Aux délices de la Torah

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"De Yétser, la famille Yitsrite ; de Chilem, la famille Chilémite" (Pin'has 26,49)

Selon le 'Hafets 'Haïm, ce verset peut être compris de la façon suivante :

-> "De yétser" : celui qui succombe au yétser ara se trouvera immédiatement en compagnie de "la famille Yitsrite", dont les membres sont disponibles pour l'aider à avancer dans le chemin du mal.

-> "De Chilem" : mais celui qui se bat pour la perfection (chlémout) va se trouver en compagnie de "la famille Chilémite", dont les membres qui craignent le Ciel et qui on atteint la perfection spirituelle, vont l'aider sur le chemin de la droiture.

"Les fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, la famille Tolaïte ; de Pouva, la famille Pounite ; de Yachouv, la famille Yachouvite ; de Chimron, la famille Chimronite." (Pin'has 26,23-24)

Yissa'har a été béni par Yaakov : "Yissa'har est un âne aux os solides" (Vayé'hi 49,14), car il prend sur lui le joug de la Torah à l'image d'un âne portant une lourde charge.
Ainsi, ils étaient des érudits en Torah enseignant aux autres tribus les décisions en terme de loi juive.
Ils savaient faire les calculs permettant de déterminer les mois et l'année bissextile, comme il est dit : "Les enfants de Yissa'har, experts en la connaissance des temps" (Divré haYamim I 12,33).

Le Ohr ha'Haïm voit dans leurs noms des allusions à leur grandeur en Torah et à leur caractère raffiné.

-> "Yissa'har" : yéch cha'har (il y a une récompense).
La vraie récompense est donnée dans le monde à venir, et est réservée à ceux qui étudient la Torah et accomplissent les mitsvot.

-> "Tola" : la Torah ne reste que chez celui qui est humble et qui se fait petit comme un verre (tola'at).

-> "Pouva" : c'est similaire au mot "pé" (une bouche) : nous devons utiliser notre bouche pour parler de Torah, et éviter de l'utiliser pour des choses inutiles.

-> "Yachouv" : une personne doit s'asseoir (lachévét) dans une yéchiva et se retenir de s'occuper de choses vaines.

-> "Chimron" : une personne doit faire attention (léhichamèr) d'éviter de profaner le nom de Hachem.

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-> "Fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes" (Pin'has 26,23)

-> On a vu précédemment que Yissa'har était un ben Torah. Ceci est inscrit en allusion dans son nom "Yissa'har" : "yech" (il y a) "sakhar" (un salaire).
[...]
Le nom Yissa'har fait également allusion au fait que dans l’avenir (comme il est mentionné à la fin de Oktsin), D. procurera à chaque tsaddik 310 mondes : "yech" (valeur numérique de 310) "sakhar" (récompense).
[d'après le Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes" (Pin'has 26,23)

-> Yissa'har est considéré dans la tradition comme le représentant de l'étude de la Torah.
Or, la Torah ne peut véritablement se conserver que chez une personne humble et modeste. L'humilité est une condition primordiale pour l'acquisition de la Thora.
Or, le mot "Tola" (תולע) est aussi un terme qui signifie "ver de terre". En cela, il représente l'humilité. A l'image des paroles du roi David qui a déclaré : "Je suis un ver de terre et non un homme".
Ainsi, la Torah vient ici faire allusion au fait que pour appartenir à la famille de Yissa'har et acquérir l'étude de la Torah, il faut avoir la caractéristique de "Tola" et être empli d'humilité.
[Zeved Tov]

"La terre sera partagée en héritage, selon le nombre de noms" (Pin'has 26,53)

Nous sommes dans le contexte du recensement sur lequel va se baser la répartition des territoires en terre d'Israël. En effet, seuls ceux ayant déjà 20 ans à ce moment vont y compter pour recevoir une part (cf.Rachi).

-> Le rav 'Haïm Kanievsky s'interroge : Pourquoi n'est-il pas écrit : "selon le compte des têtes", comme cela l'est mentionné quasiment toujours dans la Torah, comme par exemple au moment du recensement dans le désert : "Faites le relevé ... selon [le décompte de] leurs têtes" (Bamidbar 1,2).

Il répond en rapportant le midrach suivant (cité dans le Shita Mékoubétsét - Ména'hot 37a) :
Un homme a 2 têtes, insistait pour avoir une double part dans l'héritage de son père, clamant qu'il était comme 2 personnes.
Le cas a été amené devant le roi Chlomo, pour qu'il départage : est-il considéré comme 2 par ses 2 têtes, ou bien comme 1 car ayant un seul corps?

Le roi Chlomo a couvert une de ses têtes et a versé de l'eau chaude sur l'autre.
Les 2 têtes ont crié.
En conséquence, il a montré qu'en terme d'héritage ils étaient considérés génétiquement comme une seule personne.

Rav Kanievsky dit que nous pouvons alors comprendre pourquoi notre verset utilise : "les noms" plutôt que "les têtes", tout particulièrement lorsqu'il s'agit de la répartition des territoires en Israël.
En effet, celui qui a 2 têtes et un nom ne recevra qu'une part.

Cependant, dans le cas du rachat du 1er né, la Torah utilise le terme de "le nombre de tête", car on doit donner au Cohen 5 Sélaïm par tête.
Ainsi, pour une personne ayant un nom, mais 2 têtes, elle devra s’acquitter de : 2*5 = soit 10 Sélaïm.

=> Il est impressionnant de voir à quel point tout se trouve dans la Torah!!

"Au nombreux, tu accroîtras son héritage, au moins nombreux, tu réduiras son héritage : à chacun selon son dénombrement sera donné son héritage. C'est seulement au sort que sera partagée la terre [d'Israël], selon les noms des tribus de leurs pères, ils hériteront" (Pin'has 26,55)

-> Rachi commente : On a donné une plus grande part à la tribu dont la population était plus nombreuse.
Et bien que les parts fussent d’importance inégale, puisque le partage a été effectué selon l’importance de la population des tribus, tout a été fait par tirage au sort, et ce tirage au sort a été opéré sous la dictée de l’esprit saint, comme expliqué dans la guémara Baba Batra (122a).

