Aux délices de la Torah

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Hachem fait téchouva

+ Hachem fait téchouva :

"Hachem dit au peuple juif : "Vous êtes gênés de faire la téchouva? Je vais faire téchouva en premier, comme le dit le pasouk : "Ko amar Hachem, hinéni chav" (Hachem dit, Je vais faire téchouva)"."
[Pessikta déRav Kahana - chap.44]

-> Qu'est-ce que cela signifie que Hachem fait téchouva?
A partir de là, nous pouvons voir qu'il existe un niveau de téchouva qui n'a rien à voir avec les fautes (avérot). La téchouva est en fait une question de "hitkarvout", de rapprochement, de proximité entre nous et Hachem.
Lorsque Hachem nous désire et se rapproche de nous, cela s'appelle aussi la téchouva.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

Roch Hachana = revivre le face à face avec Hachem au don de la Torah

+ Roch Hachana = revivre le face à face avec Hachem au don de la Torah :

Lorsque la Torah fut donnée, il y eut la plus grande révélation possible de la présence d'Hachem, comme le dit le verset : "Hachem vous a parlé face à face" (panim bépanim diber Hachem ima'hem - Vaet'hanan 5,4).
Lorsque nous disons les Shofarot à Roch Hachana, nous ne nous contentons pas de décrire ce qui s'est passé au don de la Torah. Au contraire, à Roch Hachana, nous revivons ce moment.
A ce moment, Hachem se révèle à nous, comme le disent nos Sages : "vayéhi ohr" (et la lumière fut - Béréchit 1,3) = c'est Roch Hachana" (Tikouné Zohar 36).

Étant donné que Roch Hachana est un jour de révélation, tout dans le monde est révélé. Tout devient clair et nous pouvons reconnaître comment Hachem dirige le monde et comment Il le juge.
Nous pouvons également profiter de cette lumière de Roch Hachana pour revivre la révélation du don de la Torah, avec "Hachem qui nous parle en face à face".
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

Un grand jour pour chaque juif

+ Kippour - un grand jour pour chaque juif :

-> Au sujet de Kippour, le verset dit : "le jour d'Hachem est grand et très impressionnant" (ki gadol yom Hachem vénora mé'od - Yoël 2,11).

Pendant Yom Kippour, nous vivons une journée si extraordinaire lorsque Hachem est comme un ami très proche pour nous.
Savez-vous ce que cela signifie d'avoir Hachem comme ami proche? Hachem nous accorde toute Son attention.
Il pourrait pardonner toutes nos fautes (en une seconde) et nous laisser. Mais il ne le fait pas. Il reste impliqué avec nous comme un ami très cher. C'est un jour extraordinaire.
Nous devrions vraiment danser de joie parce que nous avons un jour comme Yom Kippour, mais nous ne le faisons pas parce que les gens ne comprendraient pas!
[...]

Nous ne réfléchissons pas suffisamment à ce que signifie le fait qu'Hachem soit comme un ami très important pour nous. Nous pensons que Yom Kippour est un jour où Hachem nous pardonne et nous purifie, mais rien de plus.
Cependant, le verset dit : "[Kippour est un jour] grand et très impressionnant, qui peut le comprendre?" (vénora méod, oumi yé'hilénou - Yoël 2,11). Nous ne pouvons même pas commencer à comprendre à quel point ce jour est extraordinaire.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

Roch Hachana = bénéficier de la lumière de la Akéda

+ Roch Hachana = bénéficier de la lumière de la Akéda :

Roch Hachana est un jour de révélation. La vérité du monde prend vie. Nous pouvons voir qu'Hachem contrôle et dirige le monde, et qu'Il le juge.
Lorsque [dans la prière] nous évoquons la Akédat Its'hak, nous ne nous contentons pas de décrire ce qu'ont fait Avraham et Its'hak. Au contraire, grâce à la lumière de Roch Hachana, nous pouvons atteindre la lumière de la Akéda et nous y connecter nous-mêmes.

