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"Ils [Avimélé'h et son entourage] dirent : Pour voir, nous avons vu (rao ra'inou - רָאוֹ רָאִינוּ) que Hachem est avec toi ... concluons une alliance avec toi ... qu’un serment mutuel soit établi entre nous et toi" (Toldot 26,28)

=> Pourquoi le verset emploie-t-il une double expression : rao ra'inou (voir, nous avons vu)?
En effet, il aurait suffi de dire "Nous avons vu qu’Hachem est avec toi".

Certains commentateurs l’expliquent de la manière suivante :
tant qu’un homme reste entièrement attaché à la confiance qu’il place en Hachem , aucun mal ne peut l’atteindre, et sa foi entraîne au contraire un déversement d’abondance, de miséricorde et de bonté.
Même ceux qui cherchent à causer du mal aux tsadikim savent qu’ils ne pourront arriver à leurs fins que s’ils réussissent à les détacher de leur foi.

C’est dans ce but qu’Avimélekh s’ingénia à tourmenter Its’hak en faisant boucher les puits que les serviteurs de ce dernier avaient creusés et en le renvoyant finalement de sa terre. Tout cela dans l’espoir qu’Its’hak se plaigne un peu de la conduite d’Hachem et qu’il puisse alors l’exterminer (à D. ne plaise).
Mais Its’hak ne se laissa pas influencer par ces difficultés. Il conserva le même niveau de confiance en D., en étant convaincu que tout ce qui lui arrivait provenait d’Hachem qui dirige à Sa guise toutes Ses créatures.
En voyant cela, Avimélekh comprit qu’il ne parviendrait pas à faire perdre à Its’hak ne serait-ce qu’une once de sa foi et donc qu’il n’avait aucune chance de le combattre. Il décida plutôt de conclure une alliance avec lui.

Pour cette raison, Avimélekh lui dit : "Voir, nous avons vu" = la répétition vient nous enseigner qu’il vit 2 choses : il vit Its’hak dans ses jours fastes et Hachem était avec lui. Et il le vit aussi dans ses jours d’obscurité et de voilement. Là aussi, il vit qu’Hachem était avec lui, et que dans chaque chose, Its’hak percevait l’expression de la Providence Divine.
Il préféra donc faire alliance avec lui, comprenant qu’il ne pourrait lui faire aucun mal.

Combien devons-nous croire en cette évidence : personne n’est en mesure de nous faire du mal car au contraire, le mal qu’il fomente contre nous, Hachem le transformera en bien et en bénédiction ...
Plus encore : lorsque le mal se transforme en bien, ce bien est encore plus grand car il provient de D. tout puissant et non d’un simple être humain.
[...]

Avimélé'h a dit : "Après avoir été témoin des miracles que Hachem a réalisé pour toi, je crois également en Hachem.
Ainsi, maintenant toi aussi tu ne peux pas me nuire, de même que je ne pouvais pas te nuire.
C'est pourquoi nous devrions faire une traité de paix."
[rav Elimélé'h Biderman]

[ => avoir de la émouna en Hachem nous donne un pouvoir de protection énorme. Ce principe s'applique à toute personne, même un grand racha (ex: Avimélé'h).]

Yaakov & Essav

+ Yaakov & Essav :

-> Le Saba de Novardok dit que Essav aurait pu gérer la matière comme son père l'espérait s'il avait réussi à surmonter sa tendance à se suffire du côté extérieur et superficiel des choses.
En effet, là est le danger de la matière : se laisser impressionner par elle, se laisser tenter par elle, en oubliant l'existence de l'intériorité.

Il fut donc appelé "édom" (rouge), c'est-à-dire celui qui oublie le sens des choses, et qui choisit de ne s'attacher qu'à la facette la plus superficielle et attirante de ce qu'il voit.
La matière n'est dangereuse pour Essav, que lorsqu'elle l'aveugle, qu'elle éblouit par sa couleur, sa saveur, et qu'elle n'est pas uniquement un moyen d'action dans ses mains.

S'il avait calmer ses ardeurs devant la matière, il aurait pu réussir à jouer le rôle que son père attendait de lui.

[ainsi, le jour du décès d'Avraham, où l'on doit réfléchir à l'aspect éphémère de ce monde et à l'importance d'investir dans notre monde à venir, la seule chose qu'a pu déclarer Essav est : "Donne-moi du rouge, du rouge!".
Il était totalement étranger à toute réflexion d'ordre spirituelle, le plus important étant la partie superficielle et extérieure de la matière (les lentilles rouges).]

En ce qui concerne Yaakov, Its'hak a choisi de l'éloigner de tout élément matériel car quand bien même cette matière ne l'attire pas et ne l'éblouit pas (à l'instar d'Essav), mais cependant elle l'empêche de se concentrer entièrement et intensément sur la Torah et les mtisvot.
Elle l'empêche de se concentrer sur l'intériorité puisqu'elle n'est qu'extériorité.

[Its'hak a validé sa bénédiction à Yaakov, en prenant conscience à postériori qu'Essav n'a pas été capable de gérer la matière car elle le trouble, tandis que Yaakov a su l'utiliser, avec simplicité, sans se laisser entraîner par elle.]

-> La raison pour laquelle Hachem n'a pas voulu donner les bénédictions de façon simple à Yaakov, c'est parce que la relation à la matière n'est jamais simple ; tout contact avec elle est une épreuve : d'une part elle nous déconcentre de notre Torah, de plus elle peut nous influer.

=> Chaque juif lorsqu'il va s'occuper d'une affaire matérielle doit sentir, qu'à un certain niveau, il s'habille avec les vêtements d'Essav ; il faut être très prudent avec elle et ne pas se sentir dans son élément naturel car nous sommes comparés aux poissons, et notre élément de vie c'est l'eau, c'est-à-dire la Torah et les mitsvot.
C'est pourquoi le jour où la matière est la plus présente, à Pourim, la loi juive nous demande de nous déguiser.

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-> Its'hak était parfaitement conscient du fait que Yaakov était un tsadik.
Néanmoins, il pensait qu'Essav convenait mieux à la tâche parce qu'il avait la capacité de sanctifier le profane et c'est pourquoi il voulait lui réserver la bénédiction matérielle.

Its'hak a donc dit à Essav de "préparer ses outils de chasse" = son épée et son arc, c'est-à-dire les ustensiles de ce monde, et "d'attraper du gibier pour préparer un repas".
Its'hak désirait qu'Essav se serve des éléments de ce monde pour préparer un repas digne de la table de son père, de nature entièrement spirituelle, comme le festin du Léviatan.

De son côté, Rivka se rendait compte qu'Essav n'était absolument pas qualifié pour la tâche que Its'hak lui réservait et elle comprenait qu'il fallait que ce soit Yaakov qui reçoive les bénédictions afin qu'il puisse hériter de 2 tables, celle de ce monde et celle du monde à venir.
[Chla haKadoch - Toldot Torah Ohr]

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-> Essav était si mauvais qu'il était même incapable d'imaginer que son comportement puisse être la source de ses problèmes. C'est pourquoi il regarda vers l'extérieur afin de rectifier la situation.
Selon lui, le problème était tout-à-fait extérieur à lui ...

Ce terrible défaut, à savoir l'incapacité à envisager chez soi le moindre défaut, se retrouve dans le nom même d'Essav.
Le nom d'Essav est lié au mot : "assouy" (qui signifie "accompli", "terminé"), ce qui veut dire qu'Essav ne voyait absolument aucune nécessité de s'amender car il se considérait comme un être parfait et accompli en tous ses points.

Nous voyons que la guématria de "Essav" est égale à celle du mot "shalom" (376), qui signifie "paix" et "entier".
Car Essav était en paix avec lui-même. Il était incapable de ressentir cet appel que tout être humain ressent naturellement au moins une fois dans sa vie : celui de reconnaître son imperfection et d'essayer de s'améliorer.

Par exemple, lorsqu'il entra chez son père Its'hak et vit que Yaakov avait déjà reçu les bénédictions spirituelles, tout son monde s'écroula : il resterait à jamais subordonné à Yaakov et à ses descendants.
A cet instant précis, Essav aurait dû réaliser qu'il était en cause et que ce malheur ne s'abattait sur lui qu'à cause de ses propres méfaits.
Pourtant, il ne se tourna pas vers sa propre personne mais vers les autres membres de sa famille ; à ses yeux le problème prenait sa source chez eux et non chez lui.
Essav se dit qu'il a commis une erreur en épousant des filles de Canaan, étant donné qu'elles avaient été maudites à jamais (Béréchit 9,25). Ce devait être là la raison pour laquelle le sort s'acharnait contre lui.

Il se tourna donc vers son oncle Yichmaël afin de trouver une nouvelle épouse (Toldot 28,9) ; Yichmaël étant lui (aussi un descendant d'Avraham et ayant bénéficié de sa propre bénédiction, épouser l'une de ses filles aurait certainement le pouvoir de restaurer sa chance, pendait-il).
Essav avait ainsi l'intention de tuer Yaakov, et il espérait le voir s'affaiblir sur le plan spirituel suite à sa rencontre avec Lavan.

=> Il ne prit pas la peine de considérer ses actes pervers, tout ne venait que de l'extérieur (ex: c'est à cause de l'ascendance de ma femme!).

