Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Avraham courut vers le bétail ; il prit un veau, tendre et bon" (Vayéra 18,7)

Rav Yéhouda a dit au nom de Rav : un veau (une unité), tendre (un second veau) et bon (un 3e veau) ...
"Ensuite, il prit de la crème et du lait puis le veau qui avait été apprêté et le mit devant eux" (Vayéra 18,8).
C'est pour enseigner qu'Avraham présentait les plats (aux 3 invités) au fur et à mesure de leur préparation.
Pourquoi fallait-il 3 veaux? Un seul aurait suffi!
Rav 'Hanane bar Rava répond : c'est parce qu'Avraham tenait à ce que chaque invité mange une langue (de veau) à la moutarde.
Rabbi Tan'houm ben 'Hanilaï a dit : Un homme ne doit jamais modifier les coutumes du lieu où il se trouve ; c'est ainsi que Moché est monté au Ciel (durant 40 jours) et ne mangea pas ; de même les 3 invités d'Avraham (3 anges descendus sur terre) ont mangé.
Ont-ils vraiment mangé?
En fait, ils firent semblant de manger et boire.
Rav Yéhouda dit encore au nom de Rav : Tout ce qu'Avraham a fait lui-même (de ses propres mains) pour les Anges, Hachem le fit Lui-même pour ses enfants ; tout ce qu'Avraham fit faire par un délégué, Hachem le fit faire aussi par un délégué ...
On enseigne à l'école de Rabbi Yichmaël que 3 actes (d'hospitalité) d'Avraham ont valu à ses descendants 3 bienfaits :
- en récompense de la crème et du lait offerts, ses descendants ont bénéficié de la manne ;
- en récompense du fait qu'Avraham se tenait auprès d'eux sous l'arbre, ses descendants bénéficièrent des nuées protectrices ;
- en récompense de l'eau qu'Avraham fit apporter (à ses invités), ses enfants ont bénéficié de la source (puits) de Myriam.
[guémara Baba métsia 86b]

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=> Pourquoi Avraham a-t-il servi des langues de veau à la moutarde et d'où rav 'Hana le déduit-il?

-> Selon Rachi, Avraham a voulu recevoir royalement ses 3 invités. C'est pourquoi, il leur a servi à chacun une langue de veau à la moutarde qui est un plat de délices réservé aux rois et aux princes.
De plus, ce plat aiguise l'appétit et donne envie à l'invité de manger davantage, ce qui prouve l'œil bienveillant d'Avraham.
[Ben Ich 'Haï]

-> Bien que la Torah n'ait pas dit explicitement qu'Avraham leur a servi des langues de veau, il y a cependant une allusion dans ce verset de la paracha : "Je vais apporter une tranche de pain afin de restaurer votre cœur, ensuite vous poursuivrez votre chemin" (Vayéra 18,5).
Ainsi Avraham leur a permis de ne pas rester longtemps auprès de lui ; c'est pourquoi, il ne leur a pas donné à manger de la viande de veau qui aurait nécessité le dépeçage et le découpage en morceaux, mais il leur a servi la langue qui ne nécessitait pas ces opérations, afin de les servir plus rapidement.
[Rachbatz - Pirké Avot 1,15]

-> Le Maharcha écrit :
Il y a une allusion, dans l'expression : "ra'h vétov" (tendre et bon - רך טוב) qui qualifie le veau, au fait que la moutarde ('hardal - חרדל) a accompagné les langues de veau servies.
En effet, la guématria de : ra'h tov (רך טוב) est de 243, et c'est la même que le mot : 'hardal (חרדל) : 242 à qui on ajoute 1 (pour le mot lui-même - le kollel).

-> Le Kol Eliyahou enseigne :
Avraham a ajouté la moutarde aux 3 langues de veau afin d'adresser le message allusif suivant à ses invités : 3 qualités (midot) permettent de reconnaître si un homme (ou un invité) est convenable, et ces 3 midot se retrouvent dans les lettres du mot : bé'hardal (avec de la moutarde - בחרדל) :
1°/ Aimer les pauvres, car le mot בחרדל peut se lire : bo'her dal (il choisit et il aime le pauvre - בחר דל).
2°/ Se contenter de peu, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'hadal rov (חדל רב), c'est-à-dire qu'il s'abstient de courir après la multitude de richesse.
3°/ Se soucier d'accomplir la Parole Divine, car les lettres du mot בחרדל peuvent se réécrire : 'harad lev (חרד לב), c'est-à-dire son cœur se soucie (tremble de bien accomplir les Commandements Divins (mitsvot).