C'est la raison pour laquelle Hachem ne dit qu'à propos de Roch Hachana : "Maalé Ani Ani alé'hem kéilou akadtem ét atsmé'hem" (Je considère que c'est comme si vous aviez fait la Akéda pour vous-mêmes" - guémara Roch Hachana 16a). Nous ne trouvons pas qu'Hachem dise cela pour un autre jour de l'année.
[...]

Lorsque nous mentionnons Akédat Its'hak à Roch Hachana, il s'agit d'une avoda importante pour nous.
Nous devons envisager de nous abandonner entièrement à Hachem. Lorsque nous le faisons, nous nous élevons à de grandes hauteurs.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

Dans la prière de Neïla, l'aspect de yé'hida de l'âme, qui est unifiée avec Hachem, est révélé, et à ce moment-là, il n'y a de place que pour Hachem et le peuple juif.
[le Rabbi de Loubavitch ]

Roch Hachana = faire d’Hachem le Roi de notre intériorité

+ Roch Hachana = faire d'Hachem le Roi de notre intériorité :

Le verset dit : "Hachem Malkénou, Hou Mochiénou" (Hachem est notre Roi, Il est Celui qui nous sauve).
Le Sforno explique que plus nous faisons d'Hachem notre Roi, plus nous sommes connectés à Lui, et plus nous sommes méritant d'un bon jugement.
Si nous devenons proches du Roi, le roi nous aidera. Il n'y a pas de limite à toutes les façons dont Il peut nous sauver et nous aider. Mais la chose la plus importante que nous devons faire est de faire d'Hachem notre Roi et d'être proche de Lui.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

Roch Hachana = un jour de joie

+ Roch Hachana = un jour de joie :

-> L'émotion première associée à Roch Hachana est généralement la peur, la grande crainte du jugement.
Le prophète Amos (3,8) demande : "Aryé (un lion) rugit ; qui n'aura pas peur?". Nos Sages révèlent que l'acronyme "aryé" (אריה) représentent : Elloul, Roch Hachana, Yom Kippour, Hochana Rabba.
Le Gaon de Vilna explique que lorsque l'on a peur de quelque chose, même "un cœur de pierre" se transforme en "un cœur de simple chair" et devient plus ouvert au repentir.
[ainsi durant cette période il est nécessaire de développer en nous un état de crainte (ex: en s'imaginant devant le tribunal au Ciel jugé sur tout sans concession, ou bien en imaginant qu'on pourrait avoir une année catastrophique à venir [D. préserve] car tout est décidé à ce moment, et qui peut prétendre être totalement méritant). Plus on travaille cela, plus notre cœur devient vivant, de chair. ]

-> Le Aboudraham écrit que la raison pour laquelle de nombreuses prières de Roch Hachana commencent par le mot "ouv'hèn" (ainsi) est afin d'évoquer les paroles de la reine Esther lorsqu'elle était sur le point d'approcher le roi sans y être invitée. La Méguila (4,16) cite Esther disant : "ouv'hèn avo él amélé'h (ainsi j'irai vers le roi), et si je dois périr, je périrai!".
Le Aboudraham explique que nos Sages de la Grande Assemblée (Anché Knesset HaGuédola) voulaient que nos émotions et nos sentiments reflètent ceux d'Esther : la peur et l'inquiétude que tout puisse être perdu, et "si je dois périr, je périrai".
[ainsi de même qu'Ether est rentré voir le roi sachant qu'il était probable qu'il ne levait pas son sceptre la condamnant à mort, de même à Roch Hachana nous sommes dans le palais royal face à Hachem, et nous devons avoir une grande crainte que tout ne se passe bien pour nous, et qu'on risque plein de "morts" dans l'année à venir (ex: plein de choses magnifiques qu'on n'aura peut être pas, car on aura pas abordé avec sérieux Roch Hachana). ]

A travers les âges, nos plus grands guédolim, des personnes au caractère et aux actions irréprochables, tremblaient à l'approche de Roch Hachana et s'évanouissaient souvent en récitant des mots tels que "hayom harat olam, ayom yaamod bamichpat kol yétsrouré olam" (... aujourd’hui, toutes les créatures du monde se tiennent en jugement), qui font référence à la formidable appréhension de ce jour.

