Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Le Tachli’h

+ Le Tachli'h :

Nous avons la coutume à Roch Hachana d'aller à un point d'eau afin de réciter : "Tu plongeras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes " (Mikha 7,19 - vétachli'h bimétsoulot yam kol 'hatotam).
Pourquoi cela?

-> Le midrach rabba rapporte que tout au long de la route que suivirent Avraham et son fils Its'hak pour aller au mont Moria, le Satan tenta de les empêcher d'arriver par différents moyens.
Il fit surgir sur leur chemin un fleuve profond pour les décourager et les faire revenir en arrière, mais ces derniers y pénétrèrent jusqu'à hauteur de leurs bouches, puis Avraham s'exclama : "Iguiou Maïm ad Nafech", ce qui signifie que nous avons fait la volonté de D. jusqu'au bout de nos forces.
C'est alors que D. réprimanda le Satan et immédiatement le fleuve s'assécha.
[michna Broura 583,8]

[Le Maharil dit nous récitons le Tachli'h à côté d'une rivière ou d'un lac dans l'espoir que le mérite d'Avraham entrant avec enthousiasme dans le fleuve va se tenir en notre faveur dans le jugement.]

-> Selon le Zohar, une rivière profonde symbolise la "bina" (compréhension), la capacité de sonder les profondeurs de la connaissance, d'étendre, de développer et de tirer des conclusions.
Le Zohar enseigne : "Il y a des eaux qui produisent des hommes sages et il y a des eux qui produisent des sots".
La compréhension est un don précieux de D., mais nous savons tqu'elle peut être mal utilisée et corrompue pour conférer légitimité et popularité aux égarements jusque dans leurs excès.
La grandeur d'Avraham tenait tout entière en sa compréhension de la vérité ; sans qui, il aurait pu déchoir de sa grandeur spirituelle.
On comprend pourquoi le Satan se lance dans cette dernière tentative avec Avraham pour le faire reculer.
[le tachli'h symbolise cette nécessité de toujours rechercher et être fidèle à la vérité au sens de la Torah (et non pas ce que nous croyons/voulons avoir comme vérité)]

La rivière symbolise le niveau le plus profond de compréhension, l'inexorable intelligence qui proteste à chaque pas fait par Avraham, disant : "Its'hak est ton seul héritier! Tu l'as attendu toute ta vie! D. te l'a donné, à toi et à Sarah, par des miracles! D. t'a promis une postérité grâce à lui. Comment peux-tu, toi qui prêches contre le sacrifice humain assassiner ton propre fils? Comment un vieux pères peut-il tuer son fils unique de ses propres mains? Comment peux-tu obéir et même croire en un D. qui te demande cela?"

Ces questions constituent une "rivière" infiniment plus tumultueuse que toutes que toutes celles qui se trouvent sur terre.
La réponse d'Avraham se situe à un degré de compréhension plus élevé que celui du Satan.
Il implore D. de lui venir en aide : "Les eaux de la compréhension montent jusqu'à mon cou. Elles menacent de noyer mon intelligence humaine limitée. Cependant, je sais que : "le commencement de la sagesse est la crainte de Hachem" (réchit 'hokhma yir'at Hachem - Téhilim 111,10) ; la source de la sagesse n'est ni ce que mon esprit mortel conçoit, ni dans la logique absolument irrésistible du Satan (yétser ara). Je ne peux ni réfuter ses arguments, ni traverser sa rivière, parce que mon humanité me limite. Mais Toi Hachem, Tu es mon guide, et quand tout m'abandonne, je substitue Ta volonté à ma sagesse."

Avraham a en tête les infinies possibilités de sa postérité, il sait que son seul acte devra être l'équivalent spirituel de milliards de bonnes actions qui ne seront jamais accomplies.
Le but de l'existence d'Israël est de rendre manifeste la majesté de D. comme Roi.
Avraham dominant le Satan et ses propres sentiments humains, spirituels et paternels, ils démontrent que le seul facteur déterminant est la volonté du Roi [Hachem].

La rivière disparut. En s'immergeant dans la rivière qui produisait des insensés, Avraham transforma l'événement en une rivière qui produisit, en son être et dans son descendant, une perception accrue de la mission d'Israël, car expérimenter la vérité est bien plus enrichissant que de philosopher à son sujet.

