Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Une des questions qui nous sera posée lorsque l'on quittera ce monde est :
"Est-ce que tu as fait de ton prochain un roi?"
[Réchit 'Hokhma - chaar haYira - chap.12]

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-> De même, d'autres Sages disent également que l'une des questions posées au tribunal céleste après la mort d'une personne est : "As-tu fait de ton compagnon un roi sur toi-même?" (imla'hta 'havérkha alé'ha).
La Torah attend de nous que nous considérions et traitions chaque autre juif comme un roi, comme une personne spéciale et importante méritant l'honneur et un traitement royal. En effet, Rabbi Elazar a enseigné à ses disciples que la chose sur laquelle il faut se concentrer le plus pour s'assurer de mériter sa place dans le monde à Venir est de faire très attention à l'honneur d'autrui (guémara Béra'hot 28b).

=> b'h, nous allons voir quelques éléments pour nous renforcer dans ce domaine.

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-> L'Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar - vol.1, ch.13) souligne que la mitsva de "d'aimer son prochain comme soi-même" (véahavta léré'akha kamo'ha) présente une opportunité rare qui n'existe dans aucune autre mitsva.
Plutôt qu'une mitsva générale d'aimer tout le monde, il existe une exigence distincte d'aimer chaque juif. Si vous aimez deux personnes en même temps, vous accomplissez la mitsva deux fois.
Si vous aimez 100 000 personnes, vous accomplissez 100 000 mitsvot en une seule fois.
Aucune autre mitsva ne peut être accomplie autant de fois en une seconde. C'est l'une des raisons pour lesquelles le yétser ara combat cette mitsva avec tant d'acharnement, car il sait que nous pouvons obtenir une récompense phénoménale en très peu de temps.
C'est donc une bonne habitude à prendre, lorsqu'on se trouve au milieu d'un groupe de juifs, de se dire : "J'aime tous les gens qui sont dans cette pièce!" En un instant, vous avez accompli la mitsva de "véahavta léré'akha kamo'ha" des centaines de fois!

-> Aimer une autre personne n'est pas quelque chose qui vient naturellement ; cela doit être cultivé et nourri au fil du temps.
Le 'Hovot haLévavot donne une outil : choisissez une personne. Lorsque vous le voyez ou que vous pensez à lui, dites à haute voix (sans que personne ne l'entende, bien sûr) : " J'aime ce juif! Au début, vous vous sentirez peut-être gêné et mal à l'aise, mais après quelques fois, vous remarquerez que votre état d'esprit change lentement. Au fil du temps, vous commencerez à l'apprécier, puis à l'aimer."

[plus on s'habitue à exprimer en nous notre amour pour un autre juif (même si on le connaît pas personnellement), [uniquement parce qu'il est juif, ou bien en louant une qualité qu'il semble avoir], voir même à le bénir par amour, alors plus on développe un regard naturel d'amour pour les juifs. ]

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-> Chaque juif est aimé par Hachem plus qu'un père n'aime son fils. Nous devons prendre le temps de réfléchir à la grandeur et à l'importance infinies de chaque juif. Cela relève du commandement de nos Sages : "Que l'honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien" (Pirké Avot 2,15).
Cela engendrera à son tour un sentiment naturel de respect et d'amour pour autrui, surtout si nous nous rappelons que tous les juifs font partie d'une grande entité commune (que seule la matérialité semble divisée) et que chaque personne est comme un membre différent d'un même corps spirituel appelé le peuple juif.

Chaque juif mis au monde par Hachem a une tâche unique que personne d'autre dans le monde ou même dans l'histoire ne peut accomplir.

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+ Honorer et aimer :

-> La guémara (Yébamot 67a) enseigne qu'un mari doit aimer sa femme comme lui-même et l'honorer plus que lui-même.
Pourtant, lorsque le Rambam (Hilkhot Ichout 15,19) cite cette halakha, il en inverse l'ordre : "Nos Sages ont ordonné à un homme d'honorer sa femme plus que lui-même et de l'aimer comme lui-même".

Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que la guémara énonce d'abord l'objectif de la Torah pour un mari = atteindre un stade où il aime sa femme autant qu'il s'aime lui-même. Cependant, le Rambam est un livre de lois. Il nous enseigne comment atteindre un tel objectif = en honorant sa femme plus qu'il ne s'honore lui-même.
[ cela explique pourquoi la guémara dit qu'il faut l'honorer plus que soi-même et l'aimer comme soi-même. Le but est d'atteindre l'amour, qui ne peut être qu'à la hauteur de l'amour que l'on se porte à soi-même. Cependant, le moyen d'y parvenir est de l'honorer plus que soi-même.]

-> Comment honorer une autre personne?
Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Balak 5732) définit la mitsva d'honorer un parent comme l'obligation pour l'enfant de trouver une qualité dans laquelle le parent excelle, et de l'honorer et de le respecter pour cette qualité comme si, dans cette qualité, il était la plus grande personne de toute la génération.
Il dit avoir appris cela de son père, qui a fait de même avec son propre père. Le rav 'Haïm Chmoulévitz écrit qu'il n'a jamais compris pourquoi son père agissait de la sorte, jusqu'à ce qu'il réalise enfin que pour honorer véritablement quelqu'un, il faut avoir pour lui un respect réel et authentique. Et pour l'acquérir, il faut trouver la qualité unique de cette personne qui mérite un tel respect.

-> Ce concept se retrouve dans le Séfer 'Harédim (9,35) : "La principale façon d'honorer ses parents est de les considérer comme de grandes personnes et des personnalités respectées et honorables. Car en agissant ainsi, on en vient à les honorer dans ses paroles et ses actes."

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) mentionne la mitsva d'aimer chaque juif et dit :
"Par conséquent, on est tenu de faire l'éloge d'autrui, de se préoccuper de ses biens de la même manière que l'on se préoccupe de ses propres biens et que l'on souhaite être honoré.
Nous voyons que le fait de mentionner les bonnes qualités d'une autre personne est un accomplissement de la mitsva d'aimer une autre personne."

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+ Dents brillantes ou odeur désagréable? :

-> La capacité à voir les bons côtés des autres est en fait la marque d'un tsadik.
"Les fous [les réchaïm] parlent de la culpabilité des autres, mais ceux qui sont droits parlent de ce qui est bon chez les autres" (Michlé 14,9).

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:217) explique qu'un fauteur est toujours à la recherche d'échecs et de mauvais points chez les autres. Il se concentre uniquement sur ce qu'ils ont fait de mal ou sur ce qui leur manque.
Rabbénou Yona compare ces personnes à une mouche, qui est attirée par les endroits sales.

[ le Or'hot Tsadikim (chaar lachon ara) ajoute que : parler mal des autres est une source d'embarras pour soi-même, car les gens parlent surtout de ce qu'ils ont dans le cœur et l'esprit. Quelqu'un qui parle mal des autres montre qu'il a lui-même le même défaut, qui est toujours dans son esprit, et c'est pourquoi il mentionne ce défaut chez les autres.
(d'une certaine façon, on est tout content d'avoir trouvé du mauvais en autrui, pour mieux se valoriser, oubliant qu'on a ce défaut en nous! )]

Le juste, quant à lui, ignore tout ce qui est mauvais chez une personne et ne parle que de ses bons côtés.
[Après le Déluge, la Torah décrit en détail comment Noa'h s'est enivré et comment ses fils l'ont couvert pour cacher sa honte. Il les a bénis et les bénédictions ont été accomplies.
Le 'Hafets 'Haïm (Introduction, Commandements positifs 2) explique que cette histoire se trouve dans la Torah pour nous enseigner l'importance de couvrir les mauvais points et la honte d'une autre personne. ]

Rabbénou Yona rapporte ensuite l'histoire de 2 personnes qui passent devant une carcasse en décomposition. L'un d'eux s'exclame : "Quelle odeur épouvantable !", ce à quoi le sage répond : "Mais qu'elles sont belles ses dents blanches et brillantes !".
Le tsadik est celui qui peut se concentrer sur le positif et ne parler des autres qu'en termes élogieux.

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+ 'Hafets 'hessed :

-> Le Ramak, rabbi Moché Cordovero (Tomer Dévorah - chap.1) écrit que cette caractéristique est l'un des traits de miséricorde d'Hachem appelé : 'hafets 'hessed" (Il désire le 'hessed).
Cela signifie que même lorsque le peuple juif mérite d'être puni pour les fautes qu'il a commises, Hachem aura pitié de lui et l'épargnera s'il a le mérite de faire du 'hessed les uns envers les autres.

Ainsi, il est écrit dans le Tomer Dévorah :
"Même si quelqu'un vous fait du tort et vous met en colère, s'il a une qualité, telle que l'aide aux autres ou un autre bon trait de caractère, cela devrait être une raison suffisante pour annuler toute votre colère contre lui, et il devrait trouver grâce à vos yeux.

