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La jalousie & les ossements de Yossef

+ La jalousie & les ossements de Yossef :

"Moché emporta avec lui (imo - עִמּוֹ) les ossements de Yossef" (Béchala'h 13,19).

-> Le Maharil Diskin pose une question: il aurait dû être écrit "ito" et non "imo", comme il est écrit dans la suite du verset : "Vous emporterez avec vous (it'hem) mes os de ce pays".

Il explique qu'à chaque fois que la Torah utilise le mot "imo", cela signifie au même niveau que lui.

La guémara (Shabbat 152b) explique le verset : "Mais la jalousie est la carie des os" (Michlé 14 ,30). Celui dont le cœur est rongé par la jalousie, ses os pourrissent, mais celui qui ne jalouse pas les autres, ils restent intacts.
Moché vit que les os de Yossef étaient intacts, c'était la preuve qu'il n'avait pas jalousé ses frères, même si la Torah témoigne que les frères éprouvèrent de la jalousie envers lui, comme il est écrit : "Les frères de Yossef le jalousèrent" (Vayéchev 37,11).

Puisque Yossef n'éprouva aucun sentiment de jalousie envers ses frères, son corps ne fut pas endommagé.

Le Maharil Diskin nous révèle que Moché Rabbénou apprit de Yossef combien il est interdit de jalouser qui que ce soit. C'est pour cela qu'il est dit : "Moché emporta avec lui les ossements de Yossef", à savoir qu'il prit exemple sur lui et imita son comportement.

Nous avons trouvé ainsi qu'Eldad et Medad prophétisèrent dans le camp. Yéhochoua dit à Moché : "Mon maître Moché, empêche-les!" (Béahaloté'ha 11,28). Moché lui répondit : "Tu es bien zélé pour moi.
Plût au ciel que tout le peuple de Dieu se composât de prophètes".

C'est l'explication du verset : "Moché emporta avec lui les ossements de Yossef", à savoir que Moché en tira une leçon, celle de s'éloigner du défaut de la jalousie.

Lachon ara

+ Lachon ara :

-> En réfléchissant, on s’aperçoit que la pratique des mitsvot de juger autrui favorablement et de garder sa langue dépend de la pratique de la mitsva positive : "Aime ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
En effet, si l’on aime véritablement le prochain, on ne dira certainement pas du lachon ara sur lui, et on cherchera de toutes ses forces à le justifier.
On se représentera que si l’on avait fait soi-même quelque chose de mal, que des gens aillent le raconter, et qu’on se connaisse une excuse, ce n’était pas exprès ou toute autre raison, combien on désirerait qu’il se trouve quelqu’un qui nous justifie, pour ne pas être tellement humilié!
C’est tout à fait de cette façon qu’il faut se comporter avec autrui.
['Hafets 'Haïm - Chmirat haLachon - Chaar haTévouna chap.5]

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-> Dans le Pirké de Rabbi Eliezer, nous trouvons ces mots du testament qu’il adressa à son fils Horkenos : "Mon fils! Ne prends pas place parmi les gens qui médisent de leur prochain, car lorsque leurs paroles arrivent en haut, elles sont écrites dans le Livre et tous ceux qui se trouvent présents y sont inscrits sous le nom de membres d’un clan de méchants (racha) et de médisants."

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-> "Tu n’iras pas colporter le mal dans ton peuple" (Kédochim 19,16)

Le Zohar (Nasso 121b) enseigne :
Rabbi Abba a dit : lorsque les gens dorment, goûtent à la mort [le sommeil étant 1/60e de la mort] et que l’âme s’élève au ciel, elle se tient là où elle se tient, on l’examine sur ses actions de la journée et on les écrit dans un registre.
Pourquoi les écrit-on dans un registre ?
Parce que l’âme monte et témoigne des actions de l’homme et de chaque parole qui sort de sa bouche.
Lorsque la parole qui est sortie de sa bouche est correcte, comme des paroles de sainteté, d’étude de la Torah ou de prière, elle monte et se tient là où elle se tient jusqu’à ce qu’arrive la nuit, alors l’âme monte, saisit cette parole et l’introduit devant le Roi [Hachem].
Mais quand elle n’est pas correcte et fait partie des paroles interdites, comme le lachon ara, elle monte là où elle monte, et alors elle est inscrite comme une accusation pour l’homme.