-> Quiconque appelle Avram [son premier nom, au lieu de Avraham] transgresse un commandement positif.
Mais quiconque appelle Israël Yaakov [Israël est le nom que Yaakov reçut de D.] n'a rien transgressé, car même la Torah l'appelle ainsi par la suite.
[guémara Béra'hot 13a]

Le mot "Yaakov" signifie "talon" ...
Le Avné Nézer (père du Chem miChmouël) explique : même après être devenu Israël, Yaakov continua de voir en lui un "talon". Pour lui, la seule manière de vivre une existence pleine de sens consistait à s'auto-analyser et à s'auto-améliorer constamment.
Et s'il était désormais Israël aux yeux de Hachem et des hommes, il demeura le même Yaakov à ses propres yeux.

=> Nous devons apprendre de là, la différence entre Yaakov et Essav.
L'erreur fatale d'Essav consistait à son refus de se remettre en cause et de s'amender aux aléas de l'existence. [tout n'est qu'extériorité!]
Quant à Yaakov, qui nous sert d'exemple jusqu'à aujourd'hui, il comprit que le secret d'une existence accomplie réside dans l'aptitude à scruter ses actions et à modifier son comportement en fonction des circonstances. [tant qu'on vit, c'est qu'il nous reste à parfaire notre intériorité]
[Chem miChmouël - Toldot 5672]

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-> Le Toldot Yaakov Yossef dit que :
- le nom Yaakov vient de ékev : talon = c'est une allusion au fait que Yaakov pensait toujours au talon, au résultat final de toute chose.
[ex: nos Sages nous conseillent de s'interroger avant tout acte : au final, qu'est-ce que j'y gagne? qu'est-ce que j'y perds?]

Tandis que que Essav (faire) = implique une impulsivité, une action immédiate sans considérer les conséquences.

Cela s'illustre au moment du plat de lentilles :
- pour Essav qui toute sa vie ne pensait qu'à l'instant présent, alors la réalité présente (olam azé) avait plus d'importance à ses yeux, au point qu'il a donné un plat de lentilles en échange du monde futur.

D'après le rav Elimélé'h Biderman, il était paresseux, en demandant à Yaakov de lui verser dans la bouche la soupe de lentilles. Il ne voulait même pas faire l'effort de prendre une cuillère, ou bien de lever et verser la soupe lui-même, ce qui prouve à quel point il était paresseux.
De plus dans la Torah, il demande à avoir de ce plat rouge (adom) sans poser de question sur son contenu. Cela témoigne de son inconscience, de son impulsivité à dévorer la matérialité.

[certes sur le moment il a pu assouvir sa faim, au détriment du droit d'aînesse, mais plus tard il va souffrir des conséquences, et il va crier : "II m'a enlevé mon droit d'aînesse" (Toldot 27,36).

Au-delà de l'aspect spirituel, cela peut s'appliquer par exemple à ceux qui vont manger trop de nourriture non saine, et qui vont en être malade par la suite.]

- une personne sage va regarder plus largement (plutôt que d'être prisonnière de ses pulsions du moment), elle a conscience du caractère éphémère de ce monde, qui n'est qu'un lieu de passage permettant de construire notre monde éternel.
La guémara (Tamid 32a) dit : "Qui est sage? Celui qui voit ce qui va arriver".

Ainsi, Yaakov renvoie au "talon", car il avançait pas à pas, action après action, vers le monde futur (olam aba), tandis que Essav (qui signifie "accompli", "terminé") faisait du surplace, se considérant déjà au terminus de sa vie (reniant le monde à venir).

[lorsque l'on regarde ce monde extérieurement on a l'impression qu'il y a des lois de la nature, mais quand on regarde à l'intérieur, à la source de toute chose, on y découvre Hachem. C'est là la différence entre Yaakov et Essav, arriver à voir dans toute situation, en toute chose, son intériorité, sa finalité, faire la volonté de D.]

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-> Le 'Hovat haLévavot (Chaar 'Hechbon haNéfech 3,25) écrit :
"On doit faire un 'hechbon néfech et penser à quel point nous aimons beaucoup ce monde-ci, à quel point notre amour pour les plaisirs de ce monde (olam azé) est tellement supérieur à notre amour pour le monde futur (olam aba).

Nous devons essayer de déraciner notre amour pour ce monde, afin d'y mettre à la place de l'amour pour le monde à venir.
On réalise cela en pensant à la finalité des 2 mondes ...
Un sage se dit : "De même que le feu et l'eau ne peuvent pas coexister ensemble dans un même récipient, de même dans notre cœur il ne peut pas coexister en même temps un amour [intense] pour [ce que propose] ce monde-ci, et le monde futur."

-> Si l'on a sur nous un regard plein d'humilité (Yaakov -> talon : membre le plus bas du corps), alors on pourra terminer sa vie en tant qu'Israël (symbolisant un juif accompli).
Ce monde-ci avec toutes ses réalités va disparaître un jour, et il est donc sage d'investir sur des choses qui vont durer éternellement.

Le 'Hafets 'Haïm fait remarquer qu'on investit tellement pour avoir de quoi vivre dans ce monde-ci, et si peu pour avoir de quoi évoluer dans notre monde à venir, alors que cela devrait être l'inverse.

Il est important de préciser que lorsqu'un juif utilise ce monde pour atteindre un super monde futur, alors il gagne également ce monde-ci.
Par exemple, on peut citer la émouna qui nous permet de prendre la vie avec joie et positivisme. [en plus de faire la mitsva de la émouna!]
Ceux qui ont la émouna sont joyeux car ils savent que tout est pour leur bien, et ils ont confiance que Hachem va très les en sortir.

[quelqu'un qui a émouna n'est jamais seul, puisqu'Hachem est toujours là, tandis que sinon on se sent seul, dépassé, plein de questions, d'inquiétudes, ...
Avec la émouna, la vie a toujours bon goût, tandis qu'en son absence elle peut être sans goût, voir dégoûtante, même si on possède beaucoup de biens.]

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-> Le rav Avigdor Miller dit que Yaakov (ékev - talon) était rempli d'humilité et il se sentait ne pas mériter les bienfaits de Hachem.
Même s'il a eu une vie difficile, il se focalisait sur le positif, acceptant de ne pas comprendre, et que c'est déjà très bien, vu que je ne mérite rien normalement.
Il avait une attitude de : gam zou létova (cela aussi est pour le bien).
[avoir de la gratitude envers D. = tout n'est pas un simple dû!
On ne fait pas 2 choses en même temps. Ainsi, j'apprécie ce que j'ai, plutôt que de me plaindre éternellement de ce que je pourrais avoir]

Mais également, il est écrit : "Un moment de téchouva (retour vers D.) et de bonnes actions dans ce monde a plus de valeur que tout le monde futur.
Et un moment de bonheur dans le monde futur est meilleur que tout ce monde-ci." [Pirké Avot 4,22]

Ainsi, on a beau avoir toute la richesse du monde, touts les honneurs, tous les plaisirs de ce monde, et bien cela n'est rien par rapport à un instant de Torah ou de téchouva que les descendants de Yaakov peuvent profiter dans ce monde ci.

En ce sens, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Ki Tavo 26,8) enseigne :
"Le vrai bien est la Torah. Si les gens goûtaient la douceur et la bonté de la Torah, ils en deviendraient fou, et ils courraient passionnément après elle.
Une maison remplie d'or et d'argent ne serait alors rien à leur yeux, car la Torah a en elle toutes les bontés de ce monde".

On peut ajouter que selon nos Sages les efforts qu'un juif investit dans la Torah, les bonnes actions, vont venir se déduire des efforts, des souffrances qu'il aurait dû avoir dans la matérialité de ce monde.

=> Ainsi, Essav doit souffrir sans raison, tandis que Yaakov le fait avec du sens : celui de faire dans la joie la volonté de D. par la Torah et les mitsvot.

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-> On a : Yaakov qui "demeurant dans les tentes" et Essav "un homme des champs".
La différence entre une tente et l'extérieur, est que dehors il n'y a pas de murs, de limites.

Le Yétev Lev dit que cela décrit une différence entre Yaakov et Essav.
Yaakov s'est imposé les limitations de la tradition juive afin de rester dans le domaine de la sainteté, tandis qu'Essav a vécu sans limites, sans barrières personnelles, tout lui était permis.

L’humilité permet de recevoir les bénédictions

+ L'humilité permet de recevoir les bénédictions : (paracha Toldot)

-> Le midrach (Béréchit rabba 65,11-15) dit que lorsque Yaakov est allé voir son père pour lui amener la nourriture : "il était courbé, pleurant et son cœur fondait comme de la cire".

-> Le rabbi de Koziglov (séfer Erets Tsvi) explique à quel point cela devait être humiliant pour Yaakov, lorsqu'il a dû s'habiller comme Essav afin de recevoir les bénédictions.
En effet, Yaakov avait conscience de la grandeur de son père, et celui-ci avait sûrement de bonnes raisons de préférer Essav à lui, pour lui donner les bénédictions aux conséquences énormes pour lui et sa descendance.

A quel point Yaakov a dû être dévasté de se sentir un moins aimé que Essav.
Yaakov étudiait et priait à la maison d'étude, et malgré cela Its'hak semblait aimer davantage Essav.

Le rabbi de Koziglov dit que c'est tous ces sentiments (plus ou moins conscient) d'humilité qui ont rendu Yaakov méritant de recevoir les bénédictions.
En effet, il y a un principe : Hachem accorde Ses bénédictions aux humbles.

=> Le contexte a rabaissé Yaakov, ce qui l'a rendu très humble (ex: il ne pouvait même pas se dire c'est normal, cela me revient de droit grâce à mon étude de la Torah, mes prières, ...), et il était alors un beau et grand réceptacle pouvant contenir les énormes bénédictions de son père.

