Aux délices de la Torah

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Se réjouir d’autrui, c’est amener sur soi les bénédictions

+ Yitro - Se réjouir d'autrui, c'est amener sur soi les bénédictions :

-> Lorsque les gens entendent des histoires sur le fait qu'Hachem a apporté le salut à des personnes, qu'il s'agisse d'avoir un enfant après de nombreuses années de mariage, de se marier après une longue attente, ou de se rétablir d'une grave maladie, ... leurs réactions varient.
Certains pensent : "Comment se fait-il que tous les autres obtiennent toujours ce dont ils ont besoin et que je sois toujours coincé avec mon problème? Quand est-ce que ce sera déjà mon tour d'être aidé?"
[inconsciemment cela installe en nous du doute et des idées du type : Hachem ne m'aime pas vraiment (vu qu'Il ne répond pas à mes besoins contrairement aux autres), je quelqu'un de nul pour ne pas être exaucé (pourtant j'essaie de faire sa volonté, je prie) il doit y avoir de l'injustice divine, ... ]
Dans ce cas, le récit de bonheur qu'on a entendu à propos d'une autre personne a eu un impact négatif. Cela la fait se sentir plus mal à propos de sa propre situation, au lieu de lui donner du 'hizouk (un renforcement).

D'autres réagissent ainsi : "Quelle histoire incroyable! Hachem est grand. Il peut tout faire. S'Il a aidé cette personne après si longtemps, cela me donne l'espoir que moi, ou mon proche, pouvons aussi être aidés!"
Dans ce cas, le récit d'autrui a donné à la personne un 'hizouk pour prier plus fort et placer encore plus d'espoir en Hachem pour le salut (délivré de sa situation difficile).

Les réactions dépendent de nous ; nous pouvons choisir le message que nous voulons entendre. Et bien que la 2e réaction soit meilleure que la première, elle n'est toujours pas optimale.
La meilleure réaction serait du type suivant : "Barou'h Hachem, un autre juif vient d'être aidé. Je suis si heureux qu'il soit sorti de l'agonie qu'il traversait. Qu'il y ait plus de yéchouot (délivrance) dans le peuple d'Israël comme cela, avec l'aide de D.!"
Tout d'abord, l'auditeur de la bonne nouvelle doit être heureux pour le bénéficiaire de la bénédiction d'Hachem, et ce n'est qu'ensuite qu'il doit appliquer le message à sa propre vie et avoir davantage d'espoir qu'il puisse également être aidé.
Il s'agit d'une avoda très difficile, surtout si celui qui entend l'histoire a besoin de la même yéchoua pour lui-même.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (dans Daas Torah - Michpatim) décrit combien il est difficile pour une personne de partager la joie de quelqu'un d'autre. Il est plus facile pour une personne de partager la douleur de quelqu'un d'autre que de partager sa joie. Mais si nous pouvons travailler sur nous-mêmes pour être vraiment heureux de la réussite des autres, cela nous rendrait également plus heureux.
Nous accomplirons une grande avodat Hachem, et nous aurons la garantie de recevoir des 'hizouk des histoires que nous entendons, plutôt que de nous sentir mal à propos d'elles.

Il est écrit : "celui qui a un bon œil sera béni" (tov ayin ou yévora'h - Michlé 22,9) = une personne qui est heureuse pour les autres est celle qui reçoit la bénédiction.
Le séfer Maayan Ganim (paracha Choftim) demande : Pourquoi Yitro a-t-il mérité que Moché épouse sa fille et que El'azar haCohen ait épousé sa petite-fille?
En signe d'honneur, Yitro a une paracha à son nom dans la Torah, et ses arrière-petits-enfants ont siégé dans le grand Sanhedrin du Temple dans le Lichkat HaGuazit.
=> Qu'a fait Yitro?

Le séfer Maayan Ganim répond que le verset (Yitro 18,9) rapporte que lorsque Yitro a entendu parler de la façon dont Hachem a délivré le peuple juif d'Egypte : "Yitro s'est réjoui", même si, comme le rapporte Rachi, Yitro était proche de l'Egypte et se sentait mal à propos de leur chute.
Néanmoins, il a mis ses propres sentiments de côté pour se réjouir avec Israël de leur salut. Non seulement cela, mais il continue et dit (Yitro 18,10) : "Béni soit Hachem, qui vous a sauvé des mains des égyptiens" = c'est comme si une personne apprenait que son ami a reçu une certaine bénédiction et qu'en réponse elle disait : "Hachem, merci beaucoup d'avoir aidé mon ami. Je l'apprécie énormément!"

