"Comme la biche aspire aux cours d'eau, ainsi mon âme aspire à toi Hachem"
[Téhilim 42,2
- kéayal taarog al afiké mayim, ken nafchi taarog élé’ha Elokim]
Que fais-tu pour Hachem?
+ Que fais-tu pour Hachem?
-> Le rav Haïm de Brisk a un jour demandé à un homme riche : "Vos machst du?" (c’est une salutation yiddish standard qui signifie littéralement : "Que faites-vous?").
L’homme a répondu qu’il était impliqué dans une certaine entreprise et qu’il avait beaucoup de réussite. Quelques minutes plus tard, Rav Haïm a demandé à nouveau : "Vos machst du?"
L’homme a pensé que peut-être rav Haïm ne l’avait pas entendu la première fois, alors il a répété sa réponse.
Le rav 'Haïm de Brisk posa alors la même question une troisième fois, et l’homme riche dit avec étonnement : "J’ai déjà dit que je fais telle et telle affaire (avec succès)!"
Le rav 'Haïm dit alors : "Je ne t’ai pas demandé ce que fait Hachem. Hachem s’occupe de tes affaires et te fournit ton parnassa. Je te demande ce que tu fais toi. Nos Sages disent que tout est entre les mains de Hachem, sauf la crainte du Ciel (yirat chamayim). Je te demande ce que tu fais pour la yirat chamayim. Est-ce que tu étudies et sers Hachem? Est-ce que tu fais du 'hessed et donnes de la tsédaka?"
Si l’on veut donner de la Tsédaka, Hachem l’aide
+ Si l’on veut donner de la Tsédaka, Hachem l’aide :
-> Le Sar Shalom de Belz (séfer Midbar Kodech) dit que que le verset (Térouma 25,2) est une garantie d'Hachem qu’Il aidera quiconque désire donner de la tsédaka, afin de s’assurer qu’il ne manquera de rien et qu’il pourra donner autant qu’il le souhaite.
Le verset dit que si une personne a un cœur qui l’inspire à donner, "on lui prendra son don/prélèvement (térouma)", ce qui signifie que Hachem veillera à ce qu’elle ait la capacité de réaliser son désir de donner.
"Voici les ordonnances que tu placeras devant eux" (élé amichpatim acher tassim lifnéhem - Michpatim 21,1)
-> Le séfer Agra déKalla explique que le mot "tassim" (placer - תָּשִׂים), signifie aussi "sima" (sentir, ressentir).
Il écrit que le verset dit que le peuple juif a reçu l'ordre de "sentir" les michpatim. Lorsque les gens font des affaires entre eux, ils doivent avoir le sentiment que tout leur succès dépend de leur honnêteté et de leur droiture et qu'ils doivent suivre les règles de la Torah.
Par exemple, si une personne est informée par un beit din qu'elle doit de l'argent à son prochain, elle doit accepter que c'est pour son bien. Elle doit sentir que le fait de lui retirer cet argent est dans son intérêt ultime, car c'est ce que la Torah considère comme la chose la plus juste et la plus éthique à faire. Et elle doit sentir que le fait de renoncer à cet argent conduira à sa propre réussite, car on ne peut réussir qu'avec de l'argent gagné de manière éthique, selon les valeurs de la Torah.
Il s'agit là d'une leçon importante que chacun doit prendre à cœur. Parfois, une personne pense qu'elle est très intelligente et qu'elle a été très maligne de tromper son ami en lui soutirant de l'argent. Elle doit savoir qu'elle n'a trompé personne d'autre qu'elle-même. Elle s'est seulement volé lui-même, car il ne connaîtra ni succès ni bénédiction tant qu'il possédera de l'argent qu'il a gagné malhonnêtement.
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-> On raconte que deux hommes s'adressèrent un jour au rav Meir de Premishlan et lui dirent qu'ils allaient s'associer pour faire des affaires. Ils demandèrent au rabbi de les conseiller et de les guider dans la gestion de leur entreprise. Le rabbi prit un bout de papier et y inscrivit les lettres suivantes : "aleph, beit, guimel, dalet".
Ils étaient très confus et lui demandèrent de leur expliquer.
