Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Tout celui qui prend le deuil sur Jérusalem mérite de voir son bonheur (à Jérusalem)" (guémara Taanit 30b).

-> Le principe sous-jacent est le suivant : Toutes les facultés d'une personne sont inspirées par ses pensées. L'essence d'une personne est attirée par ce à quoi elle pense.
Ainsi, lorsqu'une personne a des pensées saintes et pleure Jérusalem, ses pensées et son essence sont dans le domaine de la sainteté.

Le mot hébreu pour "mérite" (zo'hé - זוכה) est lié au mot pour "raffinement" (izdak'krout - הזדככות).
Ainsi, le sens profond de la déclaration ci-dessus est que lorsqu'une personne a des pensées saintes et pleure sur Jérusalem, elle s'affine et voit, au moment présent, un peu de la réjouissance qui se produira dans l'avenir.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Eikha ]

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=> "La présence Divine ne réside [dans l'homme] que lorsqu'il est joyeux" (guémara Shabbath 30b).
Il s'ensuit qu'un état de deuil précipite l'absence de D. dans la vie de la personne.
Néanmoins, le deuil de Jérusalem affine l'homme et lui permet de ressentir la Présence divine.

La crainte du Ciel

+ La crainte du Ciel (par le rav Nathan Watchfogel) :

-> "Si une personne n'a pas de crainte [d'Hachem], elle n'a pas non plus de sagesse" (Pirké Avot 3,17).
... La seule façon de gagner en crainte d'Hachem est d'étudier du moussar, il adoucit nos cœurs de pierre.
Cela nous ouvre les yeux, nous remarquons la main d'Hachem dans nos vies, et nous ressentons plus de crainte d'Hachem grâce à cela.
[rabbi Nathan Watchfogel]

-> Une personne doit commencer à apprendre le moussar par le biais du yira (crainte d'Hachem), mais cela doit immédiatement se transformer en joie.
Si une personne prend le moussar qu'elle étudie et en fait vraiment une partie de sa vie, et le prend vraiment à cœur, alors cela lui apporte de la joie, parce qu'au fond de nos cœurs, la joie nous vient plus naturellement que la peur/crainte.
Lorsqu'une personne étudie le moussar comme il se doit, elle est immédiatement remplie de joie.
[rabbi Nathan Watchfogel]

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-> Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de gens qui s'assoient et étudient dans le monde entier. Il y a beaucoup plus de yechivot et de kollélim. Avec autant d'étude, nous devrions nous attendre à ce que cette nouvelle génération produise plus de guédolé hador que jamais auparavant, mais nous n'avons pas constaté que c'était le cas. Pourquoi?

Les gens sont occupés à étudier la Torah, mais ils ne font pas d'effort pour acquérir la crainte d'Hachem.
Il est dit : "Sans crainte (d''Hachem), il n'y a pas de 'hochmah (sagesse)" (Pirké Avot 3,21).
Comme le dit le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm), la yirat Chamayim (crainte du Ciel) est l' "entrepôt" de la Torah.
Le rav de Volozhin écrit : "Plus l'entrepôt de yirat chamayim qu'une personne se construit est grand, plus elle peut y mettre de 'grains' de Torah et les garder en sécurité dans son entrepôt" (Néfech ha'Haïm 4,5).
Nos Sages (guémara Yoma 72b) disent : "Malheur aux talmidé 'hakhamim qui étudient la Torah mais n'ont pas de yirat Chamayim".
Etudier le moussar est ce qu'une personne doit faire pour acquérir la yirat chamayim. C'est ce qui permet de réussir dans la Torah.
[rabbi Nathan Watchfogel]

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-> Sans un séder de moussar quotidien, "la chose la plus importante manque".
Le rav Yérou'ham Lévovitz a dit que le yétser ara laissera une personne faire tout ce qu'elle veut, juste pour qu'elle n'étudie pas le moussar!

-> Le rav El'hanan Wasserman parlait un jour au 'Hafets 'Haïm d'une nouvelle yéchiva qui venait d'ouvrir, et il en disait beaucoup de bien.
Le 'Hafets 'Haïm lui demanda s'il y apprenait le moussar.
Lorsque Rav El'hanan répondit par la négative, le 'Hafets 'Haïm dit : "Si c'est le cas, alors la yéchiva ne vaut même pas une bouffée de tabac".

Avoir la crainte du jugement

+ Roch Hachana - Avoir la crainte du jugement (par le rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot) :

-> "Chaque année qui est pauvre à son début devient riche à sa fin" (Roch Hachana 16b).

Cela signifie que si nous faisons preuve de soumission et d'humilité à Roch Hachana, par crainte du Jugement [impitoyable], nous acceptons sur nous-mêmes la Royauté d'Hachem.
Lorsque nous faisons cela, nous avons un lien avec le Roi et nous devenons dignes de mériter un bon jugement et une bonne année.

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-> Le Alter de Kelm a dit qu'en réalité nous n'avons qu'un seul objectif, qui est d'accepter Hachem comme Roi, d'accepter Sa Royauté (Malkhout Chamayim).
C'est pourquoi nous récitons le Shéma deux fois par jour. Cependant, la "Royauté" est quelque chose que nous ne connaissons que dans notre esprit ; nous ne la ressentons pas dans notre corps et dans notre cœur. Il nous manque donc quelque chose.

C'est pourquoi Hachem, dans Sa grande sagesse et Sa bonté, nous a donné deux jours de Jugement : Roch Hachana et Yom Kippour. Ces jours sont destinés à nous effrayer et à nous faire ressentir la Malkhout Chamayim.
Nous devons ensuite porter ce "sentiment" de Malkhout Chamayim avec nous pendant le reste de l'année.