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-> Le ‘Hafets ‘Haïm a dit : "On s’adresse à moi avec des questions dans tous les domaines de la Torah, même des choses qu’il est très simple de permettre, ou des sujets dans lesquels il y a diverses raisons de se montrer sévère, et c’est seulement dans le domaine du lachon ara qu’on ne vient pas encore me poser de questions.
Je ne comprends pas pourquoi on ne vient pas me demander s’il est permis ou interdit de dire telle chose, et j’écrirais une longue réponse avec des sources tirées des versets jusqu’à ce qu’il soit clair si la chose est permise ou non".

[notre yétser ara fait tout pour que l'on minimise cette faute si grave (ça va, c'est que des paroles!)]

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-> "Ainsi vous bénirez les enfants d'Israël" (Nasso 7,23)

Rachi explique que la bénédiction (des Cohanim) doit se faire "en langue sainte", c'est à dire en Hébreu.

Mais d'après le Tiferet Chelomo cela suggère aussi que pour qu'une bénédiction ait de l'effet, il faut sanctifier sa langue. Une bénédiction qui sort d'une bouche qui prononce des paroles interdites (médisance, mensonge, moqueries, ...), n'aura pas tant d'effet. Mais celui qui sanctifie sa langue pour ne prononcer que des paroles permises ou même sacrées (étude de Torah, prière, bienveillance...), alors Hachem valorisera sa parole, et ses bénédictions auront une grande force.
Pour avoir le plus d'effet, la bénédiction doit donc provenir d'une "langue sainte".

[ainsi plus nous utilisons notre bouche pour dire du lachon ara, plus nous réduisons notre force de prière!]

"Qui réside avec eux parmi leurs souillures" (A'haré Mot 16,16)

-> A partir de ce verset, le Baal Chem Tov enseigne que le défaut d’orgueil est pire que toutes les fautes de la Torah.
En effet, lorsque les juifs ont fauté, la Torah a dit : "qui réside avec eux parmi leurs souillures" : la Présence Divine reste avec eux même lorsqu’ils sont profondément enfoncés dans leurs fautes et leurs transgressions.
En revanche, au sujet de l’homme orgueilleux il est dit : "Des yeux hautains et un cœur enflé d’orgueil, Je ne puis les supporter" (Téhilim 101,5), et nos Sages (guémara Sotah 4b) expliquent : "Lui et moi ne pouvons résider ensemble".

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-> b'h, quelques citations de nos Sages sur l'orgueil : https://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

+ Il est intéressant de relever que les parachiot d’A’haré Mot et de Kédochim sont juxtaposées. On en a même fait un proverbe : "Après la mort (a'haré mot), on devient saint (kédochim)".
En d’autres termes, une fois que l’homme meurt, il devient saint, en cela que son âme se sépare de son enveloppe corporelle et qu’il n’est donc plus assujetti aux pulsions physiques.
En effet, tant que l’homme vit sur terre, l’esprit et la matière se disputent en lui les reines du pouvoir. Cette lutte des penchants étant constante, il n’est jamais à l’abri du péché, ne sachant qui va finalement l’emporter.
C’est pourquoi nos Sages, de mémoire bénie, ont affirmé : "Ne crois pas en toi jusqu’au jour de ta mort". (Pirké Avot 2,4) ...

Tel est donc le sens du dicton populaire : "après la mort, on devient saint" : lorsque l’âme de l’homme se détache de son corps, elle ne lui laisse plus l’opportunité de fauter, outre le fait que le monde à venir est celui de la récompense, et non de l’action (guémara Erouvin 22a) ...

Pour en revenir au titre de notre paracha, A’haré Mot (אַחֲרֵי מוֹת), notons que la valeur numérique de ses dernières lettres : 410, équivaut à celle du terme kadoch (saint). Ceci confirme, sur le mode allusif, qu’après sa mort, un homme atteint la plénitude et devient saint.
[...]

A’haré Mot, Kédochim et Émor, que l’on peut respectivement traduire par "après la mort", "saints" et "dis".
Autrement dit, après la mort, on doit considérer le disparu comme saint.
La Halakha (Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 606, 3) corrobore ce point, en mentionnant l’interdit absolu de médire d’une personne qui n’est plus parmi nous, ce qui est d’ailleurs l’objet d’un anathème. La Michna Broura va aussi dans ce sens, et c’est pourquoi celui qui a transgressé cet anathème doit faire téchouva.
[rabbi David Pinto]

"Juge ton semblable équitablement" (Kédochim 19,15)

-> Nos Sages ont dit : "Juge ton prochain favorablement" (Chevouot 30b).