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-> [A Roch Hachana,] tout tourne autour de la peur du jugement (din), sachant que nous sommes jugés.
Ce n'est que lorsque nous craignons le Roi que nous avons un lien avec Lui.
Une fois que nous le craignons et que nous sommes proches de lui, nous méritons d'être jugés favorablement.
[...]
Nous devons regarder notre Roi, réaliser qu'Il est là et qu'Il nous juge ... Nous devons savoir qu'un jugement est en cours et qu'il y a un juge juste en face de nous!
[...]
Le verset dit : "Hachem Malkénou, Hou Mochiénou" (Hachem est notre Roi, Il est Celui qui nous sauve).
Le Sforno explique que plus nous faisons d'Hachem notre Roi, plus nous sommes connectés à Lui, et plus nous sommes méritant d'un bon jugement.
Si nous devenons proches du Roi, le roi nous aidera. Il n'y a pas de limite à toutes les façons dont Il peut nous sauver et nous aider. Mais la chose la plus importante que nous devons faire est de faire d'Hachem notre Roi et d'être proche de Lui.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

[plus nous avons de crainte conscient d'être face à face au Roi des rois, imaginant la gravité du jugement et ses conséquences potentiellement dramatiques sur notre vie, alors nous faisons de D. notre roi, nous créons un lien, et nous pouvons espérer sortir gagnant du jugement.
Plus nous vivons ce moment de jugement sans pitié, plus nous pouvons espérer de bien vivre l'année à venir, b'h. ]

-> La avoda de Roch Hachana, c'est d'une part la crainte du jugement, et d'autre part le bita'hon en Hachem.
[...]

A la fin de Roch Hachana, après avoir prié debout pendant deux jours d'affilée, le rav Wachtfogel était rempli d'une telle force et d'une telle joie que tous ceux qui le voyaient étaient surpris. Comment quelqu'un pouvait-il être aussi plein de vie après avoir consacré tant d'efforts à la prière?
Le rav lui-même a expliqué : La crainte d'Hachem ajoute des jours [à la vie]" (yirat Hachem tossif yamim - Michlé 10,27). Chaque fois que la peur, crainte provient de la yirat Hachem, elle donne à la personne plus de vie et de joie, et non moins.
Chaque fois qu'une personne éprouve des sentiments de yirar Hachem, cela devrait lui donner davantage de vie et de joie ; cela ne devrait pas drainer son énergie et la faire se sentir déprimée, triste.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

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+ Etre joyeux à Roch Hachana :

Pourtant, Roch Hachana n'est principalement pas relié à la crainte.
Le Shaagat Aryé (102) conclut, se basant sur de nombreux Richonim, qu'il existe une mitsva d'être joyeux à Roch Hachana.
C'est également la décision halakhique de la Michnah Béroura (597:1).
Le 'Hatam Sofer (commentaire du Shoulchan Aroukh 597) offre une preuve en se basant sur le langage de la Michna (Roch Hachana 29b), qui se réfère au "Yom Tov de Roch Hachana" (Yom Tov renvoie à la fête avec de la joie).
En fait, dans ses Drachot (2:356), le 'Hatam Sofer va jusqu'à dire que par le mérite d'avoir une joie appropriée en ce jour-là, nous mériterons un bon verdict le jour du jugement.

-> Dans notre génération en particulier, la peur seule est parfois la recette pour déclencher l'anxiété et les sentiments déprimants qui sont l'antithèse de la majesté et de la grandeur de Roch Hachana, le jour où nous sommes censés couronner Hachem de bon gré et avec joie.
Comme l'a enseigné Né'hémia, la avoda de Roch Hachana consiste à se délecter de la sainteté du jour et à se réjouir ensemble de ses aspects positifs.
[Ezra et Né'hémia nous ont disent : "[à Roch Hachana] mangez des mets succulents, buvez des boissons douces ... ne soyez pas tristes, car la joie en Hachem est votre force" (Né'hémia 8:10). ]
Cela ne signifie pas que nous devrions totalement supprimer le pouvoir des aspects des Yamim Noraim (jours redoutables) tels que la peur et la crainte. Mais plutôt, en même temps nous ne devons pas perdre de vue l'aspect Yom Tov de Roch Hachana.

