Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Dans Sa droite [de Hachem], une Torah de feu, pour eux [les juifs]" (Vézot haBéra’ha 33,2)
[en hébreu : מִימִינוֹ אש דת לָמוֹ]

-> Le 'Hatam Sofer explique que les mots : "dat lamo" ("une Torah ... pour eux" - דָּת לָמוֹ) sont formés des mêmes lettres que : "Talmud" (תלמוד), tandis que : "dans Sa droite ... de feu" (miméno éch - מִימִינוֹ אֵשׁ), signifie que lorsque le juif étudie la sainte Torah, le Char sacré l'entoure.
En effet, il est écrit dans le Séfer ha’Haïm (du frère du Maharal de Prague) : "Les lettres du terme : guémara (גמרא), renvoient à : Gavriel, Michaël, Raphaël et Ouriel.
Lorsque nous étudions la guémara, ces anges nous entourent et nous observent : Gavriel (גבריאל) à gauche ; Michaël (מיכאל) à droite ; Raphaël (רפאל) à l’arrière ; et Ouriel (אוריאל) devant nous." [et au-dessus de notre tête la Présence Divine]

Le 'Hatam Sofer enseigne également que dans la Torah Orale :
- la guémara se termine par la lettre "tav" (hala'hot), et commence par la lettre "tav" (tana) ;
- les michnaïyot se terminent par le mot "Shalom", qui se finit par la lettre "mém", et commencent par la lettre "mém (méémataï).

=> Les lettres : "tav - tav - mém - mém", forment : "תתמם" (tétamém) = rendent intègre, ce qu'on mérite par l'étude de la michna et de la guémara, ainsi qu'il est écrit : "Sois intègre envers Hachem ton D;" (tamim tiyé im Hachem Eloké'ha).

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[l'Admour d'Erloï (descendant du 'Hatam Sofer) ajoute que le Talmud commence et se termine par la lettre "tav", renvoyant à la "téfila" (prière) et à la "téchouva".
En effet, pour réussir dans la Torah, il est indispensable de demander sans cesse à Hachem de nous éclairer nos yeux par la Torah, qu'on puisse s'attacher à Lui, L'aimer et Le craindre.]

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-> La "droite" (yémine) de Hachem symbolise la miséricorde Divine, et le feu (éch) symmbolise l'Attribut de justice Divine rigoureuse.
Le monde fonctionne suivant ces 2 principes qui guident à l'âme sa conduite sur terre.
[Zohar]

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+ "Dans Sa droite [de Hachem], une Torah de feu, pour eux [les juifs]"

-> Les lettres des mots : דת למו (dat lamo = une religion pour eux) sont les mêmes que celles de : תלמוד (Talmud).

Le Méam Loez commente :
Cela nous enseigne que dans le Talmud, les divergences d'opinion sont sacrées et proviennent d'une intention pure.
Le "feu des divergences d'opinions" est un feu sacré.
[...]
Nos Sages commentent : "La Torah est semblable au feu. Si l'on s'en approche trop, on se brûle et si on s'en éloigne, on se refroidit".
Il ne faut pas s'écarter de la Torah qui est notre vie, ni trop s'en approcher pour sonder ses secrets.

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+ Il est enseigné au nom de rabbi Méïr : "Pourquoi est-ce aux Bné Israël que la Torah a été donnée?" C'est parce qu'ils sont impétueux/fougueux (azin).
De même, dans la maison d'étude de rabbi Ichmaël, on explique ainsi le verset : "A sa droite, une Loi de feu pour eux" (Vézot haBéra’ha 33,2) : Hachem dit : "Il convient qu'une Torah de feu soit donnée aux Bné Israël".
Selon d'autres sages, leur comportement est comparable au feu : si la Torah n'avait pas été donnée à Israël, aucune nation ni aucune créature n'aurait pu leur résister (tant ils sont fougueux).
C'est également l'opinion de Rech Lakich qui dit : 3 être sont particulièrement impétueux (et audacieux) : le peuple d'Israël parmi les nations, le chien parmi les animaux et le coq parmi les oiseaux.
Certains ajoutent la chèvre (qui se dit : éz, dérivant du mot : az) parmi le bétail et d'autre ajoutent le câprier parmi les arbres.
[guémara Beitsa 25b]

