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"Il lui écrira un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,1)

Le document de divorce s'appelle en hébreu : le gét (גט).
Que pouvons-nous tirer de ce nom?

1°/ Le mot gét (גט) a une valeur numérique de : 12.
Son nom nous apprend qu'en pratique, il doit être écrit en précisément 12 lignes (pas plus, pas moins).

2°/ En utilisant la guématria, le nombre 12 peut être obtenu de différentes façons (ex : beit et youd, dalét et 'hét, ...), mais la combinaison : guimmel et tét (גט) n'est pas un hasard.

On remarque que dans toute la Torah, il n'y a aucun mot dans lequel les lettres guimmel (ג) et tét (ט) sont ensembles.

=> De même que ces 2 lettres sont toujours séparées dans la Torah, elles représentent l'opposé de l'unité et de la paix (d'où l'appellation de : גט).

 

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

"Ne t'écarte ni à droite ni à gauche de ce qu'ils te déclareront" (Choftim 17,11)

-> Rachi de commenter : "Même s'il te dit que la droite est la gauche et que la gauche est la droite et, à plus forte raison, s'il te dit que la droite est la droite et la gauche est la gauche".

-> Le Ramban nous enseigne :
"Voici le sens de ce commentaire de Rachi : même s'il te semble que le sage te dit que la droite est la gauche, et que la gauche est la droite, tu dois lui obéir.
A plus forte raison quand c'est toi qui te trompes et qu'il te dit que la droite est la droite, et que la gauche est la gauche, tu dois lui obéir.

Les paroles des sages correspondent toujours à la vérité.
C'est seulement toi, dont l'esprit est loin de la connaissance de la Torah, qui crois qu'ils se trompent."

[Même si tu es aussi sûr de la justesse de ta position que de ton aptitude à distinguer la gauche de la droite, tu n'es pas moins tenu de suivre la paroles de nos Sages en Torah]

-> Le Maharal (Béer Hagola) nous dit à ce sujet :
"Tous les décrets, les barrières et les coutumes que nos Sages ont imposés dans la Torah orale expriment la volonté de D.
Cette volonté se dévoile seulement au moment propice par l'intermédiaire des sages de chaque génération.

Les sages et les justes de chaque génération sont l'incarnation de la Torah orale, grâce à eux, la volonté de D. passe de la pensée à l'acte."

-> Le Sefèr ha'Hinoukh (commandement 496) nous enseigne sur l'importance de se plier à l'avis des Sages de notre génération :

"On ne s'écartera pas de leurs ordonnances même s'ils ont commis une erreur.
On ne les contredira pas, mais on agira selon leur erreur.

Mieux vaut subir les conséquences d'une erreur et les laisser trancher sur toutes choses que de voir chacun agir selon son opinion personnelle, ce qui conduirait à saper notre foi et à faire disparaître notre peuple."

"Et tu ne prendras pas de don corrupteur (cho'had - שוחד)" (Choftim 16,19)

-> Dans la guémara (Kétouvot 105b), nos Sages demandent : "Qu'est-ce que le שוחד (cho'had)?
Chéou 'had (שהוא חד) : il est un ( = "seul")."

Le Ba'h nous rappelle que la guémara (Shabbath 10a), nous enseigne également, qu'un juge ayant une décision impartiale/neutre est considéré comme un associé de D. dans la Création du monde, car celui-ci repose sur la justice.
Si en revanche, il accepte des dons corrupteurs et ne juge pas équitablement, il n'a pas d'associé : "il est seul" (chéhou 'had)

-> Le 'Hida nous signale que les lettres qui suivent celles du mot : שחד (cho'had) sont : תטה (taté).
Si tu acceptes du שחד ("don corrupteur"), il s'ensuit que תטה ("tu feras pencher" [le jugement]).
[toute acceptation de don corrupteur sera suivie par un détournement inconscient de la justice et de la vérité]

Quant aux lettres qui précèdent שחד (cho'had), elles peuvent former : רגז (la colère - roguèz), ainsi que : גזר (décret - guézar).
=> Quand un juge accepte des dons corrupteurs, D. se met en "colère" et "décrète" une punition.

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+ Rava dit : Pourquoi le "cho'had" est-il interdit?
C'est parce que dès qu'un juge accepte un présent (même le plus minime, même s'il n'en a pas besoin, même s'il n'en a pas conscience, ...), il se sent proche du donateur et fait corps avec lui ; or, un homme n'arrive pas à déceler ses propres torts (ou défauts).
Que signifie le mot "cho'had" (שחד)?
Il ne fait qu'un avec lui (chéou 'had - שהוא חד).
Rav Pappa dit : Un homme n'a pas le droit de juger ni la cause d'un plaideur qu'il aime ni la cause d'un plaideur qu'il hait, car on ne voit ni les torts de ceux qu'on aime ni les mérites de ceux que l'on hait.
[guémara Kétouvot 105a-105b]

-> L'interdiction d'accepter des cadeaux corrupteurs existe même si le juge a l'intention de juger équitablement, et selon les lois de la Torah, les 2 plaideurs. Pourquoi?
C'est parce qu'il est impossible de ne pas se laisser influencer par le plaideur dont on a reçu un présent, en penchant en sa faveur.
[Rachi - Dévarim 16,19]

-> Pourquoi un don corrupteur aveugle-t-il le juge qui l'accepte?
C'est parce que quiconque accepte un cadeau corrupteur, serait-ce un érudit/Sage dans la Torah, son esprit finira par sombrer dans la confusion et il oubliera les Lois qu'il a apprises : la "lumière" de ses yeux s'obscurcira ; cette confusion et cette "obscurité" le détournent de la Vérité et faussent donc son jugement.
[Rachi - Chémot 23,8]

-> Les "pots-de-vin" détruisent le pouvoir spirituel de celui qui les reçoit, c'est-à-dire la clarté d'esprit et la juste compréhension des faits rapportés par les plaideurs.
Ainsi, les dons corrupteurs brouillent la vision claire du cas à juger et altèrent l'objectivité des juges, sans qu'ils ne le ressentent.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

-> Le pot-de-vin aveugle véritablement le juge qui traite l'affaire à juger, comme s'il ne voyait pas les faits, jusqu'à condamner l'innocent même sur témoignage des témoins dont il déformera les paroles à cause du don corrupteur qu'il a reçu.
[Maharcha]

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-> La principale raison de l'interdit de recevoir du cho'had est le risque d'incliner le jugement en faveur du donateur.
Même le juge accepte ce don avec l'intention sincère de culpabiliser le coupable et d'innocenter l'innocent, de même qu'il ne voit pas ses propres défauts et torts, il ne les verra pas chez son donateur.
Même si le juge est un Sage animé d'une volonté de justice, il ne doit pas compter sur ses bonnes intentions et sa raison, car inconsciemment le cho'had reçu l'aveugle et le verdict sera certainement altéré : les lois (halakhot) seront modifiées à ses yeux et il croira que son verdict erroné est conforme à la halakha.
[Méïri]

-> Après qu'un juge ait dévié son verdict de la vérité, même une seule fois, à cause du don corrupteur qu'il a accepté, il aura perdu définitivement le sens de la vérité et demeurera "aveugle" toute sa vie.
En effet, tout son système de pensée est déformé et tous ses verdicts ultérieurs seront entachés d'erreur, même s'il cesse d'accepter du cho'had.
Plus que cela, lorsque se multiplient les juges qui acceptent un don corrupteur, ils auront une influence même sur les juges honnêtes et droits de leur génération.

