Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Par un chemin il (ton ennemi) sortira contre toi, et par 7 chemins il fuira de devant toi" (Ki Tavo 28,7)

Ce verset fait allusion à la confrontation du peuple juif avec les descendants de Yichmaël dans la période pré-messianique (que nous vivons).
En effet, Yichmaël peut se revendiquer être uniquement le descendant d'Avraham, et par ce mérite, il sort contre toi en escomptant te vaincre.

C'est ce que suggère le verset : "Par un (seul) chemin il sortira contre toi", par le mérite d'être le descendant d'un seul tsadik : Avraham.
Mais, "par 7 chemins il fuira de devant toi", car le peuple d'Israël dispose du mérite des 7 tsadikim, que l'on appelle les 7 bergers (Avraham, Yits'hak, Yaacov, Moché, Aharon, Yossef et David).
=> Par le mérite de ces 7 Justes, tu auras la victoire contre lui et il fuira de devant toi.
[l'Admour de Bobov]

La guéoula dépend de notre amour pour la terre d’Israël

"La guéoula dépend uniquement de l'amour que les juifs témoignent à la terre d'Israël.
Le plus ils la chérissent, le plus vite la guéoula arrivera."

[rabbi Yissa'har Shlomo Teichtal - Ein haBanim Sémé’ha]

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-> En vérité, Jérusalem sera reconstruite quand les enfants d’Israël en auront une nostalgie extrême, à tel point, qu’ils chériront ses pierres et sa poussière."
[Rabbi Yéhouda haLévi – le Kouzari 5,27]

"Tu seras une source de bénédiction" (Lé'h Lé'ha 12,2).

Le Kli Yakar commente : "C'est parce que tu t’attaches à ... [la terre d'Israël], la terre à partir de laquelle les bénédictions se répandent sur le monde, et qui est la source de toutes les bénédictions.
C'est pourquoi, en s'attachant à l'endroit qui est la source de toutes les bénédictions, alors toi aussi tu pourras être la source de toutes les bénédictions".

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-> "Quiconque vit en terre d’Israël est semblable à quelqu'un qui a un D., et quiconque vit ailleurs est semblable à quelqu'un qui n’a pas de D."
[guémara Kétoubot 110b]

Le Kli Yakar (Chémot 6,6-8) explique que l'éloignement/distanciation de la Présence Divine [avec les juifs] est lié à leur séparation avec la terre [d'Israël], puisqu'ils sont interdépendants (Hachem et la terre d'Israël) ...
C'est pourquoi lorsque la séparation s'inverse [que les juifs s'attachent à Israël alors] ils méritent que la Présence Divine s'attache à eux.

[plus nous sommes proches de Hachem, plus nous méritons des bénédictions.
Ainsi, plus nous sommes proches de la terre d'Israël, plus nous sommes automatiquement proches de Hachem, et nous méritons des bénédictions.]

"La Torah et la terre d'Israël sont entrelacées, liées de façon inséparable, et tout celui qui délaisse la terre d'Israël délaisse la Torah."

[rabbi Yaakov Emden (le Yaavets) - Siddour beit Yaakov]

"Nous avons crié vers Hachem ... et Hachem écouta notre voix" (Ki Tavo 26,7)

Nos Sages enseignent que quand un juif se trouve dans un malheur, Hachem est avec lui et souffre Lui aussi de sa peine.
Ainsi, quand il priera pour qu'Hachem le sauve, il devra prier essentiellement pour être sauvé de sorte qu'Hachem cesse de souffrir.
L'intention première à avoir c'est de soulager la Présence Divine de Sa souffrance. Et si l'homme se comporte ainsi, alors Hachem aura aussi la même attitude en sa faveur et Il le délivrera dans l'intention de sortir l'homme de sa peine.
En effet, mesure pour mesure, si l'homme pense à Hachem, alors Hachem pensera à lui.

Cela est en allusion dans ce verset : "Nous avons crié vers Hachem", c'est-à-dire que notre intention dans notre prière était tournée "vers Hachem", pour qu'Il cesse de souffrir. Et alors, "Il écouta notre voix", et décida de nous sauver pour alléger notre peine.
[Ma'hachevet Na'houm]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi

"Tu feras ce qui est droit et bon aux yeux de Hachem, afin qu'il te soit fait du bien.
Tu viendras et prendras possession du bon pays à propos duquel Hachem a juré à tes pères." (Vaét'hanan 6,18)

-> Le Malbim commente : "Ceci est l'intention principale et le désir de Hachem."

[nous voyons d'ici à quel point D. souhaite que nous fassions notre alyah!]

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-> Hachem dit : "Si seulement Mes enfants étaient avec Moi en terre d'Israël, et ce même s'ils y fautent"
[midrach Eikha rabba 3,7]

"Sans la Torah [et son étude], les Cieux et la terre n'existeraient pas."

[guémara Pessa'him 68b]

Ce que notre yétser ara fait passer pour de simples mots [d'un autre temps], permet au monde d'exister.
Nous ne nous rendons pas compte d'à quel point chaque seconde d'étude de la Torah apporte de la vie, de la bénédiction au monde!

"Le 7e jour, le chef des enfants d'Efraïm, Elichama fils d'Amihoud" (Nasso 7,48)

=> Pourquoi le chef de la tribu d'Efraïm a apporté son offrande le 7e jour (soit le Shabbath)?

