Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Tout homme parmi les Bné Israël et le converti séjournant parmi Israël, qui donnera [quelqu'un] de sa descendance au Molé'h, sera mis à mort" (Kédochim 20,2)

-> Parmi les diverses sortes d'idolâtrie (avoda zara), la Torah évoque le service d’une divinité appelée Molé'h. Elle interdit de faire "passer son enfant au Molé'h".
Le Séfer ha’hinoukh (mitsva 208) décrit le rituel prohibé : les parents de l’enfant l’amenaient au prêtre du Molékh et montraient l’enfant à l’idole, puis ils allumaient un grand feu devant elle. Le prêtre ramenait ensuite l’enfant à son père qui le faisait passer à travers le feu, devant le Molé'h.
Le Séfer ha'Hinoukh rapporte un débat entre les Richonim quant au sort de l’enfant lors de cette pratique.
Rachi et le Rambam estiment que l’enfant passait rapidement dans le feu et n’était pas tué. Cependant, le Ramban pense que l’enfant mourrait brûlé. Selon cet avis, en dépit de la dépravation des idolâtres, il convient d’expliquer le but de cet acte barbare et comment un père pouvait tuer son fils pour la avoda zara.

Pour répondre à ces questions, analysons une autre loi de la Torah concernant le culte du Molé'h.
Le Séfer ha'Hinoukh souligne que la punition n’était appliquée que si la personne sacrifiait une partie de ses enfants. En revanche, si elle sacrifiait tous ses enfants elle n’était pas sanctionnée. Comment cela se fait-il?

Il explique ce paradoxe, ce qui nous aide à comprendre comment un individu pouvait tuer son fils en servant le Molé'h. Il précise que les prêtres du Molé'h promettaient aux parents que s’ils sacrifiaient l’un de leurs enfants pour ce dieu, ils bénéficieraient d’une "bénédiction" pour leurs autres enfants, qui auraient tous une belle vie.
Évidemment, c’était faux, mais nombreux furent ceux qui tombèrent dans le piège et qui furent prêts à sacrifier un enfant en faveur de ses frères. Puisque le culte classique consistait à ne pas sacrifier tous ses enfants, celui qui agissait de la sorte n’était pas sanctionné malgré son acte odieux.

=> Ceci explique comment des parents pouvaient faire tuer leur enfant : ils se souciaient en réalité du bien-être de leurs autres enfants.
En quoi est-ce pertinent dans notre vie?
Nous ne sommes aucunement tentés de servir des idoles, surtout si cela demande de tuer des enfants. Pourtant le rav ’Hanokh Plotnik affirme que cette idée peut s’appliquer dans nos vies, quoique de façon moins drastique.

Les parents désirent parfois "sacrifier" un enfant pour le bien-être de ses frères et sœurs. La vie ne peut rien garantir et l'on ne choisit pas ses enfants. Nous souhaitons tous voir chacun de nos enfants devenir un érudit en Torah, un Grand de la génération future. Mais tous les enfants ne sont pas forcément destinés à cela.
Parfois, une yéchiva de premier, voir de 2e rang, n’est pas adaptée à l’enfant ; celui-ci n’est pas en mesure de tenir le rythme d’une étude si intensive. Mais certains parents s’entêtent : "Non! Notre fils doit étudier dans CETTE Yéchiva. Parce que s’il entre dans un autre type d’institution, ses frères et sœurs auront du mal à se marier". Bien qu’il vivra une expérience difficile dans cette yéchiva, les parents estiment qu’il doit y entrer pour le bien-être de ses frères et sœurs.

Le rav Plotnik montre que parfois, l’erreur est de vouloir, consciemment ou non, placer l’enfant dans un danger spirituel pour le bien des autres. Ce cas n’est qu’un exemple. Il existe d’autres situations où un parent n’agit pas pour le bien de l’enfant, mais pour la réputation de la famille et pour mériter la considération des autres.
[les parents veulent que leurs enfants soient ce qu'ils auraient voulu être, ou bien ce qui leur permettra d'être bien vu dans la société (signe de réussite dans l'éducation s'il a tel métier), ... et par cela on "sacrifie" l'enfant tel qu'il est réellement. On ne veut pas le mieux de l'enfant, mais le mieux pour soi-même. (on le grille/brûle devant le dieu molé'h de notre génération [l'égo, le que dira-t-on, ...])]