-> Un homme fougueux (az) n'est pas prêt dans sa nature à se soumettre à qui que ce soit.
L'étude approfondie de la Torah a le pouvoir d'affaiblir les forces et l'impétuosité des Bné Israël à un tel tempérament, et ainsi de soumettre leur cœur à la pratique des mitsvot.
[Rachi]

-> La guémara (Sanhédrin 26b) dit : "Parce que la Torah affaiblit les forces de l'homme qui se consacre à son étude et à l'acquisition de la Sagesse Divine."
[de même dès que Rech Lakich a pris sur lui l'engagement de se conformer à la Torah, avant même la mise en pratique de cette décision, il a perdu ses forces prodigieuses, selon le principe que l'étude de la Torah affaiblit.]
Le Toldot explique que les juifs devaient prendre sur eux de force de respecter la Torah, afin de s'affaiblir au niveau de leur impétuosité, et de pouvoir ainsi soumettre leur cœur aux mitsvot.

-> "Sois impétueux (az) comme léopard ... afin de faire la volonté de ton Père Céleste" (Pirké Avot 5,20)
Le Pné Yéhochoua enseigne que les autres nations, moins impétueuses (que les juifs), auraient abandonné tôt ou tard devant la difficulté [que demande une étude de la Torah en profondeur => faut une fougue à toute épreuve!] ; et c'est pourquoi Hachem ne les a pas contraintes après leur refus d'accepter la Torah.

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-> Les juifs se distinguent par 3 qualités : ils sont miséricordieux (ra'hamim), bienfaiteurs (gomlé 'hassadim) et humbles/timides (baïchanim).
[guémara Yébamot 79a]

=> Comment la guémara (Beitsa 25b) peut-elle affirmer que les juifs "sont impétueux/fougueux" (azin)? Cela semble contradictoire?

-> Le Maharal (Nétivot Olam - Haboucha chap.1) enseigne :
Malgré la puissance du feu (éch) qui brûle et se propage, ce feu "se plie" devant l'eau dont il reconnaît la supériorité par son pouvoir de l'affaiblir et de l'éteindre.
De même, Israël, malgré son impétuosité et son surplus d'énergie sur terre, est prompt à reconnaître la supériorité d'Hachem et des grands Sages.
Ainsi, l'impétuosité/fougue des juifs se transforme aussitôt en honte et humilité (baïchanout) devant les Grands.

-> Le Maharcha (guémara Yébamot79a) écrit :
L'impétuosité/fougue est un tempérament naturel des juifs, mais lorsqu'ils approfondissent l'étude de la Torah, leurs forces et leur fougue s'affaiblissent. Ils sont alors prêts à soumettre leur cœur et à développer la modestie (baïchanout) qui est le trait de caractère d'un juif digne de ce nom.
Seule la Torah a le pouvoir d'opérer cette transformation.
[...]
Les juifs sont tellement attachés à Hachem qu'ils n'ont pas peur et ne reculent pas devant ceux, même plus puissants et forts physiquement, qui voudraient les détacher de leur Créateur.
Ils demeurent fermes dans leur conviction ; c'est en cela qu'ils sont impétueux. (azim).

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=> Pourquoi Israël est-il digne de recevoir la Torah (Loi de feu)?

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Il convenait que la Torah soit donnée à ce peuple, issu de Yaakov (יעקב) et de ses 2 épouses : Léa (לאה) et Ra'hél (רחל), désigné Israël (ישראל), dont les lettres : ל ר י sont les initiales de : Yaakov, Ra'hél et Léa.
Il reste alors les 2 autres lettres : ש et א qui forment le mot : אש (feu - éch).
Il y a donc, dans le nom "Israël" de ce peuple, une allusion au fait que ce peuple, issu de cette source de sainteté : Yaakov, Ra'hél et Léa, mérite cette Torah (Loi de feu).

