Aux délices de la Torah

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"Mille par tribu, mille par tribu, pour toutes les tribus d'Israël vous enverrez à l'armée. On désigna d'entre les milliers d'Israël, mille par tribu, 12 000 [hommes] en armes pour l'armée" (Mattot 31,4-5)

-> Le midrach nous enseigne que chaque tribu a envoyé 3 000 personnes à la bataille.
1000 pour se battre, 1000 pour la gestion des armes et autres objets nécessaires (comme les trompettes), et 1000 pour prier.

=> Cela signifie que chaque soldat avait un homme qui priait pour lui!
Nous avons toujours besoin de la prière pour réussir.

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-> Les hommes assignés aux prières devaient se rendre au front et se tenir auprès des guerriers pour implorer D.
Pourquoi ne pouvaient-ils pas prier à l'intérieur du campement?

Selon le rav Yé'hezkel Levinstein (Ohr Yé'hezkel), la réponse se trouve dans le principe suivant : l'homme est excessivement enclin à se laisser influencer par le mal et le mensonge.
Si un homme ne fournit pas d'intenses efforts pour extirper de son cœur des pensées du type : "c'est ma force, le pouvoir de ma main qui m'a valu cette réussite" (Dévarim 8,17), celles-ci finiront par le dominer.

Et cela s'applique non seulement à des personnes ordinaires, mais également aux personnes les plus importantes de la génération.
En effet, les guerriers partis combattre contre Midyan étaient tous dotés d'une grande envergure spirituelle, mais en dépit de leur haut niveau de foi, ils risquaient pourtant de se laisser séduire par de telles pensées renégates.
Même en menant une guerre de mitsva, leur victoire aurait pu les conduire à s'attribuer leur réussite à leurs forces et non entièrement à Hachem.

L'explication de ce phénomène tient au fait que l'individu est influencé par les visions qui s'offrent à ses yeux.
Si les guerriers ne constataient pas la force de la prière de manière concrète, leur cœur se serait naturellement laissé guider par les apparences. La simple information qu'on priait pour eux au campement n'aurait pas suffi à détourner cette idée que c'est ma force qui a permis ma réussite.

-> Ainsi, selon le Maalat haTéfila, pour ne pas qu'ils oublient que c'est Hachem qui leur donna la victoire, essentiellement par le mérite des prières, c'est pourquoi les hommes qui épanchèrent leurs prières se rendirent au front auprès des soldats. Ainsi, quand ces derniers les verront constamment prier pour eux, ils n'oublieront pas que c'est l'Aide d'Hachem qui les fit gagner la guerre.

-> Ces guerriers partis combattre contre Midiyan étaient tous dotés d'une grande envergure spirituelle, comme l'enseigne le midrach rabba : "Engagez parmi vous (v.3) = c'est-à-dire des tsadikim (justes)."
=> Ainsi, le principe ci-dessus ne s'applique pas qu'à des personnes ordinaires : même les hommes les plus importants dans les générations doivent s'atteler à cette tâche durant toute leur existence.
Il faut faire des efforts pour que le mal et les mensonges ne viennent pas subtilement nous dominer.

-> "Il est écrit au sujet des hommes qui ne maîtrisent pas convenablement leurs pensées et qui ne réfléchissent pas continuellement à la crainte de Hachem : "Leur crainte à Mon égard se borne à des préceptes d'hommes, à une leçon apprise" (Yéchayahou 29)."
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva - port.III,15]

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-> "On désigna" : Rachi explique que les combattants était recrutés contre leur gré.
C'est tout à leur éloge car sachant que Moché mourrait une fois ce combat achevé, ils ne voulaient pas y prendre part, ni remporter la victoire au prix de la vie de leur guide (Moché).

-> Selon Rachi, toutes les tribus, dont celle de Lévi, ont envoyé 1000 hommes au combat.
Puisque la tribu de Yossef était divisée en 2 (Ménaché et Efraïm), cela implique que l'on envoya 13 000 soldats, par rapport aux 13 tribus (11 plus 2 de Yossef).
=> Comment la Torah peut-elle dire que l'on désigna 12 000 personnes?

Le Imré Emet apporte la réponse suivante :
La tribu de Lévi était composée de gens très pieux, qui ne connaissaient rien d'autre que la volonté divine. Et même si la mort de Moché (qui appartenait à leur tribu) devait suivre cette guerre, elle y alla de plein gré.

=> Ainsi en réalité, on a dû contraindre (cf. terme : "désigna" du verset) 12 tribus sur 13 à aller en guerre, celle de Lévi y allant de bonne volonté.

"Moché parla au peuple en disant : Armez parmi vous des hommes pour l'armée, et qu'ils soient contre Midian, afin d'exercer la vengeance de Hachem sur Midian" (Mattot 31,3)

-> Rachi : Bien que D. lui ait annoncé qu'il mourrait immédiatement après cette guerre, Moché n'a pas temporisé mais s'est empressé d'accomplir cette mitsva.

-> Le Yalkout Chimoni rapporte que : "Si Moché avait voulu ne pas mourir, il ne serait jamais mort.
Hachem lui avait dit : "Si tu n'exerces pas une vengeance contre ces ennemis d'Israël, tu ne mourras pas!"
Il aurait ainsi pu la repousser pendant 20 ou 30 ans.
Mais Moché se dit : "Je n'ai pas le droit de reporter cette mitsva."
Aussitôt l'ordre reçu, Moché parla au peuple : " Armez parmi vous des hommes pour l'armée ...""

-> Le rav Yéhouda Leib Hassman (Ohr Yahel - tome III) enseigne que cette guerre était d'une importance capitale, parce qu'elle relevait du devoir de laver l'affront porté à D.
Il se "sacrifia", avec joie, pour cette mission, afin de rendre hommage à son Créateur.