[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.1,p.54]

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-> Même si un juge ne porte pas de considération ou d'amitié à un plaideur plus qu'à l'autre, cependant il n'aura pas à les juger s'il lui semble que l'un d'entre eux l'aime davantage que le second.
Cette disqualification de juger un conflit entre ces 2 plaideurs est une conséquence de ce verset : "Comme dans l'eau (miroir) le visage répond au visage, ainsi les cœurs des hommes se répondent" (Michlé 27,19).
En effet, si le juge ressent qu'un des plaideurs l'aime plus que l'autre, il lui portera à son tour inconsciemment plus d'attention, d'après le verset cité, et il ne verra pas en lui de culpabilité, et ainsi le verdict prononcé ne sera pas conforme à la Vérité.
[Haflaa]

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"N'accepte pas de présents corrupteurs" (Michpatim 23,8)
Ce verset concerne non seulement l'interdiction pour un juge de recevoir des dons corrupteur en argent, mais également l'interdiction de recevoir des présents corrupteurs en paroles ou actes ("cho'had dévarim") ...
Par exemple, un jour, Chmouel montait sur un bac (pour traverser un fleuve) ; un homme vint lui tendre sa main (pour l'aider).
Chmouel lui demanda : "Pourquoi (te montres-tu si avenant)?"
L'homme répondit : "J'ai un procès en cours".
Chmouel lui dit : "Je suis disqualifié (passoul) pour te juger!" ...

Rabbi Ichmaël fils de rabbi Yossi avait un métayer (exploitant en louage de son verger) qui lui apportait un panier de fruits chaque vendredi, veille de Shabbath.
Une fois, il lui apporta les fruits un jeudi.
Rabbi Ichmaël lui demanda : "Pourquoi ce changement?"
Son métayer répondit : "J'ai un procès en cours et je me suis dit : je profite de devoir venir auprès de toi pour être jugé, pour t'apporter tes fruits".
Rabbi Ichmaël n'accepta pas de recevoir les fruits et s'estima disqualifié (passoul) pour juger ce procès.
Il confia ce jugement à 2 rabbanim.
Pendant le procès, rabbi Ichmaël allait et venait et se disait : pourvu que mon métayer pense à dire ceci et cela (comme arguments de défense)!
Il s'écria alors : Maudit soit celui qui accepte des présents corrupteurs! Si moi qui n'ai pas accepté ces fruits, et quand bien même je les aurais acceptés, j'aurais pris des fruits qui m'appartiennent, j'ai réagi de cette façon impartiale en faveur de mon métayer, à plus forte raison ceux qui acceptent effectivement des dons corrupteurs!
[guémara Kétouvot 105b]

-> Dans ce récit, rabbi Ichmaël fils de rabbi Yossi, qui a ressenti qu'il désirait dans son cœur que le métayer gagne ce procès, a compris que l'unique cause de ce parti-pris était la légère satisfaction d'avoir reçu ses fruits à l'avance.
Il apprit ainsi le secret des forces cachées dans l'âme : la moindre gratification, la plus petite séduction devient un élément corrupteur capable de déformer la perspicacité et d'entraîner le chaos dans tous les détours de la pensée, même chez un gadol (grand).
Pourtant, le tana rabbi Ichmaël fils de rabbi Yossi connaissait la subtilité du préjugé, et c'est pourquoi il refusa d'accepter ses propres fruits un jour plus tôt, et il se dessaisit de ce procès.
Malgré ses efforts, rabbi Ichamël constata que de nombreux arguments en faveur du métayer s'agitaient dans sa tête.
Il comprit alors le danger de toute gratification, si minime soit-elle, même pour un gadol (un grand un Torah), et donc à fortiori pour chacun de nous.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.1,p.53]

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-> Dans la paracha de Pin'has, les filles de Tsélof'had ont demandé à Moché de bénéficier de l'héritage de leur père (son territoire en Israël), suite à sa mort.
Moché s'est retiré de cette décision pour demander à Hachem de décider.
Pourquoi cela alors que quotidiennement il donnait directement une réponse aux très nombreuses questions des juifs?

Le Avné Nézer répond que c'est parce que les demandes des femmes sont souvent accompagnées d'explosions émotionnelles et de larmes, et les larmes sont également une forme verbales de pot-de-vin.

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-> Le rav Yérou'ham de Mir explique :
"Le choh’ad est un grand secret dans la Torah. Il ne s’agit pas d’une notion banale mais d’une faute dont les racines sont l’essence même du Mal. Comme l’explique le Sforno, au début de la Torah en ce qui concerne la première faute : c’est l’ange du Mal lui-même qui chevauchait le serpent afin de faire fauter Adam et H’ava. Cet ange a entraîné la première faute en utilisant la force de l’intérêt personnel et l’amour de soi-même et le désir de profiter.
La Torah est appelée Tov (ki léka’h tov) et les Michpatim d’Hachem sont droites et bonnes (Michpeté Hachem emet tsadekou yah’dav). Le but du dayan (juge) est de permettre au Tov (à ce qui est droit et bon) de régner et de s’installer au milieu des bné Israël même lorsqu’il y a des dissensions.
Le choh’ad : c’est faire rentrer la présence du Mal dont l’essence est la recherche de l’intérêt, ou la réception d’un profit personnel, dans le Tov que sont : les lois de la Torah.

C’est ce que dit la guémara (Sota 47b) : "depuis que ce sont multipliés les baalé anaa (les profiteurs) il n’y a plus de justice, il n’y a plus de bonnes actions, il n’y a plus de na'hat pour Hachem dans ce monde."
Qu’ont fait ces gens? Ils veulent seulement profiter de ce monde-ci!
Mais en réalité, cette ambition qui semble banale est la raison de la première faute de Adam et H’ava, c’est là la force essentielle du yetser ara, et c’est aussi le secret du Mal dans les racines de sa création.