"Voici les paroles que Moché adressa à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch interprète ce verset allusivement.
"Voici les paroles que Moché adressa" = Moché n'a jamais tenu de paroles vaines, et tous ses propos concernaient uniquement la Torah et étaient empreints de sainteté, en accord avec l'affirmation de nos Sages (guémara Yoma 19b) selon laquelle : "Quiconque entretient une conversation profane transgresse une mitsva positive, comme il est écrit : "Et tu en parles" (védibarta bam) = tu parleras [de Torah] et non pas de paroles vaines, inutiles (dévarim bétélim).

-> Le Tiférét Chlomo s'étonne : Moché était âgé de 80 ans avant le don de la Torah, et selon l'enseignement de nos Maîtres, il était roi en Ethiopie (après avoir fui l'Egypte).
=> Comment dire qu'il a tenu durant toute sa vie des propos de Torah, et qu'il n'a jamais discuté d'autre chose?

En réalité, lorsque nous tendons et aspirons à servir D., même le reste de nos préoccupations concernant nos besoins matériels entrent dans le cadre de la "Torah".
=> Si nous sommes animés uniquement par le désir d'accomplir la volonté de D., tous nos gestes quotidiens (même le plus banal!) entrent alors dans une catégorie des paroles de la Torah.

"Ce qui sera trop difficile pour vous, approchez-le de moi et je l'écouterai" (Dévarim 1,17)

-> Le 'Hatam Sofer dit que dans ce passage se cache une allusion aux paroles de la guémara (Taanit 7a) : "J'ai appris beaucoup de mes maîtres, de mes collègues plus que de mes maîtres, et de mes élèves plus que tous".
Rachi explique : "De mes élèves plus que tous" = parce que les élèves soulèvent des objections et posent des questions.

Au début, la vérité est cachée même aux yeux du maître, mais quand il donne des explications à l'élève, celui-ci trouve matière à interroger et objecter, et par ce processus le maître se rapproche de la vérité, qui lui était cachée auparavant.

C'est ce que dit le verset : "ce qui sera trop difficile pour vous", au moyen des difficultés que vous objecterez, "approchez-le de moi", la chose se rapprochera de moi, "et je l'écouterai" dans ma tête pour le comprendre parfaitement.

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+ "Ce qui sera trop difficile pour vous, approchez-le de moi et je l'écouterai" (Dévarim 1,17)

-> A ce sujet, le Ramban donne l'explication suivante :
Voici le principe en ce qui concerne toute chose dont on ne sait pas si elle est permise et convenable ou non : nous pourrons l'analyser en nous éloignant du plaisir que cette chose procure. Alors, nous envisagerons le sujet de manière juste et saurons si telle est la volonté de D.

C'est la signification du verset :
- "Ce qui sera trop difficile pour vous" = une chose dont vous ignorez si elle est autorisée,
- "approchez-le de moi" = afin que toutes vos actions et vos considérations soient uniquement pour le Nom Divin.

"Il y a 11 journées depuis le 'Horév" (Dévarim 1,2)

La majorité des commentateurs sont d'avis que le mont 'Horév est un autre nom pour le mont Sinaï.

-> Le Kli Yakar trouve une allusion dans ces 11 jours : ils sont à mettre en parallèle avec les 11 jours de l'année où nous prenons le deuil pour la destruction du Temple.
Il s'agit des 9 jours du mois de Av, du 17 Tamouz, et du 10 Tévét.

[sans le Temple, nous ne pouvons pas accomplir la totalité des mitsvot de la Torah. Ainsi, ces 11 jours de destruction du Temple, symbolisent notre éloignement avec la Torah entière comme reçue au mont Sinaï.]

"Voici les paroles (élé aDévarim) adressées par Moché à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Le Sfat Emet disait : le livre de Dévarim est comme les "téfilin chél yad" (téfilin du bras), dont toutes les parachiot sont rassemblées dans un seul boitier, alors que les 4 autres livres de la Torah sont comme les "téfilin chél roch" (téfilin de la tête), où les 4 parachiot sont disposées dans 4 boîtiers.