D'autant plus avec sa femme [nos Sages (Yébamot 63a) enseignent que Rabbi 'Hiya avait une femme difficile, mais chaque fois qu'il trouvait quelque chose qu'il savait qu'elle aimerait, il le lui apportait, expliquant] : "Il suffit qu'elle élève nos enfants et qu'elle m'épargne de la faute".
De même, une personne devrait dire à propos de tout le monde : "Il me suffit qu'il ait fait telle ou telle chose pour moi ou avec quelqu'un d'autre, ou le bon trait de caractère qu'il possède"."

-> Le Tomer Dévorah décrit un trait de caractère encore plus élevé. Il s'agit du fait qu'Hachem aime le peuple juif en toutes circonstances, même lorsqu'il ne le mérite pas, parce qu'Il se souvient de l'amour qu'Il a eu pour nous lorsque nous avons quitté l'Egypte et que nous L'avons suivi dans le désert hostile sans aucune provision.
De même, le Tomer Dévorah insiste sur le fait que même si quelqu'un n'est pas digne d'être aimé à l'heure actuelle, il faut se souvenir des moments passés avant qu'il ne se soit écarté du droit chemin.
De cette manière, écrit-il, il n'y a pas une seule personne à propos de laquelle on ne puisse pas trouver une qualité qu'elle avait autrefois, et l'aimer à cause de cette qualité.

[ selon le rav 'Haïm Soloveichik cela n'est vrai que pour quelqu'un qui n'affecte pas les autres par son comportement. Mais cela ne s'applique pas à une personne qui incite les autres à fauter, en particulier si elle persuade les jeunes d'abandonner la Torah et les mitsvot.
La Guemara dit que faire fauter une autre personne est pire que de la tuer, car elle lui fait perdre son monde à Venir, et il faut haïr une personne qui essaie de la détruire. ]

-> Le Tomer Devorah (chap.2) résume qu'il n'y a personne d'aussi acceptant ou humble qu'Hachem, qui comble Ses créations d'une bonté infinie, indépendamment de leur comportement ou des fautes qu'ils commettent.
Il y est écrit : "Une personne doit agir de la même manière. Aucune raison au monde ne devrait l'empêcher de faire du bien aux autres. Aucune faute ou comportement inapproprié ne doit l'empêcher d'aider ceux qui sont dans le besoin à tout moment ... On ne doit mépriser personne et doit considérer même la personne la plus humble comme extrêmement importante, et on doit aider tous ceux qui ont besoin de son aide."

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+ Faire l'éloge des gens :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.7) consacre un chapitre entier à cette idée [de louer le peuple juif à Hachem] et écrit qu'une personne qui loue constamment les mérites des juifs et implore Hachem d'avoir pitié d'eux "sera aimée et chérie par Hachem".

Il rapporte ensuite une prière que Eliyahou haNavi a adressée à Hachem, en citant les actes méritoires de la nation juive : "Maître du monde, regarde notre affliction, prends en compte nos doléances et remarque l'humiliation dont nous souffrons constamment. Souviens-Toi des nombreux foyers d'Israël qui n'ont pas d'argent et qui, pourtant, apprennent la Torah chaque jour ..."
Le 'Hafets 'Haïm nous implore d'apprendre du prophète Eliyahou et de parler à Hachem des actes méritoires de Ses enfants bien-aimés.

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+ Pourquoi est-ce si difficile?

-> Certaines personnes ont du mal à louer les qualités des autres. Cela peut provenir d'un manque d'estime de soi ; elles ont l'impression que leur propre valeur est menacée s'il y a des gens meilleurs qu'elles dans de nombreux domaines. Cependant, la bonne attitude à adopter est de se rappeler le principe selon lequel l'ensemble du peuple juif constitue une seule et même âme.

Tout comme un corps possède différents organes et membres, et que chacun d'entre eux a une fonction unique qu'aucune autre partie du corps ne peut remplir, de même, au sein du peuple juif, chacun a son propre travail individuel qu'il est le seul à pouvoir accomplir. Je ne pourrai jamais être le 'Hafets 'Haïm, mais le 'Hafets 'Haïm ne pourrait pas accomplir ma tâche.
[il faut accepter le rôle et les capacités que Hachem m'a donné, et chacun aura à répondre de les avoir utilisés du mieux qu'il pouvait. Chacun est unique et nécessaire dans la partition qui conduira à révéler et proclamer fortement Hachem dans le monde. ]

Grâce à cette prise de conscience, non seulement je ne suis pas gêné si quelqu'un a une qualité différente de la mienne, mais je veux qu'il en soit ainsi. Puisque chacun a une tâche unique qu'il est le seul à pouvoir accomplir, chaque personne doit disposer d'un ensemble d'outils exclusifs. Je veux que mon prochain juif réussisse à utiliser ses outils, afin qu'ensemble, en tant qu'équipe unie, nous puissions atteindre la grandeur maximale du peuple juif.

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.22) écrit :
"Quelqu'un qui est beaucoup plus intelligent que les autres ne fait que ce que sa nature lui permet de faire.
De même qu'un oiseau vole parce que c'est sa nature et qu'un bœuf tire des poids lourds parce qu'il est né avec cette capacité, de même, il [la personne intelligente] est sage parce que c'est sa nature.
Si l'on donnait la même intelligence à une autre personne qui n'est pas aussi intelligente que lui, cette personne serait tout aussi intelligente. Il n'y a donc aucune raison d'être orgueilleux.
Au contraire, si une personne a été dotée d'intelligence, elle est tenue d'enseigner aux autres, comme l'a enseigné Rabbi Yo'hanan ben Zakaï : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne garde pas ce bien pour toi, car tu as été créé dans ce but" (Pirké Avot 2,9).
[la traduction habituelle est : Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’en fais pas l’éloge, car c’est dans ce but que tu as été créé. Le Ram'hal apporte ici une autre version. L'idée que si on a reçu davantage d'outils (ex: intelligence, richesse, capacité à être joyeux, à l'écoute, ...), alors on est responsable dans faire profiter autrui. (à l'image de la tsédaka, si on reçoit un bien d'Hachem, c'est dans un but d'en faire également bénéficier notre prochain juif. )]
S'il est riche, il doit être heureux de son sort et aider ceux qui sont dans le besoin. S'il est fort, il doit aider les faibles et les sauver de leurs oppresseurs. A quoi cela est-il comparable? Aux serviteurs d'une maison, où chacun est chargé d'une tâche différente, et chacun doit veiller à faire le travail qui lui a été confié."

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+ Que lui arrive-t-il?

-> Le principe fondamental du 'hessed est de ressentir ce que vit la personne comme si on le vivait soi-même (nossé béol im 'havéro). Ce n'est qu'à cette condition que nous pouvons vraiment comprendre ce qu'il ressent et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'aider.
Cette tâche n'est pas simple. Nous ne pensons naturellement qu'à notre propre vie et à nos propres émotions. C'est une tâche colossale que de sortir de son propre égo et de se mettre à la place de quelqu'un d'autre.

Comme l'écrit le Or'hot Tsadikim (fin de chaar Sim'ha), c'est quelque chose qui ne peut être acquis que par la pratique. Il faut passer quelques secondes, pas plus d'une minute, à essayer de ressentir ce que quelqu'un doit ressentir dans sa situation.

Chaque jour, prenez une personne différente dans une situation différente afin de vous exercer à une variété d'émotions. Si vous entendez quelqu'un se fiancer, fermez les yeux et imaginez et ressentez l'excitation et la montée d'adrénaline.
C'est un outil très puissant que de dire à haute voix : "Je suis tellement heureux pour lui". En effet, même si nous ne ressentons pas vraiment cela, notre état d'esprit peut être modifié au fil du temps par nos paroles. [un comportement extérieur, a une influence sur notre intériorité (ex: se forcer à sourire, à se réjouir d'autrui, ...)]
De même, on peut aussi ressentir la douleur d'un parent malade, l'espoir d'une personne qui attend une bonne nouvelle, la frustration d'une personne qui a été rejetée lors d'un entretien d'embauche et la honte d'une personne qui a dérapé en public, ...

[ex: en prenant même 5-10 secondes pour penser à la douleur et aux conséquences d'un malade, alors la prière qu'on va faire pour sa réfoua chéléma aura une force plus grande, et donc un impact plus fort, en plus du mérite de la mitsva d'aimer son prochain qui est faite. [Hachem désire et apprécie l'amour qu'il y a entre Ses enfants adorés! Ainsi, lorsque l'on sort de notre égo/confort personnel pour se mettre à ressentir la douleur actuelle d'autrui, alors cela a beaucoup de valeur! ]
Ces pensées ressemblent au fait de tendre/tirer davantage un arc permet à la flèche d'aller plus loin, d'être plus utile pour celui auquel nous prions. ]

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+ Le bénéfice du doute :

-> Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6) écrit que sans le le concept d'accorder aux autres le bénéfice du doute (juger favorablement - dan lékaf zé'hout), nous ne serions jamais en mesure d'accomplir correctement la mitsva d'aimer un autre juif comme nous-mêmes.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar haZé'hira - chap.12) enseigne que si quelqu'un a accepté le lachon ara et qu'il a cru une calomnie que quelqu'un aurait dit sur lui, alors il est "pratiquement impossible" de s'empêcher par la suite de blesser ou de se disputer avec cette personne.
Il est presque inévitable qu'ils finissent par devenir des ennemis, espérant que l'autre souffrira ou tombera (c'est bien fait pour elle!), ce qui l'antithèse exacte de l'amour pour un autre juif.
Le 'Hafets 'Haïm écrit que la seule méthode pour éviter ce scénario est de perfectionner l'art d'accorder le bénéfice du doute lorsque quelqu'un semble avoir dit ou fait quelque chose contre nous.

