+ Notre relation avec la matérialité (2e partie) :
-> Ne gâchez pas votre énergie à courir après le luxe, il vaut mieux l'utiliser pour profiter de ce que l'on a déjà.
[Rambam - Iguéret haMoussar]
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-> "Le manque et l'insatisfaction chez l'homme sont proportionnels à [son] attrait pour le matériel"
[Maharal - Nétivot Olam]
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-> "Telle est la voie qui mène à la Torah : de pain et de sel tu te nourriras, de l’eau avec mesure tu boiras, sur le sol tu dormiras, une existence de peine tu vivras, et dans [l’étude de] la Torah tu te dépenseras.
Si tu agis ainsi, tu es heureux et tu t’es acquis le bonheur.
Tu es heureux : dans ce monde-ci ; tu t’es acquis le bonheur : dans le Monde Futur."
[Pirké Avot 6,4]
=> On peut comprendre que l'on aura une récompense dans le monde à venir, mais en quoi cela nous garantit une vie heureuse dans ce monde?
-> Le Sfat Emet répond qu'il s'agit d'une personne qui est contente quoiqu'elle puisse avoir (même le minima), sans avoir de demande particulière.
[ce que j'ai réellement besoin, c'est ce que Hachem a déjà mis en ma possession.]
-> Le Ramban explique qu'on ne garantit pas à une personne qui craint Hachem d'avoir tout le bien du monde, mais ce sentiment de manquer de rien.
Une telle personne est satisfaite de son sort, du coup il ne lui manque rien!
A l'inverse, chez quelqu'un d'autre, qui ne place pas sa émouna en D., il sera toujours dans une situation de manque, et d'une certaine façon même si il a énormément de richesses, il sera beaucoup plus pauvre que l'autre, puisque lui manquant tellement!
[ => avec la émouna, on apprécie ce que l'on a (puisque fait sur mesure par Hachem), tandis que sinon, on apprécie ce que l'on n'a pas, entraînant une tristesse à l'évocation de ce que l'on a (quoiqu'il puisse avoir, il pensera : il me manque tellement!)!]
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-> "Pourquoi est-ce que les fêtes à Bavél étaient tellement joyeuse?
Car ses habitants étaient pauvres"
[guémara Shabbath 145b]
Le ‘Hatam Sofer explique que c’est également parce que les riches ont tellement de soucis, d’inquiétudes, comme il est écrit : "l’abondance de biens entraîne l’abondance de soucis" (Pirké Avot 2,7).
Pour cette raison, il est plus dur pour les riches d’être joyeux au moment des fêtes.
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-> La guémara ('Haguiga 9b) dit que la pauvreté (caractérisée par des manques) sied bien à Israël, car dans cet état, leur cœur est brisé et ils ne comptent que sur Hachem pour combler leurs manques, s'attachant ainsi davantage à Lui.
[drachot rabbi Iben Cho'im]
-> "Toute année qui commence dans la pauvreté [de l’égo] finira dans la richesse"
[guémara Roch Hachana 16b]
Rabbi Leib ‘Hassman (Ohr Yahel) enseigne que le principe de base de notre conduite à Roch Hachana, dans notre prière et nos supplications, est que nous devons exceller dans le métier de mendiants, et plus un homme s’humiliera, plus il sera digne de louanges, comme nos Sages l’on dit : "Plus l’homme s’abaisse, plus son esprit est grand" (guémara Roch Hachana 26b).
Les Tossefot explique : Si les enfants d’Israël se sentent véritablement pauvres en début d’année, leur cœur est alors brisé, et depuis le Ciel, on aura pitié d’eux pour les sortir de cet état de pauvreté et les "enrichir".
-> "Lorsqu’un juif reconnaît que son seul espoir réside en D., qu’il s’en remet uniquement à Lui, alors cette dépendance vis-à-vis de son Créateur lui donne le mérite que ses requêtes soient agréées."
[Rav Chlomo Levinstein]
-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer : "D’où (méayin – מאין) viendra mon aide?" (Téhilim 121,1).
