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"Hachem dit à Moché : Viens chez Pharaon (bo él Pharaon - בֹּא אֶל-פַּרְעֹה)" (Bo 10,1)

-> Viens chez Pharaon : Si l'on va littéralement dans le mot : Pharaon (פַּרְעֹה), on a :
- la lettre pé qui s'écrit pleinement : פה, et sa lettre interne est le : ה ;
- la lettre réch s'écrit en totalité : ריש, avec en intérieur : יש ;
- la lettre ayïn s'écrit pleinement : עין, avec intérieurement : ין ;
- la lettre hé s'écrit en totalité : הא, avec à l'intérieur : א.

Lorsque l'on va à l'intérieur du mot (dans) : Pharaon, on obtient les lettres : ה ; יש ; ין et א, qui ont une guématria totale de : 376.
C'est la même que : Essav (עשו), c'est-à-dire : Edom, qui est le dernier exil. ["Essav, c’est Edom" - Vayichla'h 36,1]

=> Cela fait allusion au fait que nous serons délivrés de l'exil d'Edom par ces mêmes plaies.

Littéralement les mots : בֹּא אֶל-פַּרְעֹה (Viens chez Pharaon) signifient : בֹּא (guématria de 3) chez פַּרְעֹה (valeur de 355), soit : 358, qui est celle de : machia'h (משיח).

[le Gaon de Vilna]

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-> "Hachem dit à Moché : Viens chez Pharaon"

Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne que Hachem ne dit pas à Moché : "Va chez Pharaon", car on ne peut jamais s’éloigner du Créateur, Sa gloire emplissant le monde entier.
C’est pourquoi Il lui dit : "Viens chez Pharaon", sous-entendu : "Viens avec Moi chez Pharaon, car Je suis à tes côtés en tout lieu où tu te rends."

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-> La phrase "Viens chez Pharaon" sous-entend : "Allons-y, Moi et toi".
Pourquoi Hachem devait-Il accompagner Moché?
Parce que ce dernier ne voulait plus se rendre chez Pharaon : il s'était tellement sanctifié avec la 7e plaie que ses yeux ne supportaient plus de voir la face d’un racha.
[Zohar - 2e partie, 34a]

-> Le rav David Pinto commente :
Hachem signifiait par cela à Moché : "J'entrerai en premier chez lui et Je supprimerai l'écorce qui l'entoure. Alors, vous pourrez entrer à votre tour sans aucune crainte."
Il est fait allusion à cette idée dans le mot "Bo" (בֹּא) : la lettre "beit" (ב - de valeur
numérique deux) est une allusion à Moché et Aharon, et le "aleph" (א - de valeur numérique un) est une allusion au Maître du monde, à l'Unique (Hachem).
[...]
Selon la guémara (Kidouchin 30b) : "Le yétser ara cherche chaque jour à nous vaincre et à nous tuer, et sans l’aide de Hachem, nous ne pourrions pas le vaincre".
[Pharaon symbolise le yétser ara] ...
Hachem a créé le yétser ara pour qu'il nous importune : de notre côté, nous devons nous éveiller et nous battre contre lui.
En voyant cela, Hachem renforce le yétser ara pour qu'il continue à nous contrarier.
Mais si nous ne cessons pas de lutter et de nous opposer à lui, Hachem nous devance et détruit l'écorce du yétser ara.
En conséquence de l'apparition de la Présence Divine, nous recevons des forces de sainteté exactement au moment où l'écorce se soumet.

["Viens chez Pharaon" = si tu fais l'effort de lutter contre ton yétser ara, alors Hachem vient avec toi et anéantit le yétser ara.
Ceci permet à Hachem de nous donner le meilleur sans que cela le soit gratuitement ("pain de la honte"), mais basé sur ce que nous avons pu faire. (la joie est totale car nous avons l'impression de le mériter, même si en réalité sans D. nous en pouvons rien!)]

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-> "Hachem dit à Moché : Viens chez Pharaon" (bo él Pharaon - בֹּא אֶל-פַּרְעֹה)"

Le Noam Elimélé'h explique que : "bo" signifie aller d'une façon répétée, tandis que "lé'h" (לך) signifie y aller qu'une seule fois.
Hachem demande à Moché d'aller souvent chez Pharaon.
Pourquoi cela?

Pharaon représente le yétser ara.
Or, il est marqué : "Viens chez Pharaon car j'ai endurci son cœur".
Nous devons tous les jours se parler à soi-même des paroles de émouna, de crainte d'Hachem, ... et alors avec le temps elles vont finir par entrer dans les profondeurs de notre être, de notre cœur.
[et alors Pharaon laissera partir les Bné Israël = notre yétser ara nous laissera plus facilement faire la volonté de D.]

Nos Sages disent qu'il ne suffit pas de mettre les téfilin sur la tête, mais nous devons également internaliser le message que les téfilin nous enseignent.
Par exemple, les téfilin doivent nous rappeler tous les jours, encore et encore, que c'est Hachem qui nous a fait sortir d'Egypte, qu'Il peut absolument tout faire, que rien ne se passe sans un décret de Sa part ...
Au fur et à mesure, nous ne mettons plus les téfilin sur la tête, mais bien dans la tête!

-> Le Baal haTanya fait remarquer que dans la 1ere phrase du Shéma, le mot : "é'had" (אחד) a un dalét (ד) qui est écrit en grand. Cela ressemble à un marteau, allusion à l'idée qu'il faut marteler tous les jours ces notions de l'Unicité d'Hachem, pour que cela pénètre vraiment en nous.

-> "éémanti ki adaber" (J’ai de la émouna car je parle – Téhilim 116,10)
Le rav Lévovitz explique que le fait de parler de la émouna amène sur nous de la émouna.

"Pourquoi est-ce que nous remercions Hachem d'avoir entraîné les égyptiens à nous haïr?

La réponse est que lorsque nous essayons de nous assimiler, comme les juifs l'ont fait en Egypte, alors Hachem s'assure que nous ne soyons pas acceptés (par eux)"

[Beit haLévi - Rabbi Yossef Dov haLévi Soloveitchik]

Les chiens & l’Egypte

"Quant aux enfants d'Israël, pas un chien n'aboiera contre eux" (Bo 11,7)

-> "Selon nos Sages (guémara Baba Kama 60b) : "Lorsque le prophète Eliyahou arrive dans une ville, les chiens se mettent à jouer gaiement, mais quand vient l’ange de la mort, ils poussent des cris plaintifs".

Durant cette nuit en Egypte, la guéoula des juifs se déroula en même temps que la mort des premiers-nés égyptiens, ce qui a entraîné que les chiens étaient confus.
[devaient-ils être heureux de la présence de Eliyahou haNavi ou bien triste par celle de l'ange de la mort?]

