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Le Tachli’h

+ Le Tachli'h :

Nous avons la coutume à Roch Hachana d'aller à un point d'eau afin de réciter : "Tu plongeras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes " (Mikha 7,19 - vétachli'h bimétsoulot yam kol 'hatotam).
Pourquoi cela?

-> Le midrach rabba rapporte que tout au long de la route que suivirent Avraham et son fils Its'hak pour aller au mont Moria, le Satan tenta de les empêcher d'arriver par différents moyens.
Il fit surgir sur leur chemin un fleuve profond pour les décourager et les faire revenir en arrière, mais ces derniers y pénétrèrent jusqu'à hauteur de leurs bouches, puis Avraham s'exclama : "Iguiou Maïm ad Nafech", ce qui signifie que nous avons fait la volonté de D. jusqu'au bout de nos forces.
C'est alors que D. réprimanda le Satan et immédiatement le fleuve s'assécha.
[michna Broura 583,8]

[Le Maharil dit nous récitons le Tachli'h à côté d'une rivière ou d'un lac dans l'espoir que le mérite d'Avraham entrant avec enthousiasme dans le fleuve va se tenir en notre faveur dans le jugement.]

-> Selon le Zohar, une rivière profonde symbolise la "bina" (compréhension), la capacité de sonder les profondeurs de la connaissance, d'étendre, de développer et de tirer des conclusions.
Le Zohar enseigne : "Il y a des eaux qui produisent des hommes sages et il y a des eux qui produisent des sots".
La compréhension est un don précieux de D., mais nous savons tqu'elle peut être mal utilisée et corrompue pour conférer légitimité et popularité aux égarements jusque dans leurs excès.
La grandeur d'Avraham tenait tout entière en sa compréhension de la vérité ; sans qui, il aurait pu déchoir de sa grandeur spirituelle.
On comprend pourquoi le Satan se lance dans cette dernière tentative avec Avraham pour le faire reculer.
[le tachli'h symbolise cette nécessité de toujours rechercher et être fidèle à la vérité au sens de la Torah (et non pas ce que nous croyons/voulons avoir comme vérité)]

La rivière symbolise le niveau le plus profond de compréhension, l'inexorable intelligence qui proteste à chaque pas fait par Avraham, disant : "Its'hak est ton seul héritier! Tu l'as attendu toute ta vie! D. te l'a donné, à toi et à Sarah, par des miracles! D. t'a promis une postérité grâce à lui. Comment peux-tu, toi qui prêches contre le sacrifice humain assassiner ton propre fils? Comment un vieux pères peut-il tuer son fils unique de ses propres mains? Comment peux-tu obéir et même croire en un D. qui te demande cela?"

Ces questions constituent une "rivière" infiniment plus tumultueuse que toutes que toutes celles qui se trouvent sur terre.
La réponse d'Avraham se situe à un degré de compréhension plus élevé que celui du Satan.
Il implore D. de lui venir en aide : "Les eaux de la compréhension montent jusqu'à mon cou. Elles menacent de noyer mon intelligence humaine limitée. Cependant, je sais que : "le commencement de la sagesse est la crainte de Hachem" (réchit 'hokhma yir'at Hachem - Téhilim 111,10) ; la source de la sagesse n'est ni ce que mon esprit mortel conçoit, ni dans la logique absolument irrésistible du Satan (yétser ara). Je ne peux ni réfuter ses arguments, ni traverser sa rivière, parce que mon humanité me limite. Mais Toi Hachem, Tu es mon guide, et quand tout m'abandonne, je substitue Ta volonté à ma sagesse."

Avraham a en tête les infinies possibilités de sa postérité, il sait que son seul acte devra être l'équivalent spirituel de milliards de bonnes actions qui ne seront jamais accomplies.
Le but de l'existence d'Israël est de rendre manifeste la majesté de D. comme Roi.
Avraham dominant le Satan et ses propres sentiments humains, spirituels et paternels, ils démontrent que le seul facteur déterminant est la volonté du Roi [Hachem].

La rivière disparut. En s'immergeant dans la rivière qui produisait des insensés, Avraham transforma l'événement en une rivière qui produisit, en son être et dans son descendant, une perception accrue de la mission d'Israël, car expérimenter la vérité est bien plus enrichissant que de philosopher à son sujet.

Lors du Tachli'h, en se présentant à un cours d'eau, on exprime : "Comme Tu sauvas Avraham, sauve-nous, Hachem, des eaux qui menacent de noyer notre foi, parce que comme notre père, nous plaçons notre foi en Toi au-dessus de tout."
[la rivière profonde symbolise la compréhension, qui pour un juif se doit d'être Divine, et non simplement humaine]
[rav Nathan Scherman]

-> La soumission d'Avraham créa le modèle de courage, de sacrifice de soi qui depuis lors caractérise le peuple juif.
Non seulement parce qu'il influe sur le comportement juif, mais parce qu'il reste la source du mérite pour chaque juif qui conserve, en son cœur, une braise de la Akéda.
[Sfat Emet]

-> Selon certains de nos Sages, le mérite des Patriarches ne dure qu'aussi longtemps que leurs descendants suivent leur exemple et obéissent à la volonté de D.
Quand Israël délaisse les voies d'Hachem, Il l'abandonne et "oublie" les mérites de ses ancêtres.
[le tachli'h met en avant que de même que la rivière à une source, nos actions doivent prendre racine à notre source : nos Patriarches.]

