Aux délices de la Torah

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Le Veau d’or & se lier par les mitsvot

+ Ki Tissa - le Veau d'or :

-> Juste avant de monter au mont Sinaï, Moché dit aux Bné Israël qu'il serait de retour dans 40 jours. Le peuple pensait que le jour de son ascension était compté dans les 40jours, mais Moché voulait dire 40 jours complets, sans compter ce jour-là.
Le jour où Moché devait revenir était le 17e jour de Tamouz. Le 16 Tamouz, le Satan embrouilla la nation avec une image sombre dans les cieux, laissant entendre que Moché était mort.
En réponse, les Bné Israël construisirent un Veau d'or, ce qui entraîna la faute du Veau d'or qui est si grave que chaque punition infligée aux Bné Israël depuis lors contient une certaine rétribution pour cette faute.
[ "Il n’est pas de punition qui frappe Israël qui ne contienne une part de punition pour le Veau d’or" - guémara Sanhèdrin 102a (Rachi - Ki Tissa 32,34).

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+ Ce qui a déclenché la chute :

=> Comment une nation qui a été témoin de grands miracles et qui a vécu l'événement grandiose du don de la Torah a-t-elle pu soudainement renier Hachem et adorer un Veau d'or?

-> Le Kouzari (1:97) répond que les juifs n'ont jamais renié Hachem.
Ils attendaient que Moché fasse descendre les Lou'hot (Table de la Loi) et fabrique un Aron (l'Arche), quelque chose de tangible pour représenter leur relation avec Hachem et faciliter leur adoration.
Comme Moché ne revenait pas, ils décidèrent de fabriquer leur propre support physique pour la avodat Hachem.

-> Dans le même ordre d'idées, le Beit haLévi (Ki Tissa) écrit que Moché a toujours servi d'intermédiaire entre Hachem et les Bné Israël. En son absence, le peuple a voulu faire une place à la Présence Divine (Chékhina) dans ce monde (une fonction remplie plus tard par le Michkan), afin de ne pas avoir besoin d'un intermédiaire.

Malgré ces bonnes intentions, le Kouzari et le Beit haLévi expliquent que les Bné Israël ont fauté en créant un instrument physique de avodat Hachem sans en avoir reçu l'ordre.
[de plus, comme le souligne le Kouzari, ils avaient reçu l'ordre de ne pas le faire, comme il est dit dans les 10 Commandements : "Tu ne te feras point d'idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le Ciel ..." (Yitro 20,4). ]
La croissance spirituelle exige une adhésion stricte aux commandements d'Hachem.

[ le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1:21-22) affirme qu'avant le don de la Torah, les Patriarches faisaient tout ce qui semblait nécessaire pour rectifier les mondes supérieurs.
Cependant, depuis que la Torah a été donnée, la seule façon de servir Hachem est par le biais de Ses lois (halakha), et non par l'intuition. ]

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+ L'expiation du Michkan :

-> Le midrach (Chémot rabba 48,6) affirme que les dons pour la construction du Michkan ont permis d'expier la faute du Veau d'or. Par exemple, pour créer le Veau, les Bné Israel ont donné des anneaux en or (Ki Tissa 32,3). En ce qui concerne le Michkan, ils ont également donné des anneaux en or (ibid. 35,22).

-> Le Beit haLévi comprend que non seulement les dons ont expié la faute, mais que le Michkan tout entier a également servi à cette fin. C'est pourquoi, lorsque la Torah décrit la création des différents éléments du Michkan dans la parasha Pékoudé, presque chaque verset se termine par "ka'acher tsiva Hachem ét Moché" (comme Hachem l'a ordonné à Moché).
Le Michkan a été construit uniquement parce qu'Hachem l'avait ordonné. En tant que tel, il expie la création du Veau, qui a été faite sans aucun ordre.

[ le Messé'h 'Hokhma (Vayakel 37,1) reprend cette idée. Avant la faute du Veau d'or, Hachem dit à Moché qu'Il avait donné à Bétsalel tout ce qui était nécessaire "pour faire chaque type de méla'ha" (Ki Tissa 31,5). Après la faute du Veau, Moché a transmis aux Bné Israel que Hachem avait fourni tout ce qui était nécessaire "pour faire tout type de mélé'het ma'hachavét (travail réfléchi)" (Vayakel 35,33).
Après le Veau d'or, il est important de souligner que tout travail doit être effectué avec la clarté mentale que tel est l'ordre d'Hachem. ]

-> Pourtant, la guémara (Yérouchalmi Shékalim 1:1) affirme que l'or de la kaporét, la couverture de l'Aron, expie le Veau d'or.
Pourquoi spécifier la kaporét si tous les donations au Michkan permettaient l'expiation de la faute?

Le Beit haLévi répond que la kaporét comprenait les 2 kérouvim, qui représentaient la relation entre Hachem et Bné Israel. Lorsque nous étions très proches de Lui, les kérouvim s'enlaçaient (guémara Yoma 54a).
Notre proximité avec Hachem dépend de la Torah, symbolisée par les Lou'hot (Tables de la Loi). Les Lou'hot étaient logés dans l'Aron, qui était recouvert par la kaporét.
C'est pourquoi les kérouvim étaient moulés face à la kaporét (Térouma 25,20) afin de rappeler le lien étroit entre Hachem et peuple juif et sa dépendance ultime à l'égard de la Torah. En raison de cet aspect unique de la kaporét, le Yérouchalmi souligne qu'elle expie le Veau d'or.

[ bien que la paracha Térouma dit que les kérouvim se faisaient face, ils étaient aussi légèrement orientés vers le bas, vers la kaporet. ]

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+ L'expiation de la para adouma (vache rousse) :

-> La mitsva de la para adouma sert également d'expiation pour la faute du Veau d'or.
Rachi ('Houkat 19,22) , citant Rabbi Moché haDarchan, explique comment chaque étape du processus de la para adouma est parallèle à une partie de cette terrible faute.
[ il est à noter que le Nétsiv (Haamek Shé'ella), seule la première para adouma, à l'époque de Moché, a expié la faute du Veau d'or. Les parot suivantes ont simplement purifié les Bné Israel.
Le Rambam (Hilchos Parah Adumah 1:9) est d'avis que même les parot ultérieures ont apporté l'expiation.]

=> Pourquoi particulièrement la mitsva de la vache rousse pour effectuer cette expiation?

Le Beit haLévi explique : la mitsva de la para adouma est un 'hok, une loi que l'homme ne peut pas comprendre. Lorsque nous l'accomplissons uniquement parce qu'Hachem nous a ordonné de le faire, sans que nous en comprenions le but, nous expions la faute du Veau d'or, que D. n'a jamais ordonné d faire.

Le Messé'h 'Hokhma note qu'il existe une obligation biblique de lire la portion de la Torah traitant de la para adouma avant d'accomplir la mitsva.
Le rav Shlomo Fisher demande : pourquoi cette obligation existe, nous ne trouvons une telle exigence pour aucun autre précepte de la Torah. Avant de mettre les tefillin, par exemple, il n'y a pas d'impératif biblique de lire le passage de la Torah qui traite de cette mitsva.

Le rav Fisher répond qu'étant donné qu'une composante intégrale de la mitsva de la para adouma est de l'accomplir sans autre raison que le commandement d'Hachem, en lisant la paracha immédiatement avant sa réalisation, nous démontrons que l'unique motivation pour accomplir la mitsva est la volonté Divine. Cette motivation permet au processus de la para adouma d'expier la faute du Veau d'or.

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+ La lecture de la paracha Para :

-> En plus de la portion hebdomadaire de la Torah, les rabbins ont institué la lecture de 4 parachiyot supplémentaires au cours du mois d'Adar. La 3e est la paracha Para, qui est un extrait de la parachat 'Houkat sur la mitsva de la para adouma. Ce passage est toujours lu dans la seconde moitié du mois d'Adar.

Nous lisons cette paracha, explique la Michna Broura (685:1), parce que les Bné Israel ont brûlé la première para adouma peu avant le mois de Nissan, utilisant les cendres pour se purifier avant de sacrifier le korban Pessah.
Bien que nous n'ayons plus de para adouma, nous lisons cette section comme une prière à Hachem pour que nous soyons bientôt purifiés par cette mitsva.

