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Les démons, esprits maléfiques et fantômes (2e partie)

+ Les démons, esprits maléfiques et fantômes (2e partie) :

+ Le point de vue de nos Sages du Talmud :

-> Il existe de nombreuses références aux démons dans le Talmud babylonien, mais elles sont nettement moins nombreuses dans le Talmud de Jérusalem.
Certains seraient prompts à suggérer que les références aux démons dans le Talmud babylonien ont dû être influencées par les croyances locales de l'époque. Il est intéressant de noter que le rabbin Avraham Its'hak Kook (Ezrat Cohen 6) affirme que la raison de cette absence de mention est qu'en Israël, il n'y a jamais eu de véritables problèmes avec les démons en raison de la sainteté de la terre.
Dans le Talmud, certaines décisions juridiques présupposent l'existence des démons (ex: michna Shabbath 2:5), et à d'autres endroits, les esprits maléfiques sont décrits comme incitant les gens à la transgression (ex: Sotah 3a ; Erouvin 41b).

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+ La création des démons :

La création des démons est décrite de différentes manières :
- Une déclaration affirme qu'ils (les mazikin) ont été créés la veille du premier Shabbath. [Pirké Avot 5,6 ; Pessa'him 54a]
[il est intéressant de noter que nos sages enseignent que les démons avaient été créés la veille du Shabbat, et le rabbi de Komarno mentionne à plusieurs reprises que le rav Tzvi Hirsch de Ziditchov et de nombreuses autres personnes vertueuses ont attesté que tous les moments où leur esprit était restreint se produisaient la veille du Shabbath. Il arrive souvent qu'avant que la sainteté ne se révèle, l'esprit se ferme et que l'on passe par une phase de faiblesse (spirituelle). ]
- Ailleurs, ils sont présentés comme les "descendants" d'Adam et 'Hava après une période de séparation suite à leur expulsion du gan Eden. [Erouvin 18b ; Béréchit rabba 20,11 & 22,11]
- La tradition enseigne que Noa'h a fait entrer les chédim (démons) dans l'Arche, ce qui a préservé leur existence pendant le déluge. [Rachi - Noa'h 6,19 ; Béréchit rabba 31,13]
- de plus, le Pirké déRabbi Eliézer affirme que la génération du Déluge biblique ne se lèvera pas lors de la résurrection messianique à la fin des temps, et qu'elle a été transformée en esprits (rou'hot) et en démons (mazikin).
- ailleurs, la guémara (Sanhédrin 109a) dit que les personnes qui se sont rebellées et ont construit la tour de Babel étaient divisées en trois motivations pour le faire. La faction qui disait vouloir faire la guerre à Hachem a été transformée en démons (chédim).
- dans certains textes du mysticisme juif, devenir un démon est la punition destinée à certains réchaïm. [Zohar III:70a, au nom de Rabbi Yéhouda.]
- il existe également une description plus détaillée, de type évolutionniste, de la formation des démons.
[Baba Kama 16a. Dont voici le texte : Une hyène mâle se métamorphose après sept ans en une chauve-souris insectivore [atalef] ; une chauve-souris insectivore se métamorphose après sept ans en une chauve-souris herbivore [arpad] ; une chauve-souris herbivore se métamorphose après sept ans en un chardon [kimosh] ; un chardon se métamorphose après sept ans en une ronce [ḥo'ha] ; et une ronce se métamorphose après sept ans en un démon. ]

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+ Leur apparence :

-> Comme pour toute description de questions spirituelles mentionnées dans les œuvres des sages, il faut toujours garder à l'esprit qu'il ne s'agit que d'associations anthropomorphiques (on essaie de leur attribuer des réactions humaines). La manière dont les démons sont représentés ne doit pas être prise au pied de la lettre.
De plus, une perspective juive saine sur les démons ne consiste certainement pas à les considérer comme ils sont représentés dans les œuvres d'art religieuses d'autres confessions. En même temps, certaines descriptions physiques rapportées dans la littérature juive représentent de manière emblématique un aspect de la vérité sur la nature des démons.

Le Talmud dit que le nombre de démons dépasse de loin celui des êtres humains. Le fait que nous ne puissions pas les voir (mazikin) est considéré comme une bénédiction, car sinon, nous ne pourrions pas le supporter.
[Dans Béra'hot 6a :
- Abba Binyamin dit : Si l'œil était autorisé à voir, aucune créature ne pourrait résister à l'abondance et à l'omniprésence des démons et continuer à vivre sans être affectée par eux.
- Rav Houna dit : Chacun de nous a mille démons à sa gauche et dix mille à sa droite. Dieu protège l'homme de ces démons, comme il est dit dans le verset : "Que mille tombent à ton côté, et dix mille à ta droite ; ils ne t'atteindront pas" (Téhilim 91,7).

