Aux délices de la Torah

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Vayéra – la grandeur de suivre les comportements d’Hachem

+ Vayéra - la grandeur de suivre les comportements d'Hachem :

-> La paracha Vayéra nous enseigne une règle surprenante : la ha'hnassat or'him (accueillir des invités) est si importante qu'elle a même la priorité sur le fait de saluer/accueillir la Présence Divine (Chekhina).
Ce principe découle de l'épisode qui débute la paracha : Avraham était assis à l'entrée de sa tente, attendant que quelqu'un apparaisse à l'horizon pour tenter d'accomplir la mitsva de ha'hnassat or'him. Cependant, avant que quelqu'un n'arrive, Hachem lui apparut. Bien que la Chékhina soit devant lui et malgré une douleur aiguë due à sa circoncision (brit mila) trois jours plus tôt, Avraham se leva et courut lorsqu'il aperçut trois nomades au loin. Cet épisode nous apprend que le fait d'accueillir des invités a la priorité sur le fait d'accueillir la Chékhina (guémara Shabbath 127a).

=> On peut toutefois se demander s'il en est vraiment ainsi. Supposons qu'un éminent roch yéchiva vienne vous rendre visite. Devriez-vous l'abandonner pour vous occuper d'une personne nécessiteuse que vous voyez passer dans la rue? Bien sûr que non! Comment Avraham aurait-il pu choisir les invités plutôt que la Ché'hina?
Pourquoi Avraham a-t-il déployé tant d'efforts en matière de ha'hnassat or'him, semblant même aller au-delà de la norme en préparant des plats auxquels les gens ne s'attendaient même pas?

-> L'Alter de Slobodka explique qu'il existe 2 formes de 'hessed (bonté).
La première consiste à répondre aux besoins de son prochain. Le Rambam (Hilkhot Avélout 14,1) affirme que les actes de bonté tels que la ha'hnassat or'him sont inclus dans la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même (Kédochim 19,18).
Cette forme de 'hessed ne s'exprime que dans les domaines où le prochain est manifestement déficient.

Dans la deuxième forme de 'hessed, une personne est si attentionnée qu'elle cherche toujours à se rendre utile. Elle évalue et réévalue une situation jusqu'à ce qu'elle trouve un moyen d'aider son prochain, même si aucun manque n'est apparent.
Tel était le 'hessed d'Avraham, et il découlait de son désir d'imiter Hachem. Tout comme Hachem a créé le monde afin d'amener à l'existence des êtres capables de recevoir Sa bonté, Avraham a lui aussi cherché des moyens d'accorder de la bonté aux autres.
Si une personne n'était pas habituée à consommer de la viande et du vin, Avraham l'initiait à ces plats, afin de pouvoir lui en donner encore plus. C'est le 'hessed dans sa forme complète et Divine (comme l'explique le Rambam - Hilkhot Déot 1,6).
[Avraham faisait du 'hessed uniquement pour qu'autrui reçoive un maximum de 'hessed (il s'intéressait à l'autre pour comprendre ce qu'au fond de lui il pouvait avoir besoin, non seulement en apparence), et non pas pour en recevoir une récompense dans le monde à Venir, comme un investissement pour recevoir de la faveur en retour d'autrui, ...]

Cela explique également comment Avraham a pu quitter la Chékhina lorsqu'il a vu les voyageurs. En fait, il ne quittait pas du tout la Chékhina.
Recevoir la Chékhina est en effet une forme de connexion avec Hachem, mais une forme qui est simplement externe.
Et en imitant la conduite d'Hachem, Avraham faisait entrer Hachem en lui (révélation interne de la Chékhina).

Le rav Eliyahou Desler note que les formes externes de connexion avec Hachem, même quelque chose d'aussi élevé que la prophétie, ne garantissent pas qu'une personne restera à un niveau spirituel élevé.
Par exemple, Hachem a parlé à Kayin, qui a ensuite tué son frère Hével.
Les liens extérieurs ont beaucoup moins de valeur que le fait de faire ce qu'Hachem veut.
Lorsque nous suivons les voies d'Hachem, nous faisons de Lui une partie de nous-mêmes. Cela a un impact beaucoup plus important sur nous.

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=> Nous apprenons de là que certes cela serait super si Hachem pouvait nous apparaître "face à nous", mais en réalité nous pouvons déjà faire beaucoup mieux, en imitant Sa façon de se comporter, alors nous Le faisons apparaître en nous-même, et alors nous bénéficions de Ses bénédictions et de l'impact de Sa grande proximité.

Lé’h Lé’ha – Faire la volonté d’Hachem

+ Lé'h Lé'ha - Faire la volonté d'Hachem :

-> L'influence d'Avraham Avinou sur le monde est inimaginable.
Alors que tout autour de lui, les gens croyaient aux idoles, Avraham a reconnu le D. unique qui a créé l'univers, il s'est engagé sur une voie qui l'a distingué du reste de l'humanité.
La nation d'Israël, sa descendance, est devenue le summum de la création, dans le but de transmettre le message de la Torah au monde entier et de servir d'exemple à toute l'humanité.
Le midrach (Béréchit rabba 14,6) décrit Avraham comme le "plus grand des géants", digne d'être créé comme premier homme à la place d'Adam haRichon. En effet, la raison pour laquelle Avraham a été créé après Adam était qu'il pouvait rectifier la faute d'Adam, qui avait mangé de l'Arbre de la Connaissance.