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-> "Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre coeur, ensuite vous passerez" (Vayéra 18,5)

-> Lorsqu'Avraham vit les anges, il pensa qu'il s'agissait d'Arabes venus se moquer de lui pour s'être fait à lui même la circoncision et ainsi avoir changé la création du Créateur.

Aussi Avraham leur dit : "Je prendrai une miche de pain", je veux vous répondre à l'aide d'une miche de pain. Celle-ci ne permet de rassasier le coeur qu'après avoir subi une transformation de son état initial qui était d'être sous forme de grains de blé et d'orge.
"Ensuite vous passerez" - vous changerez votre avis et votre façon de penser qui était la vôtre jusqu'à présent, car vous comprendrez que le sujet de la brit mila fait qu'il incombe à l'homme de se parfaire et de parfaire ce qui a été créé, et que cela est concrètement et vraiment la volonté d'Hachem.
[Tsor ha'Haïm]

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=> Les preuves apportées par rabbi Tan'houm pour justifier qu'un homme doit s'adapter aux coutumes du lieu où il se trouve sont-elles contestables?

-> Le Maharcha explique :
La preuve du principe énoncé par rabbi Tan'houm, qui a cité l'exemple de Moché qui n'a pas mangé durant 40 jours, peut être contestée. En effet, Eliyahou haNavi aussi n'a pas mangé durant 40 jours dans le désert, sur terre!
Cette objection peut être levée par le fait que Moché est monté au Ciel à 3 reprises durant 40 jours à chaque séjour sans manger : lorsqu'au premier séjour, il a constaté le miracle qui lui a permis de tenir durant 40 jours sans rien consommer, il n'aurait pas dû compter sur des miracles au second séjour et au 3e séjour et il aurait dû amener du pain et de l'eau.
Du fait qu'il n'a amené aucune provision ni à la seconde montée ni à la troisième, cela prouve qu'un homme ne doit pas changer les coutumes du lieu où il se trouve.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
L'objection à partir de l'abstinence d'Eliyahou mentionnée dans ce verset : "Eliyahou mangea et but ; réconforté par ce repas, il marcha 40 jours" (Méla'him I 19,8), peut être ainsi levée : pour pouvoir traverser le désert de 'Horev sans provisions, Eliyahou a bénéficié miraculeusement d'une bénédiction dans ses intestins qui ne digéraient chaque jour qu'une partie du repas, tout en étant rassasié.
Par contre, pour Moché, c'était le contraire : le repas qu'il avait consommé avant sa montée au Ciel était déjà digéré avant les 40 jours de son séjour Céleste.

-> Selon le Maharal (Gour Ariyé), peut-être que les anges ont agi par respect pour Avraham, et non pas par obligation de suivre les coutumes du lieu.
[Il est écrit : "vayokhlou" (et ils mangèrent - ויאכלו - Vayéra 18,8), et Rachi explique : ils firent semblant de manger car les Anges comme les être Célestes, n'ont pas la possibilité de manger. Rachi s'est basé sur le fait que les lettres du mot ויאכלו réarrangées forment le mot וכאילו (oukéilou - comme si).
Ils plaçaient la nourriture dans leur bouche et elle était brûlée, car les Anges sont eux-mêmes du feu.]

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=> Les 3 bienfaits accordés aux Bné Israël dans le désert sont-ils dus au mérite d'Avraham ou aux mérites de Moché, Myriam et Aharon?

-> Notre guémara (ci-dessus), qui attribue à Avraham le mérite des 3 bienfaits (manne, puits d'eau et nuées protectrices) pour son hospitalité exemplaire, est en contradiction avec la guémara (Taanit 9a) qui attribue ces 3 bienfaits aux mérites respectifs de Moché, Myriam et Aharon.
=> Comment comprendre cette contradiction apparente?

