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"Tu réprimanderas ton prochain." (Kédochim 19,17)

-> La guémara Yébamot (65b) nous enseigne :
"De même qu'il est une mitsva de dire ce qui sera entendu par le destinataire de la réprimande, de même est-ce une mitsva de ne pas dire ce qui ne sera pas entendu. "

-> Le Séfer ha'Hinou'h (commandement n°239) explique :
"Si les remontrances se révèlent sans effets : soit parce que leur destinataire n'est pas disposé à les entendre, soit parce qu'il est violent et dangereux ; il n'y a pas d'obligation de le réprimander. [...]
Il faut bien considérer si nos paroles seront efficaces avant de les adresser à celui qui a péché, et placer notre confiance en D., afin qu'Il nous aide à lutter contre Ses ennemis.

Et si le pécheur se repent, sa récompense sera immense."

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-> La guémara Baba Métsia (31a) affirme : "Réprimande-le même 100 fois, s'il le faut!"

Le Saba de Kelm nous précise que cela nous renseigne sur la manière dont nous devons procéder pour formuler une remontrance.

= Il ne faut pas l'émettre d'un coup, en une fois.
Mais nous devons la morceler, et l'adresser par petites doses ("même 100 fois, s'il le faut!").

Telle est la façon la plus efficace de toucher l'auditeur et de l'influencer positivement.

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-> Le rav Aharon Kotler nous explique qu'il est préférable d'influencer positivement son prochain de façon agréable et chaleureuse.

Nos Sages enseignent en effet (guémara Arakhin 16b) : "J'aurais pu penser qu'il faille le réprimander jusqu'à ce que son visage se décompose de honte. C'est pourquoi, il est écrit [aussitôt ensuite] : "et tu ne porteras pas de péché contre lui" [pour lui avoir fait honte]. "

Mais, il existe une manière d'intervenir meilleure encore que la critique en douceur : l'influence indirecte.

Celle-ci est possible dès que plusieurs personnes sont en présence, et que l'acte positif de l'une peut marquer toutes les autres et les inciter à l'imiter.
En revanche, une mauvaise action risque d'entraîner vers le mal tout le reste du groupe.

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+ Supplément :

-> Un jour, un proche disciple du 'Hafets 'Haïm se plaignit qu'il avait parlé pendant 2 heures devant une assemblée nombreuse, et que ses paroles semblaient n'avoir influencé personne.

Il demanda : "A quoi servent les sermons, s'ils n'incitent pas les auditeurs au repentir?"

Le 'Hafets 'Haïm lui répondit : "Nous connaissons l'enseignement du Gaon de Vilna, selon lequel pour chaque instant où il aura gardé le silence et se sera gardé d'émettre des paroles interdites, l'homme jouira de la lumière réservée aux Justes, que même les créatures célestes ne peuvent entrevoir.

Or, si telle est la récompense pour un seul instant, que dire de celle que vous recevrez pour avoir fait taire une assemblée entière 2 heures durant, et avoir ainsi empêché ses membres d'émettre de la médisance et d'autres propos interdits."

Relation homme & animaux

+++ L'humanité selon la Torah ... (relation homme & animaux)

"Au terme des jours de purification [après la naissance] d'un fils ou d'une fille, elle apportera un agneau de moins d'un an et un tourtereau comme sacrifice expiatoire à la porte de la Tente d'assignation, au Cohen." (Tazria 12,6)

-> La Torah mentionne ici le : "tourtereau" (béné yona) d'abord, alors que d'ordinaire, partout ailleurs dans la Torah, la "colombe" (tor) est citée d'abord.
Par exemple, dans le verset suivant (12,8), il est dit : "Si elle ne peut apporter un agneau, elle prendra 2 colombes ou 2 tourtereaux."

-> Le Baal haTourim relève cette différence et l'explique ainsi : on sait que les colombes servent d'exemple de la fidélité dans le couple, au point que si l'un des "conjoints" meurt, le second meurt aussi de peine. Il n'existe pas chez eux de second mariage.

Ainsi, dans notre verset, comme une personne qui a accouché ne doit offrir en sacrifice qu'un seul oiseau : soit un jeune tourtereau (ben yona), soit une colombe âgée (qui a déjà un conjoint - tor), la Torah donne la préférence au tourtereau afin de ne pas séparer un couple de colombes et causer de la peine au conjoint restant seul, jusqu'à ce qu'il en meurt.

=> Voilà pourquoi, dans ce cas uniquement (où l'on ne sacrifie qu'un seul oiseau), le tourtereau est cité avant la colombe.

Quelle sensibilité émane de la Torah!
Quelle finesse d'analyse de la souffrance que nous devons éviter aux animaux.

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+ Il existe de nombreuses mitsvot liées à cette interdiction démontrant cette grande sensibilité.

1°/ Par exemple, la Torah nous enseigne (Dévarim 22,10) : "Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble."
Il est défendu d'atteler 2 espèces d'animaux ensemble pour le labour.

Le Baal haTourim écrit que l'une des raisons de cette interdiction est de ne pas causer de la jalousie à l'âne.
En effet, comme le bœuf rumine et mâchonne sans cesse, l'âne peut croire qu'il est toujours en train de manger et en devenir jaloux.

=> Pour lui éviter cette peine, ils ne doivent pas se trouver l'un à côté de l'autre pour tirer une charrue ou une voiture.

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2°/ D'après la Torah, si un bœuf encorne un homme et le tue, il faut lapider le bœuf.
Le cas doit cependant être présenté au tribunal de 23 dayanim (juges), pas moins que la condamnation à mort d'un être humain!

La décision d’exécuter cet animal n'est pas prise à la légère, bien qu'il s'agisse d'une bête dangereuse.

D'après la 1ere michna de Sanhédrin, cela ne concerne pas seulement un taureau mais toute bête ayant tué un homme : un âne, un mouton, ou même un coq s'étant attaqué à la tête d'un bébé.

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3°/ La guémara Shabbath (121) nous enseigne : le Shabbath, si une bête est tombée dans une mare ou un puits et qu'elle ne peut en sortir, il est permis de lui jeter des cousins et des couvertures afin qu'elle puisse grimper dessus et sortir de l'eau, alors qu'il est normalement interdit de transformer un objet permis en objet mouksé (interdit).

Ainsi, cette défense rabbinique est levée pour éviter la souffrance à des animaux.

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+ Jusqu'à quel point la Torah nous a-t-elle ordonné de ne pas faire souffrir les animaux?

-> La loi juive a tranché d'après la guémara Béra'hot (40a) :
Rav a dit : "Un homme n'est pas autorisé à manger avant qu'il ait donné à manger à son animal, comme il est écrit (dans le 2e paragraphe du Shéma) : "Je donnerai de l'herbe dans ton champ pour ses animaux", et ensuite seulement il est marqué : "Tu mangeras et seras rassasié"."

-> La rav Wozner disait : "On n'a pas le droit d'être cruel envers les animaux."

-> Le rav Moché Feinstein (Iguérot Moché 'Hol hamoéd 2,47) a dit : "Il est permis de tuer des mouches, des moustiques, des insectes et autres animaux nuisibles comme les souris, et les rats, mais il vaut mieux ne pas les tuer de ses mains.

On utilisera de préférence un poison pour ne pas habituer nos mains à commettre des actes cruels car D. hait la cruauté."

-> Lorsqu'on le fit monter dans un wagon à bestiaux qui l'emportait vers une mort certaine à Auschwitz, le rabbi Yits'hak Rozensweig (de Neitra en Hongrie) cria à son ami qu'on avait laissé sur le quai :
"J'ai des poules à la maison qui n'ont rien mangé depuis ce matin. Rends-moi service et donne-leur à manger et à boire!
Faire souffrir les animaux est une interdiction de la Torah!"

-> Le Rabbi Ephraïm Krakowski (de Jérusalem), lorsque son épouse lui demanda un jour de monter un matelas de la remise, elle le vit faire des allers-retours et s'attarder.

Elle lui demanda : "Pourquoi ne m'apportes-tu pas le matelas?"
Il lui expliqua : "Parce qu'une poule s'est endormie dessus, et que je ne voudrais pas la réveiller!"

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-> Le rav Epstein, lors d'un voyage en Allemagne 50 ans avant la 2e guerre mondiale, avait vu dans la rue un Allemand embrasser son chien.

Le Gaon s'arrêta et dit : "Cet endroit est dangereux, il faut le quitter.
Si les gens de ce peuple embrassent des animaux, c'est le signe qu'ils sont capables d’assassiner des hommes, car le verset dit : "Ceux qui assassinent les hommes embrassent les veaux." (Ochéa 13,2).

Malheureusement, la terrible Shoah a bien confirmé ces remarques.

D'ailleurs, le chef du camp de concentration d'Auschwitz : Rudolf Hess (que son nom soit effacé), a fait construire sa maison à côté de la barrière du camp.
Il vivait là avec son chien qu'il caressait sans cesse.

De sa fenêtre, chaque fois que pour se divertir, il visait un juif squelettique pour l'abattre d'une balle, il embrassait son chien si le coup avait réussi.
Il était d'ailleurs un fervent militant de l'association pour la protection des animaux.

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-> On peut voir des personnes de tout âge, qui sont prêtes à accepter tous les caprices/désirs de leur chien (ou autre animal), tandis que s'il s'était agi de son enfant, il lui aurait administré une bonne paire de gifles.

On demanda à une personne pourquoi il sortait si souvent avec son chien, alors qu'il laissait son enfant à la maison, et il a répondu : "Le chien ne parle pas, et il n'est pas effronté. Il ne me harcèle pas avec ses caprices lorsque je me promène avec lui."

=> Si les animaux pouvaient parler, on ne les traiterait pas avec autant d'égards.
A l'image de l'ânesse de Bilam qui a ouvert la bouche (pour lui dire des paroles de vérité), et il lui a alors dit : "Si j'avais eu une épée, je t'aurai tuée!"

Source (b'h) : compilation personnelle issue du "Binéoth Déché" du Rav David Chaoul Greenfeld

"Vous serez saints, car Je suis saint" (Kédochim 19,2)

1°/ Pourquoi cette injonction est-elle au futur?

Le Or ha'Haïm répond que c'est afin de nous apprendre que cette mitsva ("vous serez saints") n'a pas de fin ni de limite, elle est constamment en vigueur, car le niveau atteint actuellement n'est jamais suffisant, n'étant jamais maximal.

De même qu'il n'y a aucune limite, ni aucune mesure à la sainteté divine, de même, D. attend de Ses enfants qu'ils Lui ressemblent en progressant sans fin dans la Kédoucha.
[Tant qu'il y a de la vie, il faut travailler à se parfaire ...]

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2°/ Le rav Yé'hezkel Levinstein commente ce verset :
"N'allons pas penser que nous sommes incapables d'accéder à la sainteté en raison de notre nature physique.
Celui qui aspire sincèrement à se purifier et à s'élever est assuré d'y être aidé et secouru par le Ciel.
A lui de faire le 1er pas pour recueillir cette assistance divine."

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3°/ Le rav Moché Feinstein demande : Que signifie cette précision : "car Je suis saint" ?

Et d'expliquer :
"Logiquement, pour engager notre prochain à accomplir un certain acte, il faut que nous l'ayons nous-même effectué.

Si nous le réprimandons parce qu'il a manqué à un devoir que nous-même n'avons pas rempli, nos paroles tomberont dans les oreilles d'un sourd, et lui-même ne pourra présenter de telles revendications à d'autres, selon la formule de la guémara (Sanhédrin 18a) : "Commence par t'habiller toi-même avant d'habiller les autres."

=> Voilà pourquoi, D. nous enjoint : "Vous serez saints, car Je suis saint." : parce que Lui-même nous montre l'exemple en "Se modérant", si l'on peut s'exprimer ainsi, et en Se retenant de suivre Son attribut de Justice.

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4°/ Le Midrach explique qu'à partir des mots : "Vous serez saints", nous aurions pu penser à tort que l'être humain est apte à atteindre le même niveau de sainteté que D.

Ainsi est-il écrit : "car Je suis saint", afin de souligner que la sainteté de D. est bien au-dessus de la nôtre.

[le fait de devoir faire cette précision, signifie qu'on peut atteindre un niveau de sainteté extrêmement élevé!]

-> Le Rabbi de Satmar dit qu'une personne ne peut raisonnablement pas se croire capable d'accéder totalement à la même sainteté que D.

Il rattache la notion de sainteté de D. à une de ses caractéristiques, soulignée par le verset : "... et ainsi fera-t-il pour la Tente d'assignation qui réside avec eux au milieu de leur impureté." (A'haré Moth 16,16).