=> Comment Avraham a-t-il rectifié la faute d'Adam haRichon?

-> Le rav Aryeh Finkel explique : Adam a fauté parce qu'il a mangé de l'Arbre de la Connaissance, il pourrait mieux servir Hachem.
Avant la faute, sa tâche consistait à maintenir un état d'élévation. Cela n'exigeait aucun effort sérieux de sa part.
Ainsi, Adam a pensé que tomber d'un état [spirituel] idéal et choisir d'y retourner et de le reconquérir serait certainement un plus grand service à Hachem [plus méritant].
Sa faute était de penser qu'il savait mieux qu'Hachem.
Quelle que soit la hauteur de ses intentions, Hachem n'avait demandé qu'une seule chose à Adam : obéir à Son commandement. Adam a fauté en choisissant d'honorer son intellect plutôt que son Créateur. [ce que JE pense qui est mieux à faire, ce que JE pense qui fera plus plaisir à Hachem, plutôt que de se conformer à SA volonté. (n'ajoute pas par toi-même, car sinon tu risques de diminuer ce qui est strictement demandé. Le risque étant de se créer le dieu qui nous arrange.) ]

Avraham a fait le contraire, en annulant son propre intellect et même ses sentiments face à la volonté d'Hachem. Il s'éleva tellement au-dessus de ses propres sentiments qu'il entreprit même avec enthousiasme d'accomplir le commandement de sacrifier son propre fils. Et ce, malgré la promesse d'Hachem que ce même fils poursuivrait la mission de sa vie.
En subordonnant constamment sa volonté à celle d'Hachem, Avraham a enseigné à l'humanité sa raison d'être. C'est précisément le test auquel Adam a échoué.

[Hachem ne nous demande pas d'être de simples robots suivant Son ordre. Mais on doit exploiter notre unicité, notre vision personnelle des choses et notre ressenti unique, pour faire un service Divin [selon Sa volonté] qui sera unique dans l'Histoire juive, plein de joie, de fierté, de sentiments uniques envers Hachem.
=> Avraham nous apprend que : Plutôt que de se croire plus intelligent en pensant savoir mieux que Lui ce qu'Il désire que nous fassions, nous devons plutôt chercher à embellir notre façon de faire Sa volonté (ex: davantage de joie, de zèle, de concentration, ...) ]

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-> Le rav Réouven Fine se demande comment nous pouvons apprendre à transcender nos propres sentiments et notre intellect pour obéir à Hachem. Cela ne revient-il pas à nier notre essence même en tant qu'êtres humains? D'ailleurs, comment Avraham y est-il parvenu?

Le rav Fine répond qu'Avraham aimait Hachem de toutes les fibres de son être. Il aspirait à canaliser toute son énergie au service d'Hachem, comprenant qu'il s'agissait là de son véritable but dans la vie. Avec un désir si intense d'accomplir la volonté d'Hachem, toutes les pensées et tous les sentiments contraires disparaissaient, comme s'il n'y avait pas de conflit du tout.

La michna (Pirké Avot 5,3) affirme qu'Avraham a subi 10 épreuves et les a toutes surmontées.
Rachi commente que non seulement Avraham a évité de faire ce qui était contraire à la volonté d'Hachem, mais qu'il ne lui est jamais venu à l'esprit de se demander pourquoi il était mis à l'épreuve. Son amour pour Hachem effaça tous ses autres sentiments.
Le Ya'avetz (Avot 5,3) souligne qu'Avraham a réussi à se consacrer entièrement à la volonté d'Hachem dans tous les domaines de sa vie. Rien ne pouvait interférer avec sa loyauté envers Hachem.

-> Nous pouvons nous aussi atteindre un niveau d'amour pour Hachem qui l'emporte sur nos autres désirs. Si nous consacrons du temps à réfléchir à la bonté d'Hachem et à notre gratitude envers Lui, cet amour peut changer nos pensées et transcender les désirs basiques du mauvais penchant.
Là où se trouve notre cœur, nos pensées le seront aussi.
Toute chose qui se passe dans notre vie peut être une occasion de remercier Hachem, de demander de l'aide à Hachem, ... et ainsi on développe notre amour pour Lui, on développe notre attachement et notre envie de faire Sa volonté en retour.
[nous Lui sommes redevables, nous avons envie de Lui faire plaisir en faisant Sa volonté, et nous savons que puisqu'Il n'a besoin de rien s'Il nous le demande c'est que c'est ce que nous avons de mieux à faire ... En ce sens, fasse aux envies de fauter, nous pouvons répondre à notre yétser ara : c'est très intéressant, séduisant, ce que tu me proposes, mais désolé j'ai mieux à faire! ]

Noa’h – la réelle raison du Déluge : le manque d’ambition spirituelle

+ Noa'h - la réelle raison du Déluge : le manque d'ambition spirituelle :

-> Dans la paracha Noa'h, Hachem informe Noa'h qu'il a décidé de détruire l'humanité en raison de sa corruption. Nos Sages avancent plusieurs raisons à cela.
Le midrach (Béréchit rabba 26,5) semble impliquer que l'immoralité était la cause première du Déluge (maboul), affirmant que même les personnes les plus honnêtes ont été enveloppées dans la destruction causée par ce faute.
Cependant, la guémara (Sanhédrin 108a) affirme que le verdict n'a été scellé qu'à cause du vol.