Lorsque Yossef est venu en Egypte, il y a été vendu comme esclave à la maison de Potifar.

La Torah nous relate qu'un jour il est venu à la maison afin de faire son travail, et que la femme de Potifar l'a pressé de commettre une faute.
Yossef en est devenu très effrayé, et il s'est enfui.

Selon le midrach (Yalkout Shimoni 146), c'était le jour du Shabbath, et il venait à la maison faire "son travail", qui était d'étudier et de revoir la Torah que son père lui avait enseigné.

Selon la guémara (Sanhédrin 43b), lorsqu'une personne résiste et domine le mal, c'est équivalent au fait d'offrir un sacrifice.

=> Ainsi, puisque Yossef a "offert" un sacrifice à Shabbath, Hachem l'a récompensé en faisant que son descendant (le chef de la tribu de son fils) pouvait apporter un sacrifice pour l'inauguration de l'Autel, à Shabbath.

Par ailleurs, selon le midrach rabba (14,2), Yossef a observé le Shabbath en Egypte avant qu'il ne soit donné.
On l'apprend du verset : "... (ha'hèn - הָכֵן) ..." (Béréchit 43,16)
Le mot ha'hèn est essentiellement utilisé afin d'exprimer une préparation pour Shabbath, comme on peut le déduire du verset : "le 6e jour ils préparent (hé'hinou - הֵכִינוּ) ce qu'ils auront apporté" (Chémot 16,5).

Ainsi, Hachem lui a dit : "Yossef, tu as observé Shabbath avant que la Torah ne soit donné, Je te promets que Je vais te rembourser en permettant à ton petit-fils de présenter son offrande le jour de Shabbath.
Et ce, malgré le fait qu'il soit normalement interdit à une personne individuelle d'agir ainsi, je vais accepter favorablement son offrande."

=> Mais, n'est-il pas curieux que la récompense de l'observance du Shabbath par Yossef, est une profanation (permise) par son petit fils?

D. a donné le Shabbath et nous a ordonné de le sanctifier.
Ceci s'accomplit en se retenant de tous les travaux interdits, comme le fait d'y apporter un sacrifice individuel.
Il existe cependant des sacrifices [collectifs] que nous devons offrir durant Shabbath.
Ainsi, d'une manière évidente, une offrande demandée par Hachem n'est pas une profanation du Shabbath, mais c'est un moyen de développer la sainteté du Shabbath.

C'est pourquoi la récompense de Yossef, a été, malgré le fait que normalement l'offrande individuelle soit interdite Shabbath, Hachem a donné l'autorisation à son petit-fils d'en offrir en ce jour, qui va alors permettre d'accroître et d'élever la sainteté du Shabbath.

Source (b'h) : traduction personnelle d’un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

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A propos de l’inauguration du Michkan par les Princes (néssi'im) des Tribus, il est écrit : "Au 7e jour, le Prince des enfants d'Efraïm, Elichama fils d'Amihoud" (Nasso 7,48).
=> De quel "7e jour" s’agit-il?

-> Rabbénou Bé’hayé rapporte les 2 points de vue :
celui du sens littéral = c’est le 7e jour de l’inauguration du Michkan ;
et celui du sens allégorique = c’est le 7e jour de la semaine : le jour du Shabbath.

=> Selon cette dernière opinion, une question se pose : Pourquoi le descendant de Yossef reçut-il l’autorisation d’offrir des Sacrifices privés (appartenant à un particulier [ya'hid - יחיד]) le Shabbath (jour durant lequel, seuls les Sacrifices communautaires sont habituellement offerts)?

On peut citer les 2 réponses suivantes :
1°/ il est écrit : "Yossef, apercevant parmi eux [ses frères] Binyamin, dit à l’intendant de sa maison: ‘Fais entrer ces hommes chez moi; qu’on tue des animaux et qu’on prépare (Véa'hén - והכן) [les repas], car ces hommes dîneront avec moi’." (Mikets 43,16).
Ce soir-là était Shabbath, car il est dit : "Et qu’on prépare (Véa'hén - והכן)". Or, ce terme n’est employé qu’à propos du Shabbath, comme il est dit : "Le 6e jour, lorsqu’ils prépareront (Véhékhinou - והכינוּ) [pour le Shabbath] ce qu’ils auront apporté" (Béchala'h 16,5).
Ainsi, Hachem a dit à Yossef : "Tu as observé le Shabbath en Egypte avant que Je ne t’ordonne de garder ce saint jour [Lorsque tu as invité tes frères à dîner dans ton palais, tu as demandé à ton fils Ménaché de préparer les repas le vendredi]. En retour, J’honorerai ton descendant en lui permettant d’apporter son Sacrifice [personnel], un jour de Shabbath" [voir midrach Tan’houma Nasso 28].

