+ La nécessité de prier à Shabbath :
-> Le Zohar dans Vayakel (2:205a), appelle le Shabbath : "le jour de l'âme" (yoma dénichmata).
[à Shabbath, nous recevons une âme supplémentaire]
-> Le Ben Ich 'Haï (Bén Yéhoyada 44b) dit que c'est une des raisons faisant que nous allumons les bougies le vendredi soir.
Les bougies ont 3 éléments : le récipient/chandelier (ner - נר - qui va contenir l'huile), la mèche (pétila - פתילה) et l'huile (chémen - שמן).
Les premières lettres de ces mots forment : néfech (âme - נפש).
=> Nous allumons les bougies au début de Shabbath car c'est le jour de l'âme, qui est comparable à une bougie.
-> Le rav Tsadok haCohen de Lublin (Pokéd Akarim) ajoute que c'est pour cela que notre alimentation à Shabbath doit être principalement issues d'activités spirituelles, plutôt que par nos sources ordinaires d'alimentations physiques.
A Shabbath, l'âme prend de l'importance et nous devons la "nourrir".
La source principale d'alimentation de l'âme est la prière.
-> Le Séfer haKouzari (Maamar 3) écrit que l'âme a besoin de nourriture tout comme le corps en a besoin. Cependant alors que le corps s'alimente avec des aliments comestibles, l'âme s'alimente par la prière.
Lorsque nous passons plusieurs heures sans manger, notre corps s'affaiblit et nous avons faim, de même notre âme devient "affamée" après que passent plusieurs heures sans que nous prions.
C'est pour cela que nous prions 3 fois chaque jour, pour donner à l'âme la "nourriture" dont elle a besoin.
De même que nous prenons des en-cas lorsque nous avons un petit creux, de même nous devons faire des petites prières [personnelles] à D. tout au long de la journée pour satisfaire notre faim spirituelle, notre besoin de se sentir liés à Hachem.
-> "L'âme supplémentaire se réjouit fortement de notre ferveur (kavana) durant la prière et des paroles de Torah sur la paracha que nous nous disons l'un à l'autre." (Réchit Hochma - Chaar haKédoucha 3,5)
On peut également citer :
- "Le Shabbath sanctifie le peuple juif par l'âme supplémentaire, qui contient une particule de D." (Alshich Hakadosh - Ki Tissa) ;
- Le Chita Mékoubétset (sur la guémara Beitsa 16a) décrit la néchama yétéra comme un esprit divin, planant au-dessus de nous le Shabbath.
=> Puisque la prière soutient l'âme, et que Shabbath est "le jour de l'âme", ainsi les prières ont une grand importance, et elles sont particulièrement puissantes en ce jour.
Par exemple, les femmes savent qu'au moment de l'allumage des bougies, leurs prières ont une force toute particulière. En effet, lorsqu'elle allume les bougies, qui renvoient à l'acceptation de l'âme supplémentaire, elles ont alors une occasion spéciale d'avoir leurs prières exaucées.
[ avec la néchama yétéra à Shabbath, nous avons naturellement davantage de sainteté, de proximité avec Hachem, et en ce sens nos prières ont plus de puissance. b'h, Sachons en profiter!]
-> Le rav Pinkous (Néfech Chimchon) rapporte que le Zohar affirme que le pouvoir/la puissance des prières du Shabbath est le même qu'à Kippour.
[dommage de n'avoir qu'un seul jour de Kippour dans l'année, autant donner sa superbe au Shabbath, et profiter de ses pouvoirs énormes!]
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-> [L'absence de la parole Divine le Shabbath, après les 6 jours de Création du monde,] nous enseigne que l'on doit éviter de dire des choses vaines ce jour.
On s'efforcera de prononcer des paroles de Torah, tel rabbi Chimon bar Yo'haï qui disait : "Aujourd'hui c'est Shabbath", dès que sa mère désirait parler de choses triviales.
[Méam Loez 2,2]
=> Comment comprendre que les paroles triviales soient particulièrement inappropriées à Shabbath?
-> Le Bayam Déré'h explique qu'à Shabbath la puissance spirituelle de notre parole est augmentée.
Notre parole a une force toute spéciale pendant Shabbath, au point que même un personne simple, dont la parole n'aurait pas beaucoup de force pendant la semaine, peut produire des impacts spirituels considérables pendant Shabbath.
C'est pourquoi, en ce jour nous devons être particulièrement vigilants à s'assurer de parler comme il faut.
-> Au sujet de la création de l'homme : "Hachem façonna l'homme ... et l'homme devint une âme vivante (néféch 'haya)" (Béréchit 2,7), Onkelos écrit : "Il devint un esprit parlant".
Ainsi, l'être humain se distingue des autres créatures par sa faculté à parler, de par l'âme que D. a mis en lui.