La guémara Yoma (56b) d'expliquer : "Bien qu'ils soient impurs, la présence de D. réside parmi eux."

=> L'homme pourrait commettre l'erreur de se croire capable, lui aussi, de se maintenir dans sa sainteté tout en résidant dans un environnement impur, sans en être affecté.

Voilà pourquoi D. précise bien : "car Je suis saint" : d'une sainteté inaltérable qui n'a rien à voir avec la nôtre.

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"Soyez saints! Car je suis saint, moi Hachem, votre D."

-> Chaque personne peut devenir sainte comme D. Lui-même, si l'on peut dire.
Car l'âme est la part Divine de l'homme, et une part peut être étendue pour englober le tout.
En réalité, le but ultime de la Création est pour l'homme de ressembler à D.
[le Déguél Ma'hané Efraïm - rabbi Moché 'Haïm Efraïm de Sadilkov]

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-> "Soyez saints car Je suis Saint, Moi Hachem votre D." (Kédochim 19,2)

-> Le Midrash explique ce verset de la façon suivante. Quand Hachem ordonne : "Soyez saints", on aurait pu penser que cette mitsva demande à ce que l'homme soit aussi saint qu'Hachem Lui-Même. C'est pourquoi, pour éviter cette erreur de compréhension, la Torah poursuit et dit : "Car Je suis Saint", c'est-à-dire que "Ma Sainteté est plus élevée que la votre", Je ne vous demande donc pas d'être aussi saints que Moi.
=> Mais apparemment, comment même imaginer que la Torah puisse demander à l'homme d'être aussi saint qu'Hachem, dont la Perfection est Absolue? Cette simple hypothèse semble déjà incompréhensible.

-> Le Ktav Sofer rapporte une parole de nos Sages selon laquelle l'homme ne doit pas dire : "Je n'aime pas le porc, je n'aime pas mélanger le lin et la laine", mais il doit plutôt dire : "J'aime le porc et je ne m'en abstiens pas par manque d'envie. Mais que puis-je faire ? Voilà que Hachem me l'a interdit!".
Quand un homme s'abstient de l'interdit parce qu'il ne l'aime pas, cela ne montre pas tellement sa soumission à l'Autorité Divine, puisqu'il s'éloigne de l'interdit de par son dégoût envers lui. Mais quand un homme
aimerait bien satisfaire un plaisir interdit mais qu'il s'en abstient parce qu'il accepte l'Autorité Divine, cela atteste de sa soumission à la Volonté Divine ce qui est encore plus louable.
D'autre part, la Sainteté d'Hachem est telle qu'Il est au dessus de tout désir physique. Hachem n'a pas besoin de se forcer pour ne pas manger ou boire. Mais du fait même de Sa sainteté, Il n'en a absolument pas besoin.

Ainsi, quand la Torah demande : "Soyez saints", on aurait pu comprendre que l'intention est de se travailler et s'élever jusqu'à ne même plus ressentir l'envie et l'attrait pour l'interdit, au point de dire : "Je n'aime pas le porc". En cela, sa sainteté ressemblerait quelque part à la Sainteté d'Hachem, Qui ne ressent aucun besoin de ce qui est physique.
Tel était l'hypothèse d'imaginer être saints comme Hachem. Non pas Lui ressembler dans Sa Perfection, car cela est impossible. Mais Lui ressembler dans le fait de ne pas ressentir l'envie de l'interdit.
C'est pourquoi le verset poursuit : "Car Je suis Saint", Ma Sainteté est plus haute que la votre. En ce qui Me concerne, certes, Je n'ai aucun attrait pour le matériel. Mais pour vous, il est préférable que vous
vous éloignez de l'interdit du fait de votre acceptation de Ma Royauté, plus que par manque d'envie, car par cela, votre soumission à Ma Volonté sera plus claire et c'est cela que Je recherche.
Comme la fin du verset l'exprime : "Car Je suis Saint, Moi Hachem votre D." = Je suis votre D. et à ce titre Je préfère que vous ressentiez l'attrait pour le plaisir et que vous vous en absteniez du fait de Ma Volonté, car ainsi, cela marquera encore plus que « Je suis votre D.ieu » et que vous vous soumettez à Ma Royauté.

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5°/ "Vous serez saints" : On ne peut être saint (kadoch) uniquement si l'on fait partie intégrante d'une communauté.
Tout celui qui s'isole et se retire de ses frères juifs ne peut pas être considéré comme saint, peu importe combien il essaie de se sanctifier lui-même!"
[Sfat Emet]

[Un homme peut mériter la sainteté seulement lorsqu’il s’annule devant la Communauté et se considère comme faisant partie intégrante du peuple juif. S’il y a "Hakehel" (Rassemblement), il peut aussi y avoir "soyez saints".
Quand "toute la Communauté" est unie comme un seul homme, il est possible que Tous "soient saints". ]

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-> La sainteté que la Torah demande au juif n’est pas celle qui le fait s’éloigner des hommes et s’isoler du Monde.
Il doit au contraire se mélanger aux gens (Hakehel), tout en menant une vie sainte.
"Soyez saints", doit aller de pair avec le "Hakehel" (Rassemblement).
['Hatam Sofer - Torat Moché]

-> A ce sujet, le 'Hovot haLévavot (Portique de l’Ascèse III) :
"La Volonté divine n’est pas que nous soyons des ermites, en allant dans des endroits vides d’êtres humains, dans les déserts, les forêts afin de s’interroger et comprendre les actions d’Hachem ; car il est dit: ‘Il l’a créée non pour demeurer déserte mais pour être habitée’ (Yéchayahou 45,18).
La Volonté divine est que l’homme aime les créatures, s’attache à elles, afin de leur rendre intelligible et compréhensible la Torah d’Hachem".

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6°/ La paracha Kédochim débute par le commandement : "Vous serez saints, car Je suis saint", et elle se termine par les mots : "leur sang est sur eux".
De là, nous apprenons que la Torah ordonne aux juifs : "Soyez saints, même si cela vous coûte votre sang, votre âme et même votre vie!"
[Rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

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7°/ Nos Sages recommandent : "Sanctifie-toi dans ce qui t'est autorisé" (guémara Yébamot 20a - kadéch atsmé'ha bémoutar la'h).
Selon le Ramban, la sainteté ne se limite pas à se suffire d'observer la lettre de la loi, car selon lui on peut facilement devenir : "un dépravé avec l'aval/la bénédiction de la Torah" (naval birchout aTorah).
En effet, un individu, esclave de ses pulsions, peut satisfaire toutes ses tentations dans le cadre de ce qui est permis.

Cependant, D. exige bien davantage du juif que le respect des exigences formelles des mitsvot : nous devons rester fidèle à l'esprit des commandements et faire preuve de retenue aussi bien dans le domaine des actes autorisés que face aux interdictions explicites.

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-> "Soyez saints" = c'est-à-dire faites preuve d'abstinence.
"Sanctifiez-vous et soyez saint, parce que Je suis saint" = de même que Je suis saint, vous aussi soyez saints ; de même que Je suis détaché [du monde] vous aussi écartez-vous des tentations.
[Torat Cohanim]

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Un homme a la grande obligation de s'éloigner des désirs, car à l'endroit même où il se trouve dans ce monde, il se trouvera dans le monde futur.
Un homme qui est plongé ici-bas dans un univers de plaisirs, le sera également au monde futur.
Celui qui est immergé dans le plaisir du sommeil, des mets culinaires et des autres plaisirs du corps, il sera dans le monde futur aussi dans le même état de décadence.
En soi, il n'y a pas d'interdit pour ces plaisirs, mais celui qui s'y plonge, se trouve être dans la situation d'être "immonde avec la permission de la Torah", selon les écrits du Ramban (Vayikra 19a) : "si celui qui recherche la luxure trouve un lieu pour s'y immerger ... abuser de vin et de bonne chair, prononcer toutes les grossièretés possibles, sans interdit spécifique de la Torah, il sera dans la situation d'être immonde avec la permission de la Torah".
Il mange avec la meilleure surveillance rabbinique, mais il est immonde, il sera ainsi dans le monde futur.

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8°/ "Parle à toute la communauté d'Israël et dis-leur : Vous serez saints, car Je suis saint"

Le Zohar écrit que : "lorsque les juifs arrivaient à cette section de la Torah, ils se réjouissaient."
Pourquoi cela?

Le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar)répond que le fait que ce verset place l'accent sur : "à toute la communauté d'Israël", cela vient réfuter l'idée largement répandue, selon laquelle la sainteté ne s'offre pas à tous et qu'elle est seulement l'apanage des hommes les plus éminents.
Cependant, pour la Torah tout un chacun a les capacités pour s'élever jusqu'à devenir "saint".

=> Voilà pourquoi Moché rassembla toute la communauté (cf.Rachi) pour lui annoncer : "Soyez saints", parce que chaque individu, sans exception, peut accéder à la sainteté.

Par exemple avant d'accomplir une mitsva, nous récitons une bénédiction contenant les mots : "Qui nous a sanctifiés par Ses commandements" (acher kidéchanou bémitsvotav), car chaque mitsva permet de davantage nous sanctifier.
De plus, la paracha de Kédochim contient de nombreuses mitsvot, dont un certain nombre n'ont pas de rapport apparent avec la sainteté. Mais dans la mesure où cette section est introduite par les mots "soyez saints", cela signifie que chaque mitsva, quelle qu'elle soit, entraîne un supplément de sainteté.

=> Le juif le plus simple peut atteindre des sommets de sainteté grâce à la Torah du Créateur, un privilège dont sont privées les nations du monde.
["Vous serez saints, car Je suis saint" = de même que la sainteté Suprême de D. est une réalité indéniable, de même tout juif peut parvenir à une sainteté quasiment équivalente (nous avons une partie divine en nous!)]

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-> Le juif doit être saint et pur partout, pas seulement chez lui. Certain se conduisent en juifs chez eux mais ont honte d’être juifs à l’extérieur, comme l’ont dit les assimilationnistes de toutes sortes : "Sois un juif dans ta tente et un homme quand tu sors".
Le juif doit être saint aussi lors des rassemblements, dans la rue, parmi ses connaissances et les étrangers, sans avoir honte de sa sainteté et de la distance qu’il garde.
[Divré Chaaré 'Haïm].

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-> Parmi les Bné Israël, certains sont très loin d’être saints. Cependant, lorsqu’on regarde le peuple juif dans son ensemble, on remarque sa nature élevée et ses traits nobles qui peuvent servir d’exemple à tous les peuples de la terre.
"Soyez saints" = Quand on regarde le peuple juif dans son ensemble (Hakehel), il est un peuple de saints.
[Hadrach véha'Iyoun]

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-> Quand un grand nombre de personnes se rassemblent, il est très facile d’en arriver à la frivolité. Il faut donc établir des barrières protectrices et des décrets comme l’ont fait nos Sages, par exemple à la Sim’hat Beit Hachoéva (la célébration pendant Souccot) pour séparer les hommes des femmes [voir guémara Soucca 51b].
Étant donné que cette paracha (Kédochim) a été dite lors de "Hakehel" (Rassemblement), à un moment où hommes, femmes et enfants étaient réunis, il fallait s’éloigner de l‘immoralité et dire : "Soyez saints".
[Alchikh haKadoch]

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-> On raconte sur le saint Rabbi Naftali de Ropschitz qu’un Roch Hachana où il se trouvait chez le Hozé de Lublin, il partit pour accomplir la mitsva de Tachlikh, et en chemin il rencontra le ‘Hozé qui revenait à ce moment-là de
Tachlikh. Le ‘Hozé demanda à Rabbi Naftali où il allait.
Il répondit : "Je vais ramasser ce que le Rabbi a rejeté". (Il voulait dire par là que ce qui était considéré pour le ‘Hozé, d’après la grandeur de sa sainteté, comme une faute qu’il fallait rejeter, était considéré pour les autres, qui lui étaient bien inférieurs, comme une mitsva qu’il fallait ramasser)

C’est également ce que signifie le verset : "Vous vous sanctifierez et vous serez saints" (Kédochim 20,7) : Une fois que vous vous serez sanctifiés, vous aurez tout de suite besoin de vous sanctifier de nouveau, pour pouvoir être saints. En effet, en tant que saints, de nouvelles fautes s’éveilleront chez vous, dont vous devrez alors vous sanctifier.
[Chem miChmouël]

[d'un côté plus on monte en sainteté, plus notre yétser ara se renforce.
Mais également, plus on monte de niveau en sainteté, plus au Ciel on a des attentes à notre égard qui sont élevées, et ce qui n'était pas une faute auparavant pourra le devenir (selon le fait que l'on juge un tsadik sur l'épaisseur d'un cheveu)]

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"Soyez saints, car Je suis saint, Moi Hachem votre D. Vous craindrez, chacun, votre mère et votre père" (Kédochim 19,2-3)

-> Quel est le lien entre le début de notre passage et sa fin : le commandement de respecter sa mère et son père?