Mon aide viendra de : אין (ayin – rien). [מ : signifiant : de]
=> Si je me considère comme rien (à l'image d'un mendiant qui a besoin même du minimum vital!), si je reconnais mon manque de valeur, c’est de là que viendra mon aide de Hachem.
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-> "Il est très facile au pauvre de s'en remettre à Hachem. A qui d'autre voudriez-vous qu'il se confie?
Mais qu'il est difficile au riche d'avoir confiance en Hachem. Toute sa fortune est là qui lui cire : 'Fie-toi à moi' "
[rabbi Moché Leib de Sassov]
-> Le défaut du pauvre? Il s'imagine que la richesse va le sortir de sa détresse!
[rabbi Ber de Radochitz]
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-> Si les riches n'ont pas honte de leur richesse, pourquoi les pauvres auraient-ils honte de leur pauvreté?
[rabbi Naftali de Ropshitz]
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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
"Lorsque nous voulons convaincre un enfant de bien étudier ou de faire ses devoirs, on lui promet une récompense : une friandise.
Chaque homme sensé sait bien que la friandise n'est pas un but en soi, mais le moyen d'encourager l'enfant à s'investir dans ses études. Lorsque l'enfant pense à la récompense promise, il étudie avec joie et fait facilement face aux difficultés.
Dans ce ce sens, nous devons nous rappeler que les plaisirs de ce monde, ne sont en quelque sorte qu'une friandise pour nous encourager à accomplir et acquérir des mérites éternels.
Tous les plaisirs et les profits n'ont été conçus qu'en tant que moyens pour servir Hachem, mais en aucun cas, ils n'ont de réelle valeur.
La valeur de tous les profits de ce monde, n'atteint pas un millionième du plus petit profit du monde futur.
[...]
En réalité, la chose qui nous pousse à toujours vouloir plus, dans la spiritualité comme dans la matérialité, a été enfouie en nous par Hachem, pour notre bien.
Hachem a fait l'homme avec une nature à aspirer à toujours plus, pour que toute sa vie, il ambitionne d'atteindre des niveaux supérieurs, plus élevés, qu'il ne se suffise jamais de ce qu'il a obtenu, qu'il aspire sans cesse à une plus grande perfection.
En ce qui nous concerne, que faisons-nous? Cette tendance, qui a été créée pour nous permettre d'acquérir une vie spirituelle, nous aider à gravir les échelons de la spiritualité, nous nous en servons pour "progresser" dans ce monde matériel.
Nous ne nous suffisons pas de ce que nous possédons, nous désirons toujours plus ...
Si nous avons une villa, nous en voulons deux. Si nous avons une voiture datant d'un an, nous en voulons une neuve. Si nous voyons un bel habit sur un autre, nous le jalousons et voulons le même, et ainsi de suite ...
Si nous voulons réellement être heureux, nous devons consacrer l'énergie de notre ambition, uniquement à un but spirituel. Nous mériterons dans ce cas de remplir notre tâche ici-bas et d'obtenir une merveilleuse existence éternelle.
[...]
Nos Sages disent : "Celui qui prend sur soi le joug de la Torah, se verra préservé du joug de la royauté et du joug de ce monde" (Pirké Avot 3,5).
Leur intention est de nous dire que l'homme est né pour devenir esclave, mais esclave de qui?
L'homme choisit lui-même : moins il sera l'esclave d'Hachem, plus il sera l'esclave des autres.
Le choix est simple ..."
[moins on est esclave de la spiritualité, plus on sera esclave de la matérialité. Et inversement!]
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-> Rabbi Yéhouda haNassi dit : "Quiconque accepte les jouissances de ce monde-ci, on le privera des jouissances du monde futur ; et quiconque n’accepte pas les jouissances de ce monde-ci, on lui accordera les jouissances du monde futur."
[Avot déRabbi Nathan – chap.25]
[chacun définira, en toute honnêteté, sa limite caractérisant une jouissance non vitale, non nécessaire (nous sommes humains et non des anges!)]
