Aux délices de la Torah

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"Une personne qui est constamment plongée dans ses propres préoccupations ne voit même pas l'autre.
Cette personne doit faire l'effort de quitter son espace personnel et abandonner ses préoccupations de temps en temps.
Nous ne devons pas donner l'impression que cela n'a pas d'importance, car comment un ben Torah peut-il rester égoïste? Qu'Hachem nous en préserve!

Même celui qui n'est pas un égoïste au sens propre du terme, mais quelqu'un qui est constamment préoccupé par la construction de son monde intérieur, contemplant des pensées profondes de Torah et de crainte [d'Hachem], il sera également difficile pour une telle personne d'être consciente des choses qui se passent autour d'elle"
[rav Wolbe - Alé Shour, Vol.2]

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[la routine, la vie qui va à 100%, ... tout cela peut nous empêcher de remarquer qu'autrui a besoin de nous.
Etre juif, c'est maintenir ouvert ses capteurs de 'hessed et d'amour envers son prochain juif. ]

Etre juif = ce monde n’est pas une finalité mais un tremplin vers Hachem

+ Etre juif = utiliser ce monde, non comme une finalité, mais comme un tremplin vers Hachem :

-> Un serviteur Hachem considère la matérialité comme un réceptacle de la vitalité divine qui est amenée à l'existence à chaque instant par des étincelles d'énergie spirituelle dans le but de nous permettre d'atteindre une proximité avec Hachem.
Le point de vue non-juif, en revanche, considère ce monde non pas comme un moyen, mais comme une fin en soi.
Le rav Kalonymus Kalmish Shapiro appelle : "hit'lahavout", l'état de proximité avec le Maître du monde tel que nous sommes comme dépouillés de notre physique et que tous nos désirs terrestres sont complètement annulés.
Nous allons que par le biais de la prière et de la Torah, tout juif a la possibilité de parvenir à cet état.

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-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 2,14) écrit :
"L'amour de l'âme envers Hachem peut proliférer et brûler au point qu'il désire vraiment, en prononçant un mot donné des prières quotidiennes, que son âme quitte entièrement son corps, s'élevant pour communier avec Hachem."

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan - Tinyana 98) enseigne :
L'essence et l'achèvement de la hitbodédout, la conversation directe entre l'homme et son Créateur, c'est lorsqu'il s'exprime devant Hachem au point que son âme est très proche de le quitter ... son âme est détachée du corps, attachée seulement par un mince fil, en raison de l'incroyable douleur, ayant un désir ardent et de la nostalgie pour Hachem [de retrouver son état avant sa venue dans se monde où elle était sous le Trône Divine] ...".

-> Selon le Maor vaChéméch (Pin'has) :
"Lorsqu'une personne est en vie, elle est obligée de manger et de boire, ...
Cependant, le chemin de la vérité exige que l'on centre toute sa vie seulement sur Hachem afin de percevoir Son agrément et pour que son âme ait soif de goûter à la douceur, à la proximité et à l'agrément de la Divinité d'Hachem, désirant constamment : "Quand viendrai-je voir le visage illuminé du D. vivant?" (paraphrase du Téhilim 24,3).

L'âme d'une personne qui s'est fixée ce but goûte, au moment de la prière, lorsqu'elle retire ses pensées de ce monde, un peu de cette douceur, de l'agrément de cette lumière élevée.
Son âme désire de toutes ses forces se lier à ces lumières élevées. Au moment de ce désir intense, il est dégoûté de sa vie ; s'il était possible de se débarrasser du corps de son âme et de se lier à l'illumination de l'autre monde, il le ferait volontiers.
Son cœur souffre du lien de son âme avec le corps qui l'empêche de s'élever pour se lier à ces lumières.
À cet instant, son corps est également purifié par le grand désir qui brûle en lui comme une puissante torche, le désir de s'aligner sur le monde spirituel.

Même si, après la prière, son désir n'est plus aussi fort qu'il l'était, il reste bénéfique car son corps n'est plus aussi attiré par la matérialité, ce qui le laisse libre de servir Hachem de toutes les manières possibles.
S'il est cohérent avec son désir, renforçant son désir d'attachement avec Hachem chaque jour, son corps se purifiera jusqu'à ce que la matière physique se transforme en forme spirituelle."

[on peut noter que la prière prend est défini comme un moment où l'on s'attache tellement à Hachem que notre âme risque de quitter notre corps (prier de toute son âme). Et l'on voit qu'un intérêt de la prière est d'ainsi nous purifier par cet attachement extrême avec Hachem, et d'ainsi réduire notre attachement avec la matière après la prière.]