Le rabbi Shmelke de Nikolsbourg (Imré Chmouël) répond :
Nos Sages (guémara Nida 31a) enseignent : "Trois partenaires sont impliqués dans la création de chaque être humain : Hachem, le père et la mère [du bébé]".

D. dote l'homme d'une âme Divine, et le corps humain est la contribution de la mère et du père.

Ainsi, l'intention du verset est la suivante :
- "Soyez saints, car Je suis saint" = Vous êtes saints grâce à votre âme Divine ; et vous devez devenir saints. Comment cela?
- en "respectant votre mère et votre père" = en soumettant votre composante "mère-père", votre corporéité.
Ne soyez pas asservis à vos désirs et envies physiques, maîtrisez-les, et par ce moyens, élevez-les au niveau de la sainteté.

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-> "Soyez saints, car Je suis saint, Moi Hachem votre D." (Kédochim 19,2)

Rabbi Israël Salanter enseigne :
Beaucoup de gens commettent l’erreur de penser que la sainteté ne concerne que les choses spirituelles. Mais dans la paracha Kédochim, la Torah fixe les conditions nécessaires pour atteindre la sainteté : "Ne volez pas, ne reniez pas et ne mentez pas", "ne maltraitez pas le prochain, ne dérobez pas", "ne commettez pas d’injustice dans un jugement", c’est de toutes ces choses que dépend la sainteté, "car je suis saint, Moi Hachem votre D.", dans le Ciel, pour ainsi dire, Je suis saint. Et si J’exige de vous la sainteté, c’est dans les choses matérielles, dans les transactions, le travail, le commerce, les relations avec autrui.

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-> "Parle à toute la communauté des Bné Israël et dis-leur : Soyez saints!" (Kédochim 19,2)

Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Hachem nous ordonne : "Soyez saints!" afin que nous puissions nous maintenir à ses côtés, nous introduire dans son sanctuaire. C'est à cet effet que nous devons être saints.

Cet ordre a été adressé "à toute la communauté des Bné Israël" = Nous prétendons que la sainteté est réservée aux tsadikim, au contraire, la sainteté est un attribut propre à chaque juif!
[à chaque instant, nous devons agir de façon à influencer de la meilleure des façons notre âme, notre spiritualité!]

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-> "Soyez saints car Je suis Saint, Moi Hachem votre D." (Kédochim 19,2)

=> On peut s'interroger sur ce verset. Hachem est Saint. En quoi ce postulat est une raison pour que l'homme aussi soit Saint? L'homme n'a rien à voir avec la sainteté d'Hachem!

-> Rabbi Aharon Klivanir explique que l'homme a tendance à se comparer à son entourage. Le juif qui accomplit les mitsvot "correctement", a tendance à penser qu'il a atteint un niveau largement satisfaisant.
S'il se compare aux personnes qui l'entourent, certes, il est bien plus méritant que la majorité. Par rapport à sa famille, aux personnes de sa communauté et, à plus forte raison, aux non juifs dans la rue, il peut être considéré comme un homme Juste. Il fixe du temps chaque jour pour étudier, il est scrupuleux dans la cacherout et le Shabbat ...

Ainsi, il pourrait avoir le sentiment d'être largement quitte de son devoir. Que peut-on lui demander de plus, alors qu'il est investi davantage que la majorité des gens? Finalement, il ne vit pas à Bné Brak ou à Méa Chéarim!
Malgré tout, la Torah vient ordonner à l'homme de devenir saint : "Soyez Saints!" = ne vous contentez pas de votre niveau de pratique déjà atteint! Ne vous reposez pas sur le fait que par rapport aux autres, vous êtes bien plus investis! Cherchez à atteindre la sainteté! C'est-à-dire, à devenir des hommes saints.
Pourquoi être plus grand et si haut? La réponse de Hachem : "Parce que Je suis Saint".

Certes, à présent vous êtes bien plus grands car plus impliqués dans la Torah que la majorité des hommes.
Mais ne vous comparez pas à eux. Regardez plutôt la Sainteté de Hachem. Si vous vous trouviez devant Lui, est-ce que vous seriez au niveau? Par rapport à Sa Sainteté, la votre resterait largement insuffisante!

Mais pourquoi prendre comme référence la Sainteté de Hachem, et non celle des autres personnes qui nous entourent?
La réponse est simple. Après sa vie sur terre, l'homme se retrouvera devant Hachem. Ce qui sera alors véritablement considéré, c'est le niveau atteint avec lequel il se présentera devant Lui.
Ce jour, il sera confronté à la Sainteté de Hachem. Même si sa pratique dans le monde matériel dépassait largement celle de ses semblables, ce qui comptera, c'est comment il se présente devant Hachem. Et pour cela, il devra effectivement être un homme saint. Alors, "soyez saints, car Je suis Saint".

 "Ceux qui s'imaginent que la Torah et les mitsvot sont accessoires et ne comptent pas dans la construction du pays [d'Israël] commettent une grave erreur.

La terre d'Israël étant le palais du Roi, les péchés qui y sont commis sont nuisibles à l'extrême ..."

[le 'Hafets 'Haïm]

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"Afin que le pays ne vous vomisse pas" (A'harei Moth 18,28)

-> Rachi de dire : "la terre d'Israël ne peut conserver les pécheurs".

-> Le 'Hafets 'Haïm de nous enseigner : "Si nous ne prenons pas soin d'observer scrupuleusement la Torah, rien n'y fera, ni un état, ni la langue.
Il en a toujours été ainsi.
Nos ancêtres ont vécu en terre d'Israël, puis ils ont été exilés en raison de leurs péchés.

D. a affirmé [par l'intermédiaire du] prophète (Yé'hezkiel 39,23) : "Les nations sauront que c'est à cause de son iniquité que la maison d'Israël a été exilé, parce qu'ils M'ont été infidèles, Je leur ai caché Ma face, et Je les ai livrés dans les mains de leurs oppresseurs." "

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-> "La terre d'Israël n'est pas comme les autres terres, et ne peut pas tolérer ceux qui transgressent (les mitsvot) ...
C'est pourquoi, toute personne allant en Israël se doit de trembler, et doit doubler et tripler sa crainte du Ciel qu'elle avait en dehors d'Israël, car elle doit savoir qu'elle réside (maintenant) dans le palais du Roi."

[Chela haKadoch - Chaar haOtiot]

Il y écrit également que chaque juif doit désirer aller vivre en Israël : "comme un enfant courant vers les genoux de sa mère", et également le fait qu'à chaque instant on y pratique une mitsva (d'y habiter), ce qui fait que l'on doit constamment s'en réjouir.

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-> "La terre d'Israël est un lieu saint ... et comme le dit la guémara : "Quiconque est plus grand que son ami a un yétser ara plus grand que le sien" (guémara Soucca 52a).

Il en est de même des lieux particuliers.
Comme la sainteté est plus grande en Israël, il existe davantage de barrières et de forces contraires, et un yétser ara plus fort.
Par conséquent, [en terre d'Israël,] les épreuves et les défis y sont plus grands et peuvent conduire à la faute."

[le Sfat Emet]

[Il faut être davantage vigilant lorsque l'on est en Israël, car de même qu'il y a une potentialité accrue d'aller très très haut, il y a un attrait accru de descendre très très bas, et ce afin d'assurer la persistance du libre arbitre. ]

"Il obtiendra pour lui réparation : il prendra du sang du taureau et du sang du bouc" (A'harei Mot 16,18)

Quelle est donc son expiation (kappara)?

Rachi répond à cette question : "Il prendra du sang du taureau et du sang du bouc, mélangés l'un avec l'autre."

Le rav Méir Shapiro de Lublin (lors d'un siyoum de Yoma) fit l'observation suivante :
"La guémara (Yoma 57b) stipule que les sangs des 2 animaux doivent être mélangés avant d'être aspergés sur les cornes de l'autel.

La Torah nous enseigne ainsi que le plus grand [symbolisé par le taureau] a le devoir de se joindre au petit [figuré par le bouc].
Qu'il ne reste pas de côté pour garder ses distances!

En effet, seule la fusion permet d'obtenir la réparation des fautes et le pardon pour Israël."

"Quand l'homme fera, et il vivra par eux." (A'harei Moth 18,5)

Le rav Soloveitchik a dit :
"Celui qui ne fait pas ce qui lui incombe et n'accomplit pas la volonté de D. ne vit pas, il est déjà mort.

Quand est-ce que l'homme est-il véritablement en "vie"?

Quand il mène ses jours selon la volonté de D. et se dirige ainsi vers le but pour lequel il a été créé. "

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-> "Que l’homme fera et par lesquelles il vivra"

Le rav Chakh (Bézot ani Botéa'h) enseigne :
Les gens ont l’habitude d’expliquer que de "se dévouer pour la sanctification du Nom de Hachem" consiste à mourir en martyre. Mais de ce verset, nous entendons que la Torah ne veut pas moins, et peut-être même plus, que l’homme "vive" pour sanctifier le Nom de Hachem.
La Torah accorde une grande valeur à la vie. Elle exige que l’homme vive en pratiquant les mitsvot, en toutes circonstances, même les plus difficiles, et non qu’il meure pour les pratiquer ...
La Torah veut que vous nous donnions pour elle, tous les jours de notre vie.
Voyez combien des gens qui sont prêts même à se faire tuer à la guerre ne peuvent pas résister au plus petit de leurs désirs. Alors que la Torah exige le contraire : que l’homme vive sa vie, mais en se dévouant pour les mitsvot.

Rabbi Akiva, dans ses derniers instants, au moment où on l’a mené à l’exécution et où l’on peignait sa chair avec des peignes de métal, prenait sur lui le joug du royaume des Cieux, en prolongeant le mot "e’had", jusqu’à ce que son âme sorte sur "e’had".
Un dévouement exceptionnel, au milieu des plus grande souffrances et en prenant sur lui le joug du Royaume des Cieux.

Mais le langage de cette guemara (Béra'hot 61b) semble mettre en valeur une idée totalement différente.
Il y est écrit : "Quand on mena Rabbi Akiva à l’exécution, c’était le moment du Shéma, on peignait sa chair avec des peignes de métal, et il prenait sur lui le joug du royaume des Cieux".
Cela veut dire qu’exactement à ce moment-là était arrivé le moment de la mitsva de dire le Shéma, c’est pourquoi il l’a fait.
Cela implique que la grandeur de Rabbi Akiva n’était pas de s’être livré au supplice pour sanctifier le Nom de Hachem, mais que même au moment où on le tuait, il n’a pas laissé passer une mitsva sans l’accomplir.
En effet, le devoir du juif est d’observer la Torah toute sa vie, même pendant des épreuves difficiles, et même à ses derniers instants, tant qu’il est encore vivant il doit accomplir les mitsvot.
Ne disons donc pas que Rabbi Akiva est mort par dévouement, mais qu’il a vécu dans le dévouement et a accompli les mitsvot avec dévouement, car c’est cela qu’ordonne la Torah.

Le demi-Shékel = la pièce de l’égalité = tout juif restera toujours aimé et important aux yeux d’Hachem

+ Le demi-Shékel = la pièce de l'égalité = tout juif restera toujours aimé et important aux yeux d'Hachem :

-> Les dons pour les adanim (socles) et les korbanot annuels devaient être exactement d'un demi-shekel (ma'hatsit hashékel), ni plus ni moins.
Le verset souligne : "Le riche ne doit pas augmenter et le pauvre ne doit pas diminuer" (Ki Tissa 30,15).

Il y a toutes sortes de juifs, à tous les niveaux. Chacun accomplit les mitsvot en fonction de l'état d'avancement de son cheminement spirituel. Ceux qui sont riches en Torah, en amour et en crainte d'Hachem peuvent réaliser les mitsvot à un niveau tout à fait différent de ceux qui sont pauvres en connaissance de la Torah et en accomplissement spirituel.

Mais lorsqu'il s'agit des shékalim, tous les juifs sont les mêmes. Pourquoi?
En effet, le shékel, qui est une pièce de monnaie circulaire, correspond au youd du nom d'Hachem (יהוה).
Chacune des lettres du nom d'Hachem correspond à un niveau d'âme différent. Le dernier hé du nom d'Hachem correspond au niveau le plus bas de l'âme, le néfech, qui est enraciné dans le plus bas des mondes spirituels, Assiya, et se manifeste dans l'accomplissement pratique des mitsvot.