C'est un grand niveau, être tellement heureux pour une autre personne que nous ressentons le besoin de remercier Hachem pour sa joie. C'est une belle qualité que possédait Yitro.
La Torah la décrit ici, mais il doit l'avoir eue pendant toute sa vie. Et, en effet, il a été béni à bien des égards.

=> Ainsi , si nous introduisons davantage cette qualité (mida) dans nos vies, cela fera de nous des personnes meilleures, des personnes plus heureuses, et grâce à D. des personnes bénies (on a l'assure que : "tov ayin ou yévora'h = en faisant l'effort de me réjouir du bien d'autrui, alors par cela Hachem me bénit (c'est comme un père qui voit un enfant qui est content qu'un de ses frères a reçu des cadeaux. Son père est tellement content de l'amour entre eux, qu'Il dit : "allez je te donne à toi aussi davantage!")).

[d'après un cours du rav David Ashear]

Shalom Bayit – Conclusions du rav ‘Haïm Friedlander

+ Shalom Bayit - Conclusions du rav 'Haïm Friedlander dans son kountres :

1°/ La maison = l'école du 'hessed :

-> La maison est une école pour développer la mida du 'hessed (trait de caractère de bonté).
Selon les directives de la Torah, en matière de tsédaka (charité) et de 'hessed, plus une personne est proche de vous, plus elle est prioritaire.
En ce sens, "Entre les indigents de ta ville et les indigents d'une autre ville, les indigents de ta ville sont prioritaires" (guémara Baba Métsia 71a).
De même, en ce qui concerne les besoins d'un pauvre qui est un membre de la famille et d'un autre qui ne l'est pas, le membre de la famille a la priorité ; comme il est dit : "Ne te cache pas de ta propre famille" (Yéchayahou 58,7).
Or, parmi tous les parents d'une personne, il n'y a pas de parent plus proche que sa femme, la femme d'une personne est comme sa propre personne (ichto kégoufo). Par conséquent, la plus grande obligation de 'hessed est envers sa femme.

On observe parfois un phénomène étrange : une personne se consacre à donner beaucoup d'aide à tous ceux qui se tournent vers elle, et pourtant sa propre femme est pleine de plaintes contre elle : pourquoi ne voit-elle pas cette même attitude de 'hessed aussi à la maison?
Cette personne a l'impression erronée que le 'hesed avec les étrangers est plus important ; elle ne réalise pas que [selon la Torah] l'expression première de son 'hesed devrait être envers sa femme.

-> Il faut ajouter à ces paroles du rav Friedlander, celles du rav 'Haïm Vital (rapportées par le rav Wolbe - maamaré haDracha lé'Hatanim - p.11) :
En ce qui concerne le 'hessed, les midot d'un homme ne se mesurent qu'en fonction de la façon dont il traite sa femme.
C'est-à-dire qu'un homme qui s'active à faire du 'hessed pour de nombreuses personnes : en prêtant de l'argent et en aidant les gens financièrement, en visitant les malades, en consolant les personnes en deuil, en apportant de la joie à un 'hatan et à une kala, ... s'attend certainement à recevoir une grande récompense dans l'autre monde ... Mais il doit savoir sans aucun doute qu'au Ciel, on examinera son comportement envers sa femme.
S'il l'a également traitée avec bonté toute sa vie, il est digne d'éloges et tout ira bien pour lui. Mais s'il l'a provoquée et l'a négligée, ou si, dans sa maison, il a exprimé sa colère et s'est montré excessivement strict, qu'il n'a pas été aimable et a refusé de partager son fardeau, cela déterminera l'issue du jugement.
On ne mentionnera pas pour sa défense les bonnes actions qu'il a faites pour les autres!

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2°/ Une atmosphère positive :

-> L'objectif est de créer une atmosphère dans la maison qui soit constamment agréable et bonne. C'est le shalom bayit = la shlémout habayit (la perfection du foyer).
[Shalom (paix), est liée au mot shlémout (perfection). L'absence de conflit ne constitue pas à elle seule un véritable shalom ; pour qu'il y ait un véritable shalom, une atmosphère de fraternité et de camaraderie doit régner dans le foyer. ]

Nos Sages nous enseignent ce point : "Lorsque l'amour entre ma femme et moi était fort, nous pouvions tous les deux nous reposer sur la largeur de la lame d'une épée. Maintenant que notre amour n'est pas fort, un lit de 60 ama n'est pas suffisant pour nous" (guémara Sanhedrin 7a - avec Rashi).
On peut noter que la guémara ne dit pas "Maintenant qu'il y a un conflit entre nous", mais seulement "Maintenant que notre amour n'est pas fort", comme c'était le cas auparavant.