Le rabbi de Koziglov dit également qu'à chaque fois que nous traversons un moment humiliant [en l'acceptant : sans se révolter contre Hachem, contre la personne qui nous l'inflige], cela va purifier énormément notre âme.
[en plus de créer un grand réceptacle permettant de recevoir les bénédictions d'Hachem]
C'est grâce à cela que Yaakov est devenu pleinement méritant de recevoir des bénédictions aussi énormes!

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne sur ce sujet : l’aptitude d’un homme à recevoir les bénédictions de Yaakov (qui englobent tous les bienfaits matériels et spirituels ensemble) se mesure à sa disposition à se soumettre et à son humilité. Car les actes des Patriarches sont un signe pour leurs descendants.

-> Le Kli Yakar explique d’après cela la raison pour laquelle Yaakov fit passer Efraïm avant l’aîné Ménaché lorsqu’il les bénit. Il est en effet écrit alors : "Lui aussi (Ménaché) sera un peuple et lui aussi sera grand, cependant son petit frère (Ephraïm) sera plus grand que lui".
Le Kli Yakar écrit :
"Car Hachem choisit particulièrement les petits. Et ceux qui possèdent cet aspect de petitesse, Il les élève pour en faire des myriades, comme il est écrit : "Ce n’est pas parce que vous êtes plus nombreux que tous les peuples qu’Hachem vous a désirés, car vous êtes la minorité" (Vaét'hanan 7,7), ou encore : "Le petit deviendra des milliers et le cadet un peuple puissant" (Yéchayahou 60,22).
Cela se réalisa d’ailleurs dans toute la descendance d’Avraham : Yichmaël son aîné fut disqualifié au profit d’Its’hak, Essav l’aîné d’Its’hak au profit de Yaakov, Réouven l’aîné de Yaakov au profit de Yossef, Ménaché l’aîné de Yossef fut béni en seconde place après Ephraïm."

-> "Voyez le parfum de mon fils comme le parfum d’un champ béni par Hachem" (Toldot 27,27)
Rabbi Leïbelé Eiguer (Torat Emet) explique que lorsque Yaakov pénétra chez Its’hak vêtu de la tunique somptueuse de Essav, son coeur était brisé. Le parfum exquis que Its’hak sentit à ce moment-là était précisément dû à ce coeur contrit.
La bonne odeur qui se dégageait de Yaakov à cet instant le fit s’exclamer : "Voyez le parfum de mon fils comme le parfum d’un champ béni", les herbes aromatiques du champ contiennent en permanence leur parfum, néanmoins, lorsque l’on en brise la tige, celui-ci se dégage davantage.
Il en est de même chez chaque juif : lorsque son coeur se brise, une odeur exquise se dégage de son âme avec une intensité redoublée. La prière qui provient de ce coeur contrit, elle aussi, est beaucoup plus acceptée.

-> "Its’hak s’épancha en prières au sujet de sa femme" (Toldot 25,21)
Rachi : "(Its’hak) s’épancha (vayétar) en prières : il abonda en prières avec insistance."
A priori, nos Sages font remarquer, il semble que seulement Its’hak dut faire autant d’efforts dans sa prière et non Rivka. En effet, comme elle était une tsadékète fille d’un racha (Bétouël), son coeur était brisé en pensant à ses origines. Dès lors, sa prière monta directement au Ciel. En revanche, étant tsadik fils de tsadik, Its’hak n’avait pas le coeur aussi brisé que le sien.
Pour cette raison, il dut redoubler d’efforts dans sa prière.

[bien que nous n’ayons pas la moindre idée du niveau d’Its’hak, il nous est permis toutefois de réfléchir à notre propre situation. Et d'en tirer l'énorme puissance d'avoir un coeur brisé, d'être vraiment humble.]

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-> "Hachem répondit à lui" = Hachem a répondu à Its'hak, et ce grâce aux prières de Rivka pour lui, et alors ils ont eu des enfants.
=> Ainsi, les prières de Rivka ont été plus efficaces, grâce à son humilité.

Le Tsémé'h Hachem laTsvi conclut que pour chacun d'entre nous, certes l'ascendance peut être un énorme plus pour nos prière, mais cependant (même pour un enfant de racha) la qualité d'humilité rend une prière incomparativement plus importante.
[le divré Torah complet se trouve : https://todahm.com/2021/11/07/33589 ]

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-> Nos maîtres nous ont enseigné qu'Its'hak et Rivka se sont rendus au Har Hamoria pour prier là-bas. Il lui ligota les mains et les pieds en arrière et supplia que le ventre qu'elle lui présentait ainsi devant lui puisse recevoir des enfants. Grâce à cette prière au Har Hamoria, Rivka guérit.
Its'hak se mit, ainsi que son épouse, dans cette situation délicate dans le but d'augmenter la kavana de son cœur vis-à-vis de la stérilité de sa femme. [augmentant ainsi leur humilité, leur totale dépendance envers Hachem]
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou]

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-> L'humilité permet d'avoir une grâce aux yeux d'Hachem : https://todahm.com/2022/11/17/37889

"Ensuite naquit son frère tenant de la main le talon et on le nomma Yaakov" (Toldot 25,26)

-> Rachi commente : c'est Hachem qui l’a appelé ainsi.

-> "Toutes les fois que Rivka [alors enceinte] se tenait près d'une synagogue ou d'une salle d'étude, Yaakov se débattait pour sortir, et chaque fois qu'elle passait à côté de temples païens, Essav courait et s'agitait pour émerger."
[midrach Béréchit 63,6]

=> Si même avant sa naissance Essav avait une telle tendance au mal (à vouloir rechercher les fautes et à servir de l'idolâtrie), comment alors pouvons-nous le considérer comme coupable de ses mauvaises actions?

-> Le Yichma'h Moché développe les idées suivantes :
Avant sa naissance, Yaakov était totalement bon et Essav complètement mauvais.
Au moment de la naissance, lorsque Yaakov a tenu le talon de son frère Essav, alors il y a eu un transfert réciproque de la naturalité de chacun.
Yaakov a reçu une dose de la méchanceté de Essav, et Essav a reçu une dose de la bonté de Yaakov.
C'est pourquoi après sa naissance, Essav est devenu responsable de ses actes, car il avait du bien en lui, et s'il le désirait il pouvait se focaliser sur ce bien et devenir un tsadik.

De son côté, en tenant le talon, Yaakov a reçu son yétser ara, qui est quelque chose de très précieux aux yeux d'Hachem.
En effet, Il ne manque pas d'anges au Ciel qui Le servent nettement mieux que les humains, mais Hachem prend un plaisir énorme lorsque les gens surmontent leur yétser ara pour le servir.
Une action dans la douleur, dans l'épreuve a beaucoup plus de valeur. Ainsi, lorsque nous surmontons les tests du yétser ara, Hachem est extrêmement fier de nous, et fait nos louanges face à tous les anges : "Regardez comment cette personne est incroyable! Elle me sert malgré les défis et les difficultés! Elle surmonte tous les obstacles et se dévoue à rester fidèle à Ma volonté".

[nos Sages utilisent souvent le multiple de 1 000 pour se rendre compte de la valeur d'une mitsva dans la difficulté. Imaginons que chaque prière prononcée dans la douleur équivaut à 1000 prières normales! Quelle opportunité!
Imaginons que momentanément on nous propose une tâche bien plus désagréable/douloureuse que d'habitude, mais en échange on nous multiplie par 1 000 notre rémunération. Est-ce qu'on s'en plaindrait ou bien qu'on profiterait de cette occasion?
Combien cela est davantage véridique sachant que les conséquences spirituelles vont nous accompagner pour une durée éternelle, et non éphémère! ]

Pendant sa vie, Essav avait pour tâche de suivre la partie de Yaakov qui était en lui.
Il devait faire preuve d'une grande humilité, en suivant et restant fidèle à la voie du bien de son frère.
Il n'y est pas parvenu, comme il est écrit : "'Essav dédaigna le droit d'aînesse" (v.25,34) [Rachi commente : Essav a "dédaigné" le service de D.]

Le travail de Yaakov durant sa vie était de se nettoyer de l'influence d'Essav.
Il y a réussi, comme il écrit : "un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la Torah]" (v.25,27) = il a étudié la Torah dans la yéchiva de Chem et Ever, et il s'est ainsi purifié de l'influence d'Essav.

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-> Le Yichma'h Moché explique que les bénédictions ont le pouvoir de donner au bénéficiaire des forces pour surmonter son yétser ara.
Au début, Its'hak voulait bénir Essav, car il savait que Essav en avait besoin puisqu'étant "un homme sachant chasser, un homme des champs" (v.25,27).
De son côté, Yaakov était "un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la Torah]" (v.25,27), et ainsi Its'hak pensait qu'il n'avait pas besoin de bénédictions.

Avec sagesse, Yaakov dit à son père : "Je suis Essav, ton premier né" (ano'hi Essav bé'horékha - v.27,19).

Le Yichma'h Moché explique que Yaakov disait à son père : "Père! J'ai également un aspect d'Essav en moi. Ce n'est pas comme tu le penses que mon service d'Hachem est facile pour moi, que je n'ai pas de tentations. Je combats également mon yétser ara. C'est une grande lutte aussi pour moi, et c'est pourquoi j'ai également besoin de tes bénédictions".

Its'hak a reconnu cela, en disant (v.27,22) :
- Its'hak a du bien en lui : "La voix est la voix de Yaakov" (akol kol Yaakov) ;
- mais également du mal : "et les mains sont les mains de Essav" = en effet, lorsque les mains de Yaakov ont touché le talon d'Essav alors elles sont en quelque sorte devenues des mains d'Essav, car il a reçu par cela une tendance au mal (son yétser ara).
=> Ainsi, Yaakov avait également besoin de bénédictions.