Le vav du nom d'Hachem correspond au roua'h, il est enraciné dans la Yétsira et se manifeste par l'émotion qui accompagne l'accomplissement des mitsvot.
Le premier hé correspond à la néchama, le niveau intellectuel de l'âme, qui est enraciné dans la Beria et où toute méditation sur la grandeur d'Hachem et la connaissance de la Torah a lieu.
Le youd du nom d'Hachem correspond au niveau le plus élevé de l'âme, 'haya, et est enraciné dans l'Atsilout, où l'âme s'attache à Hachem dans un lien spirituel (le plus élevé qui soit).

Dans ces 4 niveaux d'âme, il y a un grand écart entre un juif et son voisin.
Plus le niveau d'accomplissement de la mitsva est élevé, plus le néfech est rayonnante. Plus l'amour et la crainte d'Hachem sont débordants, plus le roua'h est dynamique.
Plus on est absorbé par la connaissance d'Hachem, plus la néchama est élevée. Plus l'attachement à Hachem est pur, plus le 'haya est active et évoluée.

Mais il existe encore un 5e niveau d'âme : la yé'hida, qui signifie l'unité.
La yé'hida est la racine de l'âme, là où elle est taillée dans l'unité pure et simple d'Hachem lui-même.
Elle ne correspond pas à une lettre du nom d'Hachem, mais au koutso shel youd, le point culminant du youd du nom d'Hachem.

Il peut y avoir des juifs plus élevés et de juifs plus abaissés, et même des juifs très fauteurs, lorsqu'ils sont perçus sur les 4 niveaux inférieurs de l'âme.
Nous y sommes évalués en tant que serviteurs d'Hachem, et il y a de meilleurs serviteurs, plus loyaux et plus dévoués, et il y a des serviteurs moins bons.

Mais au niveau d'âme appelé : yé'hida, nous ne sommes pas évalués. Nous ne sommes que des enfants d'Hachem, et un enfant n'est pas "plus enfant" ou "moins enfant", mais simplement "enfant".
Il n'y a rien qu'un enfant puisse faire pour se détacher d'un parent au point de ne plus être un enfant. Au niveau du yé'hida, tous les juifs sommes égaux.

=> La pièce de monnaie du demi-shekel, qui correspond au youd, contient également en elle-même le koutso shel youd. Ainsi, lorsqu'il s'agit de shékalim, "les riches n'augmentent pas et les pauvres ne diminuent pas". Au niveau du yé'hida, nous sommes tous des enfants d'Hachem au même titre.

[de même que chaque juif donnait une pièce de même valeur, de même chaque juif (le plus tsadik, comme le plus racha) est autant apprécié aux yeux d'Hachem (au niveau d'âme yé'hida). ]

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-> Si une personne faute, elle souille son âme. Les actes répréhensibles endommagent le niveau d'âme néfech, les émotions immorales polluent le roua'h et les pensées hérétiques contaminent la néchama.
Bien qu'il soit rare d'endommager le niveau d'âme 'hayah, des réchaïm profondément racha peuvent y parvenir.

Si un juif faute de manière constante et flagrante, il endommage son âme au point de la brûler et de la détruire en faisant fondre ses impuretés.

Cependant, le niveau d'âme yé'hida, la pointe du youd, ne peut jamais être endommagée.
Par conséquent, lorsque la purification est terminée, même l'âme juive la plus pécheresse sera reconstruite à partir de cette essence centrale et complètement réhabilitée. Il rejoindra alors le reste du peuple juif dans une égalité totale et complète de stature, de pureté et de proximité avec Hachem.

En revanche, l'âme d'un non-juif (étant d'une qualité moindre) n'a aucune racine dans le niveau d'âme le plus élevé : celui de la yé'hida.
Par conséquent, un non-juif peut détruire son âme entièrement s'il commet des fautes suffisamment graves. Il cessera alors d'exister en tant qu'individu. Les étincelles de bonté qui subsistent après le processus de purification sont redistribuées à d'autres âmes. Il s'agit d'un processus très douloureux réservé aux fauteurs les plus vicieux, comme Haman et Hitler.

[ ainsi un juif, garde toujours en lui un noyau de pureté, une partie très élevée d'Hachem (que les non-juifs n'ont pas en eux), qui même s'il a agit comme Haman, il pourra à partir de ce noyau effectuer son tikoun (réparation) pour redevenir sublime.
Ainsi, le désespoir n'existe pas : même si on a fait les pires fautes possibles, on a en nous cette graine d'âme (yé'hida) pour tout reconstruire, en plus de notre téchouva sincère qui peut tout réparer. ]

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-> Rabbi Chimon bar Yo'haï a dit à ses élèves que tous les juifs de l'époque de Pourim ont mérité d'être tous anéantis car ils se sont prosternés devant l'idole(à l'épqoue de Névou'hadnétsar).
Il ajouta : "Ils ne l'ont fait que superficiellement (extérieurement, mais pas dans leur intériorité), et c'est pourquoi Hachem ne les a traités que superficiellement, comme il est dit : 'Il ne les a pas affligés de Son cœur" (Eikha 3,33). [guémara Méguila 12a]

=> Rabi Chimon bar Yo'haï a expliqué à ses élèves : "Ils ne l'ont fait que de l'extérieur". Si les juifs fautent, c'est uniquement à partir des couches extérieures de leur âme.
Au fond (dans son niveau d'âme yé'hida), un juif ne faute jamais.

[ainsi, l'essence même de l'âme d'un juif, qui correspond au Kodech Kodachim (au Saint des Saints), ne peut jamais être souillée par une faute.
Un juif est toujours beau et aimé de papa Hachem (sa yé'hida étant toujours inchangée, pure comme à l'origine), et il pourra toujours se relever quelques soient les dégâts que ses fautes ont pu faire aux autres niveaux de son âme. ]

La 10e plaie : la mort des 1ers nés

+ La 10e plaie : la mort des 1ers nés :

-> Pour la 1ere fois, Hachem a communiqué avec Moché directement dans le palais de Pharaon.

Pour le placer au-dessus de l'espace souillé par l’idolâtrie, D. va élever Moché à une hauteur de 1 mètre (10 téfa'him).
[Daat Zékénim - Bo 11,1]

-> Hachem va réunir Son tribunal céleste, et la sentence décrétée sur tous les premiers-nés d'Egypte sera appliquée à minuit.
C'est D. Seul qui les punira, mais Il "demande conseil" à Son tribunal pour montrer l'importance de l'humilité.
[Rachi - Bo 12,29 ; midrach Chémot rabba 12,4]

-> Brusquement à minuit de la nuit du 15 Nissan, les ténèbres de la nuit se dissipent et l'Egypte toute entière s'illumine comme en plein jour, et ce pendant toute la durée de la plaie.
[Zohar haKadoch 37 - rapporté par le Or ha'Haïm]

Le tonnerre et les éclairs déchirent le ciel. [Rokéa'h]
Un gaz toxique pollue l'air, faisant de nombreuses victimes. [Abravanel]
[le Abarbanel (Bo 12,3) enseigne que la plaie des 1er nés a eu lieu par le fait qu'Hachem a amené un air pollué sur l'Egypte. L'air entré dans la bouche et les narines des 1er nés, et allait directement dans leur coeur, les tuant.
Dans la grande miséricorde d'Hachem, les 1er nés juifs qui avaient le sang du korban Pessa'h sur leur porte, n'ont pas été affectés par cette plaie.]

Un certains nombre de premiers-nés périssent, terrassés par ces bruits terrifiants [Rokéa'h], et d'autres sont frappés par le décret divin sans qu'aucune cause naturelle n'explique leur mort. [Targoum Yonathan]

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-> Tous les premiers nés égyptiens vont y mourir.

Le midrach haGadol rapporte que Moché en prévenant Pharaon, s'est tourné vers les ministres l'entourant et a dit : "Vous, cher monsieur, vous êtes un premier-né et vous allez mourir : je ne vous reverrai plus jamais! Vous, par contre, n'êtes pas premier-né, vous vous humilierez en venant m'implorer."

-> S'il n'y a pas de premier-né dans une maison, c'est la maître de maison qui mourra. [Ibn Ezra] ; ou l'enfant le plus âgé [midrach haGadol].

Les premiers-nés des animaux périssent également. [Baal haTourim]

Les femmes enceintes d'un premier-né accouchent d'un mort-né et périssent en même temps. [midrach Chémot rabba 17,5]

-> Tous les premiers-nés étrangers séjournant en Egypte sont également morts, afin que les égyptiens n'attribuent pas cette plaie aux divinités d'autres peuples. [Rachi - Bo 12,29]

[les premiers-nés égyptiens qui s'étaient sauvés d'Egypte par peur de la mise en garde de Moché, sont également morts]

-> La Mékhilta dit à propos de la plaie des bé'horot, que même les premiers-nés égyptiens qui n’étaient pas dans le pays mouraient où qu’ils soient. Même à des centaines de kilomètres, ils périssaient. De plus, les premiers-nés d’autres nations qui se trouvaient en Egypte à cette époque mouraient également.

-> Les seuls premiers-nés égyptiens à être épargnés sont ceux qui se sont convertis plus tôt dans la journée pour prendre part au sacrifice Pessa'h.
[midrach Chémot rabba 18,10 -> il rapporte également que tous ceux qui haïssaient Israël sont morts, même s'ils n'étaient pas des premiers-nés]

Pharaon est le seul 1er-né non méritant à rester en vie, car Hachem voulait qu'il soit témoin des différents miracles qui vont avoir lieu à la mer Rouge. [Mékhilta Bo 13]

Batya, la fille aînée de Pharaon a été épargnée par le mérite d'avoir sauvée Moché du Nil. Elle était une femme juste aux yeux de Hachem. [midrach Chémot rabba 18,3]

-> Chez les juifs, absolument personne ne va mourir (même ceux à l'agonie), pour ne pas laisser croire aux égyptiens que la plaie les affecte aussi.
[Haggadat haGra]

-> Le midrach haGadol précise que la notion de premier-né est à prendre au sens large : c'est le 1er enfant du père ou de la mère.
Dans un pays aux mœurs légères comme l'Egypte, cela faisait qu'un homme ou une femme pouvait avoir plusieurs enfants considérés comme premier-né (issus de relations cachées).

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-> Le Nétsiv (Bo 12,30) enseigne :
Les soldats de Pharaon n'ont pas été inclus dans la plaie des premiers-nés, puisque les membres de l'armée n'avaient pas de supériorité sur les autres en raison du fait d'être premier-né (à la différence des membres d'une famille qui vivent ensemble).
C'est pourquoi les premiers-nés servant dans l'armée n'avaient pas véritablement le statut de premiers-nés.
Les membres de l'armée de Pharaon seront tous punis plus tard, au moment de la mer Rouge.

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-> Rabbénou Yona (guémara Béra'hot 2b) nous rapporte :
Cette nuit les juifs ont prié d'être épargné de la plaie des premiers-nés.
Bien qu'ils avaient pu recevoir la promesse qu'Hachem passera au-dessus de leur maison, néanmoins ils avaient peur qu'ils aient pu commettre une faute dans l'intervalle, qui aurait conduit Hachem à revenir sur Sa promesse.
En se basant sur cette prière que nous avons dite en Egypte, nous disons également la prière de "Hachkivénou" chaque soir, demandant à Hachem de nous protéger des dangers.

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-> "Il y eut un grand cri en Egypte" (Bo 12,30)

Le rav Ovadia Yossef explique :
Le verset vient nous apprendre qu'il y avait beaucoup de cris en Egypte, et nous apprenons cela du verset "tout premier-né mourut".
Comme l'ont expliqué les Sages, même un aîné de père mourait.
Comme les égyptiennes trompaient leur mari et avaient des enfants d'hommes célibataires, ces enfants étaient des aînés de père. Donc il y avait beaucoup d'aînés dans chaque maison et ils sont tous morts.
Et comme dans la plaie des premiers-nés les maris ont compris que ces enfants qui muraient n'étaient pas les leurs, mais ceux d'un autre, des disputes éclataient à cause de la conduite des femmes égyptiennes.

C'est cela : "Il y eut un grand cri en Egypte" = il y avait une multitude de cris. Non seulement un cri à cause de la mort des fils, mais aussi des cris sur les femmes qui étaient infidèles à leur mari.

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-> Les égyptiens tenaient en grande estime les premiers-nés, et lorsque ce dernier mourrait, sa famille faisait sculpter une effigie du défunt ou une reproduction de son portrait sur les murs de sa maison. Puis tous dansaient et chantaient, comme s'il était encore vivant.
Pendant cette nuit, toutes ces représentations se sont pulvérisées en un clin d’œil. (le métal fondant, la pierre tombant en miette).