-> Le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Si les parents montrent qu’ils acceptent et qu’ils aiment cet enfant [sur le déclin spirituel] en dépit de ses choix de vie, non seulement ce dernier verra qu’on lui voue un amour inconditionnel, mais ses frères et sœurs le comprendront également. Par conséquent, ils réaliseront que l’amour des parents à leur égard est également inconditionnel.
En revanche si les parents font preuve de moins d’amour et d’égards envers l’enfant qui fait "fausse route", les autres auront moins confiance en l’amour de leurs parents. Ainsi le fait de sacrifier un enfant en le renvoyant ostensiblement de la maison "pour le bien des autres", peut avoir un effet négatif également sur ces derniers.
Puissions-nous tous mériter d’élever chacun de nos enfants de la façon qui lui est la plus adaptée.

Utiliser les mauvaises influences pour le bien

-> Avant de nous détailler la liste des relations interdites, nous ordonne : "N’imitez pas les pratiques du pays d’Égypte, où vous avez demeuré, n’imitez pas les pratiques du pays de Canaan où Je vous conduis" (A'haré Mot 18,3).

-> Rachi nous informe que Mitsraïm et Canaan étaient les nations les plus dépravées, et les quartiers où résidaient les juifs étaient les plus immoraux de tous.
=> Pourquoi Hachem a-t-Il placé le peuple juif dans les endroits les plus corrompus du monde?

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) répond à cette question dans un essai concernant la façon de réagir aux mauvaises influences. Il note qu’un entourage néfaste peut être très nuisible pur l’individu. Néanmoins, si ce dernier est suffisamment fort pour ne pas se laisser influencer par ces emprises négatives, il peut les utiliser pour se renforcer et améliorer son service de D.
Comment y parvenir?

Le rav Dessler remarque que le simple fait de voir le mal autour de nous peut nous dégoûter, parce que ses défauts sont d’autant plus visibles ; ceci nous permet de nous renforcer et d’apprécier davantage le bien.
D’après cet enseignement sur la nature humaine, rav Dessler explique pourquoi Hachem plaça, à dessein, le peuple juif dans les endroits les plus dépravés au monde.
Il écrit : "À chaque fois qu’un tsadik devait s’élever à un haut niveau, il fut placé dans un environnement bas et corrompu afin d’apprendre l’abjection du mal et de s’efforcer de s’en éloigner jusqu’atteindre le bien suprême".

-> Rabbi Yéhochoua Gefen ajoute à cela :
Hachem décida que le peuple juif allait vivre en Égypte pour qu’il développe une répugnance profonde vis-à-vis de l’impureté qui y régnait. C’est effectivement ce qui motiva les Bné Israël à implorer Hachem de les faire sortir de ce terrible endroit. Ce dégoût intense leur permit de passer rapidement du 49ème degré d’impureté à un niveau tel qu’ils purent recevoir la Torah. S’ils avaient vécu dans un environnement moins immoral, ils n’auraient pas pu s’élever et atteindre un si haut niveau.

Cela peut également expliquer pourquoi le peuple juif devait se rendre à Canaan, un endroit si abject. Le fait de voir le comportement extrêmement immoral des Cananéens était censé les dégoûter du mal et leur faire apprécier la moralité de la Thora.
[le peuple juif avait le choix de rejeter complètement les pratiques des Cananéens ou de les accepter comme voisins et de se laisser influencer négativement. L’histoire montre qu’il n’a pas totalement banni ses voisins et qu’il s’est, par moments, laissé influencer par les Cananéens. ]

Le rav Dessler utilise ce fondement pour comprendre un autre passage de la paracha A'haré Mot : le Séir laAzazel (le bouc émissaire). Durant le jour le plus saint de l’année, Yom Kippour, Hachem nous ordonne de traverser le désert avec un bouc et de le jeter du haut d’une falaise.
Pourquoi traverser le désert?
Le rav Dessler répond que le désert est un endroit où les gens sacrifient des boucs pour les démons. En conduisant l’animal dans ce lieu impur et en voyant de près cette impureté le jour de Kippour, le peuple se renforçait dans leur avodat Hachem.

Le principe de rav Dessler nous aide également à comprendre quelques faits liés à la fête de Pessa’h. Nous entamons la Haggada en évoquant nos ancêtres idolâtres. Le rav Dessler demande en quoi cela est relié à l’histoire de la sortie d’Égypte.
Il répond que la grande négativité que côtoya Avraham Avinou lui permit de s’élever à un niveau de kédoucha tel que cette sainteté ne put et ne pourra jamais être supprimée. La sortie d’Égypte est le résultat direct de cette kédoucha. C’est pourquoi nous parlons de l’idolâtrie de nos ancêtres pour montrer qu’en conséquence de leur impureté, Avraham put atteindre un niveau incroyablement élevé et c’est cette grandeur qui permit la sortie d’Égypte.