[selon rabbi 'Haïm Chmoulévitch, pourquoi Avraham en offrant à ses invités de l'eau, de la crème et du lait, a-t-il eu un tel mérite dont ses descendants ont bénéficié dans le désert durant 40 ans? Qu'y a-t-il d'exceptionnel? Tout juif aurait servi à son invité de l'eau et même de la crème et du lait!
C'est vrai, cependant Avraham a donné à travers cette eau et ce lait toute son âme et tout son cœur ; et c'est cela qui lui a donné un tel mérite.]

-> Le Maharcha enseigne :
C'est bien par le mérite d'Avraham que l'on a bénéficié dans le désert de la manne, de l'eau et des nuées de gloire, mais durant une période courte. Cependant, par le mérite de Moché, de Myriam et d'Aharon, la récompense de ces 3 bienfaits s'est prolongée durant 40 années : c'est pourquoi, à la mort d'Aharon, les nuées protectrices ont disparu ; à la mort de la prophétesse Myriam, l'eau a manqué et à la mort de Moché, la manne cessa de tomber.

-> Le Ben Ich 'Haï écrit :
Initialement, Hachem a décrété ces 3 bienfaits aux descendants d'Avraham pour son mérite d'hospitalité, réalisables dans le désert à la sortie d'Egypte.
Mais les Bné Israël sont sortis d'Egypte "béyad rama" (avec un esprit hautain, selon le Targoum), et de ce fait, ils ont perdu le bienfait des nuées protectrices promises à Avraham.
Mais ces nuées les ont quand même enveloppés par le mérite d'Aharon.
De même, après épuisement des provisions de nourriture, la manne devait tomber du Ciel par le mérite d'Avraham en récompense de la crème et du lait amenés à ses invités ; mais du fait qu'ils se sont plaints à Moché : "Tu nous a fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir de faim", ils ont perdu ce bienfait (la manne) promis à Avraham, mais la manne leur a quand même été donnée par le mérite de Moché.
Enfin, après épuisement de leur eau, ils ont perdu le mérite de l'eau promise à Avraham pour avoir dit : "Tu nous as fait sortir d'Egypte pour nous faire mourir", et c'est par le mérite de Myriam qu'ils ont obtenu le puits d'eau de Myriam.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 9) explique :
La différence apparente entre la guémara (Taanit 9a) et la guémara (Baba Métsia 86b) peut être levée grâce à cet exemple : un noyau est à l'origine de la croissance d'un arbre fruitier, mais sans terre, sans pluie et sans soleil, le noyau (la potentialité) ne pourra pas se développer pour produire l'arbre.
De même, l'acte d'hospitalité d'Avraham dans des conditions difficiles (chaleur, âge avancé, le 3e jour de sa circoncision).
Mais il a fallu attendre la génération de Moché, Myriam et Aharon qui ont apporté par leurs mérites la "terre", la "pluie" et le "soleil" et ont ainsi transformé en réalité la potentialité créée par Avraham.

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=> Pourquoi mentionner le nombre "trois" de bienfaits?

-> La guémara a cité les bienfaits et nous savons donc qu'ils sont au nombre de trois.
Pourquoi alors notre aggada précise-t-elle que les descendants d'Avraham ont bénéficié de trois bienfaits (le nombre "trois" est inutile)?
En fait la précision du nombre "trois" vient nous enseigner un 'hidouch (élément nouveau) du fait que les 3 mérites d'Avraham ont été réalisés de façon groupée, une action rattachée à l'autre, sans interruption, de même, par le principe de réciprocité (mida kénégued mida), nous bénéficierons des 3 bienfaits ensemble dans le désert.
C'est ainsi que lorsque l'eau s'est tarie dans le désert au décès de Myriam, aussitôt elle est revenue, afin que l'eau, la manne et les nuées protectrices se maintiennent ensemble (sinon, on aurait terminé le séjour dans le désert avec 2 bienfaits seulement).
De même, au décès d'Aharon, lorsque les nuées protectrices ont disparu, aussitôt elles ont réapparu afin que les 3 bienfaits demeurent ensemble et qu'il ne reste pas 2 bienfaits seulement.
C'est pourquoi le texte a précisé "trois" bienfaits.
[Ben Ich 'Haï]

La paix

+ La paix (par le Méam Loez - Dévarim) :

-> Nous ne trouvons aucune autre mitsva où la Torah nous recommande de "poursuivre quelque chose.
Par exemple, dans le cas d'un nid d'oiseau, la Torah dit : "Lorsque tu rencontreras un nid d'oiseau" (Dévarim 22,6). Il n'est pas nécessaire de poursuivre ce commandement ; on l'accomplira seulement si l'occasion se présente.
Par contre, il est écrit : "Cherche la paix et poursuis-là" (Téhilim 34,15).

