"Tout premier-né de l'homme parmi tes fils tu rachèteras" (Bo 13,13)
-> Rachi commente : La valeur du rachat est fixée ailleurs (Kora'h 18,16) à 5 Shekels d’argent.
-> "Consacre-moi tout premier-né" (Bo 13,2), Rachi commente : "Je me les suis acquis, en frappant les premiers-nés en Egypte.".
=> Si la mitsva de rachat du premier-né (pidyon haben) vient en souvenir du fait que les premiers-nés juifs ont été épargnés par cette plaie, pourquoi est-ce que nous la réalisons uniquement dans le cas où c'est le premier-né garçon pour la femme, et non pour le père?
-> Le Avné Choham répond en comparant le pidyon haben avec la mitva des bikourim.
Après avoir investi tant d'efforts à labourer et planter la terre pendant des mois, il semble naturel de profiter de sa récolte.
Ainsi, en apportant les bikourim (ses premières récoltes) au Temple, ont combat l'instinct de s'accorder le crédit de notre production (c'est parce que j'ai travaillé!), et d'en oublier Hachem qui a rendu cela possible.
Sur notre trajet au Temple à Jérusalem, on rencontre une foule unie et joyeuse venant de tout Israël, et forcément cela pousse s'interroger : si des millions de personnes quittent tout pour offrir leurs premières récoltes (souvent beaucoup plus importante que la mienne!), alors moi aussi je me dois d'avoir beaucoup de gratitude à l'égard de D. (qui m'as tellement donné => je suis comblé!).
De même, lorsqu'un couple se marie, il lui semble naturel que durant les années suivantes, la femme va donner naissance à un enfant.
[de même que nous travaillons la terre pendant des mois, de même nous subissons des souffrances pendant les 9 mois et à la naissance, qui nous poussent à dire que nous en sommes à l'origine, oubliant D. (c'est comme cela, telle est la nature!)]
=> Pour empêcher que les parents prennent ce processus pour une normalité (ainsi va la vie!), le premier-né doit être racheté auprès d'un Cohen, rappelant qu'en réalité c'est un miracle, un cadeau unique de D.
Un pydian haben se fait uniquement sur le premier-né de la femme, venu d'une voie naturelle, et non pas en césarienne ou fausse-couche, car dans ces cas il est déjà évident que l'ordre naturel n'a pas été respecté, et il n'est alors pas nécessaire d'en avoir un rappel.
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-> Quelle était l'utilité de mettre du sang autour des portes des juifs pour les protéger, sachant que Hachem n'a aucune difficulté à les différencier?
Le rav Akiva Eiger et le rav Yossef Sonnenfeld apportent la réponse suivante.
Un premier-né d'une mère peut être facilement identifiable, tandis que pour un homme cela est plus difficile (surtout en Egypte, cette capitale de l'immoralité).
L'Ange de la mort a ainsi tué tous les premiers-nés maternels, tandis que Hachem a tué les premiers-nés paternels, puisque seul D. pouvait avoir une traçabilité totale du réel père de chaque naissance.
=> Pour les premiers-nés juifs, leur survie n'a pas été miraculeuse, puisqu'ils n'ont jamais été en danger de mort, Hachem ne voulant pas les tuer.
Par contre, pour les premiers-nés maternels, il a fallu un véritable miracle, car comme l'enseigne la guémara (Baba Kama 60a), une fois que la permission de tuer a été accordée à l'Ange de la mort, il ne fait pas la différence entre les tsadikim et les réchaïm.
=> Puisque Hachem les a miraculeusement sauvés (aucun juif n'est mort cette nuit là), ils deviennent sacrés dans toutes les générations à venir, et nécessitent d'être libérés, rachetés par un Cohen.
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-> "Prends les Lévi'im à la place de tous les premiers-nés israélites" (Bamidbar 3,40-45)
Hachem dit à Moché : "Les premiers-nés, destinés à accomplir Mon service, s'en sont rendus indignes depuis la fabrication du veau d'or.
Les Lévi'im ont pris leur place. Cependant, puisque les premiers-nés israélites avaient été mis à part et sanctifiés dans ce but, ils ont gardé une certaine sainteté. Cette sainteté doit à présent être transférée aux Lévi'im, par un procédé de rédemption et de substitution.
