Aux délices de la Torah

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"[Yaakov dit à Yossef: ] D. Qui m'assiste depuis mes débuts (méodi - מֵעוֹדִי) et jusqu'à ce jour (ayom azé - הַיּוֹם הַזֶּה)" (Vayé'hi 48,15)

-> Il y a 2 périodes dans la vie de Yaakov : ses 130 années douloureuses avant de venir en Egypte, et 17 années agréables dans cette terre (une fois réuni avec tous ses enfants).
La guématria de : méodi (מֵעוֹדִי) est de 130, et celle de : azé (הַזֶּה) est de 17.

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-> "Le D. Qui a été mon berger depuis ma naissance jusqu’à ce jour" (Vayé'hi 48,15)

Le Malbim souligne que Hachem s’est conduit avec moi comme un berger envers son troupeau, qui ne décide pas si ses bêtes sont dignes de paître en fonction de leurs actes ou de leur préparation.
Ainsi de même, Hachem me fait paître et me donne ma nourriture en abondance, comme il est habituel pour les besoins de Ses créatures.

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-> "Que la Divinité dont mes pères, Avraham et Its'hak, ont suivi les voies" (48,15)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch note que Yaakov invoque Hachem en s'appuyant tout d'abord sur les mérites de ses pères, avant de mentionner le sien.
Les hommes de la Grande Assemblée en ont déduit l'ordre dans lequel agencer les bénédictions de la Amida : commencer par évoquer les Patriarches, aimés par Hachem, puis formuler ses demandes et éveiller la Miséricorde Divine.
Yaakov mentionna son propre mérite par l'expression : "Que la Divinité qui a veillé (haroé) sur moi", laissant entendre qu'il se considérait face à Hachem comme une pièce de bétail devant son berger (roé), prête à le suivre aveuglément en tout lieu.

-> Dans les mots du Ohr ha'Haïm haKadoch :
Yaakov mentionna le mérite des pères, Avraham et Its’hak, car grâce à cette évocation, il commença par réveiller l’amour des anciens, comme dans la prière du "Chemoné Esré" (la Amida) dans laquelle on commence par rappeler le mérite des pères (pour ensuite prier). Puis, il mentionna discrètement son propre mérite en disant : "le D. mon berger", car Yaakov se laissait conduire par la volonté d'Hachem, comme une brebis par son berger".

-> La confiance en D. n’est pas seulement un mérite pour celui qui la possède, mais une source de bonheur, puisqu’il suit ainsi son Créateur avec sérénité, comme la brebis son berger, dont le sort est placé entre ses bonnes mains. Elle peut compter sur lui en toute quiétude, sans craindre pour sa subsistance, ni pour ce qui pourrait lui arriver.

Le Chem miChemouël (‘Hanouca 5683) explique que c’est la raison pour laquelle les dirigeants du peuple juif sont appelés "bergers", car ils apprennent aux Bné Israël à suivre Hachem d’eux-mêmes, sans réfléchir, avec une foi simple, comme il est écrit : "Tu résideras dans la terre en paissant (grâce à) la foi"(Téhilim 37,3).
Le Chem miChemouël écrit : "Puisqu’ils impriment la émouna dans leur coeur, ils sont appelés "bergers", car c’est un principe essentiel et basique, comme l’affirment nos Sages (guémara Makot 24a) : "’Habakouk est venu et a basé toute la Torah sur un seul principe : ‘Le juste vivra par sa émouna’ ... parce que l’essentiel de la émouna est que l’homme s’annule devant Hachem à travers tous ses traits de caractère."

"Acher, son pain est bien gras" (Vayé'hi 49,20)

-> Nos Sages enseignent que Acher fils de Yaakov se tient aux portes de l’enfer et ne laisse pas y entrer quiconque s’est consacré à l’étude de la michna (compilation de la loi orale).

C’est pourquoi, le verset dit que le pain de Acher est "gras" (chéména - שמנה), terme qui est composé des même lettres que "michna" (משנה).
En effet, Acher protège ceux qui se sont consacrés à la michna.
De plus, le verset parle du pain de Acher qui est gras, allusion à la recommandation du Maguid (ange) qui a enjoint à rabbi Yossef Caro d’étudier un chapitre de michna avant de prendre son repas et de manger son pain.

[Rabbi Its'hak Faladji - Yafé Lélev]

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-> Un père était troublé par sa fille qui ne trouvait pas de partenaire, après des sorties pendant des années. Une nuit, le Yéhoudi ha-kadoch lui apparut en rêve et lui révéla qu’il existait 3 types de zivougim : le zivoug de Shabbat et du peuple juif, celui du corps et de l’âme, et le zivoug d’un mari et d’une femme.
Ces 3 zivougim ne sont qu’entre les mains d’Hachem, et Lui seul peut les coupler. Ceci est évoqué dans les mots "d’Acher, son pain sera gras et il pourvoira aux jouissances des rois" (מאשר שמנה לחמו והוא יתן - Vayé'hi 49,20).
Quelles sont les lettres après celles du nom אשר Acher (=מאשר peut être compris comme les lettres au-dessus de : א , ש , ר car la lettre מ au début d’un mot signifie « de »- la provenance -, mais aussi « plus que », et donc ce qui est au-dessus)?
Au-dessus du א se trouve le ב, au-dessus du ש le ת, et au-dessus du ר se trouve un ש.
Ces 3 lettres forment le mot שבת . Cela fait allusion au zivug du Shabbat et du peuple juif.
Le mot שמנה est lui composé des mêmes lettres que le mot שמנה .נשמה signifie aussi gras, faisant allusion au corps matériel. Par conséquent, nous avons une allusion au zivoug du corps et de l’âme.
Enfin, le mot לחמו correspond au zivoug d’un mari et d’une femme parce qu’une femme est appelée allusivement "le pain de l’homme".
C’est le sens profond de la bénédiction d’Acher : מאשר שמנה לחמו והוא יתן (méAcher chéména la'hmo véou yiten) = ces 3 zivougim, Seul Hachem peut les ‘donner’.

Quand le père se réveilla, ce rêve s’enracina en lui au point qu’il atteint le niveau d’émouna que seul Hachem était capable de trouver un chidoukh pour sa fille. Animé de cette puissante foi, Hachem lui envoya alors immédiatement un partenaire pour sa fille qui se fiança rapidement.

"Tout le pays d'Egypte commença à ressentir la famine, et le peuple mit à crier auprès de Pharaon pour du pain. Pharaon dit à tous les Egyptiens : "Allez à Yossef, ce qu'il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

-> Rachi commente : Yossef leur disait de se faire circoncire, [et c'est à cette condition qu'il leur donnerait de quoi manger].

=> Quel est l'intérêt d'un tel décret? Pourquoi imposer à des non-juifs de se circoncire?

-> Rabbi Yonatan Eibeschuetz apporte 2 réponses :
- 1°/ Dans le Yaarot Dvach, il enseigne que Yossef savait par inspiration Divine que sa famille était amenée à descendre en Egypte, et qu'au fil du temps, les juifs allaient s'installer et prendre leurs marques dans ce pays.
Ainsi, Yossef craignait que la génération suivante ne cherche à s'intégrer voire même à s'assimiler aux égyptiens, et que cela l'amène à arrêter de se circoncire pour ressembler aux égyptiens.

=> C'est pourquoi, pour éviter de telles fâcheuses conséquences, Yossef a anticipé les choses et a émis le décret que les égyptiens doivent se circoncire. De la sorte, même si dans l'avenir les juifs cherchent à ressembler aux égyptiens, au moins ils ne lâcheront pas la circoncision.
En effet puisque les égyptiens seront aussi circoncis, pour leur ressembler, les juifs ne se priveront pas de se circoncire.

De cette façon, ce décret de Yossef venait pour protéger la mitsva de la cironcision (mila) pour les juifs des générations suivantes.

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- 2°/ Dans son Tiféret Yonathan, il rapporte l'enseignement des commentateurs selon lequel la circoncision (mila) réduit le désir et les pulsions de l'homme.
Or, nos Sages disent que les égyptiens étaient embourbés dans la débauche, les mœurs étaient particulièrement dépravées/immorales en Egypte.

D'autre part, nos Sages rapportent que la débauche amène à la pauvreté : "Celui qui se laisse aller à la perversion finira par en venir à demander du pain et il n'en trouvera même pas".
[par exemple, dans le Séfer haMidot (partie sur l'argent, point n°66) de rabbi Na'hman de Breslev, il est écrit : "L'immoralité sexuelle entraîne la pauvreté".]

Ainsi, Yossef craignait que malgré ses réserves, la pauvreté et la faim se renforcent en Egypte du fait de l'immoralité de ses habitants.
Pour tempérer leurs pulsions et tenter de réduire la débauche dans ce pays, Yossef décréta que les égyptiens doivent se circoncire.
=> De cette façon, Yossef cherchait à préserver les réserves de blé, et d'éviter que la pauvreté et la famine se renforcent aussi en Egypte.