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-> Quelqu'un a demandé au rav Wachtfogel : "Pourquoi n'ai-je pas peur de Roch Hachana?"
Le machia'h lui répondit : "Si vous pensez à ce que vous dites dans les prières : 'Oupoked kol yétsouré kédem, mi lo nifkad kéhayom hazé" (et Il juge chaque créature, qui n'est pas jugé en ce jour?), vous aurez peur, et vous commencerez alors à faire ce que vous êtes censé faire.

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-> Quelqu'un s'est plaint un jour au rav Wachtfogel : "Lorsque je pense à ces choses (jugement de Roch Hachana), je ressens de la peur, mais cela ne dure qu'une seconde. Puis elle disparaît et je me sens comme avant".
"Ne dépréciez pas ce sentiment de peur. Même si cela ne dure qu'une seconde, cela vaut beaucoup!" lui répondit le rav.

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-> Nous devons nous rappeler que tout se décide à Roch Hachana : toute notre matérialité, nos besoins physiques, et toute notre spiritualité, notre réussite dans la Torah, absolument tout.
Si nous avons peur du Jugement, nous agirons différemment et deviendrons de nouvelles personnes.

-> Lorsque nous pensons vraiment à la façon dont nous nous tenons devant Hachem, le Roi des rois, et que nous imaginons ne serait-ce qu'un peu ce que cela signifie, nous devrions être soudainement envahis par la peur.

-> Nous devons vraiment réfléchir et imaginer comment notre Jugement est écrit à Roch Hachana et scellé à Yom Kippour, comment il est décidé combien de personnes quitteront le monde.
Absolument tout est contrôlé par Hachem. Pensez à tout ce qui s'est passé l'année dernière, tout a été décidé l'année dernière, à Roch Hachana.
Lorsque nous y pensons, nous craignons vraiment la Royauté d'Hachem.

"Une fois que nous avons été jugés par Hachem à Roch Hachana, c'est comme si nous étions un être nouvellement créé".
[midrach Yalkout Pin'has 782]

-> Le rav Hutner (Pa'had Its'hak - Roch Hachana - maamar 6,3) explique qu'à Roch Hachana, si nous prions et avons les bonnes intentions, la force même de la Création habite notre être intérieur, lui permettant non seulement de changer, mais aussi d'être recréé une fois de plus.
Telle est la force cachée à laquelle chacun d'entre nous peut accéder le jour de sa naissance, Roch Hachana.

"Celui qui n'a pas prémédité le meurtre et dont D. a dirigé la main (ira en ville de refuge)" (Michpatim 21,13)

-> Rav 'Hama ben 'Hanina a abordé le sujet (de l'assassin volontaire qui doit s'exiler) avec le verset : "Hachem est bon et droit, c'est pourquoi Il guide les pécheurs sur le chemin" (Téhilim 25,8) = si D. guide même les pécheurs, Il guide les Justes (tsadikim) à plus forte raison.

Rabi Chim'on ben Lakich a abordé ce même sujet avec ce verset (Michpatim 21,13) : "Celui qui n'a pas prémédité le meurtre et dont D. a dirigé la main (ira en ville de refuge)". Ce verset doit être compris selon ce proverbe ancien (Chmouel I 24,14) : "C'est des méchants que vient le mal". De quoi parle ce texte ?
De deux hommes qui ont commis un homicide; l'un a tué involontairement et l'autre délibérément sans témoins. Hachem provoque alors leur rencontre dans la même auberge. Celui qui avait commis l'homicide volontairement s'assied sous l'échelle (de l'auberge) ; celui qui avait commis l'homicide involontairement descend cette échelle, tombe sur le premier et le tue.
Ainsi, celui qui avait tué volontairement a trouvé la mort (qu'il méritait) et celui qui avait tué involontairement part en exil ...

Rav Houna dit au nom de Rabbi Elazar : "Dans la voie qu'un homme veut suivre, le Ciel l'y conduit".
[guémara Makot 10b]

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=> Comment comprendre le verset : "Il guide le pécheur" et le raisonnement a fortiori de Rav 'Hama sur les tsadikim ?

-> Selon le Maharcha :
Rav 'Hama a prononcé ce verset (25,8) de Téhiim : "Hachem est bon
et droit ; ainsi, Il guide le pécheur" où les pécheurs ('hataïm) désignent les meurtriers qui ont tué involontairement, par accident, en à qui Hachem, dans Sa bonté, a préparé pour eux des villes de refuge (aré miklat) dans lesquelles ils pourront se réfugier et se protéger du vengeur de sang.
De plus, ce verset : "Tu prépareras la route. afin que tout meurtrier puisse s'y réfugier" (Choftim 19,3) est expliqué ainsi par Rabi Eli'ézer ben Ya'aqov (guémara Makot 10b) : Le mot "miklat" (refuge) était écrit à tous les carrefours, afin que le meurtrier involontaire connaisse la route à prendre et puisse se diriger le plus rapidement possible vers la ville de refuge la plus proche.

Pourquoi le meurtrier involontaire est-il qualifié de pécheur?
C'est parce qu'il n'y a pas de hasard; c'est Hachem qui a amené la victime sous la main du meurtrier, d'après le verset ("D. seul ait conduit sa main" - Michpatim 21,13).
Or un meurtre involontaire ne peut se produire que par un "tueur" qui a commis des fautes précédemment ; c'est pourquoi il est désigné pécheur.
Rav Hama ben 'Hanina a donc fait ce kal va'homer (raisonnement a fortiori) : si D. guide le pécheur en préparant à l'avance son itinéraire, afin de le sauver d'un vengeur de sang, à plus forte raison D. guide les tsadikim (Justes) pour les écarter des mauvaises choses.

