Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Pharaon nomma Yossef Tsafnat-Panéa'h et lui donna Osnat, fille de Poti-Phéra, chef de On, pour épouse. Et Yossef sortit dans le pays d'Egypte" (Mikets 41,45)

-> Poti-Phéra et Potiphar ne font qu'un (cf.v.37,36), le premier maître de Yossef.
En laissant sa fille épouser Yossef, Potiphar le blanchit des accusations portées par son épouse.
[le Alchikh]

[A ce moment, Yossef a 30 ans, et il était séparé de sa famille depuis 13 années.]

-> Le midrach dit qu Osnat était la fille de Dina et de Che'hèm.

Lorsque les enfants de Yaakov ont voulu tuer Osnat, Yaakov lui a donné une amulette en or qu'elle devait porter autour du cou, sur laquelle il était gravés les mots suivants : "Quiconque épousera cette jeune fille doit savoir que ses enfants seront les descendants de Yaakov". [selon d'autres, c'était sur un minuscule parchemin contenu dans le boitier de ce médaillon]
Elle s'est cachée dans les ronces et les buissons afin de sauver sa vie, car les frères [Chimon et Lévi] voulaient la tuer. D'ailleurs, elle s'appelle Osnat, en allusion au "shné" (buisson) dans lequel elle a pu se dissimuler.

L'ange Gavriel l'a pris et l'a placé proche de la femme de Potiphar. Elle y grandit et y fut élevé comme sa fille adoptive.

Après que Yossef ait interprété le rêve de Pharaon, et qu'il est devenu vice-roi d'Egypte, toutes les femmes d'Egypte sont venues devant Yossef afin de lui exposer leur beauté.
Chacune de ces femmes lui jetait quelque chose (comme des bijoux), et c'est ainsi que Osnat lui a lancé l'amulette que Yaakov lui avait donnée.
Yossef a vu l'amulette et il a reconnu qu'elle était la petite-fille de Yaakov, et il s'est marié à elle.

[Tséda laDéré'h]

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-> Le Méam Loez (Mikets 41,45) rapporte un autre commentaire :
La phrase inscrite sur le médaillon était indéchiffrable pour les égyptiens. Quand Osnat se trouvait dans la maison de Potiphar, elle se rendit auprès de tous les savants d'Egypte afin d'essayer d'en comprendre la signification. Mais personne ne savait comment la lire.
Bien qu'elle vivait sous le même toit que Yossef, elle ne s'adressa jamais à lui pour déchiffrer cette phrase étrange. Elle pensait que si les magiciens ne pouvaient le faire, à plus forte raison un simple esclave.
Maintenant que Yossef était reconnu comme l'homme le plus sage du pays, Potiphar vint le consulter et lui en expliqua le sens.
Pharaon comprit l'intention de Yossef, et le jour même, il l'autorisa à épouser Osnat.

En partie, ce bienfait était dû également au mérite de Yossef. Quand Yaakov rencontra Essav, Yossef se plaça devant Ra'hél, sa mère, afin qu'Essav ne l'aperçoive pas. Ce qu'il fit alors aucun de ses frères ne l'avait accompli pour leur mère.
En récompense, Yossef épousa Osnat, la fille de Dina, la fille que Yaakov avait tenté de cacher des yeux d'Essav (en la dissimulant dans une boîte).

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-> "Il lui donna sa fille Asnat pour épouse"
"Asnat" (אָסְנַת) a la même valeur numérique que : "zou hi bat Dina" (c'est la fille de Dina).
Cette fille était effectivement Asnat, la femme de Yossef.
[Sifté Cohen]

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+ "Pharaon nomma Yossef : Tsafnat Paanéa'h"

-> Rachi : [Pharaon a appelé ainsi Yossef, et ce nom signifie : ] Qui explique les choses cachées (tséfounot).
[au-delà du fait qu'il a révélé le rêve de Pharaon, ce changement de nom va permettre de dissimuler son identité lors de la venue ultérieure de ses frères.]

A noter que Tsafnat Panéa’h (צָפְנַת פַּעְנֵחַ) a la même valeur numérique [828] que "Mistarim Mégalé" (des mystères, il dévoile - מסתרים מגלה)
[Séfer Panéa’h Raza - Mikets]

-> "Tsafnat Panéa’h" : C’est un mot égyptien (qui signifierait: "D. a parlé et a donné la vie" ou "Délivrance du Monde" - voir Haktav VéHakaballa).
Telle était l’habitude au moment où l’on nommait quelqu’un dans leur Maison, comme Moché qui a nommé Hochéa Bin Noun, Yéhochoua, lorsqu’il en fit son serviteur.
[Rachbam]

-> Rabbi Leib ‘Harif explique que les égyptiens étaient irrités contre Pharaon. Comment avait-il pu mettre un esclave à leur tête? protestèrent-ils.
Le roi chercha donc un moyen de leur prouver que Yossef n’était pas un esclave. Que fit-il?
Il lui donna le nom "Tsafnat Panéa’h = "celui qui dévoile prophétiquement les choses cachées", prouvant qu’il ne pouvait être un esclave puisque "D. ne fait reposer Sa Présence que sur les familles de lignée irréprochable" (guémara Kiddouchin 70b).

-> Si tel est le sens de ce nom, Yossef n’aurait-il pas plutôt du s’appeler : Panéa’h (qui révèle) tsafnat (les choses cachées) [en inversant l’ordre des deux noms]?
Yossef a atteint ce niveau élevé de dévoilement des choses cachées parce qu’il était extrêmement discret et dissimulait son intégrité.
Tel est le sens de son nom : "Tsafnat" = étant donné qu'il se cachait et dissimulait ses qualités ; "Paanéa'h" = il a mérité la capacité de révéler les choses cachées.
[Sfat Emet].

Cette nomination provenait du Ciel, afin que son vrai nom Yossef soit dissimulé à la face du monde, et que ses frères ne le reconnaissent pas lorsqu’ils descendront en Egypte durant les années de famines [cf. 'Hatam Sofer].

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-> Le midrach (Béréchit rabba) rapporte :
Les Sages disent que "Tsafnat Paanéa'h" est composé des initiales de :
Tsadik => Tsofé (voit) = il voyait l'avenir ;
Pé => Podé (rachète) = par sa sagesse, il sauvait et rachetait l'Egypte ;
Noun => Navi (Prophète) = il prophétisait l'avenir ;
Tav => Tomé'h (soutien) ;
Pé => Poter (interprète) = il interprétait les rêves ;
Ayin => Aroum (rusé) = il était sage ;
Noun => Navon (intelligent) ;
'Hét => 'Hozé (il avait la vision).