Nous pouvons à présent mieux comprendre pourquoi la Haggada parle tellement des mauvaises influences de nos ancêtres idolâtres, de l’Égypte et de Lavan. C’est peut-être pour susciter en nous une aversion pour cette immoralité et, par conséquent intensifier notre appréciation du fait qu’Hachem nous fit sortir de ce pays et nous donna la Torah.

Dans la société actuelle, nous devons inévitablement faire face à l’influence du monde laïc ; même lorsque nous vivons dans un milieu orthodoxe, le mal nous harcelle quotidiennement. Il est bien entendu vivement recommandé de l’éviter au maximum, mais il reste impossible de supprimer tout contact avec cet entourage. L’enseignement de rav Dessler peut nous aider à gérer ces influences et peut-être même, à les utiliser positivement.
En prenant conscience des vices de la laïcité, nous pouvons renforcer notre appréciation pour la beauté du mode de vie imposé par la Torah.

[ dans notre vie plus nous sommes capables de pointer du doigt les carences de la façon de vivre des non-juifs, plus cela va mettre en avant tout le positif du fait de vivre en tant que juif. Quelle chance on a, merci Hachem!
La société environnante nous permet ainsi d'être encore plus fiers d'être juifs, et cela nous encourage à agir en ce sens par reconnaissance pour notre papa Hachem. ]

"Lorsqu'il nettoiera les bougies, il fera brûler les encens"  (Tétsavé 30,7)

=> Pourquoi les encens devaient-elles être brûlés au même moment que le nettoyage et l'allumage de la Ménora?

En fait, la Menora symbolise le Sage qui éclaire le monde par la lumière de ses enseignements. La Torah veut nous enseigner que le sage doit avoir également un sens particulier pour sentir qui n'est pas comme il le paraît.
En effet, parfois certaines personnes, qui cherchent à éloigner des juifs du droit chemin, se comportent au début comme il se doit, pour ne pas être identifiées. Ce n'est qu'une fois qu'ils ont réussi à s'imposer qu'ils mettent en pratique leur projet vicieux d'écarter des personnes de la bonne voie.
Le véritable Sage doit, en même temps qu'il allume la Ménora et dispense sa Torah, être capable de sentir et de flairer tous ceux qui, malgré leurs apparences, viennent introduire des idées contraires à la Torah au sein du peuple. Et les encens, qui se réfèrent justement à l'odorat, font allusion à ce flaire dont doit être doté le Sage.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

On peut encore allumer la hanoukia jusqu’à que tous les passants aient disparu de la rue. Dans le langage de la Torah ont dit : "jusqu’à que soit fini le pied du marché" = c’est-a-dire jusqu’à que plus personne ne soit occupé a faire ses achats au marché ou dans les magasins.
On apprend de là que les lumières de Hanouca vont nous amener le machia'h qui nous ôtera les préoccupations bassement matérielles telle qu’aller faire ses courses, pour nous réserver à la Torah et aux mitsvot.
[Ben Ich 'Haï - (פניני המועדים - חנוכה) ]

Celui qui fait attention a accomplir la mitsva des lumières de Hanouca méritera de voir ses enfants devenir des sages et des érudits.
Car l’essentiel de la lumière divine qui se dévoile à Hanouca passe par les femmes. Et la femme se réjouit plus encore que son mari de voir son fils devenir un érudit en Torah.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Shabbath 23]

Na'hal (נחל) est le nom saint qui forme l’acrostiche des 3 derniers mots de la bénédiction : "léadlik ner 'Hanouca" (qui nous a ordonné d’allumer la lumière de 'Hanouca), il est également celui du verset : "notser 'hessed laalafim" (il conserve la bonté à la millième génération), il fait également allusion aux ‘Hachmonaïm en étant encore l’acrostiche du verset : "nafchénou 'hikta l'Hachem" (Notre âme met son attente en Hachem), car ils eurent confiance en Lui et en Sa délivrance espérèrent, pour cela ils furent sauvés.

Bien que la formulation de la bénédiction à l’allumage des lumières de Shabbat est : "léadlik ner shel Shabbat" (avec le mot "shel"), pour les nérot (bougies) de Hanouca on fera la bénédiction : "léadlik ner ‘Hanouca" sans dire le mot "shel", pour pouvoir penser au nom נחל (Na’hal) expliqué ci-dessus.
[Ben Ich 'Haï]

Roch Hachana qui tombe Shabbath

+ Roch Hachana qui tombe Shabbath :

-> Selon la guémara (Roch Hachana 29b), si Roch Hachana tombe un jour de semaine nous devons sonner le Shofar, mais un Shabbath nous ne devons pas le faire et uniquement le mentionner.
En effet, nos Sages ont préféré annuler cela de peur qu'une personne en vienne à porter un shofar dans le domaine publique en allant voir un expert pour qu'il lui apprenne à sonner.