Tu dois donc dénombrer tous les premiers-nés israélites, puis effectuer le remplacement de chaque premier-né par un Lévi."
Moché se mit alors à compter tous les premiers-nés israélites âgés de plus d'un mois car c'est seulement à cet âge qu'un nourrisson est considéré comme viable.
Le résultat fut de 22 273 premiers-nés.
[Méam Loez – Bamidbar 3,40-45]
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-> "Tout premier fruit des entrailles d’une créature quelconque, lequel doit être offert à Hachem, homme ou bête, sera à toi. Seulement, tu devras libérer le premier-né de l’homme, et le premier-né d’un animal impur, tu le libéreras aussi. Quant au rachat, tu l’accorderas à partir de l’âge d’un mois, au taux de 5 sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire, valant 20 Guéra" (Kora'h 18,15-16)
-> A l'origine, D. avait destiné la fonction de Cohen au fils aîné de chaque famille juive pour la représenter au Sanctuaire, comme il est dit : "Consacre-Moi tout premier-né, toutes prémices des entrailles parmi les Bné Israël, soit homme, soit animal : c'est Mon bien ['Je Me les suis acquis, en frappant les premiers-nés en Egypte' - Rachi]» (Bo 13,2).
Puis survint l'affaire du "Veau d'Or". Lorsque Moché descendit du Mont Sinaï, à la vue de ce spectacle, il brisa les Tables de la Loi et posa l'ultimatum suivant : "Choisissez! Soit D., soit l'idole" [ "Qui aime Hachem me suive" (Ki Tissa 32,26)].
Seule la Tribu de Lévi, qui n'avait pas adoré l'idole, se rangea du côté d'Hachem [ "Tous les Léviim se groupèrent autour de lui (Moché)"]. Alors D. décréta que les fils aînés de chaque famille seraient désormais privés de leur statut de Cohen et que la Kéhouna (prêtrise) serait l'exclusivité de la Tribu de Lévi, comme il est dit : "Moi-même, en effet, l'ai pris les Léviim entre les Bné Israël, en échange de tous les premiers-nés, prémices de la maternité, des Bné Israël ; les Léviim sont donc à Moi" (Bamidbar 3,12).
Ainsi, tout fils aîné est-il techniquement un "Cohen" en puissance, qui ne peut assumer son rôle. Il doit donc "être remplacé" par un Cohen de la Tribu de Lévi.
Le père de l'enfant, quand celui-ci a 30 jours accomplis, est tenu d'offrir au Cohen 5 pièces d'argent comme valeur d'échange.
Ce Commandement a aussi une motivation plus profonde : celle de nous souvenir de la Sortie d'Egypte, quand D. tua les fils aînés des Egyptiens et épargna ceux des Juifs. Puisque l'amour pour le premier-né est si fort, c'est le moment approprié pour reconnaître de nouveau que tout ce que nous possédons appartient à D;, comme l'enseigne le verset suivant : "Car tout premier-né M'appartient: le jour où l'ai frappé tous les premiers-nés du pays d'Egypte, l'ai consacré à Moi tout premier-né en Israël, depuis l'homme jusqu'au bétail, ils M'appartiennent, à Moi Hachem" (Bamidbar 3,13).
Concernant la somme de "5 sicles d'argent", le Zohar (Bo, 42a) explique que ces 5 sicles correspondent à la lettre "Hé" (valeur numérique 5), qu'Hachem a ajoutée au nom d'Abraham et par laquelle ce Monde a été créé.
En effet, le midrach (Béréchit Rabba 12,9), sur le verset : "Telles sont les origines du Ciel et de la Terre, lorsqu'ils furent créés (béhibaréam - בְּהִבָּרְאָם)" (Béréchit 2,4), fait remarquer que le mot "béhibaréam" (en les créant, qui peut aussi se lire Bé Hé Baréam (בה בראם), avec la lettre "Hé", Il est a créé) est l'anagramme de Bé Avraham" (par le mérite d'Avraham - בְּאַבְרָהָם).