Le 5e livre de la Torah s'appelle : "Dévarim" (paroles), parce qu'en son début et à sa fin on trouve beaucoup de paroles de remontrance, dont le but est de rapprocher et d'attacher les cœurs des juifs à la Torah, comme les téfilin du bras, avec lesquels nous accomplissons : "vous les attacherez" en face du cœur.

"Nous savons que Hachem prend chaque bonne action que nous faisons, et la transforme dans l'édifice du Temple.

En réalité, lorsque le machia'h viendra, chacun de nous pourra véritablement voir ses briques ou ses pierres personnelles qui auront été ajoutées grâce à ses mitsvot."

[le Divré Yé'hezkel - rav Yé'hezkel Halberstam]

"Jérusalem a commis une faute, c'est pourquoi elle est comme une nida" (Eikha 1,8)

=> Pourquoi l'éloignement entre Hachem et Jérusalem est comparé à celui d'une nida?

C'est qu'une "nida", bien qu'elle soit interdite à son mari, n'a pas l'interdiction de s'isoler avec lui, ce qui n'est pas le cas pour les autres femmes interdites par la Torah, avec lesquelles on n'a pas le droit de s'isoler.

=> c'est une allusion au fait que pendant la séparation et l'exil entre Israël et Hachem, Hachem continue à s'isoler avec Son peuple, même dans le pays de ses ennemis.
En effet : "partout où ils (les juifs) sont exilés, la Présence Divine est exilée avec eux" (guémara Méguila 29a).

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+ Jérusalem : A l'image d'une femme impure ...

-> "Jérusalem est devenue parmi eux comme une femme impure" (méguilat Eikha 1,17)

-> Selon Rav (guémara Ta'anit 20a), c'est une bénédiction :
"De même qu'une femme redevient permise à son mari (après sa purification), Jérusalem aura un remède, elle aussi"

-> Selon le Méchekh 'Hokhma :
"Les nations du monde, elles, comparent Jérusalem à une femme nida, dont l'impureté naît dans son propre corps.
Affirmant que l'âme juive est corrompue de l'intérieur, par conséquent, les non-juifs ne nous laissent pas nous rapprocher d'eux et nous assimiler.
Le fait qu'ils nous considèrent comme une femme nida, est une bénédiction pour nous!"

[Nos Sages disent : "Nous désirons accomplir Ta volonté, mais le levain de la pâte (le mauvais penchant) et l'assujettissement aux autorités étrangères nous en empêchent" (guémara Béra'hot 17a).]

-> Selon Rabbi Chmouël Aharon Rubin (cité dans le Talelé Orot) :
D. nous punie pour notre bien, afin de nous purifier par l'expiation de nos péchés.
Nos Sages déclarent : "De même que le levain est bon pour la pâte, les sangs sont bons pour la femme ; celle qui a des pertes de sang (menstruel) abondantes aura de nombreux enfants".
Les juifs ont été comparés à une femme nida pour laisser entendre que leurs épreuves : "leurs sangs abondants", apparaîtront en définitive comme une bénédiction : ils doivent passer dans le creuset de la souffrance avant la délivrance ultime.

Rabbi Méïr dit : "Pour quelle raison la Torah a-t-elle déclaré qu’une femme ayant ses règles sera considérée comme impure durant 7 jours ?
Afin que (son mari) n’en vienne pas à se lasser d’elle et à la mépriser.
La Torah a donc déclaré qu’elle resterait impure 7 jours, afin qu’elle soit chaque fois chère à ses yeux comme le jour de leur mariage." (guémara Nidda 30b)

Quand la période d'impureté est plus longue, par exemple, après un accouchement, elle est alors suivie d'une longue période de pureté.
Il en va de même pour les juifs : après leur 1er exil de 70 ans, le retour en terre d'Israël fut relativement court (période du 2e Temple) ; et les jours d'impureté de la nation revinrent assez rapidement.
=> Après notre exil qui dure depuis plus de 2 000 ans, la délivrance sera ... éternelle ; il n'y aura plus jamais d'impureté.