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+ La contradiction inhérente à l'homme :

-> Le rav Its'hak Hutner (Pa'had Its'hak - Roch Hachana - maamar 7), explique qu'il y a deux aspects distincts dans la création d'Adam.
D'une part, nos Sages (guémara Erouvin 13b) concluent : "Il aurait été préférable pour l'homme de ne pas avoir été créé plutôt que d'avoir été créé".
D'autre part, à la fin de la Création, la Torah déclare : "Hachem vit tout ce qu'Il avait fait, et voici que c'était très bon (tov méod)". Le mot méod fait spécifiquement référence à la création d'Adam (אדם), dont le nom comporte les mêmes lettres que méod (מאד) (Yalkout Béréchit 16).

Le rav Hutner explique que la raison de cette dichotomie est que :
"l'essence de la sainteté de Roch Hachana est la sainteté de la création d'Adam ... Par conséquent, ce jour-là, les deux aspects apparemment contradictoires d'Adam brillent de tous leurs feux.
L'une négative est qu'il aurait été préférable que l'homme n'ait pas été créé du tout ; et l'autre est la lumière incandescente du tov méod."

Comme le conclut le rav Hutner, lorsque Né'hémia déclare que les gens ne doivent pas pleurer à Roch Hachana ("ne soyez pas tristes" - véal téatsévou), ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de raison de s'attrister. Certes, il y en a certainement, mais la grandeur de l'homme, son potentiel illimité et le pouvoir de la téchouva l'emportent sur le besoin de pleurer (dans un sens de désespérer, de déprimer en se morfondant sur toutes les fautes qu'on a faites, le peu de mitsvot qu'on a réalisé par rapport à ce qu'on aurait pu).

Nous devons équilibrer les deux forces de Roch Hachana, la crainte effrayante de devoir faire face à nos fautes et au jugement divin implacable, tout en célébrant la "kédouchat briat ha'Adam", la sainteté qui est entrée dans le monde lors de la création du "'hassid gadol" (Erouvin 18b), [l'énormité spirituelle] qu'était Adam avant d'avoir fauté.
[ainsi Roch Hachana, c'est par moments utiliser la peur, la honte, face à ce qui ne va pas en nous, et à d'autres être rempli de joie et de fierté d'avoir un papa Hachem le Roi des rois (le boss des boss), qui par confiance et amour nous a gratifié de potentialités de sainteté et de spiritualité phénoménales (à l'idée de la création d'Adam). Chacun doit utiliser ces deux sentiments pour que son intériorité soit la plus vivante en ce jour. ]

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+ Accepter la dualité :

-> Nous aussi, nous devons tenir entre nos mains ces deux aspects opposés de notre existence le jour de notre création, à Roch Hachana.
Le séfer Ha'Hinoukh (mitsva 311) enseigne que Roch Hachana est un grand cadeau parce que :
"l'une des bontés d'Hachem envers Ses créations est qu'Il évalue nos actions chaque année afin que nos fautes ne s'accumulent pas de manière irrémédiable ...
Ce jour représente donc le maintien et le salut du monde. Par conséquent, il est approprié qu'il s'agisse d'un Yom Tov ... Cependant, comme il s'agit d'un jour de jugement, il convient également de l'aborder avec crainte et inquiétude, plus que les autres fêtes de l'année."
Une fois de plus, nous constatons la dualité de ce jour complexe.

-> Le rav Tsadok HaCohen de Lublin (Likouté Maamarim 13) considère que la double approche de Roch Hachana se reflète dans les sons du shofar. Il cite l'idée de la guémara (Roch Hachana 33b) selon laquelle d'une part le son téroua reflète nos cœurs brisés lorsque nous considérons nos fautes et tentons de faire une téchouva complète.
Mais d'autre part, la tékia est un son de joie et de triomphe (voir Bamidbar 10:10).