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-> Le 'Hazon Ich (Kovets Igrot 1,13) écrit quelque chose de similaire au sujet de notre étude de la Torah :
Celui qui a le privilège de connaître la Torah, voit son intellect s'unir avec sa connaissance pour ne faire qu'un, comme la graine dans le sillon d'un champ.
Il marche parmi les hommes et ressemble extérieurement à un homme ordinaire.
Mais en vérité, c'est un ange parmi les mortels ; il vit une vie d'extase spirituelle exaltée au-delà de toute louange.

-> Le 'Hazon Ich (Emouna ouBita'hon 1,9) écrit également :
Celui qui s'élève au point d'être capable de sentir réellement la présence du D. tout puissant, est empli d'une extase sans limite. Son âme nage dans le bonheur, tandis que les désirs terrestres perdent toute importance. Son âme délicate est enveloppée dans une étreinte sacrée.

Lorsqu'un mortel pénètre dans ce royaume de sainteté, un nouveau monde s'ouvre à ses yeux.
Il peut vivre en ce monde et éprouver réellement, pendant quelques instants, une extase angélique : tous les plaisirs matériels se fondent dans le néant face à ce ravissement céleste.
Il n'existe pas de plus grande preuve de l'origine divine de l'homme que cette rencontre unique de l'âme avec sa source spirituelle.

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=> A la différence des non-juifs, un juif peut se trouver dans une telle proximité avec son âme, qu'il atteint un état de hit'lahavout, un désir profond pour Hachem devant lequel tous les désirs physiques se désintègrent.
En entrant en contact avec son intériorité la plus profonde, il découvre que les désirs physiques qui le préoccupaient tant il y a peu ne l'intéressent plus du tout.
S'étant élevé au-dessus du corps et de ses fausses séductions (du yétser ara dans la superficialité de ce monde), s'échappant du royaume des des pensées étrangères (loin de la Vérité), et rencontrant son véritable désir de connexion sainte, on laisse derrière nous le secondaire pour se focaliser sur l'essentiel : notre fusion avec Hachem.

Pour atteindre la sainteté, il faut déployer une quantité énorme de travail et d'efforts.
Mais lorsqu'il s'agit de la Sitra A'hra (forces du mal/impureté), c'est le contraire qui est vrai.
[Gaon de Vilna]

[telle est la nature de l'impureté, elle est toujours à portée de main et éternellement accessible. ]

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-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 194) enseigne :
"Celui qui désire les honneurs est un imbécile.
Ceci peut être expliqué par la parabole suivante : un roi envoya un jour le vice-roi dans une région éloignée (pour servir de ministre). Ce vice-roi prit toute la grandeur pour lui, au point que les gens du peuple, ne sachant pas qu'il n'était qu'un serviteur du vrai roi, commencèrent à penser qu'il était le roi. Quand ils avaient besoin de quelque chose, ils tombaient à ses pieds et l'appelaient par tous les termes d'honneur qui conviennent à un roi.
Un jour, le roi se rendit à cet endroit. Il ordonna au vice-roi de se présenter devant lui et lui demanda pourquoi certains citoyens ne travaillaient pas suffisamment. Le vice-roi fit venir un policier pour l'interroger sur les détails de la ville.
Lorsque le policier arriva, il ne reconnut pas le roi, mais seulement le vice-roi. Il se jeta aux pieds du vice-roi, lui faisant un grand honneur, et répondit à ses questions.
Le vice-roi était mortifié, car il n'y avait pas de plus grand embarras que d'être traité comme un roi en présence du vrai roi."

=> Un jour viendra où, face au Roi des rois, ceux qui ont assumé [dans ce monde] de fausses positions royales (ex: en couronnant leur égo roi sur tout autre désir) seront couverts de honte par les objets d'honneur qu'ils ont tant aimés.
En un clin d'œil, le mirage de leur vie belle, ordonnée et soignée sera déchiré pour révéler la véritable laideur de tous les traits de caractère méprisables imaginables qui se cachent en dessous.

-> Rabbi Na'hman (Si'hot haRan 6) compare le plaisir de ce monde aux rayons du soleil qui filtrent par la fenêtre.
Bien qu'ils semblent être des colonnes solides composées de matière concrète, lorsque l'on essaie de les saisir, on ne ressent rien du tout.
Dans ce monde, les forces du mal semblent être rempli de toutes sortes de délices merveilleux (beaux, agréables, facilement accessible, ...), mais ce n'est qu'une grande illusion.
[lorsque le monde de Vérité est là, elles révèlent leur vrai visage, et heureux sont ceux qui n'y ont pas trop investi de leur vivant.]