Dans Guittin 68a : Rabbi Yoḥanan dit : Il y avait trois cents types de démons dans un lieu nommé Shiḥin, mais je ne connais pas la forme ni la nature même d'un démon. ]

Les démons sont considérés comme une sorte de niveau intermédiaire entre les anges et les êtres humains.

On dit qu'ils (les shédim) ressemblent aux anges de trois façons, et aux êtres humains de trois autres façons : ils ont des ailes, ils volent d'un bout à l'autre de la terre et ils connaissent l'avenir comme les anges ; et ils mangent, boivent, se reproduisent et meurent comme les humains. ['Haguiga 16a]
Les démons peuvent également prendre l'apparence d'êtres humains. [Méguila 3a]

Rachi (Sanhédrin 109a) distingue les apparences de chaque genre de démon. Les rou'hot n'ont ni corps ni forme, les shédim ont une forme humaine et mangent et boivent comme les gens, et il existe une autre catégorie appelée lillin, qui a une forme humaine et est également décrite comme ayant des ailes.

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+ Leurs effets :

-> Diverses sources affirment que le pouvoir des démons varie au cours de la journée, de la semaine, de l'année et d'autres périodes de temps. [Bamidbar rabba 12,3]
La guémara (Sanhédrin 44a) dit que les mauvais esprits sont plus menaçants le soir, car ils préfèrent l'obscurité. Il ne faut pas saluer quelqu'un dans la nuit que l'on ne reconnait pas, de peur que ce ne soit un démon (shéd).
De plus, on dit que les démons évitent les groupes. Le démon se montrera et fera du mal à une seule personne ; cependant, face à deux personnes, il se contentera tout au plus de se montrer sans rien faire, et face à trois personnes ou plus, le démon n'apparaîtra pas du tout. [Béra'hot 43b]

-> Les démons ont également une juridiction limitée. Dans la guémara ('Houlin 105b), un démon dit à Mar bar Rav Achi : "Nous n'avons pas le droit de prendre quoi que ce soit qui soit emballé, scellé, mesuré ou compté."
[ Selon le Iyoun Yaakov (Baba Kama 21a), Mar bar Rav Achi était versé dans la Kabbale pratique et qu'il était donc capable de voir les démons.
La guémara (Tossafot sur Taanit 8b) explique que si une quantité de biens n'a pas été comptée, Hachem accordera parfois sa bénédiction et augmentera le nombre.
Ainsi, les démons ne sont pas autorisés à prendre des objets emballés, scellés ou mesurés, car tout ce qu'ils contiennent appartient à leur propriétaire. ]
Il est intéressant de noter que, sur la base de cet enseignement talmudique, un grand sage a réagi à un incident particulier. Dans la ville de Shklov, il y avait un homme capable de réciter les mots de n'importe quel livre qui lui était présenté sans l'ouvrir, même des livres qu'il n'avait jamais vus auparavant.
Ils en ont parlé au Gaon de Vilna. Il leur a dit d'emballer le livre et cet individu ne saurait plus rien, car les sages ont dit que les démons n'ont pas accès à ce qui est emballé.

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+ Les apparitions de démons dans la loi juive :

-> Les démons apparaissent assez fréquemment dans la loi juive.
Pour commencer, il existe de nombreux exemples de choses que les juifs doivent éviter à cause du roua'h raa (les démons, litt. esprit mauvais).
[on ne peut pas manger d'œufs, d'oignons ou d'ail pelés qui ont été laissés toute la nuit à cause de l'esprit mauvais (d'impureté) qui repose sur eux (Niddah 17a).
Bien que le Rambam et le Rama omettent cette question lorsqu'ils discutent de diverses actions dangereuses, de nombreuses autorités affirment que la loi est toujours en vigueur (ex: Choulkhan Aroukh Harav - Shemirat Hagouf 7 ; Ben Ich 'Haï - Pin'has 2:14 ; Darké Téchouva 116:74 ; Kaf Hachaim 540:1 ; Igrot Moché - Yoré Déa 3:20 ; Yabia Omer - Yoré Déa 2:7).
De plus, il existe une crainte d'impureté spirituelle concernant les aliments conservés sous un lit dans lequel quelqu'un a dormi pendant la nuit, même si les aliments étaient scellés (voir Yoré Daé 116:5, basé sur Pessa'him 112a).
La mayim a'haronim (ablution fin du repas) ne doit pas éclabousser la nourriture ou les ustensiles de cuisine (Ora'h 'Haïm 181:2) [de même, on essaie de verser un minimum de cette eau pour ne pas donner des forces aux puissances maléfiques]. ]