-> D'ailleurs, le Kli Yakar ajoute que c'est parce que Yossef a préservé son alliance de la circoncision (mila) et n'a pas succombé à la tentation de se débaucher avec la femme de Potifar, qu'il mérita que ce soit justement lui qui nourrisse l'Egypte et engrange de la récolte pendant les années d'abondance pour préparer les années de famine, sans que sa récolte ne pourrisse.

=> En effet, car si la débauche entraîne la pauvreté, le fait de résister à cette faute amène la bénédiction au niveau de la récolte (subsistance/parnassa).

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-> Le Alchikh haKadoch explique que la famine qui devait sévir dans le monde provenait des influences astrales. C'est ainsi que cette famine était annoncée à travers les 7 vaches maigres du rêve de Pharaon.

Le chiffre 7 évoque la marche naturelle du monde basée sur les 7 astres dont l'influence se succède pendant les 7 jours de la semaine.
Pour dépasser cette famine émanant des astres, Yossef imposa aux égyptiens de se circoncire, car la circoncision permet d'élever l'homme au-dessus des astres et des étoiles.

En effet, le prépuce fige l'individu sous le règne naturel du monde et la circoncision le libère des influences astrales. D'ailleurs, cela est une des raisons pour laquelle un juif doit se circoncire le 8e jour de sa vie, car le chiffre 8, qui est au-dessus du 7, représente justement la dimension qui dépasse la nature et les astres.

=> En imposant que les égyptiens se circoncissent, Yossef cherchait à élever l'Egypte à une dimension surnaturelle, en vue de la libérer du décret astral concernant la famine.

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-> Le Maskil léDavid rapporte le commentaire de Rachi qui dit que quand les frères ont vendu Yossef, ils ont conclu entre eux un vœu pour interdire à quiconque de révéler cette vente, et d'ailleurs Hachem Lui-même s'est associé à eux pour s'engager à garder ce secret.
C'est d'ailleurs pourquoi Hachem n'a pas révélé à Yaakov que son fils se trouve en Egypte [malgré le fait qu'il avait l'inspiration Divine!].

Puisque Yossef connaissait ce vœu, il ne pouvait pas informer sa famille et leur donner des nouvelles.
D'un autre côté, il s'imaginait bien dans quelle peine se trouvait son père pour penser avoir perdu son fils bien-aimé. Et Yossef se sentait avoir le devoir de le rassurer pour calmer son angoisse.

=> Il trouva la solution de décréter que les égyptiens se circoncisent. Yossef comptait sur le fait que très probablement, une telle chose se diffuserait dans les alentours.
Un tel décret [aussi incroyable] selon lequel tous les égyptiens doivent se circoncire devra forcément se répandre.

Ainsi, Yossef comptait sur le fait qu'en Canaan aussi, on apprenne cela et que Yaakov en entende parler. Et certainement, s'il entend qu'en Egypte, un homme a décrété que tout le monde doive se circoncire, il saura qu'une telle loi ne peut venir que d'un juif, et il se doutera alors que certainement cela vient de Yossef.
Et cela rassurera son père Yaakov, car il en conclura que Yossef est toujours vivant

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-> Yossef désirait suivre l'exemple d'Avraham, Its'hak et Yaakov, qui avaient converti des non-juifs par la manière douce et en utilisant la logique afin de les amener au judaïsme.

=> Yossef espérait amener les égyptiens par la circoncision à reconnaître le D. vrai et à se soumettre à Sa loi universelle.
[le Yéfé Toar rapporté dans le Méam Loez - Mikets 41,53-54]

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-> "Tout le pays d’Egypte était affligé par la famine, le peuple demanda à grands cris à Pharaon du pain. Pharaon répondit à tous les Égyptiens : "Allez chez Yossef ; ce qu’il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

Rachi explique sur les mots "Ce qu’il vous dira, vous le ferez" : "Parce que Yossef leur avait dit qu’ils devaient se circoncire".

En tant que vice-roi, Yossef gérait toute la nourriture engrangée en Égypte. En échange des bienfaits qu’il avait prodigués aux Égyptiens en subvenant à leurs besoins, Yossef leur demanda de se circoncire.
=> Les commentateurs se demandent pourquoi il fit une telle requête alors que les non-juifs n’ont pas l’obligation de faire la brit mila.

-> Le rav Yérou’ham Leibovitz (Daat Torah - Béréchit - Biourim) propose une réponse intéressante.
Il rapporte un verset de la paracha Vayigach (la paracha suivant Mikets) dans laquelle les égyptiens reconnaissent tout ce que Yossef a fait en leur faveur : "Ils dirent : "Tu nous as fait vivre"" (Vayigach 47,25).
Le midrach (Béréchit rabba Mikets 90,6) raconte qu’ils reconnurent ensuite qu’il leur avait sauvé la vie dans le Olam Hazé (ce monde-ci) et dans le Olam Haba (le monde à Venir) = cela signifie qu’il les a aidés dans le domaine spirituel et matériel.
Les commentateurs de ce midrach (Ets Yossef - Matnot Kéhouna) expliquent comment Yossef les a préservés spirituellement : il les força à pratiquer la brit mila (circoncision).
Cela leur fut d’une grande aide, bien qu’ils restèrent non-juifs. En effet, la Orla (l’excroissance) que l’on retire est source d’une grande impureté et le fait de l’enlever est bénéfique aux non-juifs également.

Le rav Yérou’ham Leibovitz explique ensuite pourquoi Yossef leur imposa la circoncision : il les avait tant aidés matériellement, en leur sauvant littéralement la vie durant la famine qu’il se sentait responsable de les aider aussi spirituellement.

En effet, la meilleure façon d’aider son prochain est de le soutenir au niveau spirituel.
C’est un concept discuté par les commentateurs concernant la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même.

-> Le Ben Ich ’Haï affirme que malgré la place prépondérante qu’elle occupe dans la Torah, une grande partie de cette mitsva (’aimer son prochain comme soi-même) est négligée par plusieurs personnes. Selon lui, bien que beaucoup de gens aient conscience qu’elle exige une sollicitude vis-à-vis du bien-être physique du prochain, ils réalisent moins l’obligation qu’elle impose sur le plan spirituel.
Il ajoute que lorsque l’on aide son ami dans la spiritualité, on accomplit la mitsva de façon bien plus parfaite que quand on lui prodigue un bienfait dans la matérialité.

Le Ben Ich ’Haï explique (Péniné Ben Ich ’Haï - Parachat Kédochim) :
"Lorsque l’on soutient l’autre physiquement, on exprime notre préoccupation pour son corps. Mais l’essence de la personne provient du côté divin qui est en elle, de son âme, qui ne tire aucun profit de la matérialité.
Par contre, si l’on réprimande son ami et qu’on l’empêche par là de transgresser les mitsvot d’Hachem, on manifeste un souci pour son âme et l’on montre que notre amour pour son bien-être spirituel est bien plus grand que celui porté sur son aise matérielle."
=> Le Ben Ich ‘Haï nous enseigne donc que pour accomplir au mieux la mitsva d’aimer son prochain, on ne peut pas limiter sa gentillesse à la matérialité, mais il faut s’efforcer de l’aider encore plus dans la spiritualité.

-> Dans le même ordre d’idées, le Or’hot Tsadikim (Chaar Nédivout) nous précise qu’il y a 3 sortes de dons : l’apport d’argent, l’assistance physique (don de soi) et la transmission du savoir.
Il détaille ces 3 formes, puis termine le chapitre en se focalisant sur le fait d’enseigner la Torah aux autres.
Il écrit : "Il faut être particulièrement généreux en ce qui concerne les connaissances en Torah ; instruire autrui et rapprocher son cœur du Ciel. C’est le meilleur don : lui permettre l’accès au Monde Futur."

=> Rav Yérou’ham nous informe que Yossef était d’un tel niveau qu’il sentait que sa bonté envers les égyptiens était incomplète s’il ne sauvait pas aussi leurs âmes.
Cet enseignement est très pertinent dans notre quotidien.

-> Il existe plusieurs façons d’aider les autres dans ce domaine. Le Ben Ich ’Haï évoque la réprimande, mais dans la génération présente, il est très difficile de faire un reproche correctement, sans causer de tort.
On peut, en prenant moins de risques, partager sa Torah avec les autres. D’ailleurs, nos Sages affirment à diverses reprises que l’enseignement de la Torah est un objectif prioritaire ; la guémara (Roch Hachana 23b) fait savoir que celui qui apprend et qui n’enseigne pas ressemble à un myrte dans le désert.
Le Maharal (Hidouché Haggadot 23b) explique que le myrte est l’arbre le plus parfumé ; il fut créé pour que les gens profitent de son odeur agréable. Un myrte dans le désert ne réalise pas son objectif puisque personne ne jouit de lui. De même, la Torah est là pour être transmise et celui qui y renonce ne réalise pas son but sur terre.