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=> S'il est possible à celui qui nie la présence active d'Hachem dans l'existence d'atteindre la gloire et l'honneur qui accompagnent les réalisations qu'il revendique fièrement comme étant les siennes, la honte qu'il éprouvera lorsque le masque sera enlevé et que le véritable roi sera révélé sera tout aussi écrasante.

Manger = un moyen élevé de servir Hachem

+ Manger = un moyen élevé de servir Hachem :

-> Rabbi Na'houm de Tchernobyl (Méor Enayim - Emor) enseigne :
Si, au moment où il mange, un juif ne manque pas de regarder vers l'intériorité de l'acte, veillant à ce que toutes ses actions soient pour l'amour du Ciel en accomplissement du verset : "Dans toutes vos voies, connaissez-Le" (Michlé 3,6), atteignant le mystère de la connaissance qui est de savoir qu'il n'y a rien de séparé de Son service, et que au contraire, en mangeant de cette manière, il se rapproche de Hachem, alors ce repas est considéré comme si c'était un Korban (sacrifice) à Hachem, le rapprochement (mékarev) d'éléments saints d'en bas à leur Source d'en haut.
Cela renforce la connexion de sa portion intérieure de divinité, et Hachem en tire une grande joie".

-> Le Maggid de Kozhnitz (Avodat Israël - A'haré Mot) écrit :
"Toutes sortes d'aliments sont élevés lorsqu'ils sont consommés par un juif dévoué.
Lorsqu'un juif mange et sert Hachem avec la force dérivée de ce repas, les aliments s'élèvent du niveau de l'inanimé, de la vie végétale ou de l'animal au niveau de l'homme."

-> Paraphrasant un autre enseignement du Meor Enayim (paracha Mattot), rabbi Hillel Zeitlin (Mévo l'Hassidout ul'Darka chel 'Habad) explique :
"Chaque chose dans ce monde contient une étincelle sainte qui émane de la parole d'Hachem pour animer cette chose.
Lorsqu'une personne mange un aliment doux au palais, l'étincelle sainte reste en elle et s'unit à sa force vitale, lui apportant vitalité et éclat.
Lorsqu'une personne croit avec une foi parfaite que dans cette nourriture se trouve la subsistance spirituelle, la divinité d'Hachem, et qu'elle concentre son cœur sur cette perspective, se liant à la Source de tout, elle ramène cette étincelle sainte, qui était auparavant piégée dans les brisures de l'exil, à Hachem.
Hachem en tire un grand plaisir, car c'est le fondement de notre avoda, qui consiste à élever toutes les étincelles saintes qui sont tombées dans les domaines de l'impureté après l'éclatement, vers un lieu de sainteté."

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-> L'un des objectifs ultimes d'un mode de vie fondé sur la Torah est d'illuminer les éléments physiques de la vie avec la lumière spirituelle de l'âme.

Le Baal HaTanya (Likouté Amarim - Tanya - chap.37) souligne que Hachem a créé le monde parce qu'il désirait une "dira bata'htonim" (un lieu de résidence dans les royaumes inférieurs).
C'est là le fondement des mitsvot impliquant des matériaux et des objets physiques ; elles nous donnent l'occasion de sanctifier le monde physique au service de la Divinité.
[en ce sens, tous les actes de consommation, même les plus banals, peuvent devenir saints s'ils sont accomplis avec les bonnes intentions : donner à son corps la force de servir Hachem, avoir conscience que la nourriture qu'on mange contient une étincelle divine, et que c'est cette étincelle de spiritualité qui lui donne de la force et qui est ainsi élevée (par l'intention et la bénédiction qui va être récitée).]

-> Dans le même ordre d'idées, l'âme humaine, qui est une portion de D. en Haut (Tanya chap.2) , désire pénétrer les profondeurs des forces physiques du corps pour tenter de sanctifier et d'élever tous les domaines de l'expérience humaine. [rabbi Nah'man - Likouté Moharan 22:5]
L'acte physique qui unifie le plus le corps et l'âme, la masse physique et la force vitale spirituelle, est de manger.
L'acte physique qui unifie le plus le corps et l'âme, la masse physique et la force vitale spirituelle, est le fait de manger. Manger insuffle à une personne force et vitalité en renforçant la relation entre le corps et l'âme. [voir rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm 2:6]
Par conséquent, d'une manière très profonde, l'acte de consommation physique résume le but même de la création = attirer la lumière de la spiritualité dans l'obscurité des scories physiques. [voir rabbi Nathan - Likouté haLa'hot vol.2]

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-> Rabbi Na'hman (Likouté Moharan 25:3) va jusqu'à dire que l'avoda impliquée dans le manger et le boire d'une âme élevée amène davantage de lumière que la Torah et la prière d'une âme moins élevée.

