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"Et Yaakov servit à Essav du pain et un plat de lentilles ; celui-ci mangea et but puis il se leva, s'en alla et dédaigna le droit d'aînesse." (Toldot 25,34)

On remarque qu'après que Essav eut vendu à Yaakov son droit d'aînesse en échange d'un plat de lentilles, il est écrit qu'il consomma celui-ci.
Mais pourquoi le verset ajoute-t-il qu'il but?
D'où venait cette boisson?

Le Alshikh de répondre qu'Essav se déplaçait en permanence avec du vin sur lui, afin de pouvoir toujours assouvir son envie de boisson.
Le verset vient seulement nous préciser qu'il n'avait pas besoin de Yaakov pour cela.

Le rav Shmouel Bétsalel de dire que les grands maîtres du moussar en déduisent un grand enseignement.

Si déjà Essav se débrouillait pour toujours avoir sur lui une bouteille de vin prête à être consommée, alors combien devons-nous être attentifs, à avoir en permanence des divré Torah à notre disposition (l'étude de Torah nous apportant la vie dans le monde futur), dans toute situation, en tout lieu et même en chemin.

Il suffit de se réciter un ou des téhilim, halakhot, michnayot, ... ou même de penser à la grandeur de D., ...

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-> Rabbénou Bé'hayé dit que c'était le jour de la mort de Avraham, et c'est pour cette raison que Yaakov cuisinait, et non Its'hak, car un endeuillé ne peut pas se faire sa propre nourriture.
C'était des lentilles, car elles ont une forme ronde symbolisant le cycle de la vie. De plus, le fait qu'elles n'ont pas d'ouverture est similaire à l'endeuillé dont la parole est limitée.

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"Et Yaakov servit à Essav du pain et un plat de lentilles" (v.25,34)

Pourquoi est-ce que Yaakov lui a donné également du pain, sachant que Essav ne lui avait demandé que des lentilles : "Fais-moi avaler de ce [met] rouge" (v.25,30)?

-> Le Maharam Schiff répond que Yaakov voulait acheter le droit d'aînesse à Essav avec la nourriture qu'il lui donnait, et il était préoccupé que la valeur monétaire des lentilles pouvait être inférieure à une prouta, qui est le montant minimum requis pour effectuer légalement une transaction.
C'est pour cela qu'il ajouta le pain, afin de s'assurer que l'ensemble de la nourriture valait bien plus qu'une prouta.

-> Le rav Yéhochoua Leib Diskin cite la règle de la guémara (Shavouot 26a), qu'un serment réalisé sous la contrainte n'est pas juridiquement valable.
Il explique qu'au moment où Yaakov voulait le faire jurer de lui vendre son droit d'aînesse, Essav a fait remarquer : "Voici, je vais mourir" (v.25,32), témoignant qu'il était tellement épuisé et malade qu'il pouvait en arriver à mourir. Yaakov avait peur qu'un serment réalisé dans de telles conditions soit considéré comme fait sous la contrainte, et n'ayant alors aucune valeur légale.
C'est pour cela qu'il a d'abord donné du pain à manger à Essav pour lui permettre de restaurer sa santé, afin que le serment fait par la suite sur le plat de lentilles puisse avoir une réelle valeur selon la loi juive.

-> Rabbi Avraham Hacohen de Jerba (Kné Avraham) explique qu’à ce moment-là, Essav était pris de voracité et se trouvait même en danger, comme il l’affirma : "Voici! Je marche à la mort". Ainsi, Yaakov craignait qu’il ne prétende ensuite avoir été contraint de lui vendre son droit d’aînesse, à cause de son état de grande faiblesse, et revienne sur sa décision.
C’est pourquoi il commença par lui donner du pain pour le rassasier et le mettre hors de danger. Puis, une fois qu’il avait mangé sereinement et retrouvé tous ses esprits, il était possible de faire la transaction, car Essav ne pourrait plus se plaindre de l’avoir conclue contre son gré.

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"Essav dit à Yaakov : Fais-mois avaler, je te prie, du rouge, de ce rouge-là" (Toldot 25,30)

-> Le Sforno enseigne :
"C'est pourquoi on le nomma Edom [le Rouge]" : Constatant qu'il se vouait outre mesure à des occupations futiles et vaines au point d'être incapable d'identifier un met, mais seulement sa couleur, on l'appela Edom.
"Vends-moi aujourd'hui" : [Yaakov lui dit: ] Dans la mesure où tu te livres aujourd'hui à des pratiques qui te fatiguent tellement que tu ne parviens pas à reconnaître ce plat, il est donc certain que tu failliras à tes devoirs d'aîné, à faire le service de D., et à te rendre digne de ton rang."

Devoir gagner sa subsistance à la sueur de notre front est une malédiction.
Cependant, pour certains, il s'agit d'une bénédiction, puisqu'ils se consacrent pleinement à l'accroissement de leurs richesses, en en oubliant le but véritable de l'existence.
[Une lentille rouge n'est plus un moyen d'avoir des forces pour de la spiritualité, mais devient une finalité : toujours plus de matérialité.]

-> "L'un des procédés perfides dont use le mauvais penchant est d'accabler constamment l'homme par le poids de son travail ... Car il sait que si les hommes analysaient un seul instant le parcours de leur existence, il est évident qu'ils regretteraient aussitôt leurs actions, qu'ils seraient rongés par les remords et finiraient par renoncer totalement à la faute."
[Ram'hal - Messilat Yécharim]

-> "Dans les profondeurs de l'âme de tout juif se dissimule une parcelle de vérité.
Celui qui craint D. n'aura pas à chercher bien loin, et il ne lui faudra pas beaucoup d'énergie pour éveiller en lui la volonté sincère de servir son Créateur. En revanche, plus l'homme est éloigné de la crainte divine, plus sa parcelle de Vérité sombre dans les tréfonds de son âme."
[Rav Eliyahou Lopian - sur Téhilim 130,1]

-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma'hpéla, c'est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n'avait pas accès.