La michna dans Pirké Avot (2,9) déclare : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’enorgueillis pas (Al Ta’hzik Tova Léastmékha), parce que c’est pour cela que tu as été créé."
D’après son sens simple, on comprend de cette michna qu’il ne faut pas se sentir fier de ses réalisations dans l’étude de la Torah parce que c’est le but de la vie.
Cependant, plusieurs commentateurs proposent une interprétation différente et comprennent les mots de la michna au sens littéral. Ils pensent que si quelqu’un a appris beaucoup de Torah, il ne doit pas garder ce bien pour lui-même, mais en faire profiter les autres et l’enseigner. Pourquoi?
Parce que son objectif sur terre est d’apprendre et d’enseigner.
[Rav Yehonathan Gefen]

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-> Yossef veillait scrupuleusement à préserver sa sainteté au point qu’il fut appelé "tsaddik yéssod olam" (Juste fondement du Monde - qui garde l’Alliance de la Mila). Cette qualité lui faisait répugner les hommes incirconcis.
Malgré cela, disent nos Sages dans le midrach, le fait d’avoir marqué les égyptiens du sceau de la Sainteté lui fut compté comme une faute. En effet, le tsaddik doit être tolérant même envers ceux qui sont le contraire de son caractère.
[Sfat Emet]

-> L’imposition de la Mila aux Egyptiens est à mettre en rapport avec le phénomène de moisissure de blé qui se produisait chez eux, mais non chez Yossef. Aussi, ce dernier attribuait-il cette différence aux bienfaits de la brit mila. Celle-ci a, en effet, le pouvoir de conférer la pérennité de vie et de biens à ses adhérents, comme le prouve l’histoire du peuple juif.
Yossef considérait donc l’accomplissement de la Brit Mila comme un antidote de la déchéance et comme une garantie de durée et de persistance (à noter que le mot ברית – Brit (alliance de la Mila) est traduit en araméen, dans le commentaire de Onkelos (Lé'ha Lé'ha 17,11), par le mot קימא – Kima qui signifie "survie"). [voir Rabbénou Bé’hayé].

Yossef de la prison au titre de vice-roi d’Egypte

+++ Yossef de la prison au titre de vice-roi d'Egypte :

-> En prison, Hachem bénit Yossef, qui devint très rapidement le protégé du gouverneur de la prison, qui conscient de l'innocence de Yossef, voyait que D. était avec lui, comme il est écrit : "Le gouverneur de la prison ne vérifiait rien de ce qui passait par sa main, parce que Hachem était avec lui, et ce qu'il entreprenait, Hachem le faisait réussir" (v.39,23).
[...]

D'ailleurs, le geôlier ne garda pas Yossef en prison à cause du travail qu'il accomplissait, mais parce qu'il l'aimait beaucoup.
Il lui confiait des tâches faciles, comme laver les ustensiles de cuisine ou faire les lits.
[aucune mesure de quelque importance n'est décidée dans la prison sans son approbation, et Yossef bénéficie en prison du même statut et privilège qu'auparavant dans la maison de Potiphar (Targoum Yonathan).]
[Méam Loez - Vayéchev 39,21-23]

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-> Potiphar a veillé à ce que Yossef ne soit pas avec des détenus meurtriers, mais plutôt dans une prison contenant des détenus politiques et dignitaires royaux démis de leurs fonctions.
[Ramban ; Rabbénou Bé'hayé]

-> Potiphar accorde quelques heures de permission par jour à Yossef.
Tous les matins, on fait sortir Yossef de la fosse [de sa prison souterraine] pour le conduire à la demeure de Potiphar où il devient son serviteur. Il lave la vaisselle, dresse la table et sert les repas à son maître.
[midrach Béréchit rabba 87,10 avec Yéfé Toar]

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-> Rachi (v.40,1) dit que D. a suscité l'accusation du maître-échanson et du maître panetier afin que le peuple cesse de parler de Yossef et commence à jaser sur ces 2 nouveaux incidents, survenus immédiatement après que Yossef ait été mis en prison.

[il est à noter que ces 2 dignitaires n'ont été incarcérés que 9 ans après les faits qui leurs sont reprochés, car pendant cette période ils bataillaient juridiquement pour prouver leur innocence.
Cependant, malgré leurs excellents avocats, au bout de 9 années de débats, Pharaon déclara qu'en attendant qu'une décision soit prise à leur sujet, ils iraient en prison.
Yossef est resté en prison durant 12 ans en tout : 9 ans seul, 1 année avec les 2 hauts dignitaires, et 2 années après qu'ils soient sortis de prison.]

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-> Certains commentateurs sont d'avis que le maître-échanson et le maître panetier ont chacun comploté pour tuer Pharaon, et d'autres qu'ils sont innocents, Hachem ayant mis en place cela pour mener Yossef au palais.

On peut citer le Rokéa'h (v.40,19) disant que le maître-panetier avait intentionnellement introduit un caillou dans le pain pour que Pharaon s'étouffe en le mangeant.

Le Yéfé Toar rapporte que la mouche mise dans le vin était chargée d'une dose de venin mortel.

-> Selon le 'Hemdat Yamim (cité par Torah Chéléma v.40,1), Pharaon a été prévenu en rêve que ses dignitaires cherchaient à attenter à ses jours.

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+ L'échanson conta son rêve à Yossef. Il dit : "Dans mon rêve, une vigne était devant moi. A cette vigne étaient trois pampres. Or, elle semblait se couvrir de fleurs, ses bourgeons se développaient, ses grappes mûrissaient leurs raisins. J'avais en main la coupe de Pharaon; je cueillais les raisins, j'en exprimais le jus dans la coupe de Pharaon et je présentais la coupe à la main du roi." (Vayéchev 40,9-11)

-> Yossef comprit immédiatement que les 3 branches représentaient : Avraham, Its'hak et Yaakov, les 3 Patriarches.
Leurs enfants étaient destinés à l'asservissement en Egypte et leur libération devait survenir grâce à 3 messagers de D. : Moché, Aharon et Myriam. [par lesquels ils bénéficieront de la manne, des colonnes de nuée et du puits]

La coupe dans la main de Pharaon symbolisait la coupe des malheurs par lesquels D. allait frapper l'Egypte en châtiment des souffrances infligées à Israël.
Le mot "coupe" est répété 4 fois dans ce passage. Ils correspond aux 4 grands empires de l'antiquité : Babylone, la Perse, la Grèce et Rome.
Ces 4 puissances finiront par boire la coupe de l'amertume (cf. Yirmiyahou 25,15-30), [en rétribution des souffrances qu'elles ont fait subir aux juifs]
De même que les bourgeons, les fleurs et la vignes éclosent presque instantanément, la libération d'Egypte devaient survenir de façon soudaine.

Yossef comprit tout cela de son rêve. Il pensa : "L'échanson m'a transmis un bon enseignement. Je vais donc lui donner une bonne interprétation de ses rêves".
[Méam Loez]

-> Il est à noter que le mot "coupe", qui revient à 4 reprises dans ce passage, fait également allusion aux 4 coupes de vin que nous buvons le soir du Séder
Avant même que Yossef ne devienne vice-roi et que ses frères ne descendent en Egypte, le processus menant à la délivrance a été mis en place.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Halakhot alef - akdamat 'Hanouca) écrit :
"Les trois rameaux" (de vigne du rêve du maitre échanson) : Yossef Hatsadik, ainsi que les ‘Hachmonaïm, ont mérité un miracle car dans 3 choses ils étaient parfaits : dans la pensée, la parole et l’action.
Les 3 choses par lesquels le service divin se parfait.

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+ Le maître panetier, voyant qu'il avait interprété dans un sens favorable, dit à Yossef : "Pour moi, dans mon songe j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête. La corbeille supérieure contenait tout ce que mange Pharaon en fait de boulangerie; et les oiseaux le becquetaient dans la corbeille, au dessus de ma tête." (Vayéchev 40,16-17)

-> Yossef vit que les 3 corbeilles correspondaient aux 3 types de souffrance qu'Israël allait endurer en Egypte : le dur labeur des briques et du mortier, les travaux des champs, et le décret condamnant tout nouveau-né mâle à être noyé dans le Nil.

Yossef comprit par ce rêve que Pharaon allait prononcer de terribles décrets à l'encontre d'Israël.
Il pensa : "Puisque ce rêve m'annonce de mauvaises nouvelles, je vais en donner une mauvaise interprétation".

Yossef ne permit pas au panetier de raconter complètement son rêve. Ce dernier étant négatif, il ne désirait pas l'entendre en entier.
C'est pourquoi la Torah dit : "Yossef répondit et dit" = cette formulation indique qu'il coupa la parole au panetier et ne lui laissa pas achever le récit de son rêve.
[Méam Loez]

-> Les oiseaux symbolisent les ennemis du peuple d'Israël qui les attaqueront et les disperseront aux 4 coins de la terre comme des miettes qu'un oiseau éparpille çà et là en picorant un morceau de pain.
Les 3 paniers symbolisent les empires qui asserviront le peuple juif : la Babylonie, la Perse et la Grèce.
Les pâtisseries, dans le panier du dessus, représentent les romains qui lèveront de lourds impôts et opprimeront de nombreuses nations.
[midrach Béréchit rabba 88,6]

-> L'oiseau symbolise également le machia'h qui picorera l'empire romain et le réduira à néant.
[midrach haGadol Béréchit 40,17-18]

-> Au-delà du message négatif pour les juifs, Yossef a compris que si les oiseaux picoraient directement sur la tête du maître-panetier, c'est qu'il était un homme mort, car normalement les oiseaux redoutent de s'approcher d'une personne vivante.
['Hida - Pné David]

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-> "Dans 3 jours, Pharaon te fera trancher la tête" (Vayéchev 41, 19) :

=> Pourquoi Yossef a-t-il interprété le rêve du maître panetier en lui annonçant sa mort?