Il leur dit : "C'est le Aleph Beit des affaires. Aleph signifie émouna. Beit signifie bra'ha (bénédiction). Guimel signifie guézéla (vol). Dalet signifie dalout (pauvreté).
Si vous êtes honnête et que vous faites des affaires avec émouna, vous obtiendrez beaucoup de bra'ha. Mais si vous êtes malhonnête et que vous vous engagez dans la guézéla et la tromperie, vous deviendrez pauvre."
"Si un homme donne à son prochain de l'argent ou des ustensiles à garder" (Michpatim 22,6)
-> Le séfer Divré Israël écrit que ce verset laisse entendre que pour observer la Torah correctement, il faut de l'argent ou des ustensiles , c'est-à-dire qu'il faut avoir suffisamment d'argent pour avoir la possibilité d'avoir ce dont il a besoin pour observer la Torah et accomplir les mitsvot.
Bien que nos Sages (Pirké Avos 6:4) disent que la voie de la Torah consiste à "manger du pain avec du sel, boire de l'eau mesurée, dormir sur le sol et vivre une vie de douleur, et faire des efforts dans la Torah", cela ne s'applique qu'aux personnes qui sont à un niveau élevé et qui possèdent de "bons ustensiles", c'est-à-dire un haut niveau d'intellect.
Cependant, les personnes qui ne possèdent pas de tels "bons récipients/ustensiles", doivent avoir suffisamment d'argent pour servir Hachem correctement. Ceci est particulièrement vrai dans la génération actuelle, la dernière génération avant l'arrivée du machia'h, au sujet de laquelle nos Sages disent (Erouvin 41B) : "La pauvreté éloigne une personne de la volonté d'Hachem".
C'est pourquoi il est nécessaire d'avoir suffisamment d'argent pour pouvoir observer la Torah correctement.
En conséquence, le verset peut être lu comme disant que : "Lorsqu'un homme donne", dans ce contexte, le mot "homme" fait référence à Hachem.
"A son prochain" = il s'agit d'une référence au peuple juif, qui est appelé "ami" d'Hachem (Tan'houma Yitro 5).
"argent ou des ustensiles" = cela signifie qu'Hachem doit nous donner soit suffisamment d'argent pour accomplir la Torah correctement, soit les ustensiles appropriés pour être en mesure d'observer la Torah même sans beaucoup d'argent.
"N'abîme pas les coins de ta barbe" (Kédochim 19,27)
=> La Torah interdit de se raser à la lame, pour ne pas abîmer les poils de la barbe. Bien plus, idéalement, un juif doit porter la barbe. Mais pourquoi cela?
-> Rabbi Nathan de Breslev explique que l'essentiel du judaïsme consiste à apprendre à connaître Hachem. Le juif doit grandir et s'élever dans la connaissance d'Hachem de jour en jour. Hachem est Infini, et on peut toujours Le connaître de plus en plus, jusqu'à l'infini. Ainsi, certaines connaissances peuvent être inaccessibles à une personne, du fait de son niveau spirituel actuel. Mais, il pourra avec le temps, par des efforts de réflexion et en se sanctifiant, accéder plus tard à ces connaissances. Toute sa vie, l'homme intègre des connaissances qui lui étaient encore occultés jusque là.
Les poils de la barbe, qui sont à l'extérieur de son visage, mais pénètrent à l'intérieur de son corps, sont les
canaux qui permettent de faire passer la connaissance d'Hachem de l'extérieur à l'intérieur. C'est par la barbe que la Sagesse Divine jusqu'à présent trop haute pour soi, qui était encore extérieure à soi, pourra pénétrer en lui et lui devenir accessible. Et cela constitue toute la vie du juif.
Quand on détruit le poil par la lame, on déracine ce conduit qui pouvait permettre à la connaissance d'Hachem de pénétrer en soi et par cela, on se prive d'une élévation qui est vital pour le juif. D'où l'importance de cette mitsva.
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"Ne taillez pas les coins (péat - פְּאַת) de votre tête, et ne rase pas les coins de ta barbe" (Kédochim 19,27)
-> Concernant la 2e partie du verset, Rachi explique qu’il s’agit de la barbe et ses côtés, à savoir 5 endroits : deux à chaque joue, en haut près de la tête, là où elle est large et où il y a deux coins aux tempes, et un au bas du menton, à la jonction des deux joues.