Le Choul'han Aroukh (685:7) cite une opinion selon laquelle lorsque nous lisons la parachat Para, nous accomplissons une mitsva de la Torah. Mais laquelle?

Le Malbim répond qu'il s'agit de la mitsva de se souvenir de la faute du Veau d'or ('hét haEgel).
Le Malbim tire ce commandement du verset : "Souvenez-vous, n'oubliez pas que vous avez irrité Hachem dans le désert" (Ekev 9,7).
[ le Ramban (commentaire sur le Sefer HaMitsvot, dans sa liste de mitsvot que le Rambam a omises, mitzvah 7) et le Magen Avraham (Orach 'Haim 60) statuent tous deux que ce verset constitue une mitsva de la Torah, mais ils ne précisent pas ce dont nous sommes obligés de nous souvenir. Le Ramban se demande si cette mitsva reste en vigueur aujourd'hui ou si elle ne s'appliquait qu'à la génération de Moché.]

Le Malbim explique qu'au lieu de lire publiquement le récit du Veau pour remplir cette obligation, ce qui aurait déshonoré le peuple juif, les rabbins ont institué la lecture de la paracha Para, qui expie le Veau d'or.
[ les 2 premières montées de Ki Tissa, qui racontent le récit du Veau d'or, sont extraordinairement longues. Le rav 'Haim Kanievsky explique : les 2 premières montées sont donnés à un Cohen et à un Lévi. Comme leurs ancêtres n'ont pas été impliqués dans la faute, le Cohen et le Lévi ne sont pas gênés d'en prendre connaissance. Mais un Israël, dont les ancêtres ont fauté, aurait honte ; c'est pourquoi il ne commence à lire la Torah qu'une fois l'épisode terminé. ]

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-> Cependant, le rav Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Ekev 9,7) soutient que la mitsva de se souvenir dans Eikev ne se réfère pas à la faute du Veau d'or, mais plutôt à l'épisode de Mara (Béchala'h 15,22-26), lorsque les Bnei Yisrael se sont plaints à Moshe qu'ils n'avaient pas d'eau.

Le rav Kamenetsky propose donc une 2e approche pour expliquer pourquoi la lecture de la paracha Para répond à une mitsva de la Torah.
Son explication s'accorde avec notre interprétation de la faute du Veau d'or. Il suggère que la lecture de la parachat Para nous rappelle l'incident de Mara. Les Bné Israel y ont appris que seule la volonté d'Hachem rend les choses douces ; bien que Moché ait jeté du bois amer dans des eaux amères, celles-ci se sont adoucies, simplement parce qu'Hachem en a décidé ainsi.
De même, la para Adouma nous enseigne qu'il faut accomplir les mitsvot sur l'ordre d'Hachem, et non parce qu'elles ont un sens. Afin d'ancrer ce concept dans nos esprits, les lois de la para adouma ont été données à Mara. Cet épisode s'est produit juste avant que les Bné Israel ne reçoivent la Torah, nous préparant ainsi à cet événement capital.
Nous accomplissons la Torah et les mitsvot non pas parce que cela a un sens intellectuel pour nous, mais plutôt parce que c'est un décret d'Hachem.

-> Tout au long de notre vie, nous avons des éclairs d'inspiration et des idées sur la manière de nous rapprocher d'Hachem. La faute du Veau d'or nous apprend que les seuls moyens de se connecter réellement à Hachem sont ceux qui sont approuvés par la Torah. Sinon, nous faisons ce que nous voulons, nous avons une relation avec nous-mêmes, et non avec notre Créateur.

Seul Hachem peut nous indiquer la voie à suivre. La Guemara ('Houlin 88b) nous dit que c'est parce qu'Avraham a déclaré humblement : "Je ne suis que poussière et cendre" (Vayéra 18,27) que ses descendants ont été récompensés par la mitsva de para adouma, qui exige une grande humilité.
Lorsque nous faisons la para adouma, même sans comprendre pourquoi, nous suivons l'exemple d'Avraham, et nous nous connectons vraiment avec Hachem.

"6 jours durant, le travail sera effectué, mais le 7e jour sera saint pour vous, jour de repos complet pour Hachem" (Vayakel 35,2)

=> Le verset ne dit pas que nous devons faire le travail pendant 6 jours, mais que le travail sera fait. Quel message la Torah nous transmet-elle en formulant le commandement de cette manière?

Le rav Shlomo Ganzfried (séfer Apiryon) explique :
Seule une personne qui croit honnêtement que sa parnassa vient totalement d'Hachem est en mesure d'éprouver un véritable sentiment de repos le jour de Shabbath.
Une personne qui reconnaît que la quantité de ses efforts ou la perspicacité de ses capacités n'est pas ce qui détermine son revenu est capable de prendre un jour de congé sans regret. Cette personne comprend que les 6 jours ne sont pas différents du 7e.
De même que tout profit tiré du travail pendant les 6 jours n'est dû qu'à la volonté d'Hachem, de même il n'y aura pas de perte de revenu si l'on ne travaille pas le 7e jour. Ses revenus sont dictés par Hachem, et non par ses efforts.

"Il dit : car il y a une main sur le trône d'Hachem, Hachem fait la guerre contre Amalek" (Béchala'h 17,16)

-> Rachi explique que Hachem fit le serment que Son Nom ne serait pas complet et que Son trône ne serait pas entier tant que le nom d'Amalek ne sera pas effacé.
En effet, les lettres ו"ה du Tétragramme (יהוה) sont omises par l'Ecriture et le Nom d'Hachem est mentionné seulement par les deux premières : יה.

-> On peut noter que e terme : גאולה (guéoula - délivrance) est composé des mêmes lettres que : גאל ו"ה (délivrer les lettres ו"ה). C'est-à-dire que dans l'avenir, Hachem délivrera les lettres ו"ה qui se trouvent en exil.

Crainte & amour d’Hachem – Transcendance & immanence

+ Crainte & amour d'Hachem - Transcendance & immanence :

"Vous vous prosternerez à distance" (Michpatim 24,1)

-> Pour ainsi dire, il y a 2 aspects à D., c'est-à-dire en ce qui concerne la façon dont Il se rapporte à la création : distant et proche, c'est-à-dire transcendant et immanent.
Il est distant, car, comme nous le croyons, la lumière du Ein Sof (l'Infini) est primordiale et précède toutes les autres formes d'existence. C'est pourquoi aucune créature ne peut le comprendre.
Il est impossible à la faculté de penser de Le saisir, puisque la pensée elle-même est une création et que Hachem a précédé toute la création.
Aucun ange céleste, aucun ofan ou séraphin ne peut même Le comprendre, car Il est au-delà de toute compréhension. C'est ce que nous voulons dire lorsque nous disons qu'Il est loin : Il est éloigné de toute compréhension.

D'autre part, D. est proche, car, comme nous le croyons, Hachem remplit tous les mondes (il se trouve à l'intérieur de tous les mondes, il entoure tous les mondes, et aucun endroit n'est vide de Lui), car "toute la terre est remplie de Sa gloire". C'est son aspect immanent.

Le peuple juif est tenu de croire aux 2 aspects : qu'Hachem est à la fois distant et proche.
C'est le sens profond des versets : "Que la paix soit sur ceux qui sont loin et sur ceux qui sont proches, dit D." (Yéchayahou 57,19). Il s'agit des justes qui croient que Hachem est à la fois lointain et proche, et en réponse à ces personnes qui manifestent cette croyance appropriée en D., alors D. accorde toutes sortes de bienfaits à ce monde.

Il existe deux émotions fondamentales : la crainte et l'amour.
Nous ne craignons que ce qui nous dépasse. En réponse à la transcendance de D., nous ressentons de la peur ou de la crainte. Mais en réponse à la proximité de D., nous ressentons de l'amour.
Sur cette base, le verset dit : "Vous vous prosternerez" = puisque le peuple juif craignait Hachem "à distance". Le mot "à distance" (méra'hok) peut être interprété comme signifiant "en raison de" : C'est parce qu'on a pris conscience de la distance de D. que le peuple juif a atteint la crainte de D.

