+ Regarder la vie avec un regard juif : ce qui paraît être préjudiciable, n'est en fait que bénéfique :
"Noa'h engendra trois fils : Chem, 'Ham et Yéfèt" (Noa'h 6,10)
=> Noa'h ne mérita d'engendrer qu'à l'âge de 500 ans, comme il est écrit : "Lorsque Noa'h eut cinq cents ans, il engendra" (Noa'h 5,32). Dès lors, on ne peut que s'étonner : pourquoi une telle sentence fut-elle décrétée à l’égard de ce juste, au sujet duquel Hachem lui-même témoigne : "Car c'est toi que j'ai reconnu juste devant Moi, dans cette génération" (Noa'h 7,1), à savoir, vivre pendant 500 ans sans avoir d'enfant, alors qu'à cette époque, les gens concevaient entre 60 et 100 ans?
[Noa'h pourrait être tenté de penser : "Hachem, c'est pas juste, je fais Ta volonté pendant des centaines d'années (dont les efforts et sacrifices importants liés à l'Arche), je n'ai pas d'enfants, tandis que les réchaïm eux ont plein d'enfants. Hachem où es-tu?"
chacun à son niveau, le yétser ara peut faire vaciller notre émouna en faisant passer dans notre esprit de telles pensées. Il connaît nos faiblesses en émouna et nous y attaque, à nous d'en profiter pour nous renforcer et ainsi renforcer nos liens de fidélité et de confiance avec papa Hachem. ]
-> Le midrach (Béréchit rabba 26,2 rapporté par Rachi) enseigne, en effet, au nom de Rabbi Youdane :
"Hachem dit : "S'ils (les fils de Noa'h) sont coupables (réchaïm), ils devront périr dans le déluge et ce sera un malheur pour ce juste (Noa'h). Et s'ils sont justes, Je vais le contraindre à construire plusieurs arches."
Hachem ferma donc sa source et il n'engendra pas avant 500 cents ans de sorte que Yéfèt, l'aîné de ses fils, ne soit pas passible d'un châtiment avant le déluge."
-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Il en ressort que c’est uniquement aux yeux des hommes qu’il semblait que Noa’h subissait la rigueur Divine, mais en vérité, tout n’était destiné qu’à sauver ses fils du déluge.
De ce midrach, chacun pourra en tirer un enseignement personnel lorsqu’il s’interroge sur ce qui lui arrive dans le domaine spirituel comme dans le matériel, concernant les difficultés de subsistance ou l’attente prolongée d’un enfant, le manque de sérénité ou une santé précaire et qu’il se demande pourquoi son sort est si difficile, pourquoi la délivrance tarde à venir ...
Car en réalité, cette attente n’est que pour son plus grand bien, et le moment voulu, il méritera de voir son salut de ses propres yeux.
Cette leçon prévaut aussi bien pour des évènements où l’on voit clairement la main d’Hachem que pour ceux qui semblent être le fruit de l’intervention humaine. Ces derniers sont en fait dirigés par le Ciel pour lui apporter bénédictions et bienfaits.
[...]
[En effet rien ne peut se passer sans qu'un décret du Ciel ne le permette, ainsi] même lorsque quelqu’un nous porte préjudice, il est l’émissaire de la Providence Divine afin de nous sauver et c’est pour notre bien que le Ciel l’incite à s’en prendre à nous.
[...]
Il peut arriver que nous nous disions : "Combien mon sort est dur à supporter! Pourquoi devrais-je attendre si longtemps avant d'être enfin délivré?"
Mais en réalité, cette attente et cette espérance ne jouent qu’en notre faveur et lorsque le moment arrivera, chacun méritera de voir une délivrance totale.
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-> Il en fut de même au sujet de Ra’hel Iménou qui pria lorsqu’elle enfanta Yossef : "Qu’Hachem m’ajoute un autre fils" (Vayétsé 30,24). En pratique, Hachem ne lui accorda Binyamin qu’après plusieurs années.
Cela aussi ne provenait que d’une conduite de miséricorde.
Le midrach rapporte en effet (Targoum Chéni sur Méguilat Esther 3, 3) que Hachem différa la naissance de Binyamin jusqu'après que Yaakov retourne en Eretz Israël et rencontre son frère Essav.
De cette manière, Binyamin n'eut pas à se prosterner devant Essav et c'est seulement par ce mérite que le Temple fut construit dans le territoire de Binyamin (et non dans ceux des autres frères).
Cette naissance tardive fut pour ce dernier un bienfait puisque, grâce à cela, le Temple fut érigé dans son domaine.
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-> "Lorsqu'Its'hak eut 40 ans, il prit Rivka comme femme ... Et Its'hak avait 60 ans lorsqu'ils (Yaakov et Essav)
naquirent" (Térouma 25,20-26).
Il semblait ainsi aux yeux de tous que Hachem se comportait avec lui sévèrement puisqu'il ne donna naissance à ses fils qu'après 20 ans d'attente. Mais celui qui sait ouvrir les yeux et ne pas se contenter d'une vision à court terme, pourra se rendre compte que tout cela n'était en fait que l'expression de la Miséricorde Divine : le compte des 400 ans de servitude en Egypte commença en effet au moment où Avraham donna naissance à Its'hak, mais l'asservissement des Bné Israël par des travaux éreintants ne se concrétisa dans les faits, que lorsque le dernier des fils de Yaakov, Lévi, quitta ce monde (il vécut encore 94 ans en Egypte même), comme il est écrit : "Yossef mourut ainsi que tous ses frères et toute cette génération".
Il en ressort que grâce à la naissance de Yaakov qui fut différée de 20 ans, la venue au monde des 12 tribus fut également retardée, ainsi que le moment où ils moururent.
