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"Ce fut, lorsque les chameaux eurent fini de boire, que l'homme prit une boucle en or, du poids d'un béka, et deux bracelets sur ses mains, du poids de dix pièces d'or."  ('Hayé Sarah 24,22)

Rachi commente que les 2 bracelets constituaient une allusion aux 2 Tables de la Loi, et le poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements gravés sur elles.
Quel message Eliézer a-t-il voulu transmettre à Rivka?

Le Admour de Belz (Ravvi Yissa'har Dov Rokéa'h) explique en se référant au Tour (Ora'h 'Haïm 417) que les 3 fêtes (les 3 régalim) correspondent aux 3 Patriarches : Pessa'h à Avraham, Shavouot à Yits'hak et Souccot à Yaakov.

Eliézer voulait que Rivka connaisse la grandeur de son futur mari, et il l'a fait par une allusion au don des Tables de la Loi, qui a eu lieu à Shavouot, le jour de fête rattaché à celui qu'elle allait épouser.

Le Admour de Belz propose aussi une explication sur d'autres cadeaux offerts par Eliézer à la jeune fille.
Il est indiqué au verset 53 qu'il lui a donné : "des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements."
Pourquoi spécialement des vêtements?
Savait-il seulement s'ils lui iraient?

En réalité, ils lui ont été envoyés comme spécimens des habits modestes en usage chez Avraham.
Celui-ci voulait que Rivka sache bien à l'avance qu'elle devrait respecter des normes strictes de pudeur.

Rav Yéhochoua Leib Diskin en donne une autre explication : Avraham craignait que les vêtements portés chez sa future bru puissent contenir un mélange de laine et de lin, les rendant ainsi Cha'atnèz.
Voilà pourquoi il lui en a envoyé d'autres.
Mais, pour dissimuler son intention et ne pas embarrasser Rivka et sa famille, il les a emballés dans des objets d'or et d'argent.

Source (b'h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

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+ "Une boucle en or, du poids d'un béka, et deux bracelets sur ses mains, du poids de dix pièces d'or."

-> Selon Rachi :
- par la boucle en or = Eliezer voulait faire allusion à Rivka au don du demi Shékel, contribution annuelle versée par les juifs aux Sanctuaire, qui se réalisera dans le futur. (1 béka = 1 demi-shékel)
- par les 2 bracelets = c'est une référence aux 2 Tables de la Loi, et leur poids de 10 pièces d'or aux 10 Commandements.

-> Mais pourquoi toutes ces allusions?
Le 'Hidouché haRim donne la réponse suivante :
Le demi Shékel symbolise le service d’Hachem par les sacrifices qui étaient achetés par le don des demis Shékel. D'autre part, les Tables de la Loi rappellent la Torah.

Chimon haTsadik enseigne : "Le monde repose sur 3 piliers : [L’étude de] la Torah, le service [de D.] et les actes de bonté." [Pirké Avot 1,2]
Quand Eliezer constata chez Rivka qu’elle développait le pilier de la bonté de la façon la plus remarquable et exceptionnelle (cf. au puits où elle le servit à boire, ainsi que ses chameaux), il lui "offrit" les 2 autres piliers : celui du service (boucle d'or) et celui de la Thora (les bracelets).

On apprend d'ici que celui qui se donne au maximum pour développer une qualité, les autres qualités lui viendront naturellement, comme si elles lui seront offertes.

-> Le Maharal (Gour Arié - 'Hayé Sarah 24,22) explique qu’Éliézer faisait allusion aux 3 piliers du monde : la Torah, le service de D. et la bonté (Pirké Avot 1,2).
- Le Béka correspond à la bienveillance, parce que la mitsva de Ma’hatsit Hashekel implique le don.
- La boucle au nez fait penser à la bonne odeur des Korbanot (offrandes) grâce auxquels nous servons Hachem dans le Beth Hamikdach. [Le Maharal souligne que la Torah décrit les Korbanot par leur odeur agréable].
- Et les deux bracelets (les Lou'hot) font bien sûr référence à la Torah.

Le Maharal pousuit qu'Éliézer insinuait à Rivka que puisqu’elle excellait dans l’un des 3 piliers, le ’hessed, elle allait également mériter les 2 autres. Son lien avec le service divin allait se faire par son mariage avec Its’hak et celui avec la Torah allait se concrétiser avec Yaakov.
Le Maharal explique que la bonté est la base de toutes les autres qualités. Ainsi, en se distinguant dans ce pilier, Rivka les mérita tous.
Nous comprenons à présent pourquoi la bonté était d’une telle importance aux yeux d’Éliézer. Il réalisa que c’était la base de toute chose positive, et donc que la femme d’Its’hak devait en regorger.

Le Maharal (Gour Arié - Béréchit 12,2) développe une idée similaire sur la paracha Lé'h Lé'ha, quand Hachem promit que le nom d’Avraham serait relié à la première bénédiction de la Amida (Rachi v.12,2). Pourquoi précisément Avraham et non Its’hak ou Yaakov? C’est parce que le ’hessed englobe les qualités d’Its’hak et de Yaakov.