On peut aussi expliquer le verset comme suit : Le Arizal (Pri Ets 'Haïm - chaar kriat séfer Torah 10) écrit qu'en prononçant les mots de la prière Alénou léchabéa'h qui disent "Et nous nous prosternons" (ana'hnou michta'havim), nous devrions être conscients qu'en nous prosternant, nous attirons dans le monde une abondante générosité de la part de l'Infini.
C'est le sens profond de notre verset : "Vous vous prosternerez", ce qui signifie, puisque la prosternation fait allusion à l'abaissement de quelque chose, qu'il a été dit au peuple juif d'attirer une abondante générosité "de loin", c'est-à-dire en raison de leur conscience de la dimension transcendante d'Hachem, ce qui les amène à Le craindre.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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-> La conscience de la transcendance de D. nous amène à le craindre ; la conscience de son immanence nous amène à l'aimer.

"De peur qu'ils ne se frayent un chemin jusqu'à D. pour voir" (Yitro 19,21)

-> Il s'agit de l'interdiction faite par D. au peuple juif, juste avant le don de la Torah, de s'approcher de la montagne.
[Rachi : "Avertis-les pour qu’ils ne montent pas sur la montagne [Sinaï]". (ils n'avaient pas le droit de dépasser une clôture)]

-> Ramban (haEmouna véhaBita'hon 19) explique à propos du verset : "Ne réveillez ni n'éveillez l'amour tant qu'il n'est pas désiré" (Chir haChirim 2,7) que lorsqu'une personne est inspirée par l'amour ou la crainte d'Hachem, elle doit immédiatement accomplir une mitsva, afin de "contracter", c'est-à-dire d'intérioriser, l'amour et la crainte d'Hachem.
Tant qu'on n'accomplit pas de mitsva, on peut être confronté à des batailles internes. Mais une fois qu'on réalise une mitsva motivée par cette crainte et cet amour, l'amour et la crainte sont intériorisés et toutes les luttes s'évaporent.
La mitsva qu'on accomplit sert alors de réceptacle dans lequel l'inspiration d'En-Haut peut se reposer. C'est ce que signifie l'expression : "jusqu'à ce qu'il soit désiré". Le mot pour "il est désireux" (té'hpats) peut également signifier "il devient un récipient".
[voir le commentaire de Ramban (citant Shevouot 38b) dans lequel il relie le mot hébreu 'héféts au mot araméen pour "objet" ['héftsa].

-> Lorsqu'il s'est tenu sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah, le peuple juif a éprouvé une crainte et un amour intenses pour Hachem. Ils avaient cependant besoin d'un objet dans lequel ils pouvaient concentrer cette crainte et cet amour.
La guémara (Kidouchin 39b) explique : "Celui qui s'abstient de fauter est considéré comme s'il avait accompli un commandement positif".
En d'autres termes, lorsqu'une personne a l'occasion de fauter mais s'en abstient, c'est comme si elle avait accompli un commandement positif.
Par conséquent, à l'époque du don de la Torah, lorsque le peuple juif a observé la mitsva de ne pas empiéter sur les limites du mont Sinaï, sa crainte et son amour de D. ont été concentrés dans cette mitsva et donc intériorisés, car cela a été considéré comme s'ils avaient réalisé un commandement positif.

C'est pourquoi la fête de Shavouot, qui célèbre le don de la Torah, est également appelée Atséret (guémara Méguila 30b), ce qui signifie "clôture" et "arrêt".
Le peuple juif a ressenti cet amour et cette crainte de D. juste avant le don de la Torah, et nous revivons cette anticipation chaque année à la veille de la fête de Shavouot.
Comme le disent nos Sages à propos du verset : "Moché rapporta les paroles du peuple à D. ... et ils dirent : "Tout ce que D. a dit, nous le ferons et nous y obéirons"" (Yitro 19,8).
Au moment du don de la Torah, une fois qu'ils ont observé le commandement de ne pas s'approcher de la montagne, la crainte et l'amour qu'ils éprouvaient ont été intériorisés. C'est pour cette raison que cette fête est également appelée Atséret, ce qui signifie "clôture", afin de commémorer cette dévotion.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Yitro 19,21 ]

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-> Il est nécessaire de canaliser l'amour et la crainte de D. dans une expression pratique (mitsva positive ou négative) afin qu'ils ne se dissipent pas. À Shavouot, nous pouvons faire l'expérience de la gloire transcendante et cachée de D.

La midda de Vérité

+ La midda de émet (vérité) :

-> Dans la prière de Cha'harit, nous récitons les mots : "Emet vé'émouna 'hok vélo yaavor" (c'est une loi vraie et fidèle, qui ne sera jamais annulée.)
Le rabbi de Kobrin explique que chaque midda a son temps et son lieu. Il y a des moments où une middahdoit être utilisée pour servir Hachem et des moments où d'autres middot doivent être utilisées.
L'exception à cette règle est la midda de "émet véémouna", qui est "une loi qui ne sera jamais annulée", c'est-à-dire qu'il s'agit d'une midda qui doit être utilisée à tout moment.

Hachem descend vers nous :

"Et ils feront un sanctuaire (Mikdach) pour Moi, et Je demeurerai parmi eux" (véassou li mikdach vécha'hanti béto'han - Térouma 25,8)

-> Le séfer Ohr Lachamayim explique que le verset nous enseigne que si quelqu’un veut s’élever et se connecter à Hachem, Hachem descendra Lui-même, pour ainsi dire, pour élever la personne et la rapprocher de Lui.
En conséquence, le verset dit : "Et ils me feront un Mikdach" = ce qui signifie que l'on doit se sanctifier et faire tout ce qu’on peut pour s’élever.
Une fois qu'on le fera : "Je demeurerai parmi eux"= Hachem viendra à nous et nous permettra de nous connecter à Lui.

+ Rav Houna dit au nom du Rav, qui l'a dit au nom de Rabbi Meïr : ... Les paroles d'une personne devant Hachem doivent toujours être peu nombreuses. [guémara Béra'hot 6la]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) commente :
Puisque D. connaît l'avenir et tout ce qui est caché, Il sait mieux que nous ce dont nous avons besoin. Alors quel est le but de prier pour nos besoins?

La prière est nécessaire pour clarifier notre croyance en la Providence divine :
Lorsque nous prions Hachem pour nos besoins, nous renforçons notre conviction que tout est entre Ses mains, même la nature. Tout est fait par Sa Providence ; il n'est donc pas nécessaire d'entrer dans les détails de nos besoins.

Il me semble toutefois que cet avertissement ne s'applique qu'à la prière en public. Lorsque nous prions en privé ou en silence, il n'y a rien de mal à élaborer sur nos besoins.

L’exil en Egypte (5e partie)

+++ L'exil en Egypte (5e partie) :

-> En Egypte, miraculeusement, un juif qui s'approchait du Nil avec un bidon pouvait facilement attraper de petits poissons qui nageaient directement dans le récipient. [midrach Chémot rabba 1:12).

En ce sens, Lorsque les femmes se rendaient au Nil pour puiser de l'eau pour leurs maris, de petits poissons nageaient miraculeusement dans leurs jarres qu'elles emportaient ensuite pour nourrir leurs maris avec l'eau qu'elles avaient recueillie. Les femmes restaient ensuite avec leurs maris pour les encourager et les soutenir. Pour cet acte, la guémara (Sotah 11b) les qualifie de "justes" et écrit qu'à leur mérite, la nation entière a mérité la rédemption.
Il est intéressant de noter que le Maharcha ('Hidouché Halakhot) note que les poissons qui ont nagé dans les jarres ont fait allusion à la prolifération de la nation.

Cependant, Rabbénou Bé'hayé (Béaaloté'ha 11,5) écrit que les égyptiens n'autorisaient le peuple juif à manger que du poisson pourri âgé de 4 ou 5 jours.
Le Toldot Its'hak (Béaaloté'ha 11,5) explique que les égyptiens donnaient même le poisson gratuitement à leurs esclaves juifs afin qu'ils souffrent et meurent en mangeant le poisson putride.