-> Le midrach (Dévarim rabba 22,6) nous enseigne que Yéhochoua devait vivre 120 années, à l'image de Moché, mais cependant il ne vécu que jusqu'à 110 ans.
Pourquoi cela?

Yéhochoua savait qu'il devait mourir après avoir vaincu les 31 rois de la terre d'Israël, et il ne l'a pas fait avec précipitation, mais plutôt en prenant des années et des années.

Nos Sages rapportent que Yéhochoua avait vu par inspiration divine (roua'h hakodech) que les juifs cesseront de servir Hachem à partir de sa mort, et il voulait éviter cela en faisant durer au maximum les guerres, pour repousser sa mort.
Malgré ses bonnes intentions, sa vie a été réduite de 10 ans à cause de cela.
Pourquoi?

La raison est que notre rôle sur terre est de faire ce que D. attend de nous actuellement, et non pas de faire des calculs, des spéculations sur le futur, et cela même si nous pensons qu'uniquement du bien en résultera.

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-> Il est intéressant de constater que Moché n'est pas parti lui-même se battre contre les midianites.
Le midrach (Tan'houma) s'interroge : Pourquoi n'y est-il pas allé sachant que Hachem lui demande explicitement : "Exerce la vengeance" (Mattot 31,2)?

La raison est que Moché a résidé de nombres années à Midian, et qu'il n'est pas convenable qu'il cause directement de la peine à ceux qui lui ont fait du bien par le passé.
Le midrach conclut par : "Ne jette pas des pierres dans le puits duquel tu as pu boire!"

Le Séfer Otzrot haTorah dit que Moché n'a même pas questionné Hachem à savoir s'il devait y aller lui-même, car c'était évident pour lui que la gratitude, la reconnaissance l'empêchait de le faire.

[En tant que juifs en exil, nous devons toujours être reconnaissant du pays qui nous a permis d'y vivre.
En ce sens, la Torah nous demande clairement d'avoir de la gratitude envers les égyptiens qui nous ont accueillis/hébergés pendant des années, et ce même s'ils nous ont fait subir un esclavage extrême.
Ainsi, combien à plus forte raison dans notre situation personnelle!]

"Le 8e jour, aura lieu pour vous une fête de clôture" (Pin'has 29,35)

-> Rachi enseigne : Comme pendant les 7 jours [de Souccot], les enfants d'Israël offrent des sacrifices en référence aux 70 nations et qu'ils s'apprêtent ensuite à partir, Hachem leur dit : "De grâce, faites-Moi encore un léger repas, que Je puisse profiter de votre présence."

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-> A Souccot, nous offrons 70 taureaux, qui correspondent aux 70 nations du monde.
Le Gaon de Vilna développe cette notion de la façon suivante.

Les maîtres de la kabbale expliquent que l'humanité entière dépend de 2 peuples majeurs, et que tous les autres leur sont en quelque sorte rattachés.
Ces 2 nations dominantes sont : Ichmaël et Essav.

Cet état de fait apparaît allusivement dans ce passage énonçant les sacrifices de Souccot.
Le 1er, le 2e et le 4e jour de la fête, la Torah fait mention de : "ché'ir izim" ("bouc de caprins"), et pour les autres jours, il est simplement mentionné un : "ché'ir" (bouc) [bien qu'il s'agisse du même animal].
Or, selon la tradition, Ichmaël est désigné comme : "ché'ir izim", et Essav comme "izim".

Il en découle que :
- En additionnant les taureaux offerts pendant les jours où la Torah parle de "ché'ir izim", on obtient : 13 (1er jour) + 12 (2e jour) + 10 (4e jour) = un total de 35 taureaux amenés au Temple. Cela correspond à la moitié des nations du monde (35 sur 70).

- de même pour les autres jours (où il est fait mention uniquement de : "ché'ir") : 11 (le 3e jour) + 9 (5e jour) + 8 (6e jour) + 7 (7e jour) = 35 taureaux.

=> On voit ainsi en allusion que les nations du monde sont partagées en 2, car elles sont toutes rattachées aux 2 peuples dominants.
Si les taureaux sacrifiés le 1er jour sont ceux liés à Ichmaël, c'est parce qu'il est chronologiquement apparu avant Essav.

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-> Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) note qu'il est écrit : "Le 8e jour, aura lieu pour vous une fête de clôture".

Le 8e jour, les sacrifices qui y sont offerts sont exclusivement ceux des juifs, car nous ne sommes rattachés à aucune puissance, comme il est écrit : "un peuple vivant solitaire, qui ne se confondra pas avec les nations" (Bamidbar 23,9).

Nous ne sommes pas soumis aux lois de la nature, nous dépendons directement de la providence Divine, et notre lot est celui de la Torah, qu'ont refusé d'avoir Ichmaël et Essav.

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"Le 8e jour, aura lieu pour vous une fête de clôture" (Pin'has 29,35)

Le chiffre 7 fait allusion à ce monde (les 7 jours de la semaine), et le 8 renvoie au monde à venir.
"une fête de clôture" = la venue du machia'h va clôturer le fonctionnement actuel de ce monde, et cela va nous permettre de pouvoir se réjouir pleinement de la présence de notre papa Hachem, qui est malheureusement bien trop voilée actuellement.

=> A l'image de la Soucca (durant les 7 premiers jours de Souccot), nous devons avoir conscience et accepter le caractère éphémère de ce monde.
En effet, un moment de fête éternel nous attendant avec la venue imminente du machia'h!
[toute problématique matérielle devient alors secondaire, tandis que ce qui est spirituel devient primordial à nos yeux!]