La loi juive met en garde contre le fait de laisser son livre de la Torah ouvert lorsqu'on s'en éloigne, car cela provoque une réaction d'une entité démoniaque qui fait oublier à celui qui utilise le livre ce qu'il a appris.
[cette entité est appelée "Shéd" ou shin-daled (שד), abréviation de "shomer dapim" (celui qui garde les pages). Cela fait oublier à quiconque laisse un livre ouvert ce qu'il a appris. (voir Choulkhan Aroukh - Yoré Déa 177:1 et le Sach dessus) ]

-> Il existe également des discussions plus ouvertes sur le caractère licite de l'invocation des démons.
Le Tour (Yoré Déa 179) cite une opinion selon laquelle s'adonner aux démons est aussi interdit que la sorcellerie.
En revanche, le Roch, l'autorise, tout comme il autorise de lier les anges par des serments et d'utiliser le séfer Yétsira, car le Talmud distingue ces pratiques de la sorcellerie.
Soit dit en passant, les gens d'aujourd'hui n'ont pas le caractère spirituel nécessaire pour s'adonner à ces pratiques, et le rabbi Yossef Karo, le Beit Yossef, avertit que celui qui s'implique avec les démons n'en sortira pas indemne. [d'une certaine façon si on "dérange" les démons, ils peuvent nous le faire payer après, parfois très cher! ]
Le rabbi de Komarno, fait la distinction entre l'utilisation des démons du "côté de la sainteté", qu'il dit autorisée, bien que potentiellement dangereuse, et l'utilisation des démons du "côté de l'impureté", qu'il interdit. [Zikhron Dévarim - part.2]

-> Bien que la Torah interdise les actes de sorcellerie, le Ramban (Michpatim 22,17) se demande si "conjurer les démons" est inclus dans cette interdiction. Si ce n'est pas le cas, parce que cela est considéré comme une activité différente, alors consulter les démons serait autorisé.
Même si la conjuration est interdite, il est néanmoins permis de consulter un démon conjuré par un non-juif. [Téchouvot haRachba Haméyou'hasot léRamban - n°283 ; Téchouvot haRivach n)92]

-> Dans le même ordre d'idées, il existe une discussion dans la loi juive sur la question de savoir s'il est permis de demander l'aide d'un démon pour retrouver un objet perdu. [Sanhédrin 101a]
La question se pose à la fois dans le contexte de savoir si cela est permis le jour du Sabbath et dans le contexte de savoir si cela est permis tout court.
[La différence dans cette discussion ne porte pas sur la permissibilité essentielle, mais plutôt sur des aspects secondaires. Étant donné qu'il s'agissait d'une pratique ancienne consistant pour ceux qui avaient perdu des biens à demander aux démons de les aider à les retrouver, la question se pose de savoir si le fait de le faire le jour du sabbat constituerait une participation aux "affaires de la semaine", une pratique interdite le jour du sabbat.
Voici un extrait de la guémara Sanhédrin 101a :
Rabban Shimon ben Gamliel dit : ... il est interdit de consulter les démons le Shabbat. Rabbi Yossé dit : Même en semaine, il est interdit de consulter les démons.
Rav Houna dit : La halakha est conforme à l'avis de Rabbi Yossé.
La guémara note : Et même Rabbi Yossé n'a pas dit que l'interdiction de la sorcellerie en semaine était due à l'interdiction de la Torah ; elle est plutôt due au danger, de peur que les démons ne lui nuisent. Cela pourrait arriver, comme dans l'incident concernant Rav Yitzhak bar Yosef, qui consulta un démon et fut, de ce fait, englouti par un cèdre. Un miracle se produisit alors pour lui : le cèdre se fendit et l'expulsa. ]

-> De plus, plusieurs textes juridiques juifs abordent des sujets encore plus spécifiques, tels que le statut marital d'une personne qui a des relations sexuelles avec un démon.
[ le premier à mentionner cette question est le rabbi Its'hak de Vienne (Ohr Zaroua - vol.1, sect.124). Il affirme que de tels rapports intimes n'ont aucune répercussion juridique (juive) viable.
Plus tard dans l'histoire, le rabbi Méir de Lublin (Téchouvot Maharam Lublin 116) a été interrogé sur un cas pratique où une femme avait eu des rapports sexuels avec un démon et se demandait si elle pouvait rester mariée à son mari. Le rabbi Méir est arrivé à la même conclusion, à savoir qu'elle pouvait rester mariée, car les rapports sexuels avec un démon n'ont aucune conséquence juridique (judaïquement parlant).
Cette réponse est même mentionnée dans le Beit Shmouel (Even Ha'ezer 6:17).
Le 'Hida cite également cette conclusion lorsqu'il aborde une question similaire. ]