[on a ainsi l'idée que "aimer autrui" cela implique de faire l'effort de toujours le voir sous un angle davantage positif. On voit cela particulièrement dans le couple, où en se focalisant trop sur ce qui peut être négatif (il est humain!), on en vient à fissurer, à réduire l'admiration et l'amour.
(la Torah ne nous demande pas d'être naïf, et il faudra prendre ses distances en cas de danger, mais malgré tout dans la très grande majorité des cas le fait de juger positivement autrui ne nous impact pas négativement.)]

-> Il est souvent beaucoup plus facile qu'on ne le pense d'accorder le bénéfice du doute. Il suffit de penser aux moments où nous avons eu une journée stressante, où, fatigués et affamés, nous avons commis une erreur, ou encore où nous avons parlé à quelqu'un d'une manière inappropriée.
Nous savons que nous n'aurions jamais agi de la sorte en temps normal, et que nous l'avons fait uniquement en raison de la journée très difficile que nous avons passée.
Nous nous disons : "Si les gens savaient ce que je traverse, ils sauraient que ce n'est pas moi qui ai dit cela".
De même, nous ne pouvons jamais savoir ce que vit une autre personne. Il peut sembler heureux, comme si tout allait bien, mais intérieurement, un million de choses peuvent lui arriver. Il peut avoir mal à l'estomac, ne pas avoir dormi la nuit dernière parce que ses enfants étaient malades, avoir un parent à l'hôpital ou une lourde dette à payer. Il peut avoir eu une enfance très difficile ou s'être disputé avec sa femme.
Les possibilités sont si nombreuses et étendues qu'il devrait être relativement simple de penser que, tout comme je n'ai pas agi correctement uniquement parce que j'avais tel ou tel problème, cette personne n'a probablement dit ou fait quelque chose de blessant à mon égard que parce qu'elle avait quelque chose d'important à l'esprit.
[idéalement, en réalisant qu'actuellement "elle n'est pas elle même" (contre sa volonté), alors on devrait demander à Hachem de la bénir du meilleur, pour qu'elle puisse de nouveau être elle-même : un magnifique juif plein de joie et de bénédictions. ]

Le rav Wolbe (Alé Shour, vol.2, p.207) ajoute que si quelqu'un se soucie vraiment d'une autre personne, il veut que cette personne soit innocente, et il la juge donc en conséquence.
Avec un tel état d'esprit, il est beaucoup plus facile de trouver une raison pour justifier ses actions.

[évidemment cela demande un travaille sur nous (surtout au début), car naturellement on "aime" qu'autrui se comporte mal, car on se dit alors que nous ne sommes pas si mal que cela [au regard de ce qu'il a fait]! Cela flatte mon égo, et permet de justifier mes mauvaises attitudes.
Mais on demande à un juif d'aller au-dessus de sa nature humaine, et de se rattacher au fait que nous sommes tous une même âme spirituelle, que nous devons aimer et chérir autrui juif. ]

-> Le rabbin Ephraïm Wachsman raconte l'histoire suivante :
Il y avait un homme dont le travail consistait à livrer de la viande à domicile. Une fois, il était très en retard et n'atteignit l'un de ses clients qu'à minuit. Le propriétaire ouvrit la porte et, avec un grand sourire, lui dit : "Bonjour, je suis si heureux de voir que vous êtes arrivé!"
Sur ce, le livreur s'effondre en sanglots ininterrompus. L'hôte a rapidement fait entrer l'homme, l'a fait asseoir, lui a apporté une boisson et il a fini par le calmer.
Après quelques minutes, le livreur raconte son histoire. "Ma femme a été opérée aujourd'hui. J'ai passé la journée à l'hôpital avec elle et tout a été retardé. J'étais épuisé physiquement et moralement, mais je dois payer les factures et j'ai donc entrepris ma tournée. Partout où je suis allée, j'ai été accueillie par des froncements de sourcils furieux parce que j'étais si en retard. Je suis arrivée chez vous à minuit et je redoutais votre réaction. Mais je dois te remercier. Vous êtes la première personne à m'avoir dit quelque chose de gentil de toute la journée!"

Cet homme était un héros pour avoir tenu bon malgré tous ses soucis et son stress. Les personnes qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes fronçaient les sourcils à cause des inconvénients qu'elles subissaient (ex: comment peut-il me manquer de respect en venant en retard, est-ce qu'il pense à la gêne que cela m'occasionne, ... ).
Quelqu'un qui donne à autrui (baal 'hessed), par contre, dont les yeux sont ouverts pour penser aux autres, se rend compte qu'il est inhabituel que cet homme livre la commande si tard. Il ne se contente pas de penser à son propre désagrément, mais se soucie de ce que l'autre personne peut endurer, et lui offre alors le sourire chaleureux et amical et l'encouragement qu'elle méritait et dont elle avait tant besoin.

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+ Hachem, aide-moi à l'aimer :

-> Le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 110:8) stipule que chaque matin, avant de commencer à étudier la Torah, il faut dire la prière que le sage Rabbi Né'hounya ben Hakana disait avant d'apprendre.
Il y demande : "Je ne devrais pas être heureux si mes amis commettent une erreur dans la halakha et ils ne devraient pas être heureux si je le fais".
Cela est basée sur le verset : "Ne te réjouis pas lorsque ton ennemi trébuche" (Michlé 24,17). D'autant plus si c'est un ami qui trébuche!

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.17) assimile le fait de se réjouir de la chute d'une autre personne à de l'avoda zara (idolâtrie) et le cite comme l'une des raisons pour lesquelles le Temple a été détruit.
Le 'Hafets 'Haïm conseille de penser qu'en raison de nos fautes, nous mériterons nous aussi de faire un faux pas et d'être embarrassé en public, mais qu'en raison du mérite de nos ancêtres, Hachem nous épargne une telle douleur.
[l'idée est incroyable : lorsque je vois autrui tomber, je dois non seulement avoir de la compassion pour lui (l'aidant et priant pour son bien), mais en plus je dois remercier Hachem de ne pas m'avoir mis à sa place alors que j'aurai dû y être! (en remerciement pour mes ancêtres, je dois me renforcer et leur faire honneur par mon comportement dans ce monde, pour l'élévation de leurs âmes!) ]

-> Le Or'hot Tsadikim (chaar Sim'ha) explique que Rabbi Né'hounya a réalisé qu'il est courant pour les gens de rire ou de se réjouir lorsque quelqu'un d'autre fait quelque chose de mal, car cela leur donne le sentiment d'être supérieurs à eux.
Cependant, la Torah attend de nous que nous ressentions son profond embarras et que nous soyons peinés pour lui. Ceci est particulièrement important si l'erreur a été commise dans le domaine de la halakha (loi juive), ce qui pourrait amener les gens à transgresser la volonté d'Hachem.
Rabbi Néhounya savait que pour se préserver de cette réaction presque naturelle, il devait prier pour obtenir une aide spéciale d'Hachem. Il nous incombe de faire de même.

-> Le Maharcha (guémara Béra'hot 28b) explique la prière de Rabbi Né'hounia de manière légèrement différente. Il dit qu'il a prié pour que ses amis soient vraiment heureux qu'il n'ait pas fait d'erreurs et qu'il se réjouisse qu'ils n'aient pas trébuché.
Dans notre relation avec notre prochain on attend de nous d'être sincèrement heureux des succès des autres, mais Rabbi Né'hounya a compris qu'il fallait une aide Divine spéciale pour surmonter son égo personnel et ressentir honnêtement ce sentiment.

La téchouva est importante car elle rapproche la géoula.
[guédola téchouva chémékarévét ét aguéoula - guémara Yoma 86b]

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-> Le peuple juif ne sera racheté que par la téchouva, et les prophètes ont assuré que les juifs feront effectivement téchouva à la fin des temps, et ils seront immédiatement Délivrés.
[Rambam - Hilkhot Téchouva 7,5]

[d'une certaine façon l'idée est : "ani lédodi" = je reviens par une téchouva personnelle à une proximité avec Hachem (la téchouva annulant tous les distanciations avec D.), et alors "lédodi li" = Hachem peut alors dévoiler au grand jour Son amour pour chaque juif en amenant la guéoula. ]

"Car Hachem, ton D., marche au milieu de ton camp pour te secourir et pour livrer tes ennemis devant toi" (Ki Tétsé 23,15)

-> Ce verset, qui fait ostensiblement référence aux batailles contre les ennemis de la nation juive, peut également faire allusion à Elloul, la période préparatoire à la bataille contre le Satan à Roch Hachana.
Cela peut être démontré par les premières lettres : "pour te secourir et pour livrer tes ennemis devant toi" (léatsilé'ha vélatét oïvé'ha léfané'ha - לְהַצִּילְךָ וְלָתֵת אֹיְבֶיךָ לְפָנֶיךָ), qui s'écrivent אלול (Elloul).