El'azar le Cohen Gadol était revêtu des Ourim et des Toumim et annonçait sous l’inspiration divine : "Si telle tribu sort de l’urne, tel territoire sort avec elle."

On avait écrit le nom des tribus sur 12 bulletins, et de même celui des 12 territoires.
On mélangeait les bulletins dans une urne, dans laquelle le prince introduisait la main et dont il retirait 2 bulletins.
Ainsi tenait-il en main le bulletin correspondant à sa tribu et un autre sur lequel était écrit le territoire qui lui était destiné.

Le sort lui-même disait à haute voix : "Moi, le sort, j’ai attribué tel territoire à telle tribu!"

-> Pour ce rendre compte à quel point cela était miraculeux, le rav Alport étudie les probabilités liées à cet événement.

Le prince (nassi) de la 1ere tribu avait une boîte avec 48 papiers, dont il devait retirer 2 papiers avec le nom de sa tribu et le nom d'un territoire, et que cela corresponde avec ce qu'avait annoncé auparavant El'azar.
=> La probabilité est de : 2/(24*23)

Puis, arrivé le prince de la 2e tribu, qui procédait de même en prenant 2 papiers dans une boîte où il en restait 22.
La probabilité est de : 2/(22*21)

Et ainsi de suite ...
On a une probabilité de réussite de : 212/(24*23*22*...*2*1).

=> Si El'azar n'avait pas l'inspiration divine, il aurait une probabilité d'avoir fait les bonnes prédictions d'environ : 1 sur 151 476 000 000 000 000 000.

Cela est basé sur l'avis de Rachi.
Cependant, son petit-fils le Rachbam écrit dans son commentaire sur la guémara (Baba Batra 122a) qu'on y utilisait 2 boîtes distinctes : une avec les noms des tribus, et une autre avec les noms des territoires.

Dans ce cas, la probabilité pour le 1er prince de tribu était de : 1/122 ; pour le 2e : 1/112 ; ...

On a une probabilité totale de : 1/(122*112*102*…*22*12).

=> Dans ce cas, El'azar avait 1 chance sur 229 442 532 802 560 000 de trouver les bonnes combinaisons, soit 660 fois plus probable que l'avis de Rachi.

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Sachant que la probabilité de gagner à un lotto est d'environ 1 chance sur 18 millions, El'azar avait :
-> selon l'avis de Rachi : 8 mille milliards de fois plus de chance de gagner au lotto!
-> selon l'avis du Rachbam : c'est 12 milliards.

=> Le partage de la terre d'Israël a été fait d'une manière totalement divine (défiant toute probabilité!).
Cela avait pour objectif d'éviter toute éventuelle dispute future concernant ces territoires.

Par ailleurs, on peut noter qu'un être humain normal ne jure qu'en terme de : "je veux gagner au loto", tandis qu'un juif se doit de viser beaucoup plus haut, en terme de mitsvot et de Torah, qui sont, à minima, des milliards de fois plus élevées.

=> Comment ne pas en être fou de joie? Comment peut-on parfois avoir les mêmes prétentions que les non-juifs?

Pour Hachem, quelle différence qu'une chose a 100% de chance de se produire, et qu'une autre n'en a que 0,00001%.
Il est Le Créateur de tout, Il peut tout, et nous en tant que Ses enfants nous n'avons aucune raison de nous inquiéter, car notre papa, c'est le plus fort!

"Hachem ouvrit la bouche de l'ânesse et elle dit à Bilam : Que t'ai-je fait pour que tu m'aies frappé ainsi à 3 reprises?" (Balak 22,28)

L’expression utilisée pour dire "3 reprises" est : chaloch régalim (שָׁלֹשׁ רְגָלִים), ce qui fait allusion aux 3 fêtes de pèlerinage qui s'appellent aussi : chaloch régalim (les 3 pieds).

Rachi explique que l'ânesse voulait ainsi dire en allusion à Bil'am : "Comment peux-tu vouloir anéantir un peuple qui célèbre tous les ans 3 fêtes de pèlerinage (régalim) ?"

=> Pourquoi Hachem a-Il choisi précisément ce message?

-> 1°/ Le Gour Aryé explique que les 3 fêtes expriment la dimension éternelle du peuple d’Israël, grâce à laquelle personne ne pourra les supprimer.

En effet, ces 3 fêtes symbolisent : le début, le milieu et la fin de l'été.
Pessa'h se trouve au début de l’été (au printemps), Shavouot se situe au milieu (plus précisément au début du milieu de l’été), et Souccot conclue l'été pour amorcer l’hiver.

L’été symbolise la vitalité, la nature revit, contrairement à l’hiver où elle est inerte.
Ainsi, les 3 fêtes qui sont des moments de joie, c'est-à-dire également de grande vitalité, viennent souligner que les juifs qui les célèbrent, bénéficient d’une vitalité au début, au milieu et à la fin, c'est-à-dire dans le passé, le présent et le futur.

Israël a toujours existé (même avant la Création du monde comme le précise le Midrach), il existe dans le présent, et existera pour l’éternité.
=> C’est cela le message des 3 fêtes qui marquent cette éternité d'Israël, qui implique que personne ne pourra les faire disparaître.
Le projet de Bil'am est donc vain et impossible.

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-> 2°/ Le Lévouch explique que Bil'am était en train de voyager sur son ânesse pour atteindre les juifs et les maudire. Ce voyage de Bilaam était donc destiné à faire le mal.

Les juifs eux aussi font des voyages, ils se déplacent chaque année (aux temps où le Temple existait) pour se rendre à Jérusalem pour y célébrer les 3 fêtes. Cependant, ce voyage là était très positif, il correspondait à la volonté d’Hachem.

Ainsi, l’ânesse dit à Bil'am en allusion : "Toi tu voyages et tu te déplaces pour faire le mal et maudire Israël, crois-tu que tu pourras vaincre et supprimer ce peuple qui eux-aussi font des voyages et des déplacements 3 fois par an pour réaliser le bien et la volonté de leur D. !! ".