Une autre explication, concernant les "cinq sicles d'argent", est rapportée par le midrach (Béréchit Rabba 84,18) : Puisque les frères de Yossef ont vendu le fils aîné de Ra'hél contre 20 pièces d'argent, soit 5 Sélaïm (Vayéchev 37,28), chacun d'entre eux devra racheter son premier-né contre 5 Selaim [équivalent aux sicles].
[d'après feuillet de la communauté Sarcelles - Kora'h 5779]
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-> [Prends de plus] un rachat ... 5 sicles (Shékels d’argent) pour chacun, selon la valeur du sanctuaire où le sicle équivaut à 20 guéra. Remets cet argent à Aharon et à ses fils comme rachat pour [les premiers-nés]. (Bamidbar 3,46-48)
Cette somme de 5 Shékels d’argent correspond au prix de la vente de Yossef (cf. Vayéchev 37,28) ...
De plus, puisque Yossef était le premier-né de sa mère Ra'hel, Hachem ordonna que chaque premier-né soit racheté en échange de 5 Shékels d’argent.
[Méam Loez]
-> Chacun des 10 frères reçut 2 dinars [sur la vente de leur frère], avec cette somme chacun s’acheta des chaussures.
[Le rabbi Yossef Deutsch affirme que cette somme de 20 dinars d’argent équivaut à 75 dollars actuels, soit uniquement moins de 8 dollars par frère!]
[...]
C’est parce que Yossef, qui était un premier-né, a été acheté pour un prix aussi bas que le rachat des premiers-nés, plus tard, sera également fixé au prix très bas de 5 Shékels d’argent.
[rabbi Yossef Deutsch]
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-> "Consacre-moi tout premier-né, toutes prémices des entrailles parmi les enfants d'Israël" (Bo 13,2)
Pourquoi l’aîné d’une femme doit-il être rachété au Cohen pour 5 sélaïm [pièces]?
Cela correspond aux 5 commandements qui incombent à l’homme et dont les femmes sont exemptes, et qui sont : résider dans la soucca, la mitsva de loulav, écouter le shofar, porter des tsitsit et mettre les téfilin.
Puisque les femmes sont exemptées de ces mitsvot, leurs fils seront rachetés pour 5 sélaïm afin qu’elles reçoivent une récompense comme si elles avaient accompli ces 5 commandements.
Nous apprenons d’ici que Hachem ne prive personne de sa récompense.
[Michnat Rabbi Eliezer]
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-> Lors du rachat d’un 1er né (pidiyon haben), le Cohen demande au père : "Qu’est-ce que tu préfères : ton enfant ou bien les 5 sélaïm [pièces]?"
=> Quel père va répondre en public devant tous ses proches : je préfères quelques pièces à mon fils?
En réalité, selon le rav de Poniovitch, l’idée est de faire réfléchir le père sur ses priorités dans la vie.
Est-ce qu’il va préférer "sacrifier" son fils pour amasser le plus d’argent possible (se donnant bonne conscience en lui achetant des cadeaux)?
Ou bien va-t-il fixer comme priorité l’épanouissement de son enfant selon ce qu’il est (et non ce que le père aimerait qu’il soit!), le guidant sur le bon chemin et le comblant d’amour?
[un exemple de reformulation de cette question peut être : est-ce que tu préfères donner de l’écoute/de l’affection à ton enfant ou bien être sur ton téléphone, ordinateur?]
-> Le désir pour l’argent est plus important que toute autre attirance matérielle, puisque c’est la seule qui est insatiable.
Il y a une limite à ce qu’une personne peut manger, et au nombre de fois où l’on peut commettre un faute terrible, mais il n’y a pas de limite concernant la quantité d’argent que nous pouvons accumuler.
La quête de richesse peut devenir la plus grande des obsessions, et trop souvent, les enfants sont le prix à payer à cette course vers la richesse.
[rav Tsadok haCohen de Lublin]
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-> b'h, également : https://todahm.com/2019/02/04/10183-2
-> ce sujet du rachat du premier-né est également abordé dans la paracha Kora'h : https://todahm.com/2023/03/09/40057