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4 Questions/Réponses – Paracha Vayéra

+ 4 Questions/Réponses – Paracha Vayéra :

1°/ Après avoir sacrifié un bélier sur l'autel qui était initialement destiné à Its'hak, la Torah relate (v.22,19) que Avraham est retourné auprès de Eliézer et Yichmaël, qui l'attendaient à distance, et ensemble ils allèrent vers Béer Chéva.
On peut constater qu'aucune mention n'est faite concernant Its'hak.
Où est-il allé après la Akéda?

-> Le Targoum Yonathan ben Ouziel écrit que les anges ont amené Its'hak dans la yéchiva de Chèm, où il a étudié pendant 3 ans, jusqu'à ce que Rivka soit assez âgée pour se marier avec lui.

Selon le rav Chloma Margolis (Darké Hachlémout), on peut tirer d'ici une importante leçon de vie.
En effet, même après avoir atteint les plus hauts niveaux, on ne doit pas devenir indulgent avec soi-même, et l'on doit toujours s'efforcer de devenir encore plus grand.
[tant qu'il y a de la vie, c'est qu'il y a encore moyen de grandir, de devenir plus proche de Hachem]

Selon le Sifté Cohen, il était important que Its'hak parte précisément à ce moment, car Avraham avait alors davantage d'amour pour son fils, et il aurait semblé comme s'il regrettait sa décision de vouloir le sacrifier.
En montrant qu'il était prêt à se séparer de son fils (le quittant au loin pour la yéchiva), il montrait alors clairement que sa décision n'a pas été prise dans un instant de folie, sur un coup de tête.

-> Le Daat Zékénim enseigne que Avraham a fait partir Its'hak, en cachette pendant la nuit, afin de le protéger du mauvais œil (ayin ara).   [les gens pouvaient le lui porter en disant : "comment a-t-il pu réussir à passer une telle épreuve, et dans un si grande joie!" ]
Il fait remarquer que suite au sauvetage miraculeux de la fournaise de 'Hanania, Michaël et Azaria, il n'est plus fait aucune mention d'eux. Une opinion de la guémara (Sanhédrin 93a) est qu'ils moururent à cause du mauvais œil.

-> Le Panéa'h Raza est d'avis que Avraham a blessé Its'hak pendant la Akéda, et que suite à cela des anges l'ont pris au Gan Eden pour qu'il récupère et guérisse.

-> A ce sujet, le mékoubal rav Yissa'har Chmouëli Beniahou (rapporté dans le Tsor ha'Haïm - 'Hayé Sarah) enseigne :
il est écrit dans le Zohar Hakadoch que puisque la trachée d'Its'hak fut en grande partie sectionnée, il risquait de perdre la vie. Aussi, Les anges de service vinrent le récupérer après la Akéda et l'amenèrent au Gan Éden afin de le guérir. Il y resta 3 années consécutives.
Ainsi, lorsque Yaakov se présenta devant Its'hak son père afin de recevoir les bénédictions, Its'hak lui dit : "vois l'odeur de mon fils est comme l'odeur du champ que Hachem a béni" (Toldot 27,27), en effet Its'hak notre Patriarche connaissait déjà parfaitement l'odeur du Gan Eden, et c'est le sens du verset : "et Its'hak revenait du puits (du nom de) "vivant de ma vision"" (וְיִצְחָק בָּא מִבּוֹא, בְּאֵר לַחַי רֹאִי - 'Hayé Sarah 24,62), qui a la même valeur numérique que les mots "היה בא מגן עדן" = "il revenait du Gan Eden" (aya ba miGan Eden).
[Toutefois, d'après le sens littéral du verset, il ne ressort pas de l'écriture que la gorge d'Its'hak fut réellement sectionnée puisque l'ange dit à Avraham : "ne lui fait aucun défaut" (Vayéra 22,12). ]

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2°/ "[Avaham] vit 3 hommes debout près de lui" (Vayéra 18,2)
Selon Rachi : L’un pour annoncer la bonne nouvelle à Sarah, un autre pour détruire Sodome, et un troisième pour guérir Avraham (de sa circoncision).