=> De même que la Soucca est très fragile aux attaques du vent, de la pluie, ... de même en tant que juifs, nous subissons (individuellement et collectivement) des turbulences dans ce monde.
Cependant, le 8e jour est imminent, et nous pourrons alors nous réjouir seuls en présence de notre papa Hachem.
[certes actuellement c'est les autres nations de ce monde qui gèrent (les sacrifices des 7 premiers jours les concernant), cependant seul le peuple juif est éternel, symbolisé par le fait qu'ils sont les seuls à sacrifier à Hachem le 8e jour!
Quiconque nous porte atteinte, ne peut le faire que parce que D. lui permet, il devra en rendre des comptes, et il disparaîtra contrairement à nous!]

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+ Les sacrifices de Souccot :

-> Le Méam Loez (Pin'has 29,35-39) enseigne :
Au cours des 7 jours de Souccot, on offre 70 taureaux. Ils symbolisent les 70 nations de l'humanité ...
Chaque nation a un ange gardien [parmi les 70 anges qui entourent le Trône de Gloire ], alors qu'Israël est placé sous la direction directe de D., comme il est écrit : "Mais Sa nation resta la part de D. ; Yaakov fut le lot de Son héritage" (Haazinou 32,9).

En offrant ces 70 taureaux à Souccot, nous montrons que les anges gardiens des 70 nations ne sont pas libres d'agir à leur guise ; ils doivent obéir à la volonté de D., leur Maître.
[Ce sacrifice étant offert au Temple au profit de l'humanité,] le midrach déclare : "Malheur aux nations du monde! Elles ne savent pas quel bienfait elles ont perdu en détruisant le Temple. Grâce à lui, elles obtenaient l'expiation de leurs fautes!"
De plus, le midrach commente le verset : "En échange de mon affection, ils me haïssent, et je [continue à] prier" (Téhilim 109,4). Le peuple d'Israël déclare : "Lors de la fête de Souccot, je sacrifie 70 taureaux au bénéfice des 70 nations. Mais au lieu de me manifester leur reconnaissance, elles me haïssent".
Le nombre de taureaux diminue chaque jour de Souccot d'un, ce qui signifie que les nations du monde s'amoindriront progressivement jusqu'à disparaître.
[...]

Les 70 taureaux offerts au cours des 7 jours de Souccot correspondent aux 70 anges gardiens des nations. Leur nombre diminue quotidiennement et présage du déclin futur des nations et de leur disparition ...

Les lettres désignant le 1er, le 2e et le 4e jour de la semaine, forment le mot : אבד (avad) signifiant se perdre ou périr. Le sacrifice expiatoire (sé'ir izim) offert ces jours-là fait allusion à la destruction des empires puissants (izim signifie puissant), [comme dans le Téhilim 9,7 où "avad" signifie : disparu]

Les nations puissantes sont comparées à des "sé'ir izim" (même racine que "az" : puissante).
Parmi elles, la première est celle de Nabuchodonosor que la Torah compare à un lion (cf. Yirmiyahou 4,7). Ainsi, le sacrifice expiatoire "sé'ir izim" du 1er jour de Souccot fait allusion à la destruction et à l'anéantissement de l'empire puissante de Babylonie.

Le sacrifice du "sé'ir izim" le 2e jour évoque l'empire perse qui devint extrêmement fort avant de s'effondrer et d'être vaincu par la Grèce.

La Grèce est le 3e empire auquel il est fait allusion ici.
La Torah emploie le mot "sé'ir" plutôt que "sé'ir izim" car cet empire n'était pas aussi cruel que les autres envers Israël.
La Grèce fut parfois même bienfaisante envers notre peuple, comme le montre l'épisode de la rencontre entre Alexandre le Grand et le Cohen Gadol Chimon haTsadik, rapportée dans la guémara.
La Grèce est le royaume appelé "sé'ir" dans la prophétie de Daniel ("Le bouc [sé'ir] est le roi de Grèce" - Daniel 8,21).

Le sacrifice du 4e jour, pour lequel l'expression employée est : "sé'ir izim", fait référence à l'empire d'Edom (Rome) qui remplaça la Grèce et tyrannisa le peuple [juif].
La Torah prédit que ce 4e empire aussi finira par être détruit : "tout son souvenir d'elles a disparu" (mot : "avad" - Téhilim 9,7).

Les jours restants (le 5e, le 6e, le 7e, le 8e) où manque le mot "izim" (puissant) font allusion aux nations qui se mêlèrent aux 4 principaux empires.
Comme elles n'étaient ni aussi effrayantes ni aussi puissantes que les 4 autres, le "izim" est omis. Cependant, elles finiront par disparaître elles aussi.
Le verset dit donc : "le 8e jour sera un jour d'Atséret (de retraite, clôture) pour vous" = le jour où les grands empires auront disparu, le peuple juif sera délivré de toutes les nations.

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-> Le peuple juif dit à D. :
"Maître de l'univers! Vois la différence entre nous et les nations de la terre. Lorsque Tu leur donnes le meilleurs elles Te mettent en colère. Par contre, si Tu nous accordes un bienfait, nous Te louons.
Tu as donné la paix et l'abondance à la génération précédant le Déluge mais elle n'a pas sacrifié un seul taureau devant Toi. Ces hommes se rebellèrent même contre Toi, comme il est écrit : "Ils dirent à D. : Ecarte-Toi de nous" (Iyov 21,4).
Tu as accordé paix et abondance à la génération de Babel mais un seul homme parmi eux T'a-t-il rendu hommage [en offrant un sacrifice]? Au contraire, ils ont construit une tour pour Te faire la guerre ...
C'est aussi ce qu'ont fait Sodome, Pharaon, Sanhériv et Nabuchodonosor.
Il faut donc accorder tout le bien au peuple d'Israël qui Te louera et T'exaltera pour Tes bienfaits".