Rabbi Yéhochoua Leib Diskin enseigne :
Apparemment, comment pouvons-nous nous mentir intérieurement en jugeant les gens favorablement dans tous les cas, même si nos yeux voient qu’ils ont fait le contraire? Quel est donc le sens de cette mitsva?

C’est que les Sages ont dit (au début de la guémara Taanit) : "Celui qui est insolent finit par tomber dans la faute" = Cela signifie que la honte sert de frein et d’obstacle à la faute. Une fois qu’on a franchi les barrières de la pudeur et de la honte, il n’y a plus rien qui nous empêche de transgresser, ainsi qu’il est dit : "C’est un bon signe pour l’homme d’être réservé, il ne fautera pas rapidement".
Il en va de même de l’influence sur les autres. Le premier qui faute brise totalement la barrière de la honte.
Celui qui vient ensuite n’a déjà plus besoin de beaucoup d’insolence comme lui pour fauter, et le troisième encore moins, une fois que la barrière a été brisée devant eux.

C’est la raison de la gravité de la faute de la profanation du Nom de Hachem. Celui qui faute en public affaiblit l’intensité de la crainte et de la honte qui ont été gravées en l’homme en ce qui concerne les fautes, et il pousse donc les autres à les commettre.
=> A présent, on comprend que le conseil que nous ont donné les Sages de juger favorablement a nous-mêmes pour but, afin qu’il n’y ait pas dans notre cœur de possibilité de briser la barrière de la honte. En effet, une fois que nous serons certains que tout le monde est tsadik, comment oserions-nous nous lever les premiers pour fauter?
Alors que si l’homme essaie de trouver des reproches à faire à chacun, alors quand viendra un moment de faiblesse, il risque davantage de trébucher.

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-> "Juge tout homme selon le bénéfice du doute" (Pirké Avot 1,6)

Le Sfat Emet commente :
Littéralement, il est écrit "tout l’homme" = on en déduit notre obligation de considérer le tableau complet d’une personne avant de la juger. Il s’agit de remonter jusqu’aux racines de son enfance, de se pencher en profondeur sur les replis cachés de son âme, d’enquêter sur ses problèmes personnels, ses compétences et sa situation pécuniaire, de se renseigner s’il a la vie facile ou non.
Seulement après avoir trouvé la réponse à toutes ces questions, on sera en droit de le juger. Car, comment savoir de manière instantanée ce qu’il est en train de vivre?

Le jugement d’autrui est une affaire si complexe qu’il est préférable d’entraîner notre esprit à juger positivement, serait-ce d’une manière tirée par les cheveux. Même si, a priori, il n’y a aucune logique de justifier sa conduite, nous sommes tenus de réfléchir de manière tordue, d’orienter nos pensées vers les probabilités les plus irréelles, de trouver des justifications même absurdes à sa conduite, expliquant qu’il ait pu agir comme il l’a fait.

"Il agira de même pour la Tente d’assignation qui réside avec eux dans leur impureté" (A'haré Mot 16,16)

-> Rachi : "Bien qu’ils soient impurs, la Présence Divine est parmi eux".

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin enseigne :
Le Zohar rapporte qu’au moment où la générosité Divine s’éveille pour descendre dans le monde, la Présence Divine revêt une forme de femme, de mère.
Pourquoi en est-il ainsi?

C’est que le père et la mère aiment tous deux beaucoup leur bébé, tous deux le prennent dans les bras et l’embrassent de tout cœur. Malgré tout, quand le bébé se salit, [habituellement] le père ne sait plus quoi faire, et il n’a plus la patience de s’en occuper.
Alors la mère le prend et s’occupe de lui, le lave et le change, et même quand il est sale elle ne s’écarte pas de lui, et cela ne l’empêche pas de l’embrasser.
C’est ce que nous trouvons dans notre cas.

"Qui réside avec eux dans leur impureté", Rachi explique : "Bien qu’ils soient impurs, la Présence Divine est parmi eux".
Car même quand les juifs se salissent par leurs fautes, Hachem reste avec eux, mais à ce moment-là Il se dévoile sous la forme d’une "femme", la mère, qui veut nettoyer ses enfants de leurs fautes et les purifier.