-> Selon le Iyoun Yaakov :
Hachem guide les pécheurs vers les villes-refuge pour les sauver de la mort par un vengeur de sang ; a fortiori Hachem guide les tsadikim et leur montre la route à emprunter pour les épargner du yétser ara d'autant plus que plus un homme est grand sur le plan spirituel, plus son yétser ara est grand et désire le "tuer spirituellement, si ce n'est qu'Hachem aide les tsadiquim.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le kal va'homer peut être compris ainsi : Si D. protège même les pécheurs en les guidant pour les sauver de la mort, a fortiori Il guidera le chemin des tsadikim vers l'étude de la Torah qui constitue leur miklat (refuge) en plaçant dans leur cœur la volonté d'étudier la Tora avec assiduité.
C'est pourquoi, ce verset dit : "Une grande paix attend ceux qui aiment la Torah. Pour eux, point d'obstacle" (Téhilim119,165), car la Torah devient la "ville-refuge" de ceux qui l'aiment et retire les obstacles de la vie.

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=> Comment le principe énoncé par Rav Houna : "Le Ciel conduit un homme là où il veut aller" peut-il être lu?

-> Le Maharcha commente :
Il aurait été plus normal que Rav Houna affirme : "Sur le chemin qu'un homme veut prendre, Hachem l'y conduit!" avec le singulier "moli'h oto", puisque c'est Hachem (ou le Ciel) qui conduit cet homme sur le chemin qu'il désire. Pourquoi alors Rav Houna a-t-il utilisé le pluriel : "moli'hin oto" (ils l'y conduisent)?

Rav Houna a voulu faire allusion au fait qu'une bonne pensée ou une bonne parole ou une bonne action, crée un Ange (mala'h) du côté du bien, et inversement, une mauvaise pensée, une mauvaise parole ou une mauvaise action crée un Ange du côté du mal.
Ainsi, après que l'homme, doté d'un libre-arbitre, ait choisi le bien ou le mal, Hachem donne ordre à ces Anges, créés par cet homme, de le conduire dans le chemin qu'il a choisi. C'est pourquoi, il est écrit : ils l'y conduisent (moli'hin oto) au pluriel.

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-> "Un homme qui aurait tué sans pourchasser la victime ..., Je placerai pour toi un endroit où il fuira là-bas" (Michpatim 21,13)

-> Ce verset présente une anomalie. En effet, il commence à la 3ème personne : "un homme qui aurait tué", pour poursuivre à la 2e personne : "Je placerai pour toi", pour ensuite repasser à la 3ème personne : "où il fuira".
En fait, ce verset rapporte que quand un homme tue involontairement, il devait fuir vers une "ville refuge" pour se protéger du vengeur du sang de la victime. Or, Moché lui aussi a commis un meurtre en tuant l'Egyptien qui était en train de frapper l'Hébreu. Malgré de bonnes raisons qui justifiaient son acte, compte tenu de son niveau de Sainteté, Hachem le lui considéra néanmoins comme un meurtre involontaire.
Vers la fin de sa vie, Hachem lui rapporta qu'il fallait réserver 3 "villes refuge" à l'ouest du Jourdain. Avant l'entrée en Terre Sainte, ces villes ne pouvaient pas encore servir de refuge. Elles seraient d'aucune utilité.
Malgré tout, Moché s'exécuta et s'empressa de réserver ces 3 villes à l'ouest du Jourdain. Il comprit qu'Hachem voulait par cela lui donner l'occasion d'effacer complètement toute trace de son meurtre.

Cela est tout en allusion ici. Bien que le verset soit exprimé à la 3e personne pour parler d'un homme qui tuerait involontairement, Hachem fait allusion à Moché et lui prépare une réparation du meurtre de l'égyptien, par la mitsva de réserver ces « villes refuge ». Aussi, Il lui dit : « Je placera pour toi (Moché) un endroit où il fuira là-bas (שמה)", qui a les mêmes lettres que משה (Moché). Je prévois pour toi, Moché, une réparation lorsque tu prépareras les "villes refuges" vers lesquelles le meurtrier pourra se mettre à l'abri.
[Chaar Hapsoukim]

+ Kora'h :

-> Le nom de קרח (Kora'h) fait allusion au fait que par sa rébellion contre Moché et Aharon, il a causé une קרחה (kor'ha : calvitie) dans Israël, c'est-à-dire qu'il a provoqué un vide dans la population des Bné Israël, puisque plus de 250 hommes éminents ont péri ainsi que plus de 14 000 hommes morts dans une épidémie (maguéfa).
[Talmud Sanhédrin 109b]

-> Kora'h s'est révolté contre Moché qui a amené sur terre les 5 Livres de Tora, en lui reprochant d'énoncer des Lois de sa propre initiative et non ordonnées par Hachem.
Ainsi, Kora'h a nié l'origine Divine de la Torah. C'est l'affaiblissement du pouvoir des 5 livres de la Torah qui est désigné קרחה (kor'ha) qui peut être lue רחק ה (ra'hak hé) : il a éloigné d'Israël les 5 Livres de la Torah qui exerçaient une influence positive sur eux.
En réarrangeant les lettres des mots רחק (ra'hak), on obtient le nom קרח (Kora'h) désigné ainsi pour avoir éloigné Israël de la Torah, donc de son Créateur.
[Ben Ich 'Haï]

"Voici l'histoire de Noa'h ; Noa'h fut un homme juste et intègre à son époque?" (Noa'h 6,9).
Rabi Yo'hanan déduit de ce verset que Noa'h était un Juste dans sa génération, mais n'aurait pas été considéré comme tel dans d'autres générations.
Rech Lakich en déduit au contraire : si Noa'h était irréprochable dans sa génération (d'impies), a fortiori s'il avait appartenu à d'autres générations de Justes.
Selon Rabi 'Hanina, l'opinion de Rabi Yo'hanan peut être illustrée par cette parabole : un tonneau de vin a été placé dans une cave remplie (de tonneaux) de vinaigre ; dans cet endroit, l'odeur (agréable) du vin se répandait, mais si ce tonneau était retiré de cet endroit, l'odeur du vin n'aurait plus été perceptible.
Selon Rabi Ocha'ya, l'opinion de Rech Lakich peut être illustrée par cette parabole : un flacon de parfum placé au milieu d'immondices exhale sa bonne odeur (malgré la présence d'ordures), a fortiori ce parfum exhalerait sa bonne odeur au milieu d'autres parfums.
[guémara Sanhédrin 108a]

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=> Comment expliquer la différence d'opinion entre Rabi Yo'hanan, et Rech Lakich sur le niveau de Noa'h?