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+ "Fais-mois avaler, je te prie, du rouge, de ce rouge-là"

-> Avraham est mort le jour de la vente du droit d’aînesse à Yaakov par Essav.
Les lentilles = nourriture habituelle des endeuillés après avoir enterrés un proche.
De même, Yaakov avait également préparé du vin rouge, puisqu'un endeuillé doit aussi consommer un peu de vin, pour alléger son amertume.
C'est ainsi que le Méam Loez (Toldot 23,31) enseigne : La répétition du mot rouge ("du rouge, de ce rouge-là") indique qu'il s'agissait d'abord du vin, puis des lentilles, ce que Essav exigea [étant endeuillé d'Avraham].

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"Essav méprisa le droit d'aînesse" (Toldot 25,34)

-> Le Steïpler note qu'au moment où Essav accepta de vendre son droit d'aînesse en échange d'un plat de lentille, il était lui-même convaincu d'avoir trompé son frère.
De plus, dans le midrach rabba, on apprend qu'au moment de la vente, Essav avait invité un groupe de vaurien à le rejoindre, et il a alors crié : "Allons manger de son repas et nous railler de lui!"
Dans la mesure où le droit d'aînesse n'avait aucune valeur à leurs yeux, pas même celle d'un plat de lentilles, ils ne voyaient dans cet échange qu'une vulgaire farce et une occasion de rire de Yaakov, l'homme intègre.
[si le droit d'aînesse vaut 0 à ses yeux, alors le vendre contre des lentilles, c'est l'affaire du siècle!]

-> Selon Rabbénou Bé'hayé, la vente du droit d'aînesse par Essav illustre parfaitement ces personnes qui préfèrent échanger l'éternité du monde futur contre les vanités de ce monde éphémère.
Si au début, ces personnes se sentent comblées et tirent une certaine jouissance de cet échange malheureux, il est inévitable que tôt ou tard, elles en viendront à "pousser un cri extrêmement fort et amer" (Essav - Toldot 27,34).
Lorsque ce cri a lieu dans le monde à venir, il est trop tard et l'âme comprend qu'elle a sciemment détruit toutes les opportunités que lui offrait la vie, éprouvant alors une souffrance indescriptible et éternelle.

[notre yétser ara travaille à diminuer à nos yeux l'importance, l'urgence de se consacrer à la spiritualité (ça va tu n'es pas un tsadik, profite! ; plus tard ; c'est déjà très bien ce que tu fais! ; ...).
Nous devons lire du moussar, prendre du recul, ... pour redonner de la valeur aux vraies choses de la vie d'un juif]

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-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne à ce sujet :
Hachem récompense chacun pour les mitsvot qu'il a faites selon la relation que la personne manifeste envers la mitsva.
Le tsadik et celui qui craint le Ciel, qui accomplit les mitsvot avec beaucoup de respect envers la grandeur et la récompense de la mitsva, mérite véritablement une récompense considérable.
Mais le racha (méchant), qui ne leur porte aucune considération (puisqu'il ne les accomplit pas) aura une récompense du même ordre.

=> C'est ce qui se passe dans le cas de la vente du droit d'aînesse par Essav, car aux yeux d'Essav la valeur du droit d'aînesse n'est pas plus grande que celle d'un plat de lentilles, c'est pourquoi le marché est valide, et il n'y a là aucune notion de "transaction basée sur une erreur".

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-> Le Ramban explique pourquoi Essav a vendu son droit d'aînesse à Yaakov :
les sots ne désirent rien d'autre que manger, boire et faire tout ce qu'ils désirent, sans tenir compte du lendemain. Ils n'ont pas de lendemain, ils n'ont devant les yeux que le jour même, manger, boire et profiter de la vie.
Le sage voit l'avenir, ce sont ses lunettes de soleil, qui le protègent du présent aveuglant, mais le sot n'a pas de telles lentilles, il regarde, s'aveugle et veut le maintenant, le tout de suite!
Et quand le maintenant ne se comporte pas comme il le voudrait, c'est pour lui la fin du monde.

Les élèves de Novardok disaient :"Combien de sages y a-t-il donc qui font des provisions pour le long chemin qui nous attend après 120 ans?"
De même, le roi Chlomo écrit : "Amasser des provisions en été est d'un homme intelligent" (Michlé 10,5) [celui qui pense à l'avenir est un sage]

Le 'Hafets 'Haïm enseigne : On met beaucoup d'énergie pour notre vie dans ce monde éphémère, alors combien davantage doit-on en mettre pour notre vie dans le monde à Venir qui est éternel!

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-> Le rabbi David 'Hanania Pinto rapporte l'idée suivante :
Le fait que Yaakov n'ait pas voulu donner à Essav gratuitement à manger à moins qu'il ne lui vende son droit d'aînesse était parce qu'il avait constaté la méchanceté d'Essav, et craignait que ses descendants (le peuple juif) ne tombent dans l'exil aux mains des descendants d'Essav, qui hériteraient ces graves défauts de leur père.
C'est pourquoi, il a voulu l'affaiblir en lui prenant le droit d'aînesse, car le droit d'aînesse est la sainteté, et on sait que toute la force de l'impureté est seulement là où il y a un peu de sainteté dont elle puisse tirer sa vitalité, c'est pourquoi il voulait lui enlever la totalité de la sainteté, de façon à affaiblir sa méchanceté [envers ses descendants : les juifs].

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-> Nos Sages enseignent que Chem et Ever dirent à Yaakov :
"Essav est un racha et un guerrier, et un jour il dominera tes descendants. Mais s'il te vend son droit d'aînesse pour un plat de lentilles, tu vivras heureux et comblé. [En effet,] comme il accepte si facilement un pot-de-vin, ta postérité arrivera à le vaincre. Lorsque ses descendants persécuteront tes enfants, ils réussiront toujours à les soudoyer.
Même Samaël, l'ange gardien d'Essav, peut être acheté par le bouc envoyé à Azazel une fois par an à Yom Kippour (Vayikra 16,8-26).
Ceci le satisfera et il n'accusera pas Israël. Mais si Essav ne vend pas son droit d'aînesse, ce sera le signe qu'il n'accepte pas d'être soudoyé, et tes enfants en souffriront."