Le Imré Daat explique :
En fait, dans son rêve, le maître panetier vit des oiseaux picorer le pain qui se trouvait dans la corbeille au dessus de sa tête. Or, en général, les oiseaux (non domptés) ont peur de s'approcher de trop près des êtres humains. Il n'est donc pas habituel qu'ils s'approchent tant d'un homme au point de picorer le pain au dessus de sa tête, sans aucune appréhension.
Yossef fut étonné d'une telle chose. Il en déduisit que pour qu'un tel fait soit possible et que les oiseaux n'aient aucune peur de s'approcher de lui, c'est que cet homme n'est pas vivant, mais qu'il est mort. Il déduisit donc de ce rêve qu'il annonce la mort du maître panetier.

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-> Le maître panetier : "j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête"
-> L'échanson : "J'avais en main la coupe de Pharaon"

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit que le maître panetier représente une personne qui accomplit la volonté d'Hachem en la mettant au-dessus de sa tête, c'est-à-dire par habitude, sans joie et enthousiasme.
[je fais les mitsvot parce que je dois les faire, mais je n'en suis pas plus content que cela]
Ainsi, une telle personne est comme morte spirituellement (car Hachem désire le cœur!).
A l'inverse l'échanson avec sa main, représente le fait de prendre en main, d'agir, pour réaliser les mitsvot avec énergie, fierté et enthousiaste.
Une telle personne est bien vivante spirituellement parlant.

-> Le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = cela symbolise le fait qu'il désire toujours ce qui est au-dessus de lui, il n'est jamais content, toujours à la recherche d'une nouvelle chose manquante.
Ainsi, il n'est pas vivant car il n'est pas heureux de ce qu'il a.
[à l'image d'un mort, il ne profite pas de son présent, mais il a la tête dans le futur (quand j'aurai ça alors...) et parfois dans le passé (j'aurai dû ...).]
A l'inverse l'échanson a la coupe dans la main, cela symbolise un "lé'haïm" à Hachem, en Le remerciement pour tout ce qu'il a pu m'octroyer.
L'échanson est joyeux de ce qu'il a dans le présent, il est donc bien vivant.

-> La hichtaldout est la réalisation de la malédiction de devoir "travailler à la sueur de son front".
C'est une punition liée à la faute d'Adam et 'Hava, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa.
Lorsqu'il fait sa hichtaldout, un juif doit agir avec ses mains, mais avoir sa tête active et connectée à Hachem, la source de toute chose.
Ainsi, le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = il agit en étant persuadé que tout ne vient que grâce à son travail, à sa force, son intelligence, ... Hachem existe sûrement, mais c'est moi qui m'auto-gère.
Puisque son être est rempli d'égo (moi je, c'est moi qui, ...), il ne laisse aucune place pour que Hachem (source de toute vie, de toutes bénédictions) réside en lui, et ainsi il n'est pas vraiment vivant.
A l'inverse, l'échanson fait sa hichtaldout avec sa main, mais il a en tête la émouna, la certitude qu'au final il aura ce que Hachem voudra lui donner.
Puisqu'il permet à Hachem de résider en lui, l'échanson est bien vivant, et il est rempli de bénédictions.

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-> Au-delà du fait qu'un rêve avait un contenu favorable aux juifs, et l'autre défavorable, il y ici une allusion pour nous : si les juifs le méritent, ils s'élèveront comme le maître-échanson (qui sortit de prison et retrouva son haut poste à la cour royale), sinon ils mourront comme le maître-panetier (qui ne sortit de prison que pour être tué).
[midrach Bamidbar rabba 1 - rapporté par rabbi Yossef Deutsch]

[cela peut également être une image de notre vie dans ce monde, où notre âme est prisonnière temporairement dans un corps.
Une fois que notre temps est écoulé, nous aurons droit à un jugement du Roi des rois (Hachem), qui débouchera soit sur le fait de tendre vers une vie plein de spiritualité à la cour royale, ou bien une mort spirituelle, loin de D. car n'ayant pas assez mis à profit notre court passage dans ce monde.]

Yossef chez Potiphar

+++ Yossef chez Potiphar : 

+ "Yossef fut emmené en Egypte. Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes, égyptien, l'acheta aux Ichmaélites" (Vayéchev 29,1)

-> Potiphar, homosexuel, était séduit par la beauté de Yossef, et il voulut assouvir ses désirs avec celui-ci. La Providence Divine ne lui permit pas de réaliser ce projet, et ne lui ôta pas la vie pour ne pas que sa fille adoptive (Asnath), que Yossef allait par la suite épouser, ne soit orpheline.
[Méam Loez]

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+ "Hachem fut avec Yossef" (Vayéchev 29,2)

-> La Présence Divine demeurait constamment auprès de Yossef, le protégeant ainsi du péché, bien qu'étant entouré de personnes immorales [dans la maison de son maître].
[Méam Loez]

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+ "Son maître vit que D. était avec lui" (v.29,3)

-> Rachi : [Hachem était avec Yossef] parce que celui-ci prononçait constamment le nom de D.

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-> "Hachem bénit la maison de l'Egyptien [Potiphar] à cause de Yossef, et la bénédiction Divine s'étendit sur tous ses biens" (v.39,5)

-> Chaque fois que Yossef touchait à une marchandise, celle-ci était bénie ... Potiphar apportait ses marchandises chez lui uniquement pour que Yossef les touche.
[...]

Lorsque Yossef servait Potiphar personnellement, il accédait à ses désirs immédiatement. Si Potiphar donnait à Yossef une coupe de vin et lui demandait de l'eau, Yossef pouvait transformer le vin en eau instantanément.
Il possédait la faculté de transformer toute chose.

Voyant cela, Potiphar confia à Yossef toutes les clés de sa vaste demeure, sans jamais vérifier ses agissements. Tout ce qu'entreprenait Yossef réussissait parfaitement.
[Méam Loez]

[de plus, selon le Yéfé Toar (sur midrach Béréchit rabba 86,5), Hachem va révéler Sa présence à Potiphar en lui permettant de voir une nuée étincelante au-dessus de la tête de Yossef.]

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+ "Sinon du pain qu'il mangeait. Or Yossef était beau de taille et beau de visage" (v.39,6)

-> Yossef, à la différence des autres esclaves qui volaient des biens de leur maître, ne prenait que le pain qu'il mangeait, ce qui lui revenait de droit.

De plus, Yossef [ne mangeait que du pain, et il] ne souillait pas sa bouche en consommant des aliments interdits.
C'est pourquoi la Torah dit que : "Yossef était beau de taille et beau de visage" = le texte souligne que bien qu'il ne mangea que du pain, ni sa santé ni sa stature et ni sa beauté n'en furent altérées.
[Méam Loez]

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+ "Il arriva, après ces faits, que la femme de son maître jeta les yeux sur Yossef" (v.39,7)

-> Rachi (v.39,6) rapporte que lorsque Yossef s'est vu maître, il s'est mis à se soigner les cheveux, et alors Hachem a dit : "Ton père est en deuil, et toi tu te soignes les cheveux! Je vais lancer un "ours" à tes trousses !"

-> Yossef ouvrit la porte à la tentation en se souciant de son apparence. Même si son intention n'était pas futile (étant maître, responsable des biens de Potiphar, il se devait d'avoir une apparence irréprochable!), mais cependant il aurait dû éprouver quelque retenue, sachant que son père portait son deuil.

Selon le Zohar, Hachem fit en sorte que la femme de Potiphar porte son regard sur lui afin qu'il souffre et expie son péché.

Selon une autre opinion, il ne s'agissait pas d'une punition. Hachem désirait que Potiphar chasse Yossef, car un tsadik tel que lui ne devait pas demeurer plus longtemps dans une maison aussi immorale.
[...]

Pour un jeune homme, contrôler ses désirs représente une immense épreuve. La frustration que Yossef endura lui causa plus d'angoisse que celle ressentie par Its'hak lié sur l'autel.
[...]

Afin d'attirer son attention, la femme de Potiphar changeait constamment de tenue : le matin, le midi et le soir, elle revêtait à chaque fois une nouvelle robe [attirante].

Elle concentrait tous ses efforts pour le captiver, le harcelant, au point d'en devenir malade, et à devoir s'aliter.
Ses amies égyptiennes lui rendirent visite et lui demandèrent : "Que te manque-t-il pour être ainsi malade et déprimée?"
Elle répondit : "Vous voulez voir. Laissez-moi vous montrer quelque chose."

Elle ordonna alors à ses servantes d'apporter à chacune des femmes un cédrat (étrog) et un couteau d'argent pour l'éplucher.
Elle demanda à ses amies : "Pelez les cédrats (étrogs)".
Tandis que celles-ci s'exécutaient, elle appela Yossef.
Fixant du regard son beau visage, elles s’extasièrent à tel point qu'elles se mirent à peler leurs doigts en même temps que les fruits. Le sang coulait de leurs mains, mais elles ne sentaient rien.