=> Tout comme Hachem aide Israël dans sa lutte contre l'ennemi mortel, chaque année, en Elloul et à Roch Hachana, Il nous protège contre toutes les forces spirituelles et les anges célestes qui voudraient nous condamner.
[Sfat Emet - Ki Tétsé 5640]

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-> "Car Je suis Hachem, c'est Mon Nom et Mon Honneur que Je ne donnerai à aucune autre (divinité)" (Yéchayahou 42,8)

-> Ce verset contient également une allusion à Elloul, les premières lettres de : "et Mon Honneur que Je ne donnerai à aucune autre" (oukévodi léa'hér lo éten - וּכְבוֹדִי לְאַחֵר לֹא אֶתֵּן) forment : אלול (Elloul).
En promettant que Sa gloire ne sera donnée à aucune autre force, Hachem assure à Israël que toutes les forces qui pourraient entraver le retour d'Israël, toutes les menaces du Satan, seront vaincues à chaque Elloul.
[Sfat Emet - Ki Tétsé 5640]

L'obsession réciproque d'Israël et d'Hachem est unique et témoigne de leur relation particulière.
Aucune autre nation n'a jamais développé une telle intimité avec Hachem, et Hachem n'a jamais manifesté une telle affection à une autre nation.
[Sfat Emet - Choftim 5658]

[ Quel honneur et quelle chance d'être juif(ve)!!! ]

+ Le mois d'Elloul est généralement considéré comme une période particulière de bienveillance divine (ét ratson), mais ce terme soulève des questions : Puisque Hachem est éternel et immuable, comment peut-on dire qu'Il fait preuve d'une qualité, telle que la bienveillance (une miséricorde accrue) envers les juifs, à certains moments et de qualités différentes à d'autres?
En effet, comment Sa bonté peut-elle être limitée à une période particulière, puisque nous savons qu'Il est "malé ra'hamim", constamment rempli de miséricorde?

Nous devons donc dire que la prédominance de la bienveillance divine en Elloul ne résulte pas d'un changement dans la nature d'Hachem, que le Ciel nous en préserve, mais reflète plutôt une capacité accrue de la part de chaque juif d'absorber Sa bonté.
Normalement, la bonté d'Hachem, étant infinie, elle est au-delà de notre capacité à l'assimiler.
Cependant en Elloul, cette bonté est canalisée par les 13 Attributs [lit. mesures] de la miséricorde (13 midot ara'hamim), qui la ramènent à des proportions que nous pouvons apprécier.
Le concept de mesures (midot) suggère des limites finies qui sont fixées par Hachem à Ses attributs par ailleurs illimités, afin que les mortels puissent en bénéficier.
Chaque année pendant le mois Elloul (et à d'autres moments décrits comme des périodes de bienveillance divine, par exemple au 3e repas de Shabbath), le peuple juif acquiert la capacité de bénéficier des 13 Attributs de miséricorde d'Hachem.

De même, le peuple juif peut tirer le meilleur parti de la lumière divine de la Torah qui prévaut à ces moments-là.

De notre côté, cependant, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous transformer en récipients appropriés pour recevoir les bontés d'Hachem, même sous une forme plus limitée et plus restreinte.
Nous pouvons y parvenir en nous fixant des limites à nos envies/désirs [pour ce monde], ... nous pouvons alors nous concentrer sur l'accomplissement de la volonté divine.
Par conséquent, Hachem limitera Ses attributs [de miséricorde] illimités afin que chaque Elloul, Israël puisse en bénéficier.
[en les limitant Il rend possible le fait que nous poussions les absorber, en bénéficier au maximum]
[Sfat Emet - Elloul 5631]

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-> Pendant ces jours [d'Elloul] si imprégnés en bienveillance divine, Hachem attend avec impatience notre retour et nous supplie de rechercher l'étincelle divine en notre sein et de lui permettre de nous guider vers Lui.
Nous sommes aidés dans ce processus par un cadeau spécial qui est en vigueur pendant le mois d'Elloul : les 13 mesures/Attributs de miséricorde qui facilitent notre retour.
Le roi Shlomo décrit : "la voix de mon Bien-aimé frappe : "Ouvre-moi, Ma sœur, Mon bien-aimée, Ma colombe, Ma perfection, car Ma tête est remplie de rosée" (Chir haChirim 5,2).
Hachem nous supplie d'ouvrir nos cœurs à Lui, et nous assure qu'Il n'est rempli que de miséricorde à notre égard (les 13 Attributs divins sont souvent symbolisées par la rosée dans la littérature de la kaballa).

Nous pouvons en déduire qu'il est important pour nous de persister à invoquer Hachem tout au long de l'année. Même si nos prières peuvent sembler ne pas être entendues et ne pas recevoir de réponse au moment où nous les formulons, une fois qu'Elloul arrive et que les portes du ciel sont ouvertes par notre désir sincère de nous repentir et de revenir à Hachem, toutes nos prières de l'année entière les traversent et trouvent un accueil chaleureux et aimant dans les oreilles d'Hachem.
[Sfat Emet - Ki Tavo 5641]

Même lorsqu'une personne est impliquée dans les affaires de ce monde, si son seul désir est de s'attacher à Hachem, ce désir [n'a pas seulement un impact profond sur l'individu], mais il élève également le monde matériel tout entier.

Le terme רצון (ratson), généralement traduit par : volonté, est en fait dérivé de ריצה (ritsa - courir).
Celui qui possède un désir intense [de se rapprocher d'Hachem] peut s'élever et s'envoler spirituellement et poursuivre des objectifs qui sont normalement inatteignables.
En fait, il parviendra à tout transformer dans ce monde, les malédictions comme les bénédictions, en une source de bénédiction.
[d'après le Sfat Emet - Réé 5632]

Roch Hachana – Ressentir que Hachem est le Roi

+ Roch Hachana - Ressentir que Hachem est le Roi :

-> Nos Sages (Roch Hachana 16a) enseignent que le jour de Roch Hachana, Hachem ordonne : "Dites les versets de la Royauté devant moi, afin que vous me couronniez comme roi sur vous".

-> Le Alter de Kelm demande : Hachem est déjà le roi! Pourquoi a-t-Il "besoin" que nous le couronnions Roi sur nous?
En effet, Hachem était Roi avant même qu'il n'y ait des gens pour le faire Roi, comme le dit le chant de Adon Olam : "Il a régné avant que toutes les créatures ne soient créées". Quelle différence cela fait-il que nous le fassions Roi?

En réalité, explique l'Alter de Kelm, Hachem demande que nous le fassions Roi sur nous-mêmes (notre intériorité), ce qui n'est pas si facile. Faire d'Hachem notre Roi, c'est sentir qu'Il est Roi avec chaque fibre de notre être. Tous nos membres, nos sens et nos pensées doivent être utilisés uniquement pour accomplir la volonté d'Hachem.

-> Le rav 'Haïm Friedlander fait remarquer que cela nécessite une préparation. On ne peut pas simplement sauter à un tel niveau, quelle que soit l'inspiration du moment. Faire d'Hachem le Roi de nous-mêmes demande du travail.

La première étape consiste à nous habituer à reconnaître qu'Hachem est avec nous à tout moment. Si nous vivions avec cette idée au premier plan de nos pensées, nos décisions s'en trouveraient affectées.
En effet, le Rama (Choul'han Arou'h 1,1) nous dit que le fait de placer Hachem devant nous en permanence est crucial dans le service d'Hachem. Il explique que l'on ne se comporte pas de la même manière en privé qu'en présence d'une grande personne.
C'est un fait auquel nous pouvons tous nous identifier, nous agissons tous différemment en présence d'une grande personne. Ainsi, si nous sommes conscients d'être toujours en présence d'Hachem, nos actions s'en trouveront certainement améliorées. Plus nous le ferons, plus nous serons en mesure de faire d'Hachem le Roi de nous-mêmes.