Lors du Tachli'h, en se présentant à un cours d'eau, on exprime : "Comme Tu sauvas Avraham, sauve-nous, Hachem, des eaux qui menacent de noyer notre foi, parce que comme notre père, nous plaçons notre foi en Toi au-dessus de tout."
[la rivière profonde symbolise la compréhension, qui pour un juif se doit d'être Divine, et non simplement humaine]
[rav Nathan Scherman]

-> La soumission d'Avraham créa le modèle de courage, de sacrifice de soi qui depuis lors caractérise le peuple juif.
Non seulement parce qu'il influe sur le comportement juif, mais parce qu'il reste la source du mérite pour chaque juif qui conserve, en son cœur, une braise de la Akéda.
[Sfat Emet]

-> Selon certains de nos Sages, le mérite des Patriarches ne dure qu'aussi longtemps que leurs descendants suivent leur exemple et obéissent à la volonté de D.
Quand Israël délaisse les voies d'Hachem, Il l'abandonne et "oublie" les mérites de ses ancêtres.
[le tachli'h met en avant que de même que la rivière à une source, nos actions doivent prendre racine à notre source : nos Patriarches.]

<--->

-> "A la vision de la profondeur de la mer ... on commence à contempler la grandeur du Créateur.
C'est pourquoi nous allons à un plan d'eau à Roch Hachana, qui est le jour du Jugement, afin que tout le monde puisse prendre à cœur que Hachem est le Créateur et le Roi de l'univers.

Lorsqu'une personne en vient à reconnaître l'existence de Hachem et le fait qu'Il a créé le monde à partir de rien, elle en arrive à regretter ses fautes, et par cela ses fautes lui seront pardonnées."
[le Rama - Torat haOla 3,56]

-> "[Les juifs] puisèrent de l'eau, qu'on répandit devant Hachem" (Chmouël I 7,6).
Le Targoum Yonathan traduit cela par : "Ils ont déversé leur cœur dans la téchouva, comme de l'eau, devant Hachem".

Rachi explique qu'ils ont versé l'eau en signe d'humilité, montrant qu'ils étaient comme de l'eau que l'on verse devant Hachem.
Le Beit Méïr (Ora'h 'Haïm 583) dit qu'en se rendant proche d'un plan d'eau à Roch Hachana, nous démontrons notre état d'esprit de téchouva, qui est comparé à l'eau qui coule.

-> "Souviens-toi des fautes comme l'eau qui s'est écoulée (rapidement et sans laisser de trace de son passage)" (Iyov 11,16)
Le Radak explique que le symbolisme de l'eau s'écoulant, fait allusion au pardon de nos fautes.

-> Rabbi David Hoffman explique que l'on accomplit le Tachli'h près de l'eau, en se basant sur la Mekhilta (Bo 12,1) rapportant que la présence divine n'apparaît aux prophètes en dehors d'Israël que lorsqu'ils sont proches d'un point d'eau, puisque l'eau est un élément de pureté rituelle.

Le Baak haTourim (Béréchit 16,7) écrit également qu'une prière est plus efficace lorsqu'elle est faite proche de l'eau.

-> Les rois d'Israël étaient oints proche d'une source d'eau mouvante, comme signe que leur règne devra également couler sans gêne (guémara Horayot 12a).

Puisqu'à Roch Hachana, nous acceptons de nouveau le règne de Hachem, c'est une forme de cérémonie d'investiture, qui doit se faire près d'un courant d'eau.
[Otzer haTéfilot - Tachlikh ]

-> Le rav Avraham Tirna écrit qu'il serait préférable qu'il y ait des poissons dans ce fleuve et qu'on puisse les voir, ceci étant un bon signe pour nous préserver du mauvais œil (aïn ara) durant toute l'année à venir, comme ces poissons qui sont protégés des regards.
[le Darké Moché (583,3) écrit que le poisson vit calmement, d'une façon non visible par l'homme, il n'est pas affecté par le mauvais œil (puisque caché).]
Le poisson est aussi un symbole de multiplication.