La guémara (Kétouvot 103) raconte qu’à la fin de sa vie, rabbi Yéhouda haNassi a levé ses 10 doigts vers le ciel et a dit : "Hachem, Tu sais que je n’ai pas profité même comme mon petit doigt, de ce monde-ci".
D’après nos paroles, il ne s’agissait pas seulement d’une des qualités spécifiques de Rabbi, mais plutôt avant de quitter ce monde, il a voulu exprimer à Hachem à quel point il s’était toujours efforcé de s’accrocher au Tov et d’être lui-même un Bon homme en s’éloignant le plus possible des racines du mal."

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b'h, sur ce même sujet :
- https://todahm.com/2018/02/19/6181
- https://todahm.com/2019/10/02/10740

"Il donnera au Cohen : l'épaule, les joues et l'estomac" (Choftim 18,3)

Lorsque le Malbim fut nommé rabbin à Bucarest, il constata un laisser-aller dans sa communauté pour l'observance de certaines mitsvot.
Prenant pour la 1ere fois la parole, il formula les remarques suivantes :

"A l'époque où le Temple était en place, le Cohen recevait 3 gratifications : l'épaule [littéralement : l'avant-bras], les joues et l'estomac.
Aujourd'hui, ce sont les érudits en Torah qui occupent la place réservée jadis aux Cohanim, de sorte que je suis en droit de vous réclamer ces 3 dons.

J'insiste en conséquence pour que vous mettiez chaque jour les téfiline sur vos avant-bras, pour que vous ne rasiez pas vos joues avec une lame, et pour que la nourriture que vous introduisez dans vos estomacs soit cachère."

"Si tu observes et pratiques toute cette loi que je te prescris aujourd'hui, en aimant Hachem, ton D. et en suivant ses voies chaque jour (kol ayamim)" (Choftim 19,9)

Le Ibn Ezra comprend les mots : "Kol hayamim" ("chaque jour" ou "tous les jours") dans le sens : "sans manquer d'interruption entre eux".

Un grand principe se cache derrière ces quelques mots : l'élévation spirituelle d'un individu dépend de l'assiduité qu'il manifeste dans son étude de la Torah, ainsi que dans son accomplissement des mitsvot.
Cela vaut également pour une personne qui n'étudierait qu'une heure par jour, l'essentiel étant qu'elle se "coupe", pendant cette heure là, de ses autres activités quotidienne.
(durant le temps fixé pour l'étude, rien d'autre n'existe et ne justifie une interruption - sauf une réelle urgence).

A ce propos, le rav 'Haïm Chmoulévitch nous donne un très bon exemple.
S'il faut 5 minutes pour faire bouillir une casserole d'eau déposée sur un feu, le fait de ne la laisser que 4 minutes, en la retirant ensuite, quand bien même cette opération serait réitérée 10 fois de suite, ne sert à rien.
En revanche, si on la laisse 5 minutes d'affilée, elle bouillira du 1er coup.

=> Il en est de même dans le domaine spirituel : une étude continue reste inscrite dans l'individu, alors que le contraire ne produit que des résultats chaotiques.
Tous les grands en Torah savent ce secret, et c'est ainsi qu'ils atteignent les sommets de la connaissance.

"Tu agiras en toute simplicité avec Hachem, ton D." (Choftim 18,13)

Comme l'explique Rachi : "agir en toute simplicité" avec D., c'est s'en remettre à Lui sans chercher à connaître l'avenir et accepter tout avec amour.

Le 'Hafets 'Haïm d'ajouter : c'est seulement avec D. que cette conduite est de rigueur ; avec ses semblables, il faut parfois recourir à toutes sortes de stratagèmes, comme Yaakov, "un homme simple" qui dut ruser avec Lavan.

"Or, il y aura toujours des nécessiteux dans le pays; c'est pourquoi, je te fais cette recommandation : ouvre, ouvre ta main à ton frère, au pauvre, au nécessiteux qui sera dans ton pays." (Réé 15,11)

-> Le Sifri nous enseigne :
"Lorsque les juifs obéissent à D., il n'y a pas de pauvres parmi eux.
Mais, s'ils ne font pas la volonté de D., il y aura des pauvres parmi eux."

-> Rabbi Na'ham de Breslev de nous dire (Likouté Halakhot VIII) :
"La richesse parvient à chaque personne au travers de son conduit personnel.
Lorsque les juifs obéissent à la volonté de D., les ressources descendent d'une bonne façon en étant distribuées de façon équivalente à tous.
Dans le cas contraire, elles sont mal réparties, ce qui explique que certaines personnes soient très riches, et d'autres très pauvres.

Le fait de donner à la charité va rectifier cette situation.
Lorsqu'une personne qui a été bénie par un surplus d'argent, va reconnaître qu'une partie ne lui revient pas, et donne à la tsédaka, elle répare la mauvaise distribution faite.

Ainsi, en ouvrant notre main au pauvre, on ouvre le conduit de distribution des ressources qui peut alors atteindre tout le monde."

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-> Rabbi Na'hman nous enseigne aussi (Likouté Halakhot VII) :

"La charité supprime les mauvais décrets dans le monde.
En effet, lorsqu'un pauvre crie à D. l'injustice de sa pauvreté, ses cris et ses prières reviennent à poser la question suivante :
"Pourquoi n'y a-t-il personne qui aide ce pauvre?", et c'est alors que se réveille la colère et les jugements de D.
(Zohar I - 10b).

Une personne qui donne à un pauvre va non seulement repousser le jugement divin, mais va aussi le transformer en compassion."

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-> "En ouvrant ta main et en donnant aux autres, tu attires un souffle de vie, qui va amener de la vitalité dans ta propre vie"

[Rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Halakhot IV - p137a]

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-> "La mitsva de la charité est équivalent à accomplir toute la Torah, car elle créé une atmosphère d'amour et de paix.
La charité amène à l'unité, comme elle annule les différences entre les personnes, et elle indique le chemin de la vérité, qui est un.
De plus, le fait de donner à la charité invoque le pardon de toutes les fautes."

[Rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Halakhot IV - p194a]

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-> La pauvreté disparaîtra parmi les juifs seulement s'ils écoutent les paroles de D. et observent Ses commandements.
[Méam Loez (Réé 15,5-6)]

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-> "Refuser de donner la charité est considéré comme une faute aussi grave que l'idolâtrie."
[guémara Baba Batra 10a]

Le Tsror haMor commente :
La comparaison entre l'idolâtrie et le refus de donner la charité est claire : celui qui n'aide pas les pauvres nie que D. lui a fait obtenir sa richesse.
Il croit que ses biens n'appartiennent qu'à lui.
L'homme riche et égoïste remplace la foi en Hachem par la croyance en sa propre force et en ses facultés.
De la même façon, le païen remplace D. par une idole à laquelle il attribue une puissance supérieure à celle de D.