"Ainsi parle Hachem : Le jeûne du 4e mois et le jeûne du 5e, le jeûne du 7e et le jeûne du 10e mois seront changés pour la maison de Yéhouda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles" (Zé'haria 8,19)

Nous avons une assurance que ces 4 jours où nous jeûnons actuellement seront transformés en jours de joie, lorsque le Temple sera reconstruit, très bientôt b'h.

Dans le texte : "fêtes solennelles" s'écrit : "moadim tovim" (מֹעֲדִים טוֹבִים).
Durant le 9 Av, nous lisons la méguilat Eikha (איכה), qui décrit la destruction de Jérusalem.

Le rav Moché Wolfson fait remarquer que lorsque nous écrivons pleinement chacune des lettres du mot Eikha, on a : הא יוד כף אלף, cela a la même guématria que : מֹעֲדִים טוֹבִים (soit 237).

[dans la Torah, la 1ere apparition de la lettre : "tav" (ט) est dans le mot : tov (טוב - bon).
Par ailleurs, selon nos Sages, celui qui voit en rêve la lettre : ט, peut s'attendre à ce que de bonnes choses lui arrivent.]

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-> Hachem a laissé éclater Sa colère sur le bois et les pierres (midrach Béréchit rabba 42,3).
Ainsi, au lieu de détruire les juifs pour leurs fautes, Il a redirigé Sa colère sur le Temple et a expié nos fautes par sa destruction.

-> Le 'Hida (dans son Na'hal Eskol) enseigne qu'à chaque 9 Av, lorsque nous nous asseyons par terre, nous pouvons ressentir cette étreinte, cette embrassade de Hachem.

["Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction." (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1)
Ainsi, chaque année, c'est comme si de nouveau nous étions exilés, et que notre Temple partait réellement en fumée, devant nos yeux.
Mais le 'Hida dit que se trouve là notre consolation : Hachem nous aime tellement qu'avant de nous voir partir en exil, Il nous prend dans Ses bras, symbolisé par le fait qu'Il met toute Sa colère sur les pierres du Temple.]

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-> La lettre : ט, s'écrit de façon pleine : טית.
Le rav Moché Wolfson fait remarquer que : טית באב a une guématria (avec le kolel) de : 424, qui est la même que : משיח בן דוד (Machia'h ben David).

-> Le jour où le Temple a été détruit, le machia’h est né.
[midrach Eikha rabba 1,51]

-> "A partir du moment où le Temple a été détruit, le Machia’h est né."
[Midrach Abba Gorio ]

-> On a demandé au rabbi Pin'has de Korets : "Quel est le sens du midrach selon lequel machia'h est né le 9 Av, le jour où le Saint Temple a été détruit?"

Il a répondu :
"Une graine qui a été semée dans la terre doit pourrir avant qu'un épi de maïs apparaisse.
Elle doit devenir absolument rien avant d'acquérir une nouvelle identité.
Dans la Kabbala, ce principe de changer de forme est appelé : "Enlever une forme et acquérir une forme" (Pochét Tsoura vélovèch Tsoura), lequel nous enseigne que chaque chose dans les mondes matériels ou spirituels est en perpétuel changement de forme à travers le cycle de la mort et de la renaissance.

Ainsi, le jour du 9 Av, le jour de la destruction, le point d'annulation totale a été atteint. C'est en ce jour-là que le potentiel de la Rédemption a germé.
Ce jour-là, chaque juif reçoit une injection de nouvel espoir et de vitalité.
C'est en ce jour que machia'h est né."

[rabbi Pin'has de Korets - Imré Pin'has - Shabbath ouMoadim 365]

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-> "Rabbi Akiva marchait avec quelques Sages, et lorsqu'ils sont arrivés sur le mont du Temple, ils ont vu un renard qui sortait du Saint des Saints.

Eux se sont mis à pleurer, et rabbi Akiva s'est mis à rire.
Ils lui ont dit : "L'endroit à propos duquel il est écrit : "l'étranger qui s'approchera sera mis à mort", maintenant des renards, et nous ne pleurions pas?"