La paix entre les hommes est le pilier du monde et l'un des 3 fondements de la Création.
Si un homme est pris dans une querelle, il doit rechercher la paix même si son adversaire cherche la dispute. Il est écrit : "Cherche la paix et poursuis-là" = même si ton prochain ne veut pas la paix, tu dois la poursuivre. Agis comme un homme qui a perdu quelque chose et qui le cherche jusqu'à le trouver.

En effet, D. loue les juifs pour son unité : "Qui est comme Ton peuple Israël, une nation unique sur terre" (Chmouël II 7,23). Le peuple juif tout entier est semblable à une seule âme.
S'il est uni et sans dissensions, D. fait reposer Sa Présence parmi le peuple.

Même lorsque les juifs étaient idolâtres mais restaient unis, la Présence Divine ne les quittait pas. En effet, l'un des noms de D. est : Shalom, qui veut dire paix.
Lorsqu'il n'y a pas de querelles parmi les juifs et qu'ils sont unis, le nom de D., Shalom, réside parmi eux et D. les protège. Mais si les disputes les déchirent, la Présence Divine les quitte, et lorsqu'ils fautent personne ne les protège.

A l'époque du Déluge, les hommes s'étaient rendus coupables de vol et d'immoralité, ces crimes qui sèment la dispute. Hachem a précipité le Déluge et n'a laissé aucun survivant. Par contre, comme la génération qui a construit la Tour de Bavél vivait en harmonie, D. ne l'a pas détruite.

-> Lorsque les juifs vivent en harmonie, ils sont comparables à un seul corps. C'est comme s'ils observaient toute la Torah qui est le fondement du monde.

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-> L'un des fondements du monde est la paix.
Lorsque les juifs vivent en harmonie, tous sont considérés comme un seul corps et une seule âme. Chaque fois qu'un juif accomplit un commandement, c'est comme si tout Israël avait observé toute la Torah et le monde peut survivre, mais lorsque la dispute déchire les hommes, il est impossible de considérer que tous observent la Torah et cela cause la destruction du monde.

Il est enseigné dans la michna : "D. n'a trouvé d'autre réceptacle pour la bénédiction dans le monde que la paix, comme il est écrit : D. donne la force à Son peuple, D. bénira Son peuple par la paix."
Hachem nous a donné la Torah. Elle est appelé : "oz" (force), donc il est impossible à chacun de l'observer toute entière. C'est seulement en tant que nation unie que les juifs peuvent l'accomplir complètement. Le seul moyen pour cela est la paix qui règne entre eux.

-> Toutes les bénédictions se terminent par la paix.
Dans la dernière bénédiction après le Shéma le vendredi soir, nous disons : "Tu es source de bénédictions, D., qui étend une tente de paix".
De même, la dernière bénédiction de la Amida est : "qui bénit Son peuple Israël par la paix".
Lorsque nous terminons la Amida, nous disons : "Lui qui fait la paix en Haut".
La bénédiction des Cohanim se termine par : "et qu'Il t'accorde la paix".

-> L'une [des rares] choses dont l'homme profite des fruits dans ce monde et garde le capital pour le monde futur, est de rétablir la paix parmi ses prochains et entre l'homme et son épouse ...
Ramener la paix entre les hommes était également l'une des actions caractéristiques du Cohen Gadol ...

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-> Hachem fait des miracles pour l'homme qui s'efforce de vivre en paix avec autrui, et Il le sauve de la mort.