Le sous-entendu est que : "La force positive des déplacements d’Israël va annuler et neutraliser complètement la force maléfique du déplacement que tu es en train de réaliser. Tu ne pourras donc leur faire aucun mal!"

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-> 3°/ Le Tséda laDarékh rapporte une explication selon laquelle les 3 fois que Bil'am a frappé son ânesse, qui sont exprimées par les termes "les 3 pieds", correspondent aux 3 piliers sur lesquels reposent le monde.
D'ailleurs, c’est pour cela qu’ils sont appelés des "pieds", car le monde tient sur ces piliers, au même titre que l’homme se tient sur ses pieds.
En effet, il est enseigné dans les Pirké Avot que : "le monde repose sur 3 piliers : sur la Torah, le service de Hachem et la charité".

Les 3 fêtes de pèlerinage correspondent à ces 3 piliers :
- Pessa’h correspond au patriarche Avraham qui incarne la bonté.
Ainsi, Pessa’h symbolise le pilier de la charité et des actes de bonté dont Avraham était l’exemple.

- Shavouot symbolise le piler de la Torah.
C'est à Shavouot que la Torah a été donnée.
[la Torah, c’est Yaakov.
On peut citer le guémara (Yoma 28b) : Yaakov a étudié la Torah durant toute sa vie ; ou bien le midrach (rabba Vayichla’h) : "Personne n’a autant peiné dans la Torah comme il a pu le faire".]

- Souccot correspond au pilier du Service Divin, qui se pratique essentiellement par les sacrifices.
Or, à Souccot, on offre beaucoup plus de sacrifices que les autres fêtes, notamment les 70 boucs, ainsi que d’autres offrandes.
[La qualité d’Its’hak est le service de Hachem, qui doit se faire dans la joie]

=> D'après cela l’ânesse de Bil'am lui dit : "Comment peux-tu supprimer ce peuple qui célèbre les 3 fêtes, correspondant aux 3 piliers du monde.
Si tu les supprimes, sur quoi le monde va-t-il tenir? La création n’aura plus sur quoi tenir et disparaîtra !
Ainsi, si tu supprimes ce peuple, c’est l’univers entier que tu supprimes !"

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-> Il y a d'autres nations qui ont envie de se rapprocher de Hachem à l'image du peuple juif.
Cependant, les autres nations du monde ne sont pas prêtes à abandonner les plaisirs de ce monde.
Trois fois par an, le peuple juif quitte toutes ses richesses, toutes ses possessions matérielles derrière lui, et voyage jusqu'à Jérusalem afin de devenir proche avec la Présence Divine.
Les juifs laissent derrière eux leur champ, leur maison, et tous les plaisirs physiques pour démontrer à Hachem leur volonté d'abandonner tout leur monde actuel dans un but d'être proche de Lui. [rien n'a de valeur pour nous par rapport à Ta proximité!]

Le midrach Tan'houma dit que les Chaloch Régalim sont par le mérite des 3 Patriarches.  [Pessa’h à Avraham, Shavouot à Yits’hak et Souccot à Yaakov.]
[Chem miChmouël]

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[Rachi (Balak 22,26) dit que les 3 fois où l'ange barra le chemin de l'ânesse correspondent aux 3 Patriarches.
La 1ere fois (v.22-23), l'ange empêche Bil'am d'avancer en ligne droite, mais celui-ci peut encore se diriger vers la droite ou la gauche = allusion à la descendance d'Avraham qui a dévié à droite et à gauche, c'est-à-dire la descendance de Yichmaël ou de Kétoura (qu'Avraham a épousée après le décès de Sarah), en revanche Bil'am ne peut rien contre les descendants de Its'hak (qui sont droits!).
La 2e fois (v.24-25), l'ânesse dispose d'un espace plus étroit pour éviter l'épée, une allusion à Its'hak, dont un seul fils (Essav) s'est montré indigne.
La 3e fois (v.26-27), l'ânesse n'a plus aucun espace pour manœuvrer, une allusion à la descendance de Yaakov, composée exclusivement de tsadikim que Bila'm ne pourra pas maudire.]

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[ "L’ânesse, voyant l’Ange d'Hachem debout sur son passage et l’épée nue à la main, s’écarta de la route et alla à travers champs ... Alors l’ange du Seigneur se plaça dans un chemin creux entre les vignes, clôture deçà, clôture delà ... L’ânesse, voyant l’ange d'Hachem, se serra contre le mur, et froissa contre le mur le pied de Bilaam ... Mais de nouveau l’Ange d'Hachem prit les devants, et il se plaça dans un lieu étroit, où il n’était possible de s’écarter ni à droite ni à gauche" (Balak 22,23-26)
(en gras les 3 endroits)]

"Hachem ouvrit la bouche de l'ânesse et elle dit à Bilam : Que t'ai-je fait pour que tu m'aies frappé ainsi à 3 reprises?" (Balak 22,28)

-> Pourquoi Hachem a-t-il envoyé ce message par le biais d'une ânesse?

Afin d'informer Bilam que même un animal comprend à quel point il est mauvais de vouloir détruire le peuple juif.
[Rabbénou Ba'hayé]

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-> Pourquoi est-ce que Hachem a-t-il dépassé les lois de la nature pour transmettre ce message?

Le désir de téchouva de D. est si important qu'Il est prêt à aller au-delà de l'ordinaire afin de donner à une personne la possibilité de se repentir.
Ceci est également vrai pour une personne méprisable comme Bilam.
[Sforno]

[Hachem pouvait avoir toutes les raisons de le détruire, néanmoins nous voyons à quel point Il a une tolérance énorme envers le fauteur, ne désirant que son bien en lui fournissant de nouvelles opportunités de se repentir avant qu'il ne soit trop tard.]