Le rav Nathan Scherman rapporte que le poisson, recouvert par les eaux et à l'abri de la jalousie, fait allusion à Israël qui a été gratifié de la protection Divine.

Le Levouch (596) écrit que les poissons sont en permanence en danger d'être capturés par un filet de pêche, et cela nous renvoie à l'idée que l'ange de la mort peut à tout moment nous capturer.
Cette pensée de notre mortalité, du caractère éphémère de notre vie, doit nous pousser à faire téchouva.

Le Chla haKadoch (Roch Hachana) enseigne que les yeux du poisson sont toujours ouverts. De même, nous prions pour que Hachem garde et protège les juifs avec des yeux ouverts et plein de miséricorde durant toute l'année.
["Les yeux de Hachem sont ouverts sur ses adorateurs, sur ceux qui ont foi en sa bonté" (Téhilim 33,18)]

Le Ohalé Yaakov écrit que la récitation de la prière de Tachli'h est un signe de bon augure : de même que les eaux s'écoulent continuellement, la miséricorde Divine se répandra sur nous et nous accordera une bonne année, en vertu du verset : "Je ferai affluer dans ses murs la paix comme un fleuve" (Yéchayahou 66,12)

<---------------->

-> N'aurait-il pas été préférable de brûler ou bien d'enterrer nos fautes, afin qu'elles soient totalement détruites? Pourquoi les jetons-nous dans la mer, où elles continuent à exister?

Le Divré Yoel (29) répond :
La guémara (Avoda Zara 39a) dit : "Tout animal sur la terre a un équivalent dans la mer. Un animal impur sur terre a un équivalent dans la mer qui est pur, et inversement."

De toute évidence, la mer a le pouvoir de laver l'impur et de le purifier.
Nous jetons nos fautes dans la mer, qui y sont transformées en mérites et en mitsvot.
C'est ainsi que nous disons dans la prière de Tachli'h : "Tu plongeras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes" (Mikha 7,19), et ce afin que nos fautes soient transformées en mérites lorsque nous ferons téchouva par amour pour Hachem.

[En effet, la guémara (Yoma 86b) nous enseigne que lorsqu’une personne fait téchouva par amour pour Hachem, ses fautes ne sont pas seulement effacées, mais elles sont transformées en mérites.]

<---------------->

-> Un des signes pour reconnaître un poisson vivant d'un poisson mort est de voir s'il nage dans le sens ou à contre-courant. S'il nage dans le sens du courant, c'est un poisson mort.

[en jetant nos péchés dans un cours d'eau, on se débarrasse du mauvais de notre passé, mais également on apprend des poissons à aller à contre courant de notre naturalité animale, de la façon de pensée et d'agir du monde en général, ...
Nous devons être fier d'être juif et sauter de joie à contre courant vers notre papa Hachem. ]

<---------------->

-> b'h, Voir aussi : https://todahm.com/2017/09/27/tachlih

"[Avec la venue du machia'h, ] la plus grande de toutes les autres nations verra le plus petit des juifs et désirera s'agenouiller devant lui, et ce en raison du Nom de Hachem qui est inscrit sur chacun [des juifs]"
[midrach Chémot rabba 15,17]

-> "En ce temps-là [de la guéoula], les autres nations décerneront des louanges à Israël : "Voyez quel mérite possède ce peuple, qui est resté attaché à Hachem durant toutes les tribulations qu’il a traversées et qui ne L’a pas abandonné."
[Rachi - paracha Haazinou 15,17]

-> Lorsque les juifs ont quitté l'Egypte, les autres nations les ont regardés avec respect et crainte.
Le midrach (Chir Hachirim rabba 3,6) rapporte : "Lorsque les juifs voyageaient de campement en campement [dans le désert], avec la colonne de Nuée et la colonne de Feu ... les nations du monde voyaient cela et disaient : "Ce sont des dieux!" ...
Les nations du monde avaient alors de la crainte et de l'inquiétude des juifs."

-> Cet état de fait a duré jusqu'à la destruction du 1er Temple, avec l'exil des juifs qui a suivi.
Le midrach (Yalkout Chimoni Esther 1053) dit : "A partir du jour où les juifs ont été exilés, ils n'ont plus été respectés par les autres nations."