Le rav Friedlander nous dit qu'une autre façon de se préparer à couronner Hachem est de reconnaître que tout est à Lui, nos corps, nos familles, toutes nos possessions et tout ce qui se trouve dans l'univers.
Hachem est à l'origine de tout ce qui se passe dans ce monde. Tout ce qui est aujourd'hui, tout ce qui se passera au cours de l'année à venir, et le monde à venir, tout cela est entre Ses mains.
[sans Hachem aucune créature, aucun objet, ... ne pourrait exister même une seule seconde supplémentaire! On a beau être en bonne sante, être très riche, avoir beaucoup de pouvoir, ... mais si Hachem ne nous donne pas la force de vie à l'instant on mourrait. ]
Lorsque nous réaliserons cela, nous comprendrons qu'il est sage pour nous d'annuler notre volonté au profit de la Sienne. Même si nous ressentons un désir pour quelque chose qui va à l'encontre de la volonté d'Hachem, nous ne le voulons pas en réalité. Notre compréhension de ce que nous risquons de perdre l'emporte sur l'idée d'obtenir un plaisir éphémère. Cela n'en vaut pas la peine.
On peut comparer cette situation à celle d'un ouvrier d'usine qui dépend de son travail. Un jour, on lui offre un billet gratuit pour un match de football. L'ouvrier sait qu'en s'absentant pour une telle raison, il perdra une grande partie de son salaire, voire son emploi. Il n'aura littéralement aucune envie d'aller au match.

-> Ceci peut aider à expliquer un midrash en apparence obscur (Vayikra Rabba 29,4). Le Midrach nous dit que lorsque les juifs soufflent dans le Shofar à Roch Hachana, Hachem "se lève de son trône de gloire et s'assoit sur son trône de miséricorde".
Les juifs soufflent dans un Shofar et un changement aussi impressionnant se produit dans le monde? Comment cela se fait-il?

Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach) explique que le fait de souffler dans le Shofar démontre l'annulation de notre volonté. Le Shofar représente l'appel au jugement, et les anges Accusateurs ne peuvent pas parler contre nous tant que nous n'avons pas soufflé dans le Shofar.
Si c'est le cas, nous pouvons faire en sorte que le jugement de Roch Hachana ne se produise pas, et pourtant, nous soufflons dans le Shofar. Nous faisons cela parce que souffler dans le Shofar fait partie du fait de faire d'Hachem un Roi (dans Son rôle de juge, comme il est dit : "le roi établit le monde par le jugement" (Michlé 29,4)).
C'est notre seule préoccupation : non pas notre propre bien-être, mais la royauté d'Hachem. Une telle annulation de notre part pousse Hachem à se lever de son trône de gloire et à s'asseoir sur son trône de miséricorde.

-> Le rav 'Haïm Kamil note que nous devrions nous concentrer de toutes nos facultés mentales pour faire d'Hachem le Roi sur nous-même. Si nous le faisons, dit-il, Hachem fera des miracles pour nous.

Le rav Kamil cite à cet égard la déclaration du Tour : normalement, une personne se présente à son propre procès vêtue de noir et ne prend pas soin d'elle. Cela suscite la pitié du juge.
En revanche, les juifs s'habillent de leur mieux. Ils se lavent, se rasent et font la fête le jour de leur jugement, car ils sont convaincus qu'Hachem fera un miracle pour eux.
Comment cela est-il possible? Qu'en est-il de la crainte du jugement d'Hachem le jour où les livres de la vie et de la mort sont ouverts devant Lui?

Le rav Kamil explique cela en se basant sur le rav 'Haïm de Volozhon (Néfech ha'Haïm 3,12), qui relate la ségoula consistant à se concentrer intensément sur l'idée que "én od milévad" (il n'y a rien en dehors d'Hachem). Tous les autres "pouvoirs" ne sont en fait rien du tout, et seul Hachem compte. Même en cas de danger immédiat, le fait de se concentrer sur cette idée permet de sauver des personnes en danger.
=> Si un juif accepte la Royauté d'Hachem sur lui-même avec chaque fibre de son être, en y mettant toute sa concentration, il peut atteindre le niveau de "én od milévado", qu'il n'y a pas d'autre pouvoir dans le monde. Il se soumettra entièrement à Hachem. En faisant cela, il peut mériter un traitement miraculeux de son jugement à Roch Hachana.

Roch Hachana – Proclamer et se réjouir de la royauté d’Hachem

+ Roch Hachana - Proclamer et se réjouir de la royauté d'Hachem :

-> Nos Sages (guémara Roch Hachana 16a) enseignent que Roch Hachana est le jour où nous couronnons Hachem comme notre Roi.
Le Ritva (Roch Hachana 16a) ajoute que le shofar est soufflé dans ce but, représentant le "couronnement" d'Hachem, comme cela se fait dans les royaumes du monde.
La quasi totalité des prières de Roch Hachana se concentrent sur la royauté d'Hachem.

=> Pourquoi en est-il ainsi?
Nous savons que notre destin pour l'année à venir est déterminé à Roch Hachana (Ritva 16b). Ne serait-il pas plus approprié de formuler au moins les demandes qui sont incluses dans nos prières quotidiennes, telles que la santé, les moyens de subsistance ou la paix? Pourquoi ne faisons-nous pas de demandes à Hachem à Roch Hachana?

De plus, il semblerait logique de faire téchouva et de dire vidouï (confession) pour nos fautes. Après tout, nous sommes jugés. Pourtant, les prières de Roch Hachana ne mentionnent ni téchouva ni vidouï.
En fait, le Zohar affirme qu'un vidouï dit à Roch Hachana renforce les accusations contre nous. Pourquoi en est-il ainsi? En quoi est-ce différent lorsque nous disons le vidouï pendant les 10 jours de téchouva ou à le jour de Kippour ?

-> Le rabbi de Slonim répond que l'essence de Roch Hachana est la raison pour laquelle nous nous concentrons sur la royauté d'Hachem. Chaque Roch Hachana est comme une nouvelle création de l'univers entier. L'année écoulée est terminée et, comme pour le premier Roch Hachana de l'histoire, Hachem crée à nouveau tout à partir de zéro.
Ce jour-là, Hachem s'assoit sur son trône et décide qui, parmi nous, aura sa place dans son nouveau monde. En fonction de ses performances passées, Hachem décide de la place ou du rôle qu'il lui accordera dans cette nouvelle création. C'est pourquoi nous déclarons Hachem Roi en ce jour.

Le rabbi de Slonim explique ce concept par une analogie : Un roi fonda un jour une nouvelle ville. Chaque année, le roi visitait la ville à l'occasion de l'anniversaire de sa fondation. En présence de tous les citoyens, il passait en revue les réalisations de la ville. Il évaluait s'il devait continuer à diriger la ville et, dans l'affirmative, combien de temps et de ressources il devait y consacrer.
Naturellement, le rôle des sujets du roi ce jour-là était de lui rendre hommage. Ils l'accueillaient avec des bannières, déclarant : "Vive le roi !".

À Roch Hachana, Hachem renouvelle sa royauté sur le monde.
Il décide du rôle qu'il nous réserve, le cas échéant. Le moment est venu de déclarer notre loyauté envers Hachem et de dire à quel point nous voulons que Sa royauté s'exerce sur nous et sur le monde entier.

Le but du monde est de révéler la gloire d'Hachem (Yéchayahou 43,7).
Plus nous participons à ce but, plus nous avons de chances d'y prendre part au cours de l'année à venir. C'est pourquoi toute les prières de Roch Hachana tournent autour de la royauté d'Hachem, nous prions pour qu'Hachem soit Roi sur nous et sur le monde entier. Cela fait ressortir Sa gloire.

Bien entendu, il n'est pas approprié de demander à Hachem nos besoins en ce jour.
Nos besoins n'ont rien à voir avec la gloire d'Hachem. Nous ne pouvons certainement pas mentionner nos fautes! En quoi le fait d'admettre que nous nous sommes rebellés contre Lui ajouterait-il à Sa gloire?
Bien que nous voulions et devions faire téchouva, mentionner nos péchés à Roch Hachana nuit à Sa gloire, surtout si nous ne sommes pas encore complètement pénitents.

Une part importante de la royauté d'Hachem sur nous consiste à montrer à quel point nous sommes heureux qu'Il soit notre Roi et que nous soyons Ses serviteurs.
Il est vrai qu'il n'est pas approprié de montrer trop de bonheur en ce jour. Après tout, nos Sages enseignent (guémara Roch Hachana 32b) que nous ne pouvons pas dire le Hallel lorsque les livres de la vie et de la mort sont ouverts devant Lui. Cependant, nous devrions nous sentir heureux et exprimer notre appréciation du fait que nous couronnons le Roi et que nous faisons partie de Sa Royauté.

-> Le 'Hatam Sofer dit que le son du Shofar est comme un cri, mais en deux parties : Il y a un cri pour le jugement de Roch Hachana, mais aussi un cri de joie, car le couronnement d'un roi est un événement joyeux.
On dit que le Gaon de Vilna était particulièrement heureux au moment de la sonnerie du Shofar. C'est le moment d'exprimer la joie qu'Hachem nous ait donné une place dans Son royaume jusqu'à présent et que nous ayons pu accomplir Ses mitsvot. Nous savons également que Sa volonté est de nous bénir en nous donnant la possibilité de Le servir pendant une autre année.
Montrer que nous sommes satisfaits du joug des mitsvot est une partie importante de l'acceptation de la royauté d'Hachem sur nous.