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-> "Ouvrir la main pour faire la charité" (Réé 15,11)

Rambam commente :
"Celui qui détourne les yeux du pauvre est comme l'idolâtre, le racha, ...
Celui qui donne l'aumône de mauvaise grâce, le visage baissé vers le sol, même s'il fait au pauvre un don de 1 000 pièces d'or, perd tout le mérite de son action. Il doit lui donner avec bonhomie et ave joie et partager sa détresse".

-> "Ne sois pas partial pour le pauvre, dans son procès" (Michpatim 23,3)
Le rabbi de Lublin explique que cela veut dire qu'il ne faut pas prendre le parti de D. dans le procès que lui fait un mendiant.

-> Un homme peut pratiquer toutes les mitsvot de la Torah qui concernent les relations de l'homme avec D., il peut même parvenir jusqu'aux plus hauts sommets de l'adhésion à la divinité ; tout cela ne représente rien s'il n'est pas réellement attentif aux douleurs des hommes.
[rabbi Its’hak de Vork]

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-> "Celui qui donne une pièce d’argent à un pauvre recevra 6 bénédictions, et celui qui le réconforte par des paroles recevra 11 bénédictions"
[guémara Baba Batra 9b]

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+ Est-ce vraiment un pauvre?

-> Le Méam Loez enseigne (Réé 15,11) :
Nos Sages nous recommandent d'être reconnaissants envers les imposteurs qui prétendent avoir besoin d'argent alors qu'ils ne sont pas pauvres.
Grâce à eux, de nombreuses personnes trouvent l'excuse de ne pas donner la charité. Elles refusent de donner la charité et prétendent craindre de donner la tsédaka à quelqu'un qui ne le mérite pas.

Si ces imposteurs n'existaient pas, et ne fournissaient pas une excuse commode pour s'abstenir de donner la charité, nous serions tous considérés comme des fauteurs car nous nous sommes tous abstenus, à un moment ou un autre, de donner la charité à une personne qui la sollicitait.

L'attitude approprié est celle que la Torah indique : "il y aura toujours des pauvres dans le pays" = il y aura toujours parmi nous des nécessiteux qui auront réellement besoin de notre aide. Nous devons donc ouvrir la main à quiconque nous le demande, même si nous ne pouvons pas être certain qu'il est vraiment pauvre.
Il existe toujours une possibilité que la demande vienne d'un pauvre réellement nécessiteux.

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"Le pauvre ne disparaîtra pas de l'intérieur du pays" (Réé 15,11)

-> Ce verset est une prophétie : dans le futur, il y aura une génération (ou plusieurs) dont la majorité des gens ne sera pas méritante, donc en situation de pauvreté.
[Ibn Ezra - Dévarim 15,6]

[En effet, Rachi (Dévarim 15,4) affirme que si l'on respect la volonté de Hachem, alors il y aura des pauvres chez les autres et non chez nous ; et à l'inverse si l'on ne respecte pas la volonté de D., alors il y aura des pauvreté parmi nous. (tout dépend de notre comportement!)]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Dans ce verset, pourquoi l'expression principale : "Le pauvre ne disparaîtra pas" (lo yé'hdal év'yone - לֹא יֶחְדַּל אֶבְיוֹן) est-elle suivie de l'expression : "de l'intérieur du pays" (mikérév aaréts - מִקֶּרֶב הָאָרֶץ)?
Il y a ici une allusion : les 3 lettres du mot : érets (pays - ארץ) s'écrivent respectivement : אלף (aléph), ריד (réch) et צדי (tsadi).
Les lettres qui sont "à l'intérieur" : lamed (ל), youd (י) et dalét (ד) forment le mot : dli (un seau - דלי) qui est parfois rempli d'eau et parfois vide.
De même un pauvre, qui aujourd'hui a des manques, car sa caisse est vide, peut demain s'enrichir (sa caisse peut se remplir) comme ce seau.

"Vous êtes des enfants de Hachem, votre D., ne vous tailladez point (lo titgodédou)" (Réé 14,1)

Le midrach Yalkout Chimoni d'expliquer : "Lo titgodédou = ne formez pas des clans/groupes (agoudot) opposés les uns aux autres".

Cependant, précise le Talmud (guémara Yébamot 13b), nous n'avons rien contre l'existence de 2 tribunaux rabbiniques dans une même ville.

=> Nous allons voir, b"h, 2 réponses du 'Hafets 'Haïm sur la notion de groupes au sein du peuple juif ...

-> Une personne demanda un jour au 'Hafets 'Haïm :
Qu'avons-nous besoin des " 'hassidim" (fondé par le Baal Chem Tov) et des "mitnagdim" (juifs orthodoxes s'opposant aux 'hassidim lors de leur création au 18e siècle, rassemblés sous l'autorité du Gaon de Vilna)?
Les 'hassidim eux-même sont divisés en plusieurs groupes : les uns accordent un place plus importante à la prière qu'à l'étude, d'autres aux chants et d'autres encore aux danses.

Que manquerait-il au monde si tous les juifs étaient unis en un seul groupe, priaient selon le même rite et adoptaient une conduite et un style de vie identiques?

Le 'Hafets 'Haïm lui répondit avec humeur, et douceur, comme à son habitude :
Avant de me poser cette question, tu devrais demander au tsar pourquoi son armée comprend différentes sortes de soldats : des fantassins, des cavaliers, des canonniers, des pilotes d'avion et des marins?
Pourquoi ne pas se contenter d'un seul type de soldats dotés des mêmes armes et dirigés par un seul chef?

La réponse est claire : pour vaincre l'ennemi, il faut user de différents stratagèmes et combiner divers corps de l'armée.
De même, les différents groupes de 'hassidim et de mitnagdim sont des soldats dans l'armée de D. qui combattent ensemble contre le mauvais penchant ; chacun aide à vaincre l’ennemi par son étude, sa prière ou ses chants, s'il est animé de bonnes intentions.

-> Un jour, on demanda au 'Hafets 'Haïm de se prononcer sur différentes organisations orthodoxes : lesquelles ont leur raison d'être et auxquelles est-il permis ou interdits de se rallier?