La règle d'or est de s'efforcer constamment de créer une atmosphère de "aava vé'achva shalom vé'reyout" (d'amour, de fraternité, de paix et d'amitié entre vous - nous souhaitons cela dans la 7e bénédiction des chéva brakhot). Ainsi, les disputes n'auront pas lieu et tous les problèmes susceptibles d'apparaître pourront être résolus de manière agréable.

-> On peut rapporter les paroles du rav Wolbe (maamaré haDracha léKallot - p.37-39) :
Essayons de clarifier ce que signifie le vrai bonheur, ce qu'il faut en attendre et ce qu'il ne faut pas en attendre ... Lorsque l'amour est fort, il n'y a pas besoin d'une grande maison. Mais lorsque la relation entre le couple est plus froide, ils auront beau agrandir leur maison, elle ne sera jamais assez grande ...
Un amour vrai et fort [entre époux] qui remplit le cœur de chacun est la base du vrai bonheur.

Lorsqu'un tel amour existe, un couple peut se contenter d'un mode de vie modeste. Ils n'ont pas besoin d'un grand appartement, de meubles coûteux, de tapis et de rideaux tape-à-l'œil, car ils ont la pnimiout [un sens et un épanouissement intérieurs], et la pnimiout ne peut pas tolérer les pièges extérieurs excessifs.
[c'est parce qu'une personne dotée d'une pnimiout vit dans un monde de vérité, qui est incompatible avec les étalages superficiels de richesse. ]

-> La bonne température dans une maison est maintenue par la chaleur des cœurs.
[rabbi Paysach Krohn]

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3°/ Du 'hessed avec son corps :

-> La guémara (Soucca 49b) rapporte :
Les rabbins ont enseigné : Il y a 3 façons avec lesquelles le 'hessed (bonté) est supérieur à la tsédaka (charité) :
1°/ la tsédaka est faite avec l'argent d'une personne, alors que le 'hessed peut être fait à la fois avec le corps et l'argent d'une personne ;
2°/ la tsédaka est seulement pour les pauvres, alors que le 'hessed peut bénéficier à la fois aux pauvres et aux riches ;
3°/ la tsédaka ne peut être donnée qu'aux vivants, alors que le 'hessed peut être fait à la fois pour les vivants et pour les défunts.

-> Chaque personne a besoin de recevoir des actes de bonté, [comme] une attention, un sourire. Ces actes ne coûtent rien puisqu'ils sont faits uniquement avec le corps.
Il n'existe pas de situation où il y a une telle abondance d'opportunités et d'obligations d'accomplir la mitsva de guémilout 'hassadim (agir avec bonté), à la fois avec son corps et avec son argent, que dans un foyer entre un mari et sa femme.

Le rav Yaakov Israël Kanievsky (le Steïpler) écrit dans une lettre :
Si l'on fait preuve de proximité et que l'on embrasse [sa femme], et que l'on fait d'autres actions similaires pour le bien du Ciel et par compassion, afin qu'elle ne se sente pas peinée ou abattue, cela n'entraînera pas du tout un affaiblissement de la yirat Chamayim (crainte du ciel) ou une chute dans les désirs physiques. Au contraire, cela mènera à la sainteté (kédoucha) et il accomplira la mitsvat positive de la Torah : "Tu suivras Ses voies" (Ki Tavo 28,9) : tout comme Il [Hachem] est miséricordieux, tu dois aussi être miséricordieux.

En faisant du 'hessed avec son corps, une personne s'élève à la fois dans son corps et dans son âme, et elle est ainsi méritante de se connecter aux midot d'Hachem.
Une personne est composée d'un corps et d'une âme qui sont fusionnés en un seul être, et ils doivent être utilisés ensemble pour servir Hachem. L'utilisation du corps et de l'âme en harmonie est une forme particulière de cette avoda qui existe dans la relation entre un mari et une femme.

Nous apprenons ce concept d'unité du corps et de l'âme à un niveau élevé, dans les bénédictions que Yaakov a donnés avant sa mort. Cette idée est mentionnée par le rav Yossef Leib Bloch (dans Shiour" Daat - vol. I).
En décrivant la scène où Yossef a amené ses 2 fils à Yaakov pour recevoir des bénédictions, le verset dit : "[Yaakov] les attira près de lui, il les embrassa et les serra dans ses bras" (Vayé'hi 48,10).
Il est certain que la Torah ne se contente pas de décrire une rencontre émotionnelle au cours de laquelle un grand-père embrasse ses petits-enfants avant de mourir ; tout ce qui est écrit là fait partie intégrante de l'épisode des bénédictions.
Comme l'explique le Sforno : "Il les embrassa et les serra dans ses bras' = afin que son âme se connecte avec eux et que sa bénédiction prenne effet".
La bénédiction se déverse de l'intérieur depuis l'âme de celui qui la donne, et plus son âme est liée au destinataire, plus la bénédiction aura de pouvoir.