-> Un autre sujet, quelque peu lié, concerne la rédaction d'une lettre de divorce à l'intention de sa femme. Traditionnellement, le guét, la lettre de divorce juive, doit être initié par le mari.
On va rapporter le Talmud (Guittin 66a) :
"La michna : Concernant un homme jeté dans un puits, persuadé d'y mourir, et qui déclara que quiconque entendrait sa voix devait rédiger un acte de divorce pour sa femme, en précisant son nom, celui de son épouse et tous les détails pertinents, ceux qui l'entendraient devraient rédiger cet acte et le remettre à sa femme, même sans l'avoir vu ni connu.

La guémara demande : Mais craignons que la source de la voix dans le puits ne soit un démon, puisque personne n'a vu la personne dans le puits. Rav Yéhouda répond : Il s'agit d'un cas où l'on a vu que l'être dans la fosse avait une forme humaine.
La guémara objecte : Les démons aussi peuvent apparaître sous forme humaine ; par conséquent, le fait que l'être ait paru humain ne prouve pas qu'il ne s'agisse pas d'un démon.
La guémara explique : C'est un cas où l'on a vu qu'il avait une ombre [bavoua].
La guémara objecte : Les démons ont aussi une ombre.
La guémara explique : Il s'agit d'un cas où ils ont vu qu'il avait l'ombre d'une ombre.
La guémara objecte : Et peut-être que les démons aussi ont l'ombre d'une ombre?
Rabbi 'Hanina répond : Mon fils Yonatan m'a enseigné que les démons ont une ombre, mais pas l'ombre d'une ombre.
La guémara demande : Mais peut-être que la source de la voix dans le puits est une épouse rivale de celle qui doit divorcer. Elle cherche à faire en sorte que sa rivale obtienne un acte de divorce sous de faux prétextes, lui faisant croire qu'elle est divorcée. Forte de cette croyance erronée, elle se remariera sans divorcer et sera alors interdite à la fois à son premier et à son second mari.
La guémara répond : Un Sage de l'école de Rabbi Yichmael a enseigné : En cas de danger, lorsqu'il est probable que l'épouse se considère comme une épouse abandonnée, on rédige et on remet un acte de divorce même si les personnes chargées de le faire ne connaissent pas celui qui a donné les instructions. Là aussi, lorsqu'une voix se fait entendre depuis un puits, on rédige et on remet l'acte de divorce, puisqu'il n'y a aucune possibilité de clarifier correctement la situation.

[Tossafot précise aussi que les démons étaient connus pour se cacher dans des puits. ]

Ainsi, la Michna enseigne que si l'on entend une voix provenant d'un puits, demandant à quiconque peut l'entendre d'écrire une lettre de divorce à sa femme, on doit l'écouter. Le Talmud précise que nous devons écouter la voix provenant du puits si nous pouvons confirmer qu'il ne s'agit pas d'un démon se faisant passer pour le mari.
Certains Richonim soulignent que, dans la pratique, il faut déterminer que la voix ne provient pas d'un démon uniquement si elle provient d'un puits ou d'autres lieux où les démons se rassemblent. [Rach cité par le Ran ; Rachba]

-> Le Choul'han Aroukh (Even Ha'Ezer 17:10) stipule également que si une voix annonce la mort d'une personne et qu'aucune source n'est trouvée, il est possible d'autoriser sa femme à se remarier.
Si cette voix est entendue dans un champ, une citerne ou une ruine, le remariage n'est pas autorisé, car on craint qu'elle provienne d'un démon, étant donné que ces lieux sont fréquentés par des démons.
Il est fascinant de constater que le Choul'han Aroukh est tellement convaincu de l'existence des démons qu'il est prêt à laisser une femme attachée à son mari à moins que la silhouette invisible dans le puits puisse être identifiée comme étant le mari, et non un double qui est démon.

Ces quelques exemples suffisent à donner un aperçu de la manière dont la présence des démons imprègne les écrits talmudiques et juridiques juifs.