Il répondit en yiddich : "Je l'ignore. Mais quand nous allons arriver dans l'autre monde, on ne va pas nous demander : Appartenais-tu à telle organisation ou à telle autre?
On apportera un rouleau de la Torah et on nous demandera : As-tu accompli tout ce qui y est écrit?
Si nous allons répondre par l'affirmative, on nous conduira au gan Eden (paradis) ; sinon, on nous précipitera en Guéhinam (enfer)."

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-> "Vous êtes des fils pour Hachem votre D., vous ne tailladerez pas" (Réé 14,1)
Nos Sages (guémara Yébamot 13b) demandent : que veut dire : "vous ne vous tailladerez pas"? Israël est appelé enfant d'Hachem à la condition qu'il n'y ait pas d'opposition entre eux qui pourrait constituer des factions adverses.

-> Nous retrouvons également cette idée dans les paroles du prophète Mala'hi : "N'avons-nous pas tous un seul père? N'est-ce pas un seul D. qui nous a créés? Pourquoi commettrions-nous une trahison l'un contre l'autre et profaner ainsi l'alliance de nos pères?" (Mala'hi 2,10)

La charité …

+ En cette paracha Réé, voici quelques citations sur la charité (tsédaka) :

-> " 6 bénédictions récompensent celui qui donne un sou à un pauvre, 11 bénédictions récompensent celui qui le rassure et l'encourage par des paroles, et 17 à celui qui fait les deux" (guémara Baba Batra 9b)

-> "La tsédaka est une des choses qui peut annuler un décret difficile au sujet d'une personne" (guémara Roch Hachana 16b)

-> "Rabbi Elé’azar a dit : 3 choses annulent les mauvais décrets, et les voici : la téfila, la tsédaka et la téchouva " (Talmud de JérusalemTaanit 2,1 - 65b)

-> "Celui qui incite les autres à donner aux pauvres a encore plus de mérite que celui qui fait la charité" (guémara Baba Batra 9a)

-> "Selon Rav Assi : la charité équivaut à toutes les autres mitsvot" (guémara Baba Batra 9a)

-> Le roi Salomon nous dit : "La tsédaka sauve de la mort" (tsédaka tatsil mimavét - michlé 11,4)

On peut citer 2 exemples de la guémara à ce sujet :
1°/ la guémara Shabbath (156b) :
On avait annoncé à Rabbi Akiva que sa fille devrait mourir le jour de son mariage.
Le lendemain matin, suite au mariage, elle retira sa pince à cheveux du mur, et elle a alors vu qu'elle l'avait planté, avant de dormir, entre les yeux d'un serpent, tuant celui qui aurait du la tuer.

Son père, Rabbi Akiva lui demanda ce qu'elle avait pu faire récemment expliquant ce sauvetage miraculeux.
Elle lui expliqua que la veille, alors que son mariage était à son comble, elle remarqua un pauvre à l'entrée qui appelait à l'aide (pendant que tout le monde avait la tête dans le mariage), et elle lui donna son propre repas.
Son père comprit alors que la générosité et la sensibilité de sa fille à la souffrance d’autrui, lui avait sauvé la vie.

2°/ La guémara Baba Batra (11a) rapporte l'histoire de Binyamin haTsadik, qui était responsable d'un fond de charité.
Une année de pénurie, une femme vint le voir, et lui dit : "Rabbi, aides-moi!"
Il lui répondit : "Je te jure, qu'il n'y a plus un centime dans le fond de charité"
Elle lui dit :"Rabbi, si tu ne m'aides pas, une femme et ses 7 enfants vont mourir."
Il l'aida alors avec son propre argent.

Peu de temps après, il tomba gravement malade.
Les anges ont dit à D. : "Maître du monde, Tu as dit que celui qui sauve une âme juive, c'est comme s'il avait sauvé le monde entier. Est-ce que Binyamin haTsadik qui a sauvé une femme et ses 7 enfants, doit mourir si jeune?
Immédiatement, sa sentence a été déchirée.
Il a été enseigné qu'on lui a ajouté 22 années à sa vie."

-> "Selon Rav El'azar : la charité est supérieure à tous les sacrifices" (guémara Soucca 49b)

-> "Multiplier la charité, c'est multiplier la paix [et l'amour mutuel dans le monde, comme il est dit : "L'acte de charité sera : la paix" (Yéchayahou 32,17)]" (Pirké Avot 2,7)

-> "Rabbi Aba a expliqué : si tu as donné de ta poche pour une oeuvre charitable, D. te préservera de toutes les sortes d'impôts" (Talmud de Jérusalem Péa 1,1)

-> "Le roi David dit : "Quand à moi, je verrai Ta face grâce à ma charité" (Téhilim 17,15)
Viens, regarde l'importance de la charité, puisque le don d'une prouta à un pauvre confère le mérite d'être visité par la présence divine ...
Même les méchants qui n'ont pas d'autre mérite que la charité, sont visités par la présence divine." (Midrach Cho'har Tov 17 ; Midrach Tan'houma Vayikra)

-> La charité rapproche la délivrance, comme il est dit : "Observez le droit et faites la charité, car Mon salut est sur le point de survenir et Ma justice de se révéler" (Yéchayahou 56,1)

-> "Au moment où l'homme quitte ce monde, ni l'argent, ni l'or, ni les pierres précieuses, ni les perles ne l'accompagnent, mais uniquement la Torah et les bonnes actions" (Pirké Avot 6,9)

A ce sujet, on peut rapporter les paroles du roi Monobaz à ses frères lorsqu'il distribua toutes ses richesses et celles de ses pères, l'accusant de tout dilapider (guémara Baba Batra 11a) :
"Mes pères ont accumulé des trésors ici-bas, et moi, pour en-haut!
Mes pères les ont accumulés à un endroit où on peut s'en emparer, et moi, à un endroit inaccessible!
Mes pères ont accumulé des biens improductifs, et moi, des biens productifs (parce qu'on en tire profit dans ce monde, et le capital subsiste dans le monde à venir)!
Mes pères ont accumulé des trésors d'argent, et moi, des trésors spirituels!
Mes pères les ont accumulés pour les autres, et moi, pour moi-même!
Mes pères les ont accumulés dans ce monde, et moi, pour le monde à venir!"

-> Nos Sages (guémara Kétoubot 67a) de nous dire : "Ce qui conserve l'argent comme du sel, c'est d'en dépenser pour des dons charitables".

Plus le morceau de viande est grand (plus on a d'argent), plus il faut mettre de sel (donner à la tsédaka) afin d'en assurer la conservation (afin d'avoir toujours un grand morceau à l'avenir).
C'est l'idée que l'argent que l'on a, c'est l'argent que l'on a donné.

-> La guémara Kétoubot (68a) dit que celui qui se détourne de la charité est assimilé à un idolâtre.