-> Lorsque Essav est venu pour recevoir les bénédictions et constatant la situation, il a dit à son père Its'hak : "il [Yaakov] m'a supplanté 2 fois déjà? II m'a enlevé mon droit d'aînesse et voici que maintenant il m'enlève ma bénédiction!" (v.27,36).

Its'hak a pu constater que Yaakov est capable de tromperie et de mensonge, ce qui signifie qu'il possède également un yétser ara, et Its'hak a alors été consolé d'avoir donné les bénédictions à quelqu'un qui en a besoin.

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+ Essav - un potentiel exploité négativement :

-> Il est écrit : "Les enfants se poussaient en son sein" (Toldot 25,22)

Rachi explique : "[Les enfants] se poussaient" = Quand elle passait devant l’entrée des lieux d’étude de la Torah de Chem et Ever, Yaakov s’agitait pour sortir [du ventre de sa mère] ... Quand elle passait devant des lieux d’idolâtrie, Essav s’agitait pour sortir"

Le midrach rapporté par Rachi semble impliquer qu’Essav était mauvais depuis le stade embryonnaire.
Certaines sources affirment que le yétser hara n’entre en l’homme qu’au moment de sa naissance, or selon ce midrach (rapporté par Rachi), Essav avait déjà un mauvais penchant très puissant, dans le ventre de sa mère.
[en ce sens, le Maharal (Gour Arié - Toldot 25,22) rapporte le verset décrivant le yétser hara : "La faute est tapie à l’entrée" (Beréchit 4,7), et commente : "à l’entrée" fait référence au moment où le bébé vient au monde.]

Le rav Nathan Weiss répond en analysant de plus près les mots de Rachi : celui-ci dit uniquement qu’Essav était attiré par les lieux où l’on s’adonnait à l’idolâtrie, mais il ne nous précise pas ce qu’il voulait y faire.
Cela signifie qu’Essav éprouvait une attirance innée pour ces endroits du Mal, mais qu’en grandissant, il aurait pu exploiter ce penchant de manière constructive ; la méthode la plus élémentaire pour y parvenir étant de démolir de tels lieux, plutôt que d’en être détruit spirituellement.

Nous voyons donc qu’Essav n’était pas encore mauvais dans le sein de sa mère. Il avait une prédisposition qu’il pouvait utiliser pour le bien ou pour le mal.

D’ailleurs, une analyse approfondie des sources rabbiniques décrivant les premières années d’Essav prouve que ce dernier possédait effectivement une grande capacité à combattre le mal.
La Torah décrit le jeune Essav comme "un homme qui savait piéger" (Toldot 25,22).
Le midrach (Beréchit rabba 63,10) nous fournit une explication de cette expression : il piégeait les criminels, par son discours ; quand ces derniers niaient leur implication dans un crime, il parlait avec eux, leur tendant des pièges de façon à ce qu’ils admettent la vérité.

Le Targoum Yonathan sur le même verset fait une révélation encore plus étonnante : Essav tua en réalité le chef des idolâtres, Nimrod. Il avait donc évidemment une capacité à abolir le mal.

=> Si Essav avait continué à canaliser son attirance naturelle pour le mal de manière positive, il aurait sans doute atteint de hauts niveaux et empli le rôle qu’Its’hak désirait pour lui.
Au lieu de cela, il se laissa entraîner par l’immoralité ambiante et devint un pécheur de la pire espèce.

Le midrach (Beréchit rabba 63,11) nous informe qu’un tout autre personnage du Tanakh avait une inclination similaire à celle d’Essav : le vertueux roi David. Quand Hachem envoya le prophète Chmouel oindre David pour le désigner roi, il vit qu’il était roux. La couleur rouge symbolise le meurtre et quand Chmouel vit que David avait ce tempérament, il eut peur qu’il devienne un assassin comme Essav. Hachem le rassura en lui disant que David utiliserait cette impulsion convenablement, l’employant quand la halakha (loi juive) le dicterait. En effet, David tua de nombreux ennemis du Klal Israël.

Nous avons vu que le penchant naturel d’Essav pour le mal ne lui réservait pas obligatoirement un destin de pécheur ; c’est en grandissant qu’il utilisa son libre arbitre de manière négative.

=> Cela nous enseigne une leçon importante quant à la façon dont une personne doit développer ses traits de caractère. Chacun de ces attributs peut être utilisé négativement ou positivement ; on peut choisir de les exploiter à des fins égoïstes ou de les canaliser de façon positive, pour accomplir la volonté d’Hachem.
[d'après un divré Torah du rav Yéhonathan Gefen]

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+ Grand est celui qui domine son penchant :

=> Comment comprendre que Yits'hak aimait tant Essav? Ignorait-il son impiété? Et ce au point de le privilégier par rapport à Yaakov, le tsadik, pour les bénédictions!

-> En fait, l'explication de cela est qu'en réalité, au niveau de son origine, Essav n'était pas du tout programmé ni prédestiné à devenir un racha. Seulement, il avait un travail spirituel à faire différent de celui de Yaakov.
Ce dernier devait servir Hachem en se rapprochant du bien et de la sainteté, par l'étude constante et approfondie de la Torah, et par une dévotion complète dans la prière. Il était "un homme intègre, qui réside dans les tentes" d'étude (voir Rachi).
En revanche, Essav avait une toute autre mission. Il devait combattre le mal et le recourber. Son travail était d'être confronté au mal qui était en lui, à travers des mauvaises tendances, pour le supprimer. Il devait aussi lutter contre le mal qui se trouve dans le monde, pour l'anéantir ou même le transformer en bien.
Essav avait donc tout un programme spirituel d'une valeur énorme. Il devait, avec son frère Yaakov, constituer deux faces d'une même pièce.
Yaakov par le renforcement du bien et Essav par la maîtrise du mal et sa réparation. A eux deux, ils allaient s'associer pour accomplir les deux parties du verset : "Ecarte-toi du mal et fais le bien".

Le travail de Essav était bien plus dur que celui de Yaakov, et aussi bien plus risqué.
Quand nos Sages nous disent que déjà à l'origine, dans le ventre de sa mère, Essav souhaitait sortir pour rejoindre les lieux d'idolâtrie, cela signifie qu'il avait en lui, certes, des tendances mauvaises. Mais cela ne fit pas de lui un racha. Bien au contraire. Il devait lutter contre toutes ces tendances pour les neutraliser et les corriger.
Et Hachem lui avait mis en lui toutes les forces nécessaires pour réussir dans ce travail.
Et s'il avait suivi le chemin qui devait être le sien, non seulement il aurait été un tsadik, mais il aurait été même encore plus grand que Yaakov. En effet, la grandeur d'un homme se mesure par rapport à la difficulté de son travail. Car celui qui réussit à remplir une mission plus dure, en ressort encore plus grand que celui qui surmonte une épreuve plus facile.

Si Hachem a créé Yaakov et Essav d'une même cellule, en tant que jumeaux, c'est qu'ils devaient mener une mission complémentaire.
Un midrach enseigne que la Torah a été donnée en Sivan, sous le signe des gémeaux, en référence à Yaakov et Essav, qui étaient jumeaux. Cela montre bien que Essav ne devait pas être écarté. Il devait compléter Yaakov dans le but de recevoir la Torah et se perfectionner dans la partie de dominer et de soumettre le mal.

Seulement, Essav n'a pas réussi sa mission et il s'est laissé influencer par le mal au lieu de le dominer.
La raison de son échec peut s'expliquer de la façon suivante. Le guémara enseigne que le seul remède contre le yétser ara c'est l'étude de la Torah. C'est uniquement l'étude qui permet de dominer le mal qui est en soi.
D'ailleurs le Messilat Yecharim ajoute qu'il n'existe aucun autre remède à part la Torah. Au point que quiconque souhaite utiliser une quelconque autre méthode qu'il considère comme efficace, se trompe amèrement.
Or, celui qui incarne l'étude de la Thora, c'est Yaakov. C'est lui qui est "assis dans les tentes (d'étude)". Ainsi, ce que l'on attendait de Essav était de se soumettre à Yaakov et d'accepter sa grandeur. Si Essav s'était plié devant Yaakov en le considérant comme Maître et en n'avançant que selon ses directives, alors il aurait bénéficié de la sainteté de la Torah de Yaakov et aurait été protégé des influences du mal.
C'est seulement alors qu'il aurait eu la force de mener à bien sa mission et de dominer le mal.
Mais au lieu de cela, il préféra se désolidariser de son frère et de se considérer comme indépendant. Il n'a pas su avoir l'humilité de se plier devant Yaakov et sa Torah. De ce fait, le mal le submergea et il échoua sa mission.
Et sur cet échec, il mérite sa punition.

Dans cette direction, le Zohar explique pourquoi Its'hak aimait particulièrement Essav. Its'hak incarne l'attribut de rigueur. Et il voyait dans la racine spirituelle de Essav celui qui lui ressemble. En effet, ce travail propre à Essav qui était de dominer et maîtriser le mal émane justement de la rigueur, puisqu'il s'agit d'être dur et rigoureux avec soi-même pour ne pas laisser le mauvais penchant prendre le dessus.
Ainsi, Its'hak reconnaissait son propre attribut en Essav. Or un homme affectionne particulièrement ce qui lui ressemble. Et même si Essav a échoué dans sa mission et s'est perverti, malgré tout Its'hak, dans sa grandeur, ne voyait en chaque chose que sa racine spirituelle. Il n'a donc vu en Essav que celui qui a la force de maîtriser et recourber le mal, c'est-à-dire celui qui détient l'attribut de rigueur, qui est le sien. Et comme il se reconnut dans la racine spirituelle de Essav, c'est pourquoi il l'aimait tant.