Le Sforno fait une remarque similaire (Vayétsé 32,1), lorsque Lavan donne une bénédiction à ses filles : "[Cet incident est décrit dans la Torah] pour nous apprendre que la bénédiction d'un père, qui est donnée à ses enfants avec toute son âme, sera sans aucun doute plus puissante."

Cependant, nous devons encore clarifier pourquoi il était nécessaire pour Yaakov d'embrasser et d'étreindre ses petits-fils pour que son âme se connecte à eux. Bien que "ses yeux étaient alourdis par l'âge et qu'il ne pouvait pas voir" (Vaéy'hi 48,10), Yaakov avait toujours une vision spirituelle claire.
Il a vu devant lui non pas les corps physiques d'Efraïm et de Ménaché, mais leurs âmes et tout le potentiel qu'elles renferment. Il a vu Yéhochoua descendre d'Efraïm, il a vu Yarav'am et Yéhou, il a vu les tribus et leurs destins devant lui, et il les a tous bénis.
Si c'est le cas, en quoi les actes physiques de Yaakov (embrasser et étreindre) ont-ils contribué à renforcer le lien spirituel pour rendre sa berakha plus efficace?

Ceci nous enseigne une grande leçon : même si Yaakov était à la fin de sa vie et presque complètement détaché du monde physique (ce qui est la raison profonde pour laquelle "ses yeux étaient lourds de vieillesse"), tant qu'il avait un corps, il avait besoin de l'impliquer également pour que la connexion spirituelle soit complète. En effet, quel que soit le niveau spirituel d'une personne, le corps et l'âme fonctionnent ensemble comme une unité, et l'absence de connexion physique signifie que la connexion spirituelle fait également défaut.

De cette manière, le Sforno explique l'effort de Yossef pour que Yaakov place sa main droite sur Ménaché, et le fait que Yaakov change de main en réponse. Ici aussi, nous devons nous demander, si Yaakov voulait bénir Efraïm plus que Menaché, il aurait pu simplement l'exprimer dans sa kavana de la bénédiction.
Pourquoi devait-il spécifiquement croiser ses mains et placer sa main droite sur Efraïm pour accomplir cela ? Le Sforno explique (48:18) comme suit :
Parce qu'en vérité, le repos physique de la main dirige l'âme vers ce sur quoi la main se repose... La force de la main droite est plus grande que celle de la main gauche, donc le repos de la main droite provoquera une plus grande concentration de l'âme vers son sujet que le repos de la main gauche ne provoquera vers son sujet.

Incroyable! Même la différence la plus infime entre placer la main droite au lieu de la gauche affectera la concentration de l'âme ; ceci est vrai même pour Yaakov à la fin de sa vie [bien qu'il ait été à un niveau si élevé, son âme était néanmoins affectée par son corps physique]

=> Nous pouvons en déduire un principe concernant les possibilités de faire du 'hessed avec le corps, qui ne peuvent être trouvées qu'entre un mari et sa femme.
Comme le 'Hazon Ich l'a écrit dans sa lettre : "[Ils] doivent faire des efforts pour s'unifier. Cette unification est le but de leur création, car la Torah dit] "Ils deviendront un seul être", [ce qui nécessite d'utiliser à la fois son corps et son âme].

Protéger ses yeux

+ Protéger ses yeux :

-> "Mieux vaut se satisfaire par les yeux que de laisser dépérir sa personne" (Kohélét 6,9)
Reich Lakich (guémara Yoma 74b) explique ce verset : "Il y a plus de plaisir à contempler une chose interdite que de fauter avec elle."

-> Le Rambam enseigne :
lorsqu'une personne faute avec son corps, bien que ceci représente une révolte contre la Royauté Divine, malgré tout, cet acte se limite à un acte physique dû au caractère matériel du corps humain.
Par contre, en fautant par des mauvaises pensées, l'homme affecte son esprit, et compromet le plus haut niveau spirituel qu'il puisse atteindre, l'esprit humain étant la partie la plus élevée de son être.