Bien que les Patriarches aient observé le Shabbath avant même qu’il ait été institué, au même titre que toutes les autres mitsvot, Yossef fut le premier qui instaura le principe de la préparation du Shabbath. Ainsi, son descendant eut le privilège d’offrir son Sacrifice d’inauguration le jour saint.
La raison est double : d’une part, l’inauguration du Michkan fut aussi une préparation pour le Service divin, d’autre part, en instaurant la préparation du Shabbath pour l’ensemble du peuple juif, Yossef donna à son descendant le mérite d’offrir un Sacrifice que l’on peut considérer comme "communautaire", et donc autorisé à offrir le Chabbath. [Divré Yoël]

2) Le midrach (Bamidbar Rabba 14,3) enseigne : "Yossef craignait D., comme il est dit : ‘Comment puis-je commettre ce si grand méfait (céder aux avances de la femme de Potifar) et fauter envers le Seigneur?’ (Vayéchev 39,9).
Yossef a honoré Hachem en refusant de la toucher [la femme de son maître] en raison de sa crainte de D. Hachem lui a dit : ‘Par ta vie, Je récompenserai ton descendant [le Prince de la Tribu d’Efraïm] en l’honorant. Ainsi, lui permettrai-Je d’offrir son Sacrifice [d’inauguration] en Mon saint Jour [le Shabbath] sans que cela lui cause le moindre préjudice [bien que ce soit un Sacrifice individuel habituellement prohibé le Shabbath], comme il est écrit : ‘Au 7e jour, le Prince des enfants d’Efraïm’."

A ce propos, le midrach (Yalkout Chimoni Nasso Simane 715) interprète le nom du Prince de la Tribu d’Efraïm (Elichama Ben Ammihoud) comme faisant allusion aux actions vertueuses de Yossef.
- Eli Chama (אלי שמע) = Hachem a dit : "Yossef M’a écouté" (Eli Chama – אלי שמע) plutôt que de prêter l’oreille aux avances de la femme de Potifar"
- Amihoud (עמיהוד) = Hachem a dit : "La splendeur de Yossef fut avec Moi (imi aya odo - עמי היה הודו) et non pas parmi les réchaïm» (le cercueil de Yossef était porté au côté de celui de l’Arche Sainte).

=> Pour quelle raison le Prince de la Tribu d’Efraïm apporta-t-il son Sacrifice le septième jour, tandis que ce n’est que le 8e jour que le Prince de la Tribu de Ménaché apporta le sien?
En effet, Ménaché étant l’ainé, et Efraïm le cadet des 2 fils de Yossef, il aurait été plus logique que ce soit la Tribu de Ménaché qui ait la préséance sur celle d’Efraïm.
Le Midrache (Psiketa Rabbati) nous en révèle la raison : "C’est parce qu’il se rapetissait, et qu’Hachem aime celui qui se fait petit. D. a dit: ‘Etant donné qu’il (Efraïm) s’est fait petit, il méritera de recevoir cet honneur’."

Il est écrit : "Il arriva, à une de ces occasions (où la femme de Potifar tentait de le séduire), qu’il vint dans la maison pour faire son travail" (Vayéchev 39,11).
Rachi rapporte le commentaire de la guémara (Sotah 36b) : "Rav et Chmouel sont en désaccord. L’un dit : pour faire son travail, au sens littéral. Quant à l’autre, il enseigne : pour satisfaire ses ‘besoins’ [c’est-à-dire: pour avoir des rapports avec elle]. Mais l’image de son père lui est apparue".
Le dernier avis est difficile à comprendre : Comment Yossef pouvait-il avoir l’intention de fauter avec la femme de Potifar?
Yossef, de par sa piété, considérait, contrairement à ses frères, qu’il avait le statut de Ben Noa’h (non-Juif) et non de Ben Israël. Or, un Ben Noa’h ne doit pas se laisser tuer si on l’oblige à transgresser un de sept Commandements dont il est tenu de respecter, quand bien même, il s’agirait des trois interdits pour lesquelles un juif doit se laisser tuer : le meurtre, les unions interdites et l’idolâtrie.
Ainsi, Yossef choisit, dans un premier temps, de céder aux avances de la femme de son maître, afin d’échapper à une menace de mort proférée par cette dernière.
Finalement, Yossef décida de sanctifier le Nom de D. (voir guémara Sotah 36b) en fuyant devant la femme de Potifar, afin de donner la force aux futures générations du peuple juif de surmonter l’épreuve des unions interdites.
C’est pourquoi il mérita que son descendant offre un Sacrifice d’inauguration, équivalent à offrande communautaire que l’on offre le jour du Shabbath. [Divré Yoël]
[feuillet de la communauté Sarcelles - 5780]

"Un jeune taureau, un bélier, un agneau pour holocauste ... puis, pour le sacrifice de rémunération, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux." (Nasso 7,15-17)

1°/ Pourquoi pour le sacrifice dit de l'holocauste (léola), on apporte uniquement un de chaque animal?

D'après le midrach, les chefs des tribus voulaient inclure dans leurs offrandes le mérite de chacun des patriarches :
-> le taureau représente Avraham, comme il est écrit : "Abraham courut au troupeau (de taureaux)" (Béréchit 18,7) ;
-> le bélier représente Its'hak, à qui un bélier a été sacrifié à sa place lors de la Akéda.
-> l'agneau représente Yaakov, comme il est écrit : "Ces agneaux, Yaakov les tenait à distance" (Béréchit 30,40).