-> Le rav Yéhochoua Alt note que : שבת (Shabbath) est l’acronyme de שבת במקום תרועה (le jour du Shabbat vaut à la place de la sonnerie - Shababth bim'kom téroua).

-> Selon nos Sages (guémara Baba Kama 28b), la Torah exempte celui qui est inévitablement empêché d'accomplir une mitsva.
Rabbi Bounim de Peschi'ha commente :
Peut-être la guémara nous dit que puisqu'une personne ne peut réaliser une mitsva, alors la Torah la réalise à sa place.
Lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, et que nous sommes empêchés d'accomplir la mitsva de sonner du Shofar, Hachem Lui-même sonne du Shofar pour nous.
Il le fait évidemment de la meilleure des manières possibles, avec toutes les intentions mystiques, afin que le peuple juif mérite une bonne année.

-> Dans la amida nous disons : "téka béshofar gadol lé'hérouténou" (sonne du grand shofar pour notre libération).
Le Razin déOraïta commente : "Car lorsque Hachem est celui qui sonne le shofar (tokéa), alors nous alors très certainement être témoin de la géoula chéléma (Délivrance totale).

<--->

-> Lorsque nous sonnons du Shofar à Roch Hachana, cela perturbe le Satan, et il est ainsi empêché d'élever des accusations contre les juifs.
Que se passe-t-il à ce sujet lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, et qu'on ne sonne pas le Shofar?

- 1ere explication :
Après que Moché a reçu la Torah au Sinaï, le Satan est venu devant Hachem et a demandé : "Où est passée la Torah?" (guémara Shabbath 89a).
Comment le Satan pouvait-il poser une telle question? N'a-t-il pas été évident aux yeux de tous (même des créatures célestes) que Hachem a donné la Torah d'une manière spectaculaire au mont Sinaï?
Le Arizal répond qu'en effet le Satan n'était pas au courant de ce qui s'était passé.
Le don de la Torah a eu lieu un Shabbath, et pendant le Shabbath, Hachem jette le Satan et son entourage dans une abysse sombre. Pendant ce temps, ils ne sont pas au courant de ce qui se passe.

Ainsi, en se basant sur ces paroles du Arizal, il n'est pas nécessaire de sonner du Shofar un Roch Hachana qui tombe Shabbath dans le but de perturber le Satan, puisqu'il ne peut pas élever d'accusations le Shabbath.
[rabbi Yonathan Eibeshitz - Yaarot Dvach vol.2,drouch 1]

- 2e explication :
Le peuple juif a une double relation avec Hachem : nous sommes à la fois Ses serviteurs, et à la fois Ses enfants (im kévadim, im kaavadim).
Lorsque Roch Hachana tombe un jour de la semaine, notre relation en tant que serviteurs est dominante.
A Shabbath, cependant, notre relation en tant qu'enfants vient en tout premier plan.
Le midrach compare cela à un roi qui est en train de parler en privée à la reine. Si un servant interrompt la conversation, il serait mis immédiatement à mort. Cependant, si c'est le fils du roi qui l'approche à ce moment, il serait reçu avec chaleur.

A Shabbath, les juifs profitent d'une relation privée avec Hachem, et c'est d'ailleurs pourquoi un non-juif qui observe parfaitement Shabbath est passible de la mort (cf. guémara Sanhédrin 58b).
De même que le procureur royal aurait peur d'amener des accusations contre le fils du roi, de même le Satan craint de porter des accusations contre les juifs à Shabbath.
[rabbi Shlomo Kluger - 'Hokhmat Shlomo - Ora'h 'Haïm chap.592]

<--->

-> Le Messekh 'Hokhma (Vayikra 23,2) enseigne :
La mitsva de sonner le Shofar a quelque chose d'unique par rapport à toutes les autres mitsvot : elle a des propriétés thérapeutiques, à savoir qu'elle enlève les fautes.
C'est comparable à un malade qui n'a pas la capacité de prendre ses médicaments pour des raisons indépendantes de sa volonté. Bien qu'il ne peut pas être blâmé de ne pas avoir pris ses médicaments, sa maladie reste. De même, sans le mérite du Shofar nos fautent restent.