-> Le Ram'hal (Séfer haLikoutim - paracha Kédochim) explique au nom des Sages de la mystique que lorsqu'une personne regarde une vision prohibée, elle aspire et attire en elle toute l'impureté qui se trouve dans cette personne. En effet, un "échange de spiritualité" se produit entre l'homme qui regarde et la personne indécente qu'il voit.
Ainsi, si un homme regarde une chose impudique, il recevra en lui toute l'impureté qui s'en dégage, et perdra toute la spiritualité qu'il a en lui. Il sera alors très difficile de réparer l'effet néfaste qu'engendre
une telle vision.

-> Le 'Hafets 'Haim explique que l'œil est l'accès principal du mauvais penchant, c'est par là que pénètrent la pulsion et la tentation dans le cœur de l'homme, qui sont des interdictions de la Torah que nous avons reçues au mont Sinaï.
On raconte sur ce saint maître, qu'on l'entendit un jour prier et implorer Hachem afin qu'il le préserve des visions interdites, alors qu'il était âgé de 90 ans! [Briti Shalom - p.64)

La raison principale de la Création du monde est de permettre à la nation juive de reconnaître la présence et l'unicité d'Hachem.
[Mé haChiloa'h - Béréchit]

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[ainsi quoique nous fassions, quoiqu'il puisse nous arriver dans la vie, nous devons nous interroger : comment réagir pour que cela me rapproche et me fasse davantage ressentir la grandeur d'Hachem. ]

"Après avoir compris que les plaisirs de ce monde ne méritent pas d'être appelés "la vraie vie" car ils sont tous simplement consacrés à supprimer les obstacles et autres sentiments désagréables, Avraham commença à chercher l'essence de sa vie.
Hachem lui dit : "Lé'h lé'ha" (Va vers toi-même), car il est vrai que les plaisirs de ce monde ne s'appellent pas "la vie". Au contraire, l'essence de la vie se trouve en toi."
[Mé haChiloa'h - Lé'h Lé'ha]

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[Va vers toi-même = n'oublie que l'essentiel dans ta vie c'est d'aller vers la partie Divine, l'âme qui est en toi. Ecoute-la, bichonne-la, et relie-la toujours plus à Sa source Divine.
Nous sommes tellement pris par nos occupations quotidiennes dans le monde extérieur qu'on en oublie de prendre du temps avec l'essentiel : notre intériorité (en la valorisant, en s'en réjouissant, en exploitant dans la réalité nos capacités/potentialités, ...) ]

"Celui qui fait du Shabbat un délice, Hachem exauce tous les désirs de son cœur" [guémara Shabbat 118b]

-> Le Eliyaou Rabba (242) explique en disant que cette récompense est ''mesure pour mesure'': au sens strict de la loi, il est en effet permis de penser à ses affaires pendant le Shabbat et seul en parler est interdit. Néanmoins, l'homme qui surmonte sa tendance naturelle et accomplit la volonté d'Hachem au delà de la loi stricte, et donc oublie ses préoccupations personnelles le Shabbat, considérant son travail achevé avant l'entrée du Shabbat, mérite en retour qu'il en soit ainsi.
Et Hachem exaucera tout ce que son cœur désire.

Shabbath = le jour de la foi en Hachem

+++ Shabbath = le jour de la foi en Hachem :

"Souviens-toi du Shabbat pour le sanctifier ... car en 6 jours, Hachem fit les cieux et la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent" (Yitro 20,8-11)

-> Le Shabbat, qui est une évocation de l'œuvre de la création, a pour but de rappeler à l'homme que le monde a un Créateur qui le dirige. La sainteté du Shabbat aide l'homme à parvenir à cette foi.
Certains tsadikim expliquent ainsi allusivement le verset : "Voyez qu'Hachem vous a donné le Shabbat" : en ce jour empreint de sainteté, l'homme peut parvenir à niveau de foi tel que c’est comme s’il voyait véritablement les choses de ses propres yeux.

-> Le rav 'Haïm (dans son Séfer Ha'haïm), qui est le frère du Maharal de Prague, nous révèle à ce sujet la chose suivante :
"Les gens de la génération du désert méritèrent le dévoilement de la Divinité sur le mont Sinaï, comme nous l'enseignent nos Sages (rapporté par Rachi sur Vaét'hanan 4,35) : "Hachem ouvrit tous les cieux supérieurs et inférieurs au moment du don de la Torah'', et Il désira que, dans toutes les générations, on puisse mériter une révélation semblable.
C'est pourquoi Il leur donna le Shabbat qui possède un aspect de cette révélation."