Selon le Baal haTourim, les mots : "Avraham, Its'hak véYaakov" ont pour valeur numérique de : 644, qui est la même que : "par (taureau - פַּר), ayil (bélier - אַיִל ), kévès (agneau - כֶּבֶשׂ)" (avec le kolel, en comptant les 3 mots comme un).

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2°/ Pourquoi pour le sacrifice dit de rémunération (lé'hatat), on apporte une quantité de 5 de chaque animal?

Avraham a eu Yits'hak à l'âge de 100 ans.
Its'hak avait 60 ans lorsque Yaakov est né.
Puisqu'Avraham est mort à l'âge de 175 ans, il y a eu une période de 15 ans durant laquelle les 3 patriarches ont vécu ensemble.
=> Les 5 béliers, 5 boucs et les 5 agneaux, correspondent à ces 15 années.

Puisque le monde tient sur 3 piliers (la Torah, la Avoda et la guémilout 'hassadim), et que chacun des Patriarches était le prototype d'un de ces piliers, durant les 15 ans de leur vie commune, les fondations du monde étaient au maximum de leurs forces.

Source (b'h) : traduction personnelle d’un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

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-> "Il offrira son sacrifice à Hachem, un agneau d’un an"

Les dernières lettres de ces mots en hébreu forment le mot "techouva".
C’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’apporter un holocauste ni un sacrifice expiatoire, mais en même temps il faut se repentir totalement.

Le Nazir

+ Le Nazir (paracha Nasso) :

-> La Torah autorise un homme ou une femme à prendre volontairement le statut de "nazir", qui les soumet à 3 interdictions :
1°/ ne pas consommer des raisins ou des produits dérivés de la vigne ;
Le Ram'hal (Messilat Yécharim) dit que la Torah ajoute les dérivés de la vigne afin d'éviter que le nazir ne soit tenté par des aliments qui l'inciteraient à consommer la boisson interdite (le vin).
Il est important d'avoir des barrières personnelles autour des mitsvot négatives.

2°/ ne pas se couper les cheveux ;
Selon le Sforno, l'interdiction de se couper les cheveux aide le nazir à se débarrasser de l'envie de s'enorgueillir de sa beauté.
Le rav Shimshon Raphael Hirsch enseigne : "Le cheveu représente un facteur isolant pour le corps, parce qu'il le protège des éléments environnants.
En se laissant pousser les cheveux, le nazir érige une barrière entre lui et le monde extérieur, et peut ainsi vouer tous ses actes à D."

3°/ ne pas se souiller par une dépouille humaine.
Le nazir se soumet à un degré de sainteté, qui est selon la Torah incompatible avec ces activités interdites.

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+ "Tous les jours de son abstinence, il est saint (kadoch) pour Hachem" (Nasso 6,8)

=> Comment le nazir devient-il "saint"?

-> Chaque juif contient en lui une part de sainteté, son âme, portion Divine "provenant de sous Son trône de gloire", et c'est le fait de l'allier au corps et à la matière, qui va voiler cette spiritualité.

Ainsi, il suffit à l'homme de se séparer de la matérialité, de mettre un frein à ses appétits physiques pour que l'âme fasse surface et surgisse dans toute sa vigueur, et pour que la sainteté dissimulée en elle puisse s'exprimer bien davantage dans la réalité.
[Sfat Emet]

-> Le culte du corps constitue le fondement de ce que nous appelons : "la culture occidentale".
Mais la Torah suit quant à elle la voie radicalement opposée : l'homme doit concentrer tous ses efforts pour ne voir dans son corps qu'un instrument au service du spirituel, et nullement comme une source de jouissance.
En ce sens, la guémara (Nédarim 9b) rapporte comment une personne d'apparence magnifique est devenue nazir après avoir vue son reflet dans l'eau.

Le rav Chlomo Wolbe (Alé Chour) commente : qu'en voyant son beau reflet dans l'eau, cet homme sentit son mauvais penchant "bondir" en lui, et il était sûr que celui-ci tenterait de le faire trébucher. Il choisit alors de le combattre en devenant nazir, puisqu'au terme de sa période d'abstinence, il devra raser sa chevelure et la brûler pour D.
Cette décision prise dès les 1ers signes du mal, témoignait de la grande sainteté qui l'animait.

=> Nos Sages ne nous demandent pas de faire abstraction de notre corps et de nos pulsions.
Il ne faut pas nourrir les appétits du corps plus que le strictement nécessaire, et il faut élever spirituellement notre corps pour lui permettre d'accéder à l'éternité, au moment de la résurrection des morts.

Le nazir en se privant de matérialité va à l'encontre de la normalité de ce monde, et ancre d'à quel point nous devons tendre à dominer nos pulsions animal, pour permettre l'expression de toute la spiritualité qui est en nous.

[notre corps se libérant de ses pulsions animales, il peut alors se mettre au service de notre âme pour lui permettre de pleinement s'exprimer!]

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-> "Et ceci est la loi du Nazir : le jour où seront emplis les jours de son naziréat, il le fera venir (yavi oto) à l’entrée de la tente d’assignation" (Nasso 6,13)

La Torah détaille ce que le Nazir doit faire à la fin de son naziréat (durant lequel il ne but pas de vin et ne se coupa pas les cheveux). Les commentateurs soulignent l’emploi d’une expression inhabituelle : "il le fera venir" [pour parler de lui-même]. Il aurait été plus simple et plus logique d’écrire "il viendra".
=> Personne d’autre ne l’amène, alors à quoi la Torah fait-elle référence quand elle affirme qu’il soit "se faire venir"?