En résultat de cela : "pas un chien n'aboiera" (11,7) = tous les chiens en Egypte ont gardé leur bouche fermée"

[Rabbi Aharon Yaakov Greenberg - Itouré Torah]

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-> Le 'Hatam Sofer explique que durant la nuit de Pessa'h, les chiens virent 2 choses simultanément : d'un côté, la destruction qui vint frapper l'Egypte, comme il est écrit : "Et Il ne laissera pas le destructeur entrer dans vos maisons pour frapper" (Bo 12,23). Les chiens qui virent l'ange de la mort auraient dû aboyer.
Mais d'un autre côté, Hachem descendit en Personne, comme il est dit : "Moi et non un ange ... Moi et non un envoyé ... Je suis Hachem ... et non un autre" (Ramban - Bo 12).
Lorsque Hachem descendit, Il était accompagné par 9 000 myriades d'anges, avec évidemment parmi eux, Eliyahou haNavi.

A ce moment précis, les chiens se retrouvèrent dans une confusion totale car d'un côté, ils devaient aboyer, mais de l'autre, ils devaient se réjouir ; alors que firent-ils?
Finalement, ils se turent et restèrent silencieux.

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-> Rabbi David Feinstein est d'avis que c’est une preuve que seul Hachem est intervenu en cette nuit (ni l'Ange de la mort, ni Eliyahou haNavi n'étant présent).

-> Diverses statues d'animaux surplombaient les portes de la capitale égyptienne.
Ces statues possédaient des pouvoirs magiques : si un esclave tentait de s'enfuir, l'animal émettait des sons qui ameutaient les gardes, et était imité des voix de tous les animaux de la même espèce.
Hachem avait prévu le départ des juifs par la porte surmontée des statues de chiens. Bien que ces bêtes fassent généralement davantage de bruit que les autres animaux, ils allaient rester totalement silencieux cette nuit-là.

Moché dit au nom de D. : "Contre les juifs, pas un chien n'aboiera, qu'il soit homme ou bête" (v.11,7) = Que le chien fût né d'un animal, ou qu'il fût taillé dans la pierre par un homme et doté de pouvoirs magiques, il allait demeurer silencieux.
Bien que la voix de ces chiens [dotés de pouvoirs magiques] s'entendit habituellement à des centaines de kilomètres, ces chiens allaient rester muets cette nuit-là.

Selon d'autres, les "chiens" mentionnés dans ce verset font allusion aux égyptiens eux-mêmes. Ils méritaient ce qualificatif pour s'être moqués de Moché et avoir eu l'audace de le chasser après son entrevue avec Pharaon.
Moché leur dit : "Pas un de vous, espèces de chiens, n'osera élever la voix contre un juif, homme ou bête" ...
Moché s'adressait à "l'homme et à la bête", aux chiens pourvus de 4 pattes comme à ceux munis de 2 pieds. En effet, comme Hachem avait totalement soumis l'Egypte au pouvoir de Moché, ce dernier n'eut aucune crainte à les qualifier de chiens.
[Méam Loez - Bo 11,6-7]

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b'h, voir également :
- https://todahm.com/2017/02/19/41349
- De la gratitude : même envers les animaux : https://todahm.com/2015/02/16/de-la-gratitude-meme-envers-les-animaux

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-> Dans le livre Chem Michimon sur le Pérek Chira, l'auteur demande : pourquoi Rabbi Yéchaya s'étonna-t-il précisément du chant du chien et non pas de celui du serpent, qui nous fit fauter et engendra la mort dans le monde?

Il cite un commentaire inédit au nom du Mabit.
Dans les Pirké Dérabbi Éliézer (chap.11), il est rapporté qu'après que D. créa Adam Harichone et lui insuffla un souffle de vie en lui octroyant une âme, la taille de l'homme était d'un bout du monde à l'autre. Les créatures le voyaient et le craignaient, ils pensaient qu'il était leur créateur et tous se prosternaient devant lui.

Adam leur disait : « Vous vous prosternez devant moi ? Venez avec moi, vêtissons-nous honorablement pour faire régner notre Créateur, comme le fait un peuple à l'égard de son roi. »
Adam partit et fit régner D., lui et toutes les créatures à sa suite.
Ils s'exclamèrent : « L'Éternel règne, de majesté Il est revêtu.

Le Mabit nous révèle que tous se prosternèrent excepté le chien.

Soudain, Rabbi Yéchaya entendit que les chiens, qui n'avaient pas entonné de chant depuis la création du monde, commencèrent à chanter. Que dirent-ils ? « Allons ! Prosternons-nous, inclinons-nous, agenouillons-nous devant l'Éternel, qui nous a créés. »

Comment est-ce possible ? Les chiens sont effrontés, pendant deux mille quatre cent quatre-vingts ans, ils n'ouvrirent pas leur gueule et soudainement, ils se souvinrent du Créateur du monde ? Que se passa-t-il ?

L'ange dit à Rabbi Yéchaya : depuis 'Habakouk Hanavi, D. ne délivra pas ce secret ! Je te le dévoile : les chiens reconnurent D. depuis le jour où ils sortirent d'Égypte, quand D. leur ordonna de ne pas aboyer cette nuit-là.

S'ils n'avaient pas reconnu D., ils auraient dit : "Nous ne sommes pas prêts à recevoir des instructions, personne ne nous commande ... "
Mais les chiens reconnurent la présence du Créateur, ils se soumirent et se turent.

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-> Le Sifté Cohen nous apporte un merveilleux enseignement (au début de la Parachat Chémot) : avant l'esclavage, l'Égypte était complètement ouverte.
Chacun pouvait y entrer et y sortir à sa guise. C'est ce à quoi fait allusion le mot « Mitsraima»: le « Mem» est ouvert au début et à la fin du mot.
Mais dès que l'esclavage débuta, le mouvement devint à sens unique. On pouvait y entrer, mais pas en sortir, car les portes de l'Égypte étaient scellées par des sorcelleries, pour que personne ne s'évade. C'est l'allusion du mot « Mitsraïm » : le « Mem » est ouvert au début, mais fermé à la fin.
Comment cela marchait concrètement?

Les égyptiens créèrent, par un tour de magie, des formes d'homme et d'animaux qui étaient gravées dans les dix portes de l'Égypte. Au premier portail était dessinée la forme d'un cheval, au deuxième celle d'un âne, au troisième celle d'un chien. Il y avait aussi le dessin d'un chien, d'un lion, d'un agneau, d'un taureau, d'un chameau, d'un mulet, accompagnés d'une forme d'être humain. Si quelqu'un s'échappait, l'animal qui se tenait au portail se mettait à crier. Ainsi, tous les animaux de la même espèce se mettaient à crier. Ils repéraient quelle porte le fuyard avait empruntée et ils pouvaient ainsi le poursuivre.