[la guémara (Makot 20a) explique que l’on est condamnable uniquement si l’on a rasé la barbe avec une lame, et uniquement s’il s’agit d’un rasage qui provoque une destruction du poil, arraché à la racine, mais s’il s’agit de se raser avec des ciseaux, même si le résultat de ce rasage ressemble à celui du rasage à la lame, il n’y a là aucun interdit selon le Din – Voir Choul’han Aroukh Yoré Déah 181]
-> Au-delà du caractère divin de cette interdiction, les commentateurs rapportent différentes raisons, parmi lesquelles :
1°/ Tout juif doit prendre soin que sa physionomie ne puisse se confondre avec celle des non-juifs, appelés "ceux qui rasent les coins de la barbe" (Yirmiyahou 9,25) [Zohar I, 219b] ; la barbe représente pour le juif l’insigne de sa dignité : הדרת פנים זקן (Hadrat Panim Zakan - la barbe est l’ornement de la face de l’homme) [Shabbath 152a].
Le Rambam écrit : "Il était coutume chez les prêtres idolâtres d’enlever leur barbe. C’est pourquoi la Torah a défendu de retirer la barbe". [Lois sur l’idolâtrie 12,7]
2°/ "Raser la barbe» est considéré comme un signe de deuil en usage chez les populations non-juives. [Ibn Ezra]
3°/ L’emploi du rasoir donne au visage de l’homme une apparence féminine, le dépouillant du caractère distinctif que lui a donné la nature. [Abravanel]
4°/ Hachem a interdit de se raser la barbe, afin de ne pas abolir le signe qu’Il a inscrit dans le genre masculin, pour le séparer du genre féminin, car celui qui fait cela fait le contraire de Sa Volonté, comme celui qui sème des mélanges de plantes interdits.
Il est écrit à propos de tout ce qu’a fait Hachem dans la Création "selon son espèce", alors que ce geste viendrait
mélanger les espèces. [Rabbénou Bé’hayé]
5°/ L’homme est créé à l’image de D. et c’est avant tout sur le visage de l’homme couvert d’une barbe que se reflète cette apparence divine, comme l’explique le Zohar [Idra Zouta Kadicha] : Les "treize Attributs de Miséricorde" se dévoilent à travers la "Barbe du Petit Visage".
Le Tséma’h Tsédek [Dérekh Mitsvotékha] explique que des "13 Attributs de Miséricorde", représentés par les 13 touffes de la barbe, émane une puissante miséricorde qui atténue les sévérités. Il en résulte, que grâce au port de la barbe, les rigueurs sont transformées en situations agréables et adoucies.
C’est le sens profond du verset: "C’est comme la bonne huile qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe d’Aharon, qui descend sur le bord de ses vêtements (ou au sens figuré, sur les treize Attributs de Miséricorde qu’elle symbolise)" (Téhilim 133,2).
C’est sur la base de cet enseignement, que les Tsadikim professent le conseil (Ségoula) de laisser pousser la barbe, à ceux dont l’Attribut de rigueur a molesté (à noter que le mot פאה [Péa - coins] a pour valeur numérique 86 comme le Nom divin de la Rigueur [ אלקים Elokim], pour indiquer que le fait de ne pas se raser les «coins» de la barbe, adoucit la Rigueur sur soi).
Ainsi, révèle le Midrache Yalkout Réouvéni, celui qui respecte le précepte "Ne taillez pas (en rond) les coins de votre tête, et ne rase pas les coins de ta barbe» est protégé des Klipot (forces du Mal) par l’intermédiaire des trois anges MikhaEl מיכא־ל , GabriEl גבריא־ל et NouriEl נוריא־ל , dont les initiales des noms forment le mot מגן (Maguen) – Bouclier.