Nous ne sonnons pas du Shofar un Roch Hachana qui tombe Shabbath, pour éviter qu'une personne en vienne par inadvertance à profaner Shabbath, en portant le Shofar dans le domaine public.
Nous témoignons ainsi que nous sommes prêts à renoncer à avoir nos fautes pardonnées, par notre désir de mettre un barrière de protection à la profanation du Shabbath.
En renonçant à l'incroyable force du Shofar, nous sommes prêts à renoncer à avoir une année pleine de succès et de bénédictions, tant que l'honneur d'Hachem peut être diminué par une profanation du Shabbath.
Ce sacrifice de soi est semblable à la Akédat Its'hak, et cela va nous générer les mêmes mérites que si nous avions effectivement sonné le Shofar.

-> Dans les Drachit Dvar Tzvi, nous trouvons une idée similaire :
Le fait de sonner le Shofar fait passer Hachem de Son Trône de Justice (Rigueur) à Son Trône de Miséricorde.
Malgré cet énorme bénéficie, nous en sonnons pas le Shofar lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, de peur que quelqu'un en vienne à oublier que c'est Shabbath, et qu'il porte dehors son Shofar.
Cela prouve que par nature nous sommes distraits et négligents.
C'est pourquoi nous demandons à Hachem de pardonner nos fautes, car si nous avons pu en venir à fauter cette année, c'était très certainement par oubli.

Il fait également remarquer que les initiales de : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune" (tik'ou ba'hodéch Shofar - תקעו בחדש שופר - Téhilim 81,4), forment le mot : Shabbath (שבת).

<--->

-> "Sonnez le Shofar à l'apparition de la nouvelle lune, au moment fixé pour notre fête" (tik'ou ba'hodech Shofar, bakéssé léyom 'haguénou - Téhilim 81,4).
Les premières lettres de "תִּקְעוּ בַחֹדֶשׁ שׁוֹפָר" forment : Shabbath.

Une année où Roch Hachana tombe un Shabbat, le Shofar n'est pas dissimulé (bakéssé), car nous ne le soufflons pas ce jour-là. Nos Sages étaient préoccupés par le fait que quelqu'un puisse porter le shofar par inadvertance et profaner le Shabbath, et ils ont donc dit que nous devrions nous abstenir de le souffler (guémara Roch Hachanah 29b).
La question suivante a été posée : comment nos Sages ont-ils pu accepter de renoncer à cette importante mitsva, qui n'est accessible que le jour de Roch Hachana, au motif qu'un individu pourrait peut-être porter le shofar par inadvertance?

Le shofar est le conduit qui éveille la miséricorde d'Hachem. Au son du shofar, Hachem s'assoit sur son Trône de miséricorde. Il trouble le Satan, lorsqu'il nous voit faire la mitsva en soufflant dans le shofar tant de fois et de tant de manières, debout et assis (certains avant moussaf sont assis), au point qu'il n'est plus en mesure de nous poursuivre. De plus, il invoque le mérite de la Akédat Its'hak.

Certains répondent (Mésse'h 'Hokhma - Emor 23,24) que lorsque Hachem voit tout ce que nous sommes prêts à sacrifier, lui montrant à quel point nous apprécions le Shabbath, c'est un mérite encore plus grand. Nous sommes tellement préoccupés par l'honneur d'Hachem que nous ne voulons pas que Son précieux Shabbath soit profané.
[nous sommes conscients de la grandeur du Shofar (ex: faisant passer Hachem du Trône de rigueur à celui de la miséricorde), mais nous aimons tellement le Shabbath que nous sommes prêts à sacrifier cela. ]

D'autres (Sfat Emet - Roch Hachana 5652) disent que l'année où Roch Hachana tombe un jour de Shabbath, par le mérité de garder et d'honorer le Shabbath, le Shabbath lui-même plaide en notre faveur auprès d'Hachem pour qu'il nous donne un bon jugement. Si nous honorons le Shabbath comme il se doit, il suscitera la miséricorde d'Hachem à la place du shofar.
[rav David Ashear]

<--->

-> Nos Sages (guémara Shabbath 12a) enseignent que si l'on vient visiter un malade pendant Shabbath, on devra dire : "le Shabbath, on n’implore pas mais la guérison est proche" (Shabbath hi milize’oq ouréfoua quérova lavo).
Rabbi Méir dit : "Le Shabbath a le pouvoir de t’amener la miséricorde".