Yaakov accepta ce conseil et il attendit que l'opportunité se présente.
Après la mort d'Avraham, il prépara le plat de lentilles et quand il vit Essav venir du champ, fatigué, il acheta le droit d'aînesse en échange de ce plat. Sachant que ses descendants endureraient l'exil, il fut heureux de cette transaction.
[Méam Loez - Toldot 25,31]

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-> Tout comme son père (Its'hak) se souciait de l’avenir de son fils Essav, Yaakov en était lui aussi préoccupé. C’est justement pourquoi il lui acheta le droit d’aînesse, pour éviter que son statut d’aîné ne lui entraîne de lourdes punitions en regard à ses nombreux péchés. En effet, le jour où allait se faire l’échange entre un plat de lentilles et le droit d’aînesse, Essav avait enfreint 5 transgressions des plus graves.
Yaakov ayant entendu cela, il se dit que D. lui tiendrait d’autant plus rigueur qu’il était l’aîné.
Par pitié, il lui acheta ce statut dans le but d’amoindrir sa punition.
[rav David Pinto]

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-> Au moment de la vente du droit d'aînesse, Essav a nié la résurrection des morts (midrach Béréchit rabba 63,14).

D'ailleurs, par la suite lors de leur rencontre, Yaakov lui dira : "J'ai habité avec Lavan, et je me suis attardé jusqu'à présent, j'ai des bœufs et des ânes, du bétail ... et je l'envoie dire à mon seigneur pour trouver grâce à tes yeux" (Vayichla'h 32,5)

D'après le midrach (Béréchit rabba 75,6) : le bœuf c'est le machoua'h mil'hama (le Cohen Gadol qui accompagnait l'armée à la guerre), et l'âne c'est le roi machia'h.
Le bétail/troupeau, ce sont les juifs.

En envoyant cela à Essav, Yaakov voulait lui transmettre que les bénédictions de son père Its'hak ne s'accompliront qu'après la venue du machia'h.
En effet, selon nos Sages, le machoua'h mil'hama = il s'agit du machia'h ben Yossef, et l'âne = il s'agit du machia'h ben David.

=> Ainsi, puisqu'au moment de la vente du droit d'aînesse, Essav a nié la résurrection des morts, alors il n'a pas de raison de détester son frère Yaakov à cause des bénédictions, qui ne se réaliseront que dans un temps auquel il ne croit pas.

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+ "Yaakov donna à Essav du pain et un plat de lentilles"

-> En général, on a l'habitude d'expliquer que Yaakov a acheté à Essav le droit d'aînesse avec quelque chose qui n'a aucune valeur, comme le dit le verset : "un plat de lentilles".
Mais le Sforno explique autrement, et voici son commentaire :
"Il vendit son droit d'aînesse" = pour le prix qu'ils avaient convenu entre eux, et que le verset n'a pas jugé utile de préciser.
Et ensuite seulement, "Yaakov donna à Essav du pain et un plat de lentilles" = ce n'était que quelque chose de supplémentaire, comme un repas qu'on fait à la fin d'une affaire importante.

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+ "Il mange et but, se leva et ressortit" (Toldot 25,34)

-> Le livre "Ets 'Haïm" explique :
Immédiatement après avoir mangé et bu, Essav s'est levé et est reparti sans réciter la bénédiction de la fin du repas.
Ainsi le verset conclut : "C'est ainsi qu'Essav dédaigna le droit d'aînesse (habé'hora - הַבְּכֹרָה)".
[Le droit d'aînesse (bé'hora - בְּכֹרָה) est composé des mêmes lettres que : "bénédiction" (béra'ha - ברכה)] : il n'a pas dit de bénédiction sur son repas.
Puis juste après on trouve : "il y eut la famine dans le pays" = cela fait allusion à ce qu'ont dit nos Sages dans la guémara (Béra'hot 35b) : quiconque mange sans réciter de bénédiction est considéré comme quelqu'un qui vole D., ce qui entraîne une réduction des biens qu'Il nous prodigue.

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Yaakov dit : "En ce jour, jure-le moi". Et lui fit serment, et il vendit son droit d'aînesse à Yaakov.
Yaakov servit à Essav du pain et un plat de lentilles, il mangea et but, se leva et partit. Ainsi Essav dédaigna le droit d'aînesse.
(Toldot 24,33-34)

-> Le Méam Loez (Toldot 25,33-34) rapporte :
Essav fit venir une bande de hors-la-loi et prononça son serment, comme s'il vendait sérieusement son droit d'aînesse. Il les convia en disant : "Venez manger la nourriture de Yaakov et profitez de son argent".
Ils prirent place et mangèrent gloutonnement, se moquant de Yaakov qui leur servait gratuitement un repas.

La Torah dit : "C'est pourquoi on le nomma Edom" (Toldot 25,30). Si son nom lui avait été donné en fonction de la nourriture rouge qu'il mangea, on aurait dû l'appeler : "Adom" (rouge).
Le nom Edom signifie littéralement : "Je garderai le silence" [de la racine damam].
Essav voulait duper Yaakov et se dit : "Je vais garder le silence. Je ne prononcerai pas un mot et laisserai croire Yaakov que j'accepte cette transaction. Puis plus tard je lui dirai : "Parce que je suis resté silencieux, tu as cru que j'acceptai de vendre mon droit d'aînesse. Je n'ai jamais eu une telle intention."
En attendant, je profite d'un bon repas et ensuite je lui annoncerai que notre marché est nul.

Mais les anges Mi'haël et Gabriel scellèrent la vente du droit d'aînesse, et D. donna également son consentement.

Essav accepta également de vendre à Yaakov son droit d'être inhumé dans le caveau de Ma'hpéla.