Le Ramban (Noa'h 6,4) semble donner une raison totalement différente.
Il explique qu'Hachem a créé l'homme dans le but d'en faire un être élevé et spirituel, s'élevant au-dessus des animaux et de tout comportement basique.
Hachem a fait de l'homme un être droit, unique parmi toute la création, pour lui montrer qu'il a la possibilité de s'élever et de devenir le sommet de toute vie. L'échec de l'homme dans cette noble mission exigeait la justice ; c'est pourquoi Hachem a provoqué le Déluge.

=> Il semble y avoir plusieurs raisons différentes pour la destruction de l'humanité, et chacune est décrite comme étant la seule raison. Comment comprendre cette contradiction?

-> Le rav Yérou'ham Bordiansky (machgia'h de la yéchivat Kol Torah) répond que toutes les raisons susmentionnées sont en fait une seule et même raison.
Rabbénou Yona (1ere section de Chaaré Téchouva), écrit que si une personne ne s'efforce pas de contrôler ses instincts et de maîtriser ses désirs, elle tombera inévitablement dans les griffes de la faute. Rien ne peut l'empêcher de continuer à descendre en spirale sur le chemin destructeur de l'immoralité.
Le rav Bordiansky poursuit en expliquant qu'en effet, l'effondrement moral qui s'est produit au moment du déluge a commencé par un manque d'aspiration à la sainteté, comme le dit le Ramban. Lorsque les gens ont cessé d'aspirer à la spiritualité, la recherche de la matérialité a détérioré le tissu moral de la société jusqu'à ce que la licence règne dans les rues. C'est l'état auquel le midrach fait référence.

La situation a continué à se détériorer jusqu'à ce que les gens n'aient plus aucune retenue et volent en plein jour. L'intensité de leurs désirs les submergeait et les conduisait à des comportements généralement désapprouvés dans les sociétés normales.

Lorsque nos Sages déclarent que le décret du Déluge a été scellé à cause du vol, cela va au-delà du mal inhérent au vol lui-même. En volant sans honte en plein jour, les gens ont montré qu'ils avaient renoncé au rôle élevé que l'humanité était censée remplir. C'est ce qui a justifié la destruction de l'humanité.
Lorsque les hommes sont descendus au niveau des animaux, les choses ont atteint le point de non-retour. Le but même de la création et la vision d'Hachem pour l'homme, à savoir qu'il devienne un être élevé et angélique, n'avaient pas abouti.

[l'idée est incroyable : la cause du Déluge est le manque d'aspiration spirituelle de la génération. D'une certaine façon, de même que chaque être (qui est un monde en soi) s'est détruit en n'exploitant pas ses magnifiques potentialités, alors de même le monde a dû être détruit.
C'est le message du Déluge : nous ne devons jamais cesser d'avoir et d'entretenir une ambition spirituelle infinie. Nous avons une partie Divine en nous, et nous voulons par nos actions tendre et nous rapprocher pour l'éternité le plus possible d'Hachem. Ainsi, désirons, visons, l'infini : papa Hachem. (et Il nous aidera alors à cela, mais à nous d'initier le premier pas!)
Le Maharal nous enseigne qu'après notre mort nous ne pourrons plus évoluer spirituellement, nous resterons au niveau que nous avons acquis de notre vivant. Cependant, il y a une exception : si nous avions des aspirations sincères que nous n'avons pas pu réaliser (ex: pas les capacités, pas le temps, ...), alors même après notre mort on nous permettre de les atteindre. Ainsi, nous avons tout intérêt a avoir des aspirations spirituelles les plus élevées possibles, désirant de tout coeur le maximum!! ]

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-> La paracha nous apprend également que même la plus petite concession aux désirs d'une personne a le potentiel d'abaisser considérablement le niveau spirituel d'une personne.
Après le déluge, Noa'h s'est contenté de planter une vigne, mais la Torah atteste (voir Rachi sur Noa'h 9,20) que Noa'h s'est "avili".
Le rav Aharon Kotler explique l'utilisation par la Torah d'un langage aussi fort : l'acte même de planter une vigne était l'expression d'un désir matériel. Bien qu'il puisse être utilisé à de bonnes fins, par exemple pour rendre les gens heureux, le vin est avant tout connu comme un moyen de plaisir et d'ivresse.
De toutes les activités qu'il aurait pu choisir d'entreprendre, pourquoi Noa'h aurait-il choisi quelque chose d'aussi étroitement associé à la matérialité?