"[Concernant la venue du machia'h, ] tout dépend de nous.
Si nous prions et étudions la Torah comme nous devons, toutes les guématriot et toutes les supputations sont vides de sens."

[Rav 'Haïm Kanievsky]

Il rapporte également le midrach suivant (Eikha rabba Pesichta 2) :
"Les nations du monde ont demandé [à leurs plus grands sages] : "Pouvons-nous dominer les juifs?"
Ils ont répondu : "Allez vérifier dans leurs synagogues. Si leurs enfants disent à haute voix [des prières et de l'étude de la Torah], alors vous ne pouvez pas les dominer. Si tel n'est pas le cas, vous le pouvez."

<-------------------------------->

-> b'h, en lien avec cela : https://todahm.com/2020/05/23/13522

"C'est Hachem ton D. que tu dois craindre, c'est Lui que tu dois servir ; attache-toi à Lui seul et ne jure que par Son nom" (Ekev 10,20)

-> "Lorsqu'on mentionne le Nom divin ou l'un de Ses Attributs, il faut le faire avec crainte et soumission.
Car si on les prononce sans crainte et soumission, c'est comme si l'on ignorait le Nom divin."
[Rabbénou Yona - Iguéret haTéchouva]

-> "On devra s'emplir de crainte et nos membres devront trembler au moment où on mentionnera le Nom divin.
Ceci est vrai non seulement pour le Tétragramme, mais aussi pour tous les Noms qui Lui sont attribués en propre et qu'il est interdit d'effacer. Cette défense s'applique également à toutes les langues autres que l'hébreu.
[...]
Comment peut-on ne pas être saisi d'effroi et ne pas redoubler de ferveur en prononçant le Nom divin?
[le 'Hayé Adam - chap.5]

-> "Prend garde, lorsque tu prononceras une bénédiction, à traiter avec beaucoup de respect Hachem ton D. en mentionnant son Nom. Que touts tes membres tremblent par la crainte du Nom majestueux et redoutable."
[Rokéa'h]

Le rav Chmouël Huminer (Olat Tamid) ajoute :
"Car si l'on ne se conforme pas à cette attitude, cela revient à se rebeller contre son Maître, à renoncer à Le craindre, et on mériterait pour cela d'être enterré vivant ....

A l'instant même où l'on s'apprête à prononcer le Nom divin, on marquera un moment de silence, pendant lequel on se remémorera ces recommandations, après quoi on pourra prier avec la plus grande ferveur."

"Tant que l'on est en vie, les Portes de la téchouva (repentir) ne sont jamais fermées."

[midrach Dévarim rabba 20,7]

-> A partir du moment où le machia'h arrivera, la téchouva ne sera plus acceptée.
[Rachba, guémara Shabbath 151b ; Maharil 153a]

<----------->

-> De la même façon qu'une personne qui ne se prépare pas la veille de Shabbath n'aura rien à manger pendant Shabbath, une personne qui ne rectifie pas ses actions dans ce monde, va souffrir de manques dans le monde à venir.
[midrach rabba - Kohélet 1,15]

-> "Ce qui est tordu ne peut être redressé, et ce qui manque ne peut entrer en compte" (Kohélét 1,15)
Le midrach (Kohélét Rabbati 1) commente :
"Dans ce monde, ce qui est tordu peut être redressé, et si quelque chose est manquant, on peut le remplacer.
Cependant, dans le monde à venir, l'opportunité de redresser ce qui est tordu ou de remplacer le manquant est déjà passée."

Roch Hachana est le jour : "où l'on prend son envol et où l'on se réfugie en Hachem".

[Rambam - commentaire michna Roch Hachana 32b]

-> Rabbi Chimchon Pinkous enseigne qu'il y a 2 moyens de mériter un bon jugement à Roch Hachana :

- le 1er : en faisant téchouva et en nous améliorant ;

- le 2e : en s'enlaçant avec Hachem, ce qui peut être accompli en désirant de tout cœur qu'Il soit notre Roi.

C'est ainsi que David haMélékh déclare : "A part Toi, je ne désire rien sur terre" (Téhilim 73,25 - véimé'ha lo 'hafatseti baaréts).