La guémara (Baba Batra 16b) nous enseigne que Avraham portait un pierre précieuse autour du cou, qui avait le pouvoir de guérir toute personne qui la regardait.

Ainsi, pourquoi Hachem avait-Il besoin d'envoyer un ange pour guérir Avraham, alors qu'il pouvait le faire lui même en regarder sa pierre?

-> Selon le Maharcha, certes Avraham pouvait se guérir tout seul, mais il ressentait que pour être vraiment entier avec Hachem (tmimout), il devait laisser son rétablissement dans les mains de D.

-> Le 'Hida, le rav Moché Feinstein et le rav 'Haïm Kanievsky expliquent que puisque sa douleur provenait d'une mitsva, alors elle lui était précieuse.
En effet, il ne voulait rien faire qui puisse être interprété comme un regret d'avoir réalisé cette mitsva, en raison de ses conséquences.

-> Selon la guémara (Taanit 20b), les miracles qui sont réalisés pour une personne réduisent sa part dans le monde à venir.
Cet enseignement nous permet de comprendre le désir de Avraham de ne pas avoir recours à un remède miraculeux (sa pierre précieuse).

-> Le Panéa'h Raza a un avis différent des précédents.
Il cite la guémara (Béra'hot 5b), rapportant que Rabbi Yo'hanan avait la capacité de guérir les autres, mais pas lui même, car : "une personne emprisonnée ne peut pas se libérer elle-même de prison".
Ainsi, tout comme Rabbi Yo'hanan, Avraham ne pouvait pas se guérir tout seul, il avait besoin de l'aide de quelqu'un d'autre (ici l'ange).

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-> Le Maor vaChéméch apporte l'explication suivante sur la nécessité de Avraham, malgré sa douleur, de se mettre à l'entrée de la tente : "en plein soleil ardent" et que 3 anges vinrent à sa rencontre.

Avraham après avoir fait l'énorme mitsva de la brit mila, est parvenu à un niveau d'attachement avec Hachem inimaginable.
Tout de suite, Avraham chercha quelqu'un qui lui permettrait de descendre de ce niveau d'attachement extrême, et ainsi lui permettre de redescendre vivre dans ce monde.
Et "ce soleil ardent" = c'est en réalité le rayonnement resplendissant d'Avraham qui était vraiment très proche/lié à D.

Si Hachem avait envoyé des hommes, Avraham par son niveau tellement élevé les aurait tous brûlés, et c'est pourquoi D. a envoyé des anges d'apparence humaine qui eux pourront le faire descendre un peu de cet attachement extrêmement élevé avec Hachem.

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-> Nos Sages nous disent : "Le but de la visite des anges à Avraham était, en fait, de préparer le futur don de la Torah au mont Sinaï, afin que les anges ne puissent accuser les Bnei Israël de ne pas être aptes à recevoir la Torah."

Le midrach (Chémot rabba 28,1) explique : "Et Moché monta vers Hachem", Comme il est écrit : "Tu es monté dans les hauteurs après avoir fait des prises, Tu as reçu des dons parmi les hommes" (Téhilim 68,19) ... (Moché reçut la Torah).
A ce moment, les anges de service voulurent attaquer Moché. Hachem transforma le visage de Moché et le fit ressembler à Avraham. Hachem dit aux anges : "N'avez-vous pas honte ... c'est celui chez qui vous êtes descendus, vous avez mangé dans sa maison."

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3°/ "Ne porte pas ta main sur le jeune homme" (Vayéra 22,12)

Le midrach Plia dit que ces paroles de l'ange de Hachem à Avraham, servent de preuve à la résurrection des morts.
Ce même midrach ajoute que juste après ces mots, Its'hak a prononcé la bénédiction : "barou'h mé'hayé amétim" (Bénis soit Celui qui fait revivre les morts).

