+ Encouragements pour les juifs en exil à notre génération :
-> Nous avons le privilège de vivre à une époque où nous jouissons d'une liberté sans précédent pour pratiquer notre foi (ex: pas de roi autoritaire). D'un côté, cela atténue bon nombre des difficultés auxquelles les générations précédentes ont été confrontées. D'un autre côté, la liberté dont nous jouissons peut représenter un défi spirituel encore plus difficile à relever. C'est pourquoi nous devons réfléchir à l'opportunité qui nous est offerte de servir Hachem de cette manière.
-> Rabbi Elazar dit : Celui qui fait la charité en secret est plus grand que Moché.
[gadol aossé tsédaka besséter, yoter miMoché rabbénou - guémara Baba Batra 9b ]
A notre époque, alors que Hachem interagit avec nous de manière cachée et dissimulée, nous trouvons néanmoins tant de personnes qui font la charité sans voir immédiatement leur récompense. [La guémara nous enseigne que] une telle personne est certainement plus grande que les individus justes et droits de l'époque de Moché rabbénou.
Par conséquent, "celui qui fait la charité en secret" signifie à une époque où le monde est dirigé de manière secrète et dissimulée ; une telle personne est plus grande que celles de l'époque de Moché.
Concernant la génération [de Moché ], il est écrit : "Car j'avais peur de la colère et de la fureur" (Ekev 9,19). Cela signifie que si une personne fautait et allait à l'encontre du commandement d'Hachem, la colère et la fureur s'abattaient immédiatement sur elle en guise de punition en réponse à ses actions. Il n'est donc pas étonnant que les gens de cette génération aient fait ce qui était juste et accompli les mitsvot.
Cependant, de nos jours, en exil, alors que nous vivons ce que dit la Torah : "J'ai caché Ma face devant eux" (Vayélé'h 31,17) ... nous constatons que les réchaïm fautent, mais qu'ils vivent paisiblement dans leurs maisons et jouissent de tous les plaisirs de la vie, ne connaissant que le bien et non le mal. Par conséquent, une personne qui suit la voie d'Hachem à une telle époque, où la Providence divine est cachée et où les bonnes actions ne sont pas immédiatement récompensées ... sa récompense est grande.
[Gaon de Vilna - Peninim MiShoul'han HaGra - parachat Ekev ]
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-> Ce qui est dit dans la guémara (Shabbat 112b) : "Si les générations précédentes étaient comme des fils d'anges, nous sommes comme des fils d'hommes" (im richonim bné mala'him, anou bné anachim), cela ne fait référence qu'à leur génération en spécifique ; la génération ultime [avant la venue du machia'h] sera plus grande que les précédentes.
[rav Meïr d'Apt - Ohr laChamayim, Parashas Tetzaveh,
-> Il y a une autre raison à la longueur du l'exil ; en vérité, c'est pour notre bien et par miséricorde abondante et [en prévision] d'innombrables bienfaits futurs. Hachem voit que le peuple juif accomplit la Torah et les mitsvot avec beaucoup d'efforts et de dépenses ... et pourtant, le peuple juif ne rejette pas [la Torah] ...
Il porte doublement le joug des mitsvot en raison des protections et des rigueurs supplémentaires qui ont été ajoutées à cause de l'affaiblissement des cœurs et du manque de compréhension ...
Chaque juif est diligent et strict envers lui-même. Tout cela montre le grand attachement que nous avons avec Hachem [malgré l'obscurité et les difficultés de l'exil] ...
Cela est particulièrement agréable pour Hachem, et c'est pourquoi Il a prolongé notre exil, car cela procure une grande joie à Hachem que Ses mitsvot et Sa Torah soient accomplies malgré la douleur et les difficultés.
[Shevet Moussar - chap.51 ]
-> "Moché était extrêmement humble, plus que toute autre personne sur la face de la terre" (Béhaaloté'ha 12,3). C'est parce que Moché avait prévu qu'il y aurait une génération précédant la venue du machia'h (Ikvéta déMéchi'ha) qui ne échouerait à comprendre la divinité (et surtout par rapport à Moïché, leur divinité serait pratiquement inexistante).