Nos Sages (Roch Hachana 16a-b) disent : "Le Satan est troublé par la sonnerie du shofar".
Ce qui trouble le Satan, c'est que nous soufflons dans le shofar à plusieurs reprises : avant, pendant et après Moussaf, en répétant diverses combinaisons de tékiya, téroua et chévarim jusqu'à ce que nous atteignions 100 coups de shofar. Le Satan ne peut pas comprendre : si souffler dans le shofar est une mitsva, il suffit de le faire une fois pour s'acquitter de la mitzvah. Pourquoi le faire encore et encore?

Cependant, nous sommes heureux de souffler davantage dans le shofar, ce qui prouve que nous sommes satisfaits des mitsvot d'Hachem (ibid., Rachi 16b). C'est ce qui empêche Satan de nous poursuivre.
Une leçon à appliquer tout au long des jours de crainte est que la démonstration de notre joie pour les mitsvot a le pouvoir de nous faire gagner une nouvelle année de vie !

-> Le rav Steinman note qu'un aspect crucial du couronnement d'Hachem est le sentiment d'humilité.
Il dit que l'on peut prononcer toutes les prières de Roch Hachana en se disant à soi-même : "Bien sûr, je veux qu'Hachem soit le roi du monde, mais je me débrouille très bien. Je suis en bonne santé, j'ai un bon travail, je vis dans un bon quartier, mes enfants étudient dans de bonnes écoles, je ne m'inquiète pas pour moi."
Cela est de l'orgueil (gaava), et cela nous empêche de couronner Hachem comme roi sur nous-mêmes. En effet, le Ramban (Iguéret haRamban) écrit que quiconque éprouve de l'orgueil devant Hachem se rebelle contre Lui. Rien ne peut être plus éloigné que de couronner Hachem ...
[ Hachem dit au sujet d’un orgueilleux : "Moi et Lui, nous ne pouvons pas demeurer ensemble!" - guémara Sotah 5a]

-> Le rav 'Haïm Friedlander était très malade, et Roch Hachana approchait. Dans son état de faiblesse, il ne pouvait pas se lever devant la yéchiva et parler. Au lieu de cela, il écrivit la lettre suivante à ses élèves :
"À Roch Hachana, nous devons avoir le sentiment que nous n'avons aucun mérite, aucun crédit à notre actif. Personne ne sait ce qui va se passer, même si l'on croit que sa situation physique est parfaitement sûre. Même si les choses vont bien pour nous, personne ne peut savoir ce qui se passera à l'avenir.
En vérité, Hachem m'a facilité la tâche cette année, car ma situation est vraiment à ce niveau.
Cependant, nous devrions tous essayer de sentir que nous sommes à ce stade, que nous n'avons rien du tout. En faisant cela, nous pourrons tous mériter d'être ensemble au cours de l'année à venir."

[divré Torah du rav Moché Krieger]

Réflexions sur la résurrection des morts (par le Ben Ich ‘Haï)

+ Réflexions sur la résurrection des morts (par le Ben Ich 'Haï) :

-> "Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis Hachem, votre D." (Kédochim 20,7)

-> Au niveau du sens simple (pchat), notre verset est un commandement pour qu'Israël se comporte de manière sainte.
D'un point de vue homilétique, on peut également lire : "Vous avez été sanctifiés, vous serez donc saints, car moi, Hachem, je suis votre D." =Parce que le peuple juif était saint au départ, il a la capacité unique de se sanctifier davantage par l'étude de la Torah et l'observance des mitsvot.
La preuve qu'ils étaient saints dès le départ est que "Moi, Hachem, je suis votre D." = déjà en Égypte, avant que les Israélites ne reçoivent la Torah et les mitsvot au Sinaï, Hachem s'appelait lui-même " des D. Hébreux" (Chémot 3,18 ; 7,16) ...

Ce point est mis en évidence lors de la purification de la métsora (Vayikra 13,37).Pourquoi le Cohen peut-il le purifier? Parce que la racine de l'âme du juif est déjà pure, il peut être purifié ...

La Torah purifie la personne qui l'étudie. C'est pourquoi elle devait être donnée au peuple juif, qui est enraciné dans la pureté. En effet, D. a imprimé un signe de pureté dans la chair des hommes juifs. L'alliance de la circoncision montre qu'ils sont purs et qu'ils peuvent donc étudier la Torah. C'est pourquoi nous remercions D., dans la grâce après le repas, "pour Ton alliance, que Tu as scellée dans notre chair, et [ensuite] pour Ta Torah, que Tu nous as enseignée", car cette dernière dépend de la première.

La Torah est comparée à de l'eau, comme il est écrit : "quiconque a soif, venez à l'eau" (Yéchayahou 55,1 ; Baba Kamma 17a).
La nature de l'eau est la suivante : si elle se trouve dans un tuyau élevé aux deux extrémités et que sa source se trouve à un endroit élevé à l'une des extrémités du tuyau, elle s'élèvera jusqu'à un endroit tout aussi élevé à l'autre extrémité du tuyau.
Grâce à l'étude de la Torah, une personne atteint la nature de l'eau, elle peut s'élever à un niveau aussi élevé que la racine de son âme.

Dans l'avenir, les morts d'Israël seront ressuscités par la rosée.
La rosée de la résurrection descend d'un lieu qui est source de vie. Pour Israël, dont les racines sont dans le lieu de la lumière, la rosée devient un tuyau par lequel les âmes des morts montent vers le lieu de la vie pour recevoir la vie, afin de ressusciter les corps dans la tombe.
Cela explique ce que Iyov a dit : "Ma racine s'étend jusqu'à l'eau, et la rosée se pose sur mon rameau" (Iyov 29,19) = la racine de mon âme est comme l'eau, qui peut monter aussi haut que sa source.
Moi aussi, je pourrai monter jusqu'au lieu de ma racine. C'est pourquoi la rosée de la résurrection me ressuscitera.
[Ben Ich 'Haï - chana 2 hakdamat Tazria]

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-> Un sadducéen dit à Guéviha ben Pesisa : "Malheur à vous, coupables, qui dites que les morts vivront. Les vivants meurent ; les morts vivront-ils?"
Guéviha répondit : "Malheur à vous, coupables, qui dites que les morts ne vivront pas. Ceux qui n'ont pas encore vécu (les enfants à naître); vivent ; ceux qui ont vécu [vivront]!"
[guémara Sanhédrin 91a ; Ein Yaakov]

-> Le sadducéen accusait les rabbins de ruiner la foi des gens dans la Torah en déclarant que les morts vivront. En affirmant quelque chose d'aussi incroyablement tiré par les cheveux, disait le sadducéen, les rabbins érodaient la confiance du peuple dans leurs nombreux enseignements vrais et magnifiques et dans la Torah. C'est pourquoi "malheur à vous, coupables, qui dites que les morts vivront", car vous serez punis pour avoir détruit la foi des gens en la Torah.

Guéviha répondit : "Malheur à vous, coupables, qui dites que les morts ne vivront pas", car en niant la résurrection, vous empêchez les réchaïm de se repentir et d'accomplir les mitsvot. Car ils diront qu'en fin de compte, les justes meurent comme les réchaïm ; à quoi bon alors porter le joug de la Torah et des mitzvot?
[Bénayahou]

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-> [Il est écrit : ] "La terre qu'Hachem a juré à vos ancêtres de leur donner" (Ekev 11,9).
Il n'est pas dit "de vous donner", mais bien "de leur donner" [c'est-à-dire que D. donnera la terre d'Israël aux Patriarches, qui sont déjà morts].
Nous avons ici une preuve de la résurrection des morts dans la Torah [car pour accomplir sa promesse aux Patriarches, D. devra les ressusciter].

Certains apportent une preuve à partir du verset : "Vous, qui vous attachez à Hachem votre D., vous êtes vivants, vous tous, aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4). [Il est évident que le peuple auquel s'adressait Moché était vivant. Le verset dit : même si tous les autres sont morts, vous serez vivants].
De même qu'aujourd'hui vous êtes tous vivants, de même dans le monde à venir vous serez tous vivants.