6°/ Les deux Péots, que certains laissent pousser de chaque côté du visage, représentent deux signes et deux témoins de la judaïcité de l’homme. [Ben Ich 'Haï - Ben Ich ‘Haïl – ‘Helek 1 – drouch 3]
C’est pourquoi il existe une coutume qui consiste à laisser les Péots à l’enfant qui rentre au ‘Heder, lors de sa première coupe de cheveux à l’âge de trois ans. En effet, explique le Zéra Kodech, les Péots, qui descendent le long du visage en direction du coeur, permettent de relier la tête (l’esprit) au coeur (les sentiments). Ils symbolisent le principe "le cerveau dirige le coeur" - l’intellect, représenté par les trois Attributs ‘Hokhma (חכמה - Sagesse), Bina (בינה - Intelligence) et Daat (דעת- Connaissance) [correspondant aux 3 premières années de l’enfant] domine le yétser ara qui loge dans le coeur de l’homme.
"Si tu vois l'âne de ton ennemi crouler sous sa charge, t'abstiendrais tu de l'aider?" (Michpatim 23,5)
-> Le Baal Shem Tov (Keter Shem Tov - ot 21) explique ce verset ainsi :
"Lorsque tu vois le 'hamor (l'âne)" = lorsque tu vois que ta " 'homriout" (חומריות), c'est-à-dire ton corps, et que tu penses qu'il est "ton ennemi" parce que les désirs physiques (matériel) s'opposent à la spiritualité, tu dois reconnaître que le corps est "croule sous sa charge", ce qui signifie qu'Hachem a accordé au corps la capacité de se purifier en acceptant le fardeau de la Torah et des mitsvot.
Cependant, il est très difficile d'y parvenir et l'on pourrait penser que le moyen de purifier le corps est de "refuser de l'aider" en l'affligeant afin de détruire la matérialité.
Le verset précise que ce n'est pas la bonne façon de procéder. Il faut plutôt "l'aider" en purifiant le corps par la Torah et les mitsvot, plutôt que de le détruire par des afflictions.
Un homme humble est un serviteur d’Hachem
+ Un homme humble est un serviteur d'Hachem :
"L'homme dans la main duquel la coupe a été trouvée, celui-là sera mon serviteur" (Mikets 44,17)
-> Le rav Moché Leib de Sassov (cité dans 'Hidouché MahaRamal) explique ce verset en citant la Michna (Pirké Avot 4,4) qui dit : "Il faut être très, très humble d'esprit".
Il explique qu'une coupe symbolise l'humilité, car il doit être placé en dessous d'une bouteille afin d'y verser quelque chose. Si on le place en hauteur, rien ne peut y pénétrer.
De même, si quelqu'un veut obtenir une forme quelconque de connaissance, il doit se placer dans une position basse (humble) afin de pouvoir apprendre des autres.
En conséquence, le verset dit que "l'homme dans la main duquel la coupe a été trouvée", c'est-à-dire celui qui est humble et qui se transforme en un récipient capable d'accepter la connaissance des autres, "celui-là sera mon serviteur" (yiyé li avéd), c'est-à-dire qu'il pourra être un véritable serviteur d'Hachem.
Fixer constamment de son regard Hachem
"Je fixe constamment mon regard vers Hachem" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8)
-> Selon le Rama dans ses premiers mots sur le Choul'han Aroukh (OH 1,1) :
"Je fixe constamment mon regard vers Hachem" = c'est un principe important de la Torah (klal gadol baTorah) et il est parmi les qualités des justes qui marchent devant Hachem.
Une personne ne s'assoit pas, n'agit pas et ne se conduit pas lorsqu'elle est seule chez elle de la même manière que lorsqu'elle se trouve devant un grand roi. Elle ne parle pas non plus librement comme elle le souhaite parmi sa famille et ses amis, comme elle le ferait devant un roi.
C'est encore plus vrai lorsqu'une personne prend à cœur de réaliser que le Grand Roi, Hachem, remplit la terre entière de Sa gloire. Hachem se tient au-dessus de lui et observe toutes ses actions, comme il est écrit : "Quelqu'un peut-il se dissimuler dans une cachette, et Je ne le verrai pas?" (Yirmiyahou 2,24).
Avec cette prise de conscience, il sera immédiatement inspiré par l'admiration, la soumission et la crainte d'Hachem, et aura honte (de fauter) devant Lui."
-> Le Gaon de Vilna corrige le texte du Rama pour dire que "chiviti Hachem" n'est pas seulement "parmi" les qualités des justes, mais c'est la "qualité la plus importantes", etelle est le "seul" moyen pour une personne d'atteindre n'importe quel niveau de piété.