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis Hachem" (Kédochim 19,18)

=> Apparemment, quel rapport y a-t-il entre la fin du verset, "Je suis Hachem", et le début?

-> Rabbi ‘Haïm Vital, élève du Arizal, explique :
"Quand 2 personnes s’aiment sincèrement, Hachem souhaite leur proximité et fait reposer Sa Présence Divine entre eux.
On en trouve une allusion dans le mot ahava (amour), qui a la valeur numérique de 13 ; lorsqu’il y a un amour réciproque, cela fait 2 fois ahava, ce qui a la valeur numérique de 26, qui est également la valeur numérique du Tétragramme (יהוה).

C’est ce qui est dit ici : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" = quand tu arriveras à un niveau d’amour du prochain dénué de toute arrière-pensée, tu éveilleras également chez lui un amour intègre envers toi, et le résultat de ce double amour est "Je suis Hachem", D. fera reposer Sa Présence Divine (chékhina) entre vous".

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-> Le Arizal enseigne que chaque matin, avant la prière, on doit dire : "Je suis prêt à réaliser la mitsva d'aimer mon prochain". Cet engagement contribue à éveiller la Miséricorde Divine pour que la prière soit acceptée.
=> Mais pourquoi faut-il le dire verbalement. Puisque cette parole ne fait pas partie de la prière à proprement parler, mais n'est qu'une préparation, il aurait pu suffire de se préparer mentalement à aimer son prochain.

-> Le Rabbi de Loubavitch explique qu'en fait, au niveau des âmes, tous les juifs sont liés. En effet, toutes les âmes n'en forment en fait qu'une seule. C'est seulement au niveau des corps que s'effectue la division.
Ainsi, du côté de l'âme réside un amour total entre l'un et l'autre, car on ne forme qu'une seul entité. C'est le corps qui crée le manque d'amour, du fait de ses désirs et attraits physiques. C'est quand un homme veut satisfaire une volonté physique et que l'autre le freine qu'il peut en venir à le détester.
C'est pourquoi, il n'est pas suffisant de se préparer uniquement mentalement à aimer tous les juifs, car la pensée émane de l'âme, et à ce niveau, l'amour est déjà présent.
C'est pourquoi, il est nécessaire de formuler verbalement cet engagement, pour que le corps aussi exprime cette décision d'aimer les autres. Car c'est au niveau du corps uniquement que le manque d'amour peut s'installer. C'est donc le corps qui doit s'engager à aimer les autres. Il est donc nécessaire de s'y engager tout d'abord par la parole, pour faire participer le corps.

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-> "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem"

L’Admour de Rozhin souligne que la fraternité et l’amour d’autrui sont des valeurs si fondamentales que, lorsque 2 juifs s’aiment sincèrement et sont prêts à tout faire l’un pour l’autre, D. dit "Je suis Hachem", autrement dit Il exprime Sa volonté de s’associer à leur amitié.

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-> "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem"

-> Les 'hassidim du Baal haTanya lui demandèrent si c'était l'amour d'Hachem qui était plus grande, ou bien l'amour d'Israël. Il répondit que le verset atteste : "Je vous aime, dit Hachem".
Ainsi, l'amour d'un juif est encore plus grand, car quand on aime son prochain, on aime ce qu'aime celui qu'on aime. Cela atteste donc de la puissance de son amour d'Hachem au point d'aimer ceux qu'Hachem aime, c'est-à-dire chaque juif, même si on pourrait éprouver de la rancoeur personnelle envers lui.

Cela nous permet de comprendre comment on peut aimer chaque juif, même un impie et un méchant. Car en fait, quand on aime Hachem, et que l'on sait qu'Hachem aime chaque Juif, on en vient soi-même aussi à aimer chacun. Or, Hachem aime effectivement chaque Juif, même les impies.
Comme le disait rabbi Shlomo de Karlin : "Je me souhaite d'arriver à aimer le plus grand Juste (tsadik), comme Hachem aime le pire des impies (réchaïm)".
C'est cela que dit le verset : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" = c'est-à-dire, puisque Moi Hachem J'aime chacun, et même les impies (réchaïm), toi aussi Je te demande d'aimer chacun, même le pire des juifs, et même celui pour qui tu pourrais avoir de l'animosité, par amour pour Moi.