-> Rachi (Noa'h 6,9) commente :
C'est le mot "bédorotav" (dans sa génération) qui est la source de la divergence entre Rabi Yo'hanan et Rech Laquich.
Selon Rabi Yo'hanan, le mot «dans sa génération» est lu comme un blâme pour Noa'h : relativement à sa génération composée d'impies (récha'im), c'était un tsadiq (Juste); mais s'il avait vécu à une génération de tsadikim comme Avraham, il n'aurait compté pour rien.
Selon Rech Laquich, au contraire, le mot «dans sa génération» est lu comme un éloge : si Noa'h a pu se maintenir tsadiq au milieu de tant d'impies, à plus forte raison, il aurait été encore plus tsadiq s'il avait vécu à une génération de tsadikim, sous leur influence.

-> Selon le Gour Arié :
Selon Rabi Yo'hanan, Noa'h a été sauvé du déluge, car dans sa génération il était le seul tsadik relatif et personne n'atteignait son niveau. Mais selon Rech Lakich, Noa'h a été sauvé du déluge, car il avait le potentiel pour devenir un grand tsadik s'il avait vécu dans une génération composée de tsadikim.

-> Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch enseigne :
L'expression (bédorotav) peut être interprétée de deux façons : soit "A son époque, il fut un tsadik relatif" selon Rabi Yo'hanan, soit "Même à son époque, il demeura tsadik" selon Rech Laquich.
Les 2 interprétations sont correctes; en effet, le combat mené par Noa'h dans cette génération de récha'im a certainement exercé une influence négative sur lui. Cependant, une petite mesure de moralité et de droiture conservée par Noa'h dans cette période a eu plus de poids dans la balance Divine qu'une plus grande mesure de moralité et de droiture à une meilleure époque où la majorité sont des tsadikim.

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=> Peut-être Rabi Yo'hanan et Rech Lakich ne sont-ils pas en position, mais ils se seraient exprimés sur deux plans différents?

-> Le Iyoun Yaakov explique :
Le redoublement du nom Noa'h au début du verset cité (Noa'h 6,9) suggère ; d'après le Midrach, que le premier nom Noa'h se rapporte au monde supérieur, c'est-à-dire aux mitsvot entre Noah et Hachem, tandis que le second nom Noa'h se rapporte au monde inférieur, c'est-à dire aux mitsvot entre Noa'h et son prochain.
Ainsi :
- Rabi Yo'hanan se serait exprimé sur la relation de Noa'h avec le Ciel (le monde supérieur) et a comparé la situation spirituelle de Noa'h, qui avait besoin d'un appui pour le soutenir, selon la fin du verset : "Noa'h cheminait avec (l'appui de) D." (Noa'h 6,9), à celle d'Avraham qui avait un niveau très supérieur à celui de Noa'h, car Avraham marchait dans sa piété, de lui-même sans être soutenu, selon le verset adressé par Hachem à Avraham âgé de 99 ans : "Marche devant Moi et sois intègre" (Lé'h Lé'ha 17,1).
C'est pourquoi, Rabi Yo'hanan a affirmé que Noah était tsadik relativement à ses concitoyens récha'im, mais il n'aurait pas été considéré comme tel à d'autres générations (comme celle d'Avraham).
- Par contre, Rech Lakich se serait exprimé sur la relation de Noa'h avec ses concitoyens (le monde inférieur) envers qui il pratiquait la tsédaqa (la charité) et des actions bienveillantes de guémilout 'hassadim (bienfaits). Si dans cette génération d'impies, Noa'h était si bienveillant, a fortiori il aurait été bienveillant dans une autre génération de tsadiquim.

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
Le guémara (Shabbat 53b) rapporte ce récit : Une femme mourut en laissant un nourrisson. Son époux n'avait pas les moyens financiers pour payer une nourrice ; ses seins se développèrent miraculeusement et il put ainsi allaiter son jeune fils.
Rav Yossef dit : "Combien est grand cet homme pour bénéficier d'un tel miracle!", tandis que Abayé dit : "Combien est petit cet homme pour qui on a dû changer les lois de la nature!".
Apparemment, Rav Yossef fait l'éloge de cet homme et Abayé blâme cet homme.

Le commentateur Yéchouot Yaakov (Ora'h 'Haim - ch.218) dit que Rav Yossef et Abayé n'exprimaient pas des opinions divergentes, mais s'exprimaient sur 2 plans différents : avant et après le miracle.
Rav Yossef voulait dire : Comme il était grand (le capital spirituel de) ce veuf avant le miracle pour mériter un tel miracle qui a modifié l'ordre de la Création.
Mais Abayé se place après le miracle et veut dire : Comme il est devenu petit le capital spirituel de ce veuf, après ce miracle "payé" par une forte diminution de son capital initial.

De même ici, Rabi Yo'hanan et Rech Lakich sont en fait d'accord, mais ils se sont placés sur deux plans différents : avant que Noa'h n'entre dans l'Arche et après que Noah en soit sorti sain et sauf. Tous deux admettent que Noa'h avait de grands mérites avant d'entrer dans l'Arche, suffisantes pour être préservé du déluge et tous deux admettent que les mérites de Noa'h avaient fortement baissé à la sortie de l'Arche, comme le prix à "payer" pour les miracles faits en sa faveur et son sauvetage.
Mais Rabi Yo'hanan met l'accent sur le déshonneur de Noa'h après sa sortie de l'Arche, avec un capital spirituel très amoindri. Par contre, Rech Laquich met l'accent sur l'éloge de Noa'h avant d'entrer dans l'Arche, car ses mérites étaient très nombreux avant leur amputation.

