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Le Ramban écrit qu'après avoir fauté dans l'affaire des espions, le peuple juif savait qu'il n'entrerait pas en terre d'Israël. C'est pour cette raison que leur amour pour Moché a diminué. C'est ce qui a poussé Kora'h à se séparer de Moché et à contester son autorité.
C'est pourquoi ces 2 passages; celui des espions et celui de Kora'h, sont juxtaposés.

Briser les Lou’hot

Dans la paracha Ekev, Moché passe en revue les événements du don de la Torah au mont Sinaï, ainsi que la faute du Veau d'or qui s'ensuivit. Moché dit à la nation : "J'ai vu que vous aviez fauté ... et j'ai saisi les 2 Lou'hot et je les ai jeté de mes 2 mains, les brisant devant vos yeux" (Ekev 9,16-17).

=> Comment Moché a-t-il pu briser les Lou'hot (Tables de la Loi)? La création du monde dépendait de la nation juive qui recevait la Torah (Rachi - Beréchit 1,31), qui était représentée par ces mêmes Lou'hot.
Et si Hachem ne lui avait pas donné une deuxième série de Lou'hot? Après tout, Moché ne le savait pas à l'avance.
Même si la nation a fauté, est-ce une raison pour briser les Lou'hot? Au contraire, il aurait peut-être été plus efficace de les réprimander tout en tenant les Lou'hot.

Nous devons également comprendre pourquoi, lorsque Hachem a donné à Moché le second Lou'hot, Il a ordonné à Moché de les tailler lui-même dans la pierre (Ekev 10,1). Si Hachem leur a pardonné leur faute (Rachi, ibid.) et leur donnait maintenant les Lou'hot une fois de plus, pourquoi n'étaient-elles pas les mêmes?

-> Le rav 'Haim Friedlander explique que la faute du Veau d'or a démontré que la nation n'était pas prête à recevoir la Torah. Lorsque Moché s'est rendu compte que c'était le cas, il a dû briser les Lou'hot. La nation n'était manifestement pas prête à les recevoir.
Le rav Friedlander déduit ceci de l'enseignement des Sages (guémara Shabbath 87a) : "Moché a fait trois actes de son propre chef, et Hachem a accepté chacun d'entre eux. Il se sépara de sa femme (afin d'être prêt à recevoir la prophétie à tout moment). Il ajouta un jour (lorsque Hachem ordonna que les juifs prennent 2 jours pour se préparer au don de la Torah, Moché ajouta un jour supplémentaire au temps de préparation). Il a brisé les (premières) Lou'hot".

Le rav Friedlander souligne que les 2 premiers actes mentionnés concernaient la préparation de la Torah. Il s'ensuit que le 3e acte, le fait de briser les Lou'hot, est aussi un acte lié à la préparation de la Torah.
La nation n'était pas prête. Sans une préparation suffisante, il leur était impossible de recevoir la Torah.

Le rav Shimon Shkop note que c'est la raison pour laquelle Moché a dû découper lui-même les deuxième Lou'hot. Ce geste était le signe qu'à partir de maintenant, la Torah ne serait reçue qu'en fonction de la préparation de chacun.
Tout comme Moché a taillé les pierres par lui-même, nous devons également nous préparer, avec une yirat chamayim et des bonnes midot (crainte du Ciel et bons traits de caractère), à acquérir la Torah.

Ces 2e Lou'hot, construits par l'homme, étaient susceptibles de subir les fléaux de la nature. Cela démontre que même après avoir acquis la Torah, on peut la perdre si l'on ne grandit pas continuellement en yirat chamayim et en bonnes midot ; on peut perdre la Torah.