Et si Its'hak voulait donner les bénédictions à Essav et non à Yaakov, c'est parce qu'il savait que le travail de Essav est beaucoup plus dur et surtout plus risqué que celui de Yaakov. Essav, pour réussir sa mission, avait besoin de plus de force et de courage. C'est ce qu'il souhaitait lui transmettre par ces bénédictions.
Yaakov, quant à lui, qui devait vivre dans le bien pour le renforcer, était plus en sécurité. Il avait moins de risque.
Ainsi, Its'hak pensait que Yaakov avait moins besoin de force et de bénédiction pour y arriver.
Mais Rivka connaissait la réalité de Essav telle qu'elle était ici-bas. A savoir que Essav avait complètement échoué sa mission et s'était extrêmement corrompu. Essav avait gaspillé et même perdu son potentiel. Les bénédictions n'allaient donc pas l'aider. Au contraire, on peut même dire qu'elles risquaient de renforcer son égarement, par les forces que lui octroieraient les bénédictions.
Rivka savait bien que ces bénédictions ne pouvaient réellement revenir qu'à Yaakov.
[d'après le Sifté 'Haïm & d'autres commentateurs - rapportés par le rav Mikaël Mouyal]

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+ Le yétser ara : c'est la vie!

-> Avoir des tendances au mal (un yétser ara) n'est pas une honte, au contraire c'est un signe que Hachem désire que nous Le servions et qu'ainsi nous nous rapprochons de Lui.

"Le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16) = ainsi le fait de tomber dans la faute atteste que nous avançons dans la vie, tandis que le contraire signifie à priori que nous sommes anesthésiés, que nous vivons comme des somnambules, des morts vivants (à part de très très rares exceptions, il n'existe pas d'homme qui ne faute jamais!).

Le yétser ara nous fait sortir de notre suffisance, de notre paresse, afin que face au mur nous puissions sortir nos forces cachées. Après coup, nous le remercions car nous sommes alors des juifs meilleurs.

-> Au début de la paracha, lorsque Rivka voulait savoir pourquoi elle souffrait autant pendant sa grossesse, elle est allé au beit midrach de Chem (fils de Noa'h).

Chem a prophétisé que : "2 nations sont dans ton sein et 2 peuples sortiront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que l’autre (oul'om mil'om yéémats)" (Toldot 25,23).

Le rabbi Yéhochoua de Belz explique : "Une nation sera plus forte en raison de l'autre".

Yaakov sera une personne meilleure grâce aux batailles que Essav va mettre sur son chemin.
Ainsi, les juifs grandissent des épreuves que les non-juifs et leur yétser ara va placer devant eux.

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-> Le jour où Avraham est mort, Nimrod est mort.
Le jour où Yaakov est mort, Essav est mort.
Le jour où Moché est mort, Bil'am est mort.
[midrach]

=> Que souhaite nous enseigner ce midrach?

Le Beit Israël de Gour répond que nous voyons que les réchaïm sont placés dans ce monde dans l'intérêt des tsadikim.
Hachem a créé Nimrod pour remettre en cause Avraham, et Hachem a mis Essav dans ce monde pour tester Yaakov.
Ainsi, lorsque Avraham et Yaakov meurent, il en est de même pour leur adversaire (Nimrod et Essav), car ces derniers ne vivaient que pour les premiers.

Le Beit Israël explique qu'en apparence Nimrod, Essav et Bil'am dérangeaient ces grands tsadikim (cela serait mieux sans eux!), mais en réalité ils étaient là pour les aider.
Ils sont venus dans ce monde uniquement pour eux.

Sans les remises en question que ces réchaïm ont placé devant eux, ces tsadikim n'auraient pas pu atteindre une telle grandeur.

=> Ainsi, les épreuves, les défis de la vie, ne sont pas des punitions de D., mais au contraire des opportunités de grandir, et d'apporter un plaisir beaucoup plus grand à Hachem.

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-> Hachem ne met son Nom que sur les tsadikim après leur mort.
C'est pourquoi, nous disons "Eloké Avraham" (D. d'Avraham), après la mort d'Avraham.
En effet, Hachem ne veut pas placer son Nom sur quelqu'un de vivant, car tant qu'il y a de la vie il y a des épreuves et personne n'a la garantie de rester tsadik dans le futur.
(n'ai pas [trop] confiance en toi avant ta mort [en baisant la garde face au yétser ara en pensant que c'est gagné]).

Il y a une exception à cela : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak" (Vayétsé 28,13).
Avraham était mort, mais Its'hak était encore vivant.
Rachi écrit : "nulle part dans la Torah, Hachem n’a associé de leur vivant Son nom à celui des tsadikim, en écrivant "Elokim d’un tel" ... Ici, cependant, Il a uni Son nom à celui de Its'hak, parce que sa vue s’était assombrie et qu’il était obligé de rester chez lui. Il était donc considéré comme mort, et son yétser ara l’avait quitté, [de sorte qu’il était devenu hors d’état de pécher] .

Cependant, Yaakov va dire : "Si le D. de mon père, le D. d'Avraham (éloé Avraham) et celui que révère Its'hak (pha'had Its'hak)" (Vayétsé 31,42).
Le Divré David (Taz) explique qu'il aurait été inapproprié à Yaakov de dire à son père : "éloé Its'hak".
En effet, cela impliquait que son père ne faisait plus l'objet d'épreuve du yétser ara, ce qui revenait à lui dire qu'il n'avait plus de raison de vivre, et un fils ne doit pas parler ainsi à son père.

[De même que nous avons un cœur au niveau physique, nous avons un yétser ara au niveau spirituel, pour permettre notre vie et assurer notre vitalité dans ce monde]

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+ L'intensité des épreuves de la vie :

-> Il est très clair que Hachem tient le yétser ara avec une chaîne en fer, ne le laissant pas mettre à l'épreuve quelqu'un au-delà de ses capacités."
[Gaon de Vilna]

-> La guémara ('Haguiga 5) rapporte que Rabbi Yéhochoua ben 'Hananiya savait répondre aux questions des hérétiques (apirkorsim). Cela était important pour empêcher à des juifs d'être influencés par eux.

Lorsqu'il était sur son lit de mort, ses élèves lui ont demandé : "Que ferons-nous maintenant? Qui réfutera les hérétiques?"
Il leur a répondu : "lorsque les juifs perdent leur avocat/défendeur, leur sagesse [de ceux qui les attaques] se trouve réduite".

=> Ainsi, cette guémara nous illustre l'idée que les épreuves et les défis sont toujours en proportion des capacités des gens.
Ici une baisse de notre capacité à répondre à leurs questions de émouna, va entraîner une baisse de leur niveau de questionnement.

-> Une allusion à cela se trouve dans le Séder de Pessa'h : le Sage ('hakham), le racha, le simple (tam) et celui qui ne sait pas poser de question (chééno yodéa lich'ol).
Lorsqu'il y a des Sages, alors en face il y a des réchaïm.
Mais s'il y a un niveau de simple (tam), alors en face il y a une opposions qui ne sait pas vraiment poser des questions.

-> Le rav Elimélé'h Bidermen enseigne que parfois l'épreuve n'est pas que nous réussissions et surmontions le yétser ara, mais plutôt c'est un test pour mettre au grand jour à quel point le fait de faire la volonté de Hachem est important pour nous.

[c'est une sorte de baromètre de notre bita'hon, de notre niveau de fidélité dans la réalité et pas en paroles!]

Hachem souhaite nous voir prier, crier de tout notre cœur vers Lui, afin que nous réussissions la dure épreuve.
Même si nous pouvons échouer, ce qui compte c'est l'état d'esprit de faire de notre mieux, d'aller vers Hachem!

Lorsque notre yétser ara se réveille en nous, nous devons penser : "Qui sait si cette faute que le yétser ara me pousse à faire ne va pas bloquer des bénédictions que Hachem souhaite m'adresser? Je risque de perdre beaucoup si je cède à la tentation."

On peut aussi s'interroger : "Si quelqu'un me proposerai 100 millions pour que je surmonte cette épreuve du yétser ara, est-ce que je céderai?"
Cela nous permet de se rendre compte que nous pouvons souvent faire bien davantage que ce que nous faisons actuellement.

N'oublions pas que Hachem nous offre une récompense infiniment plus importante et surtout éternelle.
[mais pour permettre le libre arbitre la Vérité nous est dissimulée dans ce monde.]

"Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

-> Le Séfer haIkarim (4,18) enseigne que grâce à la prière on peut devenir une personne totalement nouvelle : meilleure et plus sainte.
C'est pour cette raison qu'une prière aide : puisqu'on monte de niveau, on devient une nouvelle personne, et alors le décret n'a jamais été émis sur nous.
Par exemple, si au Ciel on a décrété que quelqu'un devienne pauvre, s'il s'est amélioré par la téchouva et/ou par sa prière, alors ce n'est plus la même personne sur laquelle pesée un décret de pauvreté.
Ainsi, il peut alors devenir riche.

Le Séfer haIkarim écrit : "Dès le début c'était la volonté d'Hachem que le décret soit pour la personne à ce niveau précis. Mais si elle change de niveau, alors le décret change également."