Et de ce fait, la durée de l'esclavage le plus difficile fut diminuée de 20 ans.
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-> "Souvenez-vous … ce sur quoi vous pleurez aujourd’hui, vous en rirez demain."
[le Gaon de Vilna - lettre adressée à sa famille]
-> Lorsque viendra la guéoula finale, il nous sera facile de discerner que tous les chemins d'Hachem étaient dirigés pour le bien, et effectivement : "Quand Hachem ramènera les captifs de Sion ... Notre bouche s'emplira de chants joyeux et notre langue d'accents d'allégresse" (Téhilim 126,1-2).
Le rav Pozen dit que notre devoir ne peut attendre la Délivrance. Jusqu'à ce qu'elle arrive, nous devons croire, même sans le voir, [que derrière toute chose en apparence bonne et mauvaise] : "c'est Moi Hachem", et que tous Ses actes et chemins sont dirigés vers un but bon.
-> "Le malheur de l'homme est qu'il a tendance à juger l'événement d'aujourd'hui (l’instantané) alors même qu'il n'est qu'un petit maillon d'un grand projet prévu par Hachem.
La lecture de ce maillon, pris isolément, est souvent à l'opposé de la lecture de ce même maillon intégré dans le projet divin global
[...]
Lorsqu'on aura une vision générale de l'ensemble des événements, avec le recul, on verra alors la droiture de D. et de ses jugements envers nous."
[Rabbi 'Haïm Chmoulévitch]
-> Le ‘Hazon Ich dit :
"Tout le monde traverse ce monde. Certains acceptent tout ce qui leur arrive dans la joie, alors que d’autres le subissent dans la peine et les pleurs. Pourtant, ce qui est décrété pour un homme se réalisera de toute façon à la lettre. Dès lors, il est préférable de décider une bonne fois pour toutes d’accepter tout dans la joie. On vivra ainsi bien mieux son existence!"
-> Le rav Pam a dit :
"Il ne faut jamais se laisser abattre lorsqu'une opportunité ne se concrétise pas, car on ne sait jamais ce qu'il y a devant soi.
Il existe une grande différence entre se concentrer sur le moment présent et se concentrer sur la vision d'ensemble en se fiant à D. avec la conviction que "Gam zou létova" (Cela aussi est pour le bien" -guémara Taanit 21a - Na'houm Ich Gam Zou)".
-> "Ce que D. fait, c'est pour le bien"
[guémara Béra'hot 60b - Rabbi Akiva, élève de Na'houm Ich Gam Zou]
-> "Tout homme doit bénir D. pour le mal, comme pour le bien" [Béra'hot, michna 5, chap.9]
[c'est que dans ce monde que cela nous semble être une vraie mauvaise chose, mais dans le monde de Vérité on verra que ce n'est pas le cas]
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-> Nous disons chaque jour dans la bénédiction de "Modim ana'hnou la'h" (Nous te remercions) : "al nifléoté'ha vé tovaté'ha chéBé'hol ét" (pour tes merveilles et les bienfaits [que tu accomplis] en tout temps).
Une explication est rapportée dans le rituel de prières du Gaon de Vilna : le mot "nifléoté'ha" (tes merveilles) provient de la racine hébraïque "Pélé" qui signifie "couvert, dissimulé".
Par ces mots, explique-t-on, nous remercions et rendrons grâce au Créateur tout particulièrement sur les bontés qui se dissimulent dans Sa conduite avec nous.
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-> Le rav Yaakov Galinski raconte une fois que dans son enfance, les Maskilim (les juifs émancipés) se mirent à imprimer un journal afin d'attirer la jeunesse juive. Sa mère, qui tenait à protéger son foyer, rapportait
quotidiennement chez elle le "Der Yiddicher Tag Blatt" qui, écrit en allemand, était néanmoins un journal cacher qui pouvait entrer dans la maison de gens animés de la Crainte de D.
Elle dispensait chaque jour un 'cours de nouvelles' à toutes ses voisines qui ne savaient pas lire l'allemand, et de cette manière, elle parvint à sauver nombre de ses coreligionnaires des ravages de l'émancipation en évitant des lectures non conformes au judaïsme traditionnel.
Un jour où sa mère était affairée dans sa cuisine, les voisines commencèrent à se réunir dans la pièce voisine pour écouter le 'cours'. L'une d'entre elles prit le journal sur lequel elle aperçut la photo d'un bateau renversé. Elle en fut tellement choquée qu'elle s'adressa à la maîtresse de maison sur un ton de reproche : "Comment, lui dit elle, peux-tu rester sereine et continuer à couper tranquillement tes pommes de terre, alors qu'un paquebot immense s'est renversé avec tous ses passagers au beau milieu de l'océan?"
Cette dernière ne put s'empêcher de rire en elle-même de sa remarque et lui expliqua que l'article du journal faisait part de la construction d'un nouveau paquebot qui venait d'être achevée en grande pompe.
"C'est parce que tu as tenu le journal à l'envers que tu as pensé que le bateau s'était renversé dans les abîmes de la mer!"
Le rav Yaakov Galinski conclut : "J'ai appris de cela qu'il arrive parfois qu'une personne pense que beaucoup d'épreuves s'abattent sur elle. Mais en réalité, une telle pensée ne surgit qu'à cause d'une seule chose : parce qu'elle regarde la réalité à l'envers ! Il ne lui incombe alors qu'à redresser sa manière de voir les choses et à considérer les évènements sous l'angle de la émouna, convaincue que tout ce qu'Hachem accomplit est pour le bien, et tout rentrera alors dans l'ordre.