-> Hachem ordonne à Moché de transmettre le message suivant à Pharaon : "Hachem, le D. des Hébreux, s’est manifesté à nous. Et maintenant nous voudrions aller à 3 journées de chemin, dans le désert, sacrifier à Hachem, notre D." (Chémot 3,18).
-> Ainsi, fut-il : "Puis, Moché et Aaron vinrent trouver Pharaon et lui dirent: "Ainsi a parlé Hachem, D. d’Israël : Laisse partir Mon peuple, pour qu’ils célèbrent mon culte (vaya’hogou li - וְיָחֹגּוּ לִי) dans le désert" ... Le D. des Hébreux s’est manifesté à nous. Nous voudrions donc aller à 3 journées de chemin dans le désert et sacrifier à Hachem notre D." (Chémot 5,1-3).
-> A la suite de la plaie des Bêtes sauvages, Pharaon accepte de renvoyer les juifs pour qu’ils servent leur D. : "Allez sacrifier à votre D. dans le pays ... Je vous laisserai partir, pour sacrifier à Hachem votre D. dans le désert ; toutefois, gardez-vous d’aller trop loin" (Vaéra 8,21-24).
-> Cependant, Pharaon veut empêcher les enfants et le bétails de quitter l’Egypte, ce à quoi Moché lui répond: "Nous irons jeunes gens et vieillards; nous irons avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos boeufs, car nous avons à fêter Hachem (ki ‘hag Hachem lanou - כי חג ה׳ לנו)" (Bo 10,9).
=> De quelle fête s’agissait-il au juste?
On peut citer 3 réponses en relation avec les 3 fêtes de Pèlerinage :
1°/ Pessa’h :
Le Divré Yoël explique qu’à l’origine, les Bné Israël devaient marcher 3 jours dans le désert (le temps minimum pour échapper à l’impureté de l’Egypte) pour offrir leur Korban Pessa’h. Puisque celui-ci devait être offert, comme pour les générations ultérieures, dans l’enceinte du Temple, Hachem allait miraculeusement déraciner le saint lieu du futur Temple pour le rapprocher au-devant des juifs. [voir Targoum Yonathan Ben Ouziel sur Yitro 19,4].
C’est le sens des paroles : "Et maintenant nous voudrions aller à 3 journées de chemin, dans le désert, sacrifier à l’Éternel, notre D." (Chémot 3,18).
2°/ Souccot :
Suite au refus de Pharaon de laisser sortir les Béné Israël et l’urgence de leur libération, D. accéléra miraculeusement leur célébration de Pessa’h : "Hachem transporta sur les nuées de gloire le Peuple jusqu’au lieu du Temple et c’est là qu’ils offrirent, conformément à la Torah, le Korban Pessa’h [puis ils furent ramenés par Hachem en Egypte et mirent la nuit du 15 Nissan, le sang du Korbane Pessah sur les montants et le linteau de leurs porte". [voir Targoum Yonathan Ben Ouziel déjà cité]
Or, nous savons que la mitsva de Soucca rappelle les "nuées de gloire» de la sortie d’Egypte [voir guémara Soucca 11b], aussi, comme l’enseigne le midrach Pliya (rapporté par le Divré Yoël) la "fête à Hachem pour nous" s’identifiait-elle (également) comme la fête de Souccot (à noter que celle-ci est la seule à être désignée par nos Sages par le simple mot : ‘Hag (חג - fête).
3°/ Shavouot :
La raison d’être de la Sortie d’Egypte fut dictée ainsi par D. : "Quand tu auras fait sortir ce peuple de l’Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même" (Chémot 3,12).
A l’appui de ce verset, Rabbénou Bé’hayé en déduit que la fête que devaient célébrer les Bné Israël était Shavouot. En effet, le premier Pessa’h devait se dérouler en Egypte, et Souccot ne se réfère point à une quelconque montagne.
Cette interprétation est cohérente avec le commentaire du Déguel Ma’hané Efraïm qui nous explique que Pharaon ne connaissant D. qu’en tant que Maitre des forces de la nature, désigné par le nom Elokim (le nom de la Rigueur) dont la valeur numérique est celle du mot "haTéva" (La nature).
Maintenant, avec les prodiges de la sortie d’Egypte, Pharaon allait aussi connaître le nom Y-H-V-H (יהוה - le nom de la Miséricorde) qui désigne la transcendance du divin sur la nature. Aussi, la formule employée par Moché : "ki 'hag Hachem lanou - כי חג ה׳ לנו - Car nous avons à fêter Hachem) porte-t-elle l’allusion suivante : חג (‘Hag) forme les initiales des mots חסד (‘hessed – Bonté, qui se rapporte au nom Y-H-V-H) et גבורה (Guévoura – Sévérité, qui se rapporte au nom Elokim), ces 2 noms étant d’ailleurs exprimés dans les 2 derniers mots de l’expression : ה׳ לנו (Hachem lanou - D. pour nous) : Y-H-V-H et Elokim dont la valeur numérique [86] est curieusement celle du mot לנו (Lanou).
Le dévoilement de l’unification de ces deux noms fut procuré lors du Don la Torah, à Shavouot, comme l’indique le 1er Commandement : "Je suis Hachem ton D. (ה׳ אלקיך) qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage" (Yitro 20,2).