-> Le Messe'h 'Hokhma (Nasso 6,13) explique qu’un homme devient Nazir, parce qu’il sent que ses désirs le submergent, qu’il n’est plus maître de lui-même et qu’il a donc peur des conséquences du vin. Pour reprendre le contrôle de sa propre personne, de ses passions et de ses désirs, il devient Nazir et choisit de s’abstenir de vin.
=> Mais comment peut-il être sûr que son naziréat a atteint le but souhaité?
D'après le Messe'h 'Hokhma, quand il considère ses actes comme il verrait les actions d’autres personnes, c’est le signe que l’objectif a été réalisé. Celui qui est soumis à un désir ne peut pas se voir objectivement et ce n’est que quand il parvient à être neutre, intègre avec lui-même, qu’il peut s’estimer libre de ses désirs.

-> Le rav Yissa'har Frand enseigne :
Il utilise l’analogie suivante. Imaginez que vous soyez au restaurant ou à un mariage et que vous voyez quelqu’un se servir exagérément ; il ajoute, dans son assiette déjà pleine, d’autres mets, sans s’arrêter. Vous voyez bien que cette personne est en surpoids. Vous vous dites : "Pas étonnant qu’il ait des kilos en trop, regarde tout ce qu’il a mis dans son assiette". On voit tout de suite que cette personne souffre d’une alimentation déséquilibrée, il n’arrive pas à se maîtriser. Mais si l’on arrive à le voir de cette façon, c’est évidemment, parce qu’il s’agit d’une tierce personne.

Le naziréat est un processus dans lequel la personne doit reprendre le dessus au point de pouvoir se voir, à la fin du processus, comme quelqu’un de tout à fait différent de la personne qu’il était auparavant.
Par exemple, un ancien alcoolique se souviendra de son ancienne situation quand il verra un homme qui souffre encore de cette dépendance. « C’était moi, j’étais comme ça. Il me suffisait de sentir une boisson alcoolisée pour ne pas pouvoir m’empêcher de boire… Mais je ne suis plus comme ça, j’ai repris le dessus!"
[il est à noter que celui qui s’est défait d’une dépendance et qui est capable de voir les choses objectivement ne doit pas sous-estimer le danger de la rechute ; souvent une petite brèche risque d’enclencher un déclin spirituel qui le ramènera à ses anciennes mauvaises habitudes.]

Le Messe'h 'Hokhma rapporte ensuite une guémara (Nédarim 9b) concernant le Nazir.
Chimon Hatsadik était un Cohen qui témoigna n’avoir jamais consommé de sacrifice expiatoire provenant d’un Nazir à l’exception d’une fois. "Un jour, un Nazir arriva du Sud [et me demanda d’approcher pour lui un sacrifice]. Je lui ai demandé pourquoi il était devenu Nazir et il me répondit qu’étant berger, il alla une fois puiser de l’eau d’une source pour son troupeau. En voyant son reflet dans l’eau, son mauvais penchant s’éveilla. Le berger raconta : "Je lui ai dit : ‘Méchant! De quoi te vantes-tu? Je jure que je couperais tes cheveux en l’honneur du Ciel’."
En entendant ceci, Chimon Hatsadik se leva, embrassa le berger sur le front et lui dit : "Mon fils, je souhaite qu’il y ait beaucoup de gens comme toi en Israël qui font vœu de naziréat avec de si nobles motivations!""

=> Cette histoire est racontée de façon quelque peu étrange. Le Nazir parle de lui-même à la 3e personne. N’aurait-il pas été plus logique de dire : "Je me suis dit" plutôt que "Je lui ai dit"?
Le Bné ’Hiya répond que ce Nazir comprit qu’il était dominé par son yétser ara et il décida de changer, de devenir quelqu’un d’autre. Il fut capable de sortir de lui-même et de voir objectivement ce qui se passait. C’est pourquoi il parle de lui à la 3e personne.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute à cela :
Cette idée ne se limite pas aux gens très dépendants de leurs désirs, mais elle s’applique à plusieurs domaines de la vie. Le yétser ara s’évertue à empêcher l’individu d’analyser rationnellement la situation et utilise les passions et les désirs de l’homme pour troubler son objectivité.
Pour contrer ce piège du yétser ara, il faut être capable de prendre du recul et de réaliser que c’est le yétser ara qui s’adresse à lui et non le Sékhel (l’intellect). C’est le travail de toute une vie et pour y arriver, il faut l’accompagner d’étude de la Torah, d’étude du moussar et d’introspection.
=> Le Nazir est un homme qui, grâce à sa conscience (de ce que la Torah exige, de sa personne et de ses failles), peut sortir de lui-même et voir ce qu’il est devenu. Ce n’est qu’alors qu’il peut contrôler ses désirs et les utiliser pour le bien.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°266) enseigne :
"Le nazir se sanctifie dans ce qui lui est permis. Il évite de boire du vin, et il s’éloigne même de la vigne, pour ne pas en venir à un désir quelconque de boire du vin.
Cela signifie qu’il sert Hachem dans la joie sans boire du vin, mais en étudiant la Torah, car "les ordres de Hachem sont droits, ils réjouissent le cœur".
On trouve cette idée en allusion dans son nom : nazir (נזיר), qui est formé des lettres de ner et youd zayin.
Ner (lampe), ce sont les mitsvot, car "la mitsva est une lampe et la Torah est la lumière", et les lettres youd zayin ont la même valeur numérique que tov (bon), qui est la Torah, car il n’y a de bon que la Torah (Pirké Avot 6,3).
Cela signifie que le nazir se sanctifie par les mitsvot et l’étude de la Torah.