Puisque Its'hak n'a finalement pas été sacrifié, en quoi est-ce une preuve de la résurrection des morts?
Pourquoi a-t-il prononcé la bénédiction?

Nous allons voir (b'h) la réponse du Imré Shéfer.

Selon le midrach Aggada (mentionné dans le Shibalé haLékét Téfila - Siman 18), Avraham a réellement sacrifié Its'hak et il l'a brûlé en haut de l'autel jusqu'à ce qu'il soit réduit en cendres.
C'est seulement après cela, que Hachem l'a fait revivre.

=> Ainsi, il y a bien eu une résurrection des morts, et c'est pour cela que Its'hak a dit la bénédiction : "mé'hayé hamétim".

Pourtant cela semble contredire le verset : "Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais rien", qui semble indiquer que Hachem a stoppé Avraham avant qu'il ne lui fasse quoique ce soit.

Le Imré Shéfer explique que ces paroles ont été dites une fois que Its'hak avait déjà été sacrifié et que Hachem lui avait redonné la vie, et ce afin d'éviter que Avraham ne porte sa main afin de tuer Its'hak une 2e fois.

Ce midrach permet également de comprendre pourquoi la 2e bénédiction de la amida, celle de la résurrection des morts (té'hiyat hamétim), est appelée : "birkat Its'hak".
[la 1ere bénédiction se terminant par : "magen Avraham" (bouclier d'Avraham)]

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-> Le Chla haKadoch explique au nom du Zohar qu'au moment de la Akéda, l'âme de Its'hak l'a quitté, et elle a alors été remplacée par une nouvelle âme, qui lui a permis d'avoir des enfants.
[Its'hak était âgé de 37 ans lors de la Akéda. N'ayant pas reçu de d'âme masculine jusqu'à cette épreuve, Rivka son âme sœur ne pouvait pas venir au monde. Elle naquit juste après la Akéda. C'est lorsqu'elle atteignit l'âge de 3 ans qu'elle accepta de suivre Eliezer pour se marier avec Its'hak alors âgé de 40 ans.]
Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch, c'est la raison pour laquelle la naissance de Rivka est mentionnée juste après la Akéda : puisque Its'hak pouvait avoir des enfants, alors sa future femme est née.

Le Ohr Guédaliyahou dit que l'on peut tirer d'ici une leçon de vie importante.
Avraham est parti plein d'enthousiasme pour sacrifier son fils, en pensant que cela allait conduire à anéantir tout futur du peuple juif.
Et cependant, c'est spécifiquement cet événement qui a été le moyen permettant la naissance du peuple juif.
Ainsi, pour celui qui a confiance en Hachem, ce qui ressemble à un échec, à une perte assurée, n'est en réalité qu'un catalyseur de notre succès futur.

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=> Comment est-il possible que Avraham ait offert le bélier à "la place de son fils"? Est-ce que le sacrifice du bélier venu par hasard, peut être considéré comme un remplacement de son fils?

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) explique :
Hachem a ordonné à Avraham de sacrifier son fils comme holocauste, Avraham avait le potentiel de satisfaire la volonté d'Hachem. Mais Avraham savait que ce potentiel ne valait rien tant qu'il ne le mettait pas en action. Parfois, on voit des gens qui ont été créés à l'image de D. avec du potentiel [sublime], mais en pratique, ils ressemblent à des animaux ...

C'est la raison pour laquelle Avraham a demandé à Hachem l'autorisation de faire une toute petite blessure à Its'hak. Ce n'était pas une cruauté de sa part, mais Avraham avait l'intention de réaliser son potentiel, de lui donner un sens, et de mettre en avant ce mérite pour ses enfants, qui en auraient besoin dans les temps troublés, lorsqu'il leur manquerait des mérites pour être sauvés de nombreux malheurs.

Mais Hachem n'accepta pas cela non plus ... Hachem ordonna à Avraham de ne rien faire à Its'hak, et à sa place, Il lui envoya un bélier, celui qu'Avraham offrit en holocauste. Lorsque Avraham sacrifia le bélier, il ne l'a pas fait simplement, il a mis en action son potentiel à sacrifier son fils comme holocauste.

