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Rabbi Méïr avait l'habitude de mépriser ceux qui transgressaient les Lois de la Torah.
Un jour, le Satan apparut à rabbi Méïr sous l'apparence d'une femme, de l'autre côté de la rivière.
Il n'y avait pas de bac pur traverser cette rivière.
Rabbi Méïr saisit la corde tendue entre les 2 rives et traversa ainsi la rivière (pour la rejoindre).
Lorsque rabbi Méïr arriva à mi-chemin, le Satan se fit reconnaître et lui dit : "Si le Ciel ne m'avait pas recommandé d'avoir des égards pour rabbi Méïr et sa Torah, ta vie n'aurait pas valu 2 sous".

Rabbi Akiva également avait l'habitude de mépriser les fauteurs.
Un jour, le Satan lui apparut sous les traits d'une femme, en haut d'un palmier.
Il grimpa sur le tronc du palmier (pour la rejoindre).
Arrivé à mi-chemin, Satan fit cesser son illusion et dit à rabbi Akiva : "Si le Ciel ne m'avait pas recommandé d'avoir des égards pour rabbi Akiva et sa Torah, ta vie n'aurait pas valu 2 sous!"
[guémara Kidouchin 81a]

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-> Rabbi Méïr avait coutume de se "moquer" des pécheurs, c'est-à-dire de les mépriser, en critiquant leur faiblesse, car il pensait qu'il était facile de lutter contre le mauvais penchant et de réussir à le vaincre si on le veut vraiment.
[Rachi]

-> Par ses propos méprisants envers ceux qui transgressaient les mitsvot, entraînés par leur yétser ara, rabbi Méïr rabaissait ainsi le niveau des tsadikim et celui des baalé téchouva.
En effet, rabbi Méïr minimisait ainsi leurs efforts contre le yétser ara pour arriver à lui résister, car il pensait qu'il était facile pour eux de le vaincre.
C'est pourquoi le Satan a eu l'autorisation du Ciel d'attaquer rabbi Méïr, afin qu'il reconnaisse le haut niveau de ceux qui parviennent à le repousser.
[Ben Ich 'Haï]

-> En méprisant (à son niveau) les pécheurs et leur faiblesse de résistance au yétser ara, rabbi Méïr mettait indirectement en valeur sa grandeur personnelle, lui qui n'avait jamais fauté.
C'est pourquoi, il est tombé dans le piège tendu par le yétser ara qui a cherché à le rabaisser et ce n'est que par le mérite de sa Torah qu'il a été sauvé.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.5, p.354]

[on apprend de là que nous ne devons pas mépriser les agissements d'autrui, car qui peut dire qu'à leur place (même vécu, environnement, tendances naturelles, ...) nous aurions fait mieux qu'eux!
Occupons-nous de corriger nos défauts, plutôt que de s'en dispenser en se sentant supérieur à autrui]

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=> Pourquoi le Satan/yétser ara apparut-il sous les traits d'une femme, et non d'une véritable femme?

-> Le Ben Ich 'Haï donne 2 réponses :
- 1°/ Hachem a accepté que le Satan éprouve rabbi Méïr, afin d'enseigner aux Sages (de toutes les générations) combien le désir suscité par le yétser ara peut être puissant et combien il est difficile de lui résister.

Cependant, Hachem ne voulait pas que rabbi Méïr commette la moindre transgression.
Or, si le Satan lui avait présenté une véritable femme dans cette épreuve, même si rabbi Méïr a finalement été épargné de tout contact avec cette femme, il aurait cependant transgressé l'interdit de l'observation de cette femme.
Maintenant qu'il s'agit d'une femme fictive que rabbi Méïr avait l'illusion de voir, il n'a pas transgressé par ce regard porté sur une illusion.

- 2°/ Si le Satan avait testé rabbi Méïr avec une véritable femme, cette femme saurait que rabbi Méïr, un Gadol d'Israël, aurait porté sur elle un regard de désir, et elle aurait pu s'en vanter et cela constituerait une forme de profanation du Nom Divin ('hilloul Hachem).
C'est pourquoi, le Satan a agi sur l'imagination de rabbi Méïr en créant une illusion dont il a l'art.

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=> A quoi font allusion la rivière et la corde saisie par rabbi Méïr?