Rabbi Akiva leur a répondu : "C'est pour cela que je ris. Maintenant que s'est réalisé le verset : "Sion sera labourée comme un champ", le verset : "des vieux et des vielles s'assiéront encore dans les rues de Jérusalem" doit s'accomplir également."

Ils lui dirent : "Akiva, tu nous as consolés, Akiva, tu nous as consolés".
[guémara Makot 24]

=> Rabbi Akiva leur a répondu : c'est vrai qu'il a lieu de pleurer sur la destruction, mais ce sont précisément les jours de destruction qui marquent le début d'une nouvelle délivrance qui viendra très rapidement de nos jours. Amen!

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-> Le Ben Ich 'Haï écrit que les mois de l'année ont été divisés en héritage à nos ancêtres.
Yaakov a reçu les mois de Nissan, Iyar et Sivan, tandis que Essav a pris : Tamouz, Av et Elloul.
Par la puissance de la téchouva, Yaakov a pu récupérer le mois d'Elloul, ne laissant que Tamouz et Av sous le contrôle de Essav.
Ainsi, il n'est pas étonnant que les 2 mois contenant le plus de calamités et de tragédies pour les juifs soient : Tamouz et Av.

Sur une note positive, Av (littéralement = père) reviendra en la possession de Yaakov, et il deviendra le "père" de tous les autres mois de l'année.
Il est écrit : "Donne-nous des jours de satisfaction aussi longs que les jours où tu nous as affligés" (Téhilim 90,15).

=> Le fait que de nombreux malheurs se soient passés durant ce mois d'Av, prouve qu'il y aura finalement bien davantage de positif qui en sortira que des autres mois.
En effet : "Ceux qui ont semé dans les larmes, récolteront dans la joie!" (azor'im bédim'a, bérina yiktsorou - Téhilim 126,5).

[ainsi, au cœur de cette période de deuil/lamentation, réside en réalité la plus grande des consolations : nous semons des larmes qui vont nous produire des récoltes éternellement joyeuses!
Si nos moments difficiles sont bien exploités, alors il peut en ressortir nos plus grandes joies!]

"Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Rachi (v.1,1) : "Etant donné que ce qui va suivre est constitué par des remontrances, et que le texte énumère ici tous les lieux où ils ont irrité Hachem, il les dissimule et ne les cite que par allusions, afin de ménager l'honneur d’Israël."

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berdichev enseigne que devant le peuple juif ("à tout Israël"), Moché a fait des remontrances de façon allusive et en toute intimité.
Cependant, lorsqu'il parlait avec Hachem, Moché ne mentionnait pas les fautes du peuple.
Au contraire, il faisait des éloges et parlait beaucoup de leurs traits de caractère élevés, afin de susciter la miséricorde de D. sur Sa nation.

-> Ainsi, Moché nous apprend que la meilleure façon de faire des remontrances consiste en des allusions, amenées avec respect et en lui préservant son honneur.
A ce moment-là, elles peuvent avoir une influence sur la personne à qui l'on s'adresse.

Le mot "remontrances" (tokhé'ha) provient de la racine : "tokh" (intérieur), car son rôle est de faire pénétrer les paroles à l'intérieur du cœur de l'homme.
[l'essentiel n'est pas : "c'est bon j'ai fait ma part en le lui disant", mais plutôt l'essentiel est de faire le maximum pour que cela ait des chances de pénétrer en cette personne!]

Le Gaon de Vilna (michlé 9,8) compare la remontrance à un miroir, qui reflète le visage de l'homme et au moyen duquel il peut distinguer toutes les tâches et tous les soupçons de saleté présents sur son visage, et ainsi s'en débarrasser.
[on doit mettre la personne à l'aise, afin qu'elle soit dans de telles conditions qu'elle n'aura pas honte à se voir imparfaite dans le miroir. Le but est qu'elle soit encore plus magnifique, et non pas de lui causer publiquement de la honte!]