-> Se lancer dans des poursuites superflues, c'est le signe le plus évident d'un attachement excessif au monde matériel.
[rav Shraga Mendelowitz]
-> Selon rav Israël Salanter acheter quelque chose de non nécessaire est détestable.
[car signifiant que nous accordons trop d'importance au matériel!]
-> Habitues ton âme au minimum, car sinon, il [ton corps avec ses désirs] va t'exiger le maximum.
[Tséma'h Tsédek]
["Celui qui a 100, veut 200, ..." = Plus on a, plus on veut davantage!
Quoiqu'on puisse avoir, plutôt que d'en profiter, on a déjà la tête sur la prochaine chose à devoir posséder!
Plutôt que de vivre sa réalité, dans la Torah/Hachem, on est sans cesse dans l'imaginaire, esclaves de nos désirs matériels superflus.]
-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 387) explique que la mitsva de ne pas aller après notre cœur et nos yeux, fait référence à tous nos désirs pour la nourriture, l'argent, ...
-> A Novardok, le propriétaire d'un nouveau vêtement, le donnait à quelqu'un d'autre pour qu'il le porte pour la 1ere fois.
C'était une façon de diminuer l'attachement aux choses matérielles.
En ce sens, d'une manière plus générale, les étudiants y avaient l'habitude de se prêter des vêtement ou autres objets, dans l'espoir de retirer leur dépendance à ces choses.
[lorsque l'on témoigne de l'excitation pour de la matérialité, on affaiblit notre attachement à la spiritualité.
Par exemple, en faisant de la nourriture et de la boisson le principal, nous renforçons en nous l'idée qu'il n'y a pas d'autre monde que l'actuel (alors profitons à fond!), ne percevant pas le besoin de se préparer au monde à venir.
Il faut manger pour avoir les forces nécessaires à notre santé et à nos réalisations spirituelles, et non par pure gloutonnerie.]
-> Lorsque l'on fait de la Torah notre priorité, et qu'on limite son business, on en vient rapidement à réaliser que beaucoup de nos "nécessités" sont purement du luxe, et que nos vrais besoins sont rapidement pourvus.
[Pélé Yoets]
-> Quand est-ce qu'une personne sait qu'elle a besoin de quelque chose?
Lorsque Hachem la lui fournit.
[Rabbi Shlomke Zhviller]
-> Une fois, on a demandé à rabbi Moché Feinstein s'il fumait, et il a répondu : "Je ne me rappelle pas avoir mis quelque chose dans ma bouche uniquement pour le plaisir".
Son fils Réouven, rapporte qu'il ne s'appuyait pas sur le dossier de sa chaise lorsqu'il étudiait la Torah, toujours en avant, pencher avec ferveur sur le livre devant lui.
Il n'a jamais dormi plus que le minimum nécessaire pour maintenir sa santé.
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-> Lorsqu'un tsadik prie, il est certainement attaché à Hachem avec des pensées pures, claires et saintes.
Cependant, lorsqu'il mange, il tremble à l'idée que cet acte matériel/physique puisse le rabaisser et rompre sa connexion avec la sainteté.
Ainsi, lorsqu'il mange un tsadik lutte bien davantage pour se sanctifier et se lier à Hachem avec un grand attachement spirituel.
Il en découle qu'un tsadik est plus saint lorsqu'il mange que lorsqu'il prie
Pour la majorité des gens, c'est le contraire ; ils se sanctifient par leur prière davantage que lorsqu'il mange.
[Noam Elimélé'h - Kora'h]
-> "Ne vous adonnez pas trop librement à un repas que vous appréciez" [guémara Guitin 70a]
Le Divré Emet (Réé) dit que nous devons manger en l'honneur de Hachem (pour la mitsva, pour prendre des forces pour mieux Le servir, ...), et si nous apprécions trop fortement la nourriture, alors cela signifie que nous n'en mangeons plus de manière désintéressée.