"[Avraham] fit un grand festin le jour où il sevra Its'hak" (Vayéra 21,8)

-> La guémara (Sanhédrin 89b) enseigne :
"Il arriva, après ces paroles, que D. mit Avraham à l'épreuve" (Vayéra 22,1). Après quelles paroles?
Après les paroles du Satan, selon Rabbi Yo'hanan au nom de Rabi Yossi ben Zimra ; en effet, il est écrit : "L'enfant grandit et fut sevré ; Avraham apprêta un grand festin" (Vayéra 21,8).
Satan dit à Hachem : "Maître de l'Univers, Tu as favorisé ce vieillard (Avraham) en lui accordant un enfant (Its'hak) à l'âge de 100 ans. De tous les festins qu'Avraham a apprêtés, il ne T'a pas offert une tourterelle ou une colombe!".
Hachem répondit : "Tout cela, il ne l'a fait qu'en l'honneur de son fils; si je lui demande : Offre-Moi ton fils en sacrifice, il le fera immédiatement". Aussitôt, D. mit Avraham à l'épreuve et lui dit : "Prends donc ton fils, ton unique, que tu aimes, Its'hak (et offre-le en sacrifice)" (Vayéra 22,2) ...
Quand D. lui dit "(Prends) ton fils", Avraham répondit : J'ai deux fils. Puis D. dit "(Prends) ton unique" ; il répondit : chacun d'eux est le fils unique de sa mère. Puis D. dit : "(Prends) celui que tu aimes" ; il répondit : je les aime tous deux. Enfin D. dit : "Its'hak".
Pourquoi toute cette discussion? Pour éviter de lui faire perdre la raison (par une annonce brutale)."

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=> Est-ce immédiatement après l'accusation du Satan qu'Avraham a été éprouvé ou longtemps après?

-> Le festin organisé par Avraham en l'honneur d'Its'hak a eu lieu le jour Où Its'hak avait deux ans, comme le dit Rachi a propos du verset : "L'enfant fut sevré et Avraham apprêta un festin" (Vayéra 21,8), tandis que l'épreuve d'Avraham (et d'Its'hak) a eu lieu lorsqu'Its'hak eut l'âge de 37 ans, donc 35 années après le festin.
=> Quand le Satan est-il venu accuser Avraham?

On peut citer les avis suivants :
-> Le Maharcha écrit :
Dans le verset (Lé'h Lé'ha 15,1), Rachi dit que le mot "a'har" (après) signifie immédiatement après, tandis que le mot "a'haré" signifie après un certain délai, après plusieurs jours ou plusieurs années.
Ce commentaire soulève une difficulté : le verset (Vayéra 22,1) a écrit "a'har hadévarim" (juste après les paroles du Satan - וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה), alors que l'épreuve d'Avraham s'est produite 35 ans après l'accusation du Satan.
Pour lever cette contradiction, il faut admettre que le terme "a'har" prend ici le sens de "mipné" (en raison de), c'est-à-dire à cause des paroles du Satan qui avait accusé Avraham juste après le festin offert, D. éprouva Avraham

-> Le Arou'h Laner enseigne :
Le mot : "a'har" prouve que Satan a accusé Avraham immédiatement après le festin. Mais Hachem a attendu qu'Its'hak soit âgé de 37 ans pour éprouver Avraham et Its'hak. Pourquoi ce retard?
C'est parce qu'Hachem a voulu aider Avraham à surmonter cette dernière épreuve, la plus difficile. En effet, selon Rabi Yo'hanan dans la guémara (Yoma 38b), lorsqu'un homme a passé la plus grande partie de sa vie sans fauter, il ne fautera plus. Or, selon le midrach (Tan'houma Vayéra, 6), la véritable vie d'un homme commence au jour de la mila ; celle d'Avraham a donc commencé à l'âge de 99 ans. Comme il est décédé à l'âge de 175 ans, sa durée de vie à prendre en compte est 175-99 = 76 années. Ainsi, Hachem a attendu qu'Avraham ait dépassé la moitié de sa "vie", c'est-à-dire 38 années et un jour pour l'éprouver avec succès. Ce jour-là, Avraham avait donc 99+38 = 137 ans et
son fils Its'hak, né lorsqu'Avraham avait 100 ans, avait donc 37 ans.
Hachem a alors éprouvé Avraham ce jour-là, 35 ans après l'accusation du Satan.

-> Selon Ben Ich 'Haï, il faut donner au mot "a'har" son sens classique : "juste après", et ainsi le Satan aurait accusé Avraham longtemps après le festin, lorsqu'Its'hak a atteint l'âge de 37 ans (donc 35 ans après le festin) et, aussitôt, D. éprouva Avraham. Pourquoi le Satan a-t-il attendu tant d'années avant d'accuser Avraham?
C'est parce que le Satan savait qu'Hachem éprouverait Avraham aussitôt après son accusation et il savait qu'Avraham, très attaché à Hachem, aurait accepté d'offrir Its'haq. Cependant, le Satan a attendu qu'Its'hak grandisse et atteigne l'âge mûr de 37 ans, car il était persuadé qu'Its'hak refuserait alors de se soumettre à son père, à cet âge où ses forces sont maximales et le désir de vivre est le plus intense.
Ainsi, selon les plan du Satan, cette épreuve serait un échec, car si elle réussissait le mérite de la 'Akédat Its'hak rejaillirait sur tous leurs descendants.
Contrairement au plan prévu par le Satan, Its'hak était prêt à se soumettre et à donner sa vie, et l'épreuve a donc réussi.

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=> Pourquoi Avraham n'a-t-il pas offert à Hachem un sacrifice de remerciement à la naissance d'Its'hak?