Le prophète Yéchayahou dit : "Tu as ajouté [la Torah et les honneurs] à cette nation [Israël], ö D., Tu as ajouté à cette nation. Elle T'a glorifié" (Yéchayahou 26,15).
Chaque fois que D. a élevé un peuple, il ne Lui a pas rendu hommage pour cela. Mais lorsqu'Il a accordé le bien à Israël, "une nation unique sur terre" (Chmouël II 7,23), elle L'a glorifié.

Le peuple d'Israël dit à D. : "Tu nous as donné la fête de la nouvelle lune et nous T'offrons des sacrifices. De même, à Pessa'h, Shavouot, Roch Hachana et Souccot, nous présentons des sacrifices supplémentaires.
Les nations aussi célèbrent des fêtes mais ce ne sont pour elles que des occasions de se gorger de nourriture, de boire et de perpétrer des abominations. Elles T'irritent par leurs transgressions et leur langage grossier.
Par contre, pendant les fêtes que Tu as données aux Bné Israël, ils fréquentent les synagogues et les maisons d'étude puis se rassemblent pour prendre leurs repas avec solennité, chanter et T'offrir des louanges."
Hachem dit à Israël : "Votre conduite convient à Mes fêtes et votre réjouissance sied à votre valeur". Ainsi : "Le 8e jour sera une Atsérét pour vous".
[Méam Loez - Pin'has 30,1]

"Moché fit comme Hachem lui avait prescrit : il prit Yéhochoua ... il lui imposa les mains et lui donna ses instructions, comme Hachem l'avait dit par l'intermédiaire de Moché" (Pin'has 27,22-23)

-> Le Rambam (Hilkhot Sanhédrin 4,1) commente :
"Moché appuya ses mains sur Yéhochoua, comme il est écrit : "Il lui imposa les mains et lui donna ses instructions".

De même, Yéhochoua appuya ses mains sur les 70 Anciens et la présence Divine reposa sur eux.
Ces mêmes anciens appuyèrent par la suite leurs mains sur leurs successeurs, et leurs successeurs sur les leurs.

Il s'avère que l'ordination a été transmise de génération en génération, remontant jusqu'au tribunal de Yéhochoua et celui de Moché notre maître."

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-> Le rav Chlomo Wolbe (Alé Chour - tome 1 p.75) s'interroge : pourquoi le Rambam précise-t-il : "la présence Divine reposa sur eux"? Quel est le lien avec l'ordination?

Et de répondre : en réalité, c'est précisément de cette manière que la présence Divine (chékhina) repose sur les hommes = ce sont les maîtres de chaque génération qui investissent leurs élèves de leur capacité à accueillir la présence Divine.

-> "Un dignitaire est contrôlé par un supérieur, et au-dessus d'eux il est encore des dignitaires" (Kohélét 5,7)
Le Gaon de Vilna explique que chaque ange reçoit ses attributions d'anges supérieurs, et les transmet à son tour à ceux qui lui sont inférieurs.

Dans son Yalkout Léka'h Tov, le rav Beifuss affirme que ce même principe régit les êtres humains : la capacité à accueillir la présence Divine vient de leurs supérieurs respectifs, par l'acceptation du joug de la Royauté divine, qui doit se faire impérativement par son maître.
En effet, lorsqu'un homme devient l'élève d'un maître, il se lie ainsi à la chaîne ininterrompue remontant jusqu'à Moché, ayant lui-même reçu la Torah de la bouche de Hachem.

Même si de façon formelle, l'ordination (appuyer les mains) n'existe plus de nos jours, la chaîne continue.
C'est de cette manière que les plus profonds secrets de la Torah sont transmis en toute authenticité de génération en génération, et ce jusqu'à la fin des temps.

D'ailleurs, c'est sur ce principe que repose le devoir de "servir ses maîtres", au sujet duquel nos Sages enseignent : "Si un homme a étudié sans réviser, il demeure un parfait ignorant. S'il a étudié et révisé, mais qu'il n'a pas servi des érudits, il est comme quelqu'un ignorant les secrets de la Torah" (midrach Vayikra rabba 83,7).

[d'une certaine façon en s'abaissant pour servir et absorber la Vérité/Torah de son maître, nous lui permettons au fur et à mesure de poser ses mains sur nous, et d'ainsi pouvoir recevoir la présence Divine, suivant la chaîne : Hachem -> Moché -> Yéchochoua -> ... -> notre maître -> nous-même!

De même que chaque maillon d'une chaîne est unique, de même nous devons cultiver notre unicité.
Par ailleurs, de même que chaque maillon reste continuellement attaché à la chaîne, de même nous devons toujours resté fidèle aux valeurs juives reçues.

=> En nous liant avec notre maître, nous faisons alors partie de cette chaîne, et ainsi nous venons à nous lier avec Hachem Lui-même, qui en est l'Origine.]

"Attaquez les midyanites et frappez-les! Car ils vous ont attaqués eux-mêmes [...] au moyen de Péor et de Kozbi, la fille du prince Midyanite" (Pin'has 25,17-18)

-> Le midrach (Bamidbar rabba 21,4) enseigne :
"Attaquer les Midyanites", pourquoi cela? "Car ils vous ont attaqués".
Nos Sages déduisent d'ici la règle suivante: Si quelqu'un vient te tuer, tue-le en premier.
Rabbi Chimon dit : D'où savons-nous que l'incitateur à la faute est pire que l'assassin?
Car celui qui tue autrui lui ôte la vie dans ce monde, sans le priver de son monde futur. Mais celui qui l'incite à la faute le prive de ce monde-ci et du monde futur.