Elle dit : "A présent vous comprenez ... Son indifférence m'a rendue complètement malade".

Dès cet instant, Yossef devint célèbre pour sa beauté.
Chaque jour des dames de l'aristocratie venaient le voir, parées de leurs plus beaux atours. Certaines allaient jusqu'à entrer furtivement pour se présenter nues devant lui. Yossef se contentait de détourner les yeux et refusait de les regarder.
[Méam Loez]

-> Selon nos Sages, dix mesures de beauté sont descendues sur terre, et Yossef en a pris neuf.
[Yalkout Maayan Ganim - sur le midrach Béréchit rabba 87,1]

-> Le nom de la femme de Potipar est : Zélikha.

-> Le Zohar (Vayéchev 189) compare l'épouse de Potiphar au yétser ara, qui lui aussi revient continuellement à la charge pour nous séduire (ex: changeant plusieurs fois d'habits attirants pour nous faire fauter!).

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+ "Mais il arriva, à une des ces occasions, comme il [Yossef] était venu dans la maison pour faire sa besogne, et qu'aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" (39,11)

-> Cela se produisit juste un an après que la femme de Potiphar avait tenté de séduire Yossef pour la 1ere fois. [Ibn Ezra]

Il était venu à la maison pour vérifier les comptes et examiner les registres. Aucun des serviteurs n'était alors présent.
Bien sûr, un ministre important comme Potiphar possédait de nombreux domestiques. Nul d'entre eux ne se trouvait là, car c'était un jour de fête en Egypte.
Le Nil était en crue et submergeait ses rives, irriguant les terres égyptiennes.
A cette occasion, tous les égyptiens s'étaient rendus au bord du fleuve pour offrir des sacrifices à leurs divinités.
Yossef fut le seul à ne pas prendre part à ces festivités.

La femme de Potiphar déclara qu'elle était malade, usant de ce prétexte pour rester seule avec Yossef.
Elle se dit : "Aurais-je une telle occasion? Aujourd'hui je serai seule avec lui, la maison sera toute à nous".

Selon une autre opinion, ce jour était un Shabbath.
Yossef enfermé dans sa chambre, se remémorait les enseignements de la Torah prodigués par son père.
C'est pourquoi la Torah dit qu'il était rentré à la maison pour "faire sa besogne".
Pour un homme tel que Yossef, seule l'étude de la sainte Torah et le respect de ses mitsvot représentait son véritable travail.

["aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" = Yossef se dit que s'il fautait il quitterait la race humaine, devenant semblable à un animal qui suit ses pulsions, sans se soucier de leurs conséquences. Ainsi, en réfléchissant à l'idée qu'il n'y avait personne (lui y compris puisque devenant alors un animal), cela a affaiblit et fait partir son désir.
(l'idée également est que parfois nous ne devons pas lutter avec notre yétser ara, qui est alors trop fort en nous. Nous devons nous attacher à la volonté de D., et faire le mort, comme s'il n'y avait personne)]

Yaakov songea intensément au visage de son père, comme s'il se tenait à la fenêtre, lui disant : "Yossef! Yossef! Les noms de mes fils sont destinés à être gravés sur le pectoral que le grand-prête portera sur la poitrine. Veux-tu que pour un moment de plaisir ton nom en soit effacé?"

[d'une certaine façon à la fin de notre vie, nous aurons tous pour l'éternité un pectoral avec inscrit dessus les bonnes actions et les péchés que nous avons fait dans ce monde. Que préférons-nous : une frustration, un effort éphémère ou bien une honte éternelle?]

"Aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" = cependant, un autre homme était là, à savoir Yaakov.
[...]

A cause des ruses de cette femme, la passion de Yossef atteignit son paroxysme. Il enfonça ses 10 orteils dans le sol, et au même moment 10 gouttes de semence s'échappèrent de son corps s'écoulant entre ses 10 ongles. Ainsi, il parvint à surmonter son désir.
[...]

Selon une opinion, lorsque Yossef vit qu'elle essayait de le séduire, il réalisa un double de lui-même sous la forme d'un golem.
Il comptait laisser cet androïde dormir avec la femme de Potiphar, se débarrassant ainsi d'elle.
Sarah avait agi de même avec Pharaon, et Esther eut recours à ce subterfuge avec A'hachvéroch.

Cependant, la femme de Potiphar, elle, connaissait suffisamment la magie pour déjouer cette supercherie.
C'est pourquoi la Torah dit : "Elle le saisit par son vêtement" (v.39,12). En hébreu, le mot "béguéd" désigne un vêtement, dont la racine "bagad" signifie : "tromper".
Ainsi, elle "saisit" la tromperie de Yossef, et comprit par quel moyen il tentait de l'abuser.

[selon un autre avis, elle répandit un blanc d’œuf sur son lit, et s'élança dehors pour crier ce que Yossef avait tenté de lui faire.
Elle persuada également plusieurs femmes de témoigner que Yossef avait déjà tenté de les séduire.]
[...]

"[Yossef] était venu dans la maison pour faire sa besogne" = telle fut la grandeur de Yossef. On pourrait penser qu'il était si élevé qu'il n'a éprouvé aucun désir, mais la Torah nous dit qu'il était fort et en bonne santé. Son désir était si fort qu'il faillit pécher, mais malgré cela il parvint à dominer ses pulsions, il surmonta ce feu intérieur.

=> Les désirs sont naturels chez l'homme, sa grandeur, [c'est de les surmonter par crainte de D.]

[comme nous avons pu le voir précédemment : "La frustration que Yossef endura lui causa davantage d'angoisse que celle ressentie par Its'hak lié sur l'autel."
Nous pouvons gagner une énorme récompense en agissant (mitsva assé), mais également en évitant d'agir (mitsva lo taassé)!]
[Méam Loez]

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-> Selon certains, la tunique de Yossef évoque le yétser ara : lorsqu'on est tenté de commettre une faute, on doit se débarrasser du mauvais penchant et prendre la fuite.
[Chla haKadoch]

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+ "Le maître de Yossef le fit saisir, on l’enferma dans la Rotonde, endroit ou étaient détenus les prisonniers du roi" (v.39,20)

Après réflexion, Potiphar réalisa que sa femme mentait certainement.

- il savait Yossef digne de confiance, surtout que celui-ci craignait D., ayant le nom d'Hachem constamment à la bouche.

- plusieurs hommes de médecine lui dirent que la tâche sur le drap n'était que du blanc d’œuf et non de la semence.

- selon certains, Potiphar s'apprêtait réellement à tuer Yossef, sa fille Asnat vint lui jurer que ce dernier était totalement innocent, lui racontant la vérité (elle avait tout vu, étant cachée dans un buisson dans un coin de la cour). C'est pourquoi, elle méritera d'épouser Yossef quelques années plus tard.

- selon d'autres commentateurs, c'est la femme de Potiphar qui demanda de l'épargner, pensant que par gratitude Yossef céderait par la suite à ses désirs.

- Le Séfer haYachar rapporte que Yossef se faisant fouetter par Potiphar supplia Hachem de l'aider.
D. eut alors pitié de Yossef, et un nouveau-né de 12 mois d'un esclave se mit à parler miraculeusement.
D'une voix adulte, il réprimanda Potiphar : "Que t'a fait cet homme pour que tu veuilles le fouetter? Tout ceci n'est que mensonge". L'enfant lui révéla ensuite la réalité.

Yossef fut envoyé en prison afin de sauver les apparences, car tout le monde parlait de cette affaire, et sans punition on aurait parlé de Potiphar, comme du mari d'une prostituée.
[Méam Loez]

"Plusieurs marchands de Midiyan vinrent à passer, qui tirèrent et firent remonter Yossef du puits, puis le vendirent aux Ichmélites pour 20 pièces d'argent. Ceux-ci emmenèrent Yossef en Egypte" (Vayéchev 37,28)

-> Chacun des 10 frères reçut 2 dinars, avec cette somme chacun s'acheta des chaussures.

[Le rabbi Yossef Deutsch affirme que cette somme de 20 dinars d'argent équivaut à 75 dollars actuels.]

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=> Pourquoi un jeune homme de 17 ans beau et fort n'a-t-il pas été vendu plus cher?

-> Alors qu'il se trouvait dans la fosse pleine de serpents, il fut si terrifié qu'il tomba malade, ses traits se tirèrent et son visage pâlit.
Il était si faible que la somme reçue par les frères était plus que suffisante.
[Sifté Cohen]

-> Même s'ils avaient un bon motif pour vendre Yossef, les frères n'étaient toujours pas certains d'avoir raison. Ils utilisèrent donc l'argent pour se procurer des chaussures, car on ne fait pas de bénédiction sur des chaussures neuves.
Ils ne firent aucune acquisition [qui eut demandé une bénédiction, car il est interdit d'en prononcer sur toute chose que l'on obtient par une faute]
[...]

Evidemment, ces événements étaient dirigés par la Providence Divine. Sinon, comment comprendre que des tsadikim tels que les fils de Yaakov aient pu haïr Yossef pour quelque chose d'aussi futile qu'un vêtement.
En effet, était-ce la faute de Yossef si Yaakov l'aimait plus? ...