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
Satan a accusé Avraham d'ingratitude puisqu'il n'a même pas remercié Hachem par un sacrifice (gorbane) peu onéreux, comme la tourterelle ou la colombe qui sont habituellement amenées par les pauvres. Pourquoi Avraham n'a-t-il pas offert un sacrifice de remerciement après la naissance d'Its'hak?
Avraham n'a pas jugé utile d'offrir un korban (animal ou oiseau) à Hachem, car il a sanctifié totalement ce fils et l'a consacré à Hachem et il ne le considérait pas comme lui appartenant ; c'est donc son fils qu'il a offert à Hachem ; l'offrande d'un oiseau n'avait donc plus de sens.
C'est d'ailleurs la réponse d'Hachem aux accusations du Satan : Avraham ne voit pas Its'hak comme un cadeau du Ciel, mais comme un homme consacré à Hachem depuis sa naissance.

-> Le Sanhédré Kétana nous enseigne :
Lorsqu'Avraham reçut, quelques années avant la naissance d'Its'hak, la promesse de cette naissance, il offrit un sacrifice. A fortiori aurait-il dû offrir un korban de remerciement à Hachem à la naissance d'Its'hak!
S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il s'est dit : aucun korban ne sera suffisant pour remercier Hachem qui a réalisé pour moi un bienfait aussi grand, en accord avec ces propos du roi David dans ce verset : "Que répondrai-je à Hachem en retour de tous Ses bienfaits pour moi?" (Téhilim 116,12).
C'est pourquoi Hachem répond au Satan : Rien ne compte pour Avraham devant sa gratitude envers Moi et l'amour qu'il Me porte ; si Je lui demandais de M'offrir son fils en sacrifice, il le ferait aussitôt.

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=> En quoi le sacrifice d'Its'hak fut-il l'épreuve d'Avraham la plus difficile des 10 épreuves subies?

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikkhtav méEliyahou - tome 2 - pages 190-191) écrit :
La 'aquéda fut l'épreuve la plus difficile réussie par Avraham , car elle se situait sur 3 plans :
- sur le plan affectif, il s'agissait de renoncer à son fils bien aimé, unique de Sarah, qu'il avait eu tardivement à l'âge de 100 ans ;
- sur le plan spirituel, car il avait rapproché de D. de très nombreux idolâtres qui avaient renoncé à la pratique des sacrifices d'enfants sur le conseil d'Avraham; si Avraham avait sacrifié Its'hak, ils se seraient tous détournés de leur maître Avraham, réduisant à néant ce travail de zikouï harabim depuis plusieurs décennies ;
- sur le plan de l'avenir de la Nation d'Israël, puisque Hachem avait promis à Avraham qu'il serait le père d'un grand Peuple à travers son fils Its'hak.

Bien que l'ordre de la Akédat Its'hak soit en contradiction avec les promesses d'Hachem à Avraham, ce dernier se soumit totalement à la Volonté d'Hachem, sans poser aucune question, car toute explication demandée à Hachem aurait pu être interprétée comme un soupçon d'opposition à Sa Volonté.

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=> Pourquoi Hachem a-t-il ajouté : "ton unique" et "que tu aimes"?

-> Selon le midrach (Béréchit rabba ch. 14), l'expression "yé hidékha" (ton unique) fait allusion au mot "yé'hida" qui est un des 5 noms de l'âme humaine.
Pour Avraham, offrir son fils à Hachem équivalait à offrir son âme, car ce fils était son unique espoir pour l'avenir de sa mission (Sifré, Dévarim 313).

-> Le 'Hidouché haRim nous explique :
En ajoutant l'expression "acher ahavta" (que tu aimes), Hachem a voulu signifier à Avraham qu'en offrant Its'hak, il ne doit pas annuler l'amour qu'il porte à son fils devant l'amour de D. : la 'aquédat Its'haq ne doit pas être réalisée dans un état de cruauté et de dureté de cœur, mais avec un sentiment paternel d'amour envers son fils aussi intense que celui qu'il ressentait jusque-là.

-> Selon le Messé'h 'Hohkma :
Pourquoi l'Ange, qui a interrompu la Akédat Its'hak, félicite-t-il Avraham par les termes (Vayéra 22,12 et 22,16) : "Tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique" sans ajouter "que tu aimes" comme dans les propos d'Hachem (Vayéra 22,1)?
C'est parce que seul Hachem sait scruter nos cœurs et nos sentiments d'amour, contrairement aux Anges qui ignorent les pensées dans nos cœurs.

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=> Pourquoi Avraham a-t-il surmonté l'épreuve de la Akédat Its'hak, contrairement à son épouse Sarah qui en est morte?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar - si'ha 11) enseigne :
Au cours de l'annonce progressive, en 4 étapes : ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Its'hak, Avraham a eu un certain temps pour s'adapter à l'idée qu'il fallait offrir un de ses fils à Hachem, sans savoir, au début, de quel fils il s'agissait. Cette capacité d'adaptation, imprimée dans l'âme de tout être humain, a permis à Avraham d'accepter sereinement cette grande épreuve et de maîtriser ses sentiments, malgré son grand amour pour Its'hak.
Par contre, pour Sarah qui a été informée brutalement par le Satan de la Akédat de son fils, sans aucun temps d'adaptation, son cœur n'a pas résisté à ce choc émotionnel et son âme l'a quittée.