Le Zohar rapporte le récit d'un homme qui a bénéficié de 2 miracles (être sauvé d'un serpent, et être sauvé d'une chute d'un rocher). Rabbi Abba qui a été témoigné de cela lui demanda : "Quelles bonnes actions as-tu accomplies pour mériter ces miracles?"
Il a répondu : "Toute ma vie, il n'est jamais arrivé qu'un homme m'ait causé du tort sans que je lui pardonne. Même si je ne parvenais pas à me réconcilier avec lui, je n'allais pas dormir avant de lui avoir pardonné de tout mon cœur. Je n'ai jamais gardé de haine en mon cœur et à chaque fois qu'un homme me faisait du mal, je lui prodiguais du bien en retour".
Rabbi Abba lui a dit : "Tes actes sont supérieurs à ceux de Yossef! Bien que les frères de Yossef lui aient fait du mal, il leur a fait du bien. Mais ils étaient frères et il les aimait. Toi, par contre, tu agis ainsi envers des hommes qui ne sont pas de ta famille. C'est pour cette raison que tu as mérité de bénéficier de ces 2 miracles".

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-> Par le mérite de la paix, D. enverra le machia'h, comme il est écrit : "Le juste prospérera dans sa vie et amènera la paix" (Téhilim 72,7). Par ce mérite, le Temple sera reconstruit.
De plus, lorsque le machia'h viendra annoncer sa reconstruction, il commencera par un message de paix : "Comme sont beaux, sur les montagnes, les pas de l'annonciateur qui fait entendre la paix" (Yéchayahou 52,7).

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-> Nous voyons aussi que lorsque les juifs ont fabriqué le veau d'or, D. a pardonné leur faute. Par contre, lorsque Kora'h a fomenté sa révolte et s'est opposé à la paix, la terre a ouvert sa bouche et l'a englouti, lui et tout son clan (Bamidbar 26,10).

Nos Sages enseignent que le 1er Temple a été détruit parce que les juifs étaient coupables de meurtre, d'idolâtrie et d'adultère. A l'époque du 2e Temple, le peuple étudiait beaucoup la Torah et n'adorait pas d'idoles. Cependant, il y avait des querelles parmi eux et ils se haïssaient. Le Temple a été détruit et le peuple, exilé de sa terre.

-> Nous devons donc nous efforcer de rechercher la paix même si notre prochain nous cause du tort.
Même après que le roi Saül ait cherché à le tuer, David a tenté de faire la paix avec lui.
Lorsque Saül est entré dans une grotte, David a coupé le pan de son manteau (Chmouël I 24,5) [pour lui montrer qu'il ne lui voulait pas de mal]. David aurait pu le tuer mais il a cherché à faire la paix avec Saül.
Par ce mérite, D. a sauvé le roi David de tous ses ennemis.

De même, lors de la révolte de Kora'h, Moché a convoqué Datan et Avriam pour tenter d'étouffer la dispute (Bamidbar 16,25). Lorsque Moché a vu qu'ils refusaient de venir, il est allé lui-même leur parler gentiment, sans se soucier de son honneur. Il ne cherchait qu'à rétablir la paix parmi les juifs.

-> "Du désert de Kedmot, j'envoyai des émissaires à Si'hon, roi de 'Hechbon, avec le message de paix" (Dévarim 2,26)
Bien que D. a ordonné à Moché de combattre Si'hon, il a commencé par faire une proposition de paix à ce roi.
Il a appris cela de D. Lui-même. Lorsque D. voulait faire sortir les Bné Israël d'Egypte, Il lui a dit : "Va, je T'enverrai à Pharaon et tu lui diras de laisser sortir les Bné Israël d'Egypte" (Chémot 3,10).
Hachem savait bien que Pharaon ne laisserait pas partir Son peuple. Pourtant, Il a envoyé Moché le lui demander de façon diplomatique ...

Depuis lors, chaque fois que les juifs s'apprêtaient à faire la guerre, ils commençaient par proposer la paix à leurs ennemis. Avant chaque affrontement, les juifs étaient tenus de demander à leurs adversaires s'ils voulaient la guerre ou la paix, comme il est écrit : "Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu dois d'abord lui proposer la paix" (Dévarim 20,10).
Ils devaient commencer par donner à la ville la possibilité de faire la paix et de leur remettre un impôt. C'est seulement si les habitants refusaient qu'ils pouvaient les combattre.

Yéhochoua a agi de la même façon : lorsqu'il est entré en terre sainte, il a envoyé 3 missives aux habitants.
Dans le premier message, il a écrit : "Quiconque désire être en paix avec nous restera où il se trouve et nous enverra un impôt".
Dans la 2e, il a écrit : "Quiconque le désire peut quitter le pays et aller là où il veut sans que personne ne lui dise un mot".
Dans la 3e missive, il a inscrit le message suivant : "Que quiconque veut se battre sache que nous sommes prêts à la guerre".