-> Rabbénou Bé'hayé appelle "chiviti Hachem" : "l'accomplissement ultime et le niveau le plus précieux parmi les échelons des pieux" ; la pierre angulaire et le fondement d'une vie de judaïcité".
-> Le Baal Chem Tov est né de parents âgés qui sont décédés alors qu'il n'avait que 5 ans. Les dernières paroles de son père, Rabbi Eliezer, les instructions données sur son lit de mort, reflètent l'importance de vivre avec chiviti Hachem : "Israel (son fils le Baal Chem Tov), ne crains personne ni rien d'autre que Hachem ; souviens-toi qu'Hachem est toujours avec toi, et 'Mélo kol haaretz kévodo' (le monde entier est rempli de Sa gloire) ...'. Pense-y constamment, où que tu te trouves, n'importe où, tout le temps, à chaque heure et à chaque minute!"
-> Le rav Moché Lichtenstein a dit :
Comment acquiert-on la midah du témimout (simplicité/intégrité avec Hachem)?
"Chiviti Hachem lénegdi tamid" = je place Hachem devant moi en permanence.
Une personne qui fait l'expérience d'Hachem "devant ses yeux" à tout moment est une personne qui atteint le niveau des tsadikim qui sont "marchant devant Hachem" (hol'him lifné Hachem).
Le trait caractéristique de ces tsadikim est qu'ils sont des hol'him, qui progressent et grandissent constamment. Ils pensent toujours à Hachem ... Toute leur vie est axée sur la progression dans la avodat Hachem et l'étude de la Torah. Tout le reste n'a pas d'importance. Ce mode de vie crée le témimout.
-> Le Baal Chem dit :
"Il faut accomplir la Torah et les mitsvot avec simplicité de cœur. Mais les érudits comme nous (il était avec quelques uns de ses disciples), dont la avoda (service Divin) est, dans une large mesure, caractérisée par une haute analyse intellectuelle et rationnelle, pensent souvent qu'ils doivent tout comprendre à l'avance et être au niveau spirituel approprié avant d'agir.
Les personnes simples ont un avantage dans leur avoda, car elles accomplissent les mitsvot non pas sur la base d'un raisonnement, mais parce qu'elles acceptent la Royauté d'Hachem avec émouna simple.
Nous devrions aspirer à ce genre de témimout!"
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[ une des forces principales du yétser ara est son pouvoir d'imagination. Pour le contrer et développer en nous le "chiviti lénegdi tamid", nous devons travailler à visualiser la Présence d'Hachem à nos côtés (ex: en Le remercier sur de petites choses, en Lui demandant de l'aide sur de petites choses), nous devons constamment trouver des astuces et stratégies qui nous parlent pour ancrer en nous qu'Hachem est en permanence face de nous.
Cela implique également de se défaire d'une fausse humilité (générée par notre yétser ara) : "qui sommes-nous pour qu'Hachem s'intéresse à nous, qu'Il soit toujours avec nous!"]
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-> Le rav Zvi Yéhouda Kook enseigne que vivre avec une conscience "chiviti Hachem" transforme l'image de notre âme (tsoura nafchit). Lorsque nous sommes liés à la conscience constante de la nature Divine et spirituelle de la création, notre tsélem Elokim brille.
Cela nous amène à voir le monde différemment et, par conséquent, à nous conduire d'une manière élevée.
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-> Le Yessod véChorech haAvoda enseigne que toutes les bénédictions quotidiennes ont été ordonnées afin que nous nous souvenions de notre Créateur à tout moment et à chaque instant, car toutes les bonnes choses qui nous parviennent viennent d'Hachem et sont des expressions de Son amour pour nous.
Que ce soit par reconnaissance avant et après le repas, ou par louange en réponse à des expériences marquantes, les bénédictions sont comme des rappels tout au long de la journée pour ralentir et placer devant nos yeux le fait que tout vient d'Hachem (chiviti Hachem), et que nous sommes tous en Sa présence constante.
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-> L'accomplissement du "chiviti Hachem" naît d'une profonde conviction que chaque facette de notre vie est guidée par la providence Divine. C'est la reconnaissance de l'omniprésence d'Hachem, le fait que Hachem est Tout et que Tout est en Hachem.