Mais lorsque les Bné Israël sortirent d'Égypte, D. indiqua à Moché de sortir précisément par la porte où apparaissait la forme du chien, pour montrer les prodiges de D. et diffuser le miracle : que même le chien, le plus éhonté des animaux, est soumis à D., qui domine toutes les forces du monde. D. fit comprendre à Pharaon : Je vais t'infliger une plaie, mais pas seulement à toi, même à tes chiens en lesquels tu croyais tant. Je t'avertis par quelle porte les enfants d'Israël sortiront et à quel moment. Tu t'apercevras que les chiens seront muets de stupeur et ne pourront rien faire, comme il est écrit (11; 7) : « Quant aux enfants d'Israël, pas un chien n'aboiera contre eux » : depuis la forme de l'homme dessinée sur chaque portique jusqu'aux diverses espèces d'animaux apparaissant aussi sur les portails.

Pourquoi les chiens n'aboyèrent-ils pas?

Rabbénou Béhayé rapporte un commentaire selon la Torah ésotérique.
Le chien est un animal matériel, motivé par un pouvoir destructeur, force qui n'est jamais assouvie. Lorsque le cadavre d'un animal ou la chair d'un animal impropre à la consommation se détériore, la Torah ordonne de les donner au chien.

Lors de la plaie des aînés, l'attribut de justice était en vigueur et tous les premiers-nés périrent. Puisque le pouvoir destructeur provient de l'attribut de justice, les chiens crièrent lors de la deuxième garde de la nuit. C'est ce que nous enseigne le Talmud (Bérakhot 3a) que lors de la deuxième garde de la nuit, les chiens crièrent, car ils virent l'ange de la mort arriver sur l'Égypte. Nos Sages (Baba Kama 60a) nous dévoilent que lorsque les chiens aboient, c'est l'ange de la mort qui arrive dans cette ville !

Le trait de caractère des chiens est donc la justice et s'ils aboient lors de la deuxième partie de la nuit, cela nous apprend que l'attribut de justice est en vigueur à ce moment-là.

Le grand miracle fut qu'ils aboyèrent aux visages des Egyptiens, mais non à ceux des enfants d'Israël. C'est ce que dit le verset (id.) : « Quant aux enfants d'Israël, pas un chien ne remuera la langue.... afin que vous reconnaissiez combien l'Éternel distingue entre Mitsraim et Israël. » À cet instant, les Égyptiens furent très sévèrement jugés et les chiens aboyèrent vis-à-vis d'eux alors que les enfants d'Israël firent l'objet de miséricorde. C'est pour cela que les chiens se tinrent muets de stupeur lorsqu'ils franchirent le portique.

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=> Posséder un chien dans une maison est-il bien ou néfaste ?

-> La guémara (Shabbat 63a) contient des paroles caustiques envers celui qui possède un chien. Il affirme que celui qui élève un chien chez lui empêche la bonté de résider dans sa demeure... Rav Na'hman au nom de Rav Its'hak dit qu'il enlève aussi la Crainte du Ciel.

Pourquoi élever un chien est-il une entrave à la générosité? Comment cela retire-t-il aussi la Crainte du Ciel?

Le Maharal dans son livre Nétivot Olam (Nétiv Ha'hessed 85) nous enseigne un principe fondamental. Toutes les créatures détiennent du bien et de la bonté, excepté le chien qui n'a rien de bon. C'est l'essence du chien et en particulier s'il s'agit d'un chien méchant. Celui qui possède une telle créature dans sa demeure et lui donne une place fait fuir la bonté de son foyer.

Il n'y a plus de Crainte du Ciel, car le chien, qui est foncièrement mauvais, n'est pas considéré comme une partie intégrante du monde.
Hachem est la cause de tout et de ce fait, la Crainte du Ciel s'étend sur tout l'univers... Mais le chien, éloigné du monde, qui entre dans une maison enlève la Crainte du Ciel qui s'y trouve.

C'est la raison pour laquelle le chien aime son maître, car il est sous sa direction et il n'est pas soumis au monde que D. dirige. Il affectionne son maître plus que tout et le suit partout. En élevant un chien chez soi, la Crainte du Ciel disparaît.

Le chien croit que ses moyens de subsistance proviennent de ses maîtres et non d'Hachem. Il se révolte ainsi contre D. en disant : "Je n'ai pas besoin de Toi, j'ai mon propre maître!" C'est un mauvais chien, il annihile de la maison de l'homme toute Crainte du Ciel, tout acte de générosité et toutes les bénédictions.

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+ La médisance :

-> Le "chien" fait allusion au péché de la médisance, selon l’affirmation : "Celui qui émet du lachon hara mérite d’être jeté aux chiens" (guémara Pessa’him 119a), parce que ses paroles sont assimilables à des aboiements.

-> Lorsque les juifs sont sortis d’Egypte, les chiens ont réussi à se contrôler en n’aboyant pas.
Hachem a donné à l’homme un intellect, et cependant il est incapable de se contrôler et de refuser d’écouter celui qui lui dit du lachon ara.
Il devient alors même inférieur à un chien.
[le Maharal – rapporté par le ‘Hafets ‘Haïm]

En ce sens, le Séfer 'Harédim (chap.33) enseignent que ceux qui disent du lachon ara sont souvent réincarnés en chiens, et pire encore, ils souffrent alors énormément du fait qu’ils se souviennent de leur réincarnation précédente en tant qu'être humain.

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.40,8) affirme qu'une des raisons pour lesquelles les juifs ont mérité d'être libérés d'Egypte est car : ils se sont écartés de toute médisance.
De même, le midrach (Vayikra rabba 32,5) rapporte que les juifs en Egypte n'ont pas dit de lachon ara sur autrui, et qu'ils ont résidé ensemble dans la paix.

=> "aucun chien n’a aiguisé sa langue" = puisque qu'aucun juif n'a aiguisé sa langue contre un autre juif, alors de même Hachem n'a pas aiguisé sa langue contre eux!

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+ La vérité :

-> "Contre tous les enfants d’Israël, aucun chien n’a aiguisé sa langue (לֹא יֶחֱרַץ-כֶּלֶב לְשֹׁנוֹ)" (Bo 11,7)

Le mot pour : "chien" (kélev - כֶּלֶב) peut également se lire : "comme le cœur" (ké lév).
Le verset peut alors se comprendre différemment : kélev léchono (כֶּלֶב לְשֹׁנוֹ) : "comme le cœur (était) la langue (léchono)".

Ce que les juifs ressentaient dans leur cœur était ce qu'il exprimait avec leur bouche.
Leur bouche et leur cœur étant unis dans l’honnêteté et ils étaient totalement attachés à la vérité.

C'est pour cette raison qu'ils ont mérité une protection supplémentaire et que tous les jugements difficiles ont été éliminés.

-> Le Déguel Ma'hané Ephraïn continue en disant que c'est l'application du principe suivant :
"Beaucoup des soucis qui arrivent sur quelqu'un sont dus au fait qu'il est ancré dans le mensonge et qu'il ne s'attache pas à la vérité.
En effet, les mots de sa bouche et son cœur ne sont pas en accord.