De plus, les ramifications de cet acte préjudiciable sont allées bien au-delà de Noa'h lui-même, jusqu'à ce jour, tous les descendants de Noa'h sont affectés par cet acte. La plantation d'une vigne a valu à Noa'h le titre d' "homme de la terre" (ich aadama - Noa'h 9,20) ; ce titre réapparaît dans la prière "Alénou Léchabéa'h" lorsqu'elle décrit tous les non-juifs comme "les familles de la terre" (michpé'hot aadama).
En plantant une vigne, Noa'h a choisi de poursuivre sa nature profonde. À ce jour, toute l'humanité a suivi les traces de Noa'h et est donc appelée à juste titre "les familles de la terre".
Même pour le peuple juif, il a fallu l'esclavage en Egypte, la sortie d'Egypte et le don de la Torah pour s'élever au-dessus du choix de Noa'h. Nous voyons clairement que même un petit geste visant à satisfaire ses désirs peut jouer un rôle fatidique dans l'orientation de l'avenir de l'humanité.

-> Pour s'élever au-dessus de la stupeur de la matérialité, le rav Ben Tsion Aba Shaul conseille de changer véritablement de perspective sur la vie.
Nous avons tous des désirs, et pour beaucoup d'entre nous, la Torah semble restreindre notre expression personnelle. Cependant, en canalisant l'énergie qui sous-tend nos désirs vers l'aspiration à des niveaux plus élevés de service à Hachem, nous pouvons nous libérer du cercle vicieux de la poursuite des désirs.
Au lieu de nous sentir obligés de lutter contre nos désirs, nous pouvons les canaliser vers quelque chose de positif, et même exploiter leur pouvoir pour améliorer notre service d'Hachem.

-> Reconnaissons que les êtres humains, et en particulier les juifs, ont un énorme potentiel de sainteté. Chacun d'entre nous possède la capacité de transcender sa nature personnelle.
Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Yitro 19,6) dit que si quelqu'un s'engage pleinement dans la Torah, il a le potentiel de s'élever même au-delà de la sainteté des anges.
Selon le Ohr ha'Haïm, il semble que la seule raison pour laquelle nous ne voyons pas de tels résultats dans nos propres vies est que nous ne nous sommes pas pleinement engagés dans le programme de la Torah. Nous sommes distraits par les nombreuses petites choses de la vie et oublions l'image noble de ce que nous pourrions devenir.

-> Le rav Its'hak Zilberstein insiste sur le fait que nous ne devons pas sous-estimer l'énorme potentiel spirituel inhérent à notre âme.
[le travail principal du yétser ara est de nous faire oublier notre potentialité interne Divine, afin que nous nous contentons d'une vie spirituelle moyenne, et non exceptionnelle. ]
Le rav El'hanan Wasserman disait de son rav, le 'Hafets 'Haïm, que son incroyable maîtrise des yeux lui donnait la capacité de voir ce que les autres ne pouvaient pas voir, il savait ce qui se passait dans le monde entier et pouvait même pressentir ce qui se passerait dans l'avenir. Le contrôle que le 'Hafets 'Haïm exerçait sur ses propres désirs lui permettait de saisir des concepts qui dépassaient le domaine de la conscience humaine.

Le rav Zilberstein note :
"Mais le 'Hafets 'Haïm n'est pas le seul à être capable d'un tel exploit. Chaque juif a le potentiel et la possibilité d'atteindre de tels sommets."

-> Le Shomer Emounim affirme que même si nous n'atteignons pas ce niveau élevé, chaque effort pour nous contrôler est extrêmement précieux.
Il déclarait : "Chaque fois qu'une personne s'efforce de surmonter l'un de ses désirs primaires, cet accomplissement considérable ne passe pas inaperçu. À ce moment-là, elle peut demander à Hachem tout ce dont il a besoin et ses prières seront certainement exaucés!"

Kirouv – L’approche de Noa’h et d’Avraham

+ Kirouv - L'approche de Noa'h et d'Avraham :

-> Dans la paracha Noa'h, Noa'h a averti les gens de sa génération que s'ils ne changeaient pas leurs mauvaises habitudes, Hachem provoquerait un déluge catastrophique qui détruirait le monde entier.
La guémara (Sanhedrin 108b) indique que Noa'h a réprimandé le peuple pendant 120 ans, mais ses efforts se sont avérés vains. Ils refusèrent de se repentir. Au bout de 120 ans, Hachem tint sa promesse et provoqua le déluge.

=> Pourquoi la réprimande de Noa'h n'a-t-elle pas incité les masses à se repentir?
Noa'h était une personne puissante et très estimée. Il aurait certainement dû être capable d'influencer ceux qui l'entouraient. La Torah elle-même témoigne qu'il était un "homme parfaitement juste" qui "marchait avec Hachem". Si Noa'h était un tel tsadik, comment se fait-il qu'il n'ait pas inspiré une seule personne?

-> Le Sforno (Noa'h 6,9) répond qu'aussi grand qu'ait été Noa'h, son approche était défectueuse. Noa'h a exhorté les gens à faire face à la décadence de leurs habitudes, en espérant qu'ils verraient à quel point ils s'étaient éloignés des normes de la décence.