[la séquence des sons du Shofar est : tékia (un song long ininterrompu), téroua (une série de 9 sons saccadés), tékia.
Eventuellement, cela nous apprend que le cœur de notre Roch Hachana est dans la joie (téroua = sorte de son de carnaval, fierté du couronnement du Roi), mais pour pleinement exploiter cette joie en accord avec la gravité du jour, on doit y mettre un cadre de part et d'autre : de la crainte (tékia = comme un cri terrible de regret face à nos fautes, de peur que toute notre vie se décide en ces jours au Ciel). ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman (Béer 'Haïm - p.51) souligne que celui qui sonne du shofar doit recevoir une montée à la Torah à Roch Hachana afin que son souffle soit émis dans la joie de la récitation des mots de la Torah (Choul'han Aroukh 584:2 avec le Lévouch).
En effet, souffler dans le shofar est une source profonde de joie, comme le montre la déclaration énigmatique de nos Sages (midrach Vayikra rabbah 29) selon laquelle "nous savons comment apaiser notre Créateur avec le shofar".
Le rav David Cohen (Birkat Yaavetz 1:17) explique que lorsque nous soufflons dans le shofar, nous imitons la création par Hachem de notre géniteur Adam, lorsqu'Il a soufflé le souffle de vie dans ses narines. Comme un couple qui se dispute et qui se réconcilie après avoir visité un endroit qui ravive les souvenirs de leur ancien amour, nous "apaisons" Hachem en Lui "rappelant" le moment où Il a créé Adam, lorsqu'Il était si satisfait de Sa création (tov méod).

-> Ainsi, Roch Hachana renvoie au jour où nous avons été créés, lorsque, même pour une courte période, Hachem était fier de la sainteté de la création d'Adam, nous aspirons au moins à revenir à ce jour merveilleux.
C'est là la véritable joie de Roch Hachana : savoir que nous avons la possibilité de retrouver notre gloire passée, par la téchouva, accompagnée de la joie de savoir qu'Hachem est à l'écoute de nos prières et de nos supplications (qu'Il aime chaque juif quoiqu'on ait pu faire).

Roch Hachana = participer à la communauté comme filet de sécurité

+ Roch Hachana = participer à la communauté comme filet de sécurité :

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliyahou 2:74-77) établit une distinction entre les deux jours de Roch Hachana. Il cite le Arizal qui définit le premier jour de Roch Hachana comme "dina kachya"
(jugement sévère), tandis que le second est appelé "dina rafya" (jugement doux).
Le rav Dessler donne l'exemple d'une personne qui est jugée coupable le premier jour sur la base des preuves empiriques de ses mérites et de ses démérites, de ses fautes et de ses mitsvot.
Le deuxième jour, cependant, ce verdict est revu, lorsque la personne est placée dans le contexte du grand Israël, ou au moins d'un tsibour, une parcelle de la communauté d'Israël, à laquelle elle apporte une contribution majeure.

Une personne (chacun selon ses moyens, capacités) peut être une force motrice de tsédaka, de 'hessed, d'étude de la Torah ou d'autres réalisations nécessaires dans une partie de la commuanuté.

Maintenant (le 2e jour), on est jugé non pas comme "un seul agneau" (Roch Hachana 16a), mais "bi'sekira a'hat" (ibid), dans un contexte, dans un cadre et en tant que partie d'un tout.
Cette fois, on peut sortir triomphant du jugement parce que les autres ont besoin de nous.
Le 2e jour de Roch Hachana est notre salut, car nous ne sommes plus seul.