-> D. désire que Bilam comprenne une chose : tout comme, l'ânesse n'a été dotée de la parole que pour la gloire d'Israël, de même Bilam n'a été dotée de la parole que pour une seule et unique raison : pouvoir prononcer les bénédictions que D. va lui mettre dans la bouche.
[Kli Yakar]

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-> Le rav Pin'has Fridman dit qu'Hachem voulait nous apprendre une notion fondamentale : si l'homme utilise sa capacité de parole à mauvais escient contre d'autres personnes, comme l'a fait Bilam qui utilisa sa capacité de parole afin de maudire, dans ce cas, l'homme n'a plus aucune avantage sur l'animal. Ainsi : "Hachem ouvrit la bouche de l'ânesse" (Zohar Bo 125a).
Hachem donna la capacité de parole à l'animal pour passer un message à Bilam : tes paroles sont négatives. Elles tuent au même niveau que l'animal. Ainsi, il est préférable de donner la capacité de parole à un âne sachant que lui au moins n'a pas de libre arbitre et ne risque pas de prononcer des choses honteuses contre son Créateur.

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+ "Bétsalel exécutera avec Aholiav et tout homme sage de cœur que Hachem a doté (baéma) de sagesse et d'intelligence pour savoir et pour exécuter tout le travail de l'ouvrage du Sanctuaire." (Vayakél 36,1)

Le terme "doté" (baéma - בָּהֵמָּה) possède les mêmes lettres que : "un animal" (bééma).

Le midrach (Chémot rabba 48,3) commente que nous voyons d'ici que même les animaux des personnes qui ont construit le Michkan ont été dotés de sagesse.

Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) dit que cela était un message à ces artisans du Michkan : "Ne devenaient pas arrogants, car toute la sagesse que vous avez pour faire le Sanctuaire provient de Moi. Au moment où Je le désire, Je peux même la donner à un animal!"

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-> La guémara ('Houlin 7a-b) parle de l'âne spécial de Rabbi Pin'has ben Yaïr.
Il est survenu une fois en arrivant à une auberge, que son âne a refusé de manger la nourriture qu'on lui apportait.

On lui a alors davantage tamisé et retiré toute impureté possible à la nourriture, mais il a continué à refuser de se servir.
Finalement, Rabbi Pin'has ben Yaïr est arrivé à la conclusion qu'on n'avait pas retiré la dîme sur l'orge qu'on lui avait servi, et que c'était pour cette raison qu'il refusait de manger.

=> C'était évidement un âne particulièrement froum ...

-> De façon étonnante, le Ohr ha'Haïm (v.23,10) rapporte les paroles du Ari zal (Séfer haGuilgoulim) affirmant que l'âne de Bilam a été réincarnée dans le corps de l'âne de Rabbi Pinh'as ben Yaïr.

Rabbi Chlomo Bregman émet l'idée que c'est éventuellement en réparation de son attitude cruelle envers son ânesse.

-> On peut noter que le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) est d'avis que cet âne était une réincarnation de Yichmaël, le fils d'Avraham.
Etant quelqu'un de particulièrement voleur, il a fait une réparation en ne mangeant pas de la nourriture "volée" (maaser non prélevé).

"Il n'y a pas de divination en Yaakov, pas de sortilège en Israël" (Balak 23,23)

-> Rachi : Ils méritent d’être bénis car ils n’y a chez eux ni devins ni sorciers ... le message leur en est transmis par la bouche de leurs prophètes.

-> Le midrach nous rapporte que Bilam a vu que la raison pour laquelle les juifs ont mérité la protection Divine était qu'ils étaient assis devant Hachem comme un élève face à son professeur, et ils examinent et clarifient chaque section de la Torah pour déterminer Ses intentions.
Même les anges n'ont pas accès à ces connaissances et ils doivent demander aux juifs ce que Hachem leur a enseigné.

=> Telle est la force de la Torah, faisant que nous sommes véritablement méritant des bénédictions Divines.

"Bil'am dit à Balak : Construis-moi ici 7 autels et prépare-moi 7 taureaux et 7 béliers" (Balak 23,1)

Bil'am a demandé à Balak à 3 endroits de construire 7 autels, et d'y offrir à chaque fois : un taureau et un bélier.
Ainsi, un total de 42 offrandes a été apporté.

-> La guémara (Sotah 47a et Sanhédrin 105b) enseigne qu'une personne doit toujours s'investir dans la Torah et les mitsvot, même si c'est au début de façon intéressée (lo lichma) car cela deviendra par la suite désintéressée (lichma = uniquement parce telle est la volonté de D.).

Pour illustrer cela, la guémara affirme qu'en récompense des 42 offrandes que Balak a offert à Hachem (apportées d'une façon intéressée = en espérant par cela permettre ou faciliter les malédictions sur Israël), il a mérité que descendent de lui : Ruth, le roi David et ainsi que le machia'h.

-> Rav Mattisyahou Salomon explique que mettre en place des "carottes", avoir de la motivation reposant sur des désirs personnels, est une part essentiel afin de prendre sur nous le joug divin.
Cela va permettre de libérer et canaliser au maximum nos forces et notre potentialité.

-> Le Néfech ha'Haïm rapporte le Zohar, disant qu'un joug est ce qui permet aux animaux de tirer un poids le plus lourd possible, avec un minimum d'effort, de fatigue.
De même, à nos yeux, la Torah ne doit pas peser des tonnes (que c'est lourd! fatiguant!).

Nous devons trouver les moyens qui vont rendre notre accomplissement des mitsvot le plus joyeux, le plus agréable possible (dans le respect de la loi juive), nous permettant ainsi d'en réaliser le plus possible (sans ce rendre compte de ce surpoids).

D'un côté, nous devons avoir en tête que faire des mitsvot, c'est mieux que de ramener chez nous un sac lourd de diamants, et d'un autre côté, nous devons en permanence nous trouver des "carottes" personnelles qui vont être moteur dans notre service divin.

Le joug de D. ne doit pas nous écraser sur le poids, au contraire il doit nous rendre joyeux, fier, ...

-> "L’essentiel du plaisir et de la satisfaction que l'on procure à Hachem en prononçant les mots de Torah ou de prière, c’est quand cela est fait avec joie et plaisir. Au point que certains maîtres disaient des propos amusants avant l’étude pour réjouir les élèves, car il est dit : "Servez Hachem dans la joie". "
[Maor vaChemech]

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-> Au cours de l'histoire, 7 personnes ont érigé des autels à D. : Adam, Evel, Noa'h, Avraham, Its'hak, Yaakov et Moché.