Ses paroles sont tombées dans l'oreille d'un sourd pour une raison simple : dire à quelqu'un que son comportement est inapproprié est une méthode vouée à l'échec. L'individu a tendance à rationaliser son propre comportement. De plus, lorsqu'il est attaqué, il se défend automatiquement, rejetant toute logique en disant que c'est "juste son opinion".

Cette forme de réprimande contraste fortement avec celle d'Avraham.
Lorsqu'Avraham voulait changer les gens, il commençait par leur parler d'Hachem. Lorsqu'une personne comprend qu'Hachem a créé le monde et qu'Il envisage que l'humanité se comporte d'une certaine manière, elle commence à se soumettre à cette vision et finit par obéir à la volonté de son Créateur.
Avraham, en aidant les égarés à croire en Hachem, les a incités à entreprendre une vie d'amélioration personnelle. C'est ainsi qu'ils devinrent ce qu'Hachem voulait qu'ils soient, par leurs propres moyens.
[rabbi Moché Krieger]

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[ainsi, l'approche consistant à mettre autrui face à ce qu'il a fait de mal afin de le réveiller spirituellement, n'est pas la plus adaptée.
Au contraire, nous devons faire ressortir toute la beauté enfouie en autrui (ex: l'idée à transmettre est que tu es quelqu'un de sublime, d'important, et en ce sens il faudrait améliorer une petite petite chose, dans laquelle nous nous trompons presque tous), on doit témoigner à autrui de l'appréciation (tu seras toujours aimé et important aux yeux d'Hachem, peu importe ce que tu as pu faire!), on doit l'encourage, le valoriser, ...
Plutôt que d'éteindre la lumière d'autrui afin qu'il se tourne vers D., nous devons plutôt lui donner beaucoup de chaleur spirituelle afin qu'il reprenne des forces et qu'il puisse davantage servir vers Hachem.

Avraham représente la bonté, la positivité, et en ce sens le rav Henoch Alexander dit qu'après la mort d'Avraham ceux qu'il avait converti ont quitté la religion juive, car ils ne pouvaient tolérer la midda d'Its'hak qui était la "pa'had" (crainte, [rigueur]).
Dans notre génération, nos Sages disent que la plus grande pauvreté est celle des sentiments, nous avons tous besoin de se sentir appréciés, valorisés, ... et il est donc vital de faire cette tsédaka par des mots, des sourires, de la présence, de l'écoute, ... (de plus quand autrui se rend compte : c'est ça un juif!, alors il aura encore plus envie d'agir pour leur boss, notre papa Hachem.)]

Confiance & attachement à Hachem

"Tu t'attacheras à Lui" (Ekev 10,20)

-> Le Messé'h 'Hokhma commente que ce verset nous enseigne la mitsva d'avoir du bita'hon :
"Hachem est "notre Roi, notre Père, notre Sauveur" (Yéchayahou 33,22). Nous avons la émouna qu'Il est attaché à Ses créatures afin de subvenir à leur subsistance et à leurs besoins, et qu'il est à leurs côtés afin de les protéger de toute souffrance, de toute maladie et de tout manque vital, et qu'Il ressent plus que lui-même, ce qu'un homme ressent.
"Dans toutes leurs épreuves, Il est avec eux dans l'épreuve" (Yéchayahou 63,9), Il est Tout-Puissant, Unique, Hachem et connaît les agissements, les pensées profondes et les manigances de chacun ; Il agit donc pour son bien, mieux qu'il ne le ferait lui-même.
Dès lors, l’homme peut demeurer confiant, tranquille et serein et il ne lui incombe d'accomplir comme efforts pour obtenir sa subsistance que ce que le Créateur lui a imposé par décret Divin, comme l'a largement développé le célèbre 'Hassid (le 'Hovot Halévavot) dans son 'Chaar Ha Bita'hone'.

Et c'est tout le thème du verset : "Tu t'attacheras à Lui", car en se représentant mentalement qu'il est attaché à la Providence Divine et qu'Hachem ressent ses besoins mieux que lui-même, l'homme reste confiant et serein, et il ne s'inquiète jamais au sujet de ses affaires. Que valent, en effet, ses propres possibilités en regard de celles du Créateur auquel il est attaché, et qui ressent (si l'on peut dire) tout ce qui lui manque?
C'est ce qui s'appelle "attachement". Cette mitsva concerne tout le monde sans exception, comme nos Sages le commentent à propos du verset : "Nombreuses sont les souffrances du racha, et celui qui place sa confiance en Hachem, la bonté l'enveloppera" (Téhilim 32,10) = "même un racha, s'il place sa confiance en Hachem, la bonté l'enveloppera. Car puisqu'il place sa confiance en Lui, Hachem, par bonté, le sauvera"."

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-> "Il n'y a pas de désir au monde qui soit plus doux et plus chéri, plus aimé, plus désiré et plus espéré que l'attachement à Hachem"
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Béréchit 2,1]

Le miracle de ‘Hanoucca se renouvelle chaque année

+ Tous les miracles que D. a accomplis pour nous au cours de l'histoire émanent d'un niveau de divinité qui transcende le temps. Par exemple, le miracle de notre sortie d'Égypte, la division de la mer Rouge et du Jourdain, tous ces miracles ont transcendé la nature.
En revanche, les miracles de Hanouca et de Pourim sont investis dans la nature. Les 'hachmonaïm se sont engagés dans la guerre et la reine Esther a joué un rôle actif dans le miracle de Pourim.