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+ Récompense de Yossef :

-> Chacun des nombreux membres de notre corps, outre leur fonction physique possède une fonction spirituelle.
Si ce membre contribue à accomplir une mitsva, il sera récompensé et s'il participe à une transgression, il sera sanctionné.
C'est ainsi que chaque membre du corps de Yossef, qui a fui devant les avances de l'épouse de Potifar, a été récompensé, selon le midrach (Béréchit rabba 20,3) :
- sa bouche (qui n'a pas embrassé cette femme) donnera des ordres à tous les égyptiens ;
- son corps (qui ne l'a pas touchée) sera revêtu de vêtements royaux de lin ;
- son cou sera paré d'un collier royal en or ;
- sa main recevra l'anneau royal de Pharaon ;
- ses pieds monteront dans le char royal ;
- ...

Par contre, selon la guémara (Sota 8b), tous les membres de la femme Sota, qui auraient participé à l'acte d'infidélité envers son époux, seront sanctionnés afin d'expier ses fautes : son visage verdira, ses yeux deviendront globuleux, ses ongles tomberont, son ventre gonflera, ...
[rav Lumbroso]

Questions/Réponses – Paracha Vayigach

+ Questions/Réponses - Paracha Vayigach :

1°/ "Il adviendra, lorsqu'il verra que le jeune homme n'est pas là [Binyamin], et tes serviteurs auront fait descendre la vieillesse de ton serviteur notre père avec affliction dans la tombe" (Vayigach 44,31)

=> Pourquoi est-ce que Yéhouda évoque à Yossef, uniquement la douleur de leur père Yaakov, et nullement celle des 10 enfants qu'avait Binyamin à cette époque?

Rabbi Mendel de Kotzk enseigne qu'on peut dériver de là que l'amour d'un père pour chacun de ses 12 enfants est plus grand, que le cumul de l'amour de chacun des 10 enfants pour leur père.

Le rav Dessler écrit que les sentiments d'amour envers une autre personne, proviennent de tout ce que l'on a pu faire bénévolement pour elle.
Comme tout parent peut l'affirmer, élever un enfant représente une opportunité de pouvoir constamment donner de soi-même. C'est pourquoi, les sentiments d'amour générés n'ont pas d'équivalents, comme Yéhouda l'explique à Yossef.

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2°/ Comment comprendre une apparente contradiction entre les 2 versets suivants :

-> "[Pharaon dit à Yossef : ] Si tu sais qu'il y a parmi eux des hommes vaillants, nomme-les intendants surs les troupeaux qui m'appartiennent." (v.47,6)

-> "[Yossef dit à ses frères : ] Vous demeuriez dans la province de Gochen, car tout berger de moutons est une abomination pour les Égyptiens" (v.46,34)
Rachi commente Gochèn : c’est une région de pâturage. Lorsque vous lui direz que vous n’êtes pas experts à un autre travail, il vous éloignera de lui et vous y fera demeurer.
Le mouton est pour eux une divinité.

-> Le Ibn Ezra écrit que les troupeaux de Pharaon n'étaient pas constitués de moutons, mais de chevaux et d'ânes.

-> Le Maskil léDavid affirme que les égyptiens possédaient certainement des moutons, et comme preuve, on peut voir qu'ils donnaient à Yossef des moutons en échange de nourriture (v.47,17), et lors de la 5e plaie (la peste) Moché avertit Pharaon que les moutons des égyptiens seraient touchés (Chémot 9,3).

Ainsi, il est d'avis que les égyptiens avaient de la haine uniquement envers ceux qui élevaient des moutons dans le but de les égorger et de les manger, mais ils respectaient ceux qui prenaient soin d'eux pour les engraisser.

En effet, tous les égyptiens avaient pour divinité les moutons, et ils détestaient les bergers.
Cependant, Pharaon se voyant lui-même comme un dieu, il n'avait pas besoin d’idolâtrer les moutons, et il avait donc son propre troupeau.

-> Le Mochav Zékénim (46,34) explique que les égyptiens avaient interdit la présence de moutons parmi eux, mais loin d'eux ils étaient permis, et c'est pour cela que Yossef conseilla à ses frères qu'en se déclarant berger, ils auront l'assurance de vivre séparément à Goshén.

=> On peut comprendre leur haine envers ceux qui mangent leur divinité : les moutons, mais pourquoi également envers les bergers qui prennent soin d'eux?

-> Selon le Sifté 'Hakhamim, c'est parce que les bergers sont constamment autour des moutons, devenant ainsi témoins de tous leurs actes, et donc du fait qu'ils font les mêmes activités que les autres créatures.
Les bergers réalisent donc clairement qu'ils ne sont en rien des divinités et qu'ils ne possèdent aucun pouvoir particulier.

=> En raison de leur conscience de la véritable nature des dieux qu'ils idolâtraient, les égyptiens avaient de la haine pour les bergers.
[ce qui est parfait pour maintenir une distance entre les juifs et les égyptiens]

-> Le Ibn Ezra écrit qu'en étant fréquemment présent avec les moutons, les bergers buvaient de leur lait.
Les égyptiens voyaient cela comme une attitude insultante et dégradante envers leurs divinités, et c'est pour cela qu'ils les détestaient.

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3°/ Quelles bénédictions Yaakov a-t-il récité lorsqu'il a retrouvé Yossef en Egypte?

-> La guémara (Béra'hot 58b) enseigne qu'une personne qui rencontre un ami, après ne pas l'avoir vu pendant une période d'au moins 12 mois, doit réciter la bénédiction : barou'h mé'hayé amétim (Beni est celui qui fait revivre les morts).
Le Chou'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 225,1) ajoute que cette bénédiction n'est à dire que si cette personne nous est extrêmement précieuse à nos yeux, et que le fait de la retrouver nous procure de la joie.

Le Na'halat Avraham écrit que Yaakov et Yossef ont récité cette bénédiction en se revoyant pour la 1ere fois depuis 22 ans.

-> Le Shibolé haLékét ajoute que lorsque Yaakov est arrivé en Egypte, et que tous ses enfants ont été de nouveau réunis, il a également récité la bénédiction : barou'h ata Hachem mékabets nid'hé amo Israël (Béni Tu es Hachem qui réuni les exilés du peuple d'Israël).

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4°/ "Yossef leur dit : Ne vous agitez pas en chemin" (Vayigach 45,24).

Une des explications de Rachi est : Ne marchez pas à grandes enjambées.
En effet, la guémara (Taanit 10b) enseigne qu'en faisant ainsi, cela entraîne à une personne de perdre 1/500e de sa vue.

=> Pourquoi une personne ne devient-elle pas totalement aveugle après avoir fait 500 grandes enjambées?

-> Les Tossefot (Taanit 10b) écrivent que la 1ere enjambée retire un 1/500e de la vision d 'une personne, et la 2e enjambée lui en retire moins : 1/500e de ce qu'il reste.
Ainsi, puisque chaque nouvelle enjambée retire de moins en moins, même un nombre important ne rend pas totalement aveugle.