Bil'am dit à D. : "Pourquoi ces [autels] T'ont-ils été agréables? N'est-ce pas parce que ces hommes T'ont servi? Ne vaut-il pas mieux que Tu sois servi par 70 nations que par un seul peuple?"

Cependant, D. ignore ses arguments et lui dit qu'à Ses yeux, ce n'est pas le nombre de sacrifices qui compte, mais la sincérité de celui qui les offre : les innombrables sacrifices que pourraient offrir les 70 nations sont insignifiants en comparaison du dévouement d'Israël pour la Torah.

[midrach Tan'houma]

"Que (מַה) sont agréables tes tentes (ohalé'ha) ô Yaakov, tes demeures (michkénoté'ha) ô Israël" (Balak 24,5)

-> Rachi : Parce qu’il a vu que les entrées [de leurs tentes] ne se faisaient pas face (pour des raisons de pudeur).
[Autre explication : ] Comme sont bons la "tente" de Chilo et le Temple pendant leur existence, parce qu’on y présente des offrandes destinées à leur expiation.

-> Le verset nous enseigne que les tentes d'Israël sont bonnes en raison du "ma" (מַה) : "Que suis-je?", qui fait allusion à la mida d'humilité.
En se comportant ainsi, le peuple juif a mérité de s'attacher ici-bas avec Hachem (michkénoté'ha).
[le Ben Ich 'Haï]

["Ma Tovou" (que sont agréables) : s'il y a l'humilité (ma?), alors on peut se connecter à Hachem et à sa Torah (il n'y a de véritablement bien (tov -> tovou) que la Torah)]

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-> Les "tentes" font référence aux lieux d'étude [de la Torah] ; les demeures font allusion aux Temples et aux synagogues, où le peuple prie à Hachem.
[Sforno]

Selon la guémara (Sanhedrin 105b), les "tentes" font allusion aux maisons d'étude.
[lieux où l'ont y apprend la Torah et les mitsvot, cela va rendre une personne tsadik et cela sanctifie le nom de D. ]

Nos Sages (guémara Ouktzin 3,13) enseignent que Hachem récompense chacun des tsadikim par 310 mondes.
Rabbi David Feinstein fait remarquer que la valeur numérique de : "Que sont agréables tes tentes ô Yaakov"(מַה-טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ, יַעֲקֹב) est de : 310.

Selon le Yatsev Avraham, l'ordre du verset, nous enseigne qu'il est bien d'étudier la Torah avant de prier, car cela donne davantage de kavana et aide à ce que nos prières soient acceptées.

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-> La tente qui est temporaire représente le peuple juif dans le désert, se préparant pour entrer en terre d'Israël.
La demeure qui est permanente représente le peuple juif lorsqu'ils résideront en Israël, et seront alors à un niveau supérieur méritant d'être appelés : "Israël" (passage de : Yaakov -> à Israël).
[le Malbim]

-> Le nom "Yaakov" est à un niveau inférieur que le nom "Israël".
Si nous voulons être spirituellement à un niveau élevé, nous devons voir la Torah et la prière comme une belle demeure, et non comme une tente à l'écart de tout.
[adaptation d'un commentaire du rabbi Zevi Hirsch Friedman]

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-> "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov! Tes demeures, ô Israël" (מַה טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ יַעֲקֹב מִשְׁכְּנֹתֶיךָ יִשְׂרָאֵל - Kora'h 24,5)

Le verset est composé de 6 mots, lesquels correspondent aux 6 localisations successives des "tentes", dans le sens de "Sanctuaire" : Nov, Guivone, Guilgal, Chilo et les 2 premiers Temples. [Baal Hatourim]
Par ailleurs, il comporte 26 lettres en allusion au Tétragramme (יהוה) dont la valeur numérique est 26 et qui représente l’Attribut de Miséricorde d’Hachem.

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-> "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov! Tes demeures, ô Israël"

La "tente" exprime l’idée d’une habitation provisoire, tandis que la "demeure" indique l’idée d’une habitation fixe.
D’un côté, le Peuple d’Israël se suffit de peu, dans la mesure où il sait que ce Monde n’est que provisoire (la "tente").
D’un autre côté, le peuple juif est un Peuple de Sages qui, par le mérite de l’Etude et de la Prière, rendent leurs vies saintes, à tel point que leurs maisons deviennent comme de "petits Sanctuaires", où la Présence divine repose de manière fixe (la "demeure").
[le feuillet de la communauté Sarcelles - Balak 5781]

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+ "Tes tentes" :

-> Rabbi David Feinstein enseigne que les lettres du mot : tes tentes (אֹהָלֶיךָ) permettent de former : Ton D. (Elohékha - אלהיך).
En allant étudier la Torah (dans tes tentes), tu y trouveras Hachem, source de bénédictions, te liant toujours plus avec Lui.

Par ailleurs, la façon élevée avec laquelle se comportent les étudiants en Torah, permet de glorifier Hachem (qu'il sont grands ces personnes, et combien est grand leur D.)

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-> Il y a une utilisation à la forme plurielle de : "ohalé'ha (tes tentes - אֹהָלֶיךָ), car Yaakov a résidé dans une tente terrestre et dans une tente céleste sur le Trône de Gloire (de Hachem).
[Baal haTourim]

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-> Le rabbi de Belz enseigne l'idée suivante :
Rachi (Béréchit 4,20) explique la notion de tentes comme étant mobiles (un berger allait planter sa tente ailleurs en fonction des pâturages), à l'opposé d'une maison/demeure qui est fixe.

La guémara (Méguila 29a) dit que dans le futur tous les lieux d'étude et synagogue en dehors d'Israël vont être déplacés jusqu'à Jérusalem.
=> Ceci explique l'utilisation du terme : "tes tentes", car ils ne sont pas installés durablement.