Afin de les maintenir en vie avec le strict minimum, Pharaon alloua de la matsa à ses esclaves, car la matsa est un aliment lourd et très lent à digérer. Ainsi, on peut survivre avec de très petites quantités (Aboudraham - Pérouch haHaggada 4).
Pour nous en souvenir pendant la nuit du Séder, la Haggada nous demande de déclarer sur la matsa : "Ceci est le pain d'affliction que nos ancêtres ont mangé dans le pays d'Égypte".

-> Le Alchikh haKadoch (Torat Moché - Chémot 1,7) explique que la bénédiction accordée à la nation juive en esclavage était que les femmes donnent naissance immédiatement, 9 ou 10 mois après la naissance de leurs enfants précédents.

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-> Le midrach (Yalkout Réouvéni - Arachim Kelev 10) explique que les magiciens égyptiens utilisaient la sorcellerie pour garder les frontières de l'Égypte en formant des portes à partir d'images d'animaux tels qu'un cheval ou un chien, et si quelqu'un essayait de s'échapper, l'animal ensorcelé à la porte brairait ou aboierait (selon l'animal), déclenchant ainsi l'appel de tous les animaux de son espèce à travers tout le pays. De cette manière, les égyptiens savaient non seulement que quelqu'un s'était échappé, mais aussi par quelle porte. Il leur était donc facile de retrouver le fugitif.

Le midrach (Mékhilta - Yitro 1) raconte que jusqu'à ce que le peuple juif sorte au complet, aucun esclave n'avait réussi à s'échapper d'Égypte.

-> Outre le danger de mort auquel le peuple juif était constamment exposé sur les chantiers de construction (midrach Chémot rabba 1,10), les égyptiens n'avaient aucun scrupule à mutiler les juifs sans raison.
Les égyptiens forçaient le peuple juif à chasser des ours sauvages, sachant qu'ils seraient gravement blessés ou tués (midrach Yalkout Chimoni - Chémot 7:182).
En fait, le midrach (Bamidbar rabba 7,1) nous apprend que la majorité des juifs ont été mutilés pendant leur servitude. Beaucoup sont devenus aveugles ou ont perdu des membres à cause des dangers auxquels ils étaient constamment confrontés, et ceux qui ont fini par quitter l'Égypte étaient meurtris et brisés.
Cependant, alors que le peuple se tenait sur le mont Sinaï et se préparait à recevoir la Torah, Hachem décida qu'il n'était pas convenable de donner la Torah à une nation infirme. Il envoya donc des anges pour guérir tous leurs maux.

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-> Bien qu'il ait grandi dans le palais en tant que prince égyptien, Moché était peiné jusqu'aux larmes lorsqu'il voyait ses frères en servitude. Il allait vers eux, les aidait à porter leurs charges et usait de son autorité pour leur faciliter les choses, les traitant ostensiblement avec dureté, mais en réalité les aidant et les réconfortant chaque fois qu'il le pouvait (midrach Chémot rabba 1,27).

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 2:167) rapporte que, bien que Pharaon ait reçu de nombreux rapports concernant la compassion de Moché envers le peuple juif, il est resté silencieux. Mais une fois que Moché fut accusé d'avoir tué un égyptien, ce fut trop pour Pharaon, et il condamna Moché à la mort par décapitation.

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 2:167) ajoute que lorsque Moché fut sur le point d'être exécuté, son cou se transforma en marbre et la lame du bourreau ricocha, le tuant avec sa propre épée, après quoi Hachem fit un autre miracle et provoqua l'incapacité des gardes, permettant à Moché de s'échapper sans être vu. Certains gardes devinrent aveugles, d'autres muets ou sourds.
Ainsi, lorsque Pharaon demanda à ses gardes de lui dire où Moché s'était enfui, ils ne virent rien, ne purent pas répondre ou n'entendirent même pas sa question.
Finalement, Moché s'enfuit d'Égypte et se dirigea vers Midiyan (Chémot 2,15).

-> En prévision de la délivrance, Hachem dit à Moché de retourner en Egypte (Ibn Ezra - Chémot 2:23). Selon le Ramban, 6 ans se sont écoulés, et comme le dit le verset, Moché est alors âgé de 80 ans.

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+ Moché fut puni pour ne pas avoir réprimandé Adam Harichone :

-> Moché vit un Égyptien frapper un Hébreu, prononça le Nom explicite de Dieu et tua l'Égyptien. Après cet incident, Datan et Aviram dénoncèrent Moché à Pharaon, qui décida de tuer Moché, sans pour autant y parvenir. Moché fuit vers Midyan.
Comment Pharaon tenta-t-il de mettre fin aux jours de Moché ?

Rachi commente (Chémot 2,15) que Pharaon livra Moché au bourreau pour le mettre à mort, mais l'épée n'eut pas de prise sur lui. L'exécuteur est un homme préposé à découper les membres du condamné. Nos Sages (midrach Chémot rabba 1,31) nous révèlent que Pharaon munit ce bourreau d'une épée incroyable.
Celui-ci la passa dix fois sur le cou de Moché, mais le cou de Moché fut comme du marbre et l'épée ne lui occasionna aucun dommage. C'est ce qui est écrit : "Ton cou est comme une tour d'ivoire".

Le Rama de Pano pose une question de taille : l'épée n'a pas pour fonction de couper les têtes, mais plutôt de percer ou de poignarder.
Il est possible de le faire, mais c'est comme un homme qui prendrait un marteau pour casser des noix, alors qu'il est en général utilisé pour
planter des clous. Pourquoi Moché fut-il puni dans ce sens qu'ils tentèrent de lui trancher la gorge et qu'ils n'essayèrent pas de le poignarder?

De plus, nos Sages nous enseignent que Moché prit la fuite vers Midyan et fut en exil durant soixante ans. C'est fort étonnant.
Pourquoi Moché Rabbénou fut-il puni aussi sévèrement? Il fut le père de tous les prophètes et le fleuron de l'Humanité, pourquoi dut-il vivre en exil la moitié de sa vie?
De plus, il vécut vingt ans à Midyan, durant lesquels il fut emprisonné dix ans. Sans la nourriture que Tsipora lui procura, il serait mort. Pourquoi tant de souffrances ?

Le Rama de Pano nous explique ce qui est rapporté dans le midrach (Chémot rabba 40,3) que toutes les âmes des justes sont liées aux membres d'Adam Harichone. Chaque être humain a une trachée et un œsophage.
La trachée conduit les aliments solides et les liquides. L'œsophage n'est pas du tout concerné par cette fonction. Lorsqu'Adam Harichone mangea de l'arbre de la connaissance, la trachée fut endommagée et laissa l'œsophage intact.

Puisque les âmes des justes sont liées aux membres d'Adam
Harichone, elles participèrent elles aussi à sa faute. L'âme de Moché avait un lien avec l'œsophage d'Adam Harichone, étant donné que celui-ci ne profita pas de la nourriture, puisque la nourriture ne passa pas par lui, il n'est donc pas associé à la faute de l'arbre de la connaissance.

Mais Hachem reprocha tout de même à Moché de ne pas avoir empêché la faute. Celui qui ne réprimande pas les pécheurs devient leur associé ! Moché devint donc aussi partenaire de la faute d'Adam Harichone et fut puni pour cela.
Comment le fut-il?

Le bourreau de Pharaon tenta de le tuer en sectionnant la trachée, mesure pour mesure, car il ne réprimanda pas Adam Harichone, son âme étant liée à sa trachée.
Mais puisqu'après tout, Moché ne tira pas profit de la faute de l'arbre de la connaissance, son cou devint comme une tour d'ivoire et il fut intouchable. Sa punition fut d'éprouver de la peur et de l'incertitude, mais il ne mérita pas la mort.

Il subit l'exil durant la moitié de sa vie, comme celui qui commet un crime involontairement et qui part en exil.

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-> Pharaon était atteint de tzaraat (une sorte de lèpre), et son traitement consistait à se baigner dans le sang d'enfants juifs. Pharaon fit donc tuer 300 bébés juifs par jour : 150 le jour et 150 la nuit (midrach Chémot rabba 1,34).