L'une des leçons du compte du Omer (Séfirat haOmer) est de se concentrer uniquement sur le jour présent.

"Ne pensez pas à vos fautes du passé [qui vous affligeront et vous feront perdre espoir] et ne pensez pas à ce qui se passera dans le futur [qui vous fera penser qu'il est impossible de maintenir votre téchouva pendant une longue période].
Pensez uniquement à ce jour. Aujourd'hui, je peux apporter de la satisfaction à Hachem avec la Torah et les mitsvot".
[Divré Shmouel]

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-> Rabbi Na'hman de Breslev dit : "Il est interdit de trop réfléchir!"

[ ce que tu peux faire fais-le, sinon agis avec simplicité et foi.
Hachem te donne la vie à chaque instant, ce qui est un signe que tu comptes à Ses yeux.
A notre tour de faire de notre mieux pour que ce jour compte aux yeux d'Hachem par les belles choses que nous pourrions y faire! ]

Le concept de bita'hon (avoir émouna dans la pratique) ne dépend pas du mérite, car même s'il s'agit d'une personne qui n'agit pas correctement, puisqu'elle a renforcé son bita'hon en Hachem, le pouvoir du bita'hon la protège, et Hachem agira avec bonté envers elle.

['Hafets 'Haïm - Séfer Shem Olam 2,8]

Celui qui croit que tout ce qui lui arrive est pour le mieux ne sera jamais triste.
Une personne ne se blesse pas son doigt à moins que cela n'ait été décrété [par Hachem].

Cependant, il n'a pas été décrété qu'il devait être triste ...
Les défis de la vie sont un test pour voir s'il les accepte avec joie.
[Ben Ich 'Haï]

Nécessité de personnaliser sa vie juive

+ Nécessité de personnaliser sa vie juive :

-> Outre la mission générale et universelle de la nation juive dans son ensemble, chaque juif a été envoyé dans ce monde pour accomplir quelque chose de spécifique et d'unique, pour perfectionner un aspect particulier de sa relation avec Hachem, avec les autres et avec lui-même.

Le Malbim (Michlé 3,17) explique que le verset décrivant la Torah : "Ses voies sont des voies agréables et tous ses chemins sont paisibles", fait référence à ces deux modes.
Les "voies" de la Torah se réfèrent aux lignes directrices générales de la vie juive, tandis que les "chemins" de la Torah se réfèrent à la mission individuelle de chaque âme juive, l'avoda spécifique à sa réparation (tikoun - raison de venue dans ce monde) à elle seule.

-> Le rav Shlomo Carlebach rapporte :
Le livre des Téhilim n'est pas seulement un livre de prières ; c'est le livre où le roi David enseigne au monde comment servir D.
Il est écrit : "nèr léragli dévar'ha" (Tes paroles sont une bougie [qui éclaire] mes pieds), "vé'ohr lin'tivati" (et une lumière pour mon chemin - Téhilim 119,105).

Rabbi Mordé'haï Leiner explique l'intention du roi David :
Il y a deux choses que je dois faire dans la vie. Tout d'abord, je dois être comme tout le monde ; je dois suivre chaque mot de la Torah, les 613 mitsvot. Mais ensuite, il y a quelque chose que je suis le seul à pouvoir faire. Hachem m'a choisi pour faire quelque chose de très spécial.

Ainsi : Il y a une lumière [globale au peuple juive] qui éclaire le chemin, mais chaque personne a besoin d'une bougie pour [lui éclairer personnellement] chaque étape du chemin.

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-> Le rav Avraham Kook (Orot haRayah 2) écrit :
"La différence entre l'esclavage et la liberté n'est pas seulement une question de statut extérieur, où une personne est emprisonnée par un maître alors qu'une autre ne l'est pas. En effet, il est possible de trouver un esclave intelligent dont l'esprit est plein de liberté et il est également possible de trouver une personne libre qui a l'esprit d'un esclave.
La vraie liberté est celle d'une personne ou d'une nation qui, poussée par un esprit exalté, reste fidèle à l'essence intérieure et à l'image divine qui l'habitent."