2 nations sont venues à la rencontre des enfants d'Israël armées d'une épée, et 2 autres en les incitant à la faute.
- Les égyptiens et les édomites les ont approchés avec une épée, comme il est dit : "L'ennemi (égyptien) disait : courons, atteignons ... tirons l'épée" (Chémot 15) ; "Edom lui répondit : Tu ne traverseras pas mon pays car je me porterais en armes à ta rencontre" (Bamidbar 20).
- 2 nations les ont incités à fauter : Moav et Amon.

Au sujet de celles qui les ont approchés avec une épée, il est écrit : "Tu abomineras pas l’égyptien" (Dévarim 23).
Mais s'agissant de celles qui ont voulu faire fauter Israël, il est écrit : "Un amonite ni une moavite ne seront admis dans l'assemblée de Hachem : même après la 10e génération, ils seront exclus ... à perpétuité" (Dévarim 23)."

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-> Le Zikhron Méïr (rav Méïr Rubman) fait remarquer que la vision des hommes est totalement opposée à celle de la Torah.
A nos yeux ce qui est spirituel relève trop souvent de la théorie, tandis que les faits matériels sont perçus de manière sensible (je ne crois que ce que je vois!).

Nous sommes ainsi conciliant et indulgent lors d'une attaque envers la spiritualité d'une personne, mais lorsqu'on porte atteinte à autrui physiquement ou moralement, nous n'avons aucune clémence.

=> La Torah nous enseigne ici que la douleur de l'âme devrait être bien plus importante que celle du corps, "car celui qui tue autrui lui ôte la vie dans ce monde, sans le priver de son monde futur. Mais celui qui l'incite à la faute le prive de ce monde-ci et du monde futur".

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+ Les "tueurs d'âmes" :

-> Le rav Yéhouda Leib 'Hasman (rapporté dans le Marbitsé Torah ouMoussar - tome II (p.96) dit :
"Il existe différents types de meurtriers : il y a celui qui tue par inadvertance, et celui qui commet son crime délibérément. Certains assassins n'ôtent la vie qu'à une seule personne, certains en tuent beaucoup, et d'autres enfin perpètrent des génocides.
Le point commun à tous ces criminels est qu'une fois morts, leurs actions cessent avec eux.

Mais il n'en est pas ainsi du "tueur d'âmes" : même après sa disparition, ses actions lui survivent.
Je fais référence à ces écrivains et ces chanteurs, qui par leurs œuvres détournent leurs frères juifs de Hachem.
Même après leur mort, des hommes continueront de lire leurs œuvres et de lasser leur poison s'insinuer dans leur cœur."

[Nous avons la possibilité de nous associer à des œuvres qui après notre mort vont continuer à nous générer du positif ou bien du négatif.]

"Tu lui communiqueras une partie de ta majesté" (Pin'has 27,20)

-> La guémara (Baba Batra 75a), que rapporte Rachi, explique : "Une partie et non pas toute ta splendeur!
Les anciens de cette génération ont dit que la visage de Moché était comme le soleil, et que celui de Yéhochoua était comme la lune.
Malheur pour une telle honte! Malheur à un tel déshonneur!"

=> En quoi le fait que le visage de Yéhochou brillait comme la lune est une source de honte et de déshonneur?

-> Le 'Hafets 'Haïm répond que les anciens de la génération ont pu se rendre compte de l'évolution de Yéhochoua, qui était à l'origine comme eux.
En profitant au maximum de la présence de Moché, il a atteint des sommets.
Ils pensaient : "Si seulement nous avions pu fréquenter davantage Moché, nous aussi nous aurions mérité une telle grandeur. C'est nous qui sommes à blâmer pour ne pas avoir accéder à ce niveau élevé!"

=> Il en est de même pour nous avec les Sages qui nous entourent.
Chaque fois que nous avons la possibilité de les fréquenter et que nous ne le faisons pas, nous perdons une occasion de grandir, de briller davantage!

Dans le Léka'h Tov, il est écrit : "C'est le même sentiment qui envahira celui qui cède à la paresse dans son étude et qui ne s'y consacre pas de toutes ses forces : du fait de son manque de volonté, il se prive de dimensions qu'il aurait pu atteindre.
Et lorsque [dans le monde éternel de Vérité], le visage de ses compagnons, qui auront su fournir les efforts nécessaires, sera illuminé par leur Torah, son extrême humiliation publique sera immense!
Mais à ce moment-là, il sera déjà trop tard pour réparer son tort, car dans les temps du machia'h, le yétser ara ne sera plus et chacun demeurera exactement au degré qu'il aura atteint."

[Il existe une jalousie positive : celle qui nous pousse à nous améliorer en spiritualité (si lui agit ainsi, alors moi aussi!).
Nous ne devons pas hésiter à prendre exemple sur les bonnes attitudes d'autrui.
Sinon, à l'image des anciens nous serons à la fin de notre vie remplis de honte : Si seulement je m'étais comporté comme mon ami, j'aurai pu faire tellement mieux de ma vie! Quel dommage!! ]

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-> Le Gaon de Vilna dit que tout le peuple avait remarqué que Yehochoua était moins grand que Moché.
Cependant, les gens pensaient que la raison à cela est que Yehochoua était encore bien plus jeune que Moché, et que lorsqu'il vieillira, il deviendra comme Moché.
Seuls les anciens du peuple, qui avaient connu Moché dès sa jeunesse, pouvaient attester que même quand Moché avait l’âge de Yehochoua, il se distinguait déjà de lui.

La différence entre Moché et Yehochoua n’était donc pas une question d’âge.
Conscients de cela, les anciens pouvaient affirmer que la face de Moché était comme celle du soleil, et celle de Yéhochoua était comparable à celle de la lune.

Ce n’était pas leur écart d’âge qui faisait leur différence, car même au même âge, Moché dépassait déjà Yehochoua.