Une personne dont la bouche et le cœur sont en cohérence, aura la capacité d'annuler tous les jugements difficiles qui sont sur elle.
Ainsi, le fait de parler des paroles de vérité et de sincérité, a le pouvoir d'entraîner la disparition de ses soucis."

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+ La joie complète :

Au regard de l'énorme joie de sortir d'Egypte après un terrible esclavage, qu'est-ce que cela peut changer que les chiens n'ont pas aboyé?

-> Rabbi Zelig Pliskin répond que Hachem voulait que leur joie soit maximale, à 100%, avec aucune réduction (même minime) en raison de la peur d'entendre tous les chiens d'Egypte aboyer en même temps.

Nous devons apprendre de là que lorsque notre prochain est en train de vivre une occasion particulièrement joyeuse, nous devons faire attention à ne pas lui diminuer sa joie (ex: si un de ses enfants revient avec une super note, ne venons pas lui dire que la majorité de la classe a également eut une bonne note ; si quelqu'un est fier de son nouveau vêtement, ne lui disons pas qu'il aurait pu l'acheter moins cher ailleurs, ...).

-> "Le visage d'une personne est un lieu public (réchout harabim).
Nous devons faire attention à toujours montrer aux autres un visage heureux, car un visage triste entraîne une certaine transmission de cette tristesse à autrui. Or, nous n'avons pas le droit de causer de dommages (nézek) à une propriété publique."
[rabbi Yé'hiel Mordé'haï Gordon]

Les chiens nous apprennent qu'il faut faire attention à nos expressions externes (irritation, tristesse, ...), car cela a le pouvoir de se trasmettre chez nos frères juifs. (en voyant autrui triste, on peut en venir à rechercher dans notre vie des raisons justifiant de la tristesse, ... une spirale négative est enclenché!)
Sachant que nous devons aimer notre prochain, pourquoi leur transmettre de tels sentiments?

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+ La gratitude :

-> b'h, dvar Torah : https://todahm.com/2015/02/16/de-la-gratitude-meme-envers-les-animaux

"Afin que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils que Je Me suis joué de l'Egypte" (Bo 10,2)

-> "Le terme : "afin que" (oulmaan - וּלְמַעַן) n'apparaît dans la Torah qu'à une seule autre reprise : "afin que vous prolongiez vos jours" (Ekev 11,9).

Chaque personne possède un nombre d'années de vie prédéfinies.
Cependant, même si quelqu'un a pu vivre une vie longue et bien remplie, s'il enseigne à ses enfants la Torah, alors Hachem lui prolonge sa vie (au-delà de ce qui était prévu initialement).

=> On peut allonger ses jours si l'on raconte de la Torah à ses enfants, et aux enfants de tes enfants.

[le Pardes Yossef - rabbi Yossef Patzanovsky]

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-> b'h, autre divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2018/01/01/5966-2

"Hachem parla à Moché : ... tiens-toi devant Pharaon" (Vaéra 9,13)

-> Le midrach rapporte que l'entrée de la porte du palais de Pharaon était très basse, afin que tout celui qui voulait y pénétrer était obligé de se prosterner devant une idole égyptienne qui faisait face à cette porte.

Cependant, lorsque Moché et Aharon se sont approchés de cette porte, elle est miraculeusement devenue plus haute, et ils n'ont même pas eu besoin de baisser leur tête pour entrer.
[surtout qu'ils avaient tous les deux une taille d'environ 5 mètres (10 coudées)]

-> Le Alshich haKadoch dit que c'est ce que Hachem signifie lorsqu'il dit à Moché : "tiens-toi devant Pharaon" = lorsque tu arriveras devant lui, tu n'auras pas besoin de te prosterner, vas-y en te tenant bien droit [fier de ton patron : Hachem!].

Le Alshich rapporte qu'il en a été de même lorsque Yaakov a rencontré Pharaon. Hachem a produit un miracle en agrandissant la porte du palais, afin de le dispenser de se prosterner devant les idoles.
En effet, il est écrit : "Yossef amena Yaakov, son père, et le présenta en se tenant debout devant Pharaon" (Vayigach 47,7).

[Pharaon représente le yétser ara.
Le message est que lorsqu'il nous arrive de faire face au yétser ara, il faut bomber le torse, avoir la tête haute : être fier de ses origines (je suis juif! mon père c'est Hachem!), et avoir conscience que nous devons donc agir avec toute la grandeur qui va avec (tu connais la valeur d'une mitsva! comment puis-je faire un acte si bas pour mon rang si élevé de juif?)]

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni 181), nous rapporte quelques miracles qui se déroulèrent à l'occasion de cette visite chez le roi d'Egypte :
"Le palais de Pharaon possédait 400 portes, et chacune d'elles était gardée par des lions, des ours et des bêtes sauvages qui ne laissaient personne entrer, à moins qu'on ne leur amène de la viande à manger.
Lorsque Moché et Aharon arrivèrent, toutes les bêtes se rassemblèrent, elles se frottèrent à leurs jambes et les accompagnèrent jusqu'à Pharaon."

On apprend également dans ce midrach, que c'était le jour d'anniversaire de Pharaon, et que tous les rois de l'Est et l'Ouest s'étaient réunis en son honneur.
En voyant Moché et Aharon arriver dans la salle du trône, ils leur apparurent comme des Anges célestes, leurs yeux brillaient comme le soleil, ...
Ils furent saisis de tremblements et se prosternèrent devant eux.

Le midrach (Yalkout Chimoni 176) nous enseigne qu'au début l'ensemble des 71 Anciens accompagnèrent Moché et Aharon, mais au fur et à mesure qu'ils prenaient conscience des dangers auxquels ils s'exposaient, ils se sont tous désistés.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2015/02/16/2717

"Le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons" (Vaéra 7,12)

-> "Normalement, lorsque quelqu'un vainc une autre personne, la "dévorant", il est habituel que le vainqueur se remplisse d'orgueil, de fierté du fait de sa victoire (je suis le meilleur!).
Cependant, lorsque le bâton de Aharon a avalé ceux des magiciens de Pharaon, son bâton n'est pas devenu plus gros, ni n'a montré aucun changement de sa taille. Il est resté "humble".

Cela est un rappel au fait que de même que son bâton n'a pas grossi, de même Aharon ne s'est à aucun moment rempli de fierté, ni n'a changé sa nature humble, alors qu'il avait lui-même réalisé cet énorme miracle."

[le Maguid de Jérusalem - Rabbi Shalom Mordé'haï haCohen Schwadron]

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+ Pourquoi les bâtons se sont-ils changés particulièrement en serpents?

Le rav Shimshon Pinkous donne la réponse suivante.

-> "Hachem dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres : tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie." (Béréchit 3,14)

Rabbi Mendel de Kotzk enseigne que le serpent se déplace horizontalement en regardant toujours vers le bas (la terre, la matérialité), et il ne lui manque jamais de nourriture (il y a plein plein de poussière!).
A l'inverse, les autres animaux sont dépendants de l'aide de Hachem pour trouver leur nourriture, ce qui leur permet de développer une relation spéciale avec D.