Chaque année, à cette époque, le miracle se manifeste à nouveau, et Hachem accorde le salut et la délivrance à sa nation pendant ces jours.
C'est pourquoi nous disons dans l'ajout de Hanouca à la prière de la Amida : "Et tu as fait à Ta nation juive ... comme en ce jour". Nous disons spécifiquement "comme en ce jour", indiquant que même aujourd'hui, Hachem nous accorde le salut et la délivrance, tout comme Il l'a fait à cette époque.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - 'Hanoucca]

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=> Le miracle de 'Hanoucca s'est déroulé de manière naturelle et il se répète chaque année.

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-> Selon la guémara (Shabbat 21b) : les Sages ont institué 'Hanoucca comme fête fixe "l’année suivante" (celle du miracle).
Pourquoi ont-ils attendu un an pour instituer 'Hanoucca? Ils auraient dû instituer Hanouka immédiatement après le miracle.

Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi - kédoucha richona, voir aussi Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada) explique qu’au début, ils pensaient que les miracles de 'Hanoucca étaient un événement unique, un miracle destiné à sauver les juifs à cette époque précise.
L’année suivante, les Sages ont perçu que les miracles se reproduisaient (avec une influence spirituelle identique). Ils ont compris que les miracles de 'Hanoucca se reproduiraient chaque année, alors ils ont institué 'Hanoucca comme fête à célébrer chaque année.

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-> Le Bné Yissa'har (Kislev 4,9) enseigne que les miracles de 'Hanoucca se reproduisent chaque année. Nous ne commémorons pas seulement un miracle survenu dans les temps anciens, il y a des millénaires.
Ceci est suggéré par nos Sages (Massekhta Sofrim 2,1), qui dit : "Il est interdit d'allumer [les lumières de 'Hanoucca] dans une vieille lampe" (אסור להדליק בנר ישן).
Nous ne commémorons pas uniquement des miracles des temps anciens, mais plutôt des miracles qui se produisent aujourd'hui.

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-> "En raison de la droiture de Matisyahou ben Yo'hanan Cohen gadol et de ses enfants, les portes de la bonté ('hessed) et des miracles s'ouvrent [chaque année] pendant les 8 jours de 'Hanoucca.
Il est probable que les portes s'ouvrent lorsque nous allumons les bougies/lumières de 'Hanoucca et lorsque nous disons Hallel et Al HaNisim. Cela fait descendre la bonté et les miracles en bas."
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

Notre émouna donne de la puissance à Hachem

+ Hachem dit à Moché : "Pourquoi cries-tu vers moi? Parle aux Bné Israël et ils partiront" (Béchala'h 14,15)

-> Rachi commente : "Moché était debout et priait, et Hachem lui dit : "Ce n'est pas le moment de faire une longue prière, car le peuple juif est en détresse".

Pourquoi n'était-ce pas le moment de prier?
En vérité, tout moment est propice à la prière. Cependant, ce n'était pas le moment de faire une longue prière ... car la longue prière de Moché donnait au peuple juif le temps d'exprimer ses plaintes.
Ces plaintes sont autant de munitions pour la midat hadin (l'Attribut strict de la Justice), comme l'indique Rachi (Béchala'h 14,19) : " Israël était jugée à ce moment-là pour savoir si il serait sauvée ou non".

Leur manque de foi les met en danger, car Hachem déploie Sa puissance en proportion directe de la foi de Ses sujets. Lorsque ses sujets mettent leur foi en Lui, ils méritent de voir Sa main puissante.

Cependant, lorsqu'ils ne Lui font pas confiance, Sa puissance est diminuée, comme l'indique la Torah : "le Tsour (rocher, l'un des noms d'Hachem) qui t'a donné naissance est devenu "faible"" (Haazinou 32,18).
Il est évident qu'Hachem n'est pas faible. Cependant, notre manque de foi fait que Hachem apparaît faible.
[Maharal - Gour Aryé]

[il est écrit : "donner de la force à D." (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35). Ainsi, plus nous témoignons de la émouna, plus nous donnons de la force à Hachem pour qu'Il puisse nous combler du meilleur. ]

Il le reconnut et dit : "C'est le manteau de mon fils ; une bête sauvage l'a dévoré, Yossef a été déchiqueté" (Vayéchev 37,33)

-> Rachi commente : "Les frères de Yossef ont lancé une interdiction, maudissant quiconque révélerait que Yossef était vivant, et ils ont même fait d'Hachem un associé de l'interdiction".