-> Selon le midrach (Yalkout Chimoni - Kohélét 287) renier l'importance des actes de générosité et refuser d'en faire, c'est comme renier D.

-> "Personne ne s'appauvrit en faisant de la charité" (Rambam - Hilkhot Matnot Aniyim 10,2)

-> "A une personne que D. aime, Il transmet un cadeau : Il lui envoie un pauvre" (Zohar II,86)

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit des paroles qui nous montrent, à quel point, pour un juif la barre est haute : "Ce n'est pas à cause de nos dons charitables que D. nous a choisis d'entre tous les peuples, car ils en font, eux aussi. La charité n'est que l'un des commandements prescrits à un juif."

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-> Lorsque le riche donnera plus de tsédaka avec un œil bienveillant, afin de rassasier le pauvre, alors la bénédiction Divine augmentera le capital du riche par le mérite de cette tsédaka. Ainsi, le riche et le pauvre en profiteront tous deux.
[Haflaa - guémara Kétoubot 67b]

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-> "Car Hachem est tsadik, Il aime la tsédaka, Son visage contemple la droiture" (Téhilim 11,7)

Rabbi Yé’hezkel de Kozmir explique :
Hachem aime l’acte de tsédaka. Mais l’acte de tsédaka le plus élevé et le plus agréable à Ses yeux est "son visage contemple la droiture" = que celui qui reçoit puisse regarder droit dans les yeux celui qui donne, sans avoir honte devant lui.

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-> "Lorsqu'une personne s'enrichie, elle ferme ses mains (à la charité), car la richesse est une forme d'ivresse." (le 'Hafets 'Haïm)

[on pense souvent que si l'on était plus riche alors on donnerait plus largement aux pauvres. La réalité c'est qu'avec la richesse vient également un libre arbitre correspondant qui nous rend plus difficile de donner.
Nous sommes dans un autre état, comme ivre/aveuglé par notre richesse.]

-> Selon le 'Hessed léAvraham, 40 jours avant la conception d'un enfant, on lui demande s'il veut être riche ou pauvre.
Le fait qu'il y ait un grand nombre de pauvres dans le monde, montre que la richesse n'est pas le bonheur véritable ; le plus souvent, les pauvres vivent une existence très riche, alors que l'abondance dont jouit une personne fortunée ne lui laisse pas de repos.

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"Lorsque des non-juifs viennent en aide à ceux dans le besoin et que les juifs n'agissent pas de même, les forces [du mal] deviennent très puissantes et en profitent pour provoquer des ravages dans le monde avec une intensité redoublée.

Elles disent aux juifs : "Pourquoi devez-vous être pires que les autres nations? Puisque vous n'éprouvez aucune pitié et laissez les pauvres mourir de faim, nous n'aurons aucune pitié de vous".

Tous les biens et les bontés accordés par les cieux sont pris par ces anges [du mal] qui les distribuent aux non-juifs."

[Méam Loez - Béréchit 1,31]

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-> En général, Hachem châtie ceux qui ont le cœur dur face à un pauvre.
La plainte de l'indigent monte aux cieux. Il ne faut jamais donner la possibilité à un pauvre de nous maudire. Hachem entend ses cris même lorsqu'ils sont sans motif.
[Méam Loez - Vayéra 18,16]

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-> "Avec largesse il donne aux pauvres, [c'est pourquoi] son mérite durera éternellement ; sa force s'élèvera avec honneur" (Téhilim 112,9).

-> "Sa justice (tsidkato - littéralement : sa tsédaka) subsiste à jamais" (Téhilim 111,3)
Le rabbi 'Haïm Vital commente que lorsqu'un juif commet une faute, il risque de perdre toutes les mistvot qu'il a faites, à l'exception de la mitsva de la tsédaka.

Le rav David Pinto (La voie à suivre n°869) ajoute que grâce à la mitsva de la tsédaka que l'on conserve à jamais, on peut mériter que le cœur s'éveille au regret et au repentir.
[en ce sens, la tsédaka nous sauve d'une mort physique et spirituelle!]

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-> Le Baal haTourim note sur le verset : "chacun donnera le rachat de sa personne" (Ki Tissa 30,12), que le terme : vénatnou (ונתנו – traduit ici par « donnera ») se lit identiquement de droite à gauche et de gauche à droite, pour souligner que tout ce que l’homme donne à la tsédaka lui sera restitué, et qu’il ne perdra absolument rien.

-> Le Ben Ich 'Haï rapporte histoire arrivée chez le roi d’Espagne, qui avait demandé à son ministre Don Its'hak Abravanel : "Combien d’argent avez-vous?"
Il lui a répondu : "Sire, j’ai cent mille dinars!"
Le roi se mit en colère et lui dit : "C’est un mensonge! Rien que vos terres valent cinq cent mille dinars, sans compter l’argent liquide et les grands biens que vous possédez!"
Le ministre répondit : "Sire, vous m’avez demandé combien d’argent j’avais, et je vous ai dit toute la vérité. La vérité est que les terres, l’argent et les grands biens que votre Majesté a évoqués ne sont pas à moi, car qui sait ce qui peut se passer d’un instant à l’autre? Les biens peuvent disparaître. Le roi peut les confisquer. Ce que j’ai répondu au roi, c’est la somme totale de ce que j’ai donnée à la charité. Cet argent-là est certainement à moi!"

[cela est valable dans ce monde matériel où l'on ne perdra jamais à avoir donné à la tsadaka, mais également dans le monde à venir où toute la matérialité que l'on pense être nôtre (pour laquelle on a parfois tant peiné, tant fait de sacrifices), ne nous accompagnera pas dans la tombe, et c'est : "la mitsva de la tsédaka que l'on conserve à jamais" = on pourra pour l'éternité compter sur elle.
Quelques piécettes d'argent nous octroient forcément une récompense éternelle. Quelle affaire! ]

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-> Aujourd'hui tu pleures sur chaque pièce que tu donnes, demain (dans le monde futur) tu pleureras sur chaque pièce que tu n'as pas donnée!
[un mendiant dans une conversation avec un roche]

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-> L’ouvrage Oumatok Haor fait remarquer que les mots "vayik'rou li térouma" (qu'ils prennent pour Moi un prélèvement - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2) ont une valeur numérique de 821, ce qui est équivalent à celle des 3 termes suivants : "chéfa, bérakha, véats'lakha" (abondance, bénédiction et réussite - שפע ברכה והצלחה).
En d’autres termes, l’homme qui dispense généreusement son argent aux nécessiteux mérite que se déverse sur lui une profusion de bénédictions et jouit de la réussite.