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+ "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18)

-> Le ‘Hazon Ich écrit dans ses commentaires sur le Rambam (Hilkhot Déot) : La mitsva d’aimer son prochain comme soi-même s’applique aussi envers les juifs qui commettent des fautes, car eux aussi font partie du concept de "ton prochain".
En effet, les Sages nous ont enseigné dans la guémara (Sanhédrin 52b) que même un méchant (racha) qui est passible de mort par le tribunal, on lui choisit une mort douce et sans douleur, à cause de la mitsva "tu aimeras ton prochain comme toi-même".
L’enseignement selon lequel c’est une mitsva de haïr le pécheur (guémara Pessa’him 100b) concerne uniquement celui à qui l’on a fait des remontrances comme il convient. Or la guémara (Arakhin 16b) dit au nom de Rabbi Eliezer ben Azaria : "Cela m’étonnerait qu’il y ait quelqu’un dans cette génération qui soit capable de faire des remontrances correctement".
Par conséquent, quiconque commet une faute rentre dans la catégorie de celui à qui l’on n’a pas fait de remontrances, c’est pour quoi il est considéré comme contraint, et c’est une mitsva de l’aimer.
C’est ainsi qu’a statué le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) : c’est une mitsva pour tout le monde d’aimer chaque juif comme son propre corps, et il faut par conséquent respecter son honneur et veiller à son argent, de la même façon qu’on veille à son propre argent et à son propre honneur. Quiconque se réjouit de l’humiliation d’autrui n’a pas de part au monde à venir!

"Telle sera (zot tiyé) la loi du métsora" (Métsora 14,2)

-> Rabbi Chmouël de Sochotchov (le Chem miChmouel) demande : pourquoi est-il écrit : "telle sera la loi", et non pas : "telle est la loi du métsora"?

Il répond que la métsora arrive suite à une faute liée à l'arrogance (cf. guémara Arakhin 16a).
Une fois qu'une personne est accablée par cela, et avec le fait que les gens s'éloignent d'elle, elle va être désolé de son attitude et devenir humble.
Ce sentiment d'humilité doit l'accompagner le restant de sa vie.
Même après sa guérison, il faudra tout faire pour ne pas retomber dans l'arrogance, mais plutôt en retenir la leçon car : "telle sera la loi du métsora".

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-> Un jour, Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev marchait dans la rue lorsqu'il a entendu un juif mal parler à un autre juif devant un groupe de personnes.
Rabbi Lévi Yits'hak a demandé : "Est-il possible, Reb Yid, que vous ne fassiez pas attention à calomnier les téfilin de Hachem?
En effet, la guémara (Béra'hot 6a) dit qu'il y est écrit : "Qui est comme Ton peuple Israël?" "

[faire du lachon ara, c'est émettre l'opinion qu'un juif n'a pas de grande valeur, et cela va à à l'encontre de ce qui est écrit dans les téfilin de D.]

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-> Le mot "métsora" est une combinaison de : "motsi chèm ra" (quelqu'un exprimant une mauvaise opinion sur autrui).
[guémara Arakhin 15b]

-> Un homme possède 248 membres et organes, et le plus important est la langue.
La langue va déterminer la façon dont va fonctionner tous les autres organes, comme il est écrit : "La mort et la vie sont au pouvoir de la langue" (Michlé 18,21).
Si une personne utilise convenablement sa langue, alors cela a également un impact positif sur tous ses autres membres et organes.
A l'inverse, manquer de l'utiliser positivement, en disant à la place du lachon ara, va influencer négativement tout notre corps.
[le 'Hafets 'Haïm]

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-> Le Maguid de Doubno fait remarquer qu'à propos du lachon ara nous avons tendance à dire à nous-même : "Ce n'est que de simples mots. Je ne fais aucun de mal à mon ami uniquement en parlant".

La Torah demande que le métsora soit amené au Cohen afin qu'il puisse être témoin de ce que le langage peut entraîner.
Par un seul mot (tamé - impur), le Cohen peut définir un statut de métsora, avec tout ce que cela implique.

[Hachem a créé l'intégralité de ce monde et de l'univers tout entier avec 10 paroles.
Sachant que nous avons une partie Divine en nous (la néchama), cela entraîne que chacun de nos mots peut construire ou détruire des mondes, même si nous ne le voyons pas sur le moment, et cela dans un soucis de pouvoir préserver le libre arbitre.]