Il ajoute également :
"La joie particulière qui nous enveloppe sans que l'on s'en rende compte, dès l'entrée du Shabbat et dans la soirée du Shabbat, ... est sans aucun doute une étincelle de la lumière et de la joie qui émanent de là d’où provient la prophétie. Et bien que nous n'ayons ni prophète ni voyant et que nous résidions sur une terre impure (en exil), la bonté et la vérité Divines ne nous ont pas abandonnés.
Hachem nous les prodigue chaque Shabbat, et, à plus forte raison à nous, qui sommes tellement las de cet exil amer."

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-> Le Shabbat est donc un temps propice pour enraciner en nous cette émouna en Hachem, comme il est dit (Téhilim 92) : "Psaume, chant pour le jour du Shabbat. Qu'il est bon de louer Hachem et d’entonner un air en Ton Nom élevé, d'exprimer Ta bonté et la foi en Toi dans les nuits. Car Tu m'as réjoui Hachem par Tes actions et ce sont Tes œuvres que je chanterai. Comme elles sont grandes Tes œuvres, Hachem, et que Tes pensées sont profondes".
=> A priori, on peut, en effet, se demander en quoi ce psaume est-il lié au Shabbat?

-> Le Malbim (sur le premier verset) explique que le Shabbat est un témoignage qu'Hachem conduit son monde selon une providence particulière à chaque créature (hachga'ha pratit), et que le monde n'est pas livré à la nature ni au hasard. C'est donc pour cela que ce psaume est entièrement fondé sur le
Shabbat.

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-> Le Beit Yaakov explique également pourquoi on récite le kidouch sur du vin, comme nous l'enseignent nos Sages (Pessa'him 106a) : ''Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier = ‘Souviens-toi' de lui sur du vin''.
Il explique : "Car tout ce qui est dans ce monde tend à faire oublier à l'homme et à lui dissimuler le fait qu'il existe un Créateur qui dirige tout, qui a tout accompli, qui continue à accomplir, et qui accomplira tout ce qui s'y déroule (comme les commentateurs le font remarquer, ''monde'' en hébreu se dit ''olam'' qui est de la même racine que ''élem'' qui signifie "dissimuler'').
Lorsqu'un homme travaille durant tous les jours de la semaine pour sa subsistance ou pour ses autres besoins, il peut en effet se fourvoyer en pensant que c'est grâce à la ''force de son poignet'' qu'il a réussi dans ses entreprises. Shabbat, il est donc tenu de se rappeler et de proclamer que ce n'est qu'un leurre qui lui brouille l'esprit, car tout n'est que le fruit de la volonté Divine.

Pour cette raison, il a été institué de réciter le kidouch sur du vin, car celui-ci n'a pas son pareil pour brouiller l'esprit de l'homme en le rendant ivre et confus dans ses idées. En l’utilisant pour le kidouch, il suggère ainsi que toutes les pensées qu'il entretient durant la semaine ne sont qu'un vain mirage, à l'instar du vin qui trouble son esprit.
Ainsi est-on tenu de fixer son regard sur le vin au moment du kidouch (Réma - 271,10), afin de faire pénétrer dans son cœur la émouna que, au-delà de toute cette confusion, c'est Hachem qui dirige les cieux et la terre. Grâce à cela, on pourra y puiser cette force également pour tous les jours de la semaine.

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-> La guémara (Béra'hot 14a) enseigne au nom de Rabbi Zéra : "Celui qui ne rêve pas, sept nuits durant, est qualifié de méchant (ra - רַע)"

Le Gaon de Vilna explique que dans un rêve, il semble à l'homme que tout ce qui se déroule devant lui est vrai. Cependant, lorsqu'il se réveille le matin et qu'il ouvre les yeux, il se rend compte que tout n'était qu’une chimère sans consistance.
Il en est exactement de même de tout ce qui se passe dans ce monde : à l'avenir, s'accompliront les paroles : "Nous étions comme dans un rêve" (Téhilim 126,1), à la différence près, que le rêve de la nuit s'achève avec le matin, alors que celui de ce monde se poursuit pendant 120 ans. Mais en vérité, les deux sont identiques et tout ce qui concerne ce monde n'est qu'un simple rêve.
C'est ce que nos Sages ont suggéré en parlant d'un homme ''qui ne rêve pas 7 nuits durant'' = cela signifie qu'il a pu passer 7 jours, le Shabbat inclus, sans éveiller en lui la pensée que tout n'est qu'un rêve et un vain mirage. Il est donc qualifié de méchant (de mauvais - רַע), car il incombe à un homme, lorsqu'arrive le Shabbat, de se réveiller de ce rêve et de ne pas sombrer dans l'œuvre de ses mains.
Au contraire, il doit se souvenir que c'est Hachem qui a créé le Ciel et la terre et que c'est Lui qui dirige le monde à chaque instant.