Lorsque Avraham a égorgé le bélier, il pensait qu'il était prêt à agir ainsi avec son fils, comme si Hachem lui avait ordonné d'agir de cette façon. C'est la raison pour laquelle la chose lui a été comptée comme s'il avait égorgé son fils. En conséquence, le mérite de cette énorme épreuve reste pour ses enfants et leurs descendants jusqu'à la fin des temps.

[cela nous enseigne l'importance de mettre nos capacités en action, d'employer notre vie à passer du potentiel au réel. ]

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-> Its'hak est né à Pessa'h (cf.Rachi 18,10), et c'est exactement 400 années plus tard, jour pour jour, le 15 Nissan 2448, que le peuple juif va naître en sortant d'Egypte.

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-> Hachem dit à Avraham "Prends s'il te plaît ton fils" (קַח נָא אֶת בִּנְךָ - Vayéra 22,2)
Le Ran (Drachot - 6) écrit que le mot : "na" (s'il te plaît - נָא) implique que ce n'était pas une obligation, mais une requête, comme si D. lui disait : "Tu n'es pas obligé de le faire, mais c'est Mon souhait".
Le Ran ajoute que Avraham n'aurait ainsi jamais été puni s'il avait refusé d'aller sacrifier son fils.

Avraham avait de nombreuses raisons pour justifier de ne pas réaliser la demande de D., prouvant même qu'en refusant il pourrait mieux servir Hachem.

Par exemple : Sans fils, qui assurera la succession pour diffuser son message?
De plus, le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Lé'h Lé'ha) dit que Avraham causerait un énorme 'hilloul Hachem en égorgeant son fils. En effet, ayant dévoué sa vie entière à enseigner la bonté et la miséricorde de D., critiquant les sacrifices humains des religions païennes, ... en offrant lui-même son fils en sacrifice il serait la moquerie du monde entier.
Les dizaines de milliers de ses fidèles retourneraient alors à leur vie/croyance d'avant.

=> Cependant, pour Avraham l'essentiel était d'être fidèle, de mettre au-dessus de tout la Volonté de Hachem.
Et même si ce n'est qu'un souhait (et non un ordre), et même si c'est très douloureux (la plus dure des 10 épreuves!), Avraham s'empressa avec zèle d'aller sacrifier son fils (Its'hak).
Peu importe les conséquences, le prix à payer, tant que c'est le désir de D., alors c'est forcément ce qu'il y a de mieux à faire!!

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4°/ Cette épreuve de la Akédat est attribuée à Avraham, comme il est écrit : "Et Hachem éprouva Avraham" (Béréchit 22,1).
=> Mais pourquoi ne pas attribuer cette épreuve plutôt à Its'hak? En effet, ce dernier avait 37 ans ce jour-là, et malgré le fait qu'il aurait pu s'opposer, il accepta de plein gré d'être sacrifié, ce qui est un très grand mérite. Ainsi, pourquoi ne pas parler de cette épreuve comme celle de Its'hak?

-> Le Ets haDaat Tov rapporte un enseignement de nos Sages (guémara Kidouchin 31a-b) selon lequel celui qui fait une bonne action parce qu’il en a reçu l’ordre, recevra une récompense plus grande que s’il la faisait sans ordre.
Les Tossefot en explique la raison. En effet, accomplir un acte suite à un ordre est encore plus difficile, car le yétser ara se renforce et tente d'empêcher l'homme de se plier à cet ordre. En revanche, quand on fait une bonne action de par soi-même, sans ordre, cela est plus facile car on a l'impression de faire ce qu'on veut soi-même et on n'est pas confronté aux attaques du penchant.
Ainsi, la Akéda est l'épreuve d'Avraham, car il en reçut l'ordre d'Hachem, ce qui lui a rendu l'épreuve plus difficile qu'à Its'hak qui s'est livré au sacrifice de plein gré, faisant donc cet acte de sa propre et unique volonté.