=> Pourquoi est-ce que c'est particulièrement la 1ere enjambée qui retire le plus de vision?

-> Les Tossefot répondent que : "tous les débuts sont difficiles", signifiant qu'il est plus dur de commencer.

Par ailleurs, ils suggèrent que seule la 1ere enjambée entraîne véritablement des dommages, car ensuite une personne est de plus en plus habituée à faire des enjambées.

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-> b'h, un beau dvar Torah indirectement lié : Le Shabbath rend la vue : https://todahm.com/2015/02/16/le-shabbath-rend-la-vue

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-> b'h, d'autres explications sur ce verset (v.45,24) : https://todahm.com/2020/11/02/38180

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5°/ "Fils de Acher : Yimna, Yichva, Yichvi, Béria et leur sœur Séra'h" (Vayigach 46,17)

-> Le Baal haTourim (Dévarim 33,24 - citant le Pirké déRabbi Eliézer 38) écrit que lorsque les frères ont vendu Yossef en tant qu'esclave, ils ont émis une interdiction entraînant qu'aucune personne ne pouvait rapporter ce qui s'y été déroulé.
[certains commentateurs disent que Hachem et Its'hak ont également été associés à ce serment de ne rien révéler]

Le Targoum Yonathan ben Ouziel (Béréchit 46,17) écrit que la vérité à propos du destin de Yossef a été révélée de façon prophétique à Séra'h fille de Acher, qui a alors rapporté à Yaakov que Yossef était encore en vie en Egypte.
Lorsque les frères de Yossef ont entendu que Séra'h connaissait leur secret, ils ont supposé qu'elle avait dû l'apprendre de son père Acher, et ils ont décidé de l'excommunier pour avoir violer l'interdiction.
Par la suite, Moché rabbénou a été au courant de la véritable source d'information de Séra'h, et à la fin de sa vie, il a pu modifier son excommunication.

La guémara (Moéd Katan 15b) enseigne qu'un excommunié ne peut pas avoir de relation conjugale. C'est pourquoi Moché a béni Acher d'avoir des enfants (barou'h mibanim Acher).

De plus, puisque ses frères avaient pris de la distance avec lui, Moché l'a béni : "qu'il soit agréable à ses frères".
[idem sur le fait de porter des chaussures, car selon le Yoré Déa (334,2), un excommunié n'a pas le droit d'en porter]

-> Selon le Pirké déRabbi Eliézer, c'est Séra'h qui a été choisie pour annoncer la bonne nouvelle que Yossef était vivant. Elle le fit en jouant de la harpe et en chantant délicatement cette annonce à Yaakov.
Ce dernier a alors béni sa petite-fille de lui avoir apporté la consolation, lui promettant qu'elle mériterait pour cela la longévité ; elle a effectivement vécu de longs siècles et finalement, elle est entrée vivante au gan Eden.

Par exemple, Rabbénou Ephraïm, rapporte qu'on moment de la sortie d'Egypte, Moché va s’adresser à Séra’h, fille d’Acher, seule descendante directe des tribus restant encore en vie.
Elle lui apprendra que les égyptiens ont scellé les restes de Yossef au fond du Nil, espérant que sa présence apportera la bénédiction.
[Grâce à cela, Moché pourra récupérer les ossements!]

[Séra'h jouira d'une vie extrêmement longue, puisqu'on cite son nom dans les chroniques de l'histoire (Divré haYamim), plus de 690 ans plus tard, au temps du roi David. ]

-> Le Pérouch Yonathan (v.46,17) dit que Naftali est arrivé le 1er auprès de Yaakov et lui a appris que Yossef était vivant. Il ne l'a pas cru et c'est seulement après la douce mélodie de Séra'h que Yaakov a permis à la vérité d'entrer dans son cœur et a admis que Yossef était vivant.

-> Si Hachem avait accordé l'inspiration Divin à Yaakov pendant ces 22 années, ses prières auraient été exaucées et la situation de Yossef lui aurait été révélée.
D'après le Binyan Yéhochoua (sur Avot déRabbi Nathan 30,4), c'est uniquement après que l'inspiration Divine lui ait été rendue que Yaakov a [pleinement] cru que Yossef était en vie, la présence Divine elle-même l'en ayant informé.
[il se peut que Séra'h a réveillé la joie en Yaakov, permettant alors à la Présence Divine de revenir sur lui, et d'ainsi lui assurer la certitude que son fils Yossef était vivant.]

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-> Le saviez-vous?

Binyamin est arrivé à un niveau attribué à personne d'autre dans l'histoire juive.
En effet, c'est le seul à faire partie des 2 listes suivantes :
- Selon la guémara (Shabbath 55a ; Baba Batra 17a), il y a uniquement 4 personnes dans l’histoire du monde qui sont mortes sans n’avoir jamais fait de faute.
Il s’agit de : Binyamin (le fils de Yaakov), Amran (le père de Moché), Yshaï (le père du roi David) et Kilav (le fils du roi David). Selon certains, on peut y ajouter : Lévy et Yéhochoua.
Rachi explique : "Cela signifie qu'il n'avait pas mérité de mourir (puisque sans faute personnelle), mais le décret avait été prononcé pour toute la descendance d'Adam à la suite du conseil du serpent".
- Nos Sages (guémara Baba Batra 17a) le comptent parmi les 7 personnes qui n'ont pas été la proie des vers après la mort (il y a : Avraham, Its'hak, Yaakov, Moché, Aharon et Myriam. Certains ajoutent le roi David).

"Je suis Yossef ; mon père vit-il encore? (aod avi 'haï - הַעוֹד אָבִי חָי)
Ses frères ne purent lui répondre, car ils avaient été frappés de stupeur devant lui.
Yossef dit : ... Je suis Yossef votre frère" (Vayigach 45,3-4)

-> Pourquoi est-ce que Yossef a commencé par dire : "Je suis Yossef", et ensuite : "Je suis Yossef votre frère"?

Au départ Yossef ne savait pas si ses frères regrettaient de l’avoir vendu, et il ne pouvait donc pas les considérer véritablement comme ses frères s’ils ont toujours de mauvais projets à son égard.
Mais quand il vit qu’en entendant ses propos ils furent bouleversés et eurent honte, il en déduisit qu’ils regrettaient leur acte et en avaient profondément honte.

Nos Sages (guémara Béra'hot 12b) enseignent que toute personne qui fait une faute et qui en a ensuite honte, sa faute lui est pardonnée.

S'il en est ainsi, ses frères n'ont plus la faute de l'avoir vendu, et de fait cela explique pourquoi Yossef les appelle alors : "Je suis Yossef votre frère".
A présent que la haine est terminée et qu’ils regrettent de l’avoir vendu, la fraternité peut être rétablie.