La reine Cléopâtre dit à Rabbi Méïr : "Nous savons que les morts vivront, comme il est écrit : "Ils fleuriront hors de la ville comme l'herbe de la terre" (Téhilim 72,16). Mais lorsqu'ils se lèveront, le feront-ils nus ou avec leurs vêtements?".
Il a répondu : "Nous pouvons faire des déductions à partir du cas du blé. Si le blé, qui est enterré nu, émerge avec plusieurs vêtements, à plus forte raison il en est de même pour les justes, qui sont enterrés avec leurs vêtements.
[guémara Sanhédrin 90b]

-> Nous pouvons en effet tirer des enseignements sur la résurrection des morts à partir du blé.
Ses grains sont enfouis dans la terre, où ils se désintègrent. Il repousse ensuite, et l'on finira par en faire du pain.
Mais "l'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche d'Hachem" (Ekev 8,3) = ce n'est pas seulement de la "résurrection" du blé que nous apprenons que l'homme reviendra à la vie après avoir été enterré dans la terre, mais de nombreux versets de la Torah, qui sortent de la bouche de D., que nous apprenons que l'homme reviendra à la vie.
[Ben Yéhoyada]

-> Que signifie le fait que les justes ressusciteront dans leurs vêtements?
Les vêtements dans lesquels les corps des justes sont enterrés symbolisent les "vêtements" qu'ils ont confectionnés pour leur âme grâce à l'étude de la Torah et à l'observance des mitsvot.
Ce concept est évoqué dans le verset suivant : "La force et la gloire sont ses vêtements ; elle se réjouit au dernier jour" (Michlé 31,25).
[Névé Tsadikim]

-> Si Cléopâtre accepte que les morts ressuscitent, quelle différence cela fait-il pour elle que les morts ressuscitent avec ou sans vêtements?
Ce qu'elle voulait savoir, c'est si les gens seront alors comme Adam et Eve avant le péché, qui étaient si purs et si élevés qu'ils n'avaient pas besoin de vêtements, ou s'ils seront comme l'homme après la faute.
[Bénayahu]

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-> César dit à Rabbi Gamliel : "Vous dites que les morts vivront. Mais ils sont devenus poussière. Comment la poussière peut-elle revivre?"
La fille de César dit à Rabbi Gamliel : "Je vais lui répondre." Elle se tourna vers son père et lui dit : "Il y a deux potiers dans notre ville. L'un fait des récipients avec de l'eau, l'autre avec de l'argile. Lequel est le plus habile?"
César répondit : "Celui qui fait des vases avec de l'eau". Elle lui dit : "Si D. fait des vases avec de l'eau, il peut certainement en faire avec de l'argile!"
[guémara Sanhédrin 90b]

-> Rachi explique que la fille de César disait : "D. fait l'homme avec de l'eau, car l'embryon commence par une goutte de sperme. Il peut donc certainement faire l'homme avec de la terre."

La question de César elle-même laisse perplexe. La Torah affirme qu'Adam a été créé à partir de la poussière de la terre (Béréchit 2,7). Si César accepte que D. ait créé l'homme à partir de la terre, pourquoi n'accepte-t-il pas que D. ressuscite les hommes à partir de la terre?
Et s'il n'accepte pas que D. ait créé l'homme à partir de la terre, pourquoi n'a-t-il pas posé sa question directement sur le récit de la création?

César reconnaît que le récit de la création dans la Torah est vraie.
Mais le roi Salomon a dit : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil" (Kohélét 1,9). L'empereur s'interroge donc : Si D. ne crée rien de nouveau après les 6 jours de la création, comment ressuscitera-t-il les morts? N'est-ce pas quelque chose de nouveau?

Sa fille lui explique que tout ce qui existe de semblable dans ce monde n'est pas considéré comme quelque chose de nouveau. Puisque, de nos jours, D. façonne les gens à partir de liquide, ce qui est beaucoup plus difficile que de les façonner à partir de la terre, ressusciter l'homme à partir de la terre n'est pas considéré comme quelque chose de nouveau.
[Ben Yéhoyada]

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+ Guérir les défauts :

-> Rava compare deux parties d'un verset. Le verset dit : "Je fais mourir et je fais vivre", mais il dit aussi : "Je brise et je guéris" (Haazinou 32,39).
Hachem dit : "Ceux que j'ai mis à mort, je les ramènerai à la vie, et ceux que j'ai brisés, je les guérirai.
[guémara Sanhédrin 91b]

-> Hachem ressuscitera d'abord les morts avec les défauts qu'ils avaient au moment de leur mort. Ainsi, tout le monde saura que ce sont les morts qui sont ressuscités.
Ensuite, il les guérira de leurs défauts.
[Bénayahou]

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+ Les effets de l'orgueil :

-> Quiconque a de l'arrogance en lui, sa poussière ne se réveillera pas.
[guémara Sotah 5a]

-> Il n'est pas possible de dire que quiconque a de l'orgueil en lui ne sera pas ressuscité, car si c'était le cas, il n'y aurait presque personne à ressusciter.
Qui peut atteindre l'humilité parfaite?

Cette difficulté vient du fait que l'on suppose que s'éveiller signifie être ressuscité. Elle disparaît si nous comprenons le terme "réveil" dans son sens simple et quotidien.

La résurrection de l'avenir ressemblera à la résurrection réalisée par Yé'hezkiel. D'abord, les os seront recouverts de chair et de peau jusqu'à ce que le corps soit restauré ; ensuite, l'esprit de vie entrera dans les corps, et ils se lèveront.
Il en sera de même lors de la future résurrection. Et lorsqu'ils se lèveront, ils se sentiront en bonne santé et rafraîchis, comme s'ils venaient de s'éveiller d'un sommeil confortable.

Les personnes qui étaient orgueilleuse et qui ne se sont jamais repenties de ce trait de caractère seront également ressuscitées. Mais elles se lèveront comme une personne qui sort d'une anesthésie après une opération chirurgicale importante.

Ainsi, "quiconque a en lui de l'orgueil/arrogance, sa poussière ne se réveillera pas" = lorsqu'il sera ressuscité, il ne sera pas comme une personne en bonne santé qui se réveille d'un sommeil réparateur, mais comme une personne malade qui sort d'une anesthésie.
[Ben Yéhoyada]

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+ Comment atteindre la terre sainte :

-> Selon Rabbi Elazar, les justes enterrés en dehors de la Terre d'Israël ne reviennent pas à la vie.
Rabbi Ila dit : Ils reviendront à la vie, mais ils doivent d'abord rouler [à travers des tunnels souterrains] jusqu'à la terre d'Israël.
Rabbi Abba s'y opposa. Il souligna que rouler serait douloureux pour les justes [et que D. ne les ferait pas souffrir].
Abbayé répondit : Des tunnels seront creusés pour eux sous la terre. [Ils se lèveront et marcheront dans les tunnels jusqu'à la terre d'Israël, d'où ils émergeront (Rachi)].
[guémara Kétoubot 11a]

-> Apparemment, seuls les justes traverseront les tunnels. Les gens ordinaires arriveront en terre sainte d'une manière différente. Leurs os rouleront jusqu'en terre d'Israël et ils y seront ressuscités.
C'est pourquoi, dans la bénédiction de Ahava Rabba, nous disons : "Fais que nous marchions droit vers notre Terre" = aide-nous à être parfaitement justes afin que nous puissions marcher droit dans les tunnels jusqu'à la Terre sainte plutôt que d'y voir nos os rouler. [Rabbi Moché Sofer]

À Bagdad, les morts juifs étaient enterrés face à l'ouest, vers la terre d'Israël, pour montrer leur foi en la résurrection, lorsqu'ils se lèveront et marcheront vers l'ouest à travers les tunnels jusqu'à la Terre.
[Ben Yéhoyada]

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+ Les éloges funèbres

-> Malheur à ce cortège! Malheur à ce fardeau!
[guémara Moéd Katan 28b]

-> Le "cortège" est l'âme, qui se rend au Gan Eden.
Le "fardeau" est le corps, qui est accablé par son séjour dans la tombe.

Dans un éloge funèbre, le corps et l'âme sont loués pour les mitsvot qu'ils ont accomplies dans ce monde. Nous pouvons comprendre que l'âme soit satisfaite de l'éloge funèbre, puisqu'elle continue à vivre et qu'elle tire du plaisir de la mention de la Torah qu'elle a étudiée et des mitsvot qu'elle a accomplies pendant qu'elle était dans ce monde.
Mais pour le corps, c'est se moquer du mort que de le féliciter pour son travail dans les mitsvot alors qu'il gît comme une pierre dans la tombe.

Dans l'avenir, cependant, le corps vivra à nouveau et jouira de la récompense pour son travail dans les mitsvot. C'est pourquoi il apprécie que l'on fasse son éloge pour ces choses, même s'il se trouve actuellement dans la tombe.
L'éloge funèbre est donc "un honneur pour les vivants" = les âmes ; et "un honneur pour les morts" (guémara Sanhédrin 46b) = les corps.
[Né'hamat Tsion]

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+ Les trois partenaires :

-> Hachem achèvera pour moi. Hachem, Ta bonté dure toujours. Tu n'abandonnes pas l'œuvre de tes mains. (Téhilim 138,8)

-> Il y a 3 partenaires dans la création d'une personne : Hachem, son père et sa mère.
Ses parents lui donnent un corps. D. lui donne une âme, l'éclat de son visage, la vue, l'ouïe, la parole, la capacité de marcher et de penser. Lorsque son heure est venue, Dieu prend sa part et leur laisse celle de ses parents. [guémara Nidda 31a]

-> L'homme a 3 partenaires. À qui revient l'honneur en premier?
Celui de D., bien sûr, pour un certain nombre de raisons. L'une d'elles est que même les parents doivent honorer Hachem. Une autre raison est que la part des parents dans l'homme nécessite également l'assistance divine. De plus, une fois que les parents l'ont mis au monde, il devient progressivement indépendant d'eux, mais il reste dépendant de D. à chaque instant pour lui donner vie et énergie.