Selon une opinion (cf. Sforno), Essav vendit son droit d'aînesse pour de l'argent [et non en échange d'un plat de lentilles]. Le repas n'était qu'une civilité intervenant dans la conclusion de leur affaire.
L'opinion généralement admise est qu'Essav vendit son droit d'aînesse et sa tombe pour un plat de lentilles.

"Yaakov était un homme loyal/intègre (tam)" (Toldot 25,27)

Selon Rachi : "Celui qui n'est pas rusé pour tromper autrui est appelé : "tam" (loyal/intègre).

=> En quoi est-ce que ce verset donne-t-il une image positive de Yaakov?

Le Rabbi de Lublin de répondre que l'homme doit maîtriser ses traits de caractère afin de les utiliser là où il faut et comme il le faut.

Ainsi, parfois, il est nécessaire d'utiliser un mauvais trait pour le bien, sinon, comme le disent nos Sages : "Celui qui devient bienveillant au lieu d'être cruel finit par devenir cruel quand il faut être bienveillant." (Kohélet Rabba 87).
=> Il ne suffit donc pas d'acquérir le trait de bienveillance : il faut aussi contrôler ce trait et l'utiliser à bon escient.

Yaakov est appelé : "ich" (un homme) + "tam" (loyal/intègre), il était avant tout un "homme" qui savait contrôler le trait de loyauté pour l'utiliser à point nommé ou le masquer parfois pour devenir rusé.

Yaakov était capable d'utiliser l'astuce et la ruse quand il le fallait, tout en gardant la qualité de loyauté.
Il était un "homme loyal" (ich tam) = un homme qui contrôle la loyauté/l'intégrité.

[ l'ajout du terme : "ich" au mot : "tam", change tout, Rachi ne parlant d'une personne uniquement appelée : "tam" et non "ich + tam"
Avant tout dans la vie, il faut être un ich ... ].

Source (b"h) : "mayana chel Torah" du rav Alexander Zoucha Friedman

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+ "Yaakov était un homme intègre installé dans les tentes (ohalim - אהלים)" (Toldot 25,27)

-> Le mot "ohalim" (les tentes - אהלים) est formé de : "ohel yam" (tente mer - אהל ים).
Pour nous dire que pour mériter la mer (yam - ים) de la Torah, il faut s'asseoir dans la tente, en permanence, à la façon des tsadikim.
La valeur numérique de "ohel" (tente - אהל) est de 36, en allusion aux 36 tsadikim cachés de chaque génération, qui se cachent dans la tente de la Torah.
[le Maskil él Dal]

-> "Yaakov était un homme intègre (tam - תָּם)".
Les lettres de "tam" sont les mêmes que celles de "mét" (mort - מת), car à chaque moment Yaakov était comme quelqu'un qui se tue pour les paroles de Torah, en s'exilant vers un lieu de Torah et en étudiant avec beaucoup d'efforts et de travail.

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+ "Essav devint un homme connaissant la chasse, un homme des champs, tandis que Yaakov, homme intègre, demeurait dans les tentes" (Toldot 25,27)

-> Le rav Yossef Shalom Eliyachiv écrit qu'en apparence d'après la Torah :
- Essav semble conquérir le monde, il ne souffre d'aucune limite et ne recule devant aucun interdit. Il profite de tous les plaisirs, la fin justifiant les moyens.
- quant à Yaakov, il étudie, penché sur sa guémara, il se trouve limité à chaque pas, car il agit d'après la loi juive.
D'ailleurs, Essav et ceux qui le suivent se moquent de Yaakov, qui n'a d'autre aspiration que celle d'étudier la Torah et de vivre sous le joug des mitsvot.

Le rav Eliyachiv dit qu'à la fin de l'histoire (à sa mort), il est apparent que celui qui faute (comme Essav) n'obtient pas de satisfaction morale dans vie ("à quoi bon le droit d'aînesse" - v.32) : il se sent fatigué et il est toujours avide, car son âme réclame sa part.
En revanche, Yaakov qui accomplit les mitsvot et étudie la Torah ressent constamment vigueur et satisfaction.

[faire les mitsvot nous rapproche de D., et c'est le plus grand des plaisirs : se sentir toujours plus proche de Hachem.
Celui qui suit ses envies n'est jamais satisfait car il est perpétuellement en état de manque, à la recherche d'un nouveau plaisir.]

"On l'appela Essav ... il le nomma Yaakov."  (Toldot 25,25-26)

Le Rabbi Moché 'Haïm Efraïm de Sudilkov (le Déguel Ma'hané Efraïm), petit-fils du Baal Chem Tov de commenter :

-> Essav est le symbole du mensonge.
L'emploi du pluriel : "on", s'explique par le fait que de nombreuses personnes sont attirées par le mensonge et s'y complaisent, aiment ça.

-> Yaakov est le symbole de la vérité ("Tu donnes la vérité à Yaakov").
L'emploi du singulier : "il", s'explique parce que la vérité n'a que peu d'adhérents, seul un petit nombre de personnes seront attirées par Yaakov.

=> Tâchons de suivre la voie de Yaakov (avinou), d'être dans le émet (la vérité), même si cela n'est pas très populaire/tendance, n'attire pas la majorité des personnes du monde environnant.

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"L'époque de sa délivrance arrivée, il se trouva qu'elle portait des jumeaux.
Le premier qui sortit était roux et tout son corps pareil à une pelisse ; on lui donna le nom d'Essav"
(Toldot 25,24-25)

-> Le Béer Mayim 'Haïm fait le commentaire suivant :
Il est un fait que personne dans le monde ne sait : quand l'exil prendra fin.
Le temps de la rédemption est dissimulé. Cependant, nous pouvons trouver une allusion aux jours de la guéoula finale dans le verset ci-dessus, qui raconte la naissance d'Essav, l'ancêtre d'Edom et de la Rome antique, la nation qui a jeté Israël en exil.