"Chiviti Hachem" est la conscience d'être en présence d'Hachem et que tout ce que nous vivons est l'expression de la volonté et du désir d'Hachem.
-> Le "chiviti Hachem" consiste à placer le nom d'Hachem devant nos yeux à tout moment, peut être compris comme la recherche d'une étincelle divine dans tout ce que nous rencontrons ; de voir Hachem exprimé ou reflété dans tout ce que nous rencontrons et dans chaque personne que nous rencontrons.
"Chiviti Hachem" = Je place le nom d'Hachem, le יהוה, devant moi" = le nom Hachem (יהוה) est le Nom Divin représentant Son Attribut de compassion, et de bonté.
Lorsque je place ce nom devant mes yeux, c'est comme une lentille de compassion et de bonté à travers laquelle je vois tout le monde. Tout ce que je vois ou expérimente est teinté de ra'hamim (miséricorde) Divin.
-> Le Sefer Maguid Mécharim (paracha Vayakel) raconte que le Mala'h (ange) dit au Bet Yossef (rabbi Yosef Karo) :
"Le secret pour vivre avec l'attachement à D. (dvékout) est de ne pas s'inquiéter de quoi que ce soit dans le monde, à l'exception des choses qui concernent l'avodat Hachem.
Si le bien et le mal de ce monde ne sont pas absolument équivalents à vos yeux, il ne peut y avoir de d'union et de d'attachement authentiques (avec Hachem)".
-> Le terme "Chiviti" est lié au mot-racine : "chavé" (égal). La qualité (mida) de maintenir l'équanimité, la sérénité et la stabilité dans toutes les situations est une valeur et un objectif fondamentaux dans la poursuite d'une vie religieuse authentique.
Ainsi "chiviti Hachem lénegdi tamid" se comprend : "parce que je réalise qu'Hachem est devant moi et avec moi à tout moment, chiviti = tout est égal pour moi".
[la racine première derrière toute chose/événement est Hachem, rien ne pouvant exister/se produire sans un décret permanent d'Hachem, ainsi à mes yeux tout est "chavé" (équivalent), car peut importe ce que je peux y comprendre sur le moment, cela provient de mon papa adoré Hachem. Tout a un sens, rien n'est aléatoire, injuste. ]
-> "Chiviti Hachem", c'est savoir avec certitude qu'Hachem est toujours avec nous, et que nous ne sommes jamais loin de Lui, même lorsque nous nous sentons éloignés.
[qu'un juif fasse les meilleures choses ou les pires (D. préserve), une partie d'Hachem restera toujours pure en lui. Un juif n'est jamais seul, Hachem est toujours avec nous (souffrant même lorsque l'on souffre!).]
-> Le terme "Chiviti" est lié au mot-racine : "chavé" (égal).
Le rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 234,3) dit que l'on doit faire de nous-même un semblable au Divin, à Hachem, en L'imitant.
[on a tendance à comparer Hachem à nos standards humains, et nous devenons alors comme notre définition du divin. On ne doit pas faire d'Hachem notre idole, correspondant aux désirs de notre égo.
Ainsi, d'un côté, on doit avoir une vision infinie d'Hachem, et on doit faire de notre mieux pour tendre vers cette hauteur d'action, de spiritualité.]
-> Hachem agit comme mon ombre. En fonction de mon comportement, si je fais ça volonté et Le place devant moi, alors "lénegdi", Son apparence, la façon dont je vais sentir et bénéficier de Sa proximité, vont en être dépendante (comme une ombre).
Ainsi, tout juif en fonction de ce qu'il fait à la force d'avoir Hachem constamment devant Lui (lenegdi tamid).
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-> "Les ténèbres mêmes ne sont pas obscures pour toi, la nuit est lumineuse comme le jour, l’obscurité est clarté [pour toi]" (Téhilim 139,12)
Lorsque nous savons que tout dans ce monde vient d'Hachem et est une expression d'Hachem, nous pouvons comprendre que ce que nous percevons comme "mauvais" est, du point de vue Divin, un autre élément de l'ensemble sacré.