Leur service divin (avoda) ne pénétrerait pas véritablement leurs cœurs et leurs esprits, mais leur accomplissement des mitsvot leur serait purement extérieur. Pourtant, même cela sera réalisé avec messirout néfech, car il y aurait de nombreux obstacles physiques et spirituels dus à la dissimulation [d'Hachem] ; mais ils surmonteraient ces obstacles.
C'est pourquoi Moché restait humble, car cette génération serait bien plus grande que lui.
[rabbi Shalom Dovber Schneerson - séfer haMaamarim ]
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-> Le Zohar (1:32a) dit : "Il n'y a pas de lumière sauf celle qui émerge des ténèbres (de l'obscurité)."
Par conséquent, la lumière qui émerge d'Israël (des juifs) aujourd'hui est bien plus grande, car elle émerge de ténèbres plus grandes.
[rav Tsadok HaCohen - Pri Tsadik - parachat Ki Tavo 17 ]
-> "Donne-nous des jours de satisfaction aussi longs que les jours où tu nous as affligés, que les années où nous avons connu le malheur. Que tes œuvres brillent aux yeux de tes serviteurs (Téhilim 90,15-16).
Hachem nous montrera tout le travail que nous avons accompli dans l'obscurité, et il dira : "Même si le résultat tangible (visible actuellement) a été petit, le labeur et les efforts ont été considérables. Le fait que vous ayez obtenu des résultats limités est dû à Moi, car Je ne vous ai pas montré l'amour que J'ai pour vous, mais la part que vous avez prise dans votre avoda a été appropriée."
[Rama MiPano]
-> La guerre de Gog et Magog qui doit avoir lieu avant l'arrivée du machia'h est également une bataille spirituelle, au point qu'il deviendra difficile même de dire "Shéma Israël" [peut-être cela fait allusion au fait que beaucoup le prononce machinalement sans aucune kavana, intention].
['Hidouché HaRim - Shout Eretz Tzvi - Inyané Shabbath 'Hol Hamoed ]
[ainsi, nous avons en apparence une image spirituelle de nous très petite, nous n'avons pas conscience d'à quel point nous sommes aimés d'Hache, à quel point chacune de nos petits vers Lui ont un impact énorme (on attend de nous en accord avec nos capacités, l'obscurité de l'exil, ...).
Mais d'une certaine façon, cela fait partie du combat de la fin des temps, où nous devons nous renforcer dans notre émouna, dans la valeur de la grandeur et de l'importance de chaque juif (les bien-aimés d'Hachem). Nous serons alors forts et puissants pour gagner! ]
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-> La guémara (Kidouchin 40a) explique qu'une personne doit toujours se considérer comme moitié méritante et moitié coupable, et considérer le monde comme moitié méritant et moitié coupable.
[Cela est difficile à comprendre, car] dans certaines générations, il est évident que la grande majorité de la génération enfreint les interdictions ... Il ne serait pas très logique de limiter la guémara à ne discuter que des générations qui présentent un doute.
L'explication apparente est plutôt [basée sur le] Rambam, qui écrit (Michné Torah - Hilkhot Téchouva 3:2) que ce calcul ne repose pas uniquement sur le nombre d'actes méritoires par rapport au nombre de fautes, mais plutôt sur la grandeur de chaque acte. Certains actes méritoires équivalent à une seule faute, et certaines fautes équivalent à de nombreux mérites. Ils ne peuvent être calculés que par Hachem, qui connaît la valeur exacte des mérites par rapport aux fautes.
[chaque personne individuellement (ex: environnement, histoire de vie, forces et faiblesses) et collectivement (ex: aide spirituel, impact de l'époque, environnement), a une relation avec chacune mitsva et chaque avéra qui lui est propre, que seul Hachem peut évaluer avec sincérité. ]
Aucun homme, ni même aucun ange, ne sait comment évaluer [les actions]. Seul Hachem lui-même peut calculer la lutte du fauteur et la gravité de la faute. Commettre une faute plus grave dans une génération fauteuse est moins grave que commettre une faute moins grave dans une génération juste où rien n'empêche d'accomplir les mitsvot ...