Ainsi, même le corps, qui est la part des parents dans l'homme, est considéré comme l'œuvre d'Hachem. Et puisque D. a pitié de son œuvre, Il ne l'abandonnera pas, mais la restaurera lors de la résurrection des morts.
Comme le dit notre verset : "Hachem achèvera pour moi" = Il achève la part de mes parents qui est en moi. En outre, "Hachem, Ta bonté dure toujours" = même après que les parents m'ont mis au monde, D. continue à me soutenir. Ainsi, le corps, qui est appelé la part des parents dans l'homme, est également l'œuvre de Tes mains.
C'est pourquoi "Tu n'abandonneras pas l'œuvre de Tes mains", mais tu la ressusciteras dans le futur.
[Ben Ich 'Havil 3 - haGadol 3]

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-> Rabbi Méïr dit : De quel verset de la Torah découle le fait qu'il y aura une résurrection des morts? Il est écrit : "Moché et les enfants d'Israël chanteront" (Béchala'h 15,1).
Il n'est pas dit "a chanté" (char - שר), mais "chantera" (yachir - ישיר).
C'est à partir de là que nous apprenons la résurrection des morts dans la Torah.
[guémara Sanhédrin 91b]

-> Nos Sages ont dit que le monde à Venir a été créé avec la lettre youd (י) (guémara Ména'hot 29b).
Il y a deux mondes à venir. L'un concerne les corps après la résurrection ; l'autre est le monde des âmes.
La lettre youd (י) fait allusion aux deux. C'est pourquoi le verset qui fait allusion à la résurrection ne dit pas שר (a chanté"), mais ישיר (chantera). Le mot ישיר est composé de שר avec l'ajout de deux youd (י), un pour chaque monde à venir.
[Ben Yéhoyada]

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-> Tout ce que D. fait, c'est d'empêcher l'anéantissement de l'œuvre de Ses mains, les âmes et les corps, afin qu'ils ne soient pas perdus dans les deux mondes.
[Tikouné Zohar 31:76a]

-> Certains juifs, jugés indignes, ne prendront pas leur part dans le monde à venir et ne se lèveront pas lors de la résurrection des morts.
Mais lorsque D. renouvellera les cieux et la terre et détruira complètement le mauvais penchant, ces corps et ces âmes perdus seront également renouvelés et restaurés.
[Bénayahou]

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-> C'est avec cela (bézot - בזאת) qu'Aharon entrera dans le lieu saint. (A'haré Mot 16,3)

-> Nos Sages ont trouvé dans la Torah une allusion à la résurrection des morts. En ce qui concerne les téroumot et les dîmes provenant des produits de la terre sainte, il est écrit : "Tu donneras à Aharon haCohen la térouma mise à part pour Hachem" (Kora'h 18,28).
Comment la dîme a-t-elle pu être donnée à Aharon, qui est mort dans le désert et n'est jamais entré en terre sainte?
Il faut qu'à l'avenir il revienne à la vie et que la dîme lui soit apportée.
[guémara Sanhédrin 90b]

-> Actuellement, le Nom de Dieu et son Trône sont incomplets. Le Tétragramme (יהוה) ne comporte que deux lettres (יה) et le mot כס (kess - Trône), n'a pas d'alef [כסא] (voir Béchala'h 17,16).
Dans le futur, les sept lettres du Nom et du Trône seront complètes. [יהוה et כסא]
Notre verset y fait allusion. Le mot "bézot" (בזאת - avec ceci"), peut être divisé en בז אות (bézaïn ot - avec sept lettres).
Lorsque la rectification sera achevée et que le Nom Divin et le Trône seront complets, Aharon entrera dans "le lieu saint", le 3e Temple, en Terre sainte.
[Ben Ich 'Haï - drouchim A'haré Mot]

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+ Les morts que Yé'hezkiel a ressuscités :

-> Rabbi Eliezer dit : Les morts que Yé'hezkiel a ressuscités (Yé'hezkiel 37) se sont levés, ont entonné un chant et sont morts.
Quel chant prononçaient-ils? "Hachem fait mourir par la justice et ressuscite par la miséricorde."

Rabbi Yéhochoua dit : Ils ont entonné ce chant : "Hachem fait mourir et ressuscite ; il fait descendre au tombeau et en fait remonter" (I Chmouël 2,6).

Rabbi Eliezer, fils de Rabbi Yossi le Galiléen, dit : Les morts que Yé'hezkiel a ressuscités sont montés en terre d'Israël, ont pris femme et ont eu des fils et des filles.

Et qui sont les morts que Yé'hezkiel a ressuscités?

Rav dit : Ce sont les descendants d'Efraïm qui ont calculé la fin [de la servitude égyptienne] et se sont trompés.
C'est ainsi qu'il est écrit : "Leur père Efraïm les pleura longtemps" (I Divré haYamim 7,22).
Chmouël a dit : Il s'agissait de personnes qui niaient la résurrection des morts.
[guémara Sanhedrin 92b]

-> Selon Rabbi Eliezer, les morts que Yé'hezkiel a ressuscités se sont levés, ont chanté "Hachem met à mort avec justice et ressuscite avec miséricorde", puis sont morts à nouveau.
Rabbi Eliezer est du même avis que Rav, qui les identifie comme les descendants d'Efraïm en Égypte qui ont calculé la fin de la servitude égyptienne. Ils conclurent à tort que le temps de la rédemption était venu, se mirent en route pour le pays de Canaan et furent tués par ses habitants.
C'est ainsi qu'il est écrit : "Leur père Efraïm les pleura pendant de nombreux jours", parce qu'ils s'étaient trompés en calculant le nombre de jours jusqu'à la rédemption.

Ils ont chanté "Hachem fait mourir par la justice" parce qu'ils ont essayé de hâter l'exode et ont quitté l'Égypte sans Sa permission. Ils ont également chanté "et ressuscite avec miséricorde" parce qu'après leur punition, D. les a ressuscités.

Selon Rabbi Yehoshua, ils chantaient : "Hachem fait mourir et ressuscite ; il fait descendre dans la tombe et ressuscite" (I Chmouël 2,6).
Rabbi Yéhochoua est du même avis que Chmouël, qui les a identifiés comme des personnes qui niaient la résurrection des morts. D. les a ressuscités pour enseigner que, tout comme Hachem les avait mis à mort et les avait ressuscités, Il ressusciterait à l'avenir ceux qu'Il avait fait descendre dans la tombe.

Une autre façon de comprendre le différend est la suivante :
Rabbi Yéhochoua opine comme Rabbi Eliezer, fils de Rabbi Yossi le Galiléen, qui dit que les morts que Yé'hezkiel a ressuscités sont montés en terre d'Israël, où ils se sont mariés et ont eu des enfants. D'après Rabbi Yéhochoua, ils chantaient : "Hachem fait mourir et ressuscite", car, de même que D. les avait mis à mort et les avait ressuscités, de même il les ramènerait un jour dans la tombe pour les ressusciter lors de la résurrection des morts.

Rabbi Eliezer, qui dit que les morts que Yé'hezkiel a ressuscités chantaient : "Hachem fait mourir par la justice et ressuscite par la miséricorde" et qu'ils sont morts immédiatement après, estime, comme Chmouël, qu'il s'agissait de personnes qui niaient la résurrection des morts.
D. les a ressuscités pour nous enseigner que la résurrection existe bel et bien.
[Ben Yéhoyada]

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-> Des hérétiques demandèrent un jour à Rabbi Gamliel : "D'où vient que Hachem ressuscite les morts?".
Il répondit : "Dans la Torah, il est écrit : "Hachem dit à Moché : Voici, tu dormiras avec tes ancêtres, et ce peuple se lèvera et s'égarera" (Deutéronome 31,16).
[En hébreu, un verbe peut précéder ou suivre le sujet. Ce verset dit littéralement : "Voici, vous vous endormirez avec vos ancêtres, et ce peuple se lèvera et s'égarera." On peut donc aussi l'interpréter ainsi : "Vous dormirez avec vos ancêtres et vous vous lèverez" dans la résurrection - "et ce peuple s'égarera].
[guémara Sanhédrin 90b]

"L'âme de chaque juif est imprégnée d'une émouna invincible. Même les fauteurs d'Israel qui ont accumulé de nombreuses fautes graves conservent cette foi au plus profond de leur cœur.
En fait, on sait que de nombreux fauteurs ont donné leur vie pour sanctifier le nom d'Hachem.
Même celui qui n'a jamais songé à se repentir et qui a abandonné sa religion par dépit, s'il était informé de l'arrivée de machia'h, il y croirait sans aucun doute de tout son cœur et reviendrait avec un repentir complet et sincère.
Et même les hérétiques qui ne reviendraient pas en se basant uniquement sur les rapports de l'arrivée de machia'h, lorsque le grand shofar retentira, annonçant la rédemption, même les âmes perdues et privées de leurs droits frémiront et se repentiront.
À ce moment-là, aucune âme ne sera laissée en arrière, car même celles qui ont été incorporées parmi les nations du monde reviendront".
[rav Tsadok haCohen de Lublin - Makhchavot 'Harouts - 9, Ou'té'hilat]