, nous pouvons nous demander pourquoi il n’a pas immédiatement mis ses desseins à exécution et a voulu attendre la mort de son père pour le faire.

Il explique le raisonnement d’Essav : s’il tuait Yaakov dès le moment où il en conçut le projet, les gens l’auraient critiqué, car de quel droit tuer un frère innocent (comme dans l’histoire de Caïn et Hével, retenue comme un drame).
C’est pourquoi il eut l’idée d’attendre le décès de son père. Le Shabbat précédant la askara, pensa-t-il, il irait à la synagogue avec Yaakov, auquel on donnerait certainement l’honneur d’être l’officiant, de réciter le Kadich et d’être appelé pour le maftir lors de la lecture de la Torah.
Ce serait alors le moment idéal pour se quereller avec lui, en réclamant lui aussi de tels honneurs. Dans ce désordre, il en profiterait pour le tuer. Sans doute, une partie des fidèles lui donneraient raison pour son dévouement témoigné à l’égard de son père.

Tel est donc le sens de notre verset : Essav désirait attendre le deuil de son père pour tuer son frère, car dans ces circonstances, on en viendrait sans doute à louer son meurtre.

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-> "Que s'approchent les jours du deuil de mon père, que je tue Yaakov mon frère" (Toldot 27,41)

Selon le sens simple, Essav voulait attendre la mort d'Its'hak avant de tuer son frère pour ne pas causer de la peine à son père.
Mais ce verset vient aussi transmettre une autre leçon en allusion.
Tant qu'un homme est dans la joie, rien de mal ne peut lui arriver. Hachem le protégera pour qu'il puisse toujours rester joyeux. Mais quand sa joie s'arrête, seulement là il deviendra vulnérable et les dangers de la vie pourront l'atteindre.

Ainsi, Essav savait qu'il ne pouvait rien faire à Yaakov tant qu'il servait Hachem dans la joie.
C'est pourquoi, il dit : "Que s'approchent les jours du deuil de mon père", car alors Yaakov en sera peiné et attristé. Et si sa joie s'affaiblira, alors il deviendra vulnérable. Et de ce fait, il deviendra possible "que je tue Yaakov mon frère".
[d'après le rav Mikaël Mouyal]

"Les enfants d'Israël descendirent s'approvisionner de blé" (Mikets 42,5)

-> Le terme : "lichbor" (לשבור), que l'on a traduit par : "s'approvisionner", signifie littéralement : "casser".
En effet, les tribus accordaient beaucoup d'importance au fait de biser leurs désirs. Or, comme en Canaan où ils vivaient, il y avait la famine, cela n'était pas quelque chose de grand que de se priver des plaisirs de la nourriture dans un endroit où il n'y a pas de quoi manger.
C'est pourquoi, ils se rendirent en Egypte, où se trouvaient largement de quoi manger, pour se confronter au plaisir de manger. Et ainsi, lorsqu'ils se limiteraient dans ce plaisir malgré l'abondance, cela sera vraiment un mérite.

=> C'est à cela que fait allusion ce verset : "Les enfants d'Israël (Yaakov => les frères de Yossef) descendirent "casser" le blé", c'est-à-dire qu'ils descendirent en Egypte, où il y avait la largesse, pour "casser" et briser le désir de manger. Car c'est surtout quand il y a la largesse qu'il est méritant de s'éloigner des plaisirs de ce monde.
['Hidouché haRim]

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-> "[Yaakov dit : ...] J'ai entendu qu'il y a du blé en Egypte, descendez là-bas ... les frères de Yossef partirent à dix, pour s'approvisionner en grain en Égypte" (Mikets 42,2-3)

Le terme : "lichbor" (s'approvisionner - לשבור) signifie littéralement : casser/briser.
Ainsi, si l'on brise le mot : "Egypte" (mitsaïm - מצרים), on obtient la valeur numérique de : "kets" (קץ - la fin, le terme), soit : 190.
C'est une allusion aux 190 ans que D. a enlevé du compte des 400 ans, pour qu'il ne reste que : 210 ans.
[Rachi (v.42,2) commente : "descendez là-bas" (rédou chama) = Yaakov ne leur dit pas : "Allez!", mais "Descendez!" (rédou).
La guematria de "rédou" (רְדוּ) est 210, allusion aux 210 ans que durera l’esclavage d’Egypte.]

['Hatam Sofer]

Dans les lois de tsaraat, on nous dit : "le Cohen mettra la lèpre en quarantaine" (הנגע את הכהן והסגיר - Tazria 13,4)
Ceci est inexact puisque c’est la personne qui est en quarantaine et non l’affliction.

Une réponse donnée est que nous devons séparer la personne du נגע (néga). C’est-à-dire que son péché ne fait pas partie d’elle. Il y a la personne et ce qu’elle fait, et elle ne se résume pas à ses actes.
De même, si un enfant est pris en train de tricher à un test, il ne faut pas dire qu’il est un tricheur mais plutôt qu’il a triché. De cette façon, il n’est pas identifié comme un tricheur, mais c’est uniquement son méfait qui est ainsi pointé.
[d'après rav Yéhochoua Alt]