Moché a brisé les Lou'hot parce que, tels qu'elles étaient, elles ne profiteraient pas à la nation.
Les premières Lou'hot contenaient la totalité de la Torah, et tout ce qui était étudié à partir d'elles n'était jamais oublié. Lorsque les juifs en sont devenus dignes au pied du mont Sinaï (avant la faute), ils avaient atteint un état d'unité et de pureté qui n'était égalé que par Adam haRichon avant la première faute. Ils ne possédaient pas le mauvais penchant qui les aurait empêchés d'étudier la Torah (voir Beit haLévi, drouch 18). Pour une telle nation, les Lou'hot qui transmettaient la connaissance de toute la Torah automatiquement et pour l'éternité auraient été un avantage.

Cependant, tout cela a changé après le péché du Veau d'or. Le mauvais penchant (yétser ara) a été absorbé à nouveau en eux. Il est vrai que nos Sages disent que la Torah est un remède contre le mauvais penchant (Kidouchin 30b), mais cela ne fonctionne que pour celui qui s'efforce de l'étudier.
Le 'Hazon Ich (Iguéret 1,37) explique que le labeur/efforts dans l'étude de la Torah nous amène à la pureté du cœur et nous permet de nous détacher des désirs vides du mauvais penchant.
C'est la raison pour laquelle seules les 2e Lou'hot ont été nécessaires après le Veau d'or. Cette Torah nécessitait un travail pour la comprendre, et même après l'avoir comprise, elle nécessitait encore plus d'efforts pour être retenue. Cette forme de labeur nous permet de vaincre le mauvais penchant.

"Faire des efforts dans la Torah" semble s'appliquer aux jeunes étudiants de yéchiva. Cependant, le rav Dessler souligne que cela est à la portée de chaque juif. Lorsque l'on étudie, on doit y consacrer toute son énergie. Même si l'on doit arrêter d'étudier pour aller travailler, on doit le faire avec l'attitude qu'une tâche différente lui est demandée, et que l'on reviendra à l'étude dès qu'on le pourra.
Celui qui adopte cette attitude ne s'arrête vraiment pas, car tout ce qu'il fait dans l'intervalle est aussi dans l'intérêt de la Torah qu'il étudiera lorsqu'il aura terminé.
Par exemple, il gagne sa vie pour que ses enfants puissent étudier la Torah dans des institutions de Torah.
La Torah d'un juif qui vit de cette manière, même s'il n'étudie pas toute la journée, l'aidera à vaincre son mauvais penchant (voir Tossafot, Béra'hot 11a).

Le Gaon de Vilna (Aderes Eliyahu, Shoftim) affirme que l'effort dans l'étude de la Torah peut changer la nature même d'une personne. Les désirs basiques, et même les désirs fauteurs, sont redirigés vers des voies bonnes et appropriées.

Terminer l’exil par notre bonté

"Si un cas judiciaire te dépasse ... tu te lèveras et tu monteras vers l'endroit que Hachem ton D. choisira" (Choftim 17,8)

-> Le mot "vé'kamta" (et tu te lèveras - וְקַמְתָּ) semble superflu, car il pourrait simplement signifier "tu iras à cet endroit".

Le séfer Yad Israël explique, en citant Rachi (Lé'h Lé'ha 12,2), que Hachem a dit à Avraham : "Ils concluront (la première bénédiction de la Amida) par ton nom (magen Avraham)".
Le rav Yé'hezkel de Kouzmir explique qu’il faut servir Hachem avec les "trois piliers" sur lesquels repose le monde : la Torah, la avoda et la guémilout 'hassadim. Cela était ainsi dans les générations précédentes.
Cependant, aujourd'hui, nous sommes très affaiblis par le poids de l'exil et nous manquons de force pour étudier la Torah et prier correctement. Par conséquent, notre principale avoda repose sur la guémilout 'hassadim. Si nous la faisons correctement, c'est comme si nous avions tout fait (les 3 piliers).
En effet, la guémilout 'hassadim signifie aider quelqu'un, même s'il ne le mérite pas.
Si nous agissons ainsi, Hachem pourvoira à nos besoins, même si nous ne le méritons pas.

En conséquence, Rachi dit que "la fin", c'est-à-dire les dernières années de l'exil (galout), se situe avec la mida de 'hessed d'Avraham. Le moyen de mettre un terme à notre exil est de nous concentrer sur cette forme d'avoda.