La remontrance est si importante que nos Sages l'ont comptée parmi les 48 qualités par lesquels on acquiert la Torah ("Celui qui aime les remontrances" - Pirké Avot 6,6).
Malgré son niveau incroyablement élevé, le Gaon de Vilna n'a pas hésité à demander et 0 payer son ami le Maguid de Doubno, pour qu'il lui fasse des réprimandes, lui adressant constamment des critiques sur ce qu'il devait corriger.
C'est uniquement ainsi qu'un homme peut se construire spirituellement, et ajouter de la perfection à sa perfection.
En effet, comme l'homme ne se voit à lui-même aucune imperfection, il a besoin d'entendre les paroles de critique d'autres personnes, qui seules peuvent distinguer ses défauts (que l'on peut même en venir à considérer comme des qualités!).

-> La guémara (Shabbath 119) affirme qu'une des raisons qui a provoqué la destruction du Temple, est que les gens ne se réprimandaient pas mutuellement.
On a l'habitude de lire la paracha Dévarim juste avant le 9 Av, pour nous apprendre qu'on peut construire Jérusalem par la mitsva de la remontrance, qui doit se manifester avec la plus grande douceur et gentillesse.

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-> "Ne réprimande pas le railleur, car il te haïrait ; fais des remontrances au sage, et il t'en aimera davantage" (Michlé 9,8)

Le Chla haKadoch (sur le verset v.1,13 : "des hommes distingués, sages, doués de discernement") rapporte que le roi Chlomo veut dire : "Ne réprimandez pas une personne en se référant à lui comme à un railleur ; mais plutôt, réprimande-le d'une telle façon qu'il puisse penser qu'on le considère comme une personne intelligente, sage, et que c'est indigne de son haut rang d'agir ainsi.
De cette façon, il va t'aimer et accepter tes mots.

=> Faire de l'autre une personne importante, c'est l'encourager à agir en adéquation avec cela.

-> Par exemple, le rabbi Avraham Twerski rapporte que trop souvent les parents crient sur leurs enfants : "Tu n'es qu'un bon à rien! Comment peux-tu être aussi bête et paresseux?"

Un enfant qui va grandir en entendant de façon répétée de telles remarques, va petit à petit les absorber jusqu'à être persuadé d'être un sot et un paresseux, et va donc prendre des décisions dans sa vie qui reflète la faible image qu'il a de lui.
Il pourra même devenir totalement dépendant aux marques d'honneur, de respect, que l'environnement pourra lui témoigner, pour dépasser ce manque d'estime de soi.
[il vit alors pour le regard des autres, et plus pour lui-même!]

A l'opposé de cela, le père de rabbi Twerski lui disait : "Ce que tu as fais n'est pas approprié pour quelqu'un d'aussi formidable et extraordinaire que toi."
Le message était : qu'il est un enfant incroyable avec un énorme potentiel, qui doit juste se concentrer à utiliser son énergie comme il le faut.

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-> Un jour le rav Eliyahou Lopian a dit à l'un de ses élèves qui arrivaient souvent en retard à la prière :
"Cela me fait tellement de peine de voir ton manque d'enthousiasme envers la prière. Si seulement tu pouvais savoir combien je t'aime et à quel point je m'inquiète pour toi, alors je t'aurai puni.
Mais je vois que tu es inconscients de mon amour et de ma préoccupation pour toi, donc je ne me sens pas à l'aise de te punir".

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-> b'h, Nous allons voir un développement du rabbi Yérou'ham Lébovitch ('Hokkhma ouMoussar).

A de nombreuses reprises, Moché a réprimandé le peuple d'Israël, mais à chaque fois il a terminé ses propos par une bénédiction.
En effet, celui qui rappelle aux gens leurs fautes ne doit pas les désespérer en les accablant et en les enfermant dans leurs péchés.

L’objectif de la réprimande est de les aider à se corriger et à se repentir. Il faut que tout le reproche soit orienté dans l'esprit de s'améliorer, mais jamais de ne montrer que le mal et la faute.
Il est fondamental d’ouvrir la porte au repentir.
L’issu doit être positive et lumineuse.

[par la téchouva tu peux effacer tout le "mal", et vu que tu es quelqu'un d'exceptionnel, il ne restera alors que de l'exceptionnel.]