La Mékhilta poursuit en rapportant : "Les égyptiens avaient l'habitude d'enterrer leurs morts dans leur maison. La nuit de cette 10e plaie, les chiens ont creusé et ouvert ces tombes. Ils y ont retiré les ossements des premiers-nés enterrés, et ils ont joué, se sont promenés joyeusement avec ces os. Cela a été aussi douloureux pour les égyptiens que le jour où ils ont pu enterrer leurs enfants.

-> Le midrach haGadol raconte le cas d'une vieille femme qui vivait entièrement seule, sans enfant, ni famille. Le seul lien qu'elle avait encore avec le monde qui l'entoure était la statue sculptée à l'image de son premier-né défunt. Le culte idolâtre qu'elle lui vouait représentait toute sa raison d'être et sa consolation.
Cette nuit, lorsque cette statue s'est réduite à néant, cette femme a poussé un cri inhumain, qui dominait tous les autres bruits.

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-> On a vu que les premiers-nés vivants, ainsi que les effigies des défunts, ont été détruits.

Cette plaie va également entraîner l'exhumation de tous les premiers-nés égyptiens, qui sont morts et enterrés depuis longtemps.

Dans tous le pays, les chiens se déchaînent, et déterrent les cadavres, dans les cimetières et sous les maisons, et ils les mettent en pièces, éparpillant les ossements à travers tout le pays.

Les égyptiens en sont affligés, car ils ont tous au moins un ancêtre qui a été tiré de sépulture et profané par les chiens déchaînés.

[Léka'h Tov ; midarch Chir haChirim 2,10]

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-> Quelques égyptiens, craignant la colère de D., essaient de sauver leurs premiers-nés en les envoyant dormir dans les maisons des juifs.

Ce sont les mêmes qui avaient mis leur bétail à l'abri avant la grêle.
Même s'il dort dans un même lit qu'un enfant juif, le premier-né égyptien est frappé à mort.

Cette nuit-là, les juifs dorment si profondément qu'ils n'entendent pas les clameurs que poussent les égyptiens, et ne vont s'en rendre compte qu'à leur réveil.
[midrach Chémot rabba 18,2 ; midrach Yalkout Chimoni 984]

-> Certains égyptiens vont cacher leurs premiers-nés dans les temples égyptiens, s'imaginant qu'ils y seront en sécurité.

Cette nuit-là, Hachem va détruire toutes les divinités des égyptiens, à l'exception de l'idole de Baal Tséfon, fait qui encouragera les égyptiens à poursuivre les juifs, et à se noyer dans la mer.

Ainsi, tout objet en rapport avec les idoles vont se désintégrer (le métal fond, la pierre s'effrite, le bois pourrit), et cette destruction va causer aux égyptiens encore plus de chagrin que la mort de leurs premiers-nés (tellement ils y sont attachés).

[midrach haGadol ; Mékhilta]

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-> Cette plaie a entraîné :

1°/ une révolte des premiers-nés qui ont massacrés leur père.

En effet, après avoir soufferts pendant 9 plaies, les 1ers nés ont pris à cœur l'avertissant annonçant leur mort pendant la 10e plaie. Ils demandent à leurs pères et à Pharaon de laisser partir les juifs, mais ils vont refuser.

Frustrés et terrorisés, ils vont reporter leur colère sur leurs pères, et 600 000 égyptiens vont mourir ainsi.

Ils vont alors essayer de soulever la masse du peuple égyptien, qui va faire la sourde oreille, les laissant affronter l'inévitable : la 10e plaie.

[Chaque plaie a le nom de ce qui a attaqué les égyptiens (ex: celle des sauterelles). Cette 10e plaie est dénommée celle des 1ers-nés, car le principal dégât est provenu de cette révolte des 1ers-nés envers leurs pères.]

-> Jusqu'à présent, seul Pharaon était au courant de cette plaie. Lorsque les aînés le surent, ils se rendirent chez leurs pères, pour qu'ils agissent en leur faveur. Les pères rétorquèrent : "Nous avons dix garçons, peu nous importe d'avoir un enfant en moins, nous ne libérerons pas les enfants d'Israël!"
Face à leur refus, les aînés se dirigèrent chez Pharaon, qui était lui-même un premier-né, en lui demandant de laisser partir le peuple d'Israël pour qu'ils aient la vie sauve.
Même Pharaon s'entêta et ne voulut rien savoir!
Les aînés comprirent que leur fin approchait. Ils prirent donc les armes et tuèrent 60 000 égyptiens. C'est ce qui est écrit : "À Celui qui frappe les Égyptiens, dans leurs premiers-nés" (Téhilim 136,10).
[rav Barou'h Rozenblum]

2°/ la plaie elle-même : la mort des 1ers-nés.

3°/ juste après, Pharaon lui-même a massacré un grand nombre de personnalités de 1er rang. [Zohar haKadoch 45]

4°/ Selon le Beit haLévi, les corps en pourriture des morts de cette plaie, vont répandre largement un grave épidémie. [ceci est développé immédiatement ci-dessous]
On parle de "maka bé'horot" : car il y avait la mort des "bé'hor" (1ers-nés), puis une autre "maka" (plaie) dans la plaie : une épidémie dévastatrice.

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-> "Il n’y aura pas chez vous de prise pour l’exterminateur quand Je frapperai la terre d’Egypte" (v.12,13)
-> "Il ne permettra pas à l’exterminateur d’entrer dans vos maisons pour sévir" (v.12,23)
=> Comment comprendre cette apparente contradiction?

Le Beit haLévi explique : Dès que les égyptiens mouraient dans la plaie des premiers-nés, ils pourrissaient immédiatement, et il s’ensuivait des épidémies supplémentaires.
En plus de la plaie des premiers-nés, il y avait des "exterminateurs" (c’est la signification du verset selon lequel Hachem ne laissera pas l’exterminateur frapper les maisons des juifs : ils ne souffriront ni de la plaie des premiers-nés ni des épidémies qui la suivront).

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-> Après la plaie, Pharaon est allé voir Moché, qui lui a demandé de proclamer publiquement : "Peuple d'Israël, vous n'êtes plus les esclaves de Pharaon. Vous êtes dorénavant les serviteurs de D.!"
[guémara Yérouchalmi - Pessa'him 5,5]

-> Selon le Ibn Ezra, Pharaon a uniquement accordé aux juifs le voyage de 3 jours, qu'ils avaient pu demander.

-> Selon le Rokéa'h et le Alchikh, Pharaon a accepté que les juifs ne reviennent pas du tout.

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+ Les jours précédents la 10e plaie :

-> Le 10 Nissan, Shabbath avant la sortie d'Egypte, les juifs vont se repentir de leurs fautes et se détourner de l’idolâtrie. ['Hatam Sofer]

Dès ce jour, ils vont attacher au lit pour chaque foyer un agneau mâle sans défaut, de première qualité, sous les yeux des égyptiens, montrant ainsi leur bravoure (c'était pour eux une divinité).

-> Les juifs vivaient en Egypte depuis 210 ans, et Hachem avait informé Avraham d'un exil de 400 ans pour ses descendants (Béréchit 15,13).
Selon le Zohar, durant les quelques jours où les juifs gardèrent l'agneau, ils éprouvèrent une si grande terreur d'être tués par les égyptiens que ces 4 jours leur furent comptés comme complétant les 400 ans.

Pour les égyptiens le fait de voir leur animal sacré enchaîné dans une maison juive allait leur causer plus de douleur que ne le firent toutes les autres plaies. [Zohar - Pin'has]

Un jour de Hachem représente 1 000 ans (Téhilim 90,4).
Hachem créa le monde en 6 jours, un jour pour chacun des 6000 ans que le monde est destiné à durer.
Le 7e jour, le Shabbath correspond donc au dernier Shabbath qui sera l'ère messianique.
Cette préparation à la sortie d'Egypte eut lieu [en 2448], soit 2000 après la création d'Adam.
Hachem ordonna que les juifs retinssent le sacrifice Pessa'h pendant 4 jours, correspondant aux 4000 ans à venir jusqu'à la rédemption finale.
[...]
Hachem ordonna aux juifs de se procurer l'agneau le 10 Nissan, 4 jours avant son sacrifice, et de le garder enchaîné dans leurs maisons, là où les égyptiens pourraient le voir.
Aux questions des égyptiens, les juifs seraient bien obligés de répondre qu'ils allaient égorger et manger l'animal, tout en sachant que cette réponse mettait leur vie en danger.
De la sorte, pendant 4 jours entiers, les juifs allaient sanctifier le nom de D. et réparer la profanation des 4 lettres de Son Nom (יהוה).
Cet acte allait également expier les 4 fautes qu'ils avaient commises en participant aux rites idolâtres.

Moché prescrit donc aux juifs : "Conduisez et prenez un mouton pour vous" (Bo 12,21) = ceci signifie qu'ils devaient acheter des agneaux et les conduire dans les rues, là où tous les égyptiens pourraient les voir.
L'agneau devait également être égorgé publiquement, en présence de toute la communauté : hommes, femmes et enfants.
Ce rituel était destiné à offenser les égyptiens et à les faire réagir très vivement à la profanation de leur animal sacré, attaché et rôti au feu.
En effet, ils risquaient de venir avec épées dégainées et d'attaquer les juifs.
Ces derniers mettaient ainsi leur vie en danger en réfutant les divinités égyptiennes et expiaient leur péché d'idolâtrie. En contrepartie, Hachem allait protéger les juifs en rendant les égyptiens aussi faibles que les agneaux n'osant pas même protester contre le "sacrilège" perpétré par les juifs.

[une autre raison à l'attente de 4 jours, est que les juifs devaient se circoncire pour consommer ce sacrifice (v.12,48), et que durant 3 jours les douleurs sont fortes et empêchent les mouvements (la célébration et la sortie d'Egypte n'auraient pu être totales!).]
[Méam Loez - Bo 12,7]

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-> Dans la Haggada avant de réciter les 10 plaies, nous disons : "dam va'éch vétim'rot achan" (du sang, du feu et des colonnes de fumée - Yoël 3,3).

Cela fait allusion : au sang placé sur les portes, au feu de la viande du korban Pessa'h qui était rôtie, et au fait que ce feu a entraîné une colonne de fumée.
Pour les égyptiens le fait de voir leur propre idole (dieu) traité d'une telle manière était aussi douloureux pour eux qu'une autre plaie, puisqu'ils étaient impuissants de pouvoir sauver leur dieu.  [à l'inverse des ex-esclaves qui avaient un D. au-delà de tout!]
[haChir véHachéva'h]

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-> Lorsque Hachem parcourut l'Egypte pour frapper les premiers-nés, Il guérit en même temps les plaies de la circoncision dont souffraient les juifs et leur rendit force et santé.
Moché y fit allusion lorsqu'il dit aux juifs : "Hachem passera au-dessus de l'ouverture" (Chémot 12,23) = Moché aurait dû dire que "Hachem passera au-dessus de vous" (Chémot 12,13), comme D. le lui avait promis.
En réalité, Moché faisait également allusion au fait que Hachem allait passer au-dessus de l'ouverture (péta'h) de la plaie ouverte de la circoncision pour la guérir. [ils ont ainsi pu quitter l'Egypte sans souffrir et danger liés à une très récente circoncision]
[Méam Loez - Bo 12,51]

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-> Cette nuit-là Hachem provoqua la calcination des moutons sacrés d'Egypte. Leur odeur se répandit à travers toute la ville, ce qui causa aux égyptiens autant de souffrance que toutes les autres plaies.

Hachem jugeau également les anges veillant sur l'Egypte ; Il les abaissa et réduisit leur puissance.
A ce moment-là, Douma, l'ange gardien de l'Egypte, parcourut 400 lieues en un instant pour supplier Hachem de ne pas le démettre de sa fonction.
Hachem lui répodnit qu'une fois un décret semblable émis, il ne peut être annulé. Pourtant, puisque cet ange avait supplié D. d'avoir pitié de li, Il le fit régner sur le Guéhinam (purgatoire), où il punirait tous les réchaïm.

[Zohar (Chémot) - rapporté par le Méam Loez - Bo 12,12]

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-> Les égyptien adorait le mouton, et en particulier le signe zodiacal du Bélier (associé au feu), qui est lié au mois de Nissan. [l'Egypte fêtait pendant un mois entier le dieu mouton à partir du 15 Nissan (la pleine lune)]
Le sacrifice Pessa'h était "rôti au feu" (v.12,8) pour fournir un contraste avec Avraham qui jeté au feu en était sorti sain et sauf.
[Taamé haMitsvot]

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-> La veille de Pessa'h, à la suite des milliers de circoncisions effectuées, une véritable rivière de sang se répandit. Le sang de la circoncision se mêla au sang de l'agneau pascal, et par le mérite de ces sangs, les juifs furent libérés.
[...]