Par conséquent, une telle connaissance est insondable pour l'homme ... car peut-être, dans une génération fauteuse, les mérites peuvent-ils valoir beaucoup plus, et donc c'est une génération méritoire ; ou une génération juste, si l'on considère que la lutte ne sera pas méritoire.
Par conséquent, une personne doit toujours considérer le monde comme étant à moitié méritoire et à moitié coupable.
[rav Moché Feinstein - Dibrot Moché - Kidouchin 1:74 ]
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-> Le 'Hafets 'Haïm a expliqué que chaque génération honore la présence Divine (Chékhina) selon ses capacités. Nos Patriaches soutenaient étroitement la Chékhina.
Cependant, on exige à notre génération uniquement de : "ne vous rebellez pas contre Hachem" (Chéla'h Lé'ha 14,9).
[rav Nathn Wachtfogel - Léket Réchimot - Elloul et Yamim Noraïm ]
-> Si une personne fautait alors que le Temple était encore debout, sa faute était grave et importante ... d'abord parce que la Chékhina l'influençait directement pour qu'elle se sanctifie ... ensuite, parce qu'elle allait ouvertement à l'encontre de la Chékhina, qui était révélée et apparente dans le lieu [du Temple], et pourtant cette personne violait les commandements de la Torah et n'était pas embarrassé devant [la Chékhina] ...
[Cependant] pendant l'exil, en raison de la dissimulation de la Chékhina, les gens sont moins enclins à servir Hachem (avodat Hachem) et à la crainte de D.
Les fautes sont également moins graves aux yeux des gens, en raison de la dissimulation de la Chékhina ...
Par conséquent, lorsque le Temple existait, une personne devait apporter un sacrifice (korban) [en plus de faire téchouva] pour expier sa faute.
De nos jours, même si la faute est grave, la téchouva et une certaine affliction [infligée par Hachem] suffisent pour l'expiation.
[Mabit - Beit Elokim - Shaar haTéchouva - chap.2]
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-> "véaya ékev tismé'oun" (Ce sera, parce que (ékev) vous écouterez - Ekev 7,12).
Le terme "véaya" (וְהָיָה) dénote le fait de se réjouir devant Hachem (voir midrach Bamidbar rabba 13,5).
"Ekev" (talon) fait référence à Ikvéta déMéchi'ha (la période précédant la venue du machia'h).
Le mot "tismé'oun" = lorsque nous accomplissons la volonté d'Hachem dans une génération basse spirituellement, cela revêt une grande importance.
['Hidouché Harim ]
-> On raconte que le Bné Yissa'har s'est un jour écrié pendant les Yamim Noraim : "Comment les anges peuvent-ils siéger dans les Cours supérieures et nous juger? Comprennent-ils le stress lié à la nécessité de gagner sa vie ou le fait d'avoir le yétser ara?
Au contraire, les Cours Supérieures doivent être composées de tsadikim qui ont vécu dans ce monde et comprennent la douleur du peuple juif. Ils peuvent juger et conseiller de manière appropriée."
Comme le rapporte la guémara (Sanhédrin 36b) : "Nous ne faisons pas asseoir une personne âgée au Sanhédrin", et Rachi explique : "Parce qu'elle a déjà oublié la douleur d'élever des enfants et qu'elle ne jugera pas avec miséricorde".
[Shaar Yissa'har]
-> "Malgré cela, même lorsqu'ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les mépriserai pas" (Bé'houkotaï 26,44). Cela signifie que même lorsque vous êtes parmi les hérétiques dans le pays ennemi, vous marchez dans les voies d'Hachem, et vous êtes donc considérés comme des tsadikim.
Comme l'explique nos Sages (Eirouvin 21b) sur le verset : "Viens, mon bien-aimé, allons dans les champs, logeons près des villages" (lé'ha dodi nétsé assadé nalina bakéfarim - Shir Hashirim 7,12), signifie "Logeons près des hérétiques" [bakoférim est un jeu de mot avec "bakéfarim"].