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-> Il est écrit : "Yaakov se construisit une maison, et pour son bétail, il fit des cabanes (Souccot)" (Vayichla'h 33,17)

En ce qui concerne ce monde, qui est celui de la matérialité (son bétail), Yaakov va faire une structure temporaire, car c'est secondaire dans sa vie.
On a ainsi d'abord : "Tes tentes ô Yaakov", faisant référence à l'ordre des priorités de Yaakov dans ce verset.

Par contre, en ce qui concerne le monde à venir (pour lui = sa néchama), il va bâtir une structure solide et permanente, qui demande de s'investir de toutes ses forces pendant longtemps. C'est de la plus haute importance!
On a ainsi d'abord : "Tes demeures ô Israël".
Les lettres du mot : Israël (יִשְׂרָאֵל) permettent de former : yachar El (ישר אל - directement vers Hachem).

[Pné David]

[Nous sommes de passage sur terre dans des tentes éphémères, afin de construire de notre mieux notre maison éternelle, en orientant chacune de nos actions vers Hachem (yachar El).

Par ailleurs, on peut noter qu'en reliant ensemble les tentes et les demeures, cela nous enseigne que même en exil, même de passage dans ce monde éphémère, nous devons trouver cela aussi agréable que d'être dans une demeure.
En effet, c'est la condition pour avoir la tranquillité d'esprit nécessaire pour pouvoir prier et étudier pleinement.
Certes, tout ne va peut être pas comme je le voudrais, mais pourquoi me prendre la tête puisque ce n'est que temporaire. Le fait de déjà penser à notre magnifique demeure future, nous aide à être moins focaliser sur notre tente actuelle.]

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-> "Quelles sont belles tes tentes, Yaakov! Tes demeures, Israël!"

Selon le rav Moché Sternbuch (Taam vaDaat), cette annonce formulée par Bil'am invite les Bné Israël à ancrer dans leur cœur la conscience du caractère éphémère de ce bas monde.
En effet, la "tente" symbolise la précarité : on n'y réside généralement pas de manière permanente, elle n'est qu'un palliatif pour remédier à un problème d'habitation passager.

Ainsi, Bil'am déclare que le peuple juif doit savoir que ce monde-ci est éphémère, et qu'il n'est qu'un vestibule conduisant à notre existence future.
Le prophète souligne ainsi que "ces tentes sont belles" = c'est-à-dire que ce sentiment de précarité doit nous accompagner durant toute notre vie.
[le caractère éphémère de ce monde nous rappelle que notre vie est très courte, que notre mort arrive. Cela génère une grande humilité, responsabilité (le yétser ara ma vie est courte je n'ai malheureusement pas de temps à te consacrer!), ...]

De plus, ce conseil s'adresse à tout un chacun, puisque l’appellation "Yaakov" désigne même les gens du peuple, évoluant à un niveau spirituel ordinaire.
Quant aux hommes d'envergure morale supérieure, ils sont nommés "Israël". Pour leur part, il ne leur suffit pas de ressentir le caractère éphémère de ce monde : encore doivent-ils sanctifier toute leur existence terrestre "tes demeures, Israël" : afin de transformer leurs habitations en des Sanctuaires.

-> En ce sens le 'Hafets 'Haïm a répondu à un riche étonné devant la sobriété de sa maison : "Dans ce bas monde, je me considère comme un voyageur qui ne fait que passer. Ma véritable résidence se trouve dans le monde futur, là où je compte m'installer.
C'est la raison pour laquelle je n'ai pas jugé utile de meubler richement ma maison.
Ici-bas, dans le vestibule de mon existence, je concentre tous mes efforts pour accroître et embellir ma récompense éternelle par mon service du Créateur, afin de pénétrer dignement dans la Salle principale que constitue le monde futur."

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-> On a vu que dans notre verset, on parle des lieux d'étude de la Torah et des lieux de prières (synagogues), on a le verset suivant qui commence par : "Comme des rivières elles se déploient".
=> Quel est le lien entre les 2?

La guémara (Baba Kama 17a) dit que l'eau est une référence à la Torah.
De même qu'une rivière peut purifier une personne d'un état d'impureté (touma) à celui de pureté (tahara), de même pour ces lieux, qui ont un véritable pouvoir d'élévation vers la pureté.
[Béér Moché]

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+ "Combien sont belles tes tentes, Yaacov" (Balak 24,5)

-> Rachi explique que Bilam a prononcé cette bénédiction quand il a vu que les ouvertures des portes (des tentes) n’étaient pas orientées les unes face aux autres (de sorte que d’une tente on ne voyait pas ce qui se passait dans les autres, cela est une mesure de pudeur et de discrétion).

-> Le rabbi Baroukh de Méziboz explique cela d'une façon allusive.
Nos Sages (midrach Chir haChirim rabba 5,6) enseignent que celui qui ouvre une petite "porte" dans son cœur (même : "de la taille d’un chas d’une aiguille"!), pour le service de D., alors Hachem lui ouvrira une "porte" grande comme celle d'un palais.
Ainsi, les "portes" ne sont pas orientées l’une face à l’autre, car la "porte" qu’Hachem exige de l’homme est très petite, et celle qu’Il ouvre en réaction est très grande.
=> Quand Bilam a vu cet immense Amour d’Hachem pour Israël, Il a compris qu’il ne pouvait pas les maudire.

["Combien sont belles tes tentes" =
- d'un côté = avec sincérité, nous faisons une ouverture minuscule à notre "tente" ;
- et de l'autre côté = Hachem nous donne tellement en retour, que d'une façon très imagée c'est comme la différence de taille entre le chas d'une aiguille, et l'immensité d'une entrée d'un palais.
=> Hachem nous aime tellement que pour chaque millimètre que nous faisons vers Lui, nous sommes comblés d'énormes bénédictions.
A la vision de cette réalité, Bilam a compris qu'il ne pouvait rien nous faire!]

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-> "Qu’elles sont bonnes tes tentes, Yaakov, tes demeures, Israël" (Balak 24,5)

Les Sages (guémara Sanhédrin 105b) ont dit : Des bénédictions de ce racha tu apprends ce qu’il avait dans le cœur, il voulait dire qu’il n’y ait pas de synagogues et de maisons d’étude, qu’elles sont bonnes tes tentes, Yaakov ...
Rav Abba bar Kahana a dit : toutes sont redevenues des malédictions, sauf les synagogues et les maisons d’étude.