=> Ainsi, les serpents ont la pire des malédictions : ne pas pouvoir se tourner, se lier toujours davantage avec Hachem.
[à l'image d'un père disant à un enfant : "Tiens 10 millions d'euros, mais que je ne te revois plus jamais!"]

-> Rachi explique que la 1ere plaie (le sang) était dirigée spécifiquement contre le Nil, qui était une divinité chez les égyptiens, en raison du fait qu'il ne pleuvait jamais en Egypte, et le Nil était ainsi leur unique source d'eau!

Rav Chimchon Pinkous explique que symboliquement cela ressemble au serpent. Puisqu'il ne pleuvait jamais dans ce pays, les égyptiens ne devaient jamais lever les yeux vers le Ciel (la spiritualité) pour espérer de la pluie, vitale à l'agriculture.
En résultat de cela, ils n'avaient aucune dépendance avec Hachem, puisque tout ce qui se passait dans leur vie pouvait s'expliquer scientifiquement, et apparaître à leurs yeux comme totalement naturel.
[comme le serpent, ils étaient tournés vers la terre (matérialité), et ils ne manquaient pas d'eau (abondance du Nil) les empêchant d'entretenir une relation personnelle avec Hachem]

=> La sortie d'Egypte n'était pas qu'une libération physique d'un esclavage atroce, mais cela représentait également un départ philosophique plus profond.
C'était quitter un monde vide de spiritualité, dans lequel tout est compris et expliqué selon la science et la nature, pour une nouvelle réalité dans laquelle nous déclarons avec confiance que Hachem dirige chaque aspect de l'univers (petit ou grand) et de notre vie quotidienne.
Que nous sommes fiers d'être Son peuple élu.

[le serpent représente également tout]

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“Prends ton bâton, lance-le devant Pharaon et il deviendra un serpent" (Chémot 7,9)

Rabbi Méïr Shapira de Lublin y voyait une allusion au fait que l’entourage a beaucoup d’influence sur l’homme, pour le meilleur et pour le pire.

Ainsi, même le bâton de D. sur lequel le Tétragramme était gravé, si on le lance devant Pharaon, dans un environnement criminel et dépravé, deviendra un serpent, une bête féroce.
Cependant, ce serpent venimeux se transformera de nouveau en bâton de D. si ce sont les mains de Moshé qui le tiennent.

De même, Moshé fait comprendre à Pharaon que le peuple juif, lorsqu’il sera coupé de l’influence néfaste de l’Egypte (représentée par le serpent : le yétser ara, l'immoralité, ...), pourra s’élever à des sommets de spiritualité.

-> Le Imré 'Haïm (Toldot), au nom du 'Hatam Sofer, rapporte que Avraham ne pouvait pas imaginer que son fils Its'hak pouvait être influencé par Ichmaël.
Its'hak était un tsadik, et sa sainteté et son énorme sagesse allaient très certainement l'immuniser des mauvaises influences.
Cependant, Hachem était d'accord avec Sarah, et Il a dit à Avraham : "Tout ce que te dira Sarah, écoute-la!".
En effet, même le plus grand des tsadik peut être négativement influencé par un mauvais environnement.
Personne n'en est immunisé!

[à l'inverse un lieu particulièrement vertueux, a la capacité de nous tirer vers le haut!]

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-> b'h, divré Torah également sur ce sujet :
- https://todahm.com/2015/02/16/2725
- https://todahm.com/2018/03/04/6277

-> "10 objets furent crées la veille du Shabbath [de la Création] au crépuscule. Ce sont : la manne, le bâton [de Moché], ..." (Pirké Avot 5,6)]

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"Ils jetèrent chacun son bâton et ils se transformèrent en serpents et le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons" (v.7,12)

-> Rachi : Redevenu bâton, il a avalé tous les autres.
[le midrach précise que le bâton d'Aharon qui avait repris sa forme de bâton, a avalé les autres bâtons qui avaient encore l'apparence de serpents. L'exploit est qu'un bâton inerte avalait des créatures vivantes!
Le 2e miracle est que le bâton d'Aharon a avalé de nombreux serpents sans changer d'aspect.]

-> Le midrach rapporte :
"Un grand miracle se déroula avec le bâton : bien qu'il ait englouti tous les autres bâtons jetés à terre, qui étaient nombreux au point de pouvoir former 10 bottes, il ne s'épaissit pas pour autant.
Et tous ceux qui le voyaient pouvaient sans hésitation affirmer : "Celui-ci est le bâton d'Aharon"."

=> Le Béer Yossef dit que le message est le suivant : les égyptiens au lieu d'avoir été un bâton docile, il se sont transformés en bourreaux impitoyables qui frappent sans motif, à l'image du serpent.
Le bâton d'Aharon symbolise les tourments (les 10 plaies), qui vont être si terribles, que les souffrances qui ont pu être imposées aux juifs (les coups de "bâtons" des égyptiens), vont être "avalées" par ce bâton, puisque comme oubliées en comparaison de la grandeur et de l'intensité des plaies.

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-> Le midrach (Chémot rabba 9,6) rapporte que lorsque le bâton d'Aharon se transforma en serpent :
"A cet instant, Pharaon commença à les tourner en dérision, et à glousser comme une poule.
Il leur dit : "En général, on amène de la marchandise là où elle fait défaut. Ne savez-vous pas que j'ai la connaissance de toutes les sorcelleries?"
Sur le champ, il fit appeler des écoliers qui firent de même.
Bien plus : il fit appeler sa femme et elle aussi réalisa ce même prodige, tout comme des enfants de 4 et 5 ans."

Le rav Yé'hezkel Levinstein dit qu'e l'on peut apprendre 2 leçons sur la nature humaine, applicables chez chacun d'entre nous :
1°/ D. met un homme à l'épreuve, et Il lui laisse la possibilité de se tromper.
En effet, l'épreuve a pour objectif de déterminer si l'homme optera pour les fausses apparences ou bien s'il consentira à voir la main de D. (la Vérité ou l'illusion).

Ici, la seule présence miraculeuse de Moché et Aharon dans la salle du Trône du palais (sans avoir reçu aucune invitation!) aurait dû suffire à le convaincre.
(la prédiction des magiciens sur la venue du sauveteur juif est clairement en train de se réaliser, cf. les nombreux miracles pour entrer et parvenir jusqu'à Pharaon, l'apparence d'anges Divins de Moché et Aharon, ...).
=> La malveillance de son cœur l'a aveuglé, l'empêchant de voir l'évidente réalité, préférant se réfugier dans ses illusions!

2°/ Lorsqu'un homme s'engage dans une voie erronée, il lui est quasiment impossible de rebrousser chemin et de reconnaître qu'il a tort.
A l'image d'un joueur au casino qui sans cesse se persuade de : "je vais me refaire" causant une augmentation de ses pertes ; un homme dans le faux se persuade d'être sur le bon chemin, en utilisant tout argument venant défendre sa cause.