Israël dit à Hachem : "Allons loger chez les hérétiques (non juifs) des nations du monde, et moi, Israël, je serai un tsadik comparé à leurs actions."
['Hatam Sofer al HaTorah - parachat Bé'houkotaï - p.93 ]
-> "Ainsi parle Hachem : je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu Me suivais dans le désert" (Yirmiyahou 2,2).
Le Arizal explique que les Bné Israël de la génération qui a suivi la sortie d'Egypte ont connu un attachement au niveau de "lé'htékh a'haraï", ce qui leur a permis de faire face au dos d'Hachem.
La question est la suivante : il ne semble pas y avoir de génération plus grande et plus louable que la Dor Hamidbar (génération du désert) qui a vu de ses propres yeux la révélation d'Hachem pendant la sortie d'Egypte, l'ouverture de la mer Rouge, la manne, le don de la Torah, les Nuées de Gloire et d'autres révélations merveilleuses, qui semblent toutes être au niveau du face à face [et pas seulement voir "le dos de Hashem" ].
Pourquoi alors Hachem se souvient-il des moments où nous avons vu Son "dos" ?
Le Maguid de Kozhnitz répond que dans la génération où Hachem a ouvertement montré Sa bonté envers les Bné Israël, il n'était pas nouveau que les Bné Israël Le serve.
Tout en mangeant la manne et en voyant les Nuées de Gloire, leur service divin (avoda) était bien sûr complète, mais il était moins significative.
Quand une personne se trouve dans le palais du roi, il est évident qu'elle servira le roi avec crainte et amour. C'est pourquoi on ne parlait pas d' "unification face à face", mais plutôt de "tu Me suivais dans le désert", c'est-à-dire dos à dos.
C'est pourquoi il est dit à leur sujet : "je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles", car le plus grand acte fut lorsque 600 000 juifs entrèrent dans le désert sans se soucier de ce qui allait se passer. Après cela, ils n'étaient plus qu'au niveau de "tu Me suivais".
Dans les générations suivantes, la gloire d'Hachem est cachée : on ne voit rien et on ne ressent rien.
Malgré cela, les Bné Israël acceptent le joug de la royauté d'Hachem sur eux-mêmes, cette [dévotion à Hachem malgré le fait de ne voir que Son "dos" ] est une unification complète au niveau du face à face.
[Avodat Israël - Roch Hachana ]
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-> Pourquoi Hachem a-t-il donné à notre génération tant de défis à relever?
Cette question ne se pose que si vous considérez les interdictions de la Torah comme des obstacles à surmonter. Cependant, si vous comprenez que les interdictions de la Torah sont des occasions de s'élever et de gagner une récompense éternelle, alors c'est le contraire qui est vrai : Hachem voulait augmenter nos mérites, donc plus il y a de défis, plus il y a d'occasions de gagner une récompense.
[rav Matisyahou Salomon ]
-> Le rabbi de Satmar dit : "aujourd'hui, un ben Torah doit relever plus de défis en une seule journée qu'un juif de la génération précédente n'en rencontrait dans toute sa vie".
Selon cette affirmation, il semble donc qu'il y ait également plus d'occasions d'obtenir des récompenses en une seule journée que dans toute une vie pour les générations précédentes.
-> En ces temps sombres [spirituellement parlant], la moindre de nos actions nous rend dignes d'être considérés comme des tsadikim accomplis. Une personne qui, de nos jours, étudie la Torah dans une yéchiva en s'inspirant des Guédolim de la génération précédente et qui, malgré ses efforts, ne parvient pas à comprendre les mots, peut être plus grande que le Gadol lui-même ...
Dans cette obscurité merveilleuse, nous n'avons aucune idée de ce qu'un simple gémissement pourrait déclencher au ciel. Il est certainement possible que les bné yeshiva d'aujourd'hui soient plus grands que les Guédolim d'antan.
[rav Yérou'ham Lévovitz - Daat Torah - parachat Chéla'h - p.147 ]