Même s'il les avait calomniés en rapportant à Yaakov des médisances sur leur compte, cela n'aurait pas dû constituer un motif valable pour le vendre à des marchands de bas étage. Il aurait suffit d'en parler à leur père en lui demandant de réprimander Yossef et de lui ordonner de ne plus recommencer.
Yossef aurait certainement écouté son père.

=> Nous voyons que cet épisode fut entièrement conduit par la Providence Divine. D'autant plus que les frères regrettèrent leur comportement.
[Méam Loez - Vayéchev 37,28]

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-> C'est parce que Yossef, qui était un premier-né, a été acheté pour un prix aussi bas que le rachat des premiers-nés, plus tard, sera également fixé au prix très bas de 5 Shékels.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef a été vendu pour des chaussures, pour montrer qu'eux [les frères] portaient des chaussures et étaient des hommes libres, alors que lui serait esclave, contrairement à son rêve où il se voyait en train de régner alors qu'eux seraient ses serviteurs.

"Dina, la fille que Léa avait enfantée à Yaakov, sortit pour faire connaissance avec les filles du pays." (Vayichla'h 34,1)

-> Dina était destinée à être un garçon. En effet, Léa avait été enceinte d'un garçon, mais l'embryon s'est miraculeusement transformé en fille.
C'est pourquoi Dina se comportait comme un garçon, et aimait explorer chaque nouvel endroit.
[...]

Nos Sages enseignent que Yaakov mérita l'épreuve qu'il vécut dans cet épisode concernant Dina, en conséquence de péchés, dont les suivants :

1°/ Il avait ressenti une légère pointe d'orgueil quand D. lui annonça : "Tu domineras le monde d'ici-bas".
Il fût châtié en ce que les habitants de Ché'hem ne le respectèrent pas.

2°/ Il laissa sa fille sortir de chez elle dans une ville étrangère et aux mœurs légères. Il aurait dû la réprimander et l'empêcher de sortir.
Puisqu'il manqua d'attention, D. permit aux événements de suivre leur cours naturel.

3°/ Il fit preuve d'orgueil lorsqu'il dit à Lavan, que grâce à son mérite, les brebis donnaient naissance à des agneaux tachetés.

4°/ Yaakov cacha Dina dans un coffre afin qu'Essav ne a voie pas et ne la prenne pas de force.
Ceci était répréhensible car une bonne épouse peut améliorer son mari.
Tout, dans une maison dépend de la femme. Si elle est bonne, elle peut rendre son mari meilleur, et sinon elle est capable du contraire ...
Bien évidemment qu'il existe des exceptions à la règle ... mais dans la plupart des cas, les hommes suivent leurs épouses.

Puisque Dina était une sainte, elle aurait pu inciter Essav à changer de voie, s'il l'avait épousée. Il aurait vu ses bonnes qualités, et cela aurait pu l'influencer de manière positive.
En réalité, nous voyons que Dina avait effectivement ce pouvoir, lorsque par la suite, elle épousa Iyov, lequel était un non-juif, qui sous l'influence de Dina, devint même un tsadik.

=> Si elle a pu agir de la sorte avec Iyov, elle aurait pu sans aucun doute et sans réelle difficulté améliorer Essav, qui était non seulement déjà circoncis, mais également le fils d'Its'hak et d'Avraham.
[...]

Dina qui était issue d'une lignée de tsadikim aussi prestigieuse que celle de Yaakov et Its'hak, ne courait pas le risque de suivre les voies du racha Essav. Si elle l'avait épousé, son influence aurait été sans aucun doute bénéfique. Par contre, Léa [qui pleurée pour ne pas épouser Essav], elle ne pouvait pas être certaine de parvenir à améliorer Essav, car elle était la fille d'un racha : Lavan.

=> L'attitude de Yaakov est répréhensible, car Essav en voyant Dina, aurait pu modifier son comportement, dans l'espoir que Yaakov lui permette de l'épouser.

[ex: la guémara nous rapporte que rabbi Yo'hanan a proposé sa sœur, très belle, à Rech Lakich qui était alors un jeune et fort chef de bandits.
De la même façon que rabbi Yo'hanan a ramené au repentir un chef de bandit, Essav aurait pu se repentir s'il avait vu la beauté de Dina. Yaakov avait donc eu tort de la lui cacher.]
[...]

En réalité, Dina était extrêmement modeste. Quand elle sortit, elle s'était complètement recouverte, afin que même son visage soit caché.
Mais l'un de ses bras se découvrit accidentellement, et Ché'hem put avoir une idée de sa beauté.

[Méam Loez - Vayichla'h 34,1]

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+ "Ché'hem, le fils du chef de la région, 'Hamor le Hévéen, vit [Dina]. Il la prit et s'approcha d'elle en lui faisant violence" (Vayichla'h 34,2)

-> Ché'hem prit Dina de force.
Il avait entendu parler de la beauté de Dina, et avait préparé un plan pour l'attirer hors de la maison de son père.
Il engagea des danseuses pour créer une animation dans les rues, et quand Dina vint contempler le spectacle, il l'enleva et l'apporta dans son palais.
[Méam Loez]

[Le Méam Loez (v.34,8-12) commente qu'à ce moment, Dina avait 8 ans et un mois. Ché'hem lui promit donc des cadeaux afin qu'elle ne lui cause point de difficultés.]

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+ "Chimon et Lévi, frères de Dina ... emmenèrent Dina hors de la maIson de Ché'hem, et ils ressortirent" (Vayichla'h 34,26)

-> Les fils de Yaakov attendirent 3 jours, jusqu'à ce que tous furent circoncis.
De plus, il fallut au moins 2 jours pour que tous les hommes soient circoncis.

Le jour où Lévi attaqua la ville, il avait 13 ans.
Chimon et Lévi ne consultèrent ni Yaakov, ni leurs frères. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes, car ils savaient que les hommes de Ché'hem étaient faibles et souffraient [ex: une bonne partie était dans leur 3e jour après la circoncision, qui est le plus difficile!].
De plus, ils savaient qu'ils pouvaient s'appuyer sur le mérite de leur père Yaakov.

Quand Yaakov découvrit leur projet, il s'y opposa avec vigueur. Pourtant, il se dit : "Je ne puis les laisser seuls. Des habitants d'autres villes peuvent venir attaquer mes fils."
Il prit donc son épée et son arc, et se posta devant la porte de Ché'hem.
Il dit : "Si des gens surviennent, ils devront m'affronter en premier".
[...]

Dina enceinte de Ché'hem, donna naissance à une fille nommée Assenath.
Les frères voulurent tuer l'enfant, ils dirent : "Que penseront les gens? Yaakov a une bâtarde dans sa maison".
Cependant, Yaakov ne le permit pas. Il prit une pièce de métal, y grava le nom Divin, et l'accrocha au cou de l'enfant, et ensuite, il l'abandonna dans un champ.

L'ange Mi'haël vint et emporta la petite fille en Egypte, dans la demeure de Potifar, le prête d'On.
Lui et sa femme ne pouvant engendrer, ils adoptèrent le nourrisson.
Cette même Assenath deviendra l'épouse de Yossef (Mikets 41,45).
[Méam Loez]

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+ "Si vous devenez comme nous en pratiquant la circoncision sur chaque homme ... nous deviendrons un seul peuple" (Vayichla'h 34,15)

=> Pourquoi les enfants de Yaakov ont-ils agi avec ruse envers les habitants de Chekhem, en leur conseillant de faire la circoncision (brit mila) pour qu'ils soient comme eux?
Puisque leur intention était de faire la guerre, les enfants de Yaakov, étant en outre d'une très grande force physique, n'avaient pas besoin de leur demander de faire la mila pour les vaincre, alors pourquoi l'avoir fait?

Le rav Yonathan Eibschutz répond que si les enfants de Yaakov avaient frappé les habitants de Chekhem sans que ceux-ci soient circoncis, un grand bruit se serait alors fait entendre dans le monde. De nombreuses nations se seraient assemblées et mises en colère sur l'effronterie des Bné Israël d'avoir anéanti un autre peuple.

S'il n'en fut pas ainsi, c'est en raison de leur circoncision. En effet, les habitants de Chekhem ont fait savoir, par cet acte, qu'ils étaient également juifs.
Les enfants de Yaakov savaient parfaitement que dans cette situation ils étaient assurés que les peuples du monde ne se sentiraient pas outragés et n'élèveraient pas la moindre protestation sur ce qui se passa dans la ville de Chekhem. En effet, lorsque ce sont des juifs qui sont touchés, il n'y a aucune plainte des nations et le silence se fait assourdissant.

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+ "Ils prirent les 2 fils de Yaakov, Chimon et Lévi, les frères de Dina, chacun son épée, et marchèrent sur la ville avec assurance et tuèrent tous les mâles" (Vayichla'h 34,25)

-> Le Yalkout Réouvéni rapporte que lorsque les enfants de Yaakov tuèrent les [24 000] habitants de Chekhem, l'ange [Accusateur] Samaël s'est précipité devant le tribunal céleste pour accuser les enfants de Yaakov. Le tribunal suprême refusa sa requête, car tous ces hommes avaient la circoncision.
Or en tant que représentant des hommes incirconcis, sa plainte était non recevable. Lorsqu'il sortit du tribunal céleste, il réfléchit au moyen d'atteindre son objectif, il se rendit immédiatement dans le camp de Yaakov et provoqua les querelles entre Yossef et ses frères jusqu'à ce que les enfants de Yaakov vendirent Yossef.