Sinaï & Torah – la sincérité spirituelle

+ Sinaï & Torah - la sincérité spirituelle :

-> "Rava a enseigné que tout érudit dont l'intériorité ne ressemble pas à l'extériorité n'est pas un érudit en Torah" (guémara Yoma 72b).

Ceci provient d'un raisonnement à fortiori : si déjà l'Arche n'entend pas, ne parle pas et ne sait pas ce qu'elle contient en son sein (il est écrit à son propos : "Tu la recouvriras d'or pur à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11), afin qu'elle soit identique à l'intérieur comme à l'extérieur).
A plus forte raison, l'érudit qui voit, entend et sait ce qu'il y a en son for intérieur, devra être à l'intérieur comme à l'extérieur (to'ho kébaro - תוכו כברו). Il devra être sincère en spiritualité.

-> "Tout élève dont l'intérieur ne correspond pas à l'extérieur (to'ho kébaro - תּוֹכוֹ כְּבָרוֹ), qu'il ne mette pas les pieds dans la maison d'étude"
[Rabban Gamliel le jour où il a été nommé Nassi - guémara Béra'hot 28a]

On peut noter que :
- les 2 lettres internes (coeur) du mot : "to'ho" (intérieur - תוכו) sont וכ, de valeur 26 comme le Nom Divin (יהוה), ce qui représente la spiritualité que nous devons mettre sur notre coeur, comme il est écrit : "tu mettras sur ton coeur" (והשבת אל לבבך - Vaét'hanan 4,39).
- les 2 lettres extérieures de "kébaro" (כברו) sont les mêmes : כו.
Nous devons intégrer la spiritualité que nous connaissons à l'intérieur et à l'extérieur.

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-> On voit également cela dans les lettres cachées et révélées du mot סיני (Sinaï - qui représente la spiritualité puisque la Torah y a été donnée).
Les lettres cachées sont : סמך , יוד , נן , יוד ont une valeur numérique identique à celle des lettres extérieures.
En effet : ס a une guématria de 60, qui est la même que מ,ך.
De même, י est égal à 10, comme ו,ד.
Le נ est composé de 2 fois נ.

=> On voit également dans le terme Sinaï, symbole de la Torah, que notre spiritualité doit être autant présente dans notre intériorité que dans notre extériorité.

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-> Les lettres de Pharaon (פרעה) réarrangées forment הערף (aoref - la nuque). Le cou sépare les מח et לב , l'esprit (moa'h) et le cœur (lev). Cela symbolise celui qui n'intériorise pas ce qu'il sait.
Moché, quant à lui, était tout le contraire. Le midrach raconte que lorsque Pharaon a cherché à tuer Moché, le cou de Moché est devenu une colonne de marbre (en allusion dans Yitro 18,14).
A un niveau plus profond, cela signifie que les מח et לב de Moché ne peuvent être séparés. C'est le niveau auquel se trouvait Moché.

Une acceptation de la Torah contre nature

+ Une acceptation de la Torah contre nature :

-> L’offre de la Torah par Hachem aux nations a été refusée.
Les descendant d’Essav (עשו) demandèrent ce que contenait la Torah et se virent répondre : "ne tuez pas" (לא תרצח). C’était là un défi insurmontable pour eux car Essav était un chasseur (איש יודע ציד) et sa bénédiction était : sur ton épée, tu vivras ( על חרבך תחיה).
En fait, Essav est appelé un homme des champs (ich sadé - איש שדה), "sadé" étant l’acronyme pour : שופך דם האדם (chofé'h dam aadam) = celui versant le sang de l’homme (c’est-à-dire le meurtre ). [Rabbénou Efraïm - Toldot 25,27]
De leur côté, les descendants d’Ichmaël refusèrent à cause de l’interdit de l’adultère (לא תנאף).

=> Comment se fait-il que lorsque l’on offrit la Torah aux juifs, on ne leur donna pas ce qui constituait pour eux un défi (à l'image de ne pas tuer pour Essav, et de ne pas commettre d'adultère pour Yichmaël)?

-> Le Avné Nézer explique pourquoi la première mitsva commandée aux juifs au mont Sinaï était la mitsva de la Hagbala, le fait de fixer des limites autour de la montagne de Sinaï.
C’était pour ne pas donner d’argument aux nations du monde qui prétendraient avoir refusé la Torah car certaines mitsvot heurteraient leur nature, et non celle des juifs. Ils pourraient prétendre : si Hachem avait donné aux juifs une mitsva qui était contre leur nature, ces derniers non plus n’auraient pas accepté la Torah. Par conséquent, la mitsva de la Hagbala fut la première mitsva parce qu’elle heurtait la nature des juifs qui aspirent tant à la proximité avec Hachem, or en l’espèce, on leur ordonna de garder une distance.