-> Le 'Hatam Sofer se base sur les propos de Rachi qui explique que le trajet vers la Akéda dura 3 jours, pour qu'Avraham aie le temps de réfléchir et de réaliser ce qu'il allait faire. Ainsi, son acte n'allait pas être pulsionnel et irréfléchi. En effet, il aura eu le temps de prendre la pleine conscience de cet acte et aura pensé à tout ce que cela représente, et malgré tout, il sacrifiera son fils. Cela est une véritable épreuve!
Si le sacrifice avait eu lieu dans la précipitation, on aurait pu dire qu'Avraham a été troublé et a agi sans mesurer son acte. Mais, ces 3 jours de réflexion lui ont permis d'agir avec tout son esprit.
En revanche, Its'hak, qui fut informé qu'il allait être sacrifié au dernier moment, cela n'était donc pas pour lui une réelle épreuve comme pour Avraham, car il a accepté d'être sacrifié sans avoir eu le temps de réfléchir et de peser les choses. Il a donc pu agir aussi par impulsion et précipitation.

[Nos Sages disent : "Il n'y a pas de récompense pour les mitsvot en ce monde" (guémara Kidouchin 39b).
Comment pouvons-nous bénéficier d'une récompense pour la Akéda?
Le Gaon de Vilna répond que nous n'avons pas de récompense pour la Akéda en elle-même, mais nous bénéficions de la récompense pour toutes les préparations d'Avraham pour la Akédat.
En effet, nous pouvons recevoir dans ce monde une récompense pour la préparation faite pour les mitsvot.
C'est ainsi que nous profitons de très nombreuses bénédictions dans ce monde, grâce à ces 2 journées intenses de préparation qui ont précédées la Akédat.]

-> Le Apiryon explique que quand une épreuve a déjà été surmontée une 1ere fois, elle devient plus facile les fois
suivantes, comme si la porte de cette épreuve a déjà été ouverte. Mais quand c'est la 1ere fois qu'elle doit être réalisée, l'épreuve a toute sa difficulté.
Certes Its'hak devait se sacrifier selon la Parole d'Hachem, mais un tel acte a eu son précédant. En effet, Avraham a déjà été prêt, dans le passé, à donner sa vie à Hachem, quand il a été jeté dans la fournaise par Nimrod, pour avoir refusé de faire de l'idolâtrie. Ainsi, le chemin pour Yitshak a déjà été tracé par Avraham.
Certes il allait se sacrifier pour Hachem, mais Avraham a déjà donné la force à ses descendants de faire une telle chose.
En revanche, l'épreuve d'Avraham consistait à sacrifier son fils bien-aimé. Or, une telle épreuve n'a jamais encore été réalisée. Jamais un père n'a encore sacrifié son fils pour réaliser la Volonté d'Hachem. Et même si des idolâtres ont déjà tué leurs enfants pour leurs idoles, malgré tout jamais une telle épreuve de tuer pour
Hachem ne s'est encore présentée.
D'ailleurs au contraire, Avraham luttait corps et âme contre ce culte idolâtre qui prônait le sacrifice humain. Et à présent, il devait aller à l'encontre de tous ses enseignements et convictions, en sacrifiant son fils pour Hachem.
Évidemment, tout cela n'a fait qu'augmenter la difficulté de cette épreuve, qui peut être qualifié pour cela d'épreuve d'Avraham, car Its'hak de son côté, ne faisait que reproduire une épreuve déjà surmontée par son père : se sacrifier soi-même pour Hachem.

-> Le Beit haLévi explique que Its'hak devait certes se sacrifier et mourir pour Hachem, mais son épreuve allait durer quelques instants, le moment d'être abattu. Mais Avraham, quant à lui, devra ensuite vivre et passer tout le restant de ses jours avec la conscience et la peine de ne plus avoir son fils bien-aimé. Son épreuve n'allait pas durer que le moment de l'abattage (comme ce fut pour Yits'hak), mais son épreuve allait se poursuivre les dizaines d'années qui lui restaient à vivre. Il allait devoir vivre sans Its'hak, son héritier spirituel.
L'essentiel de l'épreuve d'Avraham allait venir après le sacrifice. Comment allait-il continuer son existence sans Its'hak?
Telle était la grande difficulté de cette épreuve qui en fit l'épreuve d'Avraham, et non celle d'Its'hak.