[Ktav Sofer]

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-> Yossef disait à ses frères : "Je suis Yossef", signifiant : Je suis toujours le tsadik connu comme Yossef. Non seulement je n'ai pas perdu mon nom Yossef, mais "encore" (aod - הַעוֹד) : la lettre ה était עוד, c'est-à-dire ajoutée à mon nom [Je suis maintenant connu comme : יהוסף].

Ainsi : "mon père est encore en vie", car si Yossef avait fauté, il aurait entraîné un défaut spirituel également Yaakov.
En effet, le Zohar déclare : Yaakov représente le corps, et Yossef représente la brit, et ils sont les 2 considérés comme un.
Puisque Yossef n'a pas fauté : "mon père est encore en vie" = Yaakov est encore en vie et sans défaut [du fait de son fils].

[Ben Ich 'Haï]

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-> Rabbi Schechter enseigne que le mot : "père" (אָבִי) a une guématria de 13, comme le mot : "un" (אחד).

Yossef exprime à ses frères que ce qu'ils ont pu faire est derrière eux.
Il leur témoigne de l'amour, et le fait qu'il ressent leur chagrin.
Ainsi, le verset peut se lire : "Est-ce que notre unité (a'hdout) vit-elle encore?"

-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que le mot : "un" (אחד) d'une valeur de 13, fait allusion au fait que les 2 enfants de Yossef : Ménaché et Efraïm, vont chacun être à la tête d'une tribu, comme les autres frères de Yossef.
=> Ainsi, les 13 tribus vont former une seule unité (אחד) : le peuple juif.
["Est-ce que notre unité (de 13 tribus) vit-elle encore?"]

"Vous direz : "tes serviteurs sont des bergers …" Car tout berger est une répugnance pour l’Egypte" (Vayigach 46,34)

En général, les gens aiment bien plaire devant les autorités et avoir une certaine importance devant le monde extérieur. Pour cela, ils s’efforcent de dire des choses qui trouveront grâce à leurs yeux.

Cependant, Yossef n’a pas agi ainsi, puisque c'est parce qu’il savait que l’Egypte répugne les bergers, qu’il a dit que ses frères sont des bergers.
Il a justement dit ce qui n’allait pas favoriser leur intégration, et ce pour ne pas que se crée de proximité entre les égyptiens et sa famille.

['Hidouché Harim]

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-> b'h, pour approfondir ce sujet : https://todahm.com/2018/02/20/6023

"Et Yossef ne put se contenir en présence de tous ceux qui se tenaient devant lui ; il s'écria : "Faites sortir tout le monde de devant moi!" Et personne ne resta auprès de lui lorsque Yossef se fit connaître à ses frères" (Vayigach 45,1)

-> Selon Rachi : Il ne pouvait accepter que les Égyptiens se tiennent là et qu’ils assistent à l’humiliation de ses frères au moment où il s’en ferait reconnaître.

-> Le midrach rapporte qu'une fois que Yossef a congédié tout le monde, ne laissant avec lui que ses frères, ces derniers ont décidé de le tuer, n'ayant pas réalisé que c'était leur frère.
L'ange Gavriel est alors intervenu et les a tous éparpillés aux 4 coins du palais, afin qu'ils ne puissent faire aucun mal à Yossef.

-> Le Yichma'h Moché poursuit en expliquant que nous pouvons établir que l'ange Gavriel est toujours resté aux côtés de Yossef.

En effet, par exemple :
-> 1°/ Lorsque Pharaon l'a nommé vice-roi, ses serviteurs ont alors argumenté qu'il n'était pas convenable qu'un serviteur reçoive une position si élevée, et qu'il ne parlait pas plusieurs langues.

=> L'ange Gavriel est immédiatement apparu, et il a enseigné à Yossef 70 langues.

[La guémara (Sotah 36b) relate cela, en disant qu'il y avait une loi en Egypte imposant de savoir parler 70 langues pour prétendre à la royauté.
Suite à l'intervention de l'ange Gavriel, Yossef maîtrisait une langue de plus que Pharaon : le lachon hakodech.
Il a essayé de la lui apprendre, mais Pharaon ne retenait rien du tout, entraînant que ce dernier l'a fait juré de ne pas révéler publiquement sa faiblesse.

De nombreuses années plus tard, lorsque Yossef a voulu faire sortir le cercueil de Yaakov pour l'enterrer en Israël, il avait peur que Pharaon refuse cela, car la venue de Yaakov avait amené beaucoup de bénédictions au pays (ex: fin de la famine, Nil en était béni).
C'est pourquoi, il a dit à Pharaon : "Mon père m'a fait juré de le sortir d'Egypte afin de l'enterrer en terre de Canaan".
Pharaon a répondu : "Demande aux Sages d'annuler ton vœux!"
Yossef lui a alors dit : "Dans ce cas, je vais demander aux Sages d'annuler le vœux que je t'ai fait : à savoir de ne pas révéler que tu ne parles par le lachon haKodech."

Pharaon n'avait alors d'autre choix que d'accepter la demande de Yossef : aller enterrer son père en Israël.]

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-> 2°/ Lorsque Yaakov a demandé à Yossef d'aller retrouver ses frères pour prendre de leurs nouvelles, il est écrit qu'en arrivant à Chékhem, lieu où devait normalement se trouver ses frères, il y trouva à la place : un homme (Vayéchev 37,15).
Le Targoum Yonathan (ainsi que Rachi) explique que cet homme était l'ange Gavriel, qui avait pris un aspect humain.
[Rachi tire cela de : "et “l’homme” Gavriel." (véa'Ich Gavriel - Daniel 9,21)]

Selon le Ramban, D. a délégué cet ange pour qu'il conduise Yossef auprès de ses frères, afin que la prophétie faite à Avraham s'accomplisse.

=> Le Yichma'h Moché conclut que l'ange Gavriel était toujours au côté de Yossef, le protégeant de tout mal.

Lorsque Yossef a fait partir tout le monde, même l'ange Gavriel n'est plus resté à ses côtés comme d'habitude, puisqu'il était occupé à éparpiller les frères de Yossef dans toutes les directions pour pas qu'ils le tuent.

Littéralement le verset est : "vélo amad ich imo", et il peut se comprendre : exceptionnellement, l'ange Gavriel (ha'Ich) ne se tenait pas à côté de lui à ce moment, puisque occuper à disperser les frères.

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-> Selon le midrach (Zouta, Eikha 1,23), dans le futur Hachem viendra apaiser le peuple juif, qui lui demandera alors : "Avec quoi seront-nous consolés? Tu n'as pas agi avec nous comme Yossef l'a fait.
En effet, Yossef ne s'est pas vengé de ses frères, et il a même eu de la pitié pour eux, bien qu'ils l'aient traité d'une mauvaise façon."

[nous demandons de même à Hachem de nous traiter avec beaucoup de pitié, même si nous avons beaucoup fauté envers Lui!]