Cela indique que la sainteté du Shabbath a la capacité d'amener le rétablissement d'un malade.
Lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il n'y a pas besoin de sonner le Shofar, car le Shabbath en lui-même va éveiller la miséricorde Divine.
[rabbi de Zanz - Divré 'Haïm]

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik) écrit :
Le son du Shofar rempli celui qui l'écoute de crainte et d'inquiétude, lui inspirant de faire téchouva.
Shabbath également créé ce sentiment de respect chez les gens. En ce sens, selon la guémara, à Shabbath même une personne ignorante a peur de mentir [de par la crainte particulière de ce jour].
Lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il n'est pas besoin de sonner le Shofar, car le Shabbath a le même effet que le Shofar, il imprègne une personne de la criante et l'inspire à faire téchouva.

-> b'h, sur la notion de Shabbath & téchouva : https://todahm.com/2014/10/23/2110-2

<----->

-> A Shabbath, il est interdit d'écrire. Cependant, le fait d'inscrire quelqu'un dans le Livre de la Vie, est considéré comme sauver une vie, et sauver une vie l'emporte sur le Shabbath.
Ainsi lorsque Roch Hachana tombe à Shabbath, il est permis uniquement d'inscrire pour la vie, puisque écrire pour la mort ne permet pas de profaner Shabbath, et est donc interdit.
La michna commence donc par les mots : "Lorsque le Yom Tov de Roch Hachana tombe un Shabbath" = car c'est réellement un Yom Tov (littéralement. un bon jour).
[le Beit Avraham, citant le Kédouchat Lévi]

-> Le Arizal explique que l'âme à 3 niveaux, qui sont dans l'ordre ascendant : le néfech, le roua'h et la néchama.
A Roch 'Hodech, une personne reçoit un supplément de néfech, à Yom Tov elle reçoit un supplément de roua'h, et à Shabbath elle reçoit un supplément de néchama (la néchama yétéra).
Lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, nous recevons donc les 3 suppléments d'âme en une seule fois : celui du Shabbath, celui de Yom Tov, et celui de Roch 'Hodech (Roch Hachana étant Roch 'Hodech de Tichri).
La michna commence par : "Lorsque le Yom Tov de Roch Hachana tombe un Shabbath". En effet, c'est un Yom Tov, un soruce de joie, lorsque Roch Hachana tombe un Shabbath, les 3 suppléments d'âmes coexistant ensembles.
[rabbi Elimélé'h de Lizensk]

<--------------->

-> L'année où le premier jour de Tichré tombe un Shabbat, nous néoutons pas le son du shofar le premier jour de Roch Hachana, puisque les Chazal ont décrété que nous ne pouvons pas souffler dans le shofar le Shabbat (Roch Hachana 29b ; Rambam - Shofar 2,6). Pourtant, malgré l'absence de l'appel vibrant du shofar, le Roch Hachana à Chabbath a une force particulière.

-> Le rav Yaakov Ettlinger (auteur du Arou'h LaNer), nous fait part (dans son Min'hat Ani - paracha Haazinou) écrit :
Il a découvert qu'au fil des générations, chaque fois que Roch Hachana tombait un Shabbat, l'année en question était soit terrible, soit fantastique pour le peuple juif. Dans les deux cas, il ne s'agissait presque jamais d'une année sans histoire, quelque peu oubliable.
Le Rav Ettlinger donne plusieurs exemples dramatiques de cette thèse :
Les destructions des 2 Temples ont eu lieu au cours de ces années, tout comme d'autres tragédies nationales. En fait, la guémara elle-même (Roch Hachana 16b) déclare que dans "une année où le son de la tékia n'est pas entendu au début [à Roch Hachana], le son de la téroua [c'est-à-dire des lamentations] sera entendu à la fin".
Cela fait référence à de mauvaises nouvelles au cours d'une telle année.

D'autre part, poursuit-il, le jour original de Yom Kippour, où nous avons été pardonnés pour la faute du Veau d'or, était également une année de ce type. Cette année-là, nous avons également reçu l'ordre de construire le Michkan.
De même, Roch Hachana est tombé un Shabbat l'année où nous sommes entrés en terre d'Israël, avec des miracles.

Le Arou'h LaNer conclut : "Shabbath est l'épouse du peuple juif (midrach Béréchit rabba 11,8).
Lorsque Roch Hachana tombe un jour de Shabbath, nous ne soufflons pas dans le shofar parce que nous craignons que quelqu'un ne profane Shabbat pour apprendre à souffler dans le shofar.
Imaginez! À cause de la possibilité plutôt farfelue qu'un seul juif sur des millions profane Shabbath, nous refusons aux multitudes tous les mérites, le pouvoir et la valeur du shofar.