Le Bné Yissa'har (Maamaré Shabbath 8,7) enseigne que la prière ne change par la décision de Hachem, mais plutôt : "lorsque nous prions, nous nous élevons à une place plus haute, et nous devenons alors une nouvelle personne. Et bien que Hachem a décrété quelque chose pour la personne précédente, par une prière à Hachem, qui est le Créateur de tout, nous devenons attachés à une place plus élevée et nous devenons une nouvelle essence.
Ce n'est pas qu'Hachem a changé son souhait, mais plutôt que concernant la personne qui est actuellement présente, le décret n'a jamais été placé."

Le Bné Yissa'har écrit que le décret d'Hachem vient avec une clause : que si la personne prie, alors le décret négatif est annulé et n'a plus de valeur.

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-> Nous pouvons alors comprendre pourquoi Sarah, Rivka, Ra'hél et Avraham étaient stériles, tandis que Its'hak, Yaakov et Léa ne l'étaient pas.

Avraham, Sarah, Rivka et Ra'hél sont nés de parents qui servaient des idoles. Afin de se détacher de ce lien avec l'idolâtrie, ils étaient stériles, car ils ont été alors obligés de beaucoup prier à Hachem pour avoir une descendance, et cette prière a fait d'eux des personnes nouvelles.

Le Shach dit par exemple que puisque Rivka était stérile, alors elle et Its'hak ont prié, et "elle est devenue une nouvelle création, au point qu'elle n'était plus appelée : la fille de Bétouel [son ascendance au sens large] ... [de même Lavan pour Ra'hél et Léa]
L'objectif était de nettoyer l'origine du peuple juif, pour qu'il n'y ait pas d'association avec les autres nations".

Its'hak et Yaakov n'avaient pas besoin d 'être stériles car ils sont nés de mère et père saints et purs.
Bien que Léa soit né d'un racha Lavan, elle a réussi à se changer par les intenses prières qu'elle a faite pour ne pas se marier avec Essav.
Grâce à ses prières, elle est devenue une nouvelle Léa, au point de ne plus avoir aucun lien avec son père Lavan

Le Shach écrit à ce sujet : "Il y avait une Léa qui était destinée à Essav, et c'était une autre Léa [que celle qui s'est marié à Yaakov]."

=> Tout cela doit nous inciter à faire téchouva, à prier autant que possible de tout son cœur, car à chaque fois nous devenons une personne nouvelle, plus proche d'Hachem, et nous évitons tout potentiel décret émis contre nous.

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+ "Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

-> Rachi commente : Its'hak se tenait dans un coin et priait. Rivka se tenait dans au autre coin et priait elle aussi.

=> Quelle prière a été la plus efficace?

La Torah écrit : "Hachem répondit à lui (vayéatér lo Hachem) et Rivka sa femme, devint enceinte (v.25,21).

Rachi commente : "[Hachem répondit] Par lui, et pas par elle, parce que la prière d’un tsadik fils de tsadik ne ressemble pas à celle d’un tsadik fils d’un récha."

=> Ainsi, Its'hak qui était un tsadik fils de tsadik, avait cette qualité de l'ascendance, qui a rendu sa prière plus efficace.

Cependant le Tsémé'h Hachem laTsvi explique que Rivka avait conscience d'avoir un défaut dans son ascendance, étant une tsadékette fille de racha, et cela l'a rendu très humble (elle s'est dit : ne pouvant bénéficier de l'aide de mes ancêtres, je dépend encore davantage de l'aide d'Hachem pour voir ma prière acceptée!).
Or, plus une personne est humble dans sa prière, plus sa prière a de la valeur.

Rivka priait pour que Its'hak puisse avoir des enfants, et Its'hak priait pour que Rivka puisse avoir des enfants.
[Its'hak priait pour que la prière de Rivka soit répondue par Hachem, et Rivka priait pour que la prière d'Its'hak soit répondue.]

"Hachem répondit à lui" = Hachem a répondu à Its'hak, et ce grâce aux prières de Rivka pour lui, et alors ils ont eu des enfants.
=> Ainsi, les prières de Rivka ont été plus efficaces, grâce à son humilité.

Le Tsémé'h Hachem laTsvi conclut que pour chacun d'entre nous, certes l'ascendance peut être un énorme plus pour nos prière, mais cependant (même pour un enfant de racha) la qualité d'humilité rend une prière incomparativement plus importante.

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-> Le Séfer haIkarim (4,16) assure que la prière de tout juif est efficace.

-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne :
"Hachem aime chaque juif car nous sommes Ses enfants ...
Peut-être que vous affirmerez que Hachem m'aime [le 'Hafets 'Haïm] plus que Ses autres anfants, mais cela n'est pas vrai. Hachem aime chacun de Ses enfants d'une façon identique, et Il désire que nous allons vers Lui.
[D. nous aide indépendamment de nos actions, par le simple fait que nous sommes son fils!]

Peut-être que vous direz que vous avez des fautes qui empêchent Hachem de s'approcher. A cela, je répondrai qu'au contraire si vous avez des fautes, Hachem souhaite [encore plus] que vous vous approchiez de Lui et lui demandez pardon ..."
[à l'image d'un enfant qui revient après un long déplacement, le père est fou de joie de revoir son enfant adoré!]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2021/09/11/la-priere-6

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-> "Its’hak implora Hashem au sujet de sa femme" (Toldot 25,21)

-> Le Ben Ich 'Haï (Toldot) nous enseigne :
"Le mot "no'hakh" (נֹכַח) employé dans ce verset et traduit par "au sujet" veut littéralement dire "face à" ou "par rapport à", et il vient nous dire qu’Its’hak n’a pas seulement prié pour Rivka mais a utilisé ici 2 "mérites" attribués à Avraham qu’il avait gagné grâce à 2 mitsvot particulières et dont le mérite avait été réservé pour sa descendance.
La première est celle d’avoir couru après le veau pour le cuisiner aux mala'him (anges) comme il est écrit : "Et Avraham courut au troupeau" (véél abakar rats Avraham - Vayéra 18,7).
La deuxième est la promptitude avec laquelle il s’est empressé d’accomplir la mitsva de l’Akéda, comme il est écrit : "Avraham se leva tôt le matin" (vayachkem Avraham baboker - Vayéra 22,3).

Dans ces 2 mitsvot on retrouve le nom de Rivka (רבקה), d’abord avec le veau (habakar – הבקר) puis pour l’Akéda, le matin (haboker – הבקר), mais dont les lettres sont dans un ordre différent.
C’est le sens de ce mot : "no'hakh" dans notre verset, c’est que Its’hak a prié pour Rivka mais en utilisant les 2 mérites d’Avraham qui sont en rapport avec le nom Rivka, qui sont le veau des mala'him et le matin de la Akéda."

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-> b'h, sur la notion du zèle dans les mitsvot & la rapidité avec laquelle Hachem va écouter nos prières : https://todahm.com/2021/09/10/la-paresse-la-nonchalance-un-grand-defaut

Le génie d'Avraham était de montrer aux gens à quel point ils sont déjà extraordinaires.
Par le fait de regarder l'étincelle de beauté et de bonté des individus, il leur montrait que le fait d'agir négativement n'est pas en adéquation avec leur véritable être [intérieur], et il les encourageait à revenir à leur essence pure.
[Chem miChmouël]

"Hachem avait béni Avraham en toute chose (bakol)" ('Hayé Sarah 24,1)

=> Que signifie "bakol"?
Selon rabbi Méïr, il fut béni (même) par le fait qu'il n'eut pas de fille.
Selon rabbi Yéhouda, il fut béni (en tout) puisqu'il eut (aussi) une fille.
D'autres disent qu'Avraham avait de telles connaissances en astrologie que tous les rois d'Orient et d'Occident se levaient tôt et se pressaient à sa porte.
Selon rabbi Chimon bar Yo'haï, Avraham portait une pierre précieuse suspendue à son cou ; tout malade qui regardait (cette pierre) guérissait aussitôt.
Lorsqu'Avraham mourut, Hachem suspendit cette pierre sur l'orbite solaire en accord, selon Abayé, avec le dicton : "Quand le jour se lève, le malade se porte mieux".
Autre explication de "bakol" : tant qu'Avraham était en vie, (son petit-fils) Essav ne se rebella pas (contre les Lois de la Torah), ou encore Ichmaël (son fils) se repentit du vivant d'Avraham.
[guémara Baba Batra 16b]

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-> Hachem a béni Avraham : bakol (en toute chose - בכל), mot qui a une valeur de 52, qui est la même que celle du mot : ben (בן).
Il y a donc une allusion au fait qu'Avraham a été béni en tout par des fils.
[Rachi - 'Hayé Sarah 24,1]

-> Selon le 'Hatam Sofer, les 3 lettres du mot בכל (bakol) s'écrivent pleinement : בית (bét), כף (kaf) et למד (laméd), et leur guématria totale est de : 586, la même guématria que le mot : Shofar (שופר).
Cette guématria commune fait allusion au fait qu'Avraham sera béni à travers un fils Its'hak, car la corne (Shofar) du bélier de substitution du sacrifice d'Its'hak servira aux sonneries du jour du don de la Torah et aux sonneries (du Shofar gadol) qui seront entendues le jour de la délivrance définitive.
C'est donc bien par son fils Its'hak qu'Avraham sera béni jusqu'à la venue de la guéoula.