"Le premier qui sortit était roux" = quand tout le rouge sera parti, que tout le mal disparaîtra de la terre, et que la sainteté, la pureté et la bonté auront eu le dessus, et que toutes les étincelles de sainteté auront été libérées, et que les âmes opprimées auront été extirpées de leur enveloppe, alors le machia'h viendra et nous délivrera.

A un niveau spirituel, le sens réel de la rédemption est la libération de la bonté des chaînes du mal, la libération des âmes captives et des étincelles de sainteté de la servitude des forces de l'immoralité.
Lorsque ce sauvetage spirituel se produira, la délivrance aura lieu.

"Les fils se bousculaient dans son sein. Elle dit : "S'il en est ainsi, pourquoi cela pour moi?"
Et elle alla consulter Hachem". "  (Toldot 25,22)

Le midrach (Béréchit 63,6) explique :
"Toutes les fois que Rivka se tenait près d'une synagogue ou d'une salle d'étude, Yaakov se débattait pour sortir, et chaque fois qu'elle passait à côté de temples païens, Essav courait et s'agitait pour émerger."

+ Rav Zalman Sorotskin note qu'elle :
- "se tenait près d'une synagogue" = elle s'y arrêtait, y restait
- "elle passait à côté de temples païens" = le plus rapidement possible => "Essav courait" afin de pouvoir sortir à temps.

+ Comment tous les 2 savaient-ils, dans le ventre de leur mère, qu'elle passait près d'une synagogue ou d'un temple païen?

Le rav Yérou'ham Leivovitz (Machguia'h de la yéchiva de Mir) explique que de même nous avons des sens matériels, de même disposons-nous des sens spirituels.

Ainsi, la boussole : où qu'on la tienne, son aiguille se dirige toujours vers le nord, parce que des forces magnétiques invisibles la font se tourner dans cette direction.
De même, des forces spirituelles indiscernables influencent l'orientation de ceux qui sont sensibilisés par elles.

C'est ainsi que Yaakov se sentait attiré par les synagogues et autres endroits sacrés, tandis que Essav se sentait entraîné dans le sens contraire.

+ Nos Sages disent : "Lorsqu'un fœtus est dans le ventre de sa mère, on lui enseigne toute la Torah" (guémara Nidda 30)

On comprend alors qu'Essav voulait sortir car il n'y avait pas d’idolâtrie dans le ventre de sa mère.
Mais en ce qui concerne Yaakov, pourquoi voulait-il lui aussi sortir (on lui apprenait toute la Torah)?
Pourquoi vouloir apprendre la Torah à l'extérieur par son rav (qui selon la guémara 'Haguiga 15b, doit être à nos yeux comme un ange), plutôt que de rester dans sa situation d'apprendre déjà par un ange?

Répondons à cette question par une question 🙂 ... du Gaon de Vilna :
" Etant donné qu'un enfant dans le ventre de sa mère est porteur de toute la Torah, comment se fait-il que nous ne soyons pas tenus de nous lever devant une femme enceinte? "

Lorsque que la loi juive nous demande de nous lever devant un sage, c'est pour honorer la Torah, qui est rentrée en lui au prix de durs efforts personnels investis pour l'acquérir.

=> Ainsi, on ne doit pas se lever devant la Torah d'un "futur être" qui a reçu ce cadeau sans s'être investi.

==> Yaakov voulait se précipiter vers la Torah pour l'apprendre par ses propres efforts, son investissement personnel, et non dans la tranquillité.
[De plus, Yaakov ne voulait pas fréquenter la même école qu'Essav, pour ne pas subir sa mauvaise influence.]

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-> Selon le 'Hatam Sofer, Yaakov désirait absolument sortir car il ne voulait pas étudier au même endroit que Essav, [un racha].

-> Le rabbi Yoël Teitelbaum de Satmar (Divré Yoël) explique que Yaakov désirait servir Hachem d'une manière qui était strictement personnelle, et créer une approche de D. qui était en accord avec la racine de son âme. Il ne voulait pas se couler dans le moule de son père Its'hak.
C'est à cause de cela, qu'il luttait pour sortir lorsque Rivka passait devant la yéchiva de Chem et Ever. Là, il pouvait trouver une approche pour servir D. qui était ajustée à sa personnalité, plutôt que de la modeler à celle de son père.

[certes les mitsvot sont communes à tous les juifs, mais nous devons utiliser notre personnalité pour servir Hachem de toute notre unicité.]

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Il est écrit dans la Torah à propos de la naissance des 2 frères : "Et ensuite sortit son frère, sa main tenant le talon d'Essav." (Toldot 25,26)

Après un combat gagné, Essav a obtenu le droit de sortir du ventre de sa mère en 1er, alors pourquoi Yaakov a-t-il saisi le talon d'Essav?

-> Le Panéa'h Raza explique que Yaakov savait qu'une naissance est un événement douloureux pour une femme, et encore plus dans le cas de jumeaux. C'est pour cela que Yaakov a choisi de tenir le talon de Essav, car il voulait faciliter autant que possible l'accouchement.

-> De même, le Daat Zékénim explique : la Torah nous précise que Yaakov saisit le talon d'Essav pour nous apprendre la piété de Yaakov alors qu'il n'était encore qu'un nouveau-né dans le ventre de sa mère. Il s'est dit : "puisque l'utérus de ma mère va s'ouvrir, il est préférable que je saisisse le talon de mon frère afin que l'on puisse sortir ensemble et ne pas faire souffrir ma mère une 2e fois".

-> Le Rabbi de Lelov explique que cette prise du talon n'était motivée par aucun but immédiat ou concret.
Elle ne faisait que refléter le comportement de Yaakov.

= Dans le service de D., on ne doit jamais se résigner à la défaite, même quand elle a toutes les apparences de la réalité.
On doit persister avec ténacité, afin de laisser place à une réussite miraculeuse.
C'est ainsi, que D., a opéré à Yaakov un miracle, en lui faisant bénéficier plus tard du droit d'aînesse.