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-> b'h, également sur la paix : https://todahm.com/2019/07/08/la-paix

Téchouva – quelques enseignements du Baal haTanya

+ Téchouva - quelques enseignements du Baal haTanya :

-> Pour comprendre pourquoi la puissance de la téchouva est tellement importante, nous devons comprendre que la téchouva est une transformation et sa puissance réside dans la grande nouveauté qui résulte de cette transformation ...
Le cœur endurci de quelqu'un est appelé : un "cœur de pierre".
Lorsqu'il transforme sa volonté et se change pour servir Hachem, son cœur brille ... et cela est très précieux aux yeux d'Hachem.

Lorsque [nous faisons téchouva] nos cœurs de pierre brillent, ils s'appellent alors : des pierres précieuses, et ils sont utilisés en tant que "bijoux" qui ornent la Présence Divine, qui est comme une mariée ...
Lorsque la mariée est parée de toutes ses pierres précieuses, alors elle est agréable et belle à son mari (c'est-à-dire l'aspect masculin de la Divinité).
[...]

La forme principale de la téchouva est de confesser verbalement la faute que nous avons transgressée, la décrivant en détail.
Pourquoi faisons-nous cela?

Lorsque que nous fautons, nous créons un adversaire (un ange accusateur) qui est appelé par le même nom que la faute que nous avons commise.
Par exemple, si quelqu'un mange du porc, l'accusateur est nommé : "Tu as mangé du porc".
L'ange accusateur tire sa force vitale des lettres mêmes qui épellent son nom (épelant la faute qui a été commise).
C'est de cette façon que le premier homme, Adam, a nommé les animaux : lorsqu'il les a regardés, il a discerné les lettres qui leur ont donné vie. Par exemple, lorsqu'il a vu un cheval, il a remarqué les lettres : samékh - vav - samékh, lui ont donné la vie, et il l'a donc appelé : "souss" (סוּס).

C'est pourquoi lorsqu'une personne confesse et regrette ses actions, disant : "je n'ai plus envie de refaire cette faute", il retire la force vitale de l'ange accusateur qu'il a créé par cette faute, le tuant efficacement, car il a retiré les lettres qui forment le nom qui lui ont donné vie.
[Baal haTanya - Maamaré Admour haZaken haKétzarim]

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-> Lorsque nous faisons téchouva, Hachem, dans Sa grande miséricorde, nous pardonne immédiatement.
Ce fait est clairement exprimé dans la bénédiction du pardon que nous disons lorsque nous prions la Amida.
D'abord, nous demandons à Hachem de pardonner nos fautes, et immédiatement après nous prononçons : "Béni soi-Tu hachem, le Miséricordieux, qui pardonne abondamment" (bar'ouh ata Hachem 'hanoun hamarbé lisloa'h).
[Tanya - Iguéret haTéchouva]

Lé’h Lé’ha = moment propice pour acquérir les vertus d’Avraham

+ Lé'h Lé'ha - moment propice pour acquérir les vertus d'Avraham :

-> Le 'Hidouché haRim (Imré Harim’- Lé'h Lé'ha) rapporte au nom du Talmud Yérouchalmi (Chékalim 2,5) que "celui qui cite un enseignement au nom de son auteur devra considérer que celui-ci se tient devant lui". Car l’enseignement inédit que l’auteur a innové fait partie intégrante de son âme (sa néchama) et lorsque l’on étudie ce qu’il a enseigné, sa néchama en est toute illuminée.

Cette paracha est celle qui décrit l’enseignement qu’Avraham a diffusé dans le monde. Cette pourquoi en cette semaine l’âme d’Avraham illumine donc le monde de sa lumière spirituelle.
L’heure est dès lors propice de s’inspirer de la qualité de ‘Hessed (de bienfaisance) et des autres vertus qui caractérisent notre patriarche, et de compter de ce fait parmi "les disciples d’Avraham" au sujet desquels la michna enseigne qu’ils possèdent "un regard bienveillant (ayin tova), un esprit humble et une âme modeste" (Pirké Avot 5,19).