Il faut alors savoir se retenir et casser son désir, jusqu'à ce que l'on ressente que nous pouvons manger avec les bonnes intentions, et alors nous pouvons retourner à notre repas.
[Hachem ne nous interdit pas de prendre de bons repas, mais même dans un acte matériel, l'essence doit rester spirituelle, et l'animalité en nous ne doit pas prendre le dessus.]
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-> La Torah (et la sagesse) ne peuvent s'accomplir qu'en "écrasant" sa matérialité, comme on "broie" les olives pour en faire de l'huile.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kidouchin 49b]
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-> Le Maharal de Prague (Nétsa'h Israël - chap.7) enseigne :
"La matérialité du corps et la spiritualité de la Torah sont totalement antinomiques. La Torah ne peut s'acquérir que par quelqu'un qui annule complètement ses désirs corporels et domine parfaitement son mauvais penchant.
S'il en est ainsi, comment peut-on accomplir la Torah dans un univers de matérialité?
La Torah ne peut s'accomplir que chez celui qui est prêt à se tuer pour elle."
-> D'après cet enseignement, nous pouvons comprendre la question posée par Alexandre le Grand aux Sages d'Israël : "Que doit faire un homme pour vivre? Les Sages répondent qu'il doit se tuer lui-même. Alexandre le Grand demande alors : que doit faire un homme pour mourir? Il doit se laisser vivre". (guémara Tamid 32a)
A présent, expliquons les paroles énigmatiques de cet échange : lorsque les Sages répondent à la première question d'Alexandre le Grand en disant que l'homme doit "se tuer lui-même" cela signifie qu'il doit tuer son égocentrisme qui le pousse à poursuivre les futilités de ce monde et à assouvir ses envies primaires.
Il ne peut pas accéder à une vie authentique, comme cela est rapporté dans la Michna : "La jalousie, l'envie et les honneurs sortent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).
A la seconde question d'Alexandre le Grand, qui demandait comment un homme doit-il faire pour mourir, les Sages répondent : "Il doit se laisser vivre" = c'est-à-dire se laisser emporter par ses désirs et ses pulsions. Il ne pourra jamais se connecter à ce qu'il vit ou tirer un quelconque profit authentique dans sa vie et sera considéré comme mort.
[Tsor ha'Haïm - 'Houkat]
-> Rabbi Yéhouda Hanassi dressa ses 10 doigts vers le ciel et déclara avant de mourir : Maître de l'univers, il est établi devant Toi que je n'ai pas tiré profit dans ce monde-ci même de mon petit doigt. (guémara Kétoubot 104a)
Tossefot explique que l'homme doit prier pour que la Torah pénètre intégralement son corps afin de pouvoir le dominer.
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-> "Depuis que le Temple a été détruit, Hachem n'a dans Son monde que 4 coudées de halakha" (guémara Béra'hot 8a)
=> Que signifie "4 coudées"?
Le Maharal nous explique que le minimum vital dans ce monde est de 4 coudées (environ 2 mètres).
Car la guémara (dans Baba Batra) nous dit que si 2 voisins ont un terrain de 7 coudées au carré, on ne peut pas le partager en leur donnant à chacun 3 coudées et demie. Ce n'est possible que s'ils ont 8 coudées, on pourra alors partager en 2 en attribuant à chacun 4 coudées.
Le Maharal dit ainsi : un homme désirant être attaché à Hachem ne doit prendre de ce monde que le strict minimum. S'il prend un peu plus que ce qui lui est nécessaire, c'est sur le compte de son attachement à Hachem.
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+ L'étude de la Torah = ce qui compte c'est l'effort investi!
-> "Quiconque aime la richesse et les plaisirs ne peut pas étudier la Torah Orale, car celle-ci exige que l’on se donne beaucoup de peine, que l’on se prive de sommeil et que l’on sacrifie son corps pour elle"
[midrach Tan’houma – paracha Noa’h]
-> Le midrach (Tan'houma - Parachat Noa'h, sec. 3) demande :
"Que signifie '[la Torah] ne se trouve pas dans la terre des vivants' (Ivov 28,13)? Peut-elle se trouver dans la terre des morts?