Lorsque Hachem parcourut l'Egypte pour frapper les premiers-nés, Il guérit en même temps les plaies de la circoncision dont souffraient les juifs et leur rendit force et santé.
Moché y fit allusion lorsqu'il dit aux juifs : "Hachem passera au-dessus de l'ouverture" (Chémot 12,23) = Moché aurait dû dire que "Hachem passera au-dessus de vous" (Chémot 12,13), comme D. le lui avait promis.
En réalité, Moché faisait également allusion au fait que Hachem allait passer au-dessus de l'ouverture (péta'h) de la plaie ouverte de la circoncision pour la guérir. [ils ont ainsi pu quitter l'Egypte sans souffrir et danger liés à une très récente circoncision]
[Méam Loez - Bo 12,50-51]

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-> Le 14 Nissan, Hachem a donné 2 mitsvot aux juifs à faire : se circoncire et préparer le sacrifice de Pessa'h, afin qu'ils acquièrent des mérites.

En mangeant du sacrifice, ils vont être immédiatement guéris de la brit mila. [Zohar]

Le midrach (Chémot rabba 15,12) dit : "De votre côté, vous égorgerez le sacrifice Pessa'h, et de Mon côté, j'égorgerai les premiers-nés égyptiens".

-> Les juifs appliqueront le sang du sacrifice (associé à celui de la circoncision) sur les montants latéraux et la poutre transversale des portes, en expiation de leurs fautes.

Le sang ainsi mis forme la lettre 'hét (ח), qui est la première du mot : 'haïm (la vie).
Selon le 'Hizkouni cela est une allusion au fait que Hachem passera alors au-dessus d'eux, leurs laissant la vie sauve.

Selon le midrach (Chémot rabba 17,3), cela va rappeler le mérite de la brit mila d'Avraham, faite à Pessa'h, qui va protéger ses descendants pendant la plaie.

Selon le Béer Mayim 'Haïm, les 2 montants latéraux font allusion à Moché et à Aharon, les piliers qui supportent la nation juive. Le sang sur le montant transversal renvoie à Hachem qui regarde le peuple juif avec plein de bienveillance et de bonté.

Selon le 'Hizkouni, certains sont d'avis que les juifs ont inscrit en haut : un youd ; sur le montant à droite : un vav, et à gauche : un hé.
Il y avait ainsi écrit le nom de D. (Tétragramme) dans Sa pleine miséricorde.

Le midrah rapporte également que pour appliquer le sang sur les portes, ils ont utilisé des branches d'hysope, un tout petit arbrisseau.
Cela symbolise, que malgré le mépris des égyptiens qui les considèrent comme un peuple inférieur et sans importance, les juifs sont précieux aux yeux de Hachem.

-> Selon le Zohar (Bo 35b), le sang va mettre une barrière entre les maisons juives et l'idolâtrie répandue en Egypte.

-> "Vous toucherez le linteau et les 2 montants (mézouzot - מְּזוּזֹת) avec le sang" (Bo 12,22)
Le Tikouné Zohar (10,25a) fait remarquer que les lettres du mot : mézouzot (les montants (d'une porte) - מזוזות), permettent de former : "la mort est enlevée" (zaz mavét - זז מות).
De même que le sang sur les montants (mézouzot) a permis de protéger les juifs de la plaie des premiers-nés, de même, de nos jours, chaque mézouza protège la maison.

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-> Hachem voulait dire aux juifs : "Le sang sera pour vous un signe sur les maisons dans lesquelles vous demeurez. Je connais tous vos péchés et Je sais que vous méritez d'être punis. Toutefois, Je vous donne ce commandement du sacrifice afin que vous vous repentiez. Vous devez vous rendre compte que tout ce que vous ferez à cet agneau : l'égorger, le dépecer et le rôtir, ... aurait dû vous être fait à vous.
C'est donc un signe pour vous, afin que vous ressentiez, comme par procuration, la punition que vous méritez ...
Voyez le sang et prenez conscience de Ma miséricorde et de Mon amour envers nous.
Vous vous rapprochez alors de Moi et vous deviendrez Mon peuple".
[Méam Loez - Bo 12,13]

-> Le sang sur les portes [des maisons juives au moment de la sortie d'Egypte] n'a pas empêché la plaie d'entrer dans leur maison, mais c'est plutôt ... tout celui qui croyait et avait confiance en Hachem, et n'avait pas peur de Pharaon et de ses décrets, en sacrifiant publiquement le dieu égyptien (l'agneau) ... celui-ci est considéré comme un tsadik.
Puisqu'il a confiance en Hachem, alors il mérite d'être protégé.
[rabbénou Bé'hayé]

[En ce sens, le Kessef Mézoukak dit que Hachem n'a pas besoin de signe, mais le sang sera la preuve, l'affirmation symbolique de l'indépendance vis-à-vis des croyances égyptiennes. Le mérite de cet acte de confiance va les protéger de la plaie.]

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-> La nuit du 15 Nissan, où tous les juifs se sont réunis, a duré 36 heures.
[Séder haDorot]
Selon le Zohar, le soleil a brillé pendant cette nuit.

-> Au moment où les juifs étaient sur le point de manger, un nuage Céleste est descendu, il s'est élevé et les a transporté à Jérusalem, où tous les juifs ont mangé leur part du korban Pessa'h au-dessus du mont du Temple.
En un instant, ils sont retournés en Egypte.
[Targoum Yonahan - Yitro]

-> Après avoir mangé du sacrifice, ils se sont tranquillement endormis afin de prendre des forces pour le départ dans le désert le lendemain matin.
Le bruit du deuil et des souffrances atroces des égyptiens ne les a pas réveillé, et en rêve Hachem leur a montré tous les miracles se produisant au même moment en Egypte.
[Méam Loez]

-> "Les Egyptiens se réjouirent de leur départ, car ils avaient été saisis de peur à cause d’eux." (Téhilim 105,38)

Le Bné Yissakhar rapporte que les égyptiens leur ont donné leur or et argent, espérant ainsi les persuader de partir au plus vite, mais les juifs ont patiemment attendu le temps fixé par Hachem.

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-> "Que pas un d'entre vous ne franchisse alors le seuil de sa demeure, jusqu'au matin." (lo tétsé'ou ich mipéta'h béto ad boker -Bo 12,22).

=> Quels juifs avaient le droit de quitter leur maison pendant cette nuit?

-> L'ordre contenu dans le verset ci-dessus ne s'appliquait qu'aux hommes juifs.
Les femmes et les enfants avaient le droit de sortir de leur maison.
[c'est pour cela que le verset utilise le terme "ich" [אִישׁ] pour en exclure les femmes et les hommes]
Les femmes allaient et demandaient l'or, l'argent et les vêtements des égyptiens pendant cette nuit.
[Panim Yafot]

-> Le Ibn Ezra explique qu'après l'exécution de la plaie des 1ers nés, Pharaon a appelé Moché et Aharon, qui sont alors apparus devant lui dans son palais.
Cela implique qu'également Moché et Aharon sont allés dehors de leur maison en cette nuit.

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-> "Hachem, Lui-même infligera cette plaie (en un instant), car Lui seul sait quels égyptiens sont réellement des premiers-nés." [Zohar haKadoch - Vayéra 108]

D. qui sait tout n'a pas besoin de signe pour différencier les juifs, des non-juifs.
Rachi (Bo 12,13) dit : "Hachem a-t-Il besoin de voir pour savoir ? D. a dit : "Je saurai, en voyant le sang, que vous êtes occupés à la pratique de mes mitsvot, et je passerai alors sur vous". "

Parfois nous nous interrogeons : En quoi mes actions sont-elles utiles à Hachem, qui a et est tout?

Sans nullement remettre en question l'ordre divin, les juifs ont appliqué la volonté de D. dans la joie, et c'est tout ce que Hachem attend de nous.

Une mitsva peut sembler un acte simple, inutile, mais le fait que Hachem nous l'ordonne, lui confère une valeur infinie, et doit nous remplir de joie d'avoir l'honneur de pouvoir l'accomplir.

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-> "Je verrai le sang et Je passerai par-dessus vous"

L'agneau était l'idole principale des égyptiens, et qu’il fallait beaucoup de dévouement aux Bné Israël pour acheter et égorger leur idole aux yeux de leurs ennemis. Pourtant, ils n’ont pas tardé et n’ont pas hésité, mais l’ont fait avec simplicité, sans aucun calcul.
Les dernières lettres des mots "Et adam oufassa’hti aleikhem" (le sang et Je passerai par-dessus vous - אֶת הַדָּם וּפָסַחְתִּי עֲלֵכֶם) forment le mot "tamim" (simples - תמים), pour nous insinuer que par le mérite d’avoir fait la mitsva avec simplicité, Hachem a passé par-dessus eux.
[Maskil El Dal]

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+ "Hachem passera pour frapper l'Egypte ... et Hachem passera par-dessus l'entrée et Il ne permettra pas au destructeur d'entrer dans vos maisons pour frapper"(Bo 12,23)

-> Selon la guémara (Baba Kama 60a), une fois que l'ange de la mort/destructeur a la permission de tuer, il ne fait pas la distinction entre les tsadikim et les réchaïm.
[c'est pour cela que les juifs avaient l'interdiction de sortir de leur maison cette nuit]

=> Est-ce Hachem ou bien un ange qui a apporté cette plaie?
De plus, si les 1ers-nés égyptiens sont morts vers midi, alors pourquoi les juifs ne pouvaient-ils pas sortir ensuite?

Le 'Hatam Sofer donne la réponse suivante.
A minuit, Hachem a frappé les 1ers-nés égyptiens par une plaie mortelle, mais cependant ceux-ci sont restés en vie jusqu'au matin.
En effet, Hachem ne voulait pas les tuer lui-même, puisqu'un baiser mortel est une mort adaptée uniquement pour les tsadikim, et les égyptiens ne méritaient pas une telle mort.

Le 15 Nissan c'est le jour où la constellation du bélier est au plus haut. Or, le bélier, c'était le signe du zodiaque propre aux égyptiens. Ainsi, le 15 Nissan, la force des égyptiens était au plus haut.
C'est alors qu'au milieu de la nuit du (14 au) 15 Nissan, Hachem frappa dans le ciel la constellation du bélier. La conséquence de cela fut que les 1ers-nés égyptiens en furent extrêmement affaiblis, car le bélier c'est l'aîné et le 1er des 12 signes du zodiaque.

Quand on dit que seul Hachem frappa les 1ers-nés, il s'agit de ce coup qu'Hachem occasionna à l'astre des égyptiens à minuit. Mais, c'était un ange qui termina la plaie et qui mit réellement à mort les 1ers-nés au matin.
Ces deux étapes étaient nécessaires
Les 1ers-nés égyptiens étaient dans un état d'agonie toute la nuit, et au matin, Hachem envoya un ange qui finalisa la mort des 1ers-nés.
En effet, si Hachem ne les avait pas affaiblit, alors l'ange de la mort n'aurait pas pu triompher sur Rahav, l'ange responsable de l'Egypte (Zohar 2:272b).
[les 1ers-nés étant alors au plus haut de leur force, du fait qu'en ce jour leur astre était au plus haut, alors, l'ange n'aurait pas eu assez de force pour les tuer au matin.]

Une fois que l'ange de la mort avait la permission de tuer les 1ers-nés, jusqu'au matin, les juifs devaient rester cachés, et Hachem veillait sur eux.

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+ Pourquoi est-ce que Hachem, Lui-même, a tué les 1ers-nés?

-> Selon le Zohar (Béréchit 117a), il y avait tellement d'impureté en Egypte qu'aucun ange ne pouvait se risquer à y aller, seul Hachem qui est parfait, pouvait le faire tout en restant par la suite complet.

-> Selon le Sfat Emet, les juifs étaient remplis de fautes (ils étaient au 49e degré d'impureté sur 50), et seulement Hachem qui a mis en chaque juif une âme divine était capable de déceler cette trace dans Son peuple, permettant alors de les sauver.

Le Or ha'Haïm voit cette intervention divine, comme un signe de Son énorme amour pour Sa nation : "le 1er-né de Mes fils" (Chémot 4,22).
[D. nous aime tellement qu'Il voulait Lui-même le faire!]

-> Le Maharal rapporte que la naissance est une des 3 clés que D. n'a donné à personne d'autre que Lui-même (guémara Taanit 2a).
Puisque cette nuit de Pessa'h marque la naissance du peuple juif, seulement Hachem pouvait être la "sage-femme".