Ainsi, le verset dit que si une chose "nous dépasse", c'est-à-dire si nous sentons que nous ne pouvons pas étudier la Torah ou prier correctement, nous devons "nous lever et partir".
Nous devons nous lever pour aider autrui, et ainsi, notre exil prendra fin et nous pourrons accéder à la destination choisie par Hachem.

"Et maintenant, qu'est-ce que Hachem, ton D., te demande? Seulement de craindre Hachem ton D." (Ekev 10,12)

-> Le Ohr Ha'Haïm comprend ce verset comme une allusion à la manière dont une personne ayant fauté peut faire téchouva et revenir à Hachem. Il écrit que l'on pourrait penser qu'ayant commis des fautes, on ne pourra jamais revenir et se rapprocher d'Hachem. Or, ce verset nous montre que c'est possible.

Le verset commence ainsi : "véata" (et maintenant). Nos Sages disent (midrach Béréchit rabba 21,6) que le mot "véata" désigne toujours la téchouva.
Le verset continue ainsi : "qu'est-ce que Hachem, ton D., te demande?" = comment veut-Il que nous fassions téchouva? "Seulement de craindre Hachem ton D." = avoir la crainte du Ciel est le chemin pour revenir à Lui.

Le verset continue ainsi : "Seulement suivre toutes Ses voies". Le Ohr Ha'haïm explique cela en citant nos Sages (midrach Vayikra rabba 21,5) qui disent : "Si vous accomplissez un ensemble de fautes, accomplissez un ensemble de mitsvot pour vous y opposer."

La manne tombait presque tous les jours dans le désert, même le jour où le Veau d'or a été fabriqué.
Mais elle n'est pas tombée le jour où Kora'h a déclenché un dispute.
Cela révèle une vérité puissante : la division est encore plus destructrice que l'idolâtrie.
[Shévet Moussar 37,22 ]

Se tourner soi-même vers Hachem

+ Se tourner soi-même vers Hachem :

"Car quelle est la grande nation dont Hachem est proche ... comme Hachem votre D. chaque fois que vous L'invoquez" (Vaét'hanan 4,7)

-> Un homme vint un jour trouver le 'Hafets 'Haïm et lui dit qu’il venait en tant que messager de son ami pour lui demander une bénédiction. Le 'Hafets 'Haïm dit tristement : "Oh vavoy! Un boucher envoie un autre boucher obtenir la bénédiction d’un troisième. N’est-ce pas ridicule! Ne serait-il pas préférable de se tourner vers le Maître lui-même? La Torah dit qu'Hachem est proche de tous ceux qui l’invoquent, donc chacun peut implorer son aide!"

Prier à tout moment

+ Prier à tout moment :

"Et j'ai imploré Hachem à ce moment-là en disant" (Vaét'hanan 3,23)

-> Le séfer Zéra Kodech demande pourquoi il est dit que Moché a prié à Hachem "à ce moment-là", sans préciser l'heure.

Il répond que cela vise à nous enseigner qu'une personne peut prier à Hachem à tout moment. Il ne faut jamais dire : "Je n'ai pas la tête à prier maintenant. Quand je serai capable de me concentrer correctement, je prierai".
Au contraire, il faut toujours prier à tout moment. Peu importe à quel point on se sent occupé ou déconcentré, on doit s'arrêter et prier à Hachem.

Il utilise cette idée pour expliquer le verset : "Et de là tu chercheras Hachem ton D., et tu Le trouveras" (Vaét'hanan 4,29). Où que l'on soit, quelle que soit la situation, on doit prier Hachem "de là" et on Le trouvera.