-> La corde épaisse tendue fait allusion à la puissance du yétser ara : en effet, rav Assa (guémara Soucca 52a) dit qu'au début, le yétser ara apparaît à l'homme aussi fin qu'un cheveu ou que le fil d'une toile d'araignée, et finit par être aussi épais que la corde qui permet de tirer un char.

D'autre part, le Satan est apparu à rabbi Méïr près de la rivière pour lui faire l'allusion suivante : par le mérite de ta Torah, comparée à l'eau de cette rivière, tu seras épargné de toute transgression dans cette épreuve.
[Ben Ich 'Haï]

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=> Pourquoi le Ciel a-t-il recommandé au Satan d'avoir des égards pour rabbi Méïr et pour rabbi Akiva?

-> Il est certain que le yétser ara attaque davantage les fils d'Israël que les fils des nations, et surtout les plus grands d'entre eux, c'est-à-dire les talmidé hakhamim.
Cependant, le Ciel leur assure que par le mérite de leur étude de la Torah, ils seront protégés des pièges que leur tend le yétser ara, en accord avec la guémara (Soucca 21a) : "L'étude de la Torah nous protège des épreuves et nous sauve du yétser ara".
[Maharcha]

-> Du fait que rabbi Méïr et rabbi Akiva étaient tous 2 des fils de convertis, ils ne bénéficiaient pas du mérite des pères (zékhout avot) pour les protéger des sollicitations du yétser ara.
C'est pourquoi, c'est leur étude de la Torah qui les sauvera.
[Iyoun Yaakov]

-> "Tout est entre les mains du Ciel, sauf la Crainte du Ciel" (rabbi 'Hanina - guémara Béra'hot 33b)
Ainsi, comment le Ciel a-t-il pu intervenir en leur faveur, contrairement à ce principe?

Le Ben Ich 'Haï donne la réponse suivante :
Rabbi Méïr et rabbi Akiva avaient déjà dépassé la moitié de leur vie sur terre lorsque le Satan les a éprouvés. Or, dans la guémara (Yoma 38b), rabbi Yo'hanan dit : "Lorsqu'un homme a passé plus de la moitié de sa vie sans pécher, il ne fautera plus", en s'appuyant sur le verset : "Hachem veille sur les pas de ses hommes pieux" (Chmouël I 2,9).
Donc le principe énoncé par rabbi 'Hanina ne s'applique que dans la 1ere moitié de la vie d'un homme et celui de rabbi Yo'hanan dans la seconde moitié de sa vie.
C'est pourquoi Hachem a pu protéger ces 2 Sages déjà âgés.

-> Selon la guémara (Sanhédrin 82a), un sage qui ferait une faute relative à la débauche est sanctionné par une mauvaise compréhension de son étude avec les autres Sages et une difficulté à transmettre la Torah ; c'est pourquoi, le Ciel a demandé exceptionnellement que l'étude et l'enseignement de la Torah de rabbi Méïr et rabbi Akiva demeure intacte après cette épreuve.
[Hamakné]

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=> Pourquoi est-ce au sommet d'un palmier que le Satan apparut à rabbi Akiva?

-> Le palmier est un arbre très haut sur lequel il est difficile de grimper, car il y a très peu de prise sur son tronc.
C'est pourquoi le Satan lui est apparu sous forme d'une femme illusoire, au sommet du palmier, afin d'augmenter la difficulté pour rabbi Akiva de monter et afin de lui montrer à quel point il était attiré par cette illusion.
[Rachach]

-> Selon le Ben Ich 'Haï, il y a une double allusion :
1°/ Le Satan lui rappelle qu'il est un tsadik, que le roi David compare au palmier, selon le verset : "Le tsadik fleurit comme le palmier" (Téhilim 92,13), et il signifie donc à rabbi Akiva, par allusion, qu'il sera finalement épargné de toute transgression grâce à sa tsidkout.