"Hachem dit à Avram : Va pour toi" (Lé’h Lé’ha 12,1)

-> A la Yéchiva de Kotsk, on enseignait : le premier commandement qui fut ordonné à Avraham fut : "Lé'h Lé'ha" (Va pour toi"), parce que c’est la première chose qu’un juif doit se dire : "Sors de là où tu te trouves, ne demeure pas au même endroit!"
Et chacun sait parfaitement quels sont les points qui l’empêchent de progresser spirituellement. C’est donc à chacun d’entre nous que s’adresse le commandement : "Lé'h Lé'ha".

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=> Comment se fait-il que l’épreuve de "Lé'h Lé'ha" est écrite dans la Torah, alors que celle de Our Kasdim (Avraham fut jeté dans la fournaise ardente pour avoir refusé de se prosterner à Nimrod) ne l’est pas (et même d’après les Richonim qui pensent que Our Kasdim fait partie des 10 épreuves d’Avraham, néanmoins, elle n’est pas écrite explicitement dans la Torah)?

Certains répondent à cette question par une allusion : nombre de personnes en allant dormir le soir seront prêtes à accepter sur elles le joug Divin avec amour en faisant don de leur vie.

Le Noam Elimélé'h (dans son Tzetel Katan) écrit : "Un homme dans son lit peut s'imaginer qu’un feu immense brûle devant ses yeux dont les flammes s’élèvent jusqu’au Ciel, et qu’il brise sa propre nature en se jetant dans la fournaise pour sanctifier le Nom Divin. Néanmoins, tout cela se passe pendant la nuit. Mais lorsqu’arrive le matin et que le réveil lui ordonne de se lever et lui suggère "Lé'h Lé'ha et sors de ton lit !", plus personne n’est là pour écouter la voix du réveil!"

C’est pour son importance particulière que l’épreuve de Lé'h Lé'ha est mentionnée dans la Torah.
[le lever du matin n'est qu'un exemple d'habitude]
En effet, les gens ont tendance à laisser planer leur esprit dans les sphères élevées, étant prêts à "mourir pour Hachem" (à l'image de Our Kasdim), mais qui, lorsque vient le moment d’agir (va pour toi - lé'h lé'ha), continuent à dormir!
C’est à eux que s’adressent Lé'h Lé'ha, pour leur dire : "Commence à bouger!".

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[notre yétser ara a tendance à nous laisser tranquillement dans notre zone de confort, tandis que Hachem attend de nous que nous allions exploiter nos potentialités dans la réalité, que nous tendions à être la meilleure version de nous même!
Mais pour cela : "lé'h lé'ha!" = on doit quitter une zone de confort (notre terre natale), vers une destination inconnue (un "moi" qui est devenu meilleur!).]

L'énergie spirituelle restante d'une mitsva a besoin d'une "maison" dans laquelle rester.
Lorsqu'un juif se prépare et concentre son cœur avant de faire une mitsva, alors cette préparation va construire une résidence dans laquelle la sainteté de la mitsva va rester.
La quantité d'énergie spirituelle que nous recevons [d'une mitsva] est proportionnelle à la quantité de préparation [à cette mitsva].
[Kédouchat Lévi -Vayétsé]

+ Dans la vie, on a tendance à s'interroger sur ce qui nous arrive, en proclamant : "Pourquoi!" (lama - למה).
Or, le mot : "lama" (למה) a une valeur numérique de 75 qui est également celle du mot : "bita'hon" (la confiance en D. - בטחון).
Cela nous enseigne que la confiance en D. efface toutes les questions, les craintes et les doutes, tant sur le passé, que sur l’avenir.
[d'après le rav Yéhouda Ariyé Diner]

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-> "Sans confiance en D. (בטחון), il n’y a pas de réponse ; avec la confiance en D., il n’y a pas de question (למה)."
[le 'Hafets 'Haim]

Quelqu'un qui s'est souillé spirituellement par des fautes et des mauvaises actions, même les pires, peut toujours se nettoyer et se purifier.
Personne ne doit jamais désespérer ou se décourager en pensant qu'il n'y a plus d'espoir ou de possibilité de faire téchouva …

L'intensité avec laquelle une faute a été commise doit [au moins] correspondre à l'intensité de la téchouva.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché - Mattot 31,21]

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[notre yétser ara nous pousse à fauter, et ensuite il nous décourage de faire téchouva en nous racontant que nous sommes allés trop loin dans la faute, au point que notre téchouva n'aura pas suffisamment de valeur pour réparer cela.
Comme nous venons de le voir, cela est totalement faux quelques soient les fautes que nous avons pu faire.]