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-> Le Baal haTourim note sur le verset : "chacun donnera le rachat de sa personne" (Ki Tissa 30,12), que le terme : vénatnou (ונתנו – traduit ici par "donnera") se lit identiquement de droite à gauche et de gauche à droite, pour souligner que tout ce que l’homme donne à la tsédaka lui sera restitué, et qu’il ne perdra absolument rien.

-> Si nous appliquons la règle du At-bach (faire correspondre à une lettre, celle qui lui est symétriquement opposée dans l'alphabet) au mot : tsédaka (צדקה), nous retrouvons le mot : tsédaka (צדקה).

-> Le Ben Ich 'Haï, nous explique d'après la guémara : "Celui qui veut conserver son argent doit s'en démunir" = c'est-à-dire que tout celui qui veut assurer son capital, devra donner de la tsédaka.

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï enseigne dans le Zohar (Térouma) : lorsqu'un homme donne de la tsédaka à un pauvre, il s'insuffle de la vie à lui-même et le Créateur lui accordera de très grandes bontés dans ce monde ici-bas.

-> Le Arizal explique que la mitsva de tsédaka est des plus "visibles" dans le sens où la répercussion de celle-ci se perçoit sur le visage de l'homme. La mitsva de tsédaka étant un acte extérieur, contrairement à la mitsva "d'aimer Hachem" qui est un acte intérieur, lorsque l'homme s'habitue à donner aux pauvres, une lumière unique vient éclairer son visage, car l'habitude des hommes et de dévoiler leur visage au monde extérieur. Ainsi, c'est le visage qui bénéficiera de cette lumière spéciale.

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-> b'h, au sujet de l'importance future des pauvres : https://todahm.com/2020/07/20/14169

"Donner, tu lui donneras ..." (Réé 15,10)

Le Yalkout Chimoni (Michlé 31) fait remarquer que dans notre paracha la Torah double les mots :
-> "Ouvrir, tu lui ouvriras ta main" (Patoa'h tiphta'h - Réé 15,8)
-> "Donner, tu lui donneras" (Naton titen - Réé 15,10).

Pourquoi ces répétitions?

Une personne peut rencontrer une grande lutte interne au moment de donner de la tsédaka, en se disant rationnellement : "J'ai travaillé très dur pour cet argent, pourquoi devrais-je le donner à d'autres?"

Par ces répétitions, la Torah nous suggère une méthode facilitant la réalisation de cette mitsva.
En donnant de façon très répétée, on en devient habitué (selon le principe du Ram'hal : un acte extérieur conduit à impacter notre intériorité), et cela pourra même devenir un plaisir d'employer au mieux ses ressources.

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-> Rachi commente notre verset par : "Il faut lui donner et lui donner" même 100 fois.

-> Le Rambam (sur le Pirké Avot 3,15) nous enseigne : "Un homme n'acquiert pas des qualités par la grandeur de ses actions, mais par leur nombre".

-> Le 'Hafets 'Haïm de nous dire :
Il apparaît qu'il est préférable de partager 100 dinars entre 100 pauvres plutôt que de les donner à un seul car on s'habitue de la sorte à lutter 100 fois contre le mauvais penchant et on le domine plus facilement.

De plus, le don devient, par habitude, une seconde nature.
On peut percevoir cette idée dans le Téhilim (112,9) : "(Pusiqu') il distribue (son argent) en le donnant à de (nombreux) pauvres, (il est assuré que) sa charité subsistera à jamais", car l'habitude devient une seconde nature.

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-> Le Alchikh nous dit que cette redondance (donner, tu donneras) vient suggérer : D. te "donne" pour que tu puisses à ton tour "donner" à ceux qui sont dans le besoin.

-> Le 'Hida explique, au nom de Aboudraham, que si nous ne récitons pas de bénédiction avant d'accomplir la mitsva de la tsédaka, c'est parce qu'on ne peut jamais être certain que l'indigent acceptera notre aumône (peut-être par honte), la bénédiction risque d'avoir été prononcée en vain.

-> On peut se demander, pourquoi la Torah nous demande d'ouvrir notre main, sachant qu'en général elle est vide, en place d'ouvrir : "nos trésors" (ou notre compte bancaire!).

Nos Sages de dire que lorsque les doigts sont fermés dans la paume de la main, ils semblent tous avoir la même taille.
En ouvrant totalement la main, on se rend compte, cependant, que les doigts ont des tailles différentes.

En nous demandant d'ouvrir notre main, la Torah nous envoie le message que de même que tes doigts ont chacun une taille différente, de même, toutes les causes de charité ne sont pas les mêmes.
=> Mesure et évalue l'importance et l'utilité de chacune des causes et des institutions, et soutiens-les en conséquent.

A mon humble avis, on peut rajouter :
-> On ne peut pas mettre beaucoup de choses dans une main, ainsi, cela renvoie peut être à ce qu'on a vu précédemment : il vaut mieux donner plusieurs fois de petites portions, plutôt que tout d'un coup.

-> Lorsque l'on ouvre la main totalement, c'est souvent pour saluer, dire bonjour à quelqu'un.
De même, la Torah nous demande d'humaniser, de personnaliser notre acte de charité, en se mettant à la place de la personne qui est en face de nous, en lui donnant en plus de l'argent, des paroles qui vont lui remonter le moral et l'encourager.

En hébreu, le mot pour main est : "yad" (יד) et a une valeur numérique de 14.
En tendant la main à autrui, j'arrive à 2 yad = 2*14=28, qui est la valeur du mot : koa'h : la force (כח).
Par la main, que je tends à autrui, je l'aide à se relever matériellement et psychologiquement.

Nos Sages nous enseignent : " 6 bénédictions récompensent celui qui donne un sou à un pauvre, 11 bénédictions récompensent celui qui le rassure et l'encourage par des paroles, et 17 à celui qui fait les deux" (guémara Baba Batra 9b)

-> La main renvoie à souhaiter au nécessiteux : bientôt, ce sera toi qui donnera à autrui (garde espoir, tu vas t'en sortir, tu es quelqu'un de bien, tu comptes à mes yeux ...).

-> La main (on serre des mains pour valider un contrat) renvoie au fait qu'il faut chercher à inciter autrui à donner à la charité.
(de façon latente, c'est : top-là, dans ma main que tu vas donner à cette institution/cause !).