Selon le Taz (Chémot 2,23), tous les parents qui ont pleuré lorsque leurs bébés leur ont été arrachés et envoyés pour fournir un "remède" à Pharaon sous la forme de son bain de sang biquotidien ont été considérés comme des traîtres pour avoir refusé de fournir les moyens de soulager la douleur de Pharaon.

-> Le midrach rapporte que des enfants juifs étaient enlevés par les égyptiens et brûlés vifs dans des creusets ardents en guise de sacrifice aux dieux égyptiens. [Yalkut Shimoni, Devarim, 4:826, et Rashi, Devarim 4:20]

-> Le Tour ha'Aroukh (Chémot 5,4) écrit que des enfants âgés d'à peine 9 ans étaient forcés de travailler dur.

-> Le midrach (Chémot rabba 1,28) explique que la journée de travail de nombreux esclaves commençait à l'aube.

-> Les égyptiens n'hésitaient pas à utiliser le peuple juif pour tous les travaux qu'ils désiraient, même les plus difficiles. En fait, ils se souciaient davantage de leurs animaux que du bien-être de leurs esclaves juifs, remplaçant souvent leurs bœufs par des esclaves afin de ne pas surcharger leurs animaux (Méam Loez - Chémot 9,6).

-> Pitom et Ramsès :
Ramsès se trouvait à côté de Gochen (Radak - Vayigach 47,11).
Bien que le verset (Chémot 1,11) implique qu'il y avait 2 villes distinctes : Pitom et Ramsès, la guémara (Sotah 11a) explique qu'il s'agissait en fait d'une seule ville, appelée soit Pitom, soit Ramsès.
La guémara note également à quel point l'endroit était dangereux, révélant que les bâtiments s'effondraient constamment.
Fournissant des informations supplémentaires, Tossefot (Pérouch Baalé haTossefot - Chémot 1,11) écrit que les chantiers de construction s'effondraient sans avertissement, et parce qu'ils s'effondraient si régulièrement, créant une charge de travail sans fin pour les esclaves juifs, c'est le seul endroit où le peuple juif a travaillé pendant toute la durée de son esclavage.

Sur les chantiers de Pitom et Ramsès, le midrach ( HaGadol - Chémot 1,11) explique que le danger pour la vie était si grand qu'il était fréquent que des esclaves juifs tombent morts en travaillant sur le bâtiment, et qu'il était tout aussi courant que le bâtiment s'effondre et tue les esclaves qui se trouvaient en dessous.
Même ceux qui s'en sortaient vivants restaient souvent blessés, mutilés ou aveugles à cause des dangers qu'ils avaient rencontrés sur le chantier (midrach Bamidbar rabba 7,1).

-> Le midrach (Chémot rabba 1,28) nous dit que pour chaque maître égyptien, il y avait 10 policiers juifs, chacun d'entre eux étant responsable de 10 esclaves juifs.

-> Le Ramban (Chémot 1,11) explique que les maîtres d'œuvre égyptiens tyrannisaient les esclaves, battant et maudissant quiconque osait s'arrêter de travailler pour un moment de repos.
Même s'ils tentaient de se gratter, ils étaient battus (midrach Aggadda - Chémot 9,10).

-> Le midrach (Chémot rabba 5,18) raconte que le quota quotidien de briques de chaque personne a été fixé dès le premier jour de travail, lorsque Pharaon, dans son plan pour piéger le peuple juif et le réduire en esclavage, leur a parlé de la richesse qu'ils recevraient pour chaque brique. Une fois que les maîtres d'œuvre égyptiens avaient noté le nombre de briques que chaque personne était capable de fabriquer, c'est ce nombre qu'elle était obligée de produire chaque jour.
Selon le Séfer haYachar (Chémot 25), si le quota quotidien de briques n'était pas atteint, ne serait-ce que d'une brique, le plus jeune enfant était placé dans le mur à sa place.

Avec ce décret, le midrach (Séfer haYachar - Chémot 39) décrit ensuite la scène horrifiante des égyptiens arrachant des bébés juifs à leurs mères afin de remplir un quota de briques insuffisant et les enfonçant à la place des briques alors que les bébés étaient encore vivants. Cette expérience effroyable était d'autant plus traumatisante que les cris des bébés pouvaient encore être entendus de l'intérieur du mur.

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-> La mort de Pharaon :
La Torah décrit la mort physique du roi tyrannique d'Égypte (Chémot 2,23).
Cependant, le Zohar (2:19a) explique que sa mort a également signifié un changement dans les Cieux. Il s'agit de la chute de l'Ange Tutélaire de l'Égypte, qui occupait une position importante dans le monde spirituel et qu'Hachem avait autorisé à supprimer le peuple juif et à empêcher ses prières de parvenir jusqu'à Lui.
Avec la chute de cet ange, explique le Zohar, les cris du peuple juif n'étaient plus empêchés d'atteindre Hachem.
[Il convient de noter que ces concepts sont bien plus profonds que ce que l'intellect humain peut comprendre, mais une chose est sûre, les divers Anges gardiens et le fonctionnement du système céleste ne sont que des manifestations de la volonté d'Hachem]

-> Le midrach Séfer HaYachar (Chémot 38) explique que pendant 3 ans, le corps de Pharaon s'est décomposé alors qu'il était encore en vie. Il mourut dans l'agonie et la terreur, et à la fin de sa vie, son corps était trop pourri et malodorant pour être approché, et sa chair empestait comme celle d'une carcasse laissée en putréfaction sous le soleil brûlant.
C'est pourquoi son enterrement à Tzoan se fit en toute hâte, sans l'embaumement traditionnel.

-> Le peuple juif pensait que le fils de Pharaon, le successeur au trône, ne pouvait pas être aussi racha (méchant) que son père, et c'est pourquoi il attendait avec impatience la mort de Pharaon qui, pensait-il, mettrait fin à ses souffrances (Daat Zékénim - Chémot 2,23).
Malheureusement, ils se trompaient lourdement, et le nouveau roi était bien pire que son prédécesseur (Tour ha'Aroukh - Chémot 2,23).
Le Panim Yafot (Chémot 2,23) explique pourquoi : bien que le premier Pharaon ait agi comme s'il ne connaissait pas Yossef, il le connaissait néanmoins et l'influence positive que Yossef avait sur Pharaon et sur l'Égypte dans son ensemble, signifiait que Pharaon ne pouvait pas se résoudre à agir avec une tyrannie extrême.
Cependant, le nouveau Pharaon ne connaissait vraiment pas Yossef et n'avait donc aucune bataille interne pour le retenir d'agir sans aucune mesure de miséricorde envers le peuple juif.
Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou - Chémot 2,23) écrit que tant que le premier pharaon était en vie, le peuple égyptien adhérait à un certain degré de légitimité. La cruauté qu'ils infligeaient nécessitait au moins un semblant de justification. Cependant, après la mort de Pharaon, chaque égyptien était libre de persécuter le peuple juif de la manière qu'il voulait, sans aucune justification.

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-> Le midrach (Chémot rabba 5,18) explique que la nation juive avait en sa possession des parchemins qu'elle parcourait chaque Shabbath afin d'instiller et d'encourager la certitude qu'elle mériterait effectivement d'être délivrée d'Egypte.

-> En représailles à la demande de Moché et d'Aharon de libérer le peuple juif de son travail, et dans une tentative d'anéantir les espoirs qui avaient été allumés au sein de la nation, le jour même, Pharaon a émis un décret sévère selon lequel les esclaves juifs devaient trouver leur propre paille pour fabriquer des briques (Chémot 5,4-5, avec Rachi) tout en maintenant leur quota quotidien (Chémot 5,8).