[ainsi, un juif est véritablement libre lorsque dans le cadre globale de la façon de vivre juive, il laisse s'exprimer, s'épanouir, toute la spécificité de sa nature unique. ]

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+ Avoir une étude individualisée de la Torah :

-> Nos Sages nous enseignent que si l'étude de la Torah est la force vitale essentielle de la spiritualité d'un juif, "une personne ne peut vraiment se connecter à la Torah que si son cœur est attiré par elle" (ein adam lomèd ela bimakom shélibo 'hafeits - guémara Avoda Zara 19a).
Ce qui fonctionne pour l'un peut ne pas fonctionner pour l'autre ; ce qui fonctionne pour un rabbi peut ne pas fonctionner pour son élève, car bien que toute la Torah soit également accessible à chaque juif, chaque âme est particulièrement connectée à une portion spécifique de la Torah.
Au fur et à mesure que l'on grandit en maturité spirituelle et que l'on devient plus à l'écoute des aspirations de son âme, il faut rechercher le domaine spécifique de la Torah qui alimente la flamme personnelle de la connexion. Qu'il s'agisse de nouvelles perspectives de Aggada, de 'Hassidout, de Moussar, de Ma'hchava, ou de domaines de la halacha qui ne sont pas aussi largement étudiés, devenir le meilleur "moi" exige que je cesse d'essayer d'imiter la avoda des autres et que je suive enfin les impulsions de ma propre âme.
Si je continue à me forcer à m'engager dans une étude de la Torah qui n'est pas adaptée à ma racine d'âme, je risque d'être frustré et de perdre complètement le désir de la Torah.
[rav Yaakov Klein]

-> Les tsadikim ont été très sévères à l'égard de ceux qui tentent d'imiter la avoda des autres au lieu de découvrir leur propre "style" dans la avodat Hachem.
[voir par exemple : le Noam Elimelech (Kedoshim)]

-> Le rav Avraham Kook (Orot haTorah 9:6) enseigne à ce sujet :
"Il y a ceux qui ont mal tourné parce que, dans leur chemin d'étude et d'achèvement, ils se sont rebellés contre leur nature personnelle et unique.
Une personne peut être prédisposée à l'étude de la Aggada, et les questions de halakha ne sont pas en accord avec sa nature pour qu'elle s'en occupe constamment, et parce qu'elle ne reconnaît pas ou n'apprécie pas son aptitude spéciale, elle se plonge dans l'étude de la halakha, comme c'est la manière acceptée, et elle ressent dans son âme une aversion pour ces questions, parce que son immersion dans ces questions n'est pas en accord avec la nature de sa propension personnelle.

Cependant, s'il découvrait son but et l'accomplissait en s'impliquant constamment dans cette portion de la Torah qui correspond à la nature de son âme, elle comprendrait immédiatement que l'aversion qu'elle ressentait lorsqu'elle étudiait la halakha n'était pas due à un manque inhérent à ces études saintes et nécessaires, mais plutôt au fait que son âme cherchait à s'impliquer dans un domaine différent de la Torah.
Elle resterait alors fidèle à la sainteté de la Torah d'une manière élevée, accomplissant des "actes de bravoure" dans le domaine de la Torah qui la concerne, et aidant ceux dont les mains sont puissantes dans la halakha en leur accordant un goût de la douceur de la Aggada.

Cependant, comme elle ne réalise pas la source de ce sentiment d'aversion pour son étude, et qu'elle continue à nier sa nature, lorsqu'un chemin de liberté s'ouvre devant elle, elle s'échappe immédiatement et devient un ennemi et un étranger à la Torah et à la émouna ..."

-> Ailleurs, le rav Avraham Kook (Orot haKodech 3) écrit :
"Et je suis dans les profondeurs de l'exil" (vaani béto'h hagola - Yé'hezkel 1,1) = il s'agit du "moi" intérieur, essentiel, qu'il soit individuel ou collectif ... Et le monde continue, s'enfonçant dans la destruction de chaque "moi", qu'il soit individuel ou collectif.
Des enseignants experts viennent ... eux aussi détournent la conscience de leurs élèves du "moi" ... ils remplissent les esprits et les cœurs de tout ce qui leur est impersonnel. Peu à peu, le "je" s'oublie.
Et quand il n'y a pas de "je", il n'y a pas de "Il", et à plus forte raison il n'y a pas de "Tu".