Certes Essav lui bloquait le chemin, mais Yaakov a fait de son mieux (symbolisait par le fait de lui prendre le talon), car c'est Hachem qui octroie toute chose, et il peut absolument tout.
En effet, d'après le rabbi de Kotzk : Ceux qui désespèrent sont ceux qui pensent pouvoir agir uniquement par eux-mêmes. Lorsqu'ils reconnaissent que leurs capacités sont limitées et insuffisantes, alors ils deviennent inquiets et perdent espoir.
S'ils avaient su qu'absolument tout vient d'Hachem, alors ils auraient également su qu'il y a toujours de l'espoir, car Hachem peut tout faire.
[én mazal les Israël = les juifs sont au-dessus de toute logique naturelle de ce monde car ils dépendent directement de D., contrairement aux autres nations.]

-> Le Divré Israël explique qu'un juif a une obligation de moyen (faire du mieux de ses capacités), et le résultat est offert par Hachem. Même si finalement nous ne réussissons pas, ce qui compte c'est les efforts que nous avons déployé, et ils sont très précieux à Hachem.
Le Zohar (vol.1,69b) affirme que tout celui qui s'efforce de tendre vers la spiritualité, et ce bien qu'il lui soit impossible d'arriver à son désir, il est immensément loué car il essaie d'y parvenir.
Ainsi, même si en apparence cela semblait impossible pour Yaakov de sortir en tant que premier-né, il y aspirait de tout son cœur, il a essayé autant que possible, et c'est cela qu'attend Hachem.
[d'ailleurs, au final Hachem lui a accordé le statut de premier-né!]

Le Divré Israël écrit : "Les descendants [de Yaakov] ont hérité de ce trait ... Ainsi, lorsque quelqu'un travaille dans son magasin, et qu'il a de nombreuses obligations [professionnelles], et qu'il a de bonnes pensées du type : il aurait souhaité quitter son commerce pour étudier la Torah. Alors bien qu'il ne soit pas capable de le faire, cela lui est très louable!"

Le rav Méïr Shapiro fait remarquer que lorsque Hachem a demandé à Avraham de compter les étoiles (paracha Lé'h Lé'ha), Avraham a vraiment commencé à compter les étoiles.
Hachem lui a dit : "ainsi sera ta descendance" = de même que toi Avraham tu as commencé à compter les étoiles bien que cela soit une tâche quasi impossible, de même ta descendance va toujours essayer de faire le maximum pour suivre Ma volonté, même si en apparence cela semble inatteignable.

=> Ce qui compte aux yeux d'Hachem, c'est notre attitude de s'investir de tout notre être vers un objectif (comme tendre vers le niveau d'Avraham), peu importe que nous l'atteignons ou pas. Hachem prend un plaisir énorme de nous voir rester fidèles à ce chemin quel qu'en soient les difficultés rencontrées.
[un juif a conscience qu'il a une partie Divine en lui et qu'il peut réaliser des choses très très élevées. Qu'avec Hachem rien n'est trop grand, rien n'est trop petit, tout devient possible tant que l'on fait de notre mieux.]

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+ Dans notre verset, il est aussi écrit : "Elle [Rivka] alla consulter Hachem."

Selon Rachi = elle alla à la maison d'étude de Chèm et de Ever afin qu'ils lui révèlent le sens de ses douleurs et quelle en serait l'issue.

De même, sur le verset suivant Rachi rapporte le commentaire du Midrach (Béréchit Rabba 63,17) : "Hachem lui dit par l'intermédiaire d'un messager (le Rav).
Chèm recevait l'inspiration de l'esprit saint (roua'h akodech), et lui en transmettait le message".

=> On en tire la preuve que consulter un Rav revient à consulter Hachem.
Un Rav est un véritable réceptacle de D.

Les pirké avot nous disent : "Fais-toi un Rav (interroge-le) et sors de tous tes doutes".

==> A l'image de notre Rivka (iménou), n'hésitons pas à avoir un Rav de confiance et à le consulter aussi souvent que nécessaire.

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+ "Et après cela, son frère sortit et sa main (véyado - ויְדָוֹ) le talon d'Essav" (Toldot 25,26)

-> Rachi commente: "Le talon d’Essav : [Ceci est un] Signe que l’un (Essav) n’aura pas terminé son règne (le ‘talon’ désigne la fin) que l’autre (Yaakov) lui prendra son pouvoir".

[La prise de pouvoir de Yaakov des mains d’Essav (le royaume du machia’h qui succédera au Royaume d’Edom) aura lieu à la fin des Temps, lors de la délivrance du peuple juif, à la fin du 6e millénaire, dans cette période appelée "le talon du Machia’h" (עקבתא דמשיחא). Entre temps, Israël souffrira, et particulièrement durant son dernier Exil, celui d’Edom (Essav), des persécutions de son frère (les romains, l’église, l’inquisition, l’antisémitisme occidental, le régime bolchévique, l’Allemagne nazie, ...). ]

-> Le Baal haTourim voit dans le mot : "véyado" (Et sa main - ויְדָוֹ) de notre verset, une allusion au signe de la fin des Temps relevé par Rachi : la chute des Nations et la Délivrance d’Israël programmées depuis la naissance de Yaakov et Essav. En effet, il fait remarquer que le mot ויְדָוֹ apparait seulement 3 fois dans tout le Tanakh (Bible) : une première dans notre paracha (Toldot), et deux fois dans le Livre de Yéchayahou pour faire allusion à la chute des Nations : "Oui, quand Hachem Tsébaot a décrété, qui peut faire obstacle? Et Sa main (ויְדָוֹ) étendue, qui peut la ramener?" (Yéchayhou 14,27) et "Lui-même a jeté le sort pour elles (les Nations comparées aux Bêtes), et Sa main (ויְדָוֹ) leur a mesuré une part au cordeau" (Yéchayahou 34,17).