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-> Moché était celui qui reçut la Torah, tandis que Yéhochoua était celui qui fit entrer le peuple en Israël.

Certains commentateurs expliquent que Moché était comparable au soleil et Yehochoua à la lune.
En effet, le soleil donne de sa lumière à la lune, et tout l’éclat de celle-ci ne provient que du soleil.

De la même façon, toute la valeur de la terre d'Israël ne provient que de la pratique de la Torah.
Ce pays n'a pas une valeur indépendamment de la Torah, on ne peut pas imaginer de terre d'Israël sans la Torah.

En cela, le rapport entre Moché et Yehochoua, c’est-à-dire entre la Torah et la terre d’Israël, est comparable au rapport entre le soleil et la lune.

=> De même que la lune n'a de lumière que celle qu'elle reçoit du soleil, ainsi la terre d’Israël n’a de valeur que celle qu'elle puise de la Torah.

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-> Rabbi Nathan de Breslev explique que Moché qui est le symbole du Juste (tsadik) est comparé au soleil.
Cela signifie qu'à l'image du soleil que l’on ne peut observer et regarder du fait de son intensité, de la même façon, les hommes ne peuvent appréhender ni percevoir la splendeur du tsadik de par l’ampleur de sa sainteté.

En revanche, les gens peuvent cerner la lueur de son élève, en l’occurrence Yéhochoua, qui est donc comparé à la lune qui peut être observée.

C'est ainsi que le peuple avait peur de s'approcher de Moché et il dut mettre un "masque" sur son visage.

Il n'est réellement possible de percevoir la lumière du tsadik (Moché) qu'à travers le prisme de son élève (Yéhochoua), à l’image de la lueur de la lune qui peut certes être perçue, mais qui ne fait que refléter la lumière du soleil.

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1194) écrit :
"Yéhochoua se distinguait par son humilité et son abnégation. Bien qu’il fût le disciple de Moché de longue date, il ne considérait jamais qu’il n’avait plus rien à apprendre de lui et connaissait déjà tout.
Même lorsque Moché monta dans les cieux pour recevoir les 2e tables de la Loi, Yéhochoua planta sa tente en bas de la montagne, afin de pouvoir immédiatement poursuivre son apprentissage, dès le retour de son Maître.
Toute sa vie durant, il se considérait comme un élève et estimait pouvoir encore progresser dans son service divin et l’étude de la Torah. C’est pourquoi il fut surnommé le "serviteur de Moché" (Béaaloté'ha 11,28), car c’est ainsi qu’il se voyait.

Seul l’homme humble est à même de diriger le peuple, car il comprend chacun de ses membres et peut leur tendre une oreille attentive.
En outre, celui qui s’efface devant son Maître ne cesse de s’élever spirituellement, car il ne pense jamais être arrivé au sommet et s’efforce continuellement de poursuivre son élévation."

[La lune n'a pas de lumière propre, elle renvoie celle du soleil. Ainsi, Yéhochoua a été capable de toujours rester humble dans sa relation avec le soleil Moché, et ainsi il a pu absorber et renvoyer la lumière transmise par Moché.
Les Anciens n'ont pas adopter une telle attitude, et ont raté l'occasion d'être eux-aussi une belle lune qui illumine par ricochet le monde.
On apprend de là que nous devons tâcher de suivre l'exemple de Yéhochoua, en permettant à notre humilité de laisser de la place pour prendre un maximum de la sagesse de nos maîtres, et alors nous pourrons être une belle lune!]

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+ "Tu lui donneras de ton éclat" (Pin'has 27,20)

-> Nos Sages (guémara Baba Batra 75a) expliquent : "de ton éclat" et pas "tout ton éclat".
Les Anciens de cette génération ont dit : "La face de Moché est comme le soleil, la face de Yéhochoua est comme la lune, malheur, quelle honte!"

-> Torah Temima demande ce que la honte a à faire ici, puisque Moché était le maître de tous les prophètes. Quand Moché a donné de son éclat à Yéhochoua, il l’a fait avec générosité en lui donnant de son esprit, et ne l’a privé de rien. Il a même rajouté par rapport à ce que Hachem avait demandé, quand Il avait dit : "Tu lui imposeras la main" (Pin'has 27,18). Il est écrit : "la main", au singulier, Il lui a dit de l’ordonner d’une seule main, et Moché lui a imposé les deux mains, ainsi qu’il est écrit : "Il imposa les mains" (27,23).
Mais même si Yéhochoua ne s’était jamais séparé de Moché, il n’avait malgré tout pas assez de force pour recevoir toute cette abondance, il pouvait capter uniquement ce que la lune peut recevoir du soleil.

-> Voici une autre réponse à la question de Torah Temima : Qu’est-ce que la honte a à faire ici?
Le ‘Hida (dans son commentaire sur le traité Avot) dit :
Nos Sages ont dit dans le midrach que Yéhochoua a mérité d’être le chef à la place de Moché parce que du vivant de Moché il s’est conduit comme un serviteur ("Yéhochoua fils de Noun, le serviteur de Moché"). Il arrangeait les bancs dans le Beit HaMidrach et étendait les tapis, c’est pourquoi il a vu le fruit de ses œuvres.
Les Anciens, qui à l’époque avaient eu honte de faire ce que faisait Yéhochoua, quand ils ont vu que c’est justement par ce mérite qu’il était devenu le chef d’Israël et que son visage rayonnait comme celui de la lune, on dit : "Malheur, quelle honte que nous ayons hésité à arranger les bancs du Beit HaMidrach!"
C’est cette honte qui a fait de nous à présent les élèves du jeune Yéhochoua ... Nous devons comprendre de là la grandeur du mérite de ceux qui entretiennent la maison de Hachem, la synagogue et le Beit HaMidrach.