-> Rabbi Ména'hem Azaria de Pano (Assara Maamarot) ajoute qu'il y avait 24 000 habitants à Chekhem, et qu'ils ont été réincarnés durant la génération du désert, dans les 24 000 hommes frappés par l'épidémie.
Ces hommes avaient fauté avec les filles de Moav sous le conseil de Bil'am. Ainsi, cette faute n'était pas complètement réparée. C'est la raison pour laquelle ils furent ensuite réincarnés dans les élèves de Rabbi Akiva, leur manque de respect entre eux leur a coûté la vie.
Rabbi Akiva était quant à lui la réincarnation de Zimri ben Salou.

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=> Comment les enfants de Yaakov se sont-ils permis de verser le sang innocent et de tuer toute la population de la ville? Ne devaient-ils pas tuer uniquement Chekhem ben 'Hamor?

-> Le rav Yissa'har Chmouëli Beniahou répond :
Les habitants de Chekhem ont réussi grâce aux forces de l'impureté et à la sorcellerie à percevoir dans l'avenir que Yaakov allait établir avec les tribus d'Israël un peuple de sainteté (kédoucha) qui s'installerait sur la terre d'Israël, dominerait et chasserait les peuples idolâtres.
Il semblerait qu'ils avaient décidé au plus profond de leur âme d'annuler cette prévision d'avenir et avaient accepté de se mélanger avec les enfants de Yaakov en mariant leurs enfants respectivement, sous condition de faire la brit mila.
Il se trouve que d'après le raisonnement de cette population, D. préserve, ils souhaitaient annihiler la descendance d'Israël par leurs mélanges.
Ainsi ils étaient prêts à risquer leur vie afin d'annihiler le peuple saint. C'est pourquoi les enfants de Yaakov les tuèrent, car leur but profond était de détruire les tribus de la sainteté.

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-> "Notre sœur pourrait-elle être considérée comme une prostituée" (Vayichla'h 34,31)

-> Un jour, deux tsadikim discutaient ensemble quant à savoir quelle est la faute de la génération qui empêche la venue du machia'h. Le premier dit qu'il s'agit du manque de pudeur. Et le deuxième soutenait que le machia'h tarde à venir à cause des bavardages dans les synagogues. Puisqu'ils n'arrivaient pas à s'entendre, ils décidèrent de faire appel à un tirage au sort.
Ils ouvriront un 'Houmach et verraient quel sujet y est traité. Ils décideront qui a raison en fonction du contexte qui y sera traité. Puis, ils s'exécutèrent. Ils ouvrirent le 'Houmach et tombèrent sur le verset : "Notre soeur pourrait-elle être considérée comme une prostituée", ce qui soutenait clairement la thèse du manque de pudeur.
C'est là que l'autre Rav proposa de se référer à l'explication du Targoum Yonathan sur ce verset. C'est là qu'ils purent y lire : "Ils parleront dans leur lieu de rassemblement que leur soeur a été considérée comme une prostituée". Cela évoque la faute de parler dans les synagogues.
La Providence Divine leur montra qu'en fait, ils avaient tous les deux raison.

Yaakov séjourne chez Lavan

+ Yaakov séjourne chez Lavan :

-> "A l'égard d'un juste, tu agiras avec sainteté, avec un escroc, tu agiras avec ruse" (Chmouël II 22,27).
Yaakov dit donc : "Si Lavan tente de me duper, j'agirai en conséquence. Mais s'il me traite avec équité, je serai honnête envers lui."
[Rachi - Vayétsé 29,12]

-> Lavan pensait que Yaakov était chargé d’argent, puisque Eliézer, le serviteur de la maison, était venu autrefois au même endroit accompagné de 10 chameaux chargés de cadeaux.
Voyant Yaakov les mains vides, Lavan le serra dans ses bras, palpant ses poches pour voir s'il ne transportait pas des pierres précieuses. Ne trouvant rien, il l'embrassa sur les 2 joues, essayant de savoir s'il ne cachait pas de bijoux dans sa bouche.
Face à sa perplexité, Yaakov lui raconta qu'il fuyait son frère et que tous ses biens luis avaient été volés en chemin.
[Rachi - Vayétsé 29,13]

-> Yaakov déplaça d'une main une pierre lourde et immense, qui nécessitait les efforts conjugués de plusieurs bergers.
Les eaux du puits s'élevèrent et débordèrent pendant les 20 années de son séjour à 'Haran.

Lavan accepta de loger Yaakov chez lui pendant un mois [suivant son arrivée], mais il ne lui accorda rien gratuitement. Yaakov devait conduire le troupeau de son oncle, qui le paya la moitié de ce que recevait un autre berger.
Yaakov accepta car pendant cette période il voulait s'assurer que Ra'hél et Léa craignaient Hachem.
[Méam Loez - Vayétsé 29,13]

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-> Bilha et Zilpa étaient également les filles de Lavan, ... [elles] avaient été engendrées par les concubines de Lavan. Par contre, Ra'hél et Léa étaient les filles de ses épouses.
C'est pourquoi Bilha et Zilpa étaient considérées comme des servantes.

Ra'hél est nommée la "cadette" (littéralement "la plus petite" - akétana - v.29,16) car Yossef et Shaül, les 2 rois de sa postérité, ne régnèrent pas longtemps.

Léa est l'aïeule du roi David et de tous les rois de Yéhouda, ainsi que de Moché, Shmouël et Yéchayahou. Ainsi, elle est appelée "l'aînée" (littéralement "la grande" - aguédola), ses descendants ayant eu une influence durable.
[Méam Loez - Vayétsé 29,16]

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+ "Lavan réunit tous les habitants du lieu, et donna un festin. Le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena, et Yaakov s'unit à elle" (Vayétsé 29,22-23)

-> Lavan dit aux hommes de la ville que tant que Yaakov était là, l'eau ne manquait pas de jaillir du puits. Il leur expliqua son stratagème de donner Léa à la place de Ra'hél, entraînant que par amour Yaakov travailler encore 7 années supplémentaires pour elle.

L'assemblée fut séduite par cela. Mais Lavan était si malhonnête qu'il voulait également tromper ses amis de la ville.
Il demanda à chacun d'amener en gage de confiance un aliment de valeur (ex: de la bonne viande, du vin ...). Quand tous ses gages furent réunis, Lavan "offrit" un grand festin, sans dépenser le moindre sou.
C'est pourquoi la Torah écrit : "Lavan réunit tous les habitants du lieu et donna un festin".
En principe, on prépare le festin et ensuite les invités arrivent. Lavan fit le contraire : il réunit d'abord les hommes, et quand ils apportèrent leur part, il ordonna que l'on festoie.
[Méam Loez - Vayétsé 29,22]

-> Le mariage eut lieu le vendredi soir, à l'heure de l'accueil du Shabbath.
Lorsque les habitants de la ville prirent place, ils commencèrent à chanter : "Hi Léa, Hi Léa" (voici Léa, voici Léa).
Intentionnellement, ils articulèrent mal les mots, afin que Yaakov pense qu'ils entamaient une mélodie anodine.
Lavan, en agissant de la sorte, se prémunissait contre la plainte que Yaakov n'allait pas manquer de lui faire le lendemain matin. Il pourrait alors lui affirmer : "Mais les invités t'ont dit qu'il s'agissait de Léa, et tu semblais heureux".
Après l'accomplissement de son plan, Lavan accompagna Léa dans la chambre de Yaakov.
[Méam Loez - Vayétsé 29,23]

Les anges

+ Les anges - Paracha Vayéra :

-> Hachem envoya à Avraham 3 anges : Mi'haël, Gabriel et Raphaël.
Ils devaient venir de toute façon, car ils avaient pour mission d'apporter un message à Avraham, mais afin de donner la possibilité à Avraham d'offrir l'hospitalité, D. les lui envoya sous l'apparence d'êtres humains.
[Méam Loez - Vayéra 18,2]

-> "Et voici 3 [anges]" (véiné chélocha - וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה).
Les mots : וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה, ont la même valeur numérique que : "voici Mi'haël, Gabriel et Raphaël" (אלו מיכאל גבריאל ורפאל).
En effet, selon le midrach rabba, il s'agit des 3 anges qui sont venus rendre visite à Avraham.
[le ‘Hida – ‘Homat Anakh]

-> Lorsque les anges marchaient ensemble, Mi'haël, le plus important des 3, se trouvait au centre, Gabriel se tenait à sa droite et Raphaël à sa gauche.
C'est là l'attitude à adopter quand 3 hommes marchent ensemble, et qu'il en est un plus éminent que les autres.
[Méam Loez - Vayéra 18,3]

-> "Ils mangeaient" (18,8)
Les érudits prononcent des paroles de Torah lors de chaque repas, afin de nourrir leur âme.
Il ne fait aucun doute qu'Avraham discuta de la Torah avec ses visiteurs, selon son habitude.
Il leur expliqua les voies de Hachem et donc leur procura une "nourriture" spirituelle supérieure à celle physique.
C'est pourquoi il est écrit qu'ils "mangèrent".