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+ Cette nuit-là, l'Ange Gavriel vint apprendre à Yossef les 70 langues.
Yossef ne réussit pas à tout apprendre (en une nuit) ; l'Ange ajouta alors au nom de Yossef une des lettres (le ה) du Nom Divin (et il connut les 70 langues) ...
Le lendemain, Yossef répondit dans toutes les (70) langues que Pharaon lui parlait.
Yossef parla dans la langue sainte (l'hébreu) à Pharaon ; ce dernier ne comprenait pas ce qu'il lui disait et demanda : "Quelle langue parles-tu?"
Yossef répondit : "l'hébreu".
Pharaon demanda : "Enseigne-moi cette langue".
Yossef essaya en vain. Pharaon fit jurer à Yossef de ne révéler à personne son ignorance de l'hébreu.
[guémara Sota 36b]

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=> L'Ange Gavriel changea le nom de יוסף en יהוסף et Yossef put ainsi retenir les 70 langues apprises. Pourquoi cela?

-> Dans la guémara (Sota 36b), rabbi Chimon dit que Yossef a mérité l'adjonction de la lettre ה du Nom Divin à son nom, pour avoir sanctifié Hachem en secret en refusant les séductions de l'épouse de son maître Potifar.
Cette adjonction sera effectuée plus tard par l'Ange Gavriel au moment où Yossef devra connaître les 70 langues pour être nommé roi, selon l'usage en Egypte.
Si Yossef avait fauté avec l'épouse de Potifar, il n'aurait jamais pu assimiler les 70 langues.
Mais depuis que l'Ange Gavriel a ajouté à son nom la lettre ה, en témoignage pour avoir sanctifié Hachem par sa retenue, le cœur de Yossef s'est ouvert, et ainsi il a pu apprendre les 70 langues afin d'être nommé roi, en récompense pour avoir maîtrisé son yétser ara.
[Iyoun Yaakov]

-> Chacune des 70 nations est représentée dans le Ciel par un prince (sar) qui dirige sa nation et la langue parlée par cette nation.
C'est pourquoi, chacun de ces princes, jaloux de Yossef, est intervenu cette nuit-là pour faire oublier à Yossef la langue apprise, afin qu'il ne puisse pas être nommé vice-roi par Pharaon.
Alors, l'Ange Gavriel intervint en ajoutant au début du nom de Yossef la lettre ה qui avait le pouvoir d'empêcher les princes de faire oublier chacun leur langue apprise.
[Ben Ich 'Haï]

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=> Qu'en est-il de la langue sainte (hébreu)?

-> L'hébreu ne fait pas partie des 70 langues des nations du monde ; d'ailleurs, Israël n'est pas gouverné par un prince (sar) dans le Ciel, comme les 70 autres nations.
Nous pouvons également déduire cela de par le fait qu'à la fête de Souccot, le peuple d'Israël offre 70 taureaux au total en faveur des 70 nations, et le sacrifice spécifique à Israël est offert en plus.
[Tossefot Santz]

-> Si Pharaon tenait à apprendre la langue sainte, ce n'est pas pour apprendre une 70e langue, sans la connaissance de laquelle il ne serait pas digne de régner, car la langue sainte n'est pas inclus dans les 70 langues.
La seule raison qui a poussé Pharaon à apprendre l'hébreu est la honte, le déshonneur, qu'il ressentait de voir que Yossef, le vice-roi, connaissait les 70 langues et l'hébreu, donc une langue de plus que le roi lui-même qui ne connaissait pas l'hébreu.
[Maharcha]

"D. parla à Israël dans les visions de la nuit et Il dit : Yaakov, Yaakov" (Vayigach 46,2)

-> Rachi commente : D. en l'appelant 2 fois par son nom, lui témoigne Son amour.

-> Bien que Hachem ne soit jamais apparu de nuit à Avraham ni à Its'hak, Il apparaît, dans cette paracha et dans celle de Vayétsé, à Yaakov dans une vision nocturne parce que celui-ci est sur le point de quitter la terre d'Israël pour un très long exil.

Ainsi, D. se révèle pour lui faire comprendre que même au cœur de la nuit, dans les ténèbres de l'exil, la présence divine ne l'abandonnera pas.

C'est également pour cette raison que Yaakov a institué la prière du soir, Arvit, montrant ainsi à ses enfants que dans l'exil ou la nuit, Celui qui s'est révélé à lui la nuit, les protégera dans l'exil et les ténèbres.

[le Méchekh 'Hokhma]

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-> Au moment où Yaakov s'apprête à descendre dans ce pays de grande impureté, et que va commencer à peser l'obscurité de l'exil, il était nécessaire qu’Hachem soit encore plus proche de Yaakov et de ses enfants pour les protéger de l’impureté.

C'est pourquoi, Hachem se révéla à lui dans la nuit, allusion à l’obscurité de l’Egypte, et c’est alors qu’Il l’appela : "Yaakov Yaakov", ce qui exprime une affection particulière, puisque désormais, il était encore plus nécessaire d’avoir la Proximité Divine.

[Pirké Aharon]

D'ailleurs, il est écrit ensuite : "[D. a dit : ] Moi-même Je descendrai avec toi en Egypte, et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter." (Vayigach 46,4)

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+ "Toutes les personnes (kol hanéfech) de la maison de Yaakov arrivée en Egypte : 70." (Vayigach 46,27)

-> Selon une des explications, pour arriver à ce compte total de 70 personnes, on doit y ajouter la présence divine, elle-même, qui est venue compléter le tout.
En effet, D. s'est joint à eux, si l'on peut s'exprimer ainsi, pour tenir la promesse fait à Yaakov : "Je descendrai avec toi" (v.46,4).

-> Une autre explication est que la 70e personne est Yo'hévét, la sœur de Lévi, qui naquit dans l'enceinte de la capitale égyptienne. Elle fut conçue en Canaan, et sa mère était dans son 9e mois lorsqu'ils descendirent en Egypte.
Certains disent que la naissance de Yo'hévét intervint alors qu'ils approchaient de la capitale égyptienne, d'autres affirment qu'elle naquit le jour de leur arrivée en Egypte....
[...]
La Torah fait ce décompte afin de nous faire comprendre l'immense bonté de Hachem à notre égard.
Dans la Haggada de Pessa'h nous récitons le verset : "Avec 70 personnes, nos pères descendirent en Egypte, mais maintenant D. nous a fait aussi nombreux que les étoiles dans le ciel" (Ekev 10,22).
[Méam Loez - Vayigach 46,26-27]

[le miracle est prodigieux : après 210 ans d'exil et d'esclavage, la nation juive passe de 70 âmes (lors de leur descente en Egypte) à 600 000 hommes d'âge moyen parmi une population de plusieurs millions de personnes.]