"Tu [les] mettras dans une corbeille" (Ki Tavo 26,2)

-> Selon la guémara (Baba Kama 92b), les riches présentaient leurs prémices dans des paniers d'or et d'argent qui leur étaient restitués, tandis que les pauvres les offraient dans des corbeilles d'osier que les Cohanim conservaient.

-> Rav Aharon Bakst, explique que cette différence de traitement a pour but de préserver la dignité des pauvres.

Les paniers des riches étaient remplis à ras bords de fruits succulents, tandis que ceux des pauvres en contenaient moins et de qualité médiocre.
Si les Cohanim avaient vidé les paniers des pauvres pour les leur restituer, ceux-ci auraient redouté qu'ils se rendent compte de l'insignifiance de leur contribution.

=> Pour leur épargner cette gêne, les Cohanim conservaient donc les corbeilles, faisant comme s'ils n'avaient pas vu leur contenu.

-> Rav Yaakov Neuman apporte une autre explication.
Quand un homme riche venait offrir ses bikourim dans des récipients d'argent et d'or, il était naturel qu'il fût aussi bien vêtu et fier de son apparence.
Les Cohanim lui restituaient donc aussitôt son panier, comme pour lui signifier que son "moi" avait rendu son offrande presque inacceptable.
En revanche, les paniers des pauvres étaient accueillis par les Cohanim presque à bras ouverts, en témoignage de ce que Hachem aime les offrandes présentées dans la soumission et l'humilité.

-> Le Rav Yaakov Neuman explique :
Les riches, qui apportaient des paniers somptueux, bien qu’en soi leur objectif était d’honorer et d’embellir la mitsva, malgré tout il se pouvait que se mêle une certaine part d’orgueil et de hauteur dans leur mitsva. Finalement, les voilà en train d’étaler leur richesse et leur fortune, même si c’est dans le cadre de louer Hachem et accomplir Sa Volonté. Or, Hachem a l’orgueil en dégoût. Il rejette et repousse ce sentiment à l’extrême. C’est pourquoi, ces paniers des hommes riches qui ont ce risque de générer l’orgueil de leurs propriétaires, ne pouvaient aucunement être acceptés par Hachem. C’est pourquoi, on les leur restituait. Hachem n’en avait pas besoin.
Mais les hommes pauvres quant à eux, se présentaient avec de simples et modestes paniers, sans aucune prétention, et les remettaient au Cohen non sans ressentir une certaine pointe de honte de se présenter si modestement, comparativement aux riches qui venaient avec de bien plus beaux paniers. Il est clair qu’aucune once d’orgueil ne pouvait s’infiltrer. Bien au contraire, Ces paniers venaient même renforcer l’humilité et la modestie de leurs propriétaires qui les présentèrent avec un coeur brisé et honteux. Tous ces sentiments sont si appréciés par Hachem qu’Il tenait à garder ces paniers si précieux à Ses Yeux.

<------------------->

=> Les pauvres amenaient des paniers de modeste valeur au Temple, car ils n'avaient pas les moyens d'acheter des objets plus coûteux. Laisser ces paniers aux Cohanim constituait donc pour eux une grade perte, alors que les riches, en reprenant leurs corbeilles, ne perdaient rien de leur fortune. Comment comprendre cela?

Le rav Yossef Tsvi Diner, cite les paroles du Malbim : "Les pauvres n'avaient même pas les ressources nécessaires pour acheter des paniers ; c'est pourquoi ils les confectionnaient eux-mêmes à partir des branches de saules (éléments constitutifs des paniers en osier) utilisées pour la mitsva des 4 espèces de la fête de Souccot, et dans lesquels ils déposaient les prémices destinées aux Cohanim".
Comme ils s'étaient beaucoup investis dans l'accomplissement de la mitsva, les pauvres méritaient de laisser leurs paniers aux Cohanim.
En revanche, les ustensiles des riches, dont la valeur spirituelle était faible, n'étaient pas offerts aux Cohanim.

Le rav Diner conclut que dans toute mitsva que nous accomplissons, Hachem ne considère pas seulement l'action elle-même : Il prend également en compte les efforts et l'abnégation dont chacun a fait preuve. Et selon l'effort que l'on aura consenti dans la réalisation des mitsvot, celles-ci seront agréées devant Hachem.