Le "talon" d’Essav peut être aussi interprété comme la fin du mot עשו (Essav), c’est-à-dire la lettre "Vav" qui conclut son nom et correspond à sa vitalité spirituelle (le "Vav" désigne la lettre de la Vérité – Zohar).
Ainsi en tenant le "talon" d’Essav, Yaakov récupéra-t-il la lettre "Vav" dans son nom יעקוב atteignant ainsi, aux Temps messianiques, la plénitude spirituelle et matérielle.
En revanche, Essav, ne lui restant dans son nom que lettres formant le mot עש (ach), scella sa perdition, comme il est dit à propos des ennemis d’Israël : "Certes, ils seront tous comme un vêtement usé, que la mite ע ש (ach) dévore" (Yéchayahou 50,9).

On retrouve cette idée en remarquant qu’en retirant la valeur numérique de mot עקב Ekev (172) à celle du mot עשו Essav (376), on obtient le nombre 204, valeur numérique du mot רד (Red – descend), allusion à sa chute définitive [voir Ohev Israël et Maor vaChémech].

L’importance de l’arrêt de Yaakov au Har haMoria

+ L'importance de l'arrêt de Yaakov au Har haMoria :

"Il [Yaakov] rencontra l'endroit, et y passa la nuit ... il prit des pierres" (Vayétsé 28,11)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni n°117) dit que lorsque Yaakov était sur le point de passer le mont Moria, le monde a agi comme un mur afin de ne pas le laisser passer cet endroit spécial.

Le Zéra Chimchon demande : du fait que (l'ange du) monde a empêché Yaakov de passer Har haMoria, il semblerait que l'arrêt de Yaakov à cet endroit lui apporterait une certaine forme de bénéfice. Qu'est-ce que le monde a gagné à ce que Yaakov se repose au mont Moria?

Le Zéra Chimchon répond par un midrach (Pirké déRabbi Eliezer n°36) qu'Hachem a agrandi la pierre que Yaakov avait placée sous sa tête, jusqu'à ce qu'elle atteigne les profondeurs de la terre et qu'elle agisse maintenant comme un soutien pour le monde.

Le Zéra Chimchon explique que c'est la raison pour laquelle le monde lui-même s'est assuré que Yaakov se reposait à cet endroit, car jusqu'à ce moment, le monde manquait encore d'un soutien/pilier et le monde voulait se sécuriser et a donc agi comme un mur pour l'arrêter.

Néanmoins, il reste à comprendre pourquoi, à ce moment précis, le monde a décidé de s'assurer le soutien qui lui manquait?

Le Zéra Chimchon explique la raison de cette décision en se basant sur la guémara (Baba Batra 25b) qui discute de la halakha en cas de dommages causés entre des propriétés voisines : qui doit prendre ses distances, celui qui cause les dommages ou celui qui les reçoit?
[ l'exemple de la guémara est celui d'une personne qui a une citerne dans son champ et dont le voisin a un arbre qui pousse lentement ses racines dans la citerne). La guémara stipule que celui qui reçoit les dommages doit prendre ses distances.

Cependant, si le dommage n'est pas un dommage lent, mais plutôt un dommage direct provenant du champ du voisin, dans ce cas, la halakha est que celui qui cause le dommage direct doit s'éloigner.
Néanmoins, le Rivach (n°322) écrit que si celui qui cause les dommages directs était là en premier et que le voisin s'y installe, dans ce cas, celui qui reçoit les dommages doit s'éloigner.

Sur la base de ces halakhot, le Zéra Chimchon dit qu'essentiellement, le monde et les humains sont comme 2 voisins qui se causent mutuellement des dommages.
Le monde cause des dommages à l'humanité parce que ses plaisirs l'attirent vers la faute, tandis que l'humanité cause des dommages au monde par les fautes qu'elle commet.
La différence est que les dommages causés par le monde à l'humanité sont directs, alors que les dommages causés par l'humanité au monde sont lents à venir, car même si l'homme faute, Hachem retient la destruction du monde dans l'espoir qu'il fasse téchouva.

Dans ce cas, le monde cause des dommages directs à l'humanité et c'est lui qui devrait prendre ses distances, en d'autres termes, se modifier considérablement.
Cependant, puisque le monde était là en premier, alors même si le monde cause des dommages directs, la halakha dans un tel cas est que celui qui est venu plus tard doit prendre ses distances.

Lorsque Yaakov passa le mont Moria, il était sur le point de fonder la nation juive. À ce moment-là, le monde n'avait pas encore d'assise, comme le prouve le fait qu'Hachem a transformé la pierre sur laquelle Yaakov a dormi en support pour le monde.

C'est pour cette raison que le monde avait besoin d'arrêter Yaakov pour s'assurer qu'il dormait à cet endroit et s'assurer son soutien final, car s'il avait manqué cette occasion, le monde n'aurait pas été totalement achevé et le peuple juif aurait déjà commencé à venir dans le monde, faisant du peuple juif le premier et du monde le second, ce qui signifierait que le monde doit alors prendre ses distances.

"Il dit : Mon Seigneur, Hachem/Elokim : comment saurai je que J'en hériterai?" (Lé'h Lé'ha 15,8)

-> Pourquoi Avraham n'a-t-il cherché à s'assurer auprès d'Hachem que ses descendants prendraient possession de la terre de Canaan qu'après cette promesse, et non lorsqu'elle lui avait été faite pour la première fois des années plus tôt (Lé'ha Lé'ha 13,16) ?

Le Sifté Tsadik (ot 31) explique que, dans un premier temps, Hachem a dit à Avraham que ses descendants seraient aussi nombreux que la poussière de la terre. Pour Avraham, cela signifiait non seulement qu'ils seraient nombreux (quantitativement), mais aussi qu'ils auraient la qualité de l'humilité.
Il était donc persuadé que le peuple juif perdurerait dans leur terre d'origine.
Cependant, maintenant qu'ils étaient décrits comme étant aussi nombreux que les étoiles du ciel, ce qui implique l'exaltation, Avraham craignait qu'une attitude arrogante ne conduise à leur ruine.
Il chercha donc à s'assurer auprès d'Hachem que cela ne les mènerait pas à leur perte.