=> Comment les frères ont-ils pu interdire à Hachem de révéler leur vente de Yossef?
La réponse est que les frères n'ont pas réellement tenté d'imposer un interdit à Hachem. Ils ont plutôt inclus Hachem dans le quorum de 10 qui est nécessaire pour la mise en œuvre d'un interdit. [midrach Tan'houma - Vayéchev]
Réouven n'était pas présent à ce moment-là, et sans lui, les frères n'étaient que neuf. Hachem est omniprésent, et en tant que tel, Sa présence peut être prise en compte dans le quorum.
Le midrach (Pirké déRabbi Eliézer 38) l'explique clairement : "Les frères firent remarquer que Réouven n'était pas là et qu'une interdiction ne pouvait être mise en œuvre avec moins de 10 personnes. Que firent-ils? Ils ont inclus le Makom avec eux". Le midrach se réfère à Hachem en tant que
"Makom", le lieu, parce qu'Il est omniprésent.

Bien qu'Hachem ait été inclus dans le quorum, permettant aux frères de mettre en œuvre l'interdiction, cela ne garantissait pas qu'Hachem ne révélerait pas que Yossef était vivant. Après tout, leur interdiction n'était contraignante que pour la chair et le sang, et non pour Hachem.
Néanmoins, Hachem choisit de respecter l'interdiction, comme le relate le midrach (Tan'houma 2) : " Hachem s'est tu à cause de l'interdiction, et Il ne l'a pas révélé [le secret de la vie de Yossef] à Yaakov".
Bien qu'Hachem ait choisi de ne pas révéler la vente de Yossef à Yaakov, Il l'a révélée à Its'hak et à Binyamin. Après tout, l'interdiction ne portait que sur la vente de Yossef à Yaakov, mais pas à d'autres.
Its'hak et Binyamin n'ont pas révélé l'affaire à Yaakov, parce qu'ils ont compris intuitivement que la volonté d'Hachem était que Yaakov n'en soit pas informé.
[d'après le Maharal - Gour Aryé Vayéchev 37,35]

Notre émouna en une promesse d’Hachem permet de la rendre réelle

+++ Notre émouna en une promesse d'Hachem permet de la rendre réelle :

"D. s'est souvenu de Sarah comme Il l'avait dit, et D. a fait à Sarah ce qu'Il avait dit" (Vayéra 21,1)

-> Lorsque D. promet d'accorder une faveur particulière, il est clair que cette faveur est initialement liée à Lui et qu'elle est latente dans Son pouvoir, à un niveau où il n'y a pas de distinction entre le passé, le présent et l'avenir.
Les bénéficiaires, qui doivent recevoir cette faveur, doivent faire passer cette bonté du potentiel à la réalité, en veillant à ce qu'elle se révèle rapidement. En effet, tant qu'elle est cachée dans les pensées de D., elle reste dans le domaine du caché. On peut donc dire qu'elle existe dans le monde à Venir, c'est-à-dire dans le domaine qui sera révélé dans l'avenir mais qui est encore caché à l'heure actuelle.

C'est par la émouna que l'on obtient cette bonté du futur dans le présent.
En d'autres termes, le tsadik croit que D. tiendra certainement Sa promesse et attend à chaque instant avec impatience la réalisation de cette promesse. Ce désir ardent et cette anticipation du tsadik, générés par sa foi (émouna), s'attachent à la pensée Divine associée à la promesse, l'attirant dans l'état présent de sa émouna, actualisant ainsi la bonté.

Telle est donc la signification du verset "Pour toujours, D., ta parole demeure dans les cieux" (Téhilim 119,9). La parole de D., la promesse de bonté, est à l'état spirituel, cachée et fixée dans les cieux. Mais grâce à la émouna, mentionnée dans le verset suivant : "Ta foi est dans chaque génération" - "Tu affermis la terre et elle subsiste", ce qui signifie que "Tu as fourni un outil grâce auquel la bonté promise peut être révélée".

[ c'est pourquoi notre verset dit que "D. s'est souvenu de Sarah comme Il l'avait dit, et D. a fait à Sarah ce qu'Il avait dit", même s'il est évident que D. accomplit Ses promesses. Le verset nous dit que l'accomplissement de ce processus a consisté en 2 étapes : La grossesse de Sarah et son accouchement.
Sa grossesse résulte de la promesse, qui était à l'origine cachée dans le potentiel divin et qui s'est donc manifestée par l'état caché de la grossesse ; son accouchement résulte de la foi d'Avraham et de Sarah, qui a permis à la promesse de D. de se concrétiser. ]

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vayéra 21,1]

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=> Etre certain que D. tiendra Ses promesses d'être bon envers nous, va aider à ce que ces promesses s'accomplissent rapidement.

Pourquoi Avraham demandait-il une bénédiction après le repas?

+++ Pourquoi Avraham demandait-il une bénédiction après le repas?

"Avraham se rendit dans une "échel" à Beersheva et y proclama le nom d'Hachem, D. de l'univers" (Vayéra 21,33)

-> Rachi, citant le midrach, explique que ce verset implique qu'Avraham a utilisé son auberge ("échel") comme un moyen de diffuser le monothéisme parmi les voyageurs païens (non-juifs) qu'il accueillait.