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-> "A la vision de la profondeur de la mer ... on commence à contempler la grandeur du Créateur.
C'est pourquoi nous allons à un plan d'eau à Roch Hachana, qui est le jour du Jugement, afin que tout le monde puisse prendre à cœur que Hachem est le Créateur et le Roi de l'univers.

Lorsqu'une personne en vient à reconnaître l'existence de Hachem et le fait qu'Il a créé le monde à partir de rien, elle en arrive à regretter ses fautes, et par cela ses fautes lui seront pardonnées."
[le Rama - Torat haOla 3,56]

-> "[Les juifs] puisèrent de l'eau, qu'on répandit devant Hachem" (Chmouël I 7,6).
Le Targoum Yonathan traduit cela par : "Ils ont déversé leur cœur dans la téchouva, comme de l'eau, devant Hachem".

Rachi explique qu'ils ont versé l'eau en signe d'humilité, montrant qu'ils étaient comme de l'eau que l'on verse devant Hachem.
Le Beit Méïr (Ora'h 'Haïm 583) dit qu'en se rendant proche d'un plan d'eau à Roch Hachana, nous démontrons notre état d'esprit de téchouva, qui est comparé à l'eau qui coule.

-> "Souviens-toi des fautes comme l'eau qui s'est écoulée (rapidement et sans laisser de trace de son passage)" (Iyov 11,16)
Le Radak explique que le symbolisme de l'eau s'écoulant, fait allusion au pardon de nos fautes.

-> Rabbi David Hoffman explique que l'on accomplit le Tachli'h près de l'eau, en se basant sur la Mekhilta (Bo 12,1) rapportant que la présence divine n'apparaît aux prophètes en dehors d'Israël que lorsqu'ils sont proches d'un point d'eau, puisque l'eau est un élément de pureté rituelle.

Le Baak haTourim (Béréchit 16,7) écrit également qu'une prière est plus efficace lorsqu'elle est faite proche de l'eau.

-> Les rois d'Israël étaient oints proche d'une source d'eau mouvante, comme signe que leur règne devra également couler sans gêne (guémara Horayot 12a).

Puisqu'à Roch Hachana, nous acceptons de nouveau le règne de Hachem, c'est une forme de cérémonie d'investiture, qui doit se faire près d'un courant d'eau.
[Otzer haTéfilot - Tachlikh ]

-> Le rav Avraham Tirna écrit qu'il serait préférable qu'il y ait des poissons dans ce fleuve et qu'on puisse les voir, ceci étant un bon signe pour nous préserver du mauvais œil (aïn ara) durant toute l'année à venir, comme ces poissons qui sont protégés des regards.
[le Darké Moché (583,3) écrit que le poisson vit calmement, d'une façon non visible par l'homme, il n'est pas affecté par le mauvais œil (puisque caché).]
Le poisson est aussi un symbole de multiplication.

Le rav Nathan Scherman rapporte que le poisson, recouvert par les eaux et à l'abri de la jalousie, fait allusion à Israël qui a été gratifié de la protection Divine.

Le Levouch (596) écrit que les poissons sont en permanence en danger d'être capturés par un filet de pêche, et cela nous renvoie à l'idée que l'ange de la mort peut à tout moment nous capturer.
Cette pensée de notre mortalité, du caractère éphémère de notre vie, doit nous pousser à faire téchouva.

Le Chla haKadoch (Roch Hachana) enseigne que les yeux du poisson sont toujours ouverts. De même, nous prions pour que Hachem garde et protège les juifs avec des yeux ouverts et plein de miséricorde durant toute l'année.
["Les yeux de Hachem sont ouverts sur ses adorateurs, sur ceux qui ont foi en sa bonté" (Téhilim 33,18)]

Le Ohalé Yaakov écrit que la récitation de la prière de Tachli'h est un signe de bon augure : de même que les eaux s'écoulent continuellement, la miséricorde Divine se répandra sur nous et nous accordera une bonne année, en vertu du verset : "Je ferai affluer dans ses murs la paix comme un fleuve" (Yéchayahou 66,12)

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-> N'aurait-il pas été préférable de brûler ou bien d'enterrer nos fautes, afin qu'elles soient totalement détruites? Pourquoi les jetons-nous dans la mer, où elles continuent à exister?

Le Divré Yoel (29) répond :
La guémara (Avoda Zara 39a) dit : "Tout animal sur la terre a un équivalent dans la mer. Un animal impur sur terre a un équivalent dans la mer qui est pur, et inversement."

De toute évidence, la mer a le pouvoir de laver l'impur et de le purifier.
Nous jetons nos fautes dans la mer, qui y sont transformées en mérites et en mitsvot.
C'est ainsi que nous disons dans la prière de Tachli'h : "Tu plongeras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes" (Mikha 7,19), et ce afin que nos fautes soient transformées en mérites lorsque nous ferons téchouva par amour pour Hachem.

[En effet, la guémara (Yoma 86b) nous enseigne que lorsqu’une personne fait téchouva par amour pour Hachem, ses fautes ne sont pas seulement effacées, mais elles sont transformées en mérites.]

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-> Un des signes pour reconnaître un poisson vivant d'un poisson mort est de voir s'il nage dans le sens ou à contre-courant. S'il nage dans le sens du courant, c'est un poisson mort.

[en jetant nos péchés dans un cours d'eau, on se débarrasse du mauvais de notre passé, mais également on apprend des poissons à aller à contre courant de notre naturalité animale, de la façon de pensée et d'agir du monde en général, ...
Nous devons être fier d'être juif et sauter de joie à contre courant vers notre papa Hachem. ]

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-> b'h, Voir aussi : https://todahm.com/2017/09/27/tachlih

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