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-> selon une opinion, Dina avait un fils et il est inclus dans ce compte sans que la Torah ne précise son nom.
-> certains commentateurs sont d'avis que Yaakov est compris dans ce nombre bien que la Torah parle de 70 membres de la famille de Yaakov sans mentionner son nom.
-> Pour d'autres, le nombre de 70 est arrondi à la dizaine supérieure et ne représente pas un compte parfaitement exact.
[rabbi Yossef Deutsch]

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=> L'obscurité de l'exil ne signifie pas que Hachem s'est éloigné de nous, au contraire il est plus présent que jamais à nos côtés, afin de nous aider et nous soutenir.

De même à un niveau personnel, lors des moments obscures, difficiles de notre vie, il faut avoir conscience que D. est davantage présent proche de nous.
[à l'image d'un père qui laisse son fils apprendre à marcher (nécessaire à son évolution), qui partage sa douleur de le voir tomber et qui se tient tout près pour le relever! ]

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-> "D. parla à Israël dans les visions de la nuit et Il dit : Yaakov, Yaakov" (Vayigach 46,2)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Quand Hachem s’adresse a Yaakov au moment de descendre en Égypte pour voir son fils Yossef. Le verset cite le nom Israël mais l’appelle : Yaakov, Yaakov.
A la différence d’Avraham et de Sarah, Yaakov, même en ayant change de nom pour Israël, conserve aussi son ancien nom. Et au moment de descendre en Égypte dans une terre impure ou Yaakov s’inquiète pour sa descendance, Hachem choisit de l’appeler Yaakov deux fois. Car 2 fois la valeur numérique de "Yaakov" équivaut à 3 fois "Goy Gadol" pour assurer a Yaakov que même en Égypte Yaakov va donner naissance à 3 grands peuples : les Cohanim, les Levi'im et les Israelim.

"Israël se mit en route avec tout ce qu'il avait, et arriva à Béer Chéva ; il offrit des sacrifices au D. de son père Its'hak" (Vayigach 46,1)

-> Nos Sages enseignent que Yaakov aurait dû descendre en Egypte avec des chaînes, pour commencer l’exil d’Egypte. Mais, finalement Hachem a eu pitié et Il a envoyé Yossef en préalable, et Yaakov descendit pour le rejoindre.
[midrach Béréchit rabba 86,1 ; guémara Shabbath 89]
Que cela signifie-t-il?

En réalité, pour en venir à vivre en Egypte, Yaakov devait "descendre" (moralement) progressivement, niveau après niveau, à l’image d’une chaîne (d’un enchaînement), jusqu’à pouvoir en venir à vivre en Egypte, pays extrêmement bas.

Cependant, Hachem a ordonné les événements de sorte que par la venue préalable de Yossef en Egypte, celui-ci a préparé spirituellement ce pays pour que Yaakov puisse y venir tel qu’il était, sans aucune descente morale.

['Hidouché haRim]

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+ "il offrit des sacrifices au D. de son père Its'hak"

Pourquoi Yaakov a-t-il mentionné à propos des sacrifices le D. de Its'hak, plutôt que de dire "au D. de ses ancêtres"?

-> Its'hak est le seul Patriarche qui n’est pas descendu en Egypte, et c'est pourquoi, le mérite de la terre d’Israël l'accompagnait.
Yaakov présenta ici le mérite de Its'hak, qui ne descendit jamais en Egypte, pour que ce mérite le conduise à vite remonter de l’Egypte et à ne pas s’y éterniser.

[Kédouchat Lévi]

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-> Yaakov savait qu’il allait être puni pour ne pas avoir honoré son père pendant les 22 ans qu’il s’était absenté et qu’il était chez Lavan. A présent, quand 22 ans étaient passés depuis la disparition de Yossef, et qu’il s’apprêtait à retrouver son fils, Yaakov sut que désormais la punition venait de s’achever.

En effet, il souffrit 22 ans de l’absence de son fils, pour les 22 ans où il n’avait pas pu respecter ses parents. Alors, il se réjouit d’avoir fini de payer cette faille et remercia Hachem car à présent il était finalement nettoyé de cette faute.
C’est ainsi que pour remercier Hachem, il offrit des sacrifices : "au D. de son père Its'hak", car la punition pour ne pas avoir honoré son père pendant ces 22 ans, venait de s’achever.

[Zéved Tov]

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-> Rachi commente : On est tenu d’honorer son père plus que son grand-père. C’est pourquoi le texte rattache ici son acte à Its'hak, et non à Avraham.

-> Le Maharcham enseigne :
Avraham a obtenu sa croyance en Hachem par le biais d'une recherche philosophique, tandis que Its'hak a reçu une croyance claire et totale en D. depuis sa naissance.
Afin de pouvoir survivre à la dureté de l'Egypte, les juifs auront besoin de la croyance claire de Its'hak, et c'est pour cela qu'il est mentionné ici en même temps que le Nom de Hachem.

De même, à Roch Hachana, nous rappelons la Akédat Its'hak, car il a étendu son cou d'une foi parfaite en son père, persuadé qu'il avait reçu la mitsva de se faire égorger.

"Tout celui qui utilise la lumière de la Torah, la lumière de la Torah le ramènera à la vie"

[guémara Kétoubot 111b]
[dans le texte : כל המשתמש באור תורה אור תורה מחייהו]

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-> La Torah Écrite est appelée : "dat", comme il est écrit : "la Torah de feu" (éch dat - אֵשׁ דָּת - Vézot haBéra'ha 33,2).

Tandis que la Torah Orale est dénommée : "or", comme il est écrit : "et la Torah la lumière" (véTorah or - וְתוֹרָה אוֹר - Michlé 6,23).
[que la guémara (Méguila 16b) commente : "la lumière c’est la Torah" (ora zé Torah)]

Celui qui étudie la Torah Écrite sans la Torah Orale, est quelqu'un qui vit dans le noir.
La guématria cumulée de ces 2 appellations de la Torah : "dat" (דָּת) et "or" (אוֹר) est de : 611.
Le terme : Torah (תורה) a une guématria de 611, puisqu'elle comprend 2 composants : la Torah Écrite et la Torah Orale.

[le Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada sur cette guémara]

"Tout homme que D. aime, Hachem l'accable de grandes souffrances, comme il est écrit : "D. le désire, Il le brise et l'accable de maladies" (Yéchaya 53,10) ...

Rech Lakich dit : ... de la même manière que le sel adoucit la chair, ainsi les épreuves atténuent-elles les fautes de l'homme."

[guémara Béra'hot 5b]

=> Les souffrances diminuent et effacent les marques profondes laissées par nos fautes.
Le corps se purifie et par là même s'éclaircissent la pensée et l'esprit.
Cela entraîne alors que cette personne "que D. aime" va avoir davantage de proximité avec Hachem.