Ce principe est clairement illustré par Pharaon, où chaque plaie ne suffit pas à lui faire reconnaître qu'il s'est trompé, lui faisant payer ainsi un prix très cher.

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-> Lorsque Aharon jettera son bâton devant Pharaon, celui-ci deviendra un serpent.
Ceci symbolise Pharaon : un serpent peut perdre sa peau mais il reste le même serpent. Pharaon semble changer d'attitude et mais il reste toujours le même.

De plus, lorsque Aharon attrapera le serpent, il se transformera à nouveau en un bâton de bois.
Bien que Pharaon semble à présent aussi meurtrier qu'une vipère, lorsque vous l'attraperez, il ne sera pas plus dangereux qu'une baguette de bois.

Le 1er signe sera le bâton pour montrer à Pharaon que Hachem le frappera comme un chien.
Mais puisqu'il est roi, il n'est pas convenable de le lui dire ouvertement.
Le bâton est un signe pour lui faire comprendre cela [indirectement].
[...]

Hachem avait une importante raison d'employer le symbolisme d'un bâton se transformant en serpent.
Lorsqu'une personne se prosterne devant D., elle doit complètement se pencher en avant de sorte que toutes ses vertèbres se courbent.
Lorsqu'ensuite elle s'incline, elle doit être droite, le dos raide comme un bâton, mais lorsqu'elle se relève, elle doit le faire petit à petit, comme un serpent se redresse.
Telle est la façon dont on doit se pencher pendant la amida (guémara Béra'hot 12b ; Ora'h 'Haïm 113,6).

Pharaon avait nié l'existence de Hachem et dit : "Qui est D. que Je doive écouter Sa voix?" (Chémot 5,2).
On lui montra donc le signe d'un bâton transformé en serpent, comme pour dire : "C'est ainsi que tu te prosterneras devant Hachem. Tu te courberas comme un bâton et tu te redresseras comme un serpent. Ce sera un signe que tu te seras totalement soumis D."
[Méam Loez - Vaéra 7,8-10]

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-> "Quand Pharaon vous parlera en disant : produisez un prodige pour vous" (Vaéra 7,9)

-> Le rabbi Shalom de Belz enseigne :
On peut s'interroger. Pharaon aurait dû plutôt demander : "Produisez un prodige pour nous"! Car Moché devait prouver aux égyptiens qu'il est réellement l'envoyé d'Hachem.
En fait, Pharaon était tellement racha et ne cherchait tellement pas à changer et à croire en Hachem, que même si on lui apportait toutes les preuves les plus convaincantes, il ne croira toujours pas.
Seulement, dans son hérésie, Pharaon suspecta que même Moché et Aharon ne croient pas vraiment. Même eux ont en fait besoin d'une preuve et d'un prodige pour se convaincre.
"Produisez un prodige pour vous" = car pour nous, cela ne servira à rien. Mais par contre vous, vous en avez besoin.

-> Le Haflaah explique également :
"Produisez un prodige pour vous" = Donnez un signe pour vous-mêmes.
En effet, la force de l'impureté de l'Egypte était devenue si puissante que Pharaon osait tenté d'éveiller en Moché et Aharon des doutes sur le pouvoir de Hachem.
Pharaon leur disait : Vous-mêmes, vous ne croyez pas à ce que vous dites, vous-mêmes vous avez besoin, pour ainsi dire, d'un signe.

-> "Quand Pharaon vous dira : faites-vous un prodige" (v.7,9)
Le Noam Elimélé'h explique :
Logiquement, Pharaon aurait dû plutôt dire : "Faites-nous un prodige"!
En fait, la différence entre un prodige réalisé par de la sorcellerie et un miracle réalisé par un Juste envoyé par Hachem, consiste en la connaissance du sorcier de son tour de magie. Il sait bien que ce n'est que mensonge. Ainsi, il n'est nullement impressionné par son prodige.
En revanche, le Juste qui réalise un miracle, reste toujours émerveillé par la grandeur d'Hachem Qui réalise ce prodige. Il ne sait jamais à l'avance tout ce qu'Hachem fera et en sera toujours impressionné.
Ainsi, Pharaon dira à Moché et Aharon : "Faites-vous un prodige" = c'est à dire : réalisez une merveille qui sera une source d'étonnement pour vous aussi, et non pas uniquement pour les égyptiens. Cela sera une preuve que ce signe sera d'origine Divine, et non pas l'effet de la sorcellerie.

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"Le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons" (Vaéra 7,12)

=> Pourquoi Hachem a-t-il demandé à Aharon de faire ce miracle, et non pas à Moché?

Le Maharil explique qu'une personne ne peut pas réaliser un miracle plus d'une seule fois.
Or, Moché avait déjà fait ce même miracle au buisson ardent : "il le jeta à terre et il devint un serpent" (Chémot 4,3), et ainsi il ne pouvait plus le refaire.

Pour prouver cela, le Maharil rapporte l'épisode d'Elicha avec le fils de la Choulamite qui était mort (Méla'him II 4,20-37).
Lorsque Elicha a entendu ce qui s'était passé, il a donné son bâton à son serviteur Gué'hazi, et lui a demandé de le placer face au visage du garçon, ce qui le ramènera à la vie.
Cependant, lorsque Gué'hazi a fait cela, rien ne se passa, jusqu'à ce que Elicha lui-même intervienne et ressuscite l'enfant.
Pourquoi le plan initial n'a-t-il pas fonctionné?

Le Panéa'h Raza explique que Gué'hazi était sceptique sur la capacité du bâton d'Elicha à faire revivre les morts, à tel point que Gué'hazi l'avait déjà utilisé en le plaçant sur un chien mort, qui est effectivement revenu à la vie.
Cependant, puisqu'il avait déjà réalisé ce miracle une fois, il ne pouvait plus le refaire une 2e fois sur le fils décédé de la Choulamite.

Le Panéa'h Raza ajoute que cela explique également pourquoi Bil'am n'a pas utilisé son pouvoir de malédiction son âne lors de son obstination à ne pas poursuivre son chemin.En effet, s'il l'utilisait une fois à ce moment, il ne pourrait plus le faire ultérieurement en maudissant le peuple juif.

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+ Pourquoi Hachem fit-Il une telle chose : que le bâton d'Aharon n'a pas grossi, même après avoir avalé de nombreux autres bâtons des sorciers égyptiens?