Rachi (Yitro 19,9) cite l’expression : "notre volonté est de voir notre Roi" (מלכנו את לראות רצוננו). C’est pourquoi des limites ont été fixées, afin que nous ne montions pas sur la montagne, ni n’en touchions le bord (Yitro 19,12), car nous avons comme une sorte d’attraction magnétique vers Hachem.
Et nous savons qu’un homme ne peut voir D.ieu et survivre (Ki Tissa 33,20).

Ceci est comparable à celui qui place un aimant près du métal qui est alors attiré. De même, si Hachem se révélait à nous, notre âme nous quitterait à cause de l’attraction "magnétique".
Il est écrit : "Tu maintiendras le peuple tout autour, en disant (lémor - לֵאמֹר)" (Yitro 19,12), et on peut noter que ce terme לאמר est l’acronyme de : "rétsonénou lir'ot ét mal'houto" (מלכנו את לראות רצוננו).

=> ainsi comme avec chaque autre nation du monde on a proposé la Torah au peuple juif, avec la condition d'accepter quelque chose de contre nature.
Pour certaine il s'agissait du meurtre, pour d'autre de l'adultère, ... et pour le peuple juif il s'agissait de renoncer à son désir très intense de proximité avec Hachem, en acceptant de rester à distance lors du don de la Torah.
Cela implique que l'essentiel d'un juif est de faire la volonté d'Hachem sienne.

Avoir de vénérables visiteurs grâce à la Torah

+ Avoir de vénérables visiteurs grâce à la Torah :

-> Celui qui défend la Torah d'un gadol qui le précède peut mériter de le saluer dans le futur.
Nous voyons cela dans la guemara (Baba Kama 111b) où Rava dit : "Quand je mourrai, Rabbi Ochaya viendra me saluer parce que j'ai interprété la michna en accord avec lui."

-> Rabbi Yéhouda ha'Hassid (séfer 'Hassidim (559) écrit que lorsqu'un tsadik qui a expliqué les paroles d'un autre tsadik, comme un amora qui a expliqué les paroles d'un tana, meurt, le tana sort pour le saluer avec un visage heureux et marche avec lui et demande aux anges (mala'him) d'être indulgents envers lui. Il l'amène devant Hachem pour dire du bien de lui.

-> Le Chach ('Hochen Michpat) a écrit qu'il est certain que lorsque son heure viendra de quitter ce monde, les tanaïm le salueront parce qu'il a défendu leurs positions.

-> Dans le séfer Maguid Mécharim (Vayakel), il est dit que parce que rabbi Yosef Karo a expliqué le Rambam et le Tour, ils sont un bon avocat pour lui devant Hachem et ils viendront saluer son âme (néchama) quand il sera temps pour lui de quitter ce monde.

-> Rabbi Yéhochoua Heschel 'Harif (1593-1648 - le Pné Yéhochoua) a écrit un livre intitulé Maguiné Shlomo. Ce livre défend Rachi des questions des Tossafot. C'est pourquoi il est appelé מגיני שלמה (Maguiné Shlomo), parce qu'il a protégé (maguen - מגן - qui signifie bouclier) par Rachi, dont le nom était Shlomo (rabbi Shlomo Yits'haki).
Dans l'introduction (hakdama), il est dit que Rachi est apparu à l'auteur de son vivant avec une grande joie et a dit "tu es louable dans ce monde et tout est bien avec toi dans l'autre monde car tu m'as sauvé des puissants lions que sont les Baalé Tossafot. Je viens vous accueillir dans l'autre monde avec tous mes élèves".
C'est ce qui s'est produit lorsqu'environ une demi-heure avant le décès de rabbi Yéhochoua Heschel 'Harif, des gédolim de Cracovie étaient présents à son chevet. Rabbi Yéhochoua a dit devant eux : "libérez un espace car Rachi et son saint entourage sont venus et il m'a salué joyeusement pour me montrer le chemin de la vie puisque j'ai toujours été à sa droite pour résoudre les questions posées par les Tossafos sur son commentaire."

-> Il en va de même lors du décès de rabbi Shlomo Heiman (1892-1945). Juste avant sa mort, ses étudiants qui étaient avec lui ont rapporté ses dernières paroles : "De grands invités arrivent. Préparez deux chaises, une pour rabbi Akiva Eiger (1761-1837) et l'autre pour rabbi 'Haïm Ozer Grodzensky (1863-1940)".