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) enseigne :
Expliquons la déclaration des Sages dans le midrach (Béréchit rabba 49,4) selon laquelle Avraham a dit à ses invités après qu'ils aient mangé la nourriture qu'il leur avait fournie gratuitement : "Bénissez le D. du monde pour ce que vous avez mangé!".
Pourquoi Avraham n'a-t-il pas demandé à ses invités de prononcer une bénédiction avant de manger?

La réponse ne peut être que la suivante.
Avant de manger, ces invités étaient des non-juifs, et on ne pouvait donc pas s'attendre à ce qu'ils acceptent "le joug du Royaume des Cieux", c'est-à-dire la souveraineté de D.
Cependant, une fois qu'ils ont mangé, ils ont accompli un commandement, dans la mesure où ils ont donné à Avraham le mérite d'accomplir la mitsva d'accueillir des invités, et donner à quelqu'un d'autre le mérite d'accomplir une mitsva est en soi une mitsva.
Ainsi, grâce à ce mérite, ils sont devenus capables d'accomplir et d'accepter le joug du Royaume des Cieux.

[si Avraham avait insisté pour que ses invités non-juifs (des païens) bénissent D. avant de manger, cela aurait été de la pure coercition, et comme ils n'avaient aucune conscience Divine, leur bénédiction n'aurait pas été sincère.
En revanche, l'accomplissement d'une mitsva les sensibilisait à la Divinité et les rendait capables d'apprécier la bonté de D. à leur égard. ]

C'est pourquoi le midrach rapporte qu'Avraham a dit à tout invité qui refusait de bénir D. après avoir mangé, de lui payer son repas. Le refus de l'invité de bénir D. indiquait qu'aucune sainteté n'avait pénétré en lui pendant le repas. Puisqu'aucun esprit de sainteté n'était entré en lui, cela prouvait que lorsqu'il mangeait, il n'avait pas l'intention de donner à Avraham le mérite d'accomplir la mitsva de l'hospitalité ; au contraire, il avait mangé entièrement pour ses propres motifs égoïstes. Dans ce cas, pourquoi ne devrait-il pas payer?

[ il en découle que pour que leur repas les ait préparés à réciter une bénédiction, les invités devaient au moins avoir l'intention de reconnaître leur dette à l'égard d'Avraham en mangeant sa nourriture.
Ceux qui ont mangé la nourriture d'Abraham sans cette intention, c'est-à-dire simplement parce qu'ils se sentaient en quelque sorte autorisés à la manger, se sont rendus imperméables à l'effet édifiant que la consommation de sa nourriture aurait pu avoir sur eux. ]

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"Avraham courut alors vers le bétail, prit un veau tendre et de choix, le donna au jeune et se dépêcha de le préparer" (Vayéra 18,7)

=> Pourquoi, en ce qui concerne la façon dont Avraham a accueilli les anges, la Torah ne dit pas "il leur a fait un festin", alors que dans le cas de Lot, elle dit bien "il leur a fait un festin" (Vayéra 19,3).
De même, en ce qui concerne le repas préparé par Esther, le verset dit "au festin du vin" (Esther 7,8).

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) enseigne :
Le principe sous-jacent est le suivant. Lorsqu'un juste (tsadik) mange avec un racha, le juste élève le racha. La joie principale d'un tel repas réside dans le fait que le juste élève les étincelles de sainteté qui se trouvent dans le racha.

Dans le cas présent, lorsque les anges ont mangé avec Lot, qui n'était pas un tsadik, ils ont élevé l'étincelle de sainteté contenue en lui, car après avoir mangé avec lui, ils ont extrait de lui l'âme du machia'h, qui descendra de Ruth, une descendante de Lot.

[ après que les anges eurent rendu visite à Lot et l'eurent sauvé, lui et sa famille, de la destruction de Sodome et des villes de la plaine, Lot et ses filles se réfugièrent dans une grotte. Pensant être les seules survivantes d'une apocalypse semblable à celle du déluge, les filles eurent des relations incestueuses avec leur père (leur mère était morte entre-temps). L'aînée nomma son fils issu de cette relation "Moav" ; il fut le fondateur de la nation de Moav. Ruth, femme moavite convertie au judaïsme, est l'ancêtre du roi David, géniteur du machia'h.
C'est l'influence des anges qui ont mangé avec Lot qui a permis à cette étincelle de sainteté de jaillir de l'intérieur de Lot et d'être transmise à sa fille aînée.]

Ainsi, des étincelles de sainteté se sont élevées lors du repas que Lot a partagé avec les anges. Il s'agissait d'un motif de joie, c'est pourquoi la Torah parle d'un "festin" (michté), ce qui implique la joie.
De même, puisque c'est grâce au repas préparé par Esther pour A'hachvéroch et Haman que le peuple juif a été sauvé, le verset parle également de "festin".

Mais lorsque les anges mangèrent avec Avraham, cela n'entraîna aucune élévation d'étincelles sacrées, car Avraham était juste (tsadik) et n'avait donc pas besoin que les anges élèvent des étincelles en son nom. C'est pourquoi la Torah ne qualifie pas ce repas de "festin", qui évoque la joie.

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=> En partageant un repas avec d'autres, nous pouvons parfois les aider à réaliser leur potentiel spirituel caché, même s'ils ne semblent pas intéressés à le faire.