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-> Le rav Yéhouda Leib 'Hasman (Or Yahel - tome III) rapporte qu'à la fin de sa période d'abstinence, le nazir doit apporter 2 sacrifices (v.6,14) :
1°/ une offrande de paix (chélamim) = car il doit se réjouir d'avoir pu se rapprocher de son Créateur en ayant accompli le but de son existence : soumettre son cœur à sa raison, en se séparant des tentations matérielles.

2°/ une offrande de réparation ('hatat) = selon les mots du Ramban (v.6,11) : "parce qu'il retourne se souiller dans les tentations de ce monde".
En effet, comment cet homme, après s'être élevé à un niveau où : "la couronne (nézer) de son D. est au-dessous de sa tête" (v.6,7), peut-il rejeter cette couronne et se laisser de nouveau aller à la matérialité.

[en ce sens, le Ibn Ezra dit que le mot nazir (נָזִיר) est issu de la racine : "nézer" (couronne - נֵזֶר).]

=> Que doit faire l'homme qui a déjà approché D.?
Il doit continuer à s'élever, un degré après l'autre (centimètre par centimètre), sur l'échelle de la spiritualité.

-> Le Ibn Ezra (Nasso 6,2&7) écrit : "Ce que fait le nazir est extraordinaire, car la majorité des gens suivent leurs désirs, mais le vrai roi qui a une couronne (nézer en hébreu, racine du mot nazir) sur sa tête est celui qui est libre de tout désir".

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-> D'après le rav Gefen on peut rapporter :
Il y a 2 façons de se détacher de la matérialité, celle du Nazir et celle du Talmid ’Hakham.
1°/ La première est une privation qui provoque un inconfort.
Le rav Grodzinsky (Torat Avraham) dit que le Nazir agit correctement, il ressent un penchant malsain pour les plaisirs matériels et estime donc nécessaire de faire le vœu en question. Mais cette même action implique une notion de faute. En effet, D. a créé l’homme avec un corps et une âme, et il ne convient pas de négliger son corps. Notre tâche consiste à vivre dans le monde matériel tout en l’élevant. Le Nazir ressent qu’il ne peut pas y arriver sans s’abstenir de boire du vin. Il est donc appelé « saint », parce qu’il entreprend un processus important de purification, mais doit simultanément approcher une offrande expiatoire pour la souffrance causée à son corps

2°/ la seconde est celle du Talmid ’Hakham ne ressent aucune peine à s’abstenir de tels plaisirs.
Le rav Grodzinsky (Torat Avraham) enseigne : la Torah nous enjoint d’être purs, "kédochim Tiyou". Le Ramban écrit qu’il ne suffit pas, pour cela, d’accomplir les mitsvot tout en profitant de la matérialité, mais il convient de s’abstenir des plaisirs du monde. Il met d’ailleurs l’homme saint sur le même pied que le Nazir qui ne boit pas de vin. Par contre, il ne fait mention d’aucune faute. Pourquoi?
En réalité, le Ramban parle du Talmid ’Hakham, qui essaie de s’éloigner du luxe dans ce monde. Quelle différence y a-t-il entre le Nazir qui a fauté en évitant de boire du vin et le Talmid ’Hakham qui ne commet aucune erreur en agissant de la même manière?

L’instinct du Nazir le pousse vers les plaisirs bas, comme le vin. Il lui est difficile de s’en détacher, donc il faute en se provoquant cette souffrance.
En revanche, le Talmid ’Hakham ne ressent aucune privation quand il évite de telles choses, puisqu’il n’est pas astreint à ses penchants naturels. Il sait pertinemment que la matérialité est futile et éphémère, au point qu’il ne lui est pas pénible de s’en garder. Il n’y a donc aucun méfait, aucun besoin d’expiation.

Nous en déduisons un principe fondamental. La meilleure manière de s’écarter des plaisirs matériels n’est pas à travers une privation désagréable. Il nous faut réaliser la futilité de la satisfaction matérielle. C’est totalement différent du renoncement austère et du sentiment de manque ...
Comment une personne peut atteindre le niveau d’un Talmid ’Hakham et être capable de se détacher des plaisirs matériels sans éprouver de désagrément? C’est certainement parce qu’il valorise davantage la spiritualité, ce qui le libère automatiquement de l’asservissement à la matérialité.

=> Notre tâche consiste à réduire notre dépendance pour les plaisirs matériels en rehaussant à nos yeux les choses spirituelles.