<------------------->

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch fait le commentaire suivant :
"Tu les mettras dans une corbeille (baténé)" = c'est une allusion au fait que toutes les bonnes activités auxquelles on se livre doivent suivre les enseignements de nos Sages.
Or, la Torah et les lois ont été expliquées par nos Sages dans les 60 traités de la guémara, ce qui est la valeur numérique du terme : "téné" (corbeille/parnier - טֶּנֶא).
En effet, sans cela même si l'on fait toutes les mitsvot du monde, cela ne servira à rien.

<------------------->

-> "Tu les placeras dans un panier ... et le Cohen prendra le panier de ta main" (Ki Tavo 26,2-4).

De façon générale, ces paniers étaient en osier et étaient remis aux Cohanim. Le don des paniers aux Cohanim faisait partie intégrante de la mitsva des prémices (bikourim).
On peut voir en cela 2 éléments opposés. D’une part, les prémices étaient sélectionnées parmi les meilleurs fruits, uniquement parmi les sept espèces par lesquelles on prononce l’éloge de la terre d'Israël.
Mais, d’autre part, ces fruits devaient nécessairement être apportés dans un panier d’osier, c’est-à-dire fait d’une matière très simple et bon marché, sans valeur spécifique.
=> Comment expliquer ce paradoxe apparent?

-> Les fruits qui glorifient la terre d’Israël symbolisent les âmes juives tandis que le panier qui les porte symbolise le corps dans lequel s’habillent les âmes (néchamot). Les âmes divines descendent ici-bas, dans ce monde matériel et inférieur. Elles s’introduisent dans un corps physique, qui devient leur réceptacle, leur "panier". Or, ce dernier enferme l’âme et rend plus difficile l’expression du lien qui l’attache à Hachem. Il peut même dissimuler totalement la volonté véritable de cette âme.
Ceci conduit à reformuler la question précédemment posée : pourquoi les prémices, avec toutes leurs qualités, sont-elles placées dans un panier aussi simple? Pourquoi une âme pure et noble, qui possède les sentiments d’amour et de crainte de D. les plus hauts, et jouissant de la Lumière divine du Gan Eden, doit-elle descendre ici-bas, s’introduire dans un corps physique, y rester pendant un certain temps, enfermée et limitée?

La réponse à cette question est la suivante : la descente doit se solder par une élévation (yérida tsoré'h alyia). La chute vertigineuse de l’âme au sein d’un corps physique doit la hisser vers des hauteurs bien supérieures à celles connues avant sa descente ici-bas. En effet, en descendant dans ce monde physique et en étant confrontée à l’obscurité spirituelle de la matière, l’âme révèle sa force véritable et essentielle, celle de purifier et de sanctifier son enveloppe physique, grâce aux mitsvot qui sont mises en pratique, d’une manière concrète.
De cette façon, elle peut, par la suite, dépasser le niveau qui était le sien avant sa descente.

Il est en de même pour notre Service divin. Nous ne devons pas nous satisfaire de notre propre ascension spirituelle, de l’élévation de notre âme du fait de sa proximité avec Hachem (à l’instar de la place de la Néchama dans le Gan Eden avant sa descente sur terre). Nous devons aussi nous efforcer d’attirer ici-bas la spiritualité, dans le monde, afin de le purifier et de le sanctifier.
C’est ainsi que dans chaque aspect de notre vie profane et professionnelle nous tenterons d’accomplir les deux instructions suivantes : "Tous tes actes soient accomplis au nom des Cieux" (Pirké Avot 2,12) et "Connais-le dans toutes tes voies" (Michlé 3,6).
C’est aussi le sens de la mitsva des Bikourim : Consacrer à la sainteté le meilleur du travail de l’homme, afin d’élever nous-même et ce monde inférieur vers une "Demeure pour l’Essence de D." (à l’instar de la place de la Néchama après l’ascension qui suit l’accomplissement de sa mission sur terre).
[d'après dvar Torah du Collel de Sarcelles]

"Maudit est celui qui n'accomplira pas les paroles de cette loi pour les faire" (Ki Tavo 27,26)

-> La dernière partie de cette phrase semble superflue.
En effet, si on accomplit, c'est qu'on le fait, non?