L’impact du lachon ara sur la pluie

"La pluie ne s'arrête qu'en raison de ceux qui profèrent du lachon ara" (rabbi Chimin ben Pazi - én aguéchamim néétsarin éla bichvil méssapéré lachon ara - guémara Taanit 7b)

-> Le 'Hatam Sofer (Drachot 'Hatam Sofer, 2e partie) explique que naturellement, l'haleine émise par la bouche de l'homme s'élève et entre dans les nuages remplis de pluie.
De ce fait, lorsqu'on commet une faute en proférant des propos interdits de médisance et de colportage, cette haleine impure souille l'eau de pluie présente dans les nuages, et les fruits et les cultures qui poussent, arrosés par les pluies, absorbent également cette impureté.
Ainsi, celui qui en consomme introduit également cette impureté en lui, qui ne fait que s'accroître.

Lorsque D. remarque que les hommes se dégradent et commettent de plus en plus de fautes, dans Sa grande compassion et bonté, Il arrête les pluies pour mettre un terme à cette diffusion croissante de l'impureté.

[rapporté par l'Admour de Kalov]
[la source exacte est : drachot ‘Hatam Sofer, ‘helek ב,p. 376, s.v. אחז"ל ]

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-> Le Trisker Magid (Maguen Avraham - Le'h Le'ha, s.v. ויאמר ) relie la maladie dans le monde à l’air et au climat. L’Air relève du "roua'h" (רוח) source du dibour (רוח), la parole comme il ressort du Targoum Onkélos qui utilise l’expression "roua'h mémaléla" (רוח ממללא), un souffle parlant (Béréchit 2,7).
En portant atteinte à sa force locutoire (par le mensonge, la moquerie, la médisance, ...), cela affecte l’air (qui, à travers la respiration, permet de parler) et génère la maladie dans le monde.
En sanctifiant sa bouche avec des mots de Torah et de prière (téfila), cela arrange le climat et purifie le monde de ses maux.

Le rav Yéhochoua Alt fait remarquer que les lettres réagencées du mot רפואה (réfoua) donnent אור פה (or pé), la lumière de/dans la bouche.

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-> La guémara (Béra'hot 32b) rapporte que Rava n'autorisait jamais un jeûne par temps nuageux, car il pensait que les nuages retiendraient la prière. Comme le dit le verset : "Tu t'es enveloppé dans un nuage que la prière ne peut percer" (Eikha 3,44).

=> Quel est ce nuage qui empêche nos prières de passer?

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach - 'helek 1 amoud 83) explique qu'il est constitué de l'air chaud et de la buée qui sortent chaque jour de nos bouches, de paroles qui contiennent souvent des mots de tromperie, de lachon ara, de colère et d'onaat devarim (léser une personne par la parole).
Une conversation inappropriée inclut même des mots appropriés émis au mauvais moment ou au mauvais endroit, comme des bavardages inutiles à la synagogue, en particulier pendant la prière.
Ces vapeurs s'élèvent, forment un nuage et empêchent nos prières de se frayer un chemin jusqu'à Hachem. Les gens qui parlent pendant la prière empêchent les prières de la synagogue d'atteindre le Tout-Puissant.
Cela rejoint la conclusion du 'Hatam Sofer : le lachone hara, la ré' hilout et la onaat devarim travaillent tous à ériger une barrière entravant l'acceptation de nos tefilot par Hachem.

+ [Hachem a dit : ] "Ne crains point Avram : Je suis un bouclier pour toi" et pas uniquement le tien, mais aussi celui de tes descendants, pour peu qu’ils se vouent à Ma Torah comme tu t’y es voué. Je serai alors leur bouclier, comme il est dit : "La parole de Hachem est infaillible, Il est le bouclier de quiconque espère en Lui" (Chmouel II 22, 31).
[midrach Tan’houma - Lé'h Lé'ha 11]