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-> Il est écrit : "Réprimande ton prochain et ne fais pas porter la faute sur lui" (Kédochim 19,17).
=> Que signifie : "Ne fais pas porter la faute sur lui"?

Comme on vient de le voir, toute la réprimande doit être dirigée vers le repentir et l’amélioration du fauteur.
Le but est qu’il finisse par prendre le dessus sur sa faute et s’en dégager.

[il est quelqu'un d'exceptionnel, c'est uniquement sa faute qui est détestable, qui fait tâche, et il doit s'en s'en débarrasser, faire téchouva.]

Jamais une réprimande ne doit accabler et désespérer une personne.
Certes, tu dois réprimander ton prochain, mais surtout : "ne fais pas porter la faute sur lui", c'est-à-dire : ne lui suggère jamais que la faute est au-dessus de lui, qu’elle est trop lourde pour lui et que finalement, il ne s’en dégagera jamais.

=> Montre que c’est lui qui est au dessus de la faute, et qu’il pourra la maîtriser et s’en dégager.
C’est cela l’objectif de toute réprimande.

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+ "Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> "Cela nous enseigne qu'ils étaient capables de supporter les réprimandes"
[midrach Yalkout Chimoni sur le v.1,1]

-> Rachi (v.1,3) : "Yaakov n'a adressé des remontrances à ses fils qu'à l'approche de sa mort. Il a dit : "Reouven, mon fils! Je vais te dire pourquoi je ne t'ai pas adressé de remontrances pendant toutes ces années : C’est pour que tu ne me quittes pas pour aller t'attacher à mon frère Essav". "

=> Nous devons beaucoup nous inspirer de ce Rachi.
Avec nos proches, et en particulier nos enfants, nous avons certes un devoir de réprimander ce qui ne va pas, mais nous devons savoir nous tempérer et ne pas être trop dur.
En effet, parfois pour se soulager la conscience nous "vidons notre sac" (c'est bon, je le lui ai dis, je ne peux pas faire plus!).
Mais cependant, si nous voulons réellement le bien de l'autre, ce n'est pas toujours la meilleure stratégie à adopter.

Le silence peut être plus bénéfique que la parole.
Beaucoup d'amour, beaucoup de valorisation de l'enfant, font beaucoup plus dans notre génération qu'une multitude de réprimandes.

-> Un midrach rapproche le terme "Dévarim" (les paroles de réprimande), du terme "dévorim" (דבורים), signifiant : "des abeilles".
=> Nous devons faire en sorte que la piqûre inévitable dans une réprimande soit la moins douloureuse possible (on pique là où ça fait mal chez l'autre, sur son mauvais comportement).

Nous devons également nous assurer que de notre démarche, il n'en ressorte que du miel, et pas de l'aigreur (voir pire).

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-> "Que Hachem, le D. de vos pères, vous ajoute comme vous un millier de fois" (Dévarim)

-> Le rav Leibele Eiger de Lublin (petit-fils de rabbi Akiva Eiger) explique ce verset : Quand Moché a vu que le cœur des juifs se brisait à cause de ses remontrances, il a eu peur qu'ils tombent dans la tristesse, c'est pourquoi il leur a immédiatement dit : "Que Hachem vous ajoute comme vous un millier de fois", c'est-à-dire bien que je vous ai réprimandés, je voudrais qu'il y en ait beaucoup comme vous, des juifs droits, pendant toutes les générations ..."

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-> Au sujet de la réprimande, b'h, voir aussi : https://todahm.com/2019/07/07/9477

Nos Sages ont enseigné qu’Avraham a ouvert la porte pour les convertis.
Et si déjà il a permis qu’un véritable non-juif puisse avoir la possibilité de devenir un juif véritable, alors encore plus a-t-il ouvert la porte à un juif qui a commis même de très grandes et nombreuses fautes de pouvoir se repentir et se rapprocher d’Hachem.
Avraham a rendu possible même cela, et il n’y a donc jamais lieu de désespérer.

[le Beit Avraham]