Cela veut dire que la Torah Orale ne se trouve pas chez celui qui recherche les plaisirs terrestres, [la satisfaction de ses] désirs, l'honneur et le prestige dans ce monde.
Elle se trouve seulement chez l'homme qui 'se tue' pour elle, comme il est écrit (Bamidbar 19,14) : 'Voici la Torah : un homme qui meurt dans une tente'.
Voici la voie de la Torah : mange du pain trempé dans le sel, bois de l'eau modérément, dors à même le sol, mène une vie de souffrance, et peine dans l'étude de la Torah."
-> Moché dit à Israël : "Combien ai-je souffert pour la Torah! Combien ai-je peiné et combien me suis-je acharné pour l’acquérir … J’ai dû passer au milieu des anges et des Séraphins, dont un seul d’entre eux pourraient brûler le monde entier … Je suis allé parmi les créatures célestes, j’ai donné mon âme et mon sang pour la Torah !
De même que je l’ai apprise dans la souffrance, vous aussi, étudiez-la dans la souffrance"
[midrach Yalkout Chimoni - chap.942]
-> "Les paroles de Torah ne se maintiennent que chez les hommes qui se sacrifient pour elle." [guémara Shababth 83b]
Le Maharcha (dans la guémara Guittin 57) précise que "se sacrifier" pour la Torah signifie : "donner la mort à son corps, en le privant de toute jouissance superflue."
-> "La Torah que j’ai étudiée dans la frustration (af), c’est elle qui s’est maintenue"
[le roi Salomon – midrach Kohélét rabba – chap.2 : "même (af) ma sagesse se maintint"]
-> "Chez qui trouve-t-on la Torah?
Chez celui qui laisse son visage se noircir pour elle [par l’exténuement], autant que le corbeau est noir "
[guémara Erouvin 21b]
-> "La Torah n’est pas au Ciel" (Dévarim chap.30) : mais si elle y était, tu aurais dû y grimper pour la retrouver, et si elle était au-delà des océans, tu aurais dû les franchir pour l’obtenir."
[guémara Erouvin 55a]
-> "L’homme peine pour comprendre [jusqu’à la limite de sa compréhension], et la Torah œuvre pour lui [révéler ses secrets]."
[guémara Sanhédrin 99b]
-> Les Tossafot (guémara Kétoubot 104a) écrivent : "Avant que l’homme prie pour que la Torah pénètre en lui, qu’il prie d’abord pour que les plaisirs matériels n’envahissent pas son corps."
En effet, un intérêt trop important envers les plaisirs matériels empêche la réussite de nos recherches spirituelles.
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-> Le Kédouchat Tsion (rabbi de Bobov) disait que pour l'étude de la Torah, les femmes auront une récompense supérieure à celle de leur mari, car elles font des sacrifices pour leur permettre d'étudier, tout en se privant de ressentir la joie de l'étude de la Torah lichma.
D'ailleurs le rav 'Haïm Chmoulévitch conseillait de dire chaque jour à sa femme avant de quitter la maison combien nous la remercions et combien nous lui demandons pardon pour tout le temps passé loin d'elle [puisqu'étant en train d'étudier la Torah].
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-> "Celui qui est rassasié fait fi des rayons de miel, mais pour celui qui a faim, tout ce qui est amer semble doux" (michlé 27,7)
Le Gaon de Vilna explique que si un homme cède à tous ses désirs, il ne ressentira aucune attirance pour l’étude de la Torah.
S’il abstient de ces satisfactions, toutes les difficultés de l’étude continue de la Torah lui seront favorables et agréables, car il goûtera la douceur de la sagesse enfouie dans la Torah.