-> Si Avraham avait eu une fille, ce ne serait pas une bénédiction selon rabbi Méïr.
En effet, il n'aurait pu la marier qu'avec un Cananéen qui est "maudit" ou bien l'envoyer dans son lieu de naissance chez Lavan et elle aurait vécu là-bas avec son époux dans une ambiance d'idolâtrie, car la femme est sous l'autorité de son mari.
Ainsi, Avraham n'a pas eu de fille afin de lui épargner ces soucis ce qui constitue une bénédiction.
[Rambam - 'Hayé Sarah 24,1]

-> Selon Rabbi Meïr, il fut béni [même] en cela qu’il n’eut pas de fille car il n’aurait pas pu la marier en raison du fait que les gens de sa génération étaient tous des idolâtres.
[‘Hidouché Guéonim]

-> Le Ets Yossef enseigne :
Ce n'est pas une bénédiction pour un père d'avoir une fille, d'après Ben Sira, car un père se soucie constamment pour sa fille et n'en dort pas la nuit : lorsqu'elle est gamine, il craint qu'elle soit séduite ; à l'adolescence, il craint qu'elle se débauche ; à sa majorité, il craint qu'elle ne trouve pas de mari (sans compter les soucis de réunir une dot pour la marier) ; une fois mariée, il craint qu'elle n'aie pas d'enfants ; âgée, il craint qu'elle pratique la sorcellerie.

Une question se pose contre rabbi Méïr : la mitsva de procréation (piria vérivia) n'est accomplie que si le père a au moins un garçon et une fille ; donc s'il n'a aucune fille il n'aurait pas réalisé le Commandement de procréation.
En fait, rabbi Méïr pense que si cet homme a voulu avoir une fille, mais il n'en a pas eu, cela est un cas de contre sa volonté (oness) et Hachem le considère comme s'il a accompli la mitsva de procréation, et de plus cet homme privé d'une fille est béni.

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-> Rabbi Yéhouda qui a affirmé qu'Avraham a engendré une fille (bat) n'est pas en désaccord avec rabbi Méïr qui a affirmé, au contraire, qu'Avraham n'a pas eu de fille.
En effet, la fille dont parle rabbi Yéhouda ne désigne pas ici une fille, mais une qualité (mida) d'Avraham désignée aussi : bat (fille).
[Ben Ich 'Haï]

-> La fille qu'aurait engendrée Avraham se distinguait par ses qualités remarquables. Elle était éminente au-dessus du niveau moyen des autres jeunes filles en toute chose, c'est pourquoi elle a été digne d'être appelée : bakol (en toute chose).

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=> Comment les rois d'Orient et d'Occident se pressaient-ils à la porte d'Avraham?

-> Le Maharcha enseigne :
Les connaissances astrologiques d'Avraham lui permettaient de "lire" dans les étoiles et les mazalot (constellations) les évènements futurs.
Sa réputation s'était étendue dans le monde et tous les rois d'Orient et d'Occident se pressaient à la porte d'Avraham pour le consulter et demander des conseils, d'autant plus que ses prévisions étaient infaillibles, contrairement aux autres astrologues dont les prévisions étaient parfois erronées.
Ainsi, l'expression "bakol" (par tous) peut signifier qu'Avraham était béni par tous les rois de la planète qui le louaient, ce qui constituait une bénédiction.

-> Le Maharal ('Hidouché Agadot) écrit :
Avraham ne "lisait" pas dans les étoiles, mais était doué d'un don prophétique qui lui permettait de prévoir les événements futurs, sans jamais se tromper, et il transmettait cette prophétie à ceux venus le consulter, afin qu'ils mettent de l'ordre dans leur vie.
Si le texte a parlé d'astrologie et non de prophétie, c'est parce que toutes deux prévoient l'avenir.

-> Le Rachba explique :
Les connaissances d'astrologie doivent êtres prises au sens figuré, c'est-à-dire qu'Avraham savait conduire avec de bonnes vertus (midot) et rapprocher du Ciel ceux qui l'approchaient.
De plus, il faut lire également l'expression : "tous les rois d'Orient et d'Occident se levaient tôt et se pressaient à sa porte" au sens figuré : les "rois" sont en fait les disciples de Sages (talmidé 'hakhamim) qui se pressaient aux portes (de Torah) d'Avraham du matin au soir.
C'est pourquoi, ils n'ont pas dit : les "rois" du nord ou du sud, mais les "rois" d'Orient (mizra'h = est) et d'Occident (maarav = ouest) en allusion à leur étude depuis le matin où le soleil se lève à l'est jusqu'au soir où le soleil se couche à l'ouest.

-> De son côté, le Ben Ich 'Haï commente :
L'astrologie ne doit pas être prise à la lettre, mais dans le sens d'une sagesse que possédait Avraham dans son cœur (bélibo).
Or le mot "libo" (son cœur) fait allusion aux lettres de son nom écrites en plein.
Ainsi, dans les lettres qui composent le nom Avraham (אברהם) écrites en plein : אלף (alef), בית (beit), ריש (rech), הי (hé) et מם (mém), les lettres finales forment : séfataïm (lèvres - שפתים).
Il y a ici une allusion au fait qu'Avraham déversait par ses lèvres sa grande sagesse enfouie dans son cœur.

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=> A quoi fait allusion la pierre précieuse curative suspendue au cou d'Avraham et le placement de cette pierre précieuse dans l'orbite solaire après son décès?

-> Le Maharcha dit :
Cette pierre précieuse avait le pouvoir miraculeux de guérir tous (kol) les malades venus consulter Avraham ; c'est en cela qu'il a été béni "par tous", selon rabbi Chimon bar Yo'haï.
Lorsqu'Avraham est décédé, cette pierre a été "suspendue" dans l'orbite solaire afin que les malades demandent leur guérison à Hachem directement.
Pour la même raison, dans la guémara (Pessa'him 56a), les rabbanim avaient caché le Séfer haRéfoua (livre de guérison), depuis l'époque de 'Hizkiyahou, afin que les malades implorent directement Hachem de les guérir.

[Comment cette pierre précieuse guérissait-elle les malades qui l'observaient, à l'époque d'Avraham, alors que la maladie n'existait pas encore et n'a été instaurée qu'à l'époque de Yaakov?
Rabbénou Tam répond que c'est la maladie qui précédait la mort qu'avait demandé Yaakov, mais la maladie guérissable existait déjà avant Yaakov, et en particulier à l'époque d'Avraham.]

-> Le Rachba enseigne :
La pierre précieuse curative suspendue au cou d'Avraham peut être lue au sens allusif.
Avraham qui possédait une sagesse "complète" sur le plan spirituel et sur le plan scientifique (astrologie), est comparé à une pierre précieuse.
En effet, la sagesse est comparée à une pierre précieuse dans ce verset : "Kohélet désirait trouver des paroles précieuses (la sagesse supérieure)" (Kohélét 12,10).
Avraham transmettait sa sagesse à autrui à travers son cou, c'est-à-dire par sa parole dont les organes sont au niveau du cou.
Ainsi, quiconque était malade dans son âme et dans sa foi guérissait par la sagesse de la parole d'Avraham comparée à une pierre précieuse.

Au moment où Avraham quitta ce monde, il n'y avait plus personne capable comme lui de transmettre la foi en Hachem.
C'est pourquoi Hachem "suspendit" cette sagesse (pierre précieuse) dans l'orbite solaire ou la voûte céleste, de façon que si l'homme réfléchit au nombre et aux trajectoires des étoiles et des planètes, il pourra atteindre une certaine sagesse et accéder à la connaissance de D., comme l'avait fait Avraham.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que la "pierre précieuse" était une force spirituelle de sainteté que possédait Abraham, avec laquelle il réussissait à convertir même les plus récalcitrants des idolâtres.
Ce pouvoir spirituel confié à Abraham, permettait de guérir celui qui souffrait d’une "maladie de l’âme".
Lorsqu’Abraham mourut, D-ieu suspendit la "pierre précieuse" dans le soleil, pour les temps futurs, comme il est : "Et pour vous qui révérez Mon Nom, se lèvera le soleil d’équité, portant la guérison dans ses rayons" (Malakhi 3,20).

-> Le Séfer Akédat Its’hak (Béréchit Chaar 4) nous apprend que la "pierre précieuse" suspendue au cou d’Abraham venait évoquer le fait qu’il énonçait des perles de sagesse qui coulaient de sa bouche avec une voix sortant de sa gorge (cou) ; il guérissait ainsi spirituellement toutes les âmes malades qu’il avait faites à ‘Haran, en les faisant "entrer sous les ailes de la Présence Divine".

-> Le Maharam Shick écrit :
L'homme est un monde en miniature (olam katan) : la tête symbolise le monde supérieur spirituel (rou'hani) et le corps symbolise le monde inférieur matériel (gachmi).
Le cou de l'homme relie ces 2 mondes.
La pierre précieuse portée au cou d'Avraham, symbolise la sagesse qui est la meilleure voie pour l'homme pour relier et faire co-exister les 2 mondes spirituel et matériel.
C'est cette voie qu'Avraham enseignait aux idolâtres, afin de guérir leur âme.
Au décès d'Avraham, Hachem a placé cette sagesse dans l'orbite solaire qui fait le trait d'union entre les 2 mondes.

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=> Quelles sont les 5 fautes d'Essav après la mort de son grand-père Avraham? Pourquoi ce nombre 5?

-> La guémara (Baba Batra 16b) explique que du vivant d'Avraham, Essav le respectait et s'efforçait de refouler sa tendance à l'immoralité et son instinct meurtrier.
Cependant, le jour même de la mort d'Avraham, Essav se sentit "libéré" et donna libre cours à ses instincts. Il commit 5 transgressions : il tua (Nemrod), il commit un acte d'adultère avec une jeune fiancée, il renia Hachem (kafar ba'ikar), il nia la résurrection des morts, et il méprisa le droit d'aînesse.