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-> Le rav Yaakov Klein dit :
Lorsqu'une personne n'entre jamais en contact avec le domaine singulier de l'étude de la Torah qui touche le cœur même de son âme, elle ne ressent aucune attirance intrinsèque ...
L'effondrement soudain de l'engagement d'un étudiant en Torah vers la judaïcité n'est pas dû à une expérience traumatisante ou à une crise théologique, mais à une modification purement externe et pratique de sa vie. [il se comporte comme tout le monde fait, sans écouter et épanouir sa demande personnelle intérieure. ]
Tout ce qui a trait à la nature essentielle de sa relation avec le judaïsme est exactement le même qu'hier ...
Selon le rav Its'hak Hutner (Pa'had Its'hak - Igrot ouKetavim 112) : "Il est tout à fait possible qu'une personne apprenne avec assiduité à la yéchiva, et pourtant, sur la base de cela, on ne peut toujours pas évoquer la relation de cette personne avec la Torah". [sa véritable intériorité ne s'étant pas encore exprimer ... ]

D'un autre côté, les personnes qui font leur propre judaïcité tout en restant dans le cadre des directives générales de la yéchiva, qui travaillent sur la prière et la émouna et qui cherchent leur propre part dans l'étude de la Torah pendant leur temps libre, connaissent peu de changements lors qu'ils quittent le cadre de la yéchiva.
Ces chercheurs spirituels ne connaissent aucune crise. Tout continue comme avant, parce que leur relation avec le judaïsme fait partie intégrante de leur être, ne dépend d'aucun facteur extérieur, et est reconnue comme englobant et conservant sa pertinence dans tous les domaines de la vie.

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+ Avoir une expression spirituelle unique :

-> En plus de rechercher une part unique dans l'étude de la Torah, il est également impératif pour un juif de rechercher les mitsvot et comportements avec lesquels il se sent le plus lié et de les développer, en prenant soin de s'impliquer pleinement dans ces moyens d'illuminer notre vie.
Il va sans dire que toute innovation dans ce domaine doit rester dans les limites de la halakha. Agir à l'encontre de la volonté d'Hachem telle qu'elle est exprimée dans la halakha au nom de sa croissance spirituelle est certainement contre-productif.

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.1) écrit :
"Et quoi que l'on pense être un moyen d'atteindre cette proximité (avec Hachem), il faut le poursuivre, s'en emparer et ne jamais le lâcher. "

Ailleurs (Messilat Yécharim - chap.26), il enseigne :
Ce n'est pas que l'idée de la piété qui change, car elle est certainement accessible à tous, n'étant rien d'autre que de faire des choses dont Hachem soit fier.
Mais parce que toute personne est différente [l'une de l'autre], il est impossible que les moyens d'atteindre ce but ne changent pas aussi, chacun selon sa nature.

[ ce qu'Hachem désire le plus c'est notre cœur, notre intériorité, et il n'a pas besoin de "robots" (ex : ceux qui bougent par habitude leurs lèvres dans la prière, pensant à être chose) car Il a beaucoup d'anges au Ciel. Ainsi, chacun trouvera des moyens/astuces pour stimuler et permettre à son cœur de s'exprimer. ]

-> Lorsque nous nous approprions la religion juive en découvrant les éléments de notre tradition sacrée qui correspondent le mieux à la nature de notre âme, nous voyons notre avodat Hachem se transformer d'une froide corvée en une relation vibrante et passionnée, débordante d'émerveillement et d'excitation avec notre papa Hachem.

En ce sens, le rav Avraham Kook (Chemoné Kévatsim 4:6) écrit :
"En effet, lorsque quelqu'un marche sur ce chemin sûr, son propre chemin unique, dans une voie de droiture qui lui est propre, il est rempli de la force de la vie et de la joie de la spiritualité.
La lumière de D. brillera sur une telle personne, et la force et la lumière viendront de sa lettre spéciale dans la Torah."

-> [chaque juif a une âme (partie d'Hachem) unique qui provient de l'âme collective de la nation juive, dont il est le seul à pouvoir, et à devoir, révéler.
Ainsi, tout en respectant un cadre imposé par nos Sages, nous devons avoir une vie juive unique et épanouie, en étant à l'écoute de nos besoins spirituels propres, du moment.
En ce sens, quelque chose de peu "parlant" pour quelqu'un, peut allumer le feu de l'âme d'un autre. ]

-> Le roi Salomon nous donne le conseil suivant : "Forme/éduque ton enfant selon sa voie" ('hanokh lanaar al pi darko - Michlé 22,6).
Selon le Maggid de Kozhnitz (Avodat Israël), cela signifie que chaque enfant doit être guidé sur la voie de avodat Hachem à laquelle son âme unique est accordée.
[on voit qu'un élément fondamental de l'éducation est d'avoir conscience de servir Hachem en prenant en compte les besoins spirituels uniques de chaque personne. ]