"Ces années-là, Shabbath lui-même vient à la défense du peuple juif et plaide notre cause, parce que nous entretenons avec lui une relation d'amour réciproque. Nous nous soucions tellement de lui que nous avons renoncé à notre arme la plus puissante pour obtenir une bonne année. Hachem entend ses cris et ses supplications, et nous pardonne grâce à lui. [pour s'assurer un respect du Shabbath, nous sommes prêts à sacrifier la sonnerie du Shofar, qui fait par exemple passer Hachem du Trône de rigueur à celui de miséricorde! ]
C'est pourquoi un Roch Hachana sans shofar apporte souvent les plus grandes bénédictions.
Cependant, si Shabbath a été blessé et maltraité, et qu'il n'y a pas de shofar pour nous apporter le pardon, Shabbath ne peut pas faire une présentation gagnante en notre nom, et l'année devient vraiment dangereuse".

=> Si nous traitons Shabbath comme une reine (Shabbath malkéta), elle défendra nos intérêts devant le Roi des rois (Hachem).

<---------->

-> b'h, voir également : Shabbath & Shofar = la puissance du Shabbath : https://todahm.com/2022/08/28/shabbath-shofar-la-puissance-du-shabbath

"Quand tu feras le dénombrement [ki tissa ét roch – littéralement: "Quand tu lèveras la tête"] des Bné Israël" (Ki Tissa 30, 12-15).

=> Pourquoi "compter" se dit ici "lever la tête"?

Le Avné Ezel nous explique que lorsqu’on compte des individus et qu’on les organise en un groupe uni, ils s’élèvent et deviennent plus importants. Le particulier qui n’est pas dénombré manque de valeur et n’a pas d’influence sur la vie communautaire.
En revanche, le particulier que l’on compte devient un membre à part entière de la communauté et a un impact sur le groupe. C’est la raison pour laquelle la Torah désigne le dénombrement par l’expression : "lever la tête".
Cependant, pour que l’impact de l’individu se traduise par une élévation de tout le groupe, il faut au préalable que ce premier "lève sa propre tête", en se rappelant constamment de ses défauts afin de les réparer (plutôt que de faire l'autruche).
C’est aussi le sens de notre verset : "Quand tu lèveras la tête des Bné Israël pour les dénombrer (lifkoudéhem - לִפְקֻדֵיהֶם )" = si tu veux leur "lever la tête" dans la voie du judaïsme, apprends-leur à "dénombrer" leurs défauts et ce qui leur manque (nifkad - נִפקָד).

Ainsi, lorsqu’Hachem ordonne à Moché de "lever la tête" des Bné Israël, Il demande de hausser leur niveau spirituel et de réorienter leurs priorités : les préoccupations matérielles ne doivent plus être le centre de leurs attentions. De ce fait, en "levant sa tête", le juif dévoile le "Moché" qui est en lui, celui à qui incombe l’élévation de la tête de l’ensemble du peuple juif.
En effet, le midrach Tan’houma sur notre paracha relate que Moché enseigna la Torah à tous les membres d’Israël et les éduqua aux mitsvot.

["lever la tête" = lève la tête des juifs pour qu'ils ne fassent plus l'autruche sur leurs défauts, axes d'amélioration.
Mais également "lever la tête" = qu'ils aient conscience de leurs qualités, des niveaux énormes qu'ils peuvent atteindre. En effet, les autres nations regardent ce monde avec une vision très matérialiste (vers le terrestre, vers le bas), tandis qu'un juif doit regarder Hachem au Ciel, doit voir plus haut que l'éphémère (la façade trompeuse de ce monde) et viser l'éternel, la Vérité (volonté d'Hachem).]

"Et toi, rapproche de toi Aharon ton frère" (Tétsavé 28,1)

-> Moché symbolise l'étude de la Torah. C'est lui qui l'a fait descendre sur terre.
Aharon, par contre, représente le service d'Hachem, à travers son travail dans le Michkan en tant que Cohen.
De nos jours où le Temple n'est actuellement plus présent, cela a été remplacé par la prière qui constitue le service du cœur.

Hachem vient signifier ici à Moché que certes l'étude de la Torah est fondamentale, c'est même la base. Mais pour être vraiment complète et parfaite, on doit y associer la prière et la dévotion qui renforce le lien de l'homme avec son Créateur.
Dans l'étude, c'est Hachem Qui s'adresse à l'homme. Dans la prière, c'est l'homme qui s'adresse à Hachem. Les deux sont indispensables. "Et toi (Moché), rapproche de toi Aharon ton frère".
[Ohr Chmouël]

"Vois, j’ai désigné expressément Bétsalel, fils d’Ouri, fils de 'Hour, de la Tribu de Yéhouda. Et je l’ai rempli d’une inspiration divine, d’habileté, de jugement, de science, et d’aptitude pour tous les arts" (Ki Tissa 31,2-3)

=> Bétsalel fut désigné par D. pour réaliser la tâche de construction du Michkan et de ses ustensiles. Pourquoi Bétsalel fut-il choisi?