-> Par ailleurs, la difficulté de cette épreuve se trouve aussi dans la pensée. En effet, un midrash dit que le Satan est venu troubler Avraham et lui révéla qu'en vérité Hachem cherche simplement à tester s'il était prêt à sacrifier son fils. Mais qu'en vérité, Il ne veut pas qu'il le sacrifie.
D'après cela, la difficulté de l'épreuve était qu'Avraham devait s'apprêter à abattre son fils, comme si le Satan ne lui avait rien dit, alors qu'il savait que ce n'était qu'un test. Cette lutte intérieure ne concernait bien qu'Avraham.

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-> Le Chem miChmouël rapporte qu'Ichmaël était la réincarnation guilgoul de Caïn tandis qu'Its'hak était le guilgoul d'Hével, comme cela est rapporté dans le Zohar. Hével fut assassiné et ne bénéficia pas de la protection d'Hachem Hou à cause d'un fait bien précis. (Tikouné Zohar 69,102a)
En effet, le Arizal explique que lorsque le feu divin descendit pour accepter le sacrifice d'Hével, ce dernier contempla la Chékhina et fut condamné à mort.

Le Arizal nous dévoile au sujet d'Its'hak, qui était la réincarnation d'Hével, qu'il ne put monter sur l'autel en sacrifice avant l'âge de 37 ans, qui correspond à la valeur numérique du nom de Hével (הבל soit 37) afin de réparer le dommage que ce dernier avait causé en contemplant la Présence divine.

C'est le sens des paroles d'Avraham à son fils Its'hak : "D. pourvoira à l'agneau pour l'holocauste mon fils" (אֱלֹהִים יִרְאֶה לּוֹ הַשֶּׂה לְעֹלָה בְּנִי - Vayéra 22,8)
Nous pouvons remarquer que les initiales des trois derniers mots du verset forment le nom d'Hével (הבל). Its'hak devait donc être ligoté sur l'autel pour expier la faute commise par Hével.

Parallèlement, Ichmaël était la réincarnation de Cain. Sarah dit à Avraham : "Renvoie cette servante et son fils car il ne restera pas avec mon fils, avec Its'hak" (Vayéra 21,10).
Rachi explique que Sarah ne voulait pas que le fils de cette servante hérite avec son fils. En effet, Ichmaël se disputait avec Its'hak au sujet de l'héritage et il disait : "Je suis l'aîné et je prendrai une double part".
Et lorsqu'ils sortirent dans le champ, Ichmaël prit son arc et tira sur Its'hak des flèches.
Le Chem miChmouël explique qu'Ichmaël avait un point commun avec Caïn, celui de vouloir tuer son frère.

[en ce sens : Pourquoi Avraham était-il si réticent à l'idée de renvoyer Ichmaël au point d'attendre l'injonction d'Hachem qui lui dit : "Ne t'oppose pas au renvoi du garçon et ta servante. Tout ce que te dira Sarah, écoute sa voix car c'est par Its'hak que tu auras une descendance" (Vayéra 21,12).
Avraham pensait qu'Ichmaël avait réussi à réparer l'âme de Caïn. Aussi, c'est une mitsva de l'unir avec Its'hak, comme nous l'apprenons de la mitsva des tsitsit qui ne sont pas soumis à l'interdiction du mélange de lin et de laine puisqu'ils sont conçus d'un mélange de lin et de laine.
Ainsi, le Créateur avertit Avraham qu'Ichmaël était un racha et qu'il ne répara pas l'âme de Caïn. Par conséquent, il ne devait pas préserver cette union fraternelle tout comme il est interdit d'unir le lin et la laine. ]

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