"Les frères de Yossef descendirent à 10 pour acheter du blé en Egypte" (Mikets 42,3)

-> Selon Rachi : le texte ne dit pas : "les fils de Yaakov", mais : "les frères de Yossef", pour souligner qu’ils s'en voulaient de l’avoir vendu et qu’ils avaient pris la résolution de se comporter fraternellement avec lui et de procéder à son rachat quelque pût en être le coût.

-> Les égyptiens étaient des descendants de 'Ham, ce qui implique qu'ils étaient très foncés de peau.
De leur côté, Yossef et ses frères avaient une peau claire, et il était facile de dire qu'ils étaient frères. D'ailleurs, c'est pour cela qu'il les accusait immédiatement d'espionnage, afin qu'on ne les associe pas facilement à lui.
[le Sifté Cohen]

[de plus, en les accusant dès le début d'être des espions, cela empêche les frères de pouvoir enquêter librement en Egypte jusqu'à découvrir que c'est leur frère]

-> Le midrach rapporte comment Yossef a procédé pour repérer au plus vite ses frères le jour où ils viendraient en Egypte.
Yossef a demandé que personne n'entre ou ne sorte d'une ville sans donner son nom et le nom de son père. Ainsi, lorsque ses frères se sont identifiés comme étant les fils de Yaakov, Yossef a immédiatement été averti qu'ils étaient en ville.
Il a alors fermé tous les entrepôts à l'exception d'un seul, et il a demandé à ses gestionnaires de les rediriger vers lui, lorsqu'ils se présenteraient pour récupérer leur ration de nourriture.
Au bout de 3 jours, ils ne s'étaient toujours pas rendu à l'entrepôt, c'est alors que Yossef a envoyé des détectives qui les ont trouvé dans un lieu peu recommandable. En effet, ils recherchaient Yossef en pensant que peut être sa belle apparence et son charme l'avaient amené à travailler dans une maison de prostitution.

Le fait de le soupçonner du pire, a sans aucun doute aveuglé leur capacité à le reconnaître lorsqu'ils se sont tenus devant lui dans le palais.

On peut constater que même après tous leurs sentiments de regret, ils n'ont jamais douté un seul instant que ses rêves de gloire et de royauté n'étaient rien d'autre que des fantaisies d'enfant, et qu'ils avaient raison dans leur estimation initiale le concernant.

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+ Pourquoi tous les 10 frères se sont-ils rendus en Egypte?

-> Rabbénou Bé'hayé enseigne que c'est afin de pouvoir prier en minyan pour la réussite de leur mission de retrouver Yossef et de le ramener à la maison.
En effet, un rassemblement de moins de 10 hommes n'engendre pas le fait de bénéficier de la Présence divine.

Le Ramban explique qu'ils voulaient en particulier prier pour retrouver Yossef. [le minyan octroie une force à la prière incomparablement plus grande, qu'en son absence!]

-> "Les frères de Yossef descendirent à 10 pour acheter du blé en Egypte"
Le Divré Israël dit que le but de leur voyage était d'obtenir de la parnassa (suite à la situation de très forte famine).
Pour gagner de la parnassa, on a besoin de prières, et la prière idéale est celle faite en minyan.
Ainsi, le verset nous enseigne qu'ils étaient vigilants à descendre en Egypte avec 10 personnes, pour bénéficier du pouvoir énorme de la prière en minyan.

Le Maor vaChémech (Michpatim) écrit : "Nous devons être très vigilants à prier avec un minyan.
Quelqu'un qui prie en minyan, il lui est garanti une parnassa en abondance. Il aura une bénédiction dans tout ce qu'il fera."

b'h, à ce sujet : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

-> Le Sforno explique que les 10 frères ont du descendre en Egypte, car pour empêcher les spéculateurs d'acheter de grosses quantités de blé et de tirer profit de la situation comme cela se produit souvent en période de famine et de pénurie, Yossef avait décrété qu'on ne pourrait acheter plus de vivres que nécessaire pour un seul foyer.

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+ Pourquoi ne l'ont-ils pas reconnu?

Contexte : quand les frères l'avaient vendu, Yossef était imberbe et âgé de 17 ans. Il avait maintenant 22 ans de plus et sa barbe masquait ses traits.

-> Le Rogatchover Gaon fait remarquer que les frères ne pouvaient pas reconnaître Yossef car ils étaient préoccupés par la pureté de leurs yeux.
En effet, la guémara ('Haguiga 16a) statue que celui qui regarde longuement le visage d'un monarque va devenir aveugle, alors ils faisaient le maximum pour ne pas trop l'observer.
[selon la guémara 'Haguiga 16b : "Quiconque regarde 3 choses, ses yeux s'assombrissent : l'arc-en-ciel, le prince (Nassi) et les Cohanim".
Ainsi, Yossef, qui pouvait regarder ses frères, les a reconnus, alors que ses frères, qui ne pouvaient pas le regarder en face, puisqu'il avait le statut de prince, alors ils ne l'ont pas reconnu.]

-> Yossef n'avait pas de barbe quand il les avait quittés, il était maintenant méconnaissable, d'autant qu'il était revêtu du costume royal.
Le Ramban ajoute qu'il a probablement rabaissé son couvre-chef pour dissimuler en partie son visage.
[d'autres disent que les frères regardaient davantage le traducteur des paroles de Yossef]

-> Selon le Séfer haYachar, Yossef avait un grand palais qui nécessita 3 ans de construction, et un trône fait en or, diamants et perles.
Dans ce lieu clinquant de richesse, comment pouvaient-ils venir à imaginer que le frère qu'ils avaient vendu en tant qu'esclave devienne le n°2 de la surpuissante Egypte.

[une raison fondamentale est que Hachem ne voulait pas qu'ils le reconnaissent à ce moment. En effet, nous ne voyons dans la vie que ce que D. désire que nous voyons (ex: on peut passer toute notre vie à un endroit donné, sans prêter attention à un élément, mais le jour où D. voudra que nous le remarquons alors nous le verrons!)
On apprend de là l'importance de se fier à la Volonté de D., et non d'attendre de voir pour croire, car nous risquons alors de jamais le voir et de passer à côté de notre vie!]

-> En réalité, les frères ne l'ont pas reconnu parce qu'ils s'étaient promis de ne rien révéler à leur père et avaient même inclus D. dans leur serment (midrach Tan'houma Vayéchev 2).
Ainsi, du fait de ce serment, Hachem leur a fait oublier l'identité de Yossef afin qu'ils ne le reconnaissent pas, jusqu'à qu'ils soient prêts à s'annuler devant lui.

D'ailleurs, il est écrit dans le Méam Loez (Mikets 43,34) : "Hachem avait fait en sorte qu'ils ne le reconnaissent pas, quoi qu'il fit".