Le peuple juif devait maintenant travailler le Shabbath pour ramasser de la paille afin de s'assurer que son quota de briques serait atteint. En réalité, la seule intention de Pharaon était de les maintenir si occupés qu'ils n'auraient même pas le temps de penser à la rédemption (Méam Lỏez - Chémot 5,18).
Le Eitz Yosef écrit que Moché allait voir chacun des sages avec le Séfer Iyov pour leur enseigner et les rassurer sur le fait que tous ceux qui ont confiance en Hachem verront la fin de leurs souffrances et feront l'expérience de la bonté et de la gentillesse d'Hachem.
Réalisant que la source de leur encouragement et de leur espoir de rédemption provenait du Shabbath, Pharaon leur refusa le temps de réfléchir à ces questions en insistant pour qu'ils travaillent ce jour-là.

-> Bien que Pharaon ait décrété que le peuple juif devait trouver sa propre paille pour fabriquer des briques, il a également interdit à tous les égyptiens de leur fournir de la paille. Le peuple juif devait donc risquer sa vie pour ramasser de la paille, car s'il était pris dans le champ d'un égyptien, il était sauvagement battu. C'est pourquoi ils étaient obligés de se disperser dans toute l'Égypte pour trouver des bouts de paille éparpillés.
Une fois qu'ils avaient trouvé de la paille, explique le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 4:176), ils devaient la piétiner pour en extraire l'ivraie, en dépit de l'immense douleur et des blessures hémorragiques qui en résultaient.
Le Méam Loez (Chémot 1,14) écrit que lorsqu'ils parvenaient enfin à se rassembler pour former une brique, celle-ci s'effondrait souvent en morceaux, ce qui les obligeait à recommencer le processus depuis le début.

Le 'Hizkouni (Chémot 5,12) note qu'Hachem a spécifiquement orchestré la collecte de la paille dans tous les coins de l'Égypte afin que chaque égyptien rencontre des membres de la nation juive. Le résultat fut que tous les égyptiens prirent part à la poursuite et au passage à tabac des esclaves juifs, même les esclaves égyptiens et les filles esclaves jouèrent un rôle.
Ainsi, aucun égyptien ne pouvait prétendre qu'Hachem avait agi de manière injuste ou sans discernement lorsqu'Il leur a infligé les fléaux.

-> Toute la famille était impliquée dans ce processus : les conjoints, les enfants et même les petits-enfants étaient tous recrutés afin de maintenir le quota de briques. [Pirké déRabbi Eliezer - Chémot 48]

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-> Emprunter leurs trésors :
Moché demanda au peuple juif de demander aux égyptiens de leur "emprunter" leurs objets de valeur (Bo 11,2).
Le Ran (drachot haRan 11) note que, bien que le peuple ait trouvé cette demande étrange, il a néanmoins acquiescé.
À l'insu du peuple juif de l'époque, et peut-être même, dit le Ran, de Moché lui-même, tout cela faisait partie du plan d'Hachem visant à encourager les égyptiens à poursuivre la nation juive et à les suivre dans la mer où ils seraient noyés en représailles de la noyade des garçons juifs.
Le Ran conclut en disant que, de même que le peuple juif n'a réalisé le plan d'Hachem qu'au moment de sa rédemption sur la mer, de même, nous devons faire confiance à Hachem et savoir qu'au moment de notre rédemption finale (guéoula), nous comprendrons nous aussi comment même les périodes les plus sombres de notre histoire ont conduit directement à la rédemption ultime.

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-> Du ventre de l'Égypte :
Décrivant le grand miracle de la sortie d'Égypte et la capacité unique d'Hachem à accomplir un tel exploit, Moché dit au peuple juif : "Il n'y a Et quelle divinité entreprit jamais d'aller se chercher un peuple au milieu d'un autre peuple" (Vaét'hanan 4,34)
Le midrach (Mékhilta - Béchala'h 6) dit que "une nation du milieu d'une autre nation" est comparable à quelqu'un qui sort un veau du ventre de sa mère.

Le Maharal (Guévourot Hachem - 3) explique en outre que le peuple juif était tellement ancré dans la mentalité égyptienne qu'il ne possédait pas d'identité propre et indépendante. Ils étaient peut-être un segment différent de l'Égypte, mais ils faisaient toujours partie de l'Égypte à tous égards. Et bien qu'ils aient été libérés de l'asservissement physique, ils ont continué à être asservis mentalement.
Ainsi, ils n'auraient jamais pu servir Hachem dans ces circonstances, même si rien ne les empêchait physiquement de le faire.
Le Maharal explique qu'il s'agit là de la comparaison entre le peuple juif et un veau que l'on sort du ventre de sa mère. En effet, de même qu'un veau n'a pas d'indépendance et n'est qu'un membre de sa mère tant qu'il n'est pas séparé, de même, le peuple juif avait un lien intrinsèque et inséparable avec l'Égypte.

Miraculeusement, donc, le "bras tendu" d'Hachem" (Vaéra 6,6) est venu au milieu de l'Égypte et a rompu ce lien. L'Esprit Saint et la Lumière coupèrent ce lien, amenant le peuple juif à devenir une entité indépendante, qui n'était plus liée à la mentalité égyptienne qu'ils avaient développée pendant leur séjour en Égypte. Désormais, ils étaient libres de servir Hachem.

[de même on demande à Hachem de nous sortir de l'exil (physiquement), mais également de sortir l'exil de notre cœur. ]

-> Du sang sur les montants des portes :
La Torah nous dit que le sang que le peuple juif a étalé sur ses portes a servi de signe pour qu'Hachem passe au-dessus de leur maison et ne lui inflige pas de fléau ou de punition lors de son passage en Égypte (Bo 12,13). Il ne s'agissait pas simplement d'un signe pour "dire" à Hachem que des juifs vivaient dans cette maison et qu'Il ne devait pas leur faire de mal, car, bien sûr, Hachem est Omniscient et n'a besoin d'aucun indice pour lui dire quoi que ce soit, mais il s'agissait plutôt d'un signe pour le peuple juif lui-même, et c'est pour cette raison que le sang a été placé à l'intérieur (Rachi, ibid.).
Mais que représentait ce signe?

Rabbénou Bé'hayé (Bo 12,13) répond que quiconque était prêt à faire confiance à Hachem, malgré l'énorme danger qu'il courait en abattant publiquement le dieu égyptien, était considéré comme juste et méritait la protection d'Hachem.
Cet acte courageux n'était donc pas un signe pour Hachem, mais plutôt un signe pour le peuple juif qui s'était enfin débarrassé des derniers vestiges de sa mentalité égyptienne et s'était désormais engagé envers Hachem.
Pour démontrer une fois de plus la grande confiance que la nation avait dans la protection d'Hachem, et comme une dernière démonstration courageuse de dérision envers la divinité de l'Égypte, le peuple juif mangea l'agneau entier et jeta le squelette entier dans la rue où les chiens déchiquetèrent les os et coururent avec eux dans tout le pays, exaspérant les Égyptiens (Zohar 2:41b).

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-> Vider l'Égypte :
Lorsque la nation juive a quitté l'Égypte, le verset dit que le pays était "vidé" (Bo 12,36 avec Rachi).
À première vue, il s'agit de la richesse que la nation a emportée avec elle.
Le Tsla'h, cependant, donne une interprétation plus profonde de ces mots, basée sur une compréhension kabbalistique de l'objectif des différents exils auxquels la nation juive a dû faire face tout au long de l'histoire.
Expliquant la guémara (Pessa'him 87b) qui dit qu'Hachem n'a exilé Israël que pour augmenter le nombre de convertis qui rejoindraient le peuple juif, le Tsla'h écrit que les conséquences spirituelles de la faute originelle d'Adam ont été que des étincelles de sainteté ont été dispersées à travers le monde.
La mission du peuple juif est de retrouver ces étincelles de sainteté et de les reconnecter à leur source (voir aussi Ohr ha'Haïm - Ki Tétsé 21,11).
Ainsi, lorsque la Torah nous dit que l'Égypte a été "vidée", elle fait référence aux étincelles de sainteté qui sont parties avec le peuple juif, les nombreux convertis qui ont été "vidés" de l'Égypte et rattachés à la nation juive (voir Bo 12,38 avec Rashi).
En conséquence, écrit le Tsla'h, au moment de quitter l'Égypte, le but du peuple juif y était complet, et par conséquent, puisqu'il n'a pas laissé derrière lui une seule étincelle, il n'y avait aucune raison pour un juif d'y retourner (Béra'hot 9b).