-> La guémara (Baba Kama 60b) enseigne que les aboiements des chiens sont un signe que l'ange de la mort est présent dans la ville.
Il est écrit : "pas un chien n'aboiera" (Bo 11,7).
Selon Rabbi David Feinstein c'est une preuve que seul Hachem est intervenu en cette nuit.

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-> Le Ramban explique que la mort des 1ers-nés a été réalisée par Hachem. C'est Lui Qui les a mis à mort. Seulement, il est connu que quand dans un endroit, se trouve de nombreux morts rassemblés, cela peut entraîner une infection, car des microbes peuvent se diffuser et entraîner une contamination.
Or, il existe un ange particulier, responsable de cette sorte de contamination suite au rassemblement de nombreux morts. Et la Torah vient ici préciser que non seulement la mort des 1ers-nés en elle-même, qui a été réalisée par Hachem seul, n'a pas atteint les juifs. Mais même une fois tous les morts égyptiens exposés, que cela risquait d'entraîner une infection et une contamination, malgré tout Hachem protégea les juifs pour que cet ange destructeur responsable de cette contamination, ne les touche pas.

-> Le Gaon de Vilna explique que la Torah vient préciser que non seulement la plaie des 1ers-nés n’atteindra pas les juifs, laquelle plaie était réalisée uniquement par Hachem. Mais qu’en plus de cela aucun juif ne mourra cette nuit-là même d’une mort naturelle.
En effet, le peuple d’Israël était très nombreux et il est clair que naturellement plusieurs juifs auraient dû mourir cette nuit-là, ne serait-ce que de vieillesse, leur temps étant arrivé.
Cependant Hachem a empêché l’ange de la mort de faire son travail pour reprendre l’âme du moindre juif et même de celui pour qui le moment de mourir était arrivé.
Tout cela avait pour but de faire taire les égyptiens qui voudraient dire que même chez les juifs il y a des morts.

=> C’est à cela que fait référence la Torah quand elle dit qu’Hachem ne laissera pas l’ange destructeur (il s'agit donc de l'ange de la mort) frapper les juifs, à savoir d’une mort naturelle. Mais il est clair que la plaie de la mort des 1ers-nés en elle-même, n’a été réalisée que par Hachem Lui-Même.

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-> "Lorsque Hachem s’avancera pour frapper l’Égypte, il regardera le sang appliqué au linteau et aux deux poteaux et il passera devant la porte et il ne permettra pas au Destructeur d’entrer dans vos maisons pour sévir" (Bo 12,23)

=> Il est une apparente contradiction entre le début et la fin de ce verset, qui a frappé les égyptiens lors de cette plaie de la mort des premier-nés? En premier lieu il semble que ce soit Hachem lui-même, mais alors pourquoi ensuite dire que c’est l’ange Destructeur?
De plus, pourquoi exiger ce signe du sang? Que ce soit Hachem ou un ange, il pourra très bien faire la différence entre une maison juive et une maison égyptienne.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Bo) enseigne :
En fait le midrach rabba (Chémot 18,2) nous explique que ce signe a induit les égyptiens en erreur, ils ont cru qu’ils allaient échapper à la plaie des premier-nés en les cachant dans les maison juives et que grâce à ce signe du sang à la porte, ils seraient épargnés. Mais une peine double leur a alors été appliquée.
En effet, l’ange Destructeur n’a pas été autorisé à entrer dans les maisons juives porteuses du signe du sang, il ne s’est aventuré que dans celles des égyptiens et y a tué les premier-nés présents, mais dans celles où le premier-né (béchor) avait été placé en maison juive, il a tué le plus grand de la famille à la place du premier né.
Ensuite Hachem lui-même est entré dans les maisons juives et y a tué les premiers-nés égyptiens. Et pourquoi?
Car l’ange Destructeur, s’il avait eu a tuer les égyptiens dans les maisons juives y aurait tué aussi des juifs, car il est inspiré par l'attribut de Rigueur (midat hadin), mais Hachem, Lui, y a fait usage de miséricorde, Midat Hara’hamim, avec les Bné Israel, même au moment de tuer les égyptiens cachés.
On comprend donc quel est le rôle de l’ange Destructeur, celui d’Hashem et la raison du sang sur les portes.

[c'est exactement ce que dit le verset : "(Hachem) ne laissera pas l’ange destructeur venir dans vos maisons pour frapper" = Ce verset évoque le cas où le 1er-né égyptien se trouvait dans une maison juive. Dans ce cas, Hachem ne laissa pas l'ange entrer dans la maison juive pour frapper l'égyptien, car il risquait de ne pas savoir distinguer. Alors, c'est Hachem Lui-Même qui frappa.]

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-> La guémara (Taanit 2a) enseigne que Hachem Lui-même va réaliser la résurrection des morts.
Hachem a le statut de Cohen (kav ya'hol).

Un Cohen n'a pas le droit de se rendre impur, à l'exception de pour ses enfants.
Ainsi, si le peuple juif n'était pas considéré comme Ses enfants, D. n'aurait pas le droit de se rendre impur pour eux, en réalisant leur résurrection.
Cela démontre que les juifs sont Ses enfants.

Lorsqu'un père envoie ses enfants travailler en tant qu'esclaves, il fait tout ce qu'il peut pour en raccourcir la durée.
De même, Hachem a souffert plus qu'un père en voyant Ses enfants souffrir en esclavage, et Il a tout fait pour en diminuer la durée au maximum.

[le 'Hida - Roch David ]

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+ Le 15 Nissan : une date historiquement favorable aux juifs :

Depuis la Création, cette nuit du 15 Nissan est une date propice pour les juifs, et néfaste pour leurs ennemis.

On peut citer par exemple :

1°/ Adam avait dit à ses enfants Caïn et Evél, que cette nuit-là convenait pour offrir à Hachem un sacrifice.
En effet, c'est cette nuit-là que les juifs apporteront plus tard le sacrifice de Pessa'h.

Caïn, le fils aîné, avait alors apporté un sacrifice de peu de valeur, tandis que Evél, le plus jeune, avait apporté une offrande convenable.
D. avait accepté celle de Evél, et refusé celle de Caïn.
[Pirké déRabbi Eliézer 21]

2°/ Its'hak a choisi de bénir son fils Essav le 14 Nissan.

Essav est un chasseur extrêmement habile, mais Hachem a éloigné les animaux pour le retenir loin du foyer pendant qu'il chassait de la nourriture pour son père.

Pendant ce temps, Rivka demande à son fils le plus jeune, Yaakov, de se préparer à prendre les bénédictions, et lui dit : "Cette nuit (le 15 Nissan), les portes de la bénédiction sont ouvertes. Cette nuit, les anges dans le ciel vont chanter un cantique pour célébrer la délivrance future de nos enfants ..."

Yaakov pris alors 2 chevreaux : un pour que sa mère prépare un plat pour son père, et un autre symbolisant le sacrifice de Pessa'h, qui sera offert plus tard.

C'est ainsi que Yaakov reçoit les bénédictions de son père.
[Pirké déRabbi Eliézer 32]

3°/ A l'époque des Juges, Midiyan opprima les juifs et leur causa des ennuis sans fin.
La nuit du 15 Nissan, Guidéon prendra une armée de 300 hommes et détruira la puissante armée midianite.
[Choftim7,9 ; Rachi sur ce verset]

4°/ A l'époque des Rois, les armées assyriennes opprimeront les juifs, et sous le règne de San'hériv, elles mettront le siège autour de Jérusalem.

La nuit du 15 Nissan, un ange de D. descendra dans le camp assyrien endormi et fera périr 185 000 soldats.
San'hériv retournera seul en Assyrie, sans aucune armée, et mourra assassiné par sa propre famille.
[Méla'him II 19,35 ; Radak sur ce verset]

5°/ Après la destruction du 1er Temple, les juifs ont été exilés dans les territoires de l'empire perse.
Haman, 1er ministre, préparera une potence élevée pour y pendre Mordé'haï, dirigeant spirituel des juifs exilés.

La nuit du 15 Nissan, le roi A'hachvéroch ne trouve pas le sommeil, et c'est le début d'une chaîne d'événements qui vont conduire Haman à sa chute, et au sauvetage des juifs.
[méguilat Esther 6 ; Pessikta déRav Kahana 17]

6°/ Autres : c'est en cette nuit du 15 Nissan que Hachem a détruit Sodome, que Daniel sortira indemne de la fosse aux lions, que Avraham est parti en guerre contre les 4 rois qui ont enlevé Lot, son neveu, et qu'il retrouva sa trace.

7°/ C'est en une nuit du 15 Nissan, qu'une femme juive va pousser des cris déchirants en voyant son nouveau né jeté dans le ciment du puits où elle travaille.
Ces cris vont monter directement au ciel et l'ange Gavriel descendra pour prendre le ciment dans lequel est imbriqué l'enfant et le déposer au pied du trône céleste.

Le tribunal céleste décrète alors qu'un an plus tard, jour pour jour, les égyptiens seront punis pour toutes ces atrocités.
[Pirké déRabbi Eliézer 48]

==> La nuit du 15 Nissan est une nuit de protection contre tout mal (leil chimourim - Bo 12,42 : "une nuit de protection pour tous les enfants d'Israël, pour leurs générations"), et ce de tout temps.

A la fin des temps, c'est ce jour que débutera la rédemption finale avec Eliyahou hanavi et le machia'h. [Or ha'Haïm - Bo 12,42 ; midrach Chémot rabba 18,12]

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-> La nuit de Pessa'h est différente de toutes les autres nuits, et appartient à la miséricorde totale.
Non seulement la nuit de Pessa'h qui a eu lieu en Egypte, mais chaque année c'est une nuit de miséricorde totale.
Le verset (12,42) se termine d'ailleurs par : "pour tous les enfants d’Israël, pour leurs générations".
[le Kaf Cohen]

-> La nuit du Séder nous sommes des gardiens (shomrim), et c'est pour cela que cette nuit s'appelle : "leil shimourim" (la nuit des gardes). En effet, en cette nuit chaque juif est de service et il doit rester debout aussi longtemps qu'il le peut afin de parler à propos de la sortie d'Egypte.
[Ibn Ezra - Bo 12,42]

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+ Mesure pour mesure :

-> Ils ont opprimé et tué Israël, premier-né de D. (cf.Chémot 4,22).
A présent, les premiers-nés, dont les égyptiens vouaient un culte idolâtre vont mourir.
[Malbim]

-> Le Ramban explique que les égyptiens avaient l'autorisation de prendre un juif comme esclave personnel à son service.
Ainsi chaque famille égyptienne avaient plusieurs esclaves juifs.
Le rav Soloveitchik dit qu'à cette époque, les premiers-nés étaient généralement les responsables de la gestion du foyer et avaient la responsabilité des esclaves. Lorsque le père n'était pas là, ils assuraient sa place.
Puisque globalement ils ont tous joué un rôle de premier plan dans l'oppression des juifs, ils ont été punis mesure pour mesure par Hachem.

-> Les prêtes égyptiens étaient composés des premiers-nés égyptiens. [Kol Bo 58]
De plus, les premiers-nés étaient eux-mêmes servis comme idoles par la nation.
Ainsi, Hachem a puni les idoles d'Egypte par le biais de la plaie des premiers-nés. [Panim Yafot]

-> La plaie des premiers-nés était la rétribution des égyptiens pour avoir jetés les bébés juifs dans le fleuve. [Abarbanel 6,6]
Au sujet de la 10e plaie :"Ce fut une clameur immense dans l'Égypte : car il n'y avait point de maison qui ne renfermât un mort" (Bo 12,30)
Les pleurs et les cris que l'on entendait des égyptiens à cause de la plaie des premiers-nés, était une punition directe pour être restés silencieux lorsqu'ils ont entendu les juifs crier pendant tout leur esclavage, et pour être restés silencieux lorsque les enfants juifs ont été tués.
Maintenant, eux-aussi allaient crier de douleur.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

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-> Dans le livre de Bamidbar, la Torah rapporte le recensement des premiers-nés mâles, qui sont un total de 22 273.
Pourquoi y avait-il si peu de premiers-nés? En effet, puisqu'à cette époque la nation juive comprenait 600 000 hommes, nous pourrions penser qu'il y avait certainement un nombre beaucoup plus important de premiers-nés dans la population.