Ce qui paraît mauvais est en réalité bon

+ Ce qui paraît mauvais est en réalité bon :

"Quelle divinité a-t-elle accompli des miracles pour venir prendre une nation au milieu d'une autre ... comme tout ce que Hachem ton D. a fait pour toi en Égypte, sous tes yeux?" (Vaét'hanan 4,34)

-> Le rav Barou'h de Mezhibouzh explique l'expression "en Égypte, sous tes yeux" (bémitsraïm lééné'ha) en disant que les gens pensent souvent que leur situation est mauvaise. Ils la prennent pour "Mitsrayim" (מִצְרַיִם), c'est-à-dire que c'est une mauvaise période ("tsara").
Or, tout cela n'est que "à tes yeux" (lééné'ha). Cela ne te paraît mauvais que pour toi, mais en réalité, c'est pour ton bien.

Toute prière a un impact

+ Toute prière a un impact :

Hachem dit à Moché : "C'est trop pour toi! Ne continue pas à Me parler davantage de cette chose" (Vaét'hanan 3,26)

-> Le rabbi de Kretchnif (cité dans Guilyon Kol Emouna), note qu’il semble que Moché n’ait rien accompli avec ses 515 prières. [cela peut nous décourager si l'on ne voit pas la réalisation de nos prières malgré notre insistance. ]
Pourtant, en réalité, il a accompli de nombreuses choses. Bien qu’il n’ait pas mérité d’entrer en terre d’Israël, il en a accompli bien d’autres. C’est pourquoi Hachem lui a dit de ne plus parler de "cette chose". Il disait que ses prières ne serviraient à rien pour cette chose, mais qu’elles serviraient à bien d’autres.

[l'idée est que chacune de nos prières a un impact, est écoutée. Nous ne verrons le résultat qu'après notre mort dans le monde de vérité (ex: elle a aidé un juif ailleurs, elle va nous servir plus tard dans la vie, elle va aider un de nos descendants, ...)]

Le pouvoir de la prière avec des larmes

+ Le pouvoir de la prière avec des larmes :

"Et j'ai imploré (Vaét'hanan - וָאֶתְחַנַּן) Hachem à ce moment-là en disant" (Vaét'hanan 3,23)

-> Rachi dit que le mot : 'hinoun (חִנּוּן) implique toujours l'idée de "matnat 'hinam" (un don gratuit).
-> Le rabbi de Kretchnif (séfer Raza DeShabbath) explique cela en citant la guémara (Béra'hot 32b) qui dit : "Rav Elazar dit : Depuis le jour où le Temple a été détruit, les portes de la prière sont fermées, mais celles des larmes ne le sont pas".

Les larmes représentent un don gratuit, car celui qui demande quelque chose gratuitement le demande souvent avec larmes et pleurs. [puisque je n'ai pas de mérite, rien sur lequel m'appuyer pour espérer avoir une chose, alors j'en viens à prier si fort que j'en pleure, car je ne peux compter que sur la bonté d'Hachem. ]
Il est également connu que les prières de Moïse "à ce moment-là" représentent la rédemption finale, comme le dit le prophète Yirmiyahou (50,9) : "A ce moment-là, ils chercheront des fautes parmi Israël et il n’y en aura pas".
La période entière, du présent jusqu'à l'envoi de la géoula par Hachem, est appelée "à ce moment-là".

Le verset indique donc que Moché a prié "à ce moment-là", ce qui signifie qu'il a prié pour que les prières récitées en temps d'exil (galout) soient efficaces. Mais comment ces prières peuvent-elles être entendues si les portes de la prière sont fermées?
C'est pourquoi il est dit qu'il a demandé un "don gratuit", en référence aux larmes. Grâce au mérite des larmes, même les prières dites en exil peuvent être entendues.

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-> Concernant la puissance des prières récitées avec des larmes, le séfer Ha'Hasidim (ot 130) écrit :
"Certaines personnes ne méritent pas que leurs prières soient exaucées par Hachem, mais parce qu'elles prient avec force et avec larmes, et qu'elles pleurent et implorent Hachem sans cesse, Il accepte leurs prières et accomplit leur volonté, même si elles n'ont aucun mérite ni aucune bonne action."

-> b'h, voir également : Le pouvoir des larmes : https://todahm.com/2019/07/08/le-pouvoir-des-larmes