On peut citer :
1°/ Lorsque Moché monta au Ciel pour recevoir la Torah, D. lui montra le Michkan et les ustensiles qu’Il désirait qu’on Lui construise. Lorsqu’Hachem apprit à Moché que la tâche de construction du Tabernacle et de la fabrication des ustensiles ne lui était pas attribuée, en raison de son rang de Roi, ce dernier demanda à D. qui allait donc construire le Michkan. Hachem prit alors le Livre d’Adam Harichone. Les noms de tous les rois, guides et prophètes jusqu’à la Résurrection des morts y étaient consignés.
Le nom "Bétsalel" était inscrit comme architecte du Michkan. Il était désigné pour cette tâche depuis la Création.
[midrach Chémot Rabba 40]

Ainsi, aucun dirigeant ne peut être responsable d’une communauté s’il n’a pas été préalablement désigné par le Ciel. [Midrach Leka’h Tov]

2°/ Bien que désigné par le Ciel, Hachem demanda à Moché si Bétsalel était digne à ses yeux. Moché lui répondit que s’il était digne aux yeux de D., il l’était certainement aux siens.
Lorsque Moché présenta plus tard Bétsalel au peuple, comme architecte du Michkan, il leur demanda à son tour s’ils acceptaient que Bétsalel soit celui qui construira le Michkan. Ils lui répondirent que s’il était digne aux yeux de D. et à ses yeux, il l’était aussi aux leurs. [guémara Bérakhot 55a]

3°/ Bien qu’âgé de 13 ans, lors de sa nomination (guémara Sanhédrin 69a), Betsalel possédait déjà une intelligence remarquable, car comme le disent nos Sages : "D. ne donne la Sagesse qu’à celui qui a de la sagesse" (guémara Béra'hot 55a).

4°/ Bétsalel savait comment combiner les lettres avec lesquelles les Cieux et la Terre ont été créés (guémara Béra'hot 55a).
Bétsalel connaissait le Chem Haméfourach (le Nom Ineffable) de 42 lettres, à l’aide duquel D. créa le Monde (42 - מ”ב : est formé des initiales de : מעשה בראשית [maassé béréchit – Création du Monde]).
Ainsi, en décomposant le nom Bétsalel (בְּצַלְאֵל) en: בצל (BéTsel - à l’ombre) אל (E-l [de] D.), on obtient l’allusion au Nom מ”ב , qui est formé des lettres situées après les lettres אל (soit ב après א et מ après ל) ["l’ombre" de אל]
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada].

Bétsalel doit son nom à sa sagesse. Quand Hachem dit à Moché: «Va demander à Bétsalel qu’il me fabrique un Michkan, une Arche (Aron - ארון) des ustensiles", Moché bouleversant l’ordre des mots, alla dire à Betsalel : "Fabrique pour Lui un Arche, des ustensiles et un Michkan".
Bétsalel remarqua : "Moché, notre Maître, l’usage veut qu’on construise d’abord une maison, puis qu’on y fasse entrer les ustensiles. Toi, tu me dis : Fais des ustensiles, et une Arche, et enfin un Michkan. Si je fais des ustensiles, où les mettrai-je? Hachem a demandé sans doute que je lui fasse un Tabernacle, puis une Arche et des ustensiles".
Moché lui répondit : "C’est peut-être parce que tu es à l’ombre (Bétsel בצל ) de D. (El אל ) que tu sais les choses"
[guémara Bérakhot 55a]

5°/ "Betsalel (בְּצַלְאֵל), fils d’Ouri (אורי), fils de ‘Hour (חור)" = de même que ‘Hour (חור), le fils de Myriam, la sœur de Moché, fit don de soi pour empêcher la faute du "Veau d’Or" (antithèse du Michkan), Bétsalel mit tout son cœur et toute son âme pour la construction du Tabernacle. [Likouté Si’hot]

Il était le fils de "Ma Lumière" (Ori - אורי) car il fit une "Demeure" pour Celui qui détient la Lumière (אור).
Il était le petit-fils de ‘Hour (חור) car il rendit libres (Béné ‘Hourin - בני חורין) les Bné Israël de la faute du "Veau d’Or" [grâce à la construction du Michkan]
[Ohr ha’Haïm haKadoch]

<-------------------->

-> b'h, également sur Bétsalel : https://todahm.com/2018/08/08/6885-2