Comme le dit le rabbi Mendel de Kotzk : "si je sais que l'obscurité vient de Toi, alors elle n'est pas sombre".
L'obscurité est comme la lumière, car "én od milévado" (il n'y a rien d'autre qu'Hachem).
La réalité de "chiviti Hachem lénegdi" est "tamid" (continue).
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-> "Sache que les obstacles de chacun ne sont que proportionnels à ses capacités, à ce qu'il est capable d'endurer et de gérer, à condition qu'il le veuille.
Et, en vérité, il n'y a pas d'obstacles du tout, parce que Hachem est enfermé dans l'obstacle même ...
Et le plus grand de tous les obstacles est celui de l'esprit..."
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan 1,61]
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-> "chiviti Hachem lénegdi tamid"
Selon rabbi Nah'man de Breslev (Likouté Moharan II,46), le terme "lénegdi" inclut un aspect de "mitnakéd", d'opposant, d'adversaire.
De même, le Tosher Rabbi explique "lénegdi" (face/opposé à moi), comme faire quelque chose qui s'oppose à ma nature limitée ou à mon inclination naturelle.
Ainsi, aller lénegdi, contre moi-même (mon égo, mon moi JE), est le moyen de trouver Hachem.
Rabbi Na'hman de Breslev dit que pour passer de son potentiel à la réalité (min hakoa'h el hapoal), il est nécessaire de surmonter les obstacles, les défis qui se présentent. Lorsque nous rencontrons une résistance/opposition à la sainteté, qu'elle soit interne ou externe, nous avons un trésor, une possibilité de grandir spirituellement, d'être plus attaché et proche d'Hachem.
Chaque situation de la vie nous donne l'occasion de prendre conscience d'Hachem et de nous en rapprocher.
[ainsi, dans nos difficultés (lénegdi) on doit "chiviti Hachem", on doit se projeter dans quelques semaines/mois, et se rendre compte que cela nous aura permis de grandir, d'avoir des bontés d'Hachem (impacts éternels), et que la souffrance sera un longtemps souvenir.
Si tu veux "chiviti Hachem" alors cela passe par "lénegdi tamid", toujours combattre, faire face à des oppositions que ton yétser ara, ta naturalité humaine, va mettre en permanence sur ton chemin. ]
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-> Le Maggid de Zlotchov enseigne que puisque יהוה est le Nom Divin qui exprime la bonté ('hessed), "chiviti Hachem lénegdi" signifie que même lorsque nous avons l'impression que Hachem est lénegdi, opposé ou "contre" nous, nous pouvons toujours reconnaître "ki mi'yémini" (car Il est à ma droite), que cela vient du yamin, le "côté droit" des Attributs d'Hachem, à savoir celui de la bonté.
Ainsi, même si Hachem semble être lénegdi, il y a de la douceur et de la joie à savoir qu'Il est toujours avec nous. Tel est le pouvoir du "chiviti Hachem".
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-> Le Téhilim 16, commence par "chiviti Hachem lénegdi tamid", et qu'après "la'hen sama'h libi ..." = mon cœur se réjouit, tout mon être exulte, et mon corps se repose en sécurité".
Cette séquence met en évidence une causalité. Le "chiviti," l'équanimité, est le produit d'un choix conscient de vivre en sachant qu'Hachem est toujours avec moi.
Lorsque je suis en sécurité et que je sais que je ne suis pas seul, mon cœur peut commencer à s'ouvrir à la joie.
Alors qu'ils partaient pour la terre d'Israël, le Gaon de Vilna a béni ses élèves : "Vous devriez avoir la chance d'accomplir des chné temidim (les 2 tamid)!".
Il s'agit de celui au début du Rama sur le Choul'han Aroukh (chiviti Hachem lénegdi tamid) [placer constamment Hachem devant nous], et celui de la fin où le Rama résume les lois de Pourim Katan : "Tov lev michté tamid" (un cœur joyeux est toujours en fête).
Accomplir les deux témidim, c'est unir l'équanimité de chiviti à la joie de la fête d'être en vie (cadeau d'Hachem à chaque seconde).
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-> Vivre en étant conscient de notre source divine et de la réalité de la présence d'Hachem dans nos vies est de la plus haute importance pour mener une vie juive épanouie.