Puisqu'à Shabbath, nous recevons une âme supplémentaire, cela implique que nous sommes alors dotés d'un pouvoir de paroles accru, avec la capacité d'élever nos mots à des niveaux beaucoup plus élevés.
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-> De même que nos prières ont plus d'impacts, une mauvaise utilisation de nos paroles a plus d'impact.
Par exemple, rabbi Nissim Yaguen dit :
"Le Shabbath atteint le monde de la Atsilout (le niveau spirituel le plus élevé de la semaine). Ô combien devons-nous être vigilants et ne pas prononcer des paroles interdites, à fortiori du colportage et de la médisance, car celui qui souille sa bouche et sa langue en ce jour si saint, est considéré comme ayant déposé une idole dans le Tabernacle."
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+ La kédoucha de moussaf :
-> Pendant le moussaf de Shabbath, nous récitons une kédoucha spéciale, qui est plus longue et totalement différente de la kédoucha habituelle.
Le Kolbo explique que cette différente met en avant :
- que la semaine nous récitons la kédoucha avec les mots des anges, qui chantent également la kédoucha dans les cieux.
Ainsi, en semaine nous ne faisons que suivre leur exemple.
- tandis qu'à Shabbath, d'une certaine façon nous récitons notre propre kédoucha.
Nous n'imitons pas "simplement" celle des anges, mais plutôt nous récitons une prière de kédoucha qui nous est propre.
-> Les anges possèdent 6 ailes pour chanter des cantiques à Hachem durant les 6 jours de la semaine, mais le Shabbath ils n'en ont pas.
Ils disent alors à Hachem : "Maître de l'univers! Nous n'avons pas d'aile pour chanter Ta louange!"
D. leur répond : "De "l'aile" de la terre nous avons entendu un chant" (Yéchayahou 24,16)
Hachem veut dire : "Aujourd'hui, J'ai quelqu'un qui chantera pour Moi des cantiques. "L'aile" qui existe sur terre, c'est le peuple d'Israël".
Par conséquent, durant les 6 jours de la semaine, les anges sont supérieurs à Israël, mais le Shabbath ils n'ont pas d'ailes, Hachem recherche donc nos cantiques.
[Méam Loez - Ki Tissa 31,6 -> https://todahm.com/2020/03/23/13042-2 ]
-> Le Kolbo se basant sur le midrach que rapporte le Méam Loez ci-dessus, enseigne qu'à Shabbath les juifs ont pour tâche de chanter des louages à Hachem.
Shabbath est notre jour spécial, où nous assumons le rôle assigné aux anges le restant de la semaine, et nous chantons principalement des chants de louange.
Le Kolbo cite le verset : "miknaf aarets zémirot cham'nou" (Du bout [littéralement. des ailes] de la terre nous entendons des cantiques - (כנף = knaf = une aile) - Yéchayahou 24,16).
Cela signifie qu'à Shabbath, les principaux chants de louange ne sont pas entendus depuis le Ciel, mais plutôt depuis la terre, où le peuple juif assure le rôle de "l'aile", qui est en charge de chanter les louanges d'Hachem.
-> "Tu as élevé aujourd'hui Hachem ... et Hachem t'a élevé à Son tour" (Ki Tavo 26,17-18)
Le Ohr Zaroua (2,4) explique le mot : "aujourd'hui" (ayom - הַיּוֹם) de ce verset, comme faisant référence au jour de Shabbath.
A Shabbath, nous "élevons" Hachem par le biais de nos beaux chants de louanges, et grâce à ce rôle que nous remplissons, Hachem nous "élève" à une dimension élevée bien au-dessus de celle des anges célestes.
-> La guémara ('Haguiga 3a) commente le verset précédent en disant que nous "élevons" Hachem lorsque nous récitons le Shéma Israël, et en conséquent de cela Hachem nous "élève" en déclarant : "Qui est comme Ton peuple Israël, une nation unique sur la terre" (mi kéamé'ha Israël, goy é'had baarets - Divré haYamim 17,21).
C'est pourquoi dans la kédoucha de moussaf (celle propre aux juifs, et non aux anges), nous proclamons le : "Shéma Israël ...".
Cela met en avant la dimension si spéciale que nous avons à Shabbath, où le rôle de chanter des louanges ne dépend plus des anges, mais de nous!
-> La guémara ('Houlin 91b) enseigne : un juif est plus élevé qu'un ange, lequel ne peut dire le nom de D. qu'après 3 mots ("kadoch, kadoch, kadoch ..." - saint, saint, saint ...), tandis qu'un juif le prononce après 2 mots seulement ("shéma, Israël ..." - Ecoute Israël ...).
Ainsi, on ajoute le verset de Shéma Israël dans la kédoucha propre aux juifs, car ainsi on met en avant la stature si spéciale des juifs qui dépasse celle des anges, et cela est particulièrement mis en évidence à Shabbath.
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-> b'h, voir également : l'importance de Min'ha de Shabbath : https://todahm.com/2020/07/20/minha-de-shabbath