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-> "Il fera expiation pour lui du péché qu’il a commis" (Nasso 6,11)

Si quelqu’un dit : comme la jalousie, le désir, les honneurs et choses semblables sont une mauvaise voie et font sortir l’homme du monde, je vais m’en séparer totalement et m’en éloigner au point de ne plus manger de viande, de ne plus boire de vin, ...
Le Rambam écrit que cela aussi est une mauvaise voie, qu’il est interdit de prendre, et celui qui la prend s’appelle "pécheur", car il est écrit à propos du nazir : "il fera expiation pour lui du péché qu’il a commis."

Les Sages ont dit : Si le nazir, qui ne s’est interdit que le vin, doit expier, celui qui se prive de tout, à combien plus forte raison!
C’est pourquoi les Sages ont ordonné qu’on se prive uniquement des choses que la Torah interdit, sans y rajouter des choses permises par des vœux et des serments (Rambam - Hilkhot Deot 3,1).

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+ "Et si un (de ses proches) meurt soudainement" (Nasso 6,9)

Ce verset envisage le cas où un Nazir perd un proche soudainement et qu’il se rend impur pour l’enterrer, malgré l’interdiction).
On peut s’interroger. En effet, le Cohen Gadol (le grand prêtre) aussi n’a pas le droit de se rendre impur même pour un proche. Ainsi, pourquoi la Torah envisage le cas d’une mort soudaine d’un proche pour le Nazir et non pour le Cohen Gadol?

En réalité, avant son vœu, le Nazir avait le droit de se rendre impur au contact d’un mort, mais, il a décidé de devenir Nazir et de prendre sur lui des interdits et des rigueurs supplémentaires comme le fait de ne pas se rendre impur par un mort.
Or, quand quelqu'un s’ajoute volontairement des interdits et se crée une pression supplémentaire qu’il n’avait pas auparavant et que personne ne lui a demandé, alors le mauvais penchant fera tout pour le faire tomber. Ainsi, il se pourra qu’il arrive qu’il perde un proche soudainement.
Le Satan entraînera cela pour l’éprouver du fait de cette rigueur qu’il a prise sur lui alors qu’il en était dispensé.

Mais le Cohen, qui a l’interdit de se rendre impur de par son état naturel, et il ne se l’est pas imposé, pour lui le Satan ne s’évertuera pas à le faire trébucher, et il sera bien plus rare que cette situation de mort soudaine d’un proche n’arrive.
[rabbi Barou'h de Stotchin]

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=> Pourquoi le passage sur le nazir est-il juxtaposé à celui sur la femme Sota?

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°576) enseigne :
"Nos Sages (guémara Sota 2a) ont dit : "Pourquoi le passage sur le nazir est-il juxtaposé à celui sur la sota?
Pour nous enseigner que quiconque voit comment la sota s’est déshonorée s’écarte du vin."
Rachi explique : Car le vin mène à la débauche.
=> C’est surprenant. Est-ce que c’est seulement le vin qui mène à la débauche? Et si l’on veut dire que le vin, comme il enivre l’homme, le mène à la légèreté, quel rapport y a-t-il entre le fait de se laisser pousser les cheveux et la vue de la déchéance de la sota?

C’est un principe : Hachem n’offre pas un spectacle à l’homme par hasard. Si quelqu’un a vu quelque chose qui n’était pas bon, il doit réfléchir à ses actes et se repentir.
On sait que ce qu’il a vu présente un aspect de la faute qui lui est reprochée, ainsi qu’il est dit dans la guémara (Moed Katan 18b) : "On ne soupçonne pas quelqu’un d’une faute à moins qu’il ne l’ait commise, et s’il ne l’a pas commise entièrement, il l’a commise en partie, et s’il ne l’a pas commise en partie, il a envisagé de la commettre, et s’il n’a pas envisagé de la commettre, il a vu d’autres personnes qui la commettaient et s’est réjoui!"
On apprend donc que lorsqu’on a vu quelqu’un d’autre commettre une faute, on sait qu’on a en soi quelque chose de cette faute, et qu’on doit examiner ses actes et se repentir.

Donc du fait que D. a fait voir à quelqu’un une femme en état de déchéance, il sait que ce n’est pas pour rien.
Comme il a vu cela, il portera attention au fait qu’il y a chez lui quelque chose de cette même faute, et qu’il a dans son cœur une tendance au désir et aux plaisirs de ce monde.
Même si ce sont des choses permises, les Sages (guémara Yébamot 20a) ont enseigné : "Sanctifie-toi par ce qui t’est permis". Il convient donc qu’il devienne un nazir, saint pour Hachem, et qu’il se sépare des plaisirs du monde, car c’est en cela que consiste être nazir, et c’est cela son rachat.

Disons par conséquent que c’est la raison pour laquelle le nazir amène un sacrifice expiatoire : il n’a été poussé à être nazir que parce qu’il avait vu quelque chose d’interdit qui appelait un rachat."

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-> Pourquoi la Torah écrite a-t-elle placé le passage de la sota avant celui du nazir, alors que dans la Torah orale, le traité Nazir vient en premier, et ensuite seulement le traité Sota?