-> D'après une opinion, on peut identifier une personne par sa voix, mais néanmoins on ne reconnaît la voix d'une personne que lorsqu'elle parle dans une langue que celui qui écoute est habitué à entendre.
[la guémara ('Houlin 96a) dit que l'on peut se fier à l'identification d'un homme par sa voix.]
Jusqu'au moment de se dévoiler, Yossef a toujours parlé dans la langue égyptienne [passant par un interprète pour discuter], et ses frères n'ont ainsi pas pu le reconnaître.
[Ahavat Yonathan]

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"Yossef vit ses frères et ils les reconnut, mais il se comporta en étranger envers eux" (Mikets 42,7)

-> La guémara (Erouvin 65b) nous enseigne :
"Tu peux reconnaître la vraie nature d’une personne par 3 choses :
-> sa boisson [à quel point son esprit est sous contrôle lorsqu’il boit – Rachi] ;
-> sa poche [son intégrité dans le commerce – Rachi] ;
-> et sa colère [qu’il n’est pas extrêmement exigeant, et qu’il n’est pas contrarié par des choses qui énervent la plupart des gens – Rachi.] "

-> Le Beit Its'hak (Rabbi Alter Its'hak Weinberger) explique qu'en plus de leur révéler qu'il était le vice-roi d'Egypte, Yossef voulait également en profiter pour établir publiquement un bon nom pour sa famille.

C'est pourquoi :
-> il a caché l'argent dans leur sac (v.42,25), sachant qu'ils feraient le maximum pour le retourner, prouvant ainsi clairement que ce n'est pas des gens qui prennent l'argent et qui s'enfuient ensuite.
[Le rav de Brisk dit qu'en mettant de l'argent, Yossef était sûr qu'ils reviendraient pour rendre l'argent qui ne leur appartenait pas, car : "avec la famine, on peut toujours s'arranger, mais pas avec ce qui est interdit (voler)".
C'est pourquoi, bien qu'ils auraient pu garder l'argent en pensant qu'il s'agissait d'un cadeau, ses frères revinrent en Egypte pour le rendre à Yossef : c'est là le signe d'une droiture sans aucune compromission!]
=> c'est la preuve de leur intégrité dans leur gestion de l'argent.

-> il leur mis une coupe royale dans le sac de Binyamin (v.44,2).
Il est écrit : "ils burent et s'enivrèrent avec lui", et de même, l'intendant dira : "n'est-ce pas [la coupe] dans laquelle mon maître boit" (v.5).
=> Ainsi, cette coupe symbolise le fait qu'ils pouvaient boire, tout en gardant le contrôle de leur esprit (cf. leur réaction une fois qu'on a retrouvé la coupe, ou bien leur capacité à parler avec le vice-roi tout en s'enivrant).

-> malgré tous les événements perturbants qu'ils ont pu subir (ex: être accusé à tord de vol et d'espionnage), ils n'ont jamais perdu leur sang froid, ne se mettant pas en colère.

=> Par cela, Yossef a pu établir une bonne réputation en vue de la venue prochaine de sa famille en Egypte : leur vraie nature étant sublime sur l'ensemble des 3 aspects (boisson, poche et colère) cités par la guémara.

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-> "Il leur dit : Vous êtes des espions!" (méraglim atèm - Mikets 42,9)

=> Comment Yossef a-t-il pu faire sortir de sa bouche un mensonge, en accusant ses frères d'être des espions?

Le rabbi Eliyahou haCohen (Chévet Moussar) explique :
Le mot méraglim (espions) est formé des initiales de : "Mizéra Ra'hél Ganavtém Léor'hat Yichmaëlim Ma'hartém" (Vous avez volé de la descendance de Rah'él, vous avez vendu à une caravane d'Ichmaélites)

Dans le Méam Loez ont trouve la version suivante : "Mé'imi Ra'hél Guénavtém, LéMidianim, Yichmaélim, Mé'hartem" (de ma mère Ra'hél vous m'avez volé, aux Midianites, aux Ichmaélites, vous m'avez vendu).

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"Les frères arrivèrent et se prosternèrent devant lui, la face contre terre.
Yossef vit ses frères et ils les reconnut, mais il se comporta en étranger envers eux" (Mikets 42,6-7)

-> A ce sujet, le Kédouchat Lévi (Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev), nous enseigne :

"Yossef savait combien ses frères seraient humiliés s'ils apprenaient que l'homme se tenant devant eux lorsqu'ils se sont prosternés "la face contre terre", était Yossef. Celui-là même qu'ils avaient ridiculisés, lorsqu'il leur avait révélé son rêve selon lequel ils en viendraient à se prosterner devant lui.

Yossef ne s'est pas dévoilé à eux immédiatement afin de leur éviter cette humiliation cuisante.
En effet, quelqu'un d'autre dans la même situation que Yossef aurait pu tirer avantage de cette opportunité pour avoir sa revanche, pour forcer son ennemi à bien ressentir sa défaite.

Cependant, Yossef s'est comporté à l'opposé de cela.
Lorsque ses frères se sont prosternés devant lui, il les a immédiatement reconnu, mais il a fait en sorte d'être un étranger à leurs yeux, afin de leur éviter la honte de l'échec."

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-> D'ailleurs dans la paracha suivante (Vayigach), juste après avoir révélé son identité, Yossef va tout faire pour réduire leur honte : "Je suis Yossef votre frère ... maintenant ne vous affligez pas et ne vous reprochez pas de m'avoir vendu ici, car c'est pour la subsistance que D. m'a envoyé avant vous" (v.45,5).

Yossef les a affectueusement appelés et les a réconfortés en expliquant que la vente faisait partie du plan de D.
Le midrach Tan'houma rapporte ses paroles : "Ce n'est pas vous mais D. qui m'a envoyé ici. Ne vous en attristez pas car Son but était de m'installer dans ce pays pour assurer votre survie. Vous n'avez été que des instruments entre Ses mains ...
En réalité, nous aurions dû descendre en Egypte enchaînés [comme des exilés réduits en esclavage], mais D. a choisi de vous épargner, à vous et notre père, les affres d'une descente forcée dans de telles circonstances.
Il m'a envoyé ici pour préparer la voie et subvenir dignement à vos besoins."

=> On voit que dans ce moment au combien chargé en émotions, la priorité de Yossef est de réduire autant que possible les sentiments d'humiliation, de honte présents chez ses frères.

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-> Selon le Sfat Emet : Il est dit que les frères de Yossef ne l'ont pas reconnu. Ils pensaient qu'il n'était qu'un égyptien parmi d'autres. Comment cela est-il possible? Comment ont-ils pu penser que Yossef était un non juif? Comment ont-ils pu ne pas voir la sainteté sur son visage?
La réponse est qu'un vrai tsadik est capable de cacher sa véritable personnalité au point que les autres pensent qu'il ressemble à un non juif.