-> D'après la guémara (Béra'hot 10a), rabbi Chimon dit : "L'âme est comparée à Hachem dans 5 domaines : ils remplissent le monde ou le corps ; ils voient et sont invisibles ; ils nourrissent le monde ou le corps ; ils demeurent purs ; ils résident en un lieu secret.
Que l'âme qui possède ces 5 qualités, vienne glorifier Hachem qui possède ces 5 mêmes qualités!"

Se basant sur cela, le Maharal commente : chacune des 5 qualités de l'âme lui confère un pouvoir d'établir un lien avec Hachem. Ainsi, par ces 5 transgressions, Essav a défait totalement le lien qu'il avait avec Hachem : il est sorti complètement de sous les ailes de la Présence Divine, contrairement à ceux qui commettent une ou deux transgressions et qui maintiennent malgré tout un certain lien avec Hachem.

-> Le Ben Ich 'Haï dit :
Avraham a quitté ce monde à 175 ans, soit 5 ans avant l'âge prévu de 180 ans (date de décès de son fils It'hak), afin de ne pas assister aux 5 transgressions graves de son petit-fils Essav.

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=> Quelles preuves a-t-on qu'Ichmaël se soit repenti au moment de la mort d'Avraham?

-> Lors de l'Alliance des morceaux (brit ben habétarim), Hachem promit à Avraham : "Toi, tu rejoindras tes pères en paix ; tu seras inhumé après une vieillesse heureuse" (Lé'h Lé'ha 15,15).
Rachi commente qu'ainsi Hachem a annoncé ici à Avraham une vieillesse heureuse, c'est-à-dire que son fils Ichmaël se repentira de son vivant et que son petit-fils Essav ne se livrera pas au mal de son vivant.

-> Dans la guémara (Baba Batra 16b), Rabbi Yo'hanan apprend qu'Ichmaël a fait téchouva du vivant de son père Avraham, à partir de ce verset : "Its'hak et Ichmaël ses fils l'inhumèrent" ('Hayé Sarah 25,9).
Pourquoi Its'hak est-il nommé en premier?
C'est parce que, bien qu'Ichmaël fût son aîné, Ichmaël s'était repenti et avait fini par reconnaître qu'Its'hak avait la préséance sur lui, et de plus Ichmaël a reconnu la vente du droit d'aînesse qu'il contestait auparavant.

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2015/12/26/4099-2

"Tu n'as pas épargné ton fils unique pour moi" (Vayéra 22,12)

-> On peut s'interroger car c'est l'ange qui dit cette phrase à Avraham, et non Hachem. Il aurait dû donc dire : "Tu n'as pas épargné ton fils unique pour Lui", c'est-à-dire pour Hachem, et non "pour moi" l'ange!
En fait, nos Sages enseignent que chaque mitsva qu'un juif réalise crée un ange.
C'est l'ange créé par la mitsva d'Avraham prêt à sacrifier son fils, qui lui apparut et s'adressa à lui. Il lui prouva qu'en réalité, même s'il n'avait pas sacrifié son fils concrètement, malgré tout il s'était acquitté complètement de son obligation. La preuve est que l'ange qui fut créé était parfait et d'une extrême sainteté.
Cela est donc le signe que la mitsva qui l'a créé était complète.

C'est ce que dit l'ange : "Tu n'as pas épargné ton fils unique pour moi", ou plutôt, littéralement : "miméni" (de moi - ממני) = c'est-à-dire que "de moi", de ma sainteté et de ma perfection, tu peux avoir l'assurance que ta mitsva est complète.
[Gaon de Vilna]

"Il (Avraham) vit l'endroit de loin" (Vayéra 22,4)

-> Le mauvais penchant dit à Avraham que cet ordre d'Hachem de sacrifier son fils est un service Divin très élevé et très haut, et qu'Avraham n'est pas au niveau de l'accomplir.
Il lui montra que ce service Divin était vraiment loin de lui, il lui fit voir cet endroit de loin. Et par cela, le mauvais penchant lui rendit l'épreuve bien plus difficile.
Le yétser ara se comporte ainsi avec chaque personne, montrant combien la pratique de la Torah et le service Divin est loin d'elle et que l'on n'est pas au niveau de les réaliser. Mais il faut malgré tout combattre cette illusion et se renforcer dans le service d'Hachem, conscient qu'elle est fait pour soi.
['Hidouché haRim]

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-> Au moment où Avraham s'apprêtait à réaliser l'ultime épreuve du sacrifice d'Yits'hak, il marcha vers le mont Moriah, et après 3 jours de marche, la Thora dit qu'il vit l'endroit de loin. On peut s'interroger sur le sens d'une telle précision.
Quel intérêt y a-t-il de nous informer sur le fait qu'Avraham vit de loin le lieu de l'épreuve ?

-> Le 'Hidouché haRim explique qu'en fait, l'essentiel de la difficulté d'une épreuve vient du fait qu'au moment où Hachem met un homme devant l'épreuve, Il lui enlève tout son enthousiasme habituel dans le service d'Hachem ainsi que toute la clarté qu'il a d'ordinaire concernant sa compréhension de la vérité de la Thora et d'Hachem. Au moment d'une épreuve l'homme se retrouve sans l'Aide Divine habituelle qui lui facilite d'ordinaire le travail. C'est comme si Hachem s'éloignait de lui.
L'homme peut se sentir dépourvu, seul, sans ses ressources habituelles qui lui permettent d'ordinaire d'avancer sereinement. Il est dans une sorte d'obscurité. Et là, il doit faire face et résister aux attaques du mauvais penchant pour rester fidèle à Hachem et sa Torah.
Cela concerne toutes les sortes d'épreuves. Que ce soit au niveau de la foi, qu'au niveau des tentations au niveau des pulsions. Au moment où le mauvais penchant se renforce, l'homme se retrouve sans ces ressources habituelles, sans toute sa clarté, sa compréhension, son élan et ses forces habituelles, au point qu'il devient très vulnérable, il est même dans un certain danger spirituel.

Dans une telle situation, le remède essentiel qui peut sauver de la chute, c'est la crainte d'Hachem que l'homme a renforcé dans son coeur. Un homme qui développe régulièrement sa peur devant Hachem, peur devant Ses punitions et devant les souffrances que provoque la faute, au moment de l'épreuve, même si tous ses acquis disparaissent, cette peur elle, reste. Et c'est elle qui le sauvera, car un homme qui a peur de la faute, même si le mauvais penchant se renforce, il ne fautera pas, car il redoutera terriblement les conséquences. Au moment où il devait surmonter l'épreuve de la Akéda, Avraham également a connu cet état.
Son élan habituel, sa compréhension de la Grandeur d'Hachem et Sa clarté de la Vérité l'ont quitté et se sont éloignés de lui. Sinon, cela aurait été bien plus facile.
"Il vit l'endroit de loin" = et il dut puiser dans ses ressources de crainte divine pour surmonter cette épreuve. C'est pourquoi, après l'épreuve, Hachem proclama : "Maintenant Je sais que tu crains Hachem". C'est cette crainte qui sauve l'homme dans l'épreuve. D'où l'importance cruciale de la développer régulièrement, au jour le jour, pour qu'elle soit prête et en éveil au moment d'une épreuve.

"Je me suis dit : seulement il n'y a pas de crainte d'Hachem dans cet endroit et ils me tueront du fait de ma femme" (Vayéra 20,11)

-> Un homme ne doit pas imaginer qu'on puisse être une personne civilisée et raffinée avec uniquement pour base des valeurs humanistes. Quand il manque la crainte d'Hachem, il faut savoir qu'en réalité il manque aussi l'humanisme.
Un homme ne peut pas être ''humain'' sans ''crainte d'Hachem'', même s'il est civilisé et qu'il dispose de toutes les autres qualités et sagesses.
Avraham avait constaté qu'en Pelichtim il ne manquait que la crainte d'Hachem, c'est à dire qu'il y avait toutes les autres qualités sauf celles-ci, comme il est dit : "Seulement il n'y a pas de crainte d'Hachem dans cet endroit", c'était la seule chose qui manquait. Et malgré tout, sans cela, "ils me tueront du fait de ma femme".
Car sans crainte d'Hachem, il n'y a pas d'humanité. Tout prétexte pourra transformer l'être ''civilisé'' en bête cruelle et criminelle.
[Malbim ; rabbi El'hanan Wasserman]

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-> Le rav El’hanan Wasserman a fait une telle remarque en 1935, au début du pouvoir nazi en Allemagne, au moment où fut invité à parler devant les élèves du Séminaire rabbinique de Berlin.

"Il n’y a seulement pas de crainte de D. en ce lieu et l’on me tuera à
cause de ma femme" (v.20,11) = apparemment, l’expression de ce verset "il n’y a seulement pas de crainte de D." est étonnante, car cela signifie que d’autres choses il y a bel et bien.
Mais cela nous enseigne qu’Avraham a vu dans ce pays beaucoup de belles choses, comme une instruction avancée, une culture et des arts développés. Il manquait seulement une seule chose, "la crainte de D.". Et là où il n’y a pas de crainte de D., toutes ces valeurs ne valent pas plus qu’une fine pellicule, et il y a tout à fait lieu de craindre "on me tuera".

Dès ce moment-là, en 1935, Rabbi El’hanan Wasserman voyait dans son esprit le pays de la culture occidentale "éclairée" se transformer en un pays de bêtes sauvages.