Il est intéressant de noter que le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Béra'hot 9b) explique que le différend entre les décisionnaires (poskim) sur la question de savoir si cette interdiction s'applique encore aujourd'hui est basé sur le fait que les étincelles sont retournées en Égypte après que les juifs ont transgressé cette interdiction et y sont retournés.

Enfin, le 'Hida (Maarit haAyin - Pessa'him 87b) écrit que lorsqu'un juif étudie la Torah, accomplit les mitsvot, ou fait face à un certain degré de souffrance dans un endroit où se cachent les étincelles de sainteté éparses, les étincelles saintes peuvent être spirituellement éveillées par sa présence en ce lieu.
Dans cette veine, conclut le Chida, une personne peut se rendre dans un endroit lointain en pensant que c'est pour son propre bénéfice ou ses besoins personnels, mais en réalité, Hachem l'a orchestré parce que son âme a la capacité unique d'extraire les étincelles cachées dans cet endroit, et c'est la véritable raison pour laquelle il a été guidé là-bas.

L’exil en Egypte (4e partie)

+++ L'exil en Egypte (4e partie) :

-> Le midrach (Vayikra rabba 1,3) qualifie Batya (fille de Pharaon) de rebelle, racontant que Batya épousa plus tard Kalev, un autre rebelle vertueux.
En effet, Kalev s'est rebellé contre le rapport des espions et Batya s'est rebellée contre son père. "Que le rebelle vienne et qu'il se marie avec la rebelle. L'un a sauvé le troupeau (Israël), l'autre a sauvé le berger (Moché)".
[ les explorateurs étaient des hommes ayant un niveau spirituel extrêmement élevé, au point que selon le Ramban, ils sont cités par ordre d'importance : Kalev est en 3e position et Yéhochoua (qui sera le successeur de Moché) est en 5e. ]

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-> Le midrach (Léka'h Tov 2:6) nous dit que le jour où Batya est descendu au fleuve et a découvert Moché était le 6 Sivan, le jour où le peuple juif était destiné à recevoir la Torah.

-> La Torah Chéléma (Chémot 2,5 - note 40) écrit que pendant que Batya allait se "baigner" au bord du fleuve, ses servantes marchaient le long de la rivière à la recherche de pierres précieuses. Elles cherchaient également des bébés juifs à jeter dans l'eau.
Le Ohr HaChaim (Chémot 2,5) explique que la princesse (Batya) n'était pas autorisée à rester seule un instant au bord du fleuve. Elle devait plutôt choisir une dame spéciale de son entourage royal qui aurait l'honneur de s'occuper des besoins les plus intimes de la princesse.

-> Batya descendit au bord du Nil pour se purifier des idoles de la maison de son père, s'immergeant dans l'eau et se convertissant à la nation juive. [guémara Méguila 13a avec Rachi]
Le Sifté Cohen (Chémot 2,2) explique que Batya s'est spécifiquement purifiée dans le Nil, le dieu des égyptiens, pour montrer qu'il n'avait plus aucune emprise sur elle.
Selon le midrach (Michlé 31,15), elle a mérité ainsi d'entrer au Gan Eden sans avoir à mourir.

-> Le rav Yossef Rosen (surnommé le Rogatchover) note que Batya a découvert la corbeille/panier [de jonc] de dans lequel était Moché "parmi les roseaux" = dans le fleuve (Chémot 2,5), alors qu'il n'était en fait placé que "sur la rive du fleuve" = à côté du fleuve (Chémot 2,3).
Le Rogatchover explique que Moché a été placé près du Nil et non dans le Nil parce que le Nil était vénéré par les égyptiens, et qu'il était donc interdit à tout juif d'en profiter. Cependant, une fois que Batya s'est converti dans le fleuve, le déshonorant en tant que dieu, son pouvoir et son statut furent abrogés et il fut de nouveau autorisé à bénéficier. C'est ainsi qu'à partir de ce moment-là, le panier de Moché a pu flotter dans le Nil pour que Batya le trouve.
[Tsafnat Panéa'h - Chémot 2,3 - basé sur Avoda Zara 44b]

Ainsi, en choisissant Hachem et en éliminant les dieux étrangers de son cœur, Batya (fille de Pharaon) a annulé le statut du Nil en tant que dieu étranger, ce qui lui a permis de trouver Moché.
De nombreuses leçons peuvent être tirées de cette histoire, mais l'une d'entre elles est basée sur les mots de la guémara (Makot 10b) : "Une personne est conduite à l'endroit où elle veut aller". Puisque Batya a cherché à se débarrasser des dieux étrangers dans son cœur, elle a fini par s'en débarrasser dans la réalité, et par conséquent, a mérité de sauver et d'élever le futur chef du peuple juif.

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-> Le verset : "Elle [la fille de Pharaon] envoya sa servante pour récupérer le panier/berceau [avec Moché bébé]" (Chémot 1,6), est traduit dans la aggada par "elle envoya son bras pour récupérer le panier". Rachi, s'appuyant sur nos Sages, explique que Batya a tendu le bras et que celui-ci s'est miraculeusement allongé, traversant le fleuve pour aller chercher le panier elle-même.

Nous apprenons de là qu'en spiritualité l'essentiel n'est pas si l'on peut faire quelque chose, mais plutôt si l'on doit le faire, car avec l'aide d'Hachem, tout est possible.
Dans le même ordre d'idées, le Alter de Novordok conseillait souvent aux gens : "Ne demandez pas si c'est possible, demandez seulement si c'est nécessaire!"
Ce principe est conforme à la michna (Pirké Avot 2,16) qui dit : "Il n'est pas de votre devoir de veiller à ce que le travail soit achevé, mais vous n'avez pas non plus la liberté de le négliger".
Le dénominateur commun entre toutes ces déclarations est, comme le disait souvent le rav Noa'h Weinberg : "Lorsque vous travaillez pour le Tout-Puissant (Hachem), vous pouvez faire n'importe quoi. Lorsqu'Il vous aide, rien n'est impossible!"

[Moché n'est pas le nom donné par ses parents mais par Batya, et il signifie : "tiré de l'eau". Ainsi, nous disons "Moché Rabbénou" (notre maître), car par son nom il nous enseigne à quel point l'existence de tout juif, le fait que nous ayons la Torah, ... provient de ce moment où Batya à décider de viser l'impossible plutôt que d'avoir une vision défaitiste, limitée. (que se serait-il passé si Batya se serait dit, c'est hors de ma portée!)
Une des bases essentielles de tout juif est d'avoir une ambition maximale en spiritualité, car nous avons Hachem (en nous [âme, part Divine] et) avec nous! ]

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-> Les dames d'honneur de Batya tentèrent de l'empêcher de sauver Moché, raconte la guémara (Sotah 12b), et c'est ainsi que l'ange Gavriel vint et les frappa toutes de mort, à l'exception d'une femme qui resta en vie, car il n'est pas convenable pour une princesse d'être sans entourage.
Le Maharal (Guévourot Hachem - chap.17) explique que les dames d'honneur de Batya n'ont pas été tuées au sens propre, mais que leur libre arbitre a été "tué", éliminant ainsi leur capacité à protester contre les actions de Batya.

Le rav Hutner (Pa'had Its'hak - Pessa'h, 52:3) écrit que cette approche répond à la question pénétrante de savoir pourquoi, si toutes les servantes de Batya ont été frappées à mort alors qu'elles tentaient de l'empêcher de sauver Moché, cela n'est pas mentionné dans la Torah? Un tel miracle devrait-il être célébré à jamais?
La réponse, explique le rav Hutner, est que la Torah est le plan à partir duquel le monde a été créé (Zohar - Térouma 161a), et qu'en tant que telle, la Torah ne contient explicitement que ce qui peut être perçu dans le monde. Par conséquent, le fait que la Torah n'ait pas écrit sur ce miracle démontre qu'il ne s'est pas produit dans un sens physique, mais plutôt dans un domaine supérieur, spirituel.