La guémara (Shabbat 31a) appuie cette idée quand elle raconte qu’un homme en voie de conversion demanda à Hillel de lui apprendre la Torah "sur un pied" [de lui enseigner un principe fondamental qui résumait toute la Tora].
Hillel lui répondit : "Ne fais pas à ton prochain ce qui t’es détestable. Ceci est la Torah, tout le reste n’en est que commentaires".
Les commentateurs comprennent que Hillel enseignait à ce non-juif la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même (Vayikra 19,18) qui recèle toutes les mitsvot interpersonnelles.
Mais comment comprendre qu’elle incarne tous les autres Commandements : même ceux concernant notre relation avec Hachem?
Le ’Hazon Ich explique que Hillel lui enseignait par là une leçon très profonde. Une personne égocentrique est enfermée dans sa propre façon de penser et de voir le monde. Elle ne peut pas se confronter aux opinions des autres ; elle n’essaie même pas. Un tel individu ne vit pas avec la Torah.
Celui qui ne peut établir de rapport avec son entourage ne peut pas vraiment se lier à Hachem. Hillel voulait faire comprendre au converti que ce n’est qu’en sortant de son monde égoïste que l’on peut accepter la Torah.

Ceci nous aide à comprendre pourquoi la bonté est un point de départ dans la Torah. Un homme bienveillant peut sortir de son petit monde et tenir compte des besoins ou de l’avis d’autrui. Ainsi, il est capable de faire abstraction de ses partis-pris et de se conformer à la conception de le Torah.

Le rav Yéhonathan Geffen dit que c’est ce qu’Éliézer recherchait chez la future femme d’Its’hak. Le ’hessed est essentiel dans toute relation, et plus particulièrement au sein du couple. En travaillant sur le don, on améliore immensément et durablement sa vie de couple, tandis que si l’on reste focalisé sur soi-même, on sera incapable de comprendre et de satisfaire les besoins de son conjoint. Cette étroitesse d’esprit est la cause de nombreux différends. Quand on fait l’effort de se rapprocher de l’autre, le lien du mariage ne peut que se renforcer.

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-> Le Béer Yossef explique l'allusion aux 2 Tables de la Loi.
Il y a 5 Commandements (entre l'homme et son Créateur) et 5 autres Commandements (entre l'homme et son prochain), qui forment un tout indissociable (les 10 Commandements).
Eliézer a déjà pu constater (au puits) la grande générosité et l'altruisme de Rivka. En lui donnant 2 bracelets, il lui fait comprendre en allusion que la perfection morale réside que dans l'union des 2 Tables de la Loi, dans lesquelles figurent à la fois des mitsvot à l'égard de D. et celles qui concernent nos relations avec autres.

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+ "Le serviteur (Eliezer) prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" ('Hayé Sarah 24,10)

Pourquoi Eliezer prit particulièrement des chameaux pour se rendre à Aram Naharayim trouver une femme pour Its'hak? Il aurait pu prendre des chevaux ou encore des ânes, qui sont des moyens de locomotion plus habituels.

Le midrach rapporte que la Providence Divine a voulu qu’il prenne des chameaux car cet animal a un signe pur (il rumine) et un signe impur (il n'a pas de sabots fendus).
=> Ainsi, cela devait indiquer que du mariage entre Its'hak et Rivka devait sortir 2 jumeaux : un pur (Yaakov) et un impur (Essav).

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"Elle dit : Bois et à tes chameau aussi je donnerai à boire" ('hayé Sarah 24,19)

-> Quand Eliezer remarqua combien Rivka était généreuse et s’est donné à fond pour leur faire du bien, il en déduisit qu’elle est apte à intégrer la maison d’Avraham.
Cependant, on peut s’interroger : certes Rivka a prouvé combien elle est attachée à la bonté, mais Eliezer n’a pas encore vérifié si elle croit en Hachem et si sa foi est comme il se doit.
=> Ainsi, comment Eliezer a-t-il pu se contenter de vérifier sa bonté, et non si elle est croyante, ce qui est aussi fondamental pour intégrer la famille d’Avraham, le père des croyants?

En réalité, chaque être humain croit naturellement en Hachem. Néanmoins, ce qui empêche cette foi de se manifester en lui, c’est l’orgueil.
Le fait de croire en sa force personnelle = cela empêche de réaliser que c’est Hachem Qui est à l’origine de tout et Qui détient réellement toutes les forces. Or, quand Eliezer a vu combien Rivka avait complètement annulé son ego pour leur servir de l’eau et abreuver tous les chameaux, elle toute seule, il en déduisit combien elle est effacée pour l’autre. Dès lors, plus rien ne pourra l’empêcher d’avoir une foi complète en Hachem.
[rav Yé'hezkel Levinstein - Ohr Yé'hezkel]

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-> Comme signe pour vérifier que la femme convenait bien à Its'hak, Eliézer s'est dit : "la jeune fille à qui je dirai: ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra: ‘Bois, puis je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-tu l'avoir destinée à ton serviteur Its'hak" (v.24,14).
Mais les choses ne se sont pas passées exactement ainsi. En effet, lorsqu'il a demandé de l'eau à Rivka, au début elle n'a fait aucune mention des chameaux.
[v.18 : "Elle répondit: "Bois, seigneur." Et vite elle fit glisser sa cruche jusqu'à sa main et elle lui donna à boire"].
Il est écrit dans le verset suivant (v.19) : "Après lui avoir donné à boire, elle dit : Bois et à tes chameau aussi je donnerai à boire".
=> Pourquoi Rivka n'a-t-elle pas parlé des chameaux, à l'image de l'attente de Eliézer?

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (24,18) explique que Rivka a agit avec encore davantage de piété que Eliézer l'espérait.
En effet, elle s'est dit qu'en le disant dès le début, Eliézer boirait moins d'eau ou plus rapidement (en une gorgée) en sachant que Rivka avait encore beaucoup de travail à faire, en devant donner à boire à l'ensemble de ses chameaux.
Ainsi, Rivka a préféré d'abord ne rien dire à Eliézer, pour qu'il puisse boire autant d'eau qu'il en avait besoin, et à en prenant son temps.
Une fois qu'il avait fini de boire, alors seulement elle a déclaré : "tes chameau aussi je donnerai à boire".

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