Le Pri Tsadik (rabbi Tsadok haCohen de Lublin) répond et pose un grand principe dans le service de Hachem : tout ce qui arrive à l’homme est un signe et une allusion destinés à lui suggérer une certaine conduite, et à s’établir à soi-même des limites, de peur d’en arriver à une faute.
Dans cet esprit, dans la Torah écrite le passage de la sota vient avant celui sur le nazir, pour nous enseigner que quiconque voit une sota dans sa déchéance doit s’écarter du vin.
Par contre dans la Torah orale, le traité Nazir vient avant le traité Sota, car l’homme ne mérite pas toujours qu’on lui donne des signes et des allusions, c’est pourquoi il doit veiller aux conséquences de ses actes, se dresser des barrières et s’écarter du vin de peur d’en arriver à une faute.

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+ L'impact de notre regard :

=> Pourquoi le chapitre du nazir suit-il celui de la sotah?
Rachi : cela vient nous apprendre que celui qui voit une sotah au moment de sa disgrâce, doit prendre sur lui de s’abstenir de vin [en devenant nazir], car le vin conduit à l’adultère. [guémara Sotah 2a]

=> Pourquoi un serment de nézirout est-il nécessaire pour être plus vigilant ; le fait même de voir la mort de la sotah devrait suffire à motiver l’individu de s’éloigner de tout ce qui l’inciterait à se livrer à la débauche?

-> Le rav Yossef Leib Bloch zatsal (roch yéchiva de Telz) propose la réponse suivante :
Il pense que le fait de voir la sotah peut avoir un effet délétère. En effet, tout en assistant à ce terrible déshonneur, nos yeux voient une personne qui a commis une grave faute.
Le yétser hara est si fort, qu’il peut inciter à ignorer la dégradation que le péché a entraînée et à se concentrer plutôt sur la faute commise et sur le désir qui l’a provoquée.

La triste histoire suivante illustre ce point. Le fils d’un ivrogne invétéré emmena celui-ci voir un autre buveur complètement aviné, couché dans la rue. Mais au lieu d’éveiller en son père le désir de changer, ce dernier alla demander à l’ivrogne où il s’était procuré cet alcool.
Ainsi, à cause de ce penchant puissant et dangereux, celui qui voit la sotah doit prendre un engagement supplémentaire pour éviter d’être entraîné par la faute.

Le rav Elya Méir Bloch, le fils de rav Yossef Leib, explique en rapportant la guemara (Méguila 28a) qui affirme qu’il est interdit de regarder le visage d’un homme mauvais. En effet, un simple regard s’imprime dans l’âme de la personne et laisse une marque indélébile.
Le Ran dit aussi que cette empreinte l’accompagne éternellement.
Ainsi, le fait de voir une personne racha ou mauvaise peut avoir une conséquence négative sur le niveau spirituel de l’individu.
[une techouva sincère peut certainement éradiquer l’effet négatif provoqué par des images interdites]

Le même principe s’applique d'un point de vue positif ; le fait de voir des personnes vertueuses ou des objets saints peut avoir un effet très bénéfique sur l’homme.
Ceci est exprimé dans la guemara (Erouvin 13b) où Rabbi Yéhouda HaNassi explique pourquoi il a mérité d’atteindre un niveau plus élevé que ses contemporains ; il eut une fois le mérite de voir l’illustre Rabbi Méir de dos. Il ajoute que s’il avait vu le visage de ce dernier, il aurait été encore plus grand.

Aussi, nos Sages affirment que Yaakov sut, en voyant son fils Yossef après leur longue séparation, que celui-ci n’avait pas trébuché en regardant des images interdites. Comment le savait-il? Il put voir, au comportement de Yossef que ce dernier n’avait pas commis de faute avec ses yeux, si tel avait été le cas, Yaakov aurait vu la marque de ces spectacles sur son fils. Voici une preuve supplémentaire que ce que l’on voit nous affecte de manière permanente.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Le commentaire de rav Bloch a de nombreuses incidences dans nos vies. L’enseignement le plus évident est que le fait de préserver nos yeux de toute souillure est d’une importance capitale quant à notre niveau de sainteté (kédoucha).
Notons également que même les choses qu’il n’est pas nécessairement interdit de regarder peuvent causer un grand dommage à notre bien-être spirituel. Prenons l’exemple du bombardement d’images violentes que propose le monde laïc. Des statistiques montrent qu’à l’âge de l’adolescent, un individu a déjà vu en moyenne plus de mille meurtres dans les divers médias. Le fait d’être exposé à des images si malsaines affecte certainement sa sensibilité à la violence.

Le rav Shimchon Pinkous (Néfech ‘Haya) soulève un point supplémentaire, quelque peu surprenant. Il estime que les femmes doivent aussi s’abstenir de regarder des images indécentes. On aurait pu penser que ce n’est pas problématique pour elles puisqu’elles ont le droit de voir une autre femme mal habillée. Pourtant, il écrit que cela provoque un grand préjudice à leur âme. Ceci, car ces images pénètrent dans leur essence.
Il écrit, en outre, que les femmes sont plus influencées par ce qu’elles voient que les hommes.
C’est pourquoi une femme doit également faire attention à ce qu’elle regarde.

Pour conclure sur une note positive, le regard peut aussi être utilisé pour nous faire grandir. Par exemple, le fait de regarder ses tsitsit, des livres saints, des synagogues ou des maisons d’étude, la lettre shin sur les tefillin que l’on pose sur la tête, et comme nous l’avons précisé plus haut, le fait d’observer des tsadikim.