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-> La guémara (Sotah 13a) raconte que lorsque Moché est né, il rayonnait de lumière, illuminant toute la pièce. En fait, il semble que ce fut le signe qui indiqua à Amram, le père de Moché, que Moché était bien celui qu'Hachem avait choisi pour racheter le peuple juif, comme sa fille Myriam l'avait prophétisé.

Le Malbim (Chémot 2,6) écrit que lorsque Batya a vu Moché pour la première fois, elle a vu sa beauté physique, mais a également ressenti sa beauté spirituelle, qui selon la guémara (Sotah 12b), était la présence de la Chékhina (la présence divine d'Hachem).
Le midrach haGadol (Béréchit 23,1) note que Batya elle-même avait le roua'h hakodech (l'inspiration divine), et prévoyait qu'elle mériterait un jour d'élever le futur rédempteur du peuple juif, et lorsqu'elle vit Moché, elle sut que c'était lui.
C'est pourquoi, explique le Sforno (Chémot 2,10), Batya a appelé le bébé Moché, un nom qui fait allusion au fait qu'il a été sauvé et qui reflète sa future tâche de sauver les autres.

-> Moché est l'une des 7 personnes nées parfaitement circoncises (midrach Tan'houma Noa'h 5).

-> Le midrach (Chémot rabba 1,24) nous raconte que l'ange Gavriel frappa Moché afin qu'il pleure, suscitant ainsi la compassion de Batya.

-> Le midrach (Chémot rabba 1,26) raconte que Moché était extraordinairement beau. À tel point que les gens venaient spécialement pour le regarder, et une fois qu'ils l'avaient fait, ils ne pouvaient plus le quitter des yeux.

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-> Le verset indique que Batya a nommé le bébé Moché, après son acte de méchitiou (le tirant hors de l'eau - מְשִׁיתִהוּ - Chémot 2,10) - une dérivation du nom Moché (מֹשֶׁה).

Le Ibn Ezra (Chémot 2,10) écrit que bien que le nom égyptien de Moché soit enregistré comme "Monyum", Batya l'a en fait appelé par un nom hébreu (Moché) puisqu'elle a demandé une traduction ou bien parce qu'elle connaissait elle-même le lachon hakodesh (l'hébreu).

[ le Daat Zékénim (Chémot 2,10) écrit que certains égyptiens ont appris l'hébreu lorsque Yaakov et ses descendants sont arrivés en Égypte.]

Le midrach (Vayikra rabba 1,3) rapporte que même si Moché avait 10 noms (dont celui donné par ses parents à sa naissance), Hachem ne se réfère à lui que comme Moché, parce que c'est le nom que Batya lui a donné .

Le rav 'Haïm Chmoulévits (Si'hot Moussar Vayikra 5732) s'interroge sur pourquoi Moshé n'a pas été appelé par l'un des 10 noms qu'Hachem lui a attribués, ce qui aurait certainement constitué une description plus précise de son caractère.

Le rav Chmoulévits répond que s'il est vrai que les noms d'Hachem décrivent Moché dans un sens plus vrai, étant donné que Batya a nommé Moché en faisant preuve d'une immense abnégation, son nom n'est pas venu décrire Moché, mais plutôt ancrer en lui le trait de caractère de l'abnégation.

Ainsi, le nom que Batya a donné à Moché par son abnégation est devenu son nom, qui s'attribue directement à sa nature.

[Batya n'a pas seulement fait son maximum pour sauver ce bébé juif, mais elle a ancré en lui une qualité prononcée du sacrifice/abnégation, d'où son nom Moché. ]

[certains commentent que durant toute sa vie, à chaque fois qu'on l'appelait Moché, il pouvait penser à exprimer sa reconnaissance envers Batya de l'avoir sauvé, grâce à D. ]

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-> Bien que le verset de Divrei Hayamim (I 4,18) fasse référence à la fille de Pharaon : "Bitya" (בִּתְיָה), dans la tradition juive, elle est souvent désignée sous le nom de Batya. On peut supposer que cette tradition est basée sur le midrach (Vayikra rabba 1,3) qui rapporte qu'Hachem a dit à Batya, fille de Pharaon : "Moché n'était pas ton fils, et pourtant tu l'as appelé ton fils, alors même si tu n'es pas ma fille, je t'appellerai ma fille".

C'est ainsi que le nom de Bitya fut changé en Batya, composé des deux mots : bat (fille de) Y-a (Hachem).

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-> La guémara (Sotah 12b) raconte que Batya a d'abord cherché une nourrice parmi les femmes égyptiennes, mais parce que Moché était destiné à parler avec Hachem, il n'a pas voulu se nourrir d'une égyptienne.

Le rav Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Chémot 2,7) explique que chaque parent doit élever ses enfants depuis le début en se disant qu'il peut être destiné à parler avec Hachem. [en ce sens, nous devons privilégier du lait d'une juive, plutôt qu'une non-juive. ]

-> Bien que Moché avait refusé de se nourrir des femmes égyptiennes, le Sifté 'Haïm écrit qu'un peu de lait a été introduit de force dans la bouche de Moché contre sa volonté. C'est pour cette raison, explique le Sifté 'Haïm, que la bouche de Moché a été "cachérisée" par le morceau de charbon brûlant qu'il a ensuite mis dans sa bouche alors qu'il était un jeune enfant (voir midrach Chémot rabba 1,26).

En fait, dit le Sifté 'Haïm (Chémot 4,10), cette approche répond à des questions évidentes sur l'épisode où Moché s'est brûlé la bouche sur le charbon incandescent : Pourquoi sa main n'a-t-elle pas été brûlée elle aussi (lorsqu'il s'est saisit du charbon)? Et lorsque Moché s'est rendu compte que le charbon était chaud, même s'il n'était qu'un bébé, il aurait dû ne pas le mettre dans sa bouche?!

Cependant, nous pouvons maintenant répondre que la "brûlure" à la bouche de Moché était plus une brûlure spirituelle que physique, et bien que Moché ait développé une sorte de trouble de la parole au cours de cette épreuve, puisque cela n'est arrivé que miraculeusement pour réparer le dommage spirituel de sa bouche, sa main n'a pas été affectée .

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-> Malgré son jeune âge, la guémara (Sotah 12b) décrit comment Myriam a couru avec une force et une endurance extraordinaires, bien au-delà de son âge, pour appeler sa mère (Yo'hévet) afin qu'elle nourrisse le bébé Moché, sans que Batya sache qu'elle était la mère de Moché.

Le Nétsiv (haEmek Davar - Chémot 2,9) écrit que non seulement Batya a payé Yo'hévet pour qu'elle prenne soin de son propre fils, mais qu'elle lui a également fourni des insignes royaux montrant que Moché "appartenait" à Batya, ce qui servirait de protection contre tout égyptien qui chercherait à leur nuire de quelque manière que ce soit.

Selon le midrach (Chémot rabba 1,26), Yo'hévet s'occupa de Moché pendant 24 mois, jusqu'à ce qu'il soit sevré.

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-> Selon Rabbénou Bé'hayé (Chémot 2,3), Yo'hévet a "jeté" Moché dans l'eau pour tromper les observateurs des étoiles et leur faire croire que le rédempteur du peuple juif avait été tué.

Le midrach (Chémot rabba 1,24) révèle que le plan de Yo'hévet a fonctionné, et dès que Moché a été placé dans l'eau, les astronomes ont instantanément rapporté leur succès.

Ce midrach ajoute qu'après que Moché ait été placé dans le fleuve, le décret de jeter les bébés garçons dans le Nil a été immédiatement annulé et aucun autre bébé n'a été jeté dans le Nil.

[les égyptiens se sont alors sentis triomphants, même si le nombre des juifs était alors encore très important. ]

-> Le midrach (Chémot rabba 1,26) souligne l'ironie du fait que non seulement Batya a embrassé et étreint l'enfant Moché avec amour comme s'il s'agissait de son propre fils, mais que Pharaon lui-même l'a affectueusement embrassé et l'a beaucoup aimé.

De la même manière, le midrach dit qu'un tel événement ne s'est pas seulement produit pour Moché, mais le machia'h, lui aussi, sera élevé parmi la nation même dont il nous délivrera.