"Vous observerez Mes statuts et Mes lois que l’homme accomplit et par lesquels il vit" (Kédochim 18,5)

-> Rabbi ‘Haïm de Volozhin enseigne :
"par lesquels (bahem) il vit" est à lire textuellement : "dans lesquels", à l’intérieur desquels.
En effet, dès qu’il vient à l’esprit de quelqu’un de faire une mitsva, cela fait tout de suite une impression au Ciel, d’où descend pour lui une émanation de lumière et de sainteté, qui l’entoure et l’aide à accomplir effectivement la mitsva.
C’est ce qu’ont voulu dire les Sages par l’enseignement selon lequel "Celui qui veut se purifier, on l’aide".

De même, une fois qu’il a fini la mitsva, la même lumière de sainteté augmente et se renforce de nouveau, le poussant à accomplir d’autres mitsvot.
Comme le disent nos Sages : "une mitsva en entraîne une autre".
En effet, comme il est entouré de sainteté d’en haut, il s’abrite à l’ombre de la Présence Divine qui le protège du mauvais penchant, lequel n’a plus aucun pouvoir sur lui.
Et celui qui prend à cœur d’y réfléchir au moment où il accomplit la mitsva sentira dans son âme comment il est entouré et revêtu de cette sainteté, et le désir d’accomplir la volonté de son Créateur se renouvellera en lui.

"Que l’homme fait et dans lesquels il vit" = car étant donné qu’à ce moment-là il est entouré de la sainteté de la mitsva elle-même, il vit vraiment à l’intérieur de la mitsva, et c’est une atmosphère de gan Eden dans laquelle il mérite de se trouver dès ce monde-ci.

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-> "Vous observerez Mes statuts et Mes lois ... et vous devez vivre par eux (vé'haï bahém)"

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan II,44) écrit :
"Une personne trop stricte n'est pas vraiment vivante, elle est toujours déprimée/triste et anxieuse à l'idée de ne pas remplir ses obligations correctement (c'est jamais assez bien!), ce qui enlève toute la vitalité et la joie de l'observance des mitsvot. On a alors des ruminations malsaines sur la question de savoir si l'on a ou non rempli correctement nos obligations. Il est impossible pour un être humain mortel de s'acquitter parfaitement de ses obligations (dans son service Divin)."

[notre yétser ara nous pousse à nous attrister, à ne pas être content, en pointant ce qu'on aurait pu faire de mieux. Nous devons en toute honnêteté avec nous même voir comment s'améliorer, mais sinon on doit aussi se satisfaire de ce qu'on a fait.
C'est l'application de : "vé'haï bahém" = on ne doit pas sortir d'une mitsva en étant mourant (c'est nul ce que j'ai fait, j'aurai dû faire ça, j'ai pas eu assez de kavana, ...), tout triste et obscur, mais plutôt on doit être fier et heureux de pouvoir faire la volonté d'Hachem, et d'ainsi Lui amener du plaisir.
On doit être "saméa'h bé'helko" = même au niveau spirituel on doit savoir être content de notre sort, des capacités spirituelles que D. nous octroie. (on doit aspirer/prier à davantage, mais on doit aussi avoir l'humilité de reconnaître nos limitations dans notre avodat Hachem, et ainsi être content de faire de notre mieux avec ce que l'on a (même si c'est loin de la perfection, des tsadikim, d'autrui). En effet, les mitsvot doivent être "vé'haï bahém"!! )

"Chacun craindra son père et sa mère, et vous observerez Mes Shabbat" (Kédochim 19,3)

-> Le ‘Hida enseigne que nom du Arizal :
Il y a 2 sujets juxtaposés dans le verset : "Chacun craindra son père et sa mère – et vous observerez Mes Shabbat", la mitsva de respecter ses parents et l’observance du Shabbat.
Cela vient nous enseigner que celui qui mérite d’observer le Shabbat comme il convient et de donner des explications de la Torah le jour du Shabbat, fait un grand honneur à son père dans le monde à venir.

C’est le sens direct de la juxtaposition des 2 mitsvot du respect des parents et de l’observance du Shabbat : dire en allusion que celui qui étudie et donne des explications le jour du Shabbat, c’est un respect envers son père dans le monde à Venir [éternel] qui est entièrement bon.