-> "Sans farine [de quoi se nourrir], point de Torah ; sans Torah, point de farine" (Pirké Avot 3,17)
Le Knesset Israël commente : S'il n'y a pas de satisfaction avec les nécessités de base, symbolisées par la farine, et qu'une personne recherche le luxe, alors elle ne méritera pas de véritables accomplissements dans la Torah.
-> Dans la guémara (Sanhédrin 111a), on trouve l’anecdote suivante : Rav vit que rav Kahana se frottait la tête [Rachi : et il se détendait pendant qu’il étudiait la Torah ].
Lorsqu’il se présenta devant Rav, ce dernier lui dit : "Elle est introuvable au pays des vivants" (Iyov 28) = on ne trouvera pas la Torah chez ceux qui se préoccupent de leur bien-être en l’étudiant."
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-> Hachem a placé la nourriture de l’âme et la sainteté dans la bouche, qui est le lieu de la nourriture du corps et de sa force, afin que l’homme s’en inspire pour que la tâche sainte, qui se déroule en cet endroit, soit accomplie au moins aussi bien que la tâche profane.
Puisqu’avec la bouche on accomplit le travail du corps avec plaisir et beaucoup d’empressement, de tout son corps, qu’on accomplisse de la même manière la tâche sainte, qui est l’étude de la Torah, et se trouve également dans la bouche, ainsi que l’ont dit nos Sages : "Elle est la vie pour ceux qui la font sortir de leur bouche".
Si les deux tâches ne sont pas exécutées de la même façon, il n’aura rien à répondre au moment du jugement.
C’est pourquoi l’homme doit se sanctifier par l’étude de la Torah avec joie et enthousiasme, par la force de la matérialité qui se trouve dans la même bouche, qu’elles soient au moins comparables.
[Ben Ich 'Haï]
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-> Le Rav Wolbe écrivit une fois une de ses lettres alors qu'il voyageait en avion de la Suisse à la France :
"La durée du trajet que j'entreprends est d'environ une demi-heure car je voyage par les airs. Le même trajet par la terre ferme prendrait à peu près 8 heures, même en train (et en voiture encore bien plus).
La raison en est que, malgré les performances du chemin de fer, celui-ci demeure encore tributaire du relief du terrain sur lequel il doit avancer, les montagnes et les plaines, les descentes et les montées.
Il en est de même du travail de l'homme : tant qu'il est encore lié au matérialisme, son chemin pour parvenir à des degrés spirituels est beaucoup plus long. Plus il s'efforcera de s’en détacher, plus il raccourcira ce chemin et atteindra facilement ce qui lui demande de fastidieux efforts tout au long de l'année."
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-> Rabbenou Bé’hayé ('Hovot haLévavot - prichout chap.2) au sujet des effets de l'étude :
"l'intention de la Torah est que l'esprit dirige tous les penchants et désirs de l'âme et tous les plaisirs du corps ; et que l'esprit soit plus fort qu'eux.
Il est très connu que le renforcement des désirs (taavot) contre l'esprit est la racine de toutes les fautes et la raison de toutes les dégénérescences. Je sais que le Peuple ne s'est rapproché de la matière qu'après s'être éloigné de l'étude de la Torah".
-> "Celui qui demande le désir (taava) se sépare (nifrad)" (Michlé 18,1).
Le Gaon de Vilna explique : le roi Shlomo vient enseigner que seul celui qui se sépare de la Torah réclame la taava, car la Torah casse les taavot. Quand l'homme s'éloigne de la Torah alors les taavote le poursuivent et il les poursuit également.
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-> "Ni de ton manger tu en tireras un profit" (Béhar 25,37) = c'est-à-dire la Torah nous met en garde que même le manger qui t'est permis, il faut en consommer mesurément, car si l'homme se laisse entrainer par son palais, il dépasse les limites de ce qui est bien, et par cela la lumière de son âme s'obscurcit.
Lorsque l'un se relève l'autre redescend = c'est-à-dire, que lorsque l'homme augmente les plaisirs matériels il diminue en lui les désirs spirituels.
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Béhar 25,37]