Citons une deuxième raison à la différence de réaction d'Avraham et de Sarah à la Akédat d'Its'hak. Arvaham mis à l'épreuve par Hachem, a reçu du Ciel les moyens de la surmonter, si difficile soit-elle, et il a ainsi réussi à la surmonter. Par contre, Sarah, que D. n'a pas mise à l'épreuve, n'a pas reçu du Ciel les moyens de résister à cette épreuve, et c'est pourquoi elle n'y a pas résisté.
=> Ainsi, une personne ne doit jamais se placer d'elle-même en situation d'épreuve (voir guémara Sanhédrine 107a), car dans ce cas, elle ne reçoit pas d'aide du Ciel pour la surmonter.
[et à l'inverse lorsque nous sommes dans une épreuve nous ne devons pas désespérer, et rester toujours convaincus que puisque Hachem nous y a mis, c'est qu'on peut la surmonter, qu'on a les capacités et Son aide pour cela. ]

"Puisque Hachem empêche le machia'h de venir, pourquoi l'attendons-nous avec ferveur?
Afin de recevoir le mérite de l'attendre, comme il est écrit : "Heureux tous ceux qui l'attendent" (Yéchayahou 30,81).
[guémara Sanhédrin 97b]

[il y a une obligation de constamment attendre ardemment et de prier pour la guéoula. Quoiqu'il se passe à chaque fois nous réalisons une mitsva, la volonté d'Hachem (il ne faut donc pas désespérer le temps passant).
On doit s'imaginer la guéoula arrivant d'une seconde à l'autre, mais en même temps profiter de chaque instant pour acquérir de nouveaux mérites, faire téchouva, ...]

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Rava a dit : Lorsqu'une personne meurt et qu'elle est traduite en justice, on lui demande : ... Avez-vous attendu le guéoula?
[guémara Shabat 31a]

Leçon sur la prière – à partir du récit de Kamtsa et Bar Kamtsa

+ Leçon sur la prière - à partir du récit de Kamtsa et Bar Kamtsa :

-> Nos Sages (Guittin 55b) disent : "Jérualem a été détruite à cause de Kamtsa et de Bar Kamtsa".
Un homme, ami de Kamtsa et ennemi de Bar Kamtsa. Cet homme préparait un banquet. Il dit à son serviteur : "Va inviter Kamtsa".
Le serviteur alla inviter Bar Kamtsa.
L'homme trouva Bar Kamtsa assis à côté de son banquet.
Qu'est-ce que c'est? s'écria-t-il. "Tu es mon ennemi! Que veux-tu ici? Lève-toi et va-t'en!"
"Maintenant que je suis venu, dit Bar Kamtsa, laisse-moi rester. Je paierai ce que je mangerai et boirai."
"Non!" dit l'hôte.
"Je paierai la moitié de votre banquet", dit Bar Kamtsa.
"Non!" dit l'hôte.
"Je paierai tout votre banquet", dit Bar Kamtsa,
"Non!" dit l'hôte. Il saisit Bar Kamtsa et l'expulsa de force.

Bar Kamtsa alla dire à l'empereur romain : "Les juifs se sont rebellés contre toi."

[ "Jérualem a été détruite à cause de Kamtsa et de Bar Kamtsa".
Nous comprenons que le Temple a été détruit à cause de Bar Kamtsa, car c'est lui qui a calomnié la nation juive auprès de l'empereur romain et qui a déclenché sa colère. Mais comment Kamtsa a-t-il causé le Churban ?
Le Maharcha écrit que Kamtsa était peut-être le père de Bar Kamtsa.
En suivant cette approche, nous pouvons expliquer que Kamtsa, le père, était également responsable de la destruction du Temple, car s'il avait appris à son fils Kamtsa à rechercher la paix, à pardonner et à oublier, et à rester silencieux lors d'une dispute et lorsqu'il était humilié, Bar Kamtsa aurait réagi d'une bien meilleure manière.
Kamtsa est donc Kamtsa est donc également responsable du Churban.
(éventuellement, on voit également ici l'importance pour les parents d'éduquer leur enfant par l'exemple. En ce sens, prends encore plus sur toi de respecter autrui, comme cela ce comportement sera partie intégrante de ton enfant. (mais si tu le dis sans le faire, alors il est probable qu'il n'y accorde pas beaucoup d'attention, car si même mon père ne le vit pas ... ))]

-> Bar Kamtsa alla dire à l'empereur romain : "Les juifs se sont rebellés contre toi."
"Quelle preuve y a-t-il? demanda l'empereur.
La guémara (Guittin 56) indique que Bar Kamtsa a conseillé à l'empereur romain d'envoyer un korban à Jérusalem et de voir s'ils le sacrifieraient. En effet : "s'ils ne le sacrifient pas, ce sera la preuve que les juifs se rebellent contre vous."

L'empereur envoya un bœuf pour qu'il soit offert comme sacrifice (korban).
Sur le chemin de Jérusalem, Bar Kamtsa coupa la lèvre supérieure du bœuf (ou, selon une autre opinion, il mutila son œil), ce qui rendit le bœuf impropre à être offert en sacrifice.
Lorsque le korban arriva au Temple, les Sages dirent qu'ils devaient le sacrifier, malgré son défaut l'invalidant, car ils savaient que l'empereur romain serait en colère s'ils n'offraient pas son korban.

Rabbi Zé'haria ben Avkoulas n'était pas d'accord. Il dit : "Si nous apportons ce korban, les gens penseront qu'il est permis de sacrifier un korban avec une défaut".
Les Sages eurent une autre idée. Ils tueraient Bar Kamtsa, afin qu'il ne revienne pas dénoncer la nation juive auprès de l'empereur romain.

Rabbi Zé'haria ben Avkoulas n'était pas d'accord.
Il dit : "Si nous tuons Bar Kamtsa, les gens diront que quiconque fait un défaut sur un sacrifice (korban) doit être tué".
Les Sages acceptèrent l'opinion de Rabbi Zé'haria ben Avkoulas.
Le korban ne fut pas sacrifié et Bar Kamtsa ne fut pas tué. Ce dernier rapporta l'incident au roi, et suite à cela la destruction du Temple eut lieu.

Rabbi Yo'hanan conclut : "L'humilité de Rabbi Zé'haria ben Avkoulas a détruit notre maison, brûlé le hei'hal et nous a exilés de notre pays".

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Le Méor Enayim (Guittin) pose les questions suivantes :
1°/ Est-ce l'humilité de Rabbi Zé'haria ben Avkoulas qui a causé la destruction du Temple?
Il semble que ce soit sa prudence excessive qui ait causé la destruction ('hourban). Il semble que ce soit sa crainte que les gens n'en viennent pas commettre une erreur dans la halakha.
Pourquoi Rabbi Yo'hanan attribue-t-il la destruction du Temple à son humilité?