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+ Bonus :

-> Voici un extrait de la Jewish Encyclopedia, simplement traduit sans vérification personnelle des sources :
Les démons rôdent autour des maisons et des champs (Béréchit rabba 20), particulièrement dans les basses couches de l'atmosphère (Bamidbar rabba 12 ; Tan'houma Michpaṭim).
Leur demeure principale se situe dans la partie nord de la terre (Pirḳé déRabbi Eliézer 3). Ils affectionnent les câpriers et les sarracénies, où ils vivent par groupes de soixante ; les noyers, où ils se regroupent par neuf ; les endroits ombragés les nuits de pleine lune, notamment les toits des maisons, sous les gouttières ou près des ruines ; les cimetières et les latrines (il existe un démon particulier des latrines, "shed shel beit ha-kisse") ; l'eau, l'huile et les miettes de pain répandues sur le sol. Ils nuisent aux personnes et aux choses qui s'approchent d'eux.
[Pessa'him 3b ; Béra'hot 3a, 62b ; Shabbath 67a ; Giṭtin 70a ; 'Ḥoulin 105 ; Sanhédrin 65b ]

Rabbi Yo'hanan connaissait 300 espèces de démons vivant près de la ville de Shiḥin (Guittin 68a).
Il est dangereux de marcher entre deux palmiers (Pessa'him 111a).
Les démons sont particulièrement nuisibles la nuit. Il est imprudent de saluer quelqu'un dans l'obscurité (qu'on ne reconnaît pas), car il pourrait s'agir d'un démon (Méguila 3a) ; de dormir seul dans une maison, car Lilith pourrait s'emparer de quelqu'un (Shabbath 151b) ; de marcher seul la nuit ou le matin avant le chant du coq (Bera'hot 43a ; Yoma 21a) ; de prendre de l'eau à quelqu'un dont les mains ne se sont pas lavées (nétilat yadaïm) le matin (Béra'hot 51a).
Les veilles du mercredi et du Sabbath sont particulièrement dangereuses, car Agrat bat Maḥlat, "le démon dansant du toit" (Yalḳout 'Ḥadach - Kechafim, 56), hante alors les airs avec sa suite de dix-huit myriades de messagers de destruction, "chacun ayant le pouvoir de nuire" (Pessa'him 112b).

Une autre période périlleuse est le midi du solstice d'été, du 17 Tamouz au 9 Av. Le démon Keṭev Meriri règne alors de dix heures du matin à trois heures de l'après-midi. Il a une tête de veau, avec une corne tournante au milieu, et un œil sur la poitrine ; son corps est entièrement couvert d’écailles, de poils et d’yeux. Quiconque le voit, homme ou bête, tombe à terre et meurt (Pessa'him 3b ; midrach Téhilim 91,3).
Les démons prennent forme humaine, mais n’ont pas d’ombre (Yébamot 122a ; Guiṭtin 66a ; Yoma 75a).
Tantôt ce sont des êtres noirs à l’apparence de chèvres (Ḳiddoucin 72a), tantôt des dragons à sept têtes (Ḳiddouchin 29a).
"Comme des anges, ils ont des ailes et volent d’un bout à l’autre du monde, et connaissent l’avenir ; et comme les hommes, ils mangent, se reproduisent et meurent" ('Ḥaguiga 16b).
Ils sont responsables des évanouissements des étudiants et de l'usure de leurs vêtements dans les écoles et les assemblées de savants (Béra'hot 6a). Mais ce ne sont pas toujours des esprits malins. De par leur nature semi-céleste, ils peuvent entendre les décrets du ciel et les hommes peuvent les consulter quant à l'avenir ; cela se fait au moyen d'huile et de coquilles d'œufs ; seul le jour du sabbat, cela est interdit (Shabbath 101a).
Hillel et Yohanan ben Zakai ont compris leurs paroles de la même manière que le roi Salomon (Massé'het Sofrim, 15,9)

Le saint Abba José de Zaintor sauva sa ville du mal, lorsqu'un démon des eaux vivant à proximité l'informa qu'un démon maléfique y avait élu domicile. Il incita alors les habitants à descendre au bord de l'eau à l'aube, munis de barres de fer et de broches, et à battre l'intrus à mort ; le sang marqua l'endroit où il fut tué (Vayikra rabba 24).
Les magiciens d'Égypte avaient recours aux démons pour accomplir leurs miracles, car toute sorcellerie est l'œuvre des démons (Sanhédrin 67b), bien que les démons ne puissent créer, mais seulement transformer les choses existantes (Sanhédrin 67b).
L'Égypte était considérée comme le bastion de la sorcellerie pratiquée par les démons (Shabbath 104b).

Certains amoraïm babyloniens employaient des shédim comme esprits bienveillants et recevaient d'eux un enseignement précieux, les appelant par des noms familiers tels que "Yossef" ou "Yonathan" (Pessa'him 110a ; 'Ḥoulim 105b ; Yébamot 122a ; 'Erouvin 43a)
Dans l'Antiquité, les démons étaient considérés comme des êtres dotés d'une intelligence supérieure.

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