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+ "Investis-le d'une partie de ta splendeur afin que toute la communauté israélite lui obéisse" (Pin'has 27,20)

-> Le Méam Loez commente :
"Puisque Yéhochoua était ton serviteur depuis sa jeunesse, tu dois l'investir de ta splendeur. Il t'incombe de l'honorer en présence d'El'azar et de toute la communauté d'Israël. Ainsi, tous comprendront qu'ils doivent l'honorer comme toi et non plus le considérer comme ils l'avaient fait jusqu'à présent."

Selon une autre interprétation, l'expression "ta splendeur" évoque l'éclat du visage de Moché, un reflet de la lumière de la Présence Divine qui communiquait avec lui.
Hachem lui dit d'investir Yéhochoua d'une partie de cet éclat. En d'autres termes, Moché devait transférer à Yéhochoua une partie de ses capacités prophétiques.
Nos Sages déclarent : "Le visage de Moché ressemblait au soleil et le visage de Yéhochoua à la lune".
La faculté prophétique de Moché était bien supérieur à celle de Yéhochoua. En effet, Moché était le seul prophète à atteindre le niveau où son visage brillait d'une luminosité telle que personne ne pouvait le regarder directement.
[...]

Moché accorda ces honneurs à Yéhochoua avec beaucoup d'amour, comme un père nommerait son fils, comme un héritier et son successeur. Cela nous est révélé par le fait que Hachem avait ordonné à Moché : "Impose ta main (yédé'ha) sur lui", mais Moché posa ses 2 mains (yadav), comme il est écrit : "Il (Moché) posa ses mains sur lui (Yéhochoua) et l'investit ainsi que D. l'avait ordonné à Moché" (Pin'has 27,23) ...
Hachem ordonna à Moché d'investir Yéhochoua d'autorité, de puissance et de sagesse, ce que Moché fit des 2 mains, avec largesse.

"De Yétser, la famille Yitsrite ; de Chilem, la famille Chilémite" (Pin'has 26,49)

Selon le 'Hafets 'Haïm, ce verset peut être compris de la façon suivante :

-> "De yétser" : celui qui succombe au yétser ara se trouvera immédiatement en compagnie de "la famille Yitsrite", dont les membres sont disponibles pour l'aider à avancer dans le chemin du mal.

-> "De Chilem" : mais celui qui se bat pour la perfection (chlémout) va se trouver en compagnie de "la famille Chilémite", dont les membres qui craignent le Ciel et qui on atteint la perfection spirituelle, vont l'aider sur le chemin de la droiture.

"Les fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, la famille Tolaïte ; de Pouva, la famille Pounite ; de Yachouv, la famille Yachouvite ; de Chimron, la famille Chimronite." (Pin'has 26,23-24)

Yissa'har a été béni par Yaakov : "Yissa'har est un âne aux os solides" (Vayé'hi 49,14), car il prend sur lui le joug de la Torah à l'image d'un âne portant une lourde charge.
Ainsi, ils étaient des érudits en Torah enseignant aux autres tribus les décisions en terme de loi juive.
Ils savaient faire les calculs permettant de déterminer les mois et l'année bissextile, comme il est dit : "Les enfants de Yissa'har, experts en la connaissance des temps" (Divré haYamim I 12,33).

Le Ohr ha'Haïm voit dans leurs noms des allusions à leur grandeur en Torah et à leur caractère raffiné.

-> "Yissa'har" : yéch cha'har (il y a une récompense).
La vraie récompense est donnée dans le monde à venir, et est réservée à ceux qui étudient la Torah et accomplissent les mitsvot.

-> "Tola" : la Torah ne reste que chez celui qui est humble et qui se fait petit comme un verre (tola'at).

-> "Pouva" : c'est similaire au mot "pé" (une bouche) : nous devons utiliser notre bouche pour parler de Torah, et éviter de l'utiliser pour des choses inutiles.

-> "Yachouv" : une personne doit s'asseoir (lachévét) dans une yéchiva et se retenir de s'occuper de choses vaines.

-> "Chimron" : une personne doit faire attention (léhichamèr) d'éviter de profaner le nom de Hachem.

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-> "Fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes" (Pin'has 26,23)

-> On a vu précédemment que Yissa'har était un ben Torah. Ceci est inscrit en allusion dans son nom "Yissa'har" : "yech" (il y a) "sakhar" (un salaire).
[...]
Le nom Yissa'har fait également allusion au fait que dans l’avenir (comme il est mentionné à la fin de Oktsin), D. procurera à chaque tsaddik 310 mondes : "yech" (valeur numérique de 310) "sakhar" (récompense).
[d'après le Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes" (Pin'has 26,23)

-> Yissa'har est considéré dans la tradition comme le représentant de l'étude de la Torah.
Or, la Torah ne peut véritablement se conserver que chez une personne humble et modeste. L'humilité est une condition primordiale pour l'acquisition de la Thora.
Or, le mot "Tola" (תולע) est aussi un terme qui signifie "ver de terre". En cela, il représente l'humilité. A l'image des paroles du roi David qui a déclaré : "Je suis un ver de terre et non un homme".
Ainsi, la Torah vient ici faire allusion au fait que pour appartenir à la famille de Yissa'har et acquérir l'étude de la Torah, il faut avoir la caractéristique de "Tola" et être empli d'humilité.
[Zeved Tov]

"La terre sera partagée en héritage, selon le nombre de noms" (Pin'has 26,53)

Nous sommes dans le contexte du recensement sur lequel va se baser la répartition des territoires en terre d'Israël. En effet, seuls ceux ayant déjà 20 ans à ce moment vont y compter pour recevoir une part (cf.Rachi).