Pour savoir que nous sommes un ben Mélé'h ou une bat Mélé'h, un enfant du Roi, nous devons savoir qu'Il est avec nous et que nous portons quelque chose de Sa noblesse et de Sa puissance royales.
Le Malbim explique que le mot chiviti vient de la même racine que le mot chavé, qui signifie "valeur".
Chiviti signifie donc : "Je reconnais ma propre valeur ..." Ma vie a un impact sur le monde, et je suis donc habilité en fonction de la profondeur avec laquelle je perçois la présence du Souverain Divin dans ma vie".
-> Le Arou'h Hachoulchan affirme que la directive de chiviti nous oblige à nous engager dans nos tâches quotidiennes et nos expériences banales telles que manger, boire et dormir, avec l'intention d'accomplir la volonté d'Hachem : "Après la mort de l'homme, il lui est montré en haut lieu que toutes ses actions ont été enregistrées, comme dans un livre, avec sa propre signature".
-> Rabbi Nathan de Breslev (Likouté Halakhot) développe cette lecture positive de l'expression "un œil qui voit". Pourquoi devons-nous placer Hachem devant nos yeux?
C'est pour nous faire prendre conscience que nous sommes également devant Ses yeux (à Hachem).
Nous voyons et savons que nous sommes vus. En réalité, Hachem est toujours avec moi ; il n'y a pas d'endroit dépourvu de la présence d'Hachem.
Quel que soit le degré de ma chute spirituelle, Hachem est toujours avec moi et devant moi, "négdi, tamid". Même si je suis au plus bas, "Il est à ma droite, je ne serai jamais ébranlé".
Hachem est avec nous comme un parent aimant, un conjoint fier, un ami cher, nous soutenant dans les moments difficiles, se réjouissant de nos succès, et surtout, appréciant notre présence et notre compagnie constante.
-> Le Maggid de Mézéritch et rav 'Haïm de Volozhin, les principaux élèves du Baal Chem Tov et du Gaon de Vilna, respectivement, proposent des interprétations parallèles et étendues de "da ma lémaala mim'ha" (Pirké Avot 2,1) = Sache qu'au-dessus de toi il y a un œil qui voit ...
Ils lisent tous deux cette phrase comme signifiant : "Sachez que ce qui est décrété en-Haut est mim'ha (de vous)".
En d'autres termes, nos efforts, nos intentions, nos pensées et nos actions ont un impact et "influencent" la réponse divine en-Haut. Ce que nous faisons en bas nous est reflété en haut.
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-> Le Chla Hakadoch (Vaét'hanan) explique : "Chiviti" nous rappelle qu'il faut étudier la Torah avec sincérité et sérieux, avec la bonne intention et le bon objectif, pour finalement se rapprocher d'Hachem.
-> Le rav Yé'hezkel Abramsky disait : "Chaque fois que je suis sur le point de donner un cours, j'ai à l'esprit que je vais servir Hachem en accomplissant la mitsva de l'étude de la Torah. Parfois, le simple fait de se concentrer sur cette idée est plus difficile que de donner le cours lui-même".
Le rabbi Levi Its'hak de Berditchev "interrompait" la prière ou l'étude de la congrégation en frappant sur la bima et en annonçant : "Il y a un D. dans les cieux et nous sommes responsables devant Lui!"
Comme un muet
"Or, voici, nous liions des gerbes dans le champ ; et voici que ma gerbe s'est dressée et est restée debout ; et voici que vos gerbes sont placés tut atour et elles se sont prosternées devant ma gerbe" (Vayéchev 37,7)
-> Le séfer Imré Pin'has explique que le mot "aloumim" (les gerbes - אֲלֻמִּים), peut également signifier une personne muette (ilém - אילם).
La guémara ('Houlin 89a) déclare : "Que doit faire une personne dans ce monde? Elle doit agir comme un muet".
Ainsi, le verset peut être compris comme disant que les tribus ont agi comme des muets. Ils ne parlaient pas de sujets mondains.
Cependant, même en ce qui concerne ce concept élevé, il existe différents niveaux. Yossef atteignit un niveau encore plus élevé que ses frères. C'est pourquoi il rêva que son mutisme/silence était supérieur au leur.