"Et Avram partit, comme Hachem le lui avait dit, et Lot alla avec lui ; Avram était âgé de 75 ans à sa sortie de 'Haran" (Lé'h Lé'ha 12,4)

-> Comment se fait-il que Lot, qui n'est pas décrit dans la Torah comme étant de la plus haute qualité morale, ait mérité d'être en compagnie d'Avram?
De plus, même après qu'Avraham et lui se soient séparés, Lot a mérité d'être le géniteur de la lignée davidique et du futur machia'h. Pourquoi cela?

Le Sfat Emet (5637) suggère que tout cela soit dû au mérite de son père 'Haran, qui mourut d'une mort ardente pour sanctifier le nom de D. (dans la fournaise ardente de Nimrod).
S'il est vrai que cet acte n'était pas d'une sincérité absolue (puisqu'il s'attendait à être miraculeusement sauvé, comme Avram, avant lui), il s'agissait néanmoins d'un acte de martyre qui méritait d'être récompensé.

Pas besoin de s’inquiéter, Hachem est partout

Et il dit : "En effet, Hachem est en ce lieu, et je ne le savais pas". (Vayétsé 28,16)

-> Le séfer Divré Israël explique ce verset en citant le midrach (Béréchit rabba 68,2) qui dit qu'après qu'Elifaz ait pris tout ce que Yaakov possédait, ne lui laissant que sa canne/baton, Yaakov a dit : "D'où viendra mon aide?".
Il s'est ensuite rétracté et a dit : " 'has vé'shalom. Je n'ai pas besoin de compter sur un homme. 'Mon aide viendra d'Hachem' (Téhilim 121,1)".

Le verset dit que Yaakov se réveilla et dit : "En effet, Hachem est en ce lieu et je ne le savais pas."
Il dit que puisque Hachem est dans ce lieu, il n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. Il n'a pas à s'inquiéter de savoir qui va l'aider, car il peut s'en remettre entièrement à Lui.

Chaque fois qu'une personne se réveille de ses soucis et se souvient qu'il y a Hachem dans ce monde qui peut et va pourvoir à ses besoins, elle n'a pas besoin de savoir d'où viendra son gagne-pain. Il suffit de reconnaître ce fait.

Le verset laisse également entendre que chaque matin, lorsqu'une personne se réveille de son sommeil, elle devrait se dire qu'Hachem est à cet endroit et qu'elle n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. On doit s'en remettre à Lui pour obtenir ce dont on a besoin.
Lorsqu'une personne se rend au travail, elle doit garder à l'esprit qu'elle n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit. Tout ce qu'elle a à faire, c'est de faire confiance à Hachem. C'est pourquoi nos Sages (Béra'hot 4a) disent qu'une personne doit apprendre à dire "Je ne sais pas". Il faut s'habituer à dire qu'on ne sait rien, si ce n'est qu'il faut croire et faire confiance à Hachem.

S’éloigner d’un racha :

"Les fils se bousculaient dans son sein. Elle dit : "S'il en est ainsi, pourquoi cela pour moi?"
Et elle alla consulter Hachem". " (Toldot 25,22)

-> Rachi explique : "Les Rabbanim expliquent le mot "vayit'rotsatsou" (luttaient/se bousculaient) comme une expression de course. Lorsqu'elle passait devant les entrées de la yéchiva de Chem et Ever, Yaakov courait et luttait pour sortir. Lorsqu'elle passait devant l'entrée d'un temple idolâtre, Essav courait et luttait pour sortir".

Le rav 'Haïm de Brisk cite son père, le Beit haLévi qui demandait pourquoi Yaakov courait pour sortir lorsque sa mère passait devant un beit midrach (maison d'étude). Nous savons que lorsqu'un bébé est dans le ventre de sa mère, il apprend toute la Torah avec un ange (mala'h). Pourquoi voudrait-il quitter cet environnement?
Il répond que lorsque Yaakov était dans le ventre de sa mère, il était coincé à côté d'Essav. Il savait qu'il serait préférable de partir, même si cela signifiait renoncer à apprendre avec un ange, tant qu'il n'était pas obligé d'être aussi proche d'un racha.

"Cet homme devint grand ; puis sa grandeur alla croissant et enfin il fut très grand. Il avait des possessions en menu bétail, des possessions en gros bétail, des cultures considérables et les Philistins le jalousèrent." (Toldot 26,13-14)

-> Le Ben Ich 'Haï (séfer Adéret Eliyahou) explique ce verset comme suit : Si Hachem veut donner à une personne 1 000 pièces d'or afin de la rendre riche et qu'Il les lui envoie en une seule fois, la personne sera très heureuse à ce moment-là.
S'Il l'envoie en deux ou trois fois, la personne sera heureuse chaque fois qu'elle recevra une partie de l'argent.
Un autre avantage de recevoir quelque chose en petits versements est que les autres ne remarqueront pas un changement soudain dans le statut de la personne, et ne seront donc pas incrédules à son égard.

Le verset dit que Its'hak a grandi graduellement, s'élevant d'un niveau à l'autre jusqu'à ce qu'il devienne extrêmement grand.
Au début, il possédait des moutons. Plus tard, il a acquis du bétail. Par la suite, il a acquis une "grande production" de tous les types d'animaux. C'est la raison pour laquelle les Philistins l'enviaient.
S'il était devenu riche d'un seul coup, ils auraient dit que, tout comme il était devenu riche soudainement, il pouvait aussi perdre tout son argent et devenir pauvre. Mais lorsqu'ils virent qu'il s'enrichissait progressivement et que toutes les entreprises qu'il entreprenait étaient couronnées de succès, ils comprirent que son mazal était si bon qu'il n'échouerait jamais. C'est pourquoi ils étaient jaloux de lui.