-> Le rav 'Haïm Kanievsky s'interroge : Pourquoi n'est-il pas écrit : "selon le compte des têtes", comme cela l'est mentionné quasiment toujours dans la Torah, comme par exemple au moment du recensement dans le désert : "Faites le relevé ... selon [le décompte de] leurs têtes" (Bamidbar 1,2).

Il répond en rapportant le midrach suivant (cité dans le Shita Mékoubétsét - Ména'hot 37a) :
Un homme a 2 têtes, insistait pour avoir une double part dans l'héritage de son père, clamant qu'il était comme 2 personnes.
Le cas a été amené devant le roi Chlomo, pour qu'il départage : est-il considéré comme 2 par ses 2 têtes, ou bien comme 1 car ayant un seul corps?

Le roi Chlomo a couvert une de ses têtes et a versé de l'eau chaude sur l'autre.
Les 2 têtes ont crié.
En conséquence, il a montré qu'en terme d'héritage ils étaient considérés génétiquement comme une seule personne.

Rav Kanievsky dit que nous pouvons alors comprendre pourquoi notre verset utilise : "les noms" plutôt que "les têtes", tout particulièrement lorsqu'il s'agit de la répartition des territoires en Israël.
En effet, celui qui a 2 têtes et un nom ne recevra qu'une part.

Cependant, dans le cas du rachat du 1er né, la Torah utilise le terme de "le nombre de tête", car on doit donner au Cohen 5 Sélaïm par tête.
Ainsi, pour une personne ayant un nom, mais 2 têtes, elle devra s’acquitter de : 2*5 = soit 10 Sélaïm.

=> Il est impressionnant de voir à quel point tout se trouve dans la Torah!!

"Au nombreux, tu accroîtras son héritage, au moins nombreux, tu réduiras son héritage : à chacun selon son dénombrement sera donné son héritage. C'est seulement au sort que sera partagée la terre [d'Israël], selon les noms des tribus de leurs pères, ils hériteront" (Pin'has 26,55)

-> Rachi commente : On a donné une plus grande part à la tribu dont la population était plus nombreuse.
Et bien que les parts fussent d’importance inégale, puisque le partage a été effectué selon l’importance de la population des tribus, tout a été fait par tirage au sort, et ce tirage au sort a été opéré sous la dictée de l’esprit saint, comme expliqué dans la guémara Baba Batra (122a).

El'azar le Cohen Gadol était revêtu des Ourim et des Toumim et annonçait sous l’inspiration divine : "Si telle tribu sort de l’urne, tel territoire sort avec elle."

On avait écrit le nom des tribus sur 12 bulletins, et de même celui des 12 territoires.
On mélangeait les bulletins dans une urne, dans laquelle le prince introduisait la main et dont il retirait 2 bulletins.
Ainsi tenait-il en main le bulletin correspondant à sa tribu et un autre sur lequel était écrit le territoire qui lui était destiné.

Le sort lui-même disait à haute voix : "Moi, le sort, j’ai attribué tel territoire à telle tribu!"

-> Pour ce rendre compte à quel point cela était miraculeux, le rav Alport étudie les probabilités liées à cet événement.

Le prince (nassi) de la 1ere tribu avait une boîte avec 48 papiers, dont il devait retirer 2 papiers avec le nom de sa tribu et le nom d'un territoire, et que cela corresponde avec ce qu'avait annoncé auparavant El'azar.
=> La probabilité est de : 2/(24*23)

Puis, arrivé le prince de la 2e tribu, qui procédait de même en prenant 2 papiers dans une boîte où il en restait 22.
La probabilité est de : 2/(22*21)

Et ainsi de suite ...
On a une probabilité de réussite de : 212/(24*23*22*...*2*1).

=> Si El'azar n'avait pas l'inspiration divine, il aurait une probabilité d'avoir fait les bonnes prédictions d'environ : 1 sur 151 476 000 000 000 000 000.

Cela est basé sur l'avis de Rachi.
Cependant, son petit-fils le Rachbam écrit dans son commentaire sur la guémara (Baba Batra 122a) qu'on y utilisait 2 boîtes distinctes : une avec les noms des tribus, et une autre avec les noms des territoires.

Dans ce cas, la probabilité pour le 1er prince de tribu était de : 1/122 ; pour le 2e : 1/112 ; ...

On a une probabilité totale de : 1/(122*112*102*…*22*12).

=> Dans ce cas, El'azar avait 1 chance sur 229 442 532 802 560 000 de trouver les bonnes combinaisons, soit 660 fois plus probable que l'avis de Rachi.

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Sachant que la probabilité de gagner à un lotto est d'environ 1 chance sur 18 millions, El'azar avait :
-> selon l'avis de Rachi : 8 mille milliards de fois plus de chance de gagner au lotto!
-> selon l'avis du Rachbam : c'est 12 milliards.

=> Le partage de la terre d'Israël a été fait d'une manière totalement divine (défiant toute probabilité!).
Cela avait pour objectif d'éviter toute éventuelle dispute future concernant ces territoires.

Par ailleurs, on peut noter qu'un être humain normal ne jure qu'en terme de : "je veux gagner au loto", tandis qu'un juif se doit de viser beaucoup plus haut, en terme de mitsvot et de Torah, qui sont, à minima, des milliards de fois plus élevées.

=> Comment ne pas en être fou de joie? Comment peut-on parfois avoir les mêmes prétentions que les non-juifs?

Pour Hachem, quelle différence qu'une chose a 100% de chance de se produire, et qu'une autre n'en a que 0,00001%.
Il est Le Créateur de tout, Il peut tout, et nous en tant que Ses enfants nous n'avons aucune raison de nous inquiéter, car notre papa, c'est le plus fort!