Nos Sages de dire : "Celui qui incite les autres à donner aux pauvres a encore plus de mérite que celui qui fait la charité" (guémara Baba Batra 9a)

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+ "[Tu] ne fermeras pas ta main à ton frère nécessiteux" (Réé 15,7 - לֹא תִקְפֹּץ אֶת-יָדְךָ, מֵאָחִיךָ הָאֶבְיוֹן )

Le rav Israël de Rizhin nous enseigne :
Les 1eres lettres de ces mots sont : lamed, tav, youd, mém et hé, et permettent de former le mot : Téhilim (תהילים).
Le fait de réciter des Téhilim pour une personne pauvre est bien, mais ce n'est pas assez, il faut également ouvrir sa main et lui donner de la subsistance matérielle.

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"Donner tu lui donneras (au pauvre), et que ton cœur ne soit pas mauvais quand tu lui donneras" (Réé 15,10)

Cela signifie qu'il ne faut pas donner la Tsedaka avec un cœur mauvais, c'est-à-dire qu'il faut donner avec joie et non avec peine.
=> On peut s'interroger : comment peut-on demander de ne pas donner avec peine. Si quelqu'un a du mal à ouvrir sa main pour donner, il est normal qu'il en ressente de la difficulté et qu'il peinera à donner. Comment comprendre alors cette injonction de la Torah de ne pas donner avec peine, ce qui va à l'encontre de la nature?

-> Le Kli 'Hemda donne la réponse suivante.
Si quelqu'un a du mal à accomplir une certaine action, le fait de se forcer à répéter cet acte à de multiples reprises aidera à le rendre plus facile. En effet, au début ce sera certes difficile, mais à force de répétitions, on finira par acquérir une habitude, qui deviendra comme une seconde nature.
[le Ram'hal explique qu'un acte extérieur impacte notre intériorité. Par exemple, en se forçant à être heureux, on développe de la joie en nous. A plus forte raison, en agissant de manière répétée, cela s'enracine profondément dans notre nature.]

C'est ainsi que cette action qui était au démarrage difficile, finira par devenir même naturelle.
Il en est de même pour la tsédaka. Si une personne ressent des difficultés à donner et que cela s'oppose à sa nature, le conseil que la Torah lui donne est de répéter des actes de charité à de multiples reprises, jusqu'à ce que cela devienne plus facile.
C'est ce que dit le verset : "Donner tu lui donneras" = cette redondance du verbe "donner", employée par la Torah, vient suggérer que l'homme doit donner à plusieurs reprises, même si cela représente pour lui un grand effort et un sacrifice important.
Et ensuite : "ton cœur ne sera pas mauvais quand tu lui donneras" = le sentiment négatif de difficulté s'atténuera et finira par s'en aller.
=> Ainsi, la Torah vient ici proposer un conseil pour faire disparaître le sentiment négatif lié au fait de donner : "donner tu donneras".

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-> Rabbi Ména'hem Mendel de Rimanov enseigne que parfois, on peut avoir tendance à donner de la tsédaka par pitié.
Quand on voit un indigent dans le besoin, on peut ressentir de la peine pour lui, et lui donner du fait de ce sentiment négatif.
Cependant, tel n'est pas le plus haut niveau de la mitsva. En effet, l'idéal est de donner pour accomplir la Volonté Divine de la tsédaka, et non pas de
donner par pitié.
C'est pourquoi, si on ressent de la pitié pour le pauvre, alors après lui avoir donné et s'être ainsi libéré du sentiment de pitié, il convient ensuite de lui redonner une seconde fois, cette fois-ci pour la mitsva et pas par pitié.

Cela est en allusion dans notre verset : "Donner tu lui donneras" = la répétition du verbe "donner" vient suggérer qu'il convient de donner à deux reprises : la première, pour se libérer du sentiment négatif de pitié, de sorte que la deuxième fois, on donnera pour accomplir la Volonté Divine.
=> Ainsi, "donner tu lui donneras", à deux reprises, de sorte que "ton cœur ne soit pas mauvais", pris d'un sentiment négatif telle que la pitié "quand tu lui donneras". En effet, ce sentiment négatif aura été évacué après le 1er don. Dès lors, au moment du 2e don, le cœur ne sera plus sous l'effet du sentiment négatif et le don pourra être pleinement dirigé pour la mitsva.

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-> Le rav David Pardo explique qu'il arrive que l'on se justifie auprès du nécessiteux que l'on ne puisse pas lui donner avec largesse, parce qu'on traverse soi-même des moments difficiles et que l'on est dans la peine et la difficulté.
[certes le pauvre n'est pas dans une bonne situation, mais moi aussi je ne vais pas bien en ce moment, on est ainsi un peu dans un état similaire, pourquoi alors lui donner pleinement de la tsédaka! C'est difficile la vie pour tout le monde!!]

La Torah demande à l'homme de donner selon ses moyens. Il ne faut pas trouver des prétextes pour ne pas donner correctement en invoquant le fait que l'on traverse des difficultés.
"Donner tu lui donneras, et que ton cœur ne soit pas mauvais quand tu lui donneras" = c'est-à-dire n'invoque pas le fait que ton cœur est mauvais et peiné parce que tu traverses des difficultés, pour te dispenser de donner avec largesse, compte tenu de ta situation difficile.

=> Ainsi, cette explication propose une autre interprétation du fait que le cœur ne soit pas mauvais. Il ne s'agit pas de la difficulté à donner, mais des difficultés de la vie qui rendent plus difficile le fait de donner et qui ne doivent pas servir de prétextes à ne pas donner selon ses réels moyens.

[lorsque l'on traverse des moments difficiles notre tête est remplie de problèmes, et on peut en venir à oublier de se mettre à la place de notre prochain pauvre, pour pleinement ressentir/compatir à sa situation.
Ce qui ne va pas doit rester en nous, et autrui ne doit pas en payer le prix, car il n'a rien à voir la dedans.
Que ça aille ou pas dans notre vie, jamais nous devons être aveugle aux besoins de notre prochain juif (lui donner de la tsédaka, un sourire, des compliments, ...)]

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-> "Ton cœur ne sera pas mauvais en lui donnant (de la tsédaka)" (Réé 15,10)

Ce verset enjoint que quand on donne de la tsédaka à un pauvre, il faut le faire avec amour et joie, et pas avec un cœur mauvais et attristé. Mais, la Torah peut aussi faire allusion au fait que la mitsva de la tsédaka permet de mériter d'enlever la cruauté du cœur.
Dès lors, il faut comprendre le verset ainsi : "Ton cœur ne sera pas mauvais", c'est-à-dire que tu mériteras que ton cœur ne soit pas mauvais ni cruel, "en lui donnant", c'est-à-dire par l'accomplissement de cette mitsva de donner la tsédaka au pauvre.
C'est que cette mitsva apporte comme récompense le fait d'adoucir le cœur et le rendre bon, comme on peut le comprendre.
[Beit Its'hak]