2°/ Dans la guémara (Ména'hot 29b), on enseigne que rabbi Akiva savait interpréter les taguine (fioritures ou couronnes - תגין) au-dessus des lettres de la Torah.
C'est pourquoi, le Satan apparut au sommet du palmier, l'endroit où ses fruits (les dattes) sont très hauts par rapport au sol, en allusion à la puissance de la Torah acquise par rabbi Akiva. [au point où Moché a demandé pourquoi c'est pas lui qui donnait la Torah à sa place au peuple juif!]
[Ben Ich 'Haï]

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-> Une Braita est enseignée au sujet du verset : "Son époux a révoqué ses voeux et Hachem lui pardonnera" (Matot 30,13). De quoi parle l'Ecriture ? Il s'agit d'un vœu prononcé par une femme, puis annulé par le mari à son insu avant qu'elle ne transgresse sa parole. Pourquoi le Pardon divin est-il nécessaire?
Il s'agit ici d'une femme qui a fait le vœu de nézirout - de prendre le statut de nazir - et dont le mari a pris connaissance et a annulé le vœu sans qu'elle ne le sache. Cependant, cette dernière transgressa son vœu en buvant du vin ou en contractant l'impureté d'un mort. L'Ecriture enseigne qu'elle doit recevoir le Pardon divin car en agissant ainsi, elle avait conscience de profaner son Voeu.

Lorsque Rabbi Akiva parvenait à ce verset, il versait des larmes. Il disait : "si déjà celui qui a songé à manger du porc mais qui finalement a mangé de l'agneau à son insu doit réaliser une réparation et doit se faire pardonner, à plus forte raison celui qui a songé à manger du porc et qui a commis effectivement la transgression ! Ô combien ce dernier doit-il réparer son méfait et recevoir le Pardon divin." [guémara Kidouchin 81b]

-> Rabbi Akiva également avait l'habitude de mépriser les fauteurs. Un jour, le Satan lui apparut sous les traits d'une femme, en haut d'un palmier. Il grimpa sur le tronc du palmier (pour la rejoindre). Arrivé à mi-chemin, Satan fit cesser son illusion et dit à rabbi Akiva : "Si le Ciel ne m'avait pas recommandé d'avoir des égards pour rabbi Akiva et sa Torah, ta vie n'aurait pas valu 2 sous!" [guémara Kidouchin 81a]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) écrit que Rabbi Akiva pleurait car bien qu'il n'ait pas succombé à la faute, il en avait quand même eu l'intention et il prit conscience qu'il n'avait pas réussi à dominer son mauvais penchant.

Le Ben Ich 'Haï ajoute que bien qu'il y ait un interdit d'aller "d'après ses yeux", cet interdit ne s'applique pas dans le fait de regarder un démon, mais seulement une femme réelle.
Il est cependant évident que nous n'avons plus la capacité de discerner entre un démon et un être vivant, c'est pourquoi nous nous efforcerons de préserver notre regard dans tous les cas. Malgré tout, lorsque Rabbi Akiva arrivait à notre verset, il pleurait car bien qu'en réalité il ne transgressa pas d'interdit, sa pensée nécessitait tout de même une expiation.

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-> La guémara (Kidouchin 81a) cite également un 3e récit :
Rav Amram 'Hassida hébergea à l'étage supérieur de sa maison des jeunes filles libérées après avoir été captives, et il fit retirer l'échelle d'accès afin de protéger ces jeunes filles.

Au cours de la nuit, animé d'un grand désir, rav Amram se leva et prit l'échelle très lourde, il fallait plus de 10 personnes pour la soulever, et il monta cette échelle.
Arrivée au milieu de l'échelle, il s'interrompit pour résister à son yétser ara, et il cria : "Il y a le feu dans la maison d'Amram!"

Les voisins, des rabbanim, accoururent : "Tu nous fais honte!"
Rav Amram répliqua : "Il est préférable d'assister à la honte de rav Amram dans ce monde-ci et sans transgression que dans le monde à venir si j'avais transgressé."
Cette honte ressentie en public a eu un effet expiatoire sur son comportement.

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-> "Plus un homme est grand, plus son yétser ara est grand" (guémara Soucca 52a)
Ainsi, plus le yétser hatov grandit, plus le yéter ara grandit.

-> La guémara (Soucca 52a) relate le récit suivant :
"Abbayé entendit un homme dire à une femme : "Allons et prenons la route ensemble".
Abbayé s'est dit : "Je vais les suivre pour leur éviter une transgression".
Après les avoir suivis sur une distance de 3 parsa (environ 12km), il constata qu'ils sont demeurés pudiques.
Abbayé s'est dit alors : "Si c'était moi qui avais été en compagnie de cette femme, je ne suis pas sûr que j'aurai pu me retenir!"

Ainsi, Abbayé témoigna que l'épreuve à laquelle a résisté ce jeune homme, simple, lui-même n'aurait pas pu résister tant le combat contre le yétser ara est difficile pour un Talmid 'Hakham.

[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 91)]

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