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+ L'importance de prières personnelles & de la hitbodédout :

-> Au début de la relation entre rabbi Nathan et rabbi Na'hman de Breslev, ce dernier a passé un bras autour de l'épaule de son élève le plus précieux, en disant : "De plus, il est très bon d'ouvrir son cœur devant Hachem comme on le ferait avec un ami vraiment proche".
Ces mots expriment le fondement même de la hitbodédout, l'idée que bien qu'Hachem soit notre Père et notre Roi, il est aussi notre ami le plus proche et le plus cher, qui est intimement impliqué dans tous les détails de notre vie et auquel on peut s'adresser en tant que tel.
Tout comme les relations humaines étroites se forment à travers une communication expressive, une relation personnelle avec le Maître du monde est fortifiée pour une conversation direct.
Alors que les 3 prières standardisées, instituées pour maintenir la "quantité" [journalière] de la prière, peuvent facilement entraîner une perte de "qualité", manquant de spontanéité individuelle et sujettes à la distraction et à la récitation routinière (sans véritable kavana), la prière personnelle avec ses propres mots exige une foi véritable, un investissement personnel et une inspiration émotionnelle.
[rav Yaakov Klein]

-> Selon le rav Wolbe (Alé Shour, vol.2, chap.4) :
"Pour que les êtres humains puissent construire une société, Hachem nous a donné un outil : le pouvoir de la parole. Il s'ensuit que non seulement notre relation avec les autres humains se construit à l'aide du pouvoir de la parole, mais qu'il en va de même pour notre relation avec le Créateur."

-> "J'ai de la émouna car je parle" (éémanti ki adaber - Téhilim 116,10)
Eventuellement, on peut expliquer que plus je parle avec Hachem (même sur les choses les plus banales, simples), plus je créé un lien avec Lui, alors plus je peux avoir confiance en Lui (ex: prise de conscience concret que : Il est présent partout, dans tout, et Il peut tout). ]

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan - Tinyana 25) enseigne :
"La hitbodédout est une pratique merveilleuse, elle est plus importante que toute autre chose.
Il s'agit de se réserver au moins une heure ou plus pour s'isoler dans une pièce ou dans les champs et s'adresser directement à son Créateur (lui ouvrant notre coeur) ...
Cette prière et cette conversation doivent se faire dans la langue que l'on a l'habitude de parler. En hébreu, il est difficile de s'exprimer correctement, le cœur n'est pas attiré par les mots parce que nous ne sommes pas tellement habitués à parler cette langue. En revanche, lorsque nous parlons dans la langue du pays, que nous avons l'habitude de parler, il est plus facile de parvenir à un cœur brisé, car le cœur est plus naturellement attiré par la langue que nous avons l'habitude de parler."

[précision : le rav Yaakov Shechter (un des principaux responsables Breslev à Jérusalem) dit : bien que ce temps ("au moins une heure ou plus") soit certainement préférable, même 5 ou 10 minutes de prière personnelle à Hachem sont également qualifiées de hitbodédout, chaque personne en fonction de ce qu'elle est capable de faire.
(plutôt que de ne rien faire, essayons de maintenir chaque jour, même 2-3 minutes minimum, de dialogue à cœur ouvert avec Hachem (notre Père, notre ami, ...) : lui faisant part de nos inquiétudes/frustrations, de nos aspirations, nos désirs, ... C'est décharger notre fardeau de tout ce qui nous pèse sur le corps, c'est le remercier ... mais surtout c'est donner de la vie et un lien à notre avodat Hachem. ]

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-> On vient de voir que : "La hitbodédout est une pratique merveilleuse, elle est plus importante que toute autre chose".
Ailleurs, rabbi Na'hman (Likouté Moharan - Tinyana 97) enseigne que, tout comme les routes bien connues sont traquées par des voleurs qui attendent en cachette un passant, la route générale de la prière établie (les 3 prières journalières) est traquée par toutes sortes d'anges nuisibles qui cherchent à empêcher nos prières de s'élever à l'endroit approprié.
Par conséquent, de la même manière qu'une personne qui souhaite éviter le danger d'être prise en embuscade et volée doit emprunter un chemin de traverse qui n'est pas connu des masses, il est également bénéfique d'emprunter la voie alternative de hitbodédout, en consacrant du temps à des prières personnelles et non écrites en plus des 3 prières établies, afin de passer inaperçu face aux forces négatives.