=> Quelle est la différence entre cette bénédiction et les autres bénédictions, pour que toutes soient redevenues des malédictions et pas celle-ci?
Pourquoi ses bénédictions ont-elles été écrites dans la Torah, alors qu’elles n’ont aucune utilité?

Le rav David Pinto (Pa'had David) explique :
C’est parce que Bil'am le racha, malgré toute sa méchanceté et sa puissante haine envers Israël, quand il a vu les tribus camper autour du Michkan, l’endroit qui les reliait à leur Père du Ciel, et qu’il a regardé comment le peuple d’Israël oubliait la vie de ce monde-ci pour se consacrer entièrement au but de la vie, la vie éternelle, en se tuant dans la tente de la Torah, s’est émerveillé et considérablement ému, au point que son cœur s’est abaissé et s’est brisé en lui, et qu’il n’a pas eu honte de reconnaître "qu’elles sont bonnes tes tentes, Yaakov".
C’est pourquoi comme il avait sincèrement l’intention de dire ce qu’il a dit, cette bénédiction a été écrite dans la Torah.

Et si de loin, quand il a vu les tentes de la Torah, il s’est ému au point que son cœur fonde en lui et qu’il ait béni les bné Israël, au point de se souhaiter à lui-même "que mon âme meure de la mort des justes, et que ma fin ressemble à la leur" (Balak 23,10), il est évident que s’il s’était approché d’un endroit de Torah et s’était assis avec le peuple d’Israël, il aurait été ému jusqu’au plus profond de son âme et serait devenu un autre homme.
Mais l’amour de ce monde-ci qui était en lui l’a empêché de faire ce petit pas, et il a détruit son monde de ses propres mains.
[...]
La raison pour laquelle les autres bénédictions ont aussi été écrites dans la Torah, qui ne contient rien de superflu et dont chaque lettre contient des mystères, est de ne pas fermer devant lui les portes du repentir.
S’il s’était repenti, toutes ses bénédictions se seraient réalisées.
Et de ce passage, nous pouvons apprendre combien nous devons nous rapprocher d’un endroit de Torah et nous attacher à lui pour profiter de la lumière de la Torah. [si même sur Bil'am le racha elle a eu un effet!]
Alors, cette lumière finira par pénétrer jusqu’au plus profond de nous et nous caressera le cœur.

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-> "Qu’elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël!" (Balak 24,5)

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1193) enseigne :
Dans son ouvrage Or Torah, le Maguid de Mézéritch écrit que les portes des tentes des enfants d’Israël sont une allusion aux paroles de Torah émanant de leur bouche, comme dans le verset "Surveille les portes de ta bouche" (Mikha 7,5).
Lorsque Bilam constata que les Bné Israël débattaient de Torah, non pas afin de se contredire et de s’attaquer les uns les autres, mais par amour mutuel et désir de parvenir à la vérité, il comprit pourquoi ils avaient droit à la résidence de la Présence divine parmi eux, leur intention étant d’amplifier l’honneur de la Torah. Il réalisa que les paroles émises de leurs bouches n’avaient pas pour but la démonstration de leur grandeur, mais étaient désintéressées, visaient avant tout à appréhender pleinement la volonté divine.

Rabbi Yonathan Eibechitz explique qu’à ce moment, Bilam comprit que la Torah étudiée par les enfants d’Israël n’était pas uniquement importante pour eux, mais également pour le monde entier, dont elle assure le maintien. Par conséquent, même les nations du monde en dépendent. Ainsi, les bénit-il en disant : "Qu’elles sont belles tes tentes", en référence aux maisons d’étude, soutenant l’ensemble des mondes.

Hachem désirait que nous aussi en prenions conscience, pour que cela ait sur nous un effet bénéfique, de même que Bil'am en vint à nous bénir en le réalisant. C’est pourquoi Il mentionna dans la Torah tout cet épisode, qui aboutit à la bénédiction de Bilam.

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-> "Il vit Israël qui résidait selon ses tribus" (Balak 24,2)

Rachi explique que Bilaam remarqua que les portes de leurs tentes n’étaient pas orientées les unes face aux autres, pour ne pas risquer de regarder dans la tente de l’autre. Alors Bilaam comprit qu’il ne pourrait pas nuire au peuple juif.
=> Mais qu’y a-t-il de si extraordinaire dans cet acte de ne pas orienter les ouvertures des tentes face à face.

-> De façon générale, l’homme cherche à cacher ses biens pour ne pas que les autres puissent regarder ce qui lui appartient et en concevoir de la jalousie car cela risquerait de lui causer des dommages.
Mais Bilaam remarqua que la raison pour laquelle les juifs ne placent pas les tentes face à face, c’est pour ne pas risquer de regarder dans la tente de son prochain. Ce qui les inquiétait encore plus que d’être endommagé par le regard de l’autre, c’est de soi-même être celui qui endommagerait autrui par son propre regard. Et effectivement, cela est bien une attitude d’une noblesse énorme. Chaque juif éloignait sa tente de celle de son prochain pour ne pas risquer de regarder involontairement chez lui et en concevoir une certaine jalousie qui risquerait de lui causer du tort.

Cette leçon est fondamentale dans toutes les relations humaines. La racine de tous les conflits provient du fait que chacun cherche à satisfaire ses intérêts, et quand les intérêts s’opposent, alors naissent les conflits. Mais la Torah demande à l’homme de chercher à combler les intérêts de son prochain avant même les siens.
Il convient particulièrement d’adopter cette conduite dans son couple. Une vie basée sur ce principe est remplie d’harmonie et de bénédictions. En voyant une telle noblesse, Bilaam comprit qu’il ne pourra pas nuire à Israël.
[rav Mikaël Mouyal]

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+ La paix du foyer :

-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) écrit :
Beaucoup payeraient cher pour savoir quelles sont les bases de la paix, et quelles sont les conditions pour vivre en paix, en particulier au sein du foyer. Il ne fait aucun doute qu'en première place vient le fait de savoir se retenir de répliquer en cas de conflit, savoir se taire, et retenir les mots acerbes qu'on a sur le bout de la langue.