2°/ La halakha stipule que l'on doit transgresser toutes les halakhot de la Torah pour sauver la vie d'un seul juif. Alors pourquoi n'ont-ils pas offert le korban (ou tué Bar Kamtsa) pour sauver de toute la nation juive?
Pourquoi Rabbi Zé'haria s'inquiétait-il que des halakhot allaient être oubliées, alors que la vie de tant de juifs était en jeu?

-> Le Méor Enayim répond que Rabbi Zé'haria était le gadol hador [le géant spirituel de la génération] (la preuve en est que ses opinions ont été immédiatement acceptées par tous les érudits) et qu'il avait du roua'h hakodech (esprit saint prophétique).
Grâce à son roua'h hakodech, il savait que la destruction du Temple était imminente et que rien ne pouvait être fait pour changer ce décret.
C'est la raison pour laquelle Rabbi Zé'haria n'a pas autorisé le meurtre de Bar Kamtsa ou le sacrifice du sacrifice (korban) avec le défaut invalidant.
Il savait que cela ne servirait à rien. La destruction du Temple se produirait de toute façon. C'est pourquoi sa principale préoccupation était de s'assurer que la Torah ne soit pas oubliée.

=> Pourquoi Rabbi Zé'haria n'a-t-il pas dit aux Sage de l'époque ce qu'il savait avec son roua'h hakodech?
Il aurait dû leur dire :
"Vous avez raison, c'est du pikoua'h néfech (question de vie et de mort sur le peuple juif), et selon la halakha, nous devons sacrifier le korban bien qu'il ait un défaut le rendant invalide, et ce pour protéger la nation juive.
Je sais par roua'h hakodech que la destruction du Temple aura lieu, et nous ne pouvons rien y changer. Même si nous apportons le korban ou si nous tuons Bar Kamtsa, le 'hourban aura lieu et la vie de toute la nation juive est en grand danger. Par conséquent, préservons au moins les halakhot."
Pourquoi Rabbi Zé'haria ne leur a-t-il pas dit cela?

La réponse est que Rabbi Zé'haria était humble et ne voulait pas leur dire qu'il avait le roua'h hakodech.
C'est pourquoi Rabbi Yo'hanan dit : "L'humilité de Rabbi Zé'haria ben Avkoulas a détruit notre maison, brûlé le hé'hal et nous a exilés de notre terre" = s'il leur avait dit ce qu'il savait avec roua'h hakodech, les Sages auraient prié pour que la destruction du Temple ne se produise pas, et ils auraient également incité les gens à faire téchouva.
Mais Rabbi Zé'haria ne leur a pas dit ce qu'il savait avec le roua'h hakodech, et les Sages n'étaient pas conscients que le 'hourban avait été décrété dans le Ciel, et ils n'ont donc pas investi dans les prières et la téchouva. [pas conscients de la gravité de la situation]

Le Méor Enayim écrit :
"C'est la signification : "l'humilité de Rabbi Zé'haria ben Avkoulas a détruit ..." = car sans son humilité, il leur aurait parlé du 'hourban, ils auraient prié, fait téchouva, imploré Hachem d'avoir compassion d'eux, et le décret aurait été annulé.
C'est donc l'humilité de Rabbi Zé'haria qui a causé la destruction. Il ne voulait pas révéler [qu'il avait le roua'h hakodech]".

=> En ce qui nous concerne, nous apprenons de cela que les juifs auraient pu annuler le décret de destruction du Temple avec leurs prières et leur téchouva, mais ils ne savaient pas que cette destruction était imminent.
La téchouva et la prière sont toujours efficaces. Elles auraient permis d'éviter le 'hourban (destruction du Temple).

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-> De son côté, le rav Elimélé'h Biderman donne une autre explication sur le fait que Rabbi Zé'haria a été agit trop humblement, ne croyant pas qu'il avait le pouvoir de la prière.
Il ne croyait pas en sa force. De plus, il ne pensait pas que la nation juive pouvait prier et annuler le décret.
C'est la forme négative de l'humilité. C'est le cas lorsque l'on ne croit pas en ses forces.
Cette humilité mal placée a entraîné la destruction du Temple.
[au contraire, il faut savoir par moment faire preuve d'orgueil de la sainteté (gaava dikedoucha).
Particulièrement le 9 Av, on prie de tout coeur pour la reconstruction du Temple, montrant par là qu'on a appris de nos erreurs, que la prière est quelque chose qui se "tient au sommet du monde" (Béra'hot 6b), que "la prière s’élève jusqu’au ciel" (Rachi - Béra'hot 6b). ]

[le prophète Yirmiyahou dit au roi Tsidkiyahou : "Hachem dit que si tu vas vers les officiers du roi de Bavel [pour conclure un traité de paix avec eux] ... la ville [Jérusalem] ne sera pas brûlée, et toi et ta famille vivrez. Mais si vous n'allez pas vers eux, cette ville sera conquise... ils la brûleront et vous ne survivrez pas" (Yirmiyahou 38,17-18).
Le rabbi de Kamarna demande : puisque le décret de destruction de Jérusalem était déjà scellé dans les cieux, comment le fait que Tsidkiyahou aille vers les officiers de Bavel pourrait-il aider?
La réponse est que l'humilité annule les décrets sévères. Si le roi Tsidkiyahou s'était rendu humblement devant les officiers de Bavel (en suivant la directive du prophète Yirmiyahou), cela aurait protégé le peuple d'Israël et le Temple aurait été épargné.
(on voit ainsi un exemple d'humilité positif (selon la volonté de D., transmise par Yirmiyahou), et également une humilité négative (impulsé par notre yétser sous couvert de bien agir = humble) avec Rabbi Zé'haria. L'une comme l'autre a pu mettre à la destruction du Temple.)]