-> Le Imré Chefer dit que le bâton d'Aharon était destiné à réaliser de grands et nombreux miracles.
Si ce bâton avait grossi après avoir avalé les bâtons des égyptiens, certains auraient pu croire que c'est la présence des bâtons égyptiens dans le bâton d'Aharon, qui a permis de réaliser ensuite toutes ces merveilles.
Dès lors, le dégât aurait été important, car, au lieu de reconnaître la Main d'Hachem et Sa Toute-Puissance, Qui réalise les miracles qu'Il souhaite, certains auraient pu penser que c'est la force de la sorcellerie d'Egypte,
incarnée par ces bâtons, qui a contribué à tout cela.
=> C'est pourquoi, Hachem fit disparaître toute trace des bâtons des égyptiens dans le bâton d'Aharon, pour qu'on sache bien que la sorcellerie égyptienne n'a aucune présence dans ce bâton, et tous les miracles qui seront accomplis par son intermédiaire, ne viennent que d'Hachem, et aucunement de par la force d'une quelconque sorcellerie.

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-> Le Ktav Sofer explique que le bâton d'Aharon symbolise le Pouvoir Divin, alors que les bâtons des égyptiens symbolisent le pouvoir de Pharaon. Le fait que le bâton d'Aharon avale ceux des égyptiens fait allusion au fait que le Pouvoir Divin va dominer l'Egypte.
Mais quand un roi domine un autre roi, cela peut se faire de 2 façons : soit le 1er roi domine et soumet le second, qui continue à exister mais se plie au 1er roi. Mais, il est aussi possible que le roi dominant fasse totalement disparaître l'existence du second royaume.
Ainsi, si le bâton d'Aharon avait grossi, cela aurait signifié que le Pouvoir Divin dominera celui de Pharaon tout en maintenant son existence. Mais, Hachem avait prévu que suite aux 10 plaies, Il allait complètement anéantir le
royaume d'Egypte, qui allait cesser d'exister (dans l'Histoire, l'Egypte dont on parlera après est un peuple tout à fait différent).
=> C'est pourquoi, le bâton d'Aharon n'a pas grossi, pour signifier que le pouvoir de l'Egypte n'aurait plus aucune existence et serait anéanti. On ne pouvait même plus distinguer leur présence dans celui d'Aharon.

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-> Le Béer Yossef compare ce passage au rêve de Pharaon dans la paracha de Mikets, quand les vaches maigres dévorèrent les vaches grasses, et qu'elles ne grossirent pas. Cela signifiait que les années de famine allait être tellement dures qu'elles allaient faire oublier les années d'abondance.
Il en est de même concernant les bâtons. Le bâton d'Aharon c'est le bâton qui frappera l'Egypte, alors que les bâtons des égyptiens symbolisent les coups et les souffrances que les égyptiens imposèrent au peuple juif.
Le bâton d'Aharon avala ceux des égyptiens sans grossir = cela fait allusion au fait qu'Hachem se prépare à frapper l'Egypte de coups et de plaies tellement durs et tellement redoutables, que ces coups feront même oublier les souffrances que les égyptiens imposèrent aux juifs pendant cet esclavage.
Les souffrances qu'Hachem enverra à l'Egypte seront bien plus terribles que celles que l'Egypte fit endurer aux juifs au point que ces dernières seront même insignifiantes comparées à celles qu'Hachem leur imposera.

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-> Le Imré Emet explique qu'à travers l'esclavage et les souffrances en Egypte, il s'avéra que le peuple juif se sépara intrinsèquement de l'Egypte et des autres peuples, au point qu'ils ne puissent plus se mélanger et s'assimiler dans aucun autre peuple.
En effet, plus les juifs tentèrent de se fondre à l'Egypte, et plus on les fit souffrir, leur faisant ainsi comprendre qu'ils ne peuvent pas se mélanger.
A la fin de l'exil d'Egypte, Israël fut constitué en tant que peuple ne pouvant définitivement plus jamais recevoir une influence étrangère. Dès lors, quand les juifs essaieront de s'assimiler et de suivre les influences extérieures, on leur rappellera toujours leurs particularités.
Le peuple Juif ne peut plus s'imprégner réellement des influences étrangères des nations du monde.

=> Le bâton d'Aharon symbolise le peuple juif et les bâtons des égyptiens représentent les influences des nations étrangères, en l'occurrence de l'Egypte.
Le bâton d'Aharon avale les bâtons des égyptiens sans grossir, car les influences et les traces étrangères ne peuvent pas s'imprégner ni s'installer au sein du peuple juif.
Après la sortie d'Egypte, le peuple juif est devenu un peuple à part, séparé de tous les autres, et ne pouvant plus être influencé par aucun "bâton" étranger.

"Je vous prendrai pour Moi comme peuple ... et vous saurez que Je suis Hachem votre D." (Vaéra 6,7)

Hachem est au-delà de toute pensée. En effet, personne ne peut concevoir Hachem par la pensée, tellement Il est élevé.
Malgré tout, Il nous a donné Sa Thora, et par elle, c’est-à-dire en la saisissant et en la comprenant, on peut parvenir également à "saisir" Hachem.

C'est pourquoi, il n'est possible de connaître Hachem qu'à travers la Torah, car de par Lui-même, Il n'est pas perceptible.

Cela est en allusion dans ce verset :
- "Je vous prendrai pour peuple" = cela fait référence au don de la Torah ;
- "et vous saurez que Je suis Hachem" = c’est par la Torah que l’on peut prétendre"saisir" et connaître la Réalité Divine.

[Kédouchat Lévi]

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-> "Je vous prendrai Moi comme peuple, Je serai pour vous D." (Vaéra 6,7)

-> A première vue, il semblerait que les mots "comme peuple" soient en trop dans le verset puisqu'il aurait suffi à la Torah de mentionner "Je vous prendrai pour Moi, Je serai pour vous vous D."
On peut expliquer que le mot : "lé'am" (comme un peuple - לעם) est composé des mêmes lettres que le mot "amal" (labeur/effort - עמל), car Hachem notre D. nous a délivrés d'Egypte pour que nous puissions mettre nos forces et nos efforts au service de la Torah.
Nos Sages ont enseigné à propos du verset : "Parce que l'homme est né pour l'effort" (Iyov 5,7) : l'homme a été créé uniquement pour ressentir l'effort de l'étude de la Torah et de l'accomplissement des commandements.
Ainsi le mot "li" (pour moi - לי) de notre verset a une valeur numérique de 40 qui correspond aux 40 jours d'attente en vue du don de la Torah mais également aux 40 jours qui permettent la formation d'un embryon.
L'homme est né pour appartenir à Hachem et accomplir la Torah et les commandements. C'est ainsi qu'il prendra intégralement part au peuple d'Israël.
[Dorech Tsion]

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-> "Je vous prendrai pour Moi comme peuple" (vélaka'hti ét'hem li léam - וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם).

Les 1eres lettres de ces 4 mots permettent de former : Elloul (אלול), le mois durant lequel nous devenons proche de Hachem par nos prières et notre téchouva.

Cela fait allusion à la promesse que D. a fait : si nous faisons une téchouva sincère, alors Il nous prendra pour Lui comme Sa nation choisie (en amenant immédiatement le machia'h!).