-> Dans le vaste corpus Breslev, nous constatons que hitbodédout est synonyme de : "yichouv hadaat" (la tranquillité d'esprit).
Telle est donc l'essence de la hitbodédout : parvenir à une véritable clarté sur le sens de notre vie et démêler les absurdités de nos expériences quotidiennes en plongeant profondément dans notre psyché pour atteindre le point où la foi embrasse la vérité au centre de notre être ...
Un nombre non négligeable de personnes sur cette planète vivront toute leur vie sans même prendre le temps de poser et de chercher le sens profond de leur existence

Rabbi Na'hman (Likouté Moharan - Tinyana 10) explique :
"Si le monde est éloigné d'Hachem et ne se rapproche pas de Lui, c'est uniquement parce qu'il n'a pas de tranquillité d'esprit et ne se calme pas.
C'est pourquoi il est vital pour quelqu'un d'essayer de bien se poser ; quel est le sens de toutes ses pulsions vers les plaisirs de ce monde ... de cette façon, il reviendra certainement à Hachem."

[notre yétser ara fait en sorte que nous soyons constamment pris par les préoccupations de la vie, ne laissant jamais de temps pour se poser et laisser notre intériorité s'exprimer. La vie passe, et nous ne permettons pas à notre âme de briller, à notre attachement avec Hachem de s'intensifier le plus possible. ]

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-> Dans ces générations, où notre conscience spirituelle est à un niveau extrêmement bas, il est nécessaire de se renforcer en méditant sur D. dans un état de crainte.
Même au milieu de l'étude de la Torah, il est bon de s'arrêter de temps en temps pour méditer. Même si cela peut amener à négliger légèrement son étude, il est bon de le faire, "car ce n'est pas l'étude qui est importante, mais la pratique" (Pirké Avot 1,17).
[Baal Chem Tov - Kéter Chem Tov 167]

-> Comment peut-on mériter de s'attacher à D.?
En s'isolant de ses semblables [en hitbodédout].
[Baal Chem Tov - Tsavaat haRivach 82]

-> Quelle que soit la taille [spirituelle] d'un individu (le plus grand, comme le plus petit), il est impossible de s'affiner véritablement si ce n'est par la méditation (hitbodédout).
Rabbi Na'hman de Breslev mentionne de nombreux tsadikim célèbres et déclare qu'ils avaient tous atteint leur niveau spirituel uniquement grâce à hitbodédout.

Indiquant un homme simple qui était l'un des descendants du Baal Chem Tov, Rabbi Na'hman a dit : "Cet homme, lui aussi, déverse constamment ses larmes sur D.".
Le Baal Chem Tov était particulièrement habitué à faire cela, car il venait de la lignée du roi David.
Et cette pratique était la principale préoccupation du roi David : il avait toujours l'habitude de briser son cœur à l'extrême devant D. C'est le fondement de son Séfer Téhilim"
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan II,100]

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+ En résumé :

-> Il est impératif que chaque personne juive cherche sa voie unique dans la avodat Hachem.
L'une des façons d'y parvenir est de trouver les domaines de la Torah qui parlent à notre âme particulière et de consacrer du temps à leur exploration.
Une autre consiste à découvrir la mitsva, le minhag ou le comportement avec lesquels nous nous sentons le plus liés à D. et à concentrer notre attention sur ce domaine particulier de la avodat Hachem.

-> La principale façon de mériter de construire une relation intime avec le Maître du monde est de s'engager dans la hitbodédout, la prière personnelle avec ses propres mots.
Le fait de réserver du temps chaque jour pour parler franchement avec le Créateur de tout, renforce notre émouna et nous permet d'intégrer Hachem dans chaque détail de notre vie.

+ "Naassé VéNichma" (Nous ferons et nous écouterons - Michatim 24,7)

-> Avant même d' "entendre", d'expérimenter la douceur de l'illumination spirituelle, les juifs doivent être satisfaits de "faire", de pouvoir s'engager dans la avodat Hachem simplement parce que nous savons que c'est ce qu'Hachem désire, ce que notre âme désire ardemment et ce que nous avons besoin de faire pour mettre notre vie en ordre.
[d'après le Mé haChiloa'h - vol.2 - Vayikra]

"Lorsqu'une personne demande une bonté à Hachem, elle ne doit pas se concentrer sur la gratification personnelle qu'elle en retirera.
Elle doit plutôt se concentrer sur le fait que cette chose lui permettra de servir Hachem en toute tranquillité d'esprit."
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Chémot]