Nous apprenons ainsi que l'on doit respecter les coutumes de l'endroit où l'on est accueilli. Même les anges agirent en se conformant aux usages.
Selon une autre opinion, les anges avalèrent la nourriture en l'honneur d'Avraham.

Hachem envoya 3 anges et non un seul. Chaque ange a une mission différente.
Raphaël vint guérir Avraham des souffrances de la circoncision.
Mi'haël vint annoncer à Sarah l'heureuse nouvelle [d'une prochaine naissance].
Gabriel vint pour détruire Sodome.
[...]

Bien que D. apparu à Avraham, il ne l'avait ni guéri, ni ne lui avait annoncé que Sarah enfanterait.
Hachem voulait montrer que la seule raison de sa visite était d'honorer Avraham.
[Méam Loez]

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+ "Lavez-vous les pieds et reposez-vous sous l'arbre" (Vayéra 18,4)

-> On trouve dans le livre "Béer Moché", le commentaire suivant :
"Lavez-vous les pieds" (véra'hatsou raglé'hem - וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם) a la valeur numérique 613, allusion au fait qu'il voulait leur demander de s'éloigner de l'idolâtrie, comme l'ont dit nos Sages (guémara Baba Métsia 86b), qu'il les soupçonnait d'être des idolâtres, or la foi a autant d'importance que toute la Torah, ainsi qu'il est écrit : "Toutes tes mitsvot sont la foi" (Téhilim 119).

C'est pourquoi, il a demandé "lavez-vous les pieds et reposez-vous sous l'arbre" (וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם וְהִשָּׁעֲנוּ, תַּחַת הָעֵץ) = cette phrase dont en hébreu les 1eres lettres permettent de former le mot : "Torah" (תּוֹרָה), et les dernières lettres le mot : "mitsvot" (מצוות).

Il est écrit dans le Zohar : "L'arbre : sache que Hachem est un arbre de vie pour tous", c'est pourquoi "reposez-vous sous l'arbre", et non sous une quelconque idole.

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-> "Lavez-vous les pieds" - Rachi : Comme il pensait avoir affaire à des Arabes, adorateurs de la poussière de leurs pieds, il a pris garde à ne pas introduire d’objet d’idolâtrie dans sa maison.

=> Est-ce qu'il existe vraiment des gens qui sont stupides au point d'adorer la poussière de leurs pieds?

Le Divré Yé'hezkel répond que cela fait allusion aux gens qui pensent que leur que subsistance (parnassa) vient de leurs déplacements d'un endroit à un autre. Lorsqu'ils réussissent, ils "se prosternent" en gratitude pour la poussière de leurs pieds. En effet, ils sont persuadés que c'est leur force/efforts (pieds, déplacements) qui leur a fait méritée cette richesse.
Ils ne réalisent pas qu'en réalité c'est Hachem qui le leur a accordé.

-> Le Séfer 'Hassidim écrit :
"Hachem envoie des anges afin de mettre dans le cœur d'un commerçant d'apporter sa marchandise à un endroit spécifique où un businessman spécifique s'y trouve.
Les anges placent également le désir dans le businessman d'acheter la marchandise.
Et ensuite les anges placent dans les cœurs des consommateurs l'envie d'aller à tel endroit acheter la marchandise, ou bien les anges vont inciter le businessman d'aller à tel endroit pour la vendre ..."

=> Ainsi, Hachem envoie des anges pour diriger toute chose, et si nous voulons exprimer notre gratitude, nous devons le faire uniquement à Hachem.
[de même nos Sages affirment par exemple que la moindre idée de commerce (ou autre), provient d'Hachem, ...]

-> Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir dit : "Une personne fait chaque jour des milliers de pas, et si elle ne croit pas que chacun de ses pas est préparé par Hachem, alors sa bénédiction du matin : "qui prépare les pas de l'homme" (amé'hin mitséadé gavér) est une bénédiction en vain."

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-> Le Arougat haBossem apporte l'enseignement suivant.
Nos Sages emploient l'expression de "avak" (la poussière) au sujet de certains interdits pour désigner une forme plus subtile de défense qui se rattache à l'interdit lui-même, comme par exemple : "avak ribit" (la poussière de prêt à intérêt - guémara Baba Métsia 61b) ou bien : "avak lachon ara" (la poussière de médisance - guémara Baba Batra 156a).
Selon le même principe, on peut dire qu'il existe également "la poussière d'idolâtrie", qui est la "poussière des pieds" générée lorsqu'un homme place sa confiance dans les efforts qu'il investit en vue d'obtenir sa subsistance (comme l'évoque les pieds = c'est par mes déplacements, mes actions que je réussis!).
Cela se produit lorsqu'il se met à penser que les bénéfices qu'il gagne sont le fruit de ses efforts.
Et même ceux qui ont foi en Hachem ont tendance parfois à penser [plus ou moins consciemment] que leurs efforts ont néanmoins contribué à leur apporter leur subsistance, sans comprendre que ces efforts personnels n'ont pour but que de remplir la condition que le Créateur a imposé à Ses créatures.
Quant à la subsistance elle-même, elle ne provient que de Sa main généreuse et largement ouverte.

On peut comprendre d'après cela pourquoi Avraham dit aux anges : "Prenez un peu d'eau et lavez vos pieds (v.18,4).
Rachi : "Il pensait qu'il s'agissait de 3 commerçants qui se prosternent à la poussière de leurs pieds".
Avraham se disait que certes ceux-ci croyaient en Hachem, mais ils devaient s'en remettre également à l'effort qu'ils investissaient dans leur commerce (évoqué par les pieds), et ils fautaient pour cette raison dans "la poussière de l'idolâtrie".
C'est pourquoi il les envoya se laver de cette idolâtrie ce qui leur permettrait de reconnaître [de tout cœur] que tout provenait du Ciel [sans être influencé par le : "certes D. existe, mais c'est quand même un peu grâce à moi que ..."]

Le Arougat haBossem conclut ainsi : "Nous devons avoir conscience que sans l'aide d'Hachem, l'homme n'est même pas en mesure de lever le petit doigt, et qu'il n'a donc nulle raison de s'enorgueillir puisque tout provient d'Hachem."

[en enlevant la poussière des pieds, d'une certaine façon on voit directement et pleinement nos pieds bruts et l'on réalise à quel point nous pouvons se déplacement, voir, ... que grâce à D.
A l'image des pieds, nous tenons et bougeons dans ce monde à chaque instant que parce que Hachem nous le permet.]

-> 'Béni soit l’homme qui place sa confiance en Hachem et pour qui Hachem est son appui" (barou'h aguéver acher yivta'h b'Hachem véaya Hachem mivta'ho - Yirmiyahou 17,7)
Le Arougat haBossem commente :
"La vraie confiance en Hachem est lorsque l’on se repose uniquement sur Lui, sans penser que ses propres efforts aident en quoi que ce soit, mais en étant convaincu au contraire, que chacune de ses actions, son empressement et ses efforts ne sont que néant et que tout s’accomplit grâce à la parole d’Hachem.
C’est à ce sujet que le verset dit "Béni soit l’homme qui place sa confiance en Hachem" et poursuit "et pour qui Hachem est son appui", pour exclure celui qui a confiance en Hachem, mais qui cependant se repose aussi sur ses actions.
Et de fait, un tel homme est béni et heureux, car il dépose son fardeau sur Hachem et sait que tout ce qui arrive dans ce monde n’est que le fruit de Sa volonté, qu’Il désire son bien à chaque instant et que, même lorsqu’Il se conduit avec rigueur, ce n’est que bénéfique."

-> "J’ai placé Hachem en face de moi en permanence" (chiviti Hachem lénegdi tamid – Téhilim 16,8)
Le Baal Chem Tov explique : le mot chiviti (שיויתי) est à rattacher au terme : chiv'yon (l’égalité - שיווין ou השתוות). Dans tout ce qui lui arrive, l’homme doit ressentir que cela lui est égal, que ce soit lorsqu’on le loue ou lorsqu’on l’humilie et dans tous les autres domaines également.
Lorsqu’il mange des mets succulents ou des aliments ordinaires, tout est égal à ses yeux ...
Pour tout ce qui lui arrive, il se dira : "Cela m’a été envoyé par le Ciel et telle est Sa volonté ..., mais de son propre point de vue, cela fait aucune différence.
C’est un niveau très élevé.

Lorsque quelqu'un sort de chez lui le matin et reçoit une tape sur l'épaule, il se retourne pour regarder, et si le coup vient d'un ami, il comprend que c'est une tape d'affection.

De même, lorsque sur notre chemin de la vie, nous recevons une forte tape, quand nous regardons et prenons conscience que ce coup vient de quelqu'un (Hachem) qui nous aime plus que tout, alors nous pouvons proclamer [à nous-même] : "Remerciez Hachem, car Il est bon!"

[d'après l'Admour de Tsanz]