Le Targoum Yonathan ben Ouziel (Chémot 2,23) écrit que lorsque Pharaon a contracté la lèpre, chaque jour il égorgeait 300 garçons premiers-nés juifs, afin de se baigner dans leur sang.
Puisque le barbarisme de Pharaon a considérablement appauvri le nombre des premiers-nés au sein du peuple juif, mesure pour mesure, les premiers-nés ont été décimés pendant la plaie des premiers-nés.
[rav Binyamin Wurzburger]

[le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou - Béchala'h) dit que Pharaon tuait 150 enfants pour son bain du matin, et 150 enfants pour son bain du soir, soit 300 enfants chaque jour.
Selon l'opinion de Rabbi Akiva (citée dans la Haggada), Hachem a puni les égyptiens de 300 plaies (50 en Egypte et 250 à la mer Rouge). Les égyptiens ont mérité 300 plaies en punition pour le fait que Pharaon tuait 300 enfants juifs tous les juifs.]

"Les enfants d'Israël gémirent du sein de l'esclavage et se lamentèrent ; leur plainte monta vers Hachem du sein de l'esclavage." (Chémot 2,23)

Le Or ha'Haïm donne plusieurs explications sur ce verset :

1°/ Malgré le fait que leurs gémissements n'étaient pas des prières dirigées vers Hachem, mais uniquement des cris d'une personne qui souffre, ils sont montés devant D., qui les a accepté.

2°/ Généralement les personnes sont déprimées lorsqu'une situation devient très difficile.
Ce verset souligne que Hachem a pris en compte l'effort supplémentaire nécessaire pour prier tout en étant dans un esclavage très sévère.
["Il n'y a pas de plus grande douleur que d'être esclave, car cela efface l'individualité de la personne, et on l'oblige à agir contre conscience" - Ibn Ezra (Chemot 2,3)]

3°/ Normalement les prières montent au Ciel par des émissaires, comme les anges.
Cependant, les gémissements provenant d'une souffrance, d'une douleur, sont tellement puissants qu'ils montent directement devant Hachem sans aucun intermédiaire.

=> Cela nous éclaire beaucoup sur l'impact de nos prières durant nos périodes difficiles, et à quel point D. fait tout pour qu'elles soient entendues et acceptées.

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-> Rabbénou Bé'hayé commente ce verset :
Même si le moment de la délivrance était arrivé pour eux, ils n'étaient pas méritants d'être délivrés.
Mais ils ont gémi vers Hachem et ces prières étaient très puissantes, au point de leur donner le mérite [d'être sauvés].

La Torah précise que ces prières étaient le fruit de leur travail d'esclaves éreintant, pour nous apprendre que la prière faite par quelqu'un dans une situation de détresse est la prière la plus efficace, celle qui est le plus facilement acceptée par Hachem.
Une personne désespérée met tout ce qu'elle a dans sa prière : ses émotions, ses larmes, son cœur, son âme.

[nos Sages nous recommandent de prier à l'image d'un pauvre qui n'a plus rien, qui ne peut compter sur personne si ce n'est son papa Hachem.
Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons lui parler de tout notre être (même de notre intériorité profonde, et pas uniquement par des lèvres qui bougent extérieurement), sans avoir une partie de nous même qui espère en autre chose.]

-> "Quand mon âme, dans mon sein, allait défaillir, je me suis ressouvenu de Hachem, et ma prière a monté vers toi" (Yona 2,8)

Selon Rabbénou Bé'hayé, le prophète Yona nous garantit qu'une prière faite dans la détresse atteint la plus haute place du Ciel.
En Egypte, les juifs étaient à ce moment-là au 49e niveau d'impureté, mais ce qui a compté c'était uniquement leurs prières.

[Peut importe qui nous sommes et ce que nous avons pu faire dans notre vie, la prière sincère venant du cœur peut absolument tout changer.
Il faut prendre conscience de la gravité de la situation, et gémir à Hachem, comme si c'était une question de vie ou de mort.
Nos Sages recommandent d'être toujours joyeux, mais de compresser toutes nos douleurs, inquiétudes, ... dans notre moment où nous prions, et durant lequel nous vidons tout à Hachem, qui seul peut tout faire pour nous aider.
On oublie à quel point Hachem est infiniment grand, et que par nos prières nos soucis deviennent de plus en plus insignifiants (D. s'en chargeant alors!).]

-> Rabbénou Bé'hayé (Chémot 2,23) continue : "La Torah nous enseigne comment être délivré de l'exil actuel.
Notre délivrance nécessite de la téchouva et de la prière, à l'image de la délivrance d'Egypte qui a eu besoin de la téchouva et de la prière avant que Hachem ne réponde à notre détresse ...
C'est en raison du fait que la guéoula est dépendante de la téchouva et de la prière."

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-> "D. vit les enfants d'Israël et D. sut" (Chémot 2,25)

Le Targoum Yonathan traduit ce verset ainsi : "Hachem a vu leur détresse dans l'esclavage, et Hachem a vu la téchouva qu'ils faisaient en privé, alors que personne d'autre [qu'eux-mêmes] était conscient de leur téchouva."

[on peut faire téchouva en partie pour que le regard d'autrui le remarque. Ainsi une téchouva qui se remarque en public n'est pas 100% désintéressée.
Mais une téchouva dont personne n'est au courant si ce n'est Hachem, est lichma (désintéressée), et elle amène la téchouva.
Le rav Elimélé'h Biderman fait remarquer que c'est ce qui se passa en Egypte, comme il est écrit : "D. sut" = seul Hachem avait connaissance de leur téchouva faite en privé, et tout de suite après la Torah aborde le buisson ardent, où Hachem va envoyer Moché pour délivrer les juifs.
Ainsi, la téchouva privée amène notre délivrance personnelle et collective!]

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-> "De l’étroitesse de ma détresse j’ai invoqué D. : il m’a répondu [en me mettant] au large" (min amétsar karati ya, anéni bamer’hav ya - Téhilim 118,5)
La raison est que les prières qui sont répondues sont celles dites dans la détresse.
Comme il est écrit : "Quand mon âme allait défaillir, je me suis ressouvenu de Hachem, et ma prière a monté vers toi" (Yona 2,8) ...
Les prières dans la détresse ne monte pas à Hachem par le biais d'un intermédiaire [un ange], mais elles vont directement à Hachem.
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Chémot 2,23]

[même lorsque tout va bien, nous devons prier Hachem de toutes nos forces, des profondeurs de notre être, comme si notre vie en dépendait, comme si l'on était en train de couler et que seul Hachem peut nous sauver de cette mort certaine!]

-> Rabbénou Bé'hayé (Chémot 2,2) fait remarquer que le jour où Moché a été mis dans un panier sur le Nil, il était en pleine détresse, gémissant fortement à Hachem. C'était un 6 Sivan, qui va être le même jour où il va monter au Ciel pour recevoir la Torah sur le mont Sinaï.
Cela correspond aux paroles du roi David : "Le jour où je t’appelai [dans ma détresse], tu me répondis, tu me donnas du courage en fortifiant mon âme" (Téhilim 138,3).

[cet exemple doit nous renforcer dans le fait que dans notre détresse, nous avons un pouvoir de prière énorme et elles sont exaucées.]

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-> "En Egypte, les juifs étaient incapables de parler. Tout ce qu'ils pouvaient crier est "Oy!". Ces gémissements sont montés au ciel et étaient très précieux pour Hachem
[...]
Certaines personnes sont presque incapables de prier à Hachem à cause des souffrances [de la vie] ... Néanmoins, il ne faut pas perdre espoir. Appelez Hachem Hachem du mieux que vous pouvez.
Même si votre prière ne produit qu'un seul cri à Hachem des profondeurs de votre cœur, Hachem prendra en compte votre pauvreté, vos difficultés, votre bas niveau [du moment], votre localisation, votre situation et dans Sa bonté immense, Il va écouter votre gémissement et Il vous sauvera."
[Yichma'h Israël - Chémot 2 - citant son père le rabbi Yé'hiel Alexander]

-> Lorsque les juifs arrivèrent à la mer Rouge, ils étaient également dans un état où ils n'arrivaient pas à prier, mais uniquement à crier.
Il est écrit : "voici que l'Egypte avançait derrière eux et ils eurent très peur ; les enfants d'Israël crièrent vers Hachem" (Béchala'h 14,10)

Le 'Hidouché haRim écrit : "Il avait été prévu que les juifs ne puissent pas prier à ce moment, afin que dans toutes les générations suivantes, lorsqu'on n'aura pas la force nécessaire pour prier, alors on devra crier à Hachem et Hachem nous sauvera.
Comme il est dit : "Hachem combattra pour vous et vous gardez le silence" (Béchala'h 14,14), que la Mékhilta explique ainsi : même quand les juifs seront silencieux car dans l'impossibilité de prier, Hachem combattra les guerres pour eux."

-> Le Maor vaChéméch enseigne :
On peut s'interroger pourquoi est-il écrit : "Les enfants d'Israël gémirent du sein de l'esclavage" (vayiz'akou - 2,23), et non pas qu'ils prièrent à Hachem (vayitpallel)?
La raison est ... que parfois il y a des anges Accusateurs qui créent un mur de fer qui empêche les prières de monter ...
D'après le Zohar (vol.2,p.63), la solution est : "de gémir des profondeurs de notre cœur et avec toute notre kavana".
Le gémissement est uniquement un son sans mots.
Les anges Accusateurs (mékatéguim) ne sont pas conscients de ce type de prière, seulement Hachem l'est et Il se tourne vers ces gémissements ... et Il répond à ces appels.
C'est une prière bien plus spéciale que les prières habituelles (téfilot) où l'on prononce des mots, que les anges comprennent et peuvent empêcher [de monter vers le Ciel].
Uniquement Hachem connait nos pensées et nos requêtes qui sont exprimées par des cris/gémissements, et Hachem les exécute."

[ => il en résulte que lorsqu'il nous est dur de prier, nous ne devons pas désespérer ou tout abandonner, mais au contraire nous devons déverser notre intériorité en gémissement à D.]

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-> D'une certaine façon, le Zéra Kodech (Vaéra) va encore plus loin :
"[En Egypte] Hachem a entendu l'ardent désir des juifs, à quel point ils voulaient être capables de pouvoir prier vers Lui comme il le faut.
Il est écrit : "Les enfants d'Israël gémirent à Hachem" (vayiz'akou bné Israël él Hachem) de : "min aavoda" = de leur prière [car la prière est appelée : avoda chébalev - le travail du cœur] en raison du fait qu'elle n'était pas comme elle devrait l'être."

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-> b'h, voir également : Hachem écoute nos cris du coeur : https://todahm.com/2020/01/05/38366

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-> La bouche est l'arme la plus puissante du peuple juif, en vertu du verset : "la voix est celle de Yaakov et les mains sont celles d'Essav".

Tout soldat sait qu'il ne lui suffit pas d'être armée d'un révolver et de munitions et de savoir viser, mais il doit également remplir une autre condition : son révolver doit être propre et pas rouillé.
De même, explique le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï), celui qui désire que sa prière ait un effet et soit exaucée doit se soucier de la propreté de sa bouche, veiller qu'elle soit dépourvue de paroles interdites, de médisance, de raillerie, de mensonge et de colportage.

D'ailleurs, nos Sages attestent qu'en Egypte, nos ancêtres restèrent fidèles à leur langue, grâce à quoi leurs plaintes parvinrent aux cieux et ils furent libérés de l'esclavage.
[c'est pour cela qu'il est écrit dans notre verset : "les enfants d'Israël se lamentèrent" puis : "leur plainte monta vers Hachem du sein de l'esclavage"]

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-> b'h, sur ce verset voir également : https://todahm.com/2013/12/25/divers-paracha-chemot

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-> Avec la mort de Pharaon, l'ange gardien de l'Egypte fut lui aussi évincé de sa position. Jusqu'alors, il ne laissait pas les prières des juifs atteindre D.
Une fois l'ange écarté, leurs prières "montèrent devant D."
Bien que Hachem sût que les juif ne méritaient pas d'être délivrés, il eut pitié d'eux à cause des Patriarches, qui priaient pour leurs descendants.

Ceci nous enseigne également que notre rédemption finale ne viendra que par notre repentir et notre prière. Elle est semblable à la 1ere rédemption d'Egypte, qui ne se produisit que grâce à la téchouva (repentir) et à la téfila (prière).
Les larmes que versa Essav lorsqu'il perdit le droit d'aînesse (Béréchit 27,38) est l'une des raisons du difficile exil que nous vivons actuellement. Nous devons pleurer suffisamment pour laver ses larmes, et alors nous serons délivrés.

[le Zohar - rapporté par le Méam Loez - Chémot 2,23-25]

"La Akédat Its'hak a eu lieu pendant Pessa'h.
Lorsque Avraham a offert son fils Its'hak sur l'autel, les âmes de tous ses futurs descendants ont également "posées leur cou" devant Hachem. "

['Hiddouché haRim]