On voit une allusion à cela dans la bénédiction de Bilam (Balak 24,5) : "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël".
Rachi explique : "il a vu que les ouvertures n'étaient pas orientées les unes en face des autres".

L'ouverture, c'est aussi la bouche : "les ouvertures n'étaient pas orientées", c'est-à-dire que les bouches ne s'ouvraient pas pour parler contre les autres. Ils savaient retenir les paroles inutiles et pardonner en cas de désaccord ou d'altercation. C'est le secret de la bénédiction de Yaakov.

Sainteté – Garder nos yeux (1ere partie)

+ Sainteté - Garder nos yeux (1ere partie) :

-> "Nous avons une tradition selon laquelle le yétser ara ne peut influencer que ce que les yeux d'une personne regardent" [Rava - guémara Sotah 8a]

-> Ne vous égarez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux qui vous entraînent à l'infidélité." (Chéla'h Lé'ha 15,39)
Rachi commente : Le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps et ils se font ses courtiers pour les péchés : l’œil voit, le cœur désire et le corps les commet.

[c'est notre regard sur la vie qui va nous pousser à fauter. En effet, si à l'image du roi David nous avions toujours D. en face de nous (shiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8), alors nous ne fauterions jamais!
Le rav Mordé'haï Gifter affirme : "Ce que tu vois est très dépendant de la direction vers laquelle est tournée ton cœur".]

-> En ce sens, le Chem miChmouel (Lé'h Lé'ha) enseigne que là où se trouve l'esprit d'une personne, c'est là où elle se trouve. En effet, la totalité de notre être va être attiré vers ses pensées.

[on regarde la réalité de la vie en fonction de notre esprit.
Si l'on veut voir du positif ou du négatif, on trouvera toujours matière à alimenter un tel regard.
De même, une personne qui voudra avoir des visions interdites pourra toujours trouver de bonnes raisons justifiant son désir de les voir.]

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-> "Une personne a 248 membres dans son corps, et tous suivent les yeux"
[midrach Chir haChirim rabba 4]

-> "Qu'est-ce qu'un homme?
Il est ce qu'il voit."
['Hafets 'Haïm - rapporté par le rav Yaakov Galinsky]

-> Le machia'h aura des yeux magnifiques car il n'aura jamais rien vu d'incorrect.
[Targoum Yonathan ben Ouziel - Béréchit 49,12]

Le rav Moché Shmouel Shapiro note que de toute évidence, ce qu'un juif voit l'affecte même physiquement.
Il cite l'exemple de Yaakov qui n'a été rassuré sur son fils Yossef, qu'une fois qu'il a pu observer sa totale sainteté dans ses yeux physiques, témoignant qu'il avait surmonté l'épreuve.
["maintenant, je puis mourir après avoir vu ton visage" (Vayigach 46,30)]

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-> "Dignes d'éloges sont ceux qui ... ferment leurs yeux afin de ne pas profiter d'une sujet de faute dans ce monde. En effet, grâce à cela, ils vont mériter d'accueillir la Présence Divine [dans le monde à Venir]."
['Hafets 'Haïm - Ma'hané Israël - chap.12]

-> "Tandis que les autres [hommes] regardent [les femmes] et que lui ne le fait pas, il mérite [de recevoir] les grandes bontés qui sont entreposées de côté, comme il est écrit : "qu’elle est grande Ta bonté, que Tu tiens en réserve pour Tes adorateurs, que Tu témoignes à ceux qui ont foi en Toi" (Téhilim 31,20).
Ses yeux seront alors rassasié de la splendeur de la Présence Divine, [comme il est écrit : ] "Tes yeux contempleront le Roi dans Sa beauté" (Yéchayahou 33,17)"
[Séfer 'Hassidim - siman 9]

-> Celui qui fait attention à ne pas regarder une vision interdite, méritera de voir le rayonnement lumineux de la Torah.
[midrach Etamar p.317]

-> "Lorsque quelqu'un est poussé dans une épreuve [par le yétser ara a avoir une mauvaise vision,] et qu'il reste malgré tout solide, ne regardant pas ce qui est interdit, alors à ce moment la présence Divine est proche de lui, prête à le bénir et à accepter sa demande."
[rav Its'hak Zilberstein, citant le Shomer Emounim (Séfer Kédouchat ha'Haïm)]

-> "Celui qui garde l'alliance des yeux aura une subsistance abondante.
[rav 'Haïm Palaji - Tochachat 'Haïm, rapporté dans le Nétivot haHalakha p.329]

A l'inverse, le Beit Avraham (Nétivot haHalakha p.315) affirme que celui qui ressent un plaisir au regard de visions interdites, aura sa subsistance proportionnellement réduite.

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-> "Saches que les yeux ont un pouvoir d'influencer les choses pour le bien ou pour le mal ...
C'est ainsi que Hachem a averti le peuple juif de ne même pas regarder les idoles, car en faisant cela on nourrit le yétser ara, qui en tire des forces ..."
[rabbi Ména'hem Recanati]

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch enseigne que nous nous lions à ce que nous voyons, et il rapporte que rabbi Yéhouda haNasssi affirmait qu'il était supérieur à ses camarades car il avait pu voir rabbi Méir, quoique seulement de l'arrière/dos.
De même, la guémara Yérouchalmi rapporte que rabbi Yo'hanan et Reich Lakich ont dit qu'ils ont mérité de comprendre la Torah uniquement parce qu'ils ont pu voir une seule fois les doigts de rabbi Yéhouda haNassi.

Rav 'Haïm Chmoulévitch suggère à celui qui veut se débarrasser des dommages qu'il a causé en ayant pu regarder des choses interdites, de s'efforcer à regarder des personnes qui sont saintes (kadoch), et grâce à cela elle va acquérir de la sainteté.

=> Il en résulte qu'une vision n'est pas anodine, et nous influence positivement ou négativement.
A nous de prendre soin de ce pouvoir énorme que D. nous a confié.