[le Bné Yissa'har - Rav Tzvi Elimélé'h Shapira de Dinov - Igra déKalla]

"Et aussi (végam), j'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël" (Vaéra 6,5)

Que nous apprend le mot : "et aussi"?
Qu'a entendu Hachem en plus du gémissement de chaque juif, entraîné par le terrible esclavage?

Le Séfer Ki Ata Imadi apporte la réponse suivante.

En réalité, chaque juif entendait les gémissements des autres juifs.
Bien qu'étant dans la même situation, chaque juif était sensible à son prochain dans la douleur et il disait : "J'espère que cela puisse être plus facile pour lui. Je prie pour que Hachem allège son fardeau."

Lorsque D. a entendu cela, Il a déclaré : "Je veux "aussi" y être inclus. Lorsque tu ressens la charge de ton ami, malgré le fait que tu as le même problème, alors Je veux "aussi" venir aider."

C'est peut être une illustration des paroles de nos Sages : "Toute personne qui prie pour un besoin de son prochain, alors qu’elle en a elle-même besoin, se verra exaucée en 1er" (guémara Baba Kama 92a).

=> Ce qui a véritablement permis d'entendre les gémissements des juifs, c'est lorsque chacun s'inquiétait pour son frère dans la douleur. Hachem est alors venu pour aider tout le monde.

De même dans notre vie, en étant sensible aux malheurs d'autrui, cela va éveiller la compassion de Hachem également sur nous, et on se donne ainsi les moyens de se débarrasser de nos propres malheurs.

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b'h, à ce sujet :
- https://todahm.com/2016/10/18/4883-2
- ou également : https://todahm.com/2014/10/23/allons-hessed

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-> "Toute personne qui prie pour un besoin de son prochain ... "
Le Kéhilat Yaakov (Yom Kippourim - Drouch 18) dit que le terme "prochain" fait référence à Hachem, et qu'ainsi la guémara signifie que si quelqu'un prie pour Hachem, s'il prie pour la gloire de D. et non pas pour son propre honneur, alors il sera répondu en 1er.
[Hachem est appelé "prochain" (akhi'ha), comme dans le verset : "N'abandonne ni ton ami ni l'ami de ton père" (Michlé 27,10)]

[en priant pour une chose dans un but spirituel, comme moyen permettant de pouvoir (mieux) faire la volonté de D. et d'ainsi grandir Son Nom dans le monde, alors nous avons la certitude d'être répondu.
A l'inverse en priant pour une même chose uniquement dans un but de satisfaire son égo, alors il nous est plus dur de l'obtenir. ]

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-> Nos Sages expliquent que le mot "aussi" employé dans le verset vient suggérer que telle est la conduite du Créateur : lorsqu'un homme entend la plainte de son prochain, le prend en pitié, lui vient en aide, le libère de la peine et de la souffrance qui l'accablent et le respecte à sa juste valeur, alors "Hachem aussi" écoutera sa propre souffrance, le secourra et le délivrera avec miséricorde ...

Lorsqu'un juif agit envers ses frères juifs avec bonté et leur prodigue du bien, alors Hachem lui dit : "Moi aussi, Je suis ton Père et Je me comporterai avec toi tel qu'il est écrit : "comme un Père qui prend ses fils en pitié" (Téhilim 103,13)."
[Plus on se comporte avec un autre juif comme s'il était notre frère adoré, plus Hachem se comporte avec nous en tant que père, qui plus est au comble de la joie de voir une bonne entente entre ses enfants (iIl donne alors largement à tous indépendamment de nos actions/mérites)]
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le rav Yaakov Edelstein bénéficiait d'une force du Ciel de voir s'exaucer toutes les bénédictions qu'il faisait.
Il expliqua au rav Wozner qui souhaitait en connaître la raison :
"Un nombre important de personnes viennent chez moi et j'écoute chacune d'entre elles avec une patience infinie. Personne ne sort de chez moi sans avoir été écouté d'une oreille attentive du début à la fin.
C'est pourquoi dans le Ciel on dit : "Ecoutons patiemment tout ce qu'il a à dire et accédons à ses requêtes et à ses prières!"

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-> Hachem dit : "J'ai entendu les plaintes des enfants d'Israël.
En plus de les délivrer, J'ai pris le temps d'écouter leurs prières.
Ceci est en soi très important et montre combien Je les estime.
En effet, si Je les avais délivrés uniquement à cause de Ma promesse aux Patriarches, Je n'aurais pas pris le temps d'écouter leurs prières. Et c'eût été comme si Je ne voulais pas les regarder".
[Méam Loez - Vaéra 6,6-8]

+ "La valeur numérique du mot : Israël (ישראל) est de 541.
La guématria de : un feu (éch - אש) est de 301.

Si tu retires à un juif son feu interne, ce qui signifie que tu déduis 301 de 541, alors il te reste : 240, qui est la guématria de : Amalek (עמלק).

Or, il est écrit dans la Torah : "Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek, lors de votre voyage, au sortir de l’Egypte ; comme il t’a surpris chemin faisant (achèr kar’ha badéré’h)" (Ki Tétsé 25,17-18).
Rachi commente : Ce mot (surpris - kar'ha) contient une connotation de froid (kar - קר) ... il t’a refroidi et tiédi alors que tu étais bouillant.

Amalek a refroidi notre passion, notre amour pour D. et Ses mitsvot.
A l'opposé, notre travail permanent est d'entretenir notre feu interne d'excitation et de passion à faire la volonté de Hachem.

[adapté d'un dvar Torah de Rabbi Avraham 'Haïm Feuer]

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-> Le mot חיים (la vie) a en son centre le nom de D. (יי), et de part et d’autre le mot : חם (‘ham) : chaud.
Dans la vie, il faut mettre au centre de tout Hachem et l’entourer de beaucoup de chaleur …

–> "Façonnée dans le feu, la Torah aime le feu : le feu de l’enthousiasme, le feu de l’ardeur."
[Rabbi Elimelé'h de Lizensk]

–> "Autrefois, le mikvé (bain rituel) était glacé et il en sortait des hommes chauds pour la prière ; aujourd’hui, il est chaud et il en sort des hommes de glace."
[citation hassidique]

"Malgré le fait que les juifs n'ont pas écouté leurs dirigeants [rapportant les paroles de D.], "à cause d'un souffle court et du travail pénible" (Vaéra 6,9), Hachem a ordonné à Moché et à Aharon de continuer à leur parler.

La raison est que les mots de D. ont toujours un impact et produisent un effet ; si ce n'est pas immédiatement, cela le sera plus tard.
En effet, les mots saints ne sont jamais perdus, et au final ils sont entendus."
[Sfat Emet]

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-> "Chaque mot de Torah prononcé, chaque mitsva réalisée a une influence sur l’intériorité de l’être.
De la même façon que l’effet du médicament n’est pas immédiatement perceptible, ainsi il en est pour l’éducation : l’effet ne se fait pas sur le champ, mais il est certain qu’avec le temps il se fait ressentir."
[Rav Chimchon Pinkous]