Le Ktav Sofer explique qu'en réalité, ces mots condamnent allusivement l'opinion proclamée par certains, selon laquelle Hachem veut que nous restions fidèles à l'esprit de la Torah, la pratique de ses mitsvot étant d'importance secondaire.
["pour moi, je porte D. dans mon cœur!"]

Pour marquer son opposition à cette façon de voir, le verset commence par : nous devons "accomplir", puis il ajoute que le but est de "faire" = le seul moyen d'adhérer à la Torah consiste à observer ses mitsvot à la lettre.

-> Le haKtav véhaKabbala observe que pour certains, l'adhésion aux mitsvot ne constitue qu'un moyen de se définir par rapport à la communauté.
Ils s'affirment comme des défenseurs résolus de la foi, mais ce n'est que pour rechercher honneurs public et avantages.

C'est pourquoi la Torah insiste afin que notre engagement pour les mitsvot soit pour les "faire", et ce sans arrière-pensées.

<-------------------------------------->

-> Tout juif doit accepter la Torah dans son intégralité.
On ne doit pas dire qu'une seule mitsva est sans importance.
La malédiction n'est pas pour une personne faisant une faute, mais pour celle qui va renier une partie de la Torah, quelqu'elle soit.
[le Ramban]

"Béni es-tu à ta venue et béni es-tu à ta sortie" (Ki Tavo 28,6)

-> Les écoles de Chammaï et de Hillel ont débattu pendant 2 ans et demi du point de savoir s'il aurait mieux valu ou non que l'homme ne naisse pas.
[guémara Erouvin 13b]

La conclusion de leur controverse a été qu'il aurait été préférable qu'il ne naisse pas.

-> Selon les Tossafot, la discussion concernait exclusivement les gens ordinaires, mais s'agissant du tsadik, tous s'accordaient à dire que sa venue au monde au monde était bénéfique.

-> Le Torat Moché fait alors remarquer :
Si tu es béni "à ta sortie", c'est-à-dire si tu es libre de tout péché (en faisant téchouva et en s'améliorant), on peut dire que tu étais béni "à ta venue".

<--------------->

-> "Bénis sois-tu à ta venue et bénis sois-tu à ta sortie" (Ki Tavo 28,6)

Rachi explique ce verset en disant : "Que ta sortie de ce monde soit sans faute, comme à ta venue".

=> Mais d'après cela, l'essentiel de cette bénédiction se trouve dans la sortie, qui soit comme ton entrée. Dès lors, on aurait pu se contenter de dire que tu sois béni à ta sortie du monde, qui sera sans faute. Pourquoi avoir besoin de rappeler ta venue?

En fait, nos Sages disent que l'homme est tellement proche de la faute qu'il eut mieux valu qu'il ne soit pas créé, car il risque trop de fauter. Mais un homme qui quitte ce monde sans aucune faute, une telle personne révèle rétroactivement que sa venue au monde était une réussite et un vrai bien.
C'est ce que nous enseigne le verset : "Bénis sois-tu à ta venue et bénis sois-tu à ta sortie" = Même ta venue au monde sera une bénédiction si ta sortie sera sans faute.
Ainsi, Rachi explique : "Que ta sortie de ce monde soit sans faute, comme à ta venue", c'est-à-dire que si ta sortie est sans faute, alors ta venue aussi deviendra une bénédiction.
[Ktav Sofer]

"Hachem te placera à la tête, et non à la queue" (Ki Tavo 28,13)

Cette métaphore semble plus s'appliquer à des animaux qu'à des êtres humains.
En effet, n'aurait-on pas dû avoir plutôt : "à la tête, et non au talon"?

Rav Mordé'haï Guimpel répond à l'aide de la guémara (Kétoubot 66b) :
"Heureux est Israël! Quand il fait la volonté de Hachem, aucune nation ni aucune idéologie n'a prise sur lui.
Mais lorsqu'il ne fait pas Sa volonté, il est livré à une nation méprisable, et pas seulement à une nation méprisable, mais aux animaux de cette nation méprisable."