-> Le rav Its'hak Hutner enseigne : "Chaque tsibour est un microcosme de la grande Knesset Yisraël (tous les juifs)". (Pa'had Its'hak - Roch Hachana 26:4)
Il n'est pas nécessaire d'être le donateur, le conférencier, le rabbin ou la rabbanite le plus célèbre du peuple juif. Mais si l'on a un impact sur sa communauté ou sur sa famille, alors même si le "dina kachya" du premier jour ne s'est pas bien passé, le "dina rafya" du deuxième jour renversera la décision céleste initiale.
[ainsi, au final nous recevons bien davantage que ce que nous donnons à autrui, à notre famille, car par leur mérite on peut avoir un jugement nettement plus favorable. On peut avoir de nombreuses bénédictions, pas par notre mérite personnel, mais dans un but d'en faire bénéficier autrui.
Hachem nous juge à Roch Hachana selon notre ambition du moment, ainsi plus on exprime un désir d'être là pour le bien d'autrui, plus on peut espérer de l'aide Divine en ce sens, dans l'année à venir. ]

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-> Le rav Moché Shapiro (Afiké Mayim - Yamim Noraim - p.116) ajoute l'idée que, bien que nous devions rester seuls lorsqu'il s'agit de nos avantages et de nos inconvénients, dans la mesure où nous soumettons notre égo et nos besoins personnels à l'intérêt général, alors "nos lacunes et nos défauts individuels ne seront pas autant mis en évidence".

-> On peut voir un exemple dans le récit de la Shounamite, avec le prophète Elicha.
Cela s'est produit à Roch Hachana parce que là aussi (en effet, le verset : "vayéhi hayom" (II Méla'him 4,8), or selon le Zohar (Pin'has 231a) le terme "hayom" renvoie à Roch Hachana".
Élicha se rendit à Shounem, il y avait là une femme importante (icha guédola), et Elicha lui propose d'intercéder pour elle auprès d'Hachem (v.4,13), mais elle se dérobe en disant : "je réside parmi mon peuple" (béto'h ami ano'hi yochavet).
[ainsi malgré qu'individuellement elle était une femme de grand niveau, elle préfère se fondre dans la masse de la communauté.
Nos Sages disent aussi que l'avantage de prier en minyan est qu'au Ciel on ne va pas examiner si nous méritons d'être exaucé, mais on va inclure nos prières dans le peuple juif, permettant qu'elles passent beaucoup plus facilement. (d'où le fait que nos prières sont souvent au pluriel) ]

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-> Le Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar 2:152) enseigne que nous savons que la mission principale de Roch Hachana est "fais de Moi ton Roi" (tamli'houni alé'hem).
Cela ne peut se faire correctement que lorsque tout le monde travaille ensemble pour le bénéfice du monarque. Cependant, si le peuple est empêtré dans des querelles et des désaccords insignifiants, la volonté du roi ne peut être accomplie.

Le Maharal dit également qu'une monarchie fragmentée manque de perfection, ce qui est la marque d'une véritable royauté. Ainsi, chaque pas vers l'unité remplit la mission de Roch Hachana et nous aide à réussir dans le jugement.
[plus le Roi règne sur nous, qu'Il est aimé et respecté, plus tous ses 'sujets' sont dans une bonne ambiance d'unité, fiers et joyeux de faire ensemble la volonté du Roi. ]

"Les prières de toute l’année sont réparées et purifiées grâce à la prière de la veille de Yom Kippour, et s’il y a, entre toutes les prières (en rassemblant les bonnes parties de chaque prière), de quoi constituer une prière entière intègre, toutes les prières bénéficient d’une élévation grâce à celle-ci."
[Chem miChmouël - Yom Kippour 5672 (1912)]

Etudier la Torah = un élément nécessaire au processus de téchouva

+ Etudier la Torah = un élément nécessaire au processus de téchouva :

-> "Retourne, Israël, à Hachem ton D., car tu as trébuché dans ton iniquité. Prenez des mots avec vous et retournez voir Hachem." (Haftara Shabbath Chouva - Hochéa 14,2)

Le Sifri (Haazinou) explique les paroles de ce passouk : "Prenez des mots avec vous" comme étant une référence à la Torah.
"En dévarim éla Torah", il n'y a pas de "mots" à l'exception de la Torah. Le terme "dévarim" fait référence à la Torah,

=> Le prophète Hochéa enjoint d'abord les Bné Israël à faire téchouva, puis il leur recommande d'aller étudier la Torah.
Le prophète souhaite-t-il que nous fassions téchouva ou bien que nous étudions la Torah?

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+ Comment faire téchouva? :

-> Selon le Rambam la techouva comporte quatre parties :
1°/ azivat ha'Hèt = abandonner la faute, en cessant de commettre la faute ;
2°/ kabala al héAtid = s'engager à ne plus jamais violer l'interdit ;
3°/ 'harata = regretter d'avoir fauté ;
4°/ vidouï = confesser avoir commis la faute.

-> Le rav Aharon Kotler explique que même s'il s'agit là des quatre parties du processus de techouva, le prophète Hochéa cité ci-dessus nous enseigne qu'il y a un élément supplémentaire qui fait partie de la procédure de téchouva : la mitsva d'étudier la Torah.

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+ Pour quelle raison l'étude de la Torah, qui est une mitsva en soi, doit-elle être un aspect de la techouva ?

-> Le rav Aharon Kotler explique que nous devons comprendre le but de la téchouva. À qui s'adresse cet acte de repentir?
Le but de la techouva est de se rapprocher de Hachem, comme il est dit : "chouva Israël ad Hachem Eloké'ha". Grâce à la téchouva, on revient jusqu'au "ad Hachem", on se rapproche de Hachem.

"Grande est la téchouva, car elle atteint jusqu'au Trône de Gloire" (guémara Yoma 86a).
Le moyen le plus efficace de se rapprocher d'Hachem est d'étudier la Torah, comme il est dit : "Même si une seule personne étudie la Torah, Hachem est avec elle" (Pirké Avot 3,6).
Etudier la Torah est le meilleur moyen d'atteindre l'objectif de la techouva : la proximité avec Hachem.

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+ L'enseignement du 'Hida :

-> La guémara (guémara Yoma 86a) présente les différentes catégories de fautes et précise l'efficacité de la techouva pour chacune d'elles.

1°/ Ne pas accomplir une mitsvat assé, un commandement positif (faire quelque chose).
Par exemple, si l'on ne récite pas le Chema, ou l'on ne met pas les tefiline, on transgresse une mitsvat assé.
Si la personne fait techouva pour cette faute, il se produit une expiation immédiate, on est pardonné sur-le-champ.

2°/ Transgresser un interdit (lav), un commandement négatif (ne pas faire quelque chose).
Par exemple, le port d'un vêtement contenant du chaatnez, le fait de prononcer du lachon ara ou de manger des aliments interdits.
Si l'on commet une faute de cette catégorie et qu'ensuite on fait techouva, cela ne suffit pas.
La guémara affirme : "la téchouva suspend le châtiment, puis Yom Kippour assure l'expiation".
Ainsi, la téchouva seule ne suffit pas ; le fauteur a également besoin de Yom Kippour pour être totalement pardonné.

3°/ les fautes qui entraînent une peine de mort : karet ou de mitat beit din, pour laquelle les tribunaux peuvent condamner le transgresseur à la peine capitale, comme pour la violation du Shabbat.
Pour ce type de fautes, même la techouva associée à Yom Kippour ne suffit pas à purger la faute. Dans ce cas, une personne nécessite des épreuves, des souffrances et des difficultés pour expier la faute.

4°/ la faute de causer un 'hiloul Hachem, une profanation du Nom d'Hachem.
Selon la guémara : "Si quelqu'un a commis la faute de profaner le Nom de Hachem, la téchouva ne peut pas suspendre, Yom Kippour ne peut pas expier, et même les difficultés et les souffrances ne parviennent pas à purger la faute. Plutôt, l'influence associée de tous les trois engendre la suspension du châtiment, et seule la mort purge la faute et procure l'expiation."

=> Cette guémara est assez effrayante, car nous y apprenons qu'il existe des fautes ne pouvant pas être rectifiées simplement en faisant techouva.

-> Le 'Hida (Kissé David - drouch 9) nous enseigne que ces quatre catégories de fautes nécessitant la téchouva, ou l'ajout de Yom Kippour, ou la souffrance, ou même la mort pour obtenir le pardon, ne s'appliquent pas à tout le monde, mais uniquement à celui qui ne s'investit pas dans l'étude de la Torah.
Celui qui étudie la Torah lichma, au Nom du Ciel, n'a nul besoin de Yom Kippour, de souffrances ou de mourir pour être pardonné.
Si un fauteur étudie la Torah convenablement et en y associant la téchouva, alors le pouvoir de celle-ci combinée à celui de son étude de la Torah suffit amplement à lui obtenir le pardon !

Le 'Hida ajoute que cela est évoqué dans la Amida : "hachivénou avinou léToraté'ha" (ramène-nous, notre Père, à Ta Torah), et si nous retournons à l'etude de la Torah, alors : "véa'hazirénou bitéchouva chéléma léfané'ha" (et influence-nous à revenir dans une téchouvaparfaite devant Toi).
Etudier la Torah est la manière la plus sûre et la plus directe de faire téchouva.

-> Le Bné Yissa'har (maaaré 'hodech Tichri - maamar 5, drouch 14) commente ces paroles du 'Hida. Il écrit que même s'il existe des souguiot qui remettent en question ce 'hidouch, une fois que ce géant, à savoir le 'Hida, a pris la décision ici dans ce monde que seule l'étude de la Torah peut expier toutes les fautes, cette décision a été acceptée par le Beit Din Céleste.

=> Certes la téchouva constitue un trajet vers le Trône de Gloire, c'est un voyage de retour vers Hachem, et pour certains types de fautes, une personne a besoin d'un carburant plus puissant (des souffrances, la mort, Kippour) ... mais la force de la Torah est gigantesque. C'est un carburant si puissant, elle possède une énergie si intense, que lorsque le voyage de techouva d'une personne vers Hachem est alimenté par la Torah, aucun coup de pouce supplémentaire n'est nécessaire. La Torah pourvoit à la téchouva pour n'importe quelle faute.

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-> L'expiation des différentes fautes peut aussi se faire par une téchouva par amour : https://todahm.com/2019/09/30/la-grandeur-de-faire-techouva-par-amour

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+ Kippour, le jour d'expiation & la Torah :

-> La guémara (Taanit 30b) rapporte que Yom Kippour est le jour où la deuxième série de Lou'hot (symbole de la Torah que Moché a récupéré au Ciel) a été remise au peuple juif.
On peut éventuellement suggérer que Kippour est le jour où nous recevons la Torah, ce qui lui confère une force particulière de servir de jour d'expiation.

Nous avons reçu les premières Lou'hot à Shavouot, mais elles ont été brisées à cause de la faute du Veau d'or.
La Torah que nous avons aujourd'hui a en fait été reçue à Yom Kippour, lorsque Hachem nous pardonna la faute du Veau d'Or.
Par conséquent, puisque Yom Kippour est le jour où nous avons reçu la Torah, ce fut la force de la Torah qui fit de Yom Kippour un jour d'expiation.

-> Pendant Yom Kippour, nous devons nous imposer les 5 mortifications. Nous nous abstenons de manger, de nous laver, de nous oindre d'huile, de porter des chaussures en cuir et d'avoir des relations conjugales.
Quelle est la signification de ces 5 restrictions spécifiques à Yom Kippour?

Le Eliya rabba (siman תרי) explique que ces 5 mortifications, correspondent aux 5 Livres de la Torah.

Quel est le lien entre les Cinq Livres de la Torah et les mortifications de Yom Kippour?
Le Eliya rabba enseigne que Yom Kippour fut le jour où nous reçûmes les 5 Livres de la Torah, et donc, à l'anniversaire de cette date, Hachem nous a donné 5 mortifications correspondants.

Ainsi, à la lumière de ce que nous avons appris, que la force motrice de Yom Kippour est la Torah, nous comprenons le lien entre ces cinq mortifications qui nous apportent l'expiation et les cinq livres de la Torah, car c'est la force de la Torah qui alimente le pouvoir de Yom Kippour d'expier nos fautes.
De là, nous apprenons que l'étude de la Torah